post-Covid, une société sans pétrole ?

L’éditorial du MONDE titre : « Après la crise, sortir de notre addiction au pétrole. » Il s’intéresse au conjoncturel, le contre-choc pétrolier, une baisse du prix du baril manigancé politiquement par la Russie et l’Arabie saoudite. Il s’intéresse à la baisse de la demande qui risque d’être durable confinement oblige, et qui accentuera un cours à la baisse de l’or noir. Pourtant l’éditorial constate que le climat exige une diminution de la consommation de pétrole… mais il ne dit pas que le prix du baril doit augmenter ! Il se contente de miser sur l’UE pour se libérer de la dépendance vis-à-vis des Etats producteurs de pétrole. Et la recette donnée est traditionnelle, un « gigantesque plan de relance » dans les énergies renouvelables. Les commentateurs sur lemonde.fr soulignent la faiblesse de cette analyse :

Rabino : Cet Edito aurait été plus intéressant si le journaliste avait amorcé les pistes pour y parvenir. Comment réduire le transport aérien ? Réduire la vitesse des cargos genre 12 nœuds au lieu de 20 nœuds ? Limiter la vitesse des voitures et des camions sur route et autoroutes. Etc…

Bleck le Rock : Il est fantaisiste d’envisager que l’UE soit une solution d’avenir pour quoique ce soit. L’UE vient de mourir du virus devant nos yeux avant de passer en réanimation, faute à sa gestion uniquement mercantile. Le Job du prochain gouvernement de salut public que nous allons porter au pouvoir dans les plus bref délais, relocalisation de nos industries indispensables, indépendance notamment sur la transition énergétique, fin de notre armée coloniale qui va s’occuper de la protection de notre territoire et de nos outremer, il y du boulot.

Maxt 76 : On ne peut pas se passer de pétrole sans politique radicale de sobriété, mais sobriété veut dire diminution de production donc décroissance donc chômage et baisse du pouvoir d achat…Cce qui va finir par arriver puisque le pic pétrolier est passé ; aucune énergie ne peut replacer charbon + pétrole …. les renouvelables sont très polluantes et coûteuses en extraction. Bref: éditorial irréaliste et abstrait. La seule chose qui peut nous permettre de nous passer de pétrole c’est la prochaine pandémie avec un virus qui décimerait 99 % de la population.

Transition_necessaire : Sortir du pétrole (ou du carbone en général, vu qu’il ne s’agit pas de compenser avec du gaz ou pire avec du charbon), ça veut surtout dire consommer moins d’énergie tout court. Le nucléaire au niveau mondial c’est peanuts. Pour consommer beaucoup moins d’énergie, il faut modérer nos besoins, l’aller-retour week-end en low cost subventionné, c’est criminel. Et les dizaines de km quotidiens en voiture, ça reste très problématique même en milieu rural). La voiture électrique (nucléaire en France?) ne peut pas être la solution ultime.

Sur notre blog biosphere, nous allons beaucoup plus loin en parlant non seulement de taxe carbone, mais encore mieux de carte carbone :

12 février 2019, Yves Cochet : carte carbone mieux que taxe carbone

26 octobre 2018, Fiscalité carbone inepte, carte carbone inéluctable

26 août 2015, carte carbone, des quotas individuels de CO2

27 mars 2013, facture énergétique, bientôt la carte carbone !

9 septembre 2010, Sarkozy a-t-il pensé à la carte carbone ?

13 septembre 2009, après la taxe, la carte carbone

10 avril 2009, carte carbone ou taxe ?

5 janvier 2009, carte carbone

4 réflexions sur “post-Covid, une société sans pétrole ?”

  1. Une société sans pétrole, oui il faut s’y préparer, MAIS

    Ce n’est pas sans conséquence : les pays qui vivent de rentes pétrolières comme par exemple la Norvège ou l’Algérie et bien d’autres pays, vont voir leurs revenus maigrir comme des raisins secs, autant dire qu’il y aura du grabuge, il y aura des révoltes internes voir des famines….. De quoi vont-ils vivre ? D’autant que ces pays ne préparent pas ou alors très peu l’après pétrole en diversifiant leur économie respective.

    Remplacer le parc automobile par des voitures électriques ? Entièrement c’est impossible. Il faut savoir que le marché automobile mondiale c’est entre 95 à 100 millions de voitures vendues chaque année. Hormis que, on ne peut produire que 4 à 4,5 millions de batteries de voitures par an !!! Donc 4 à 4,5 millions de capacité productive mondiale de batteries pour voitures électriques c’est bien trop peu pour 95 à 100 millions de voitures neuves qui doivent être vendues chaque année ! On est trop loin du compte ! Alors c’est clair, au mieux seuls 4,5% des automobilistes pourront acheter une voiture électrique au niveau mondial. Et je dis bien automobilistes et non pas habitants de la terre car sinon le chiffre serait encore plus bas. Sans compter que les pouvoirs publics auront besoin de moyens motorisés qui seront prioritaires sur les citoyens, pour les ambulances, voitures de police, camion pompier, transports en commun… et le secteur marchand pour les poids-lourds pour transiter les denrées alimentaires….. (1 camion sur 3 transporte de la nourriture) Bref, il y aura des convoitises et de la jalousie sur les peu de moyens de transports motorisés disponibles, ça va être la castagne…

  2. Le Monde : « L’épidémie liée au coronavirus et le contre-choc pétrolier qui déstabilisent l’économie mondiale depuis début mars sont une occasion unique pour l’Europe de rebâtir sa souveraineté énergétique.»
    De mon côté je dirais plutôt : L’épidémie liée au coronavirus et le contre-choc pétrolier qui déstabilisent l’économie mondiale depuis début mars, sont une occasion inespérée pour certains, de réciter leur éternelle rengaine, la fable de la sacro-sainte Transition.

    Résumé de la situation du monde, vu par Le Monde : « Un autre séisme se joue derrière la crise sanitaire mondiale provoquée par la pandémie de Covid-19 […] La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle se double d’une violente guerre [etc.]»
    BRRR ! Mon dieu que tout ça fait peur ! Encore plus que le coronamachin.
    Résumé de ce que l’Europe peut et doit faire (YACA) selon Le Monde : «L’Europe peut trouver dans cette crise une occasion majeure […] Cette transition est d’autant plus souhaitable que les pays européens ont les moyens industriels et politiques de la mettre en œuvre [et blablabla]»
    En résumé, pour moi cet éditorial sonne comme un cri de désespoir.

  3. « Sortir du pétrole (ou du carbone en général, vu qu’il ne s’agit pas de compenser avec du gaz ou pire avec du charbon), ça veut surtout dire consommer moins d’énergie tout court. »
    Tout est dit…
    « La seule chose qui peut nous permettre de nous passer de pétrole c’est la prochaine pandémie avec un virus qui décimerait 99 % de la population. »
    Cela permettrait surtout au survivant civilisé de continuer à consommer toujours plus.

    1. Oui, tout est dit dans ce commentaire de Transition_necessaire. Seulement la question demeure, comment YACA ? Autrement dit, dans ce monde de démesure où tout est lié, comment faire pour consommer moins d’énergie tout court, pour modérer nos besoins ?
      Force est de constater qu’il n’y a pas de solution. La décroissance se fera donc par la force des choses.
      Maxt 76 semble lui aussi voir l’impasse, seulement il raisonne encore avec des dogmes qui ont fait leur temps. Par exemple il pense que «sobriété veut dire diminution de production donc décroissance donc chômage». Je le rassure, dans cette société post-pétrole qui ne saurait tarder (par la force des choses) il n’y a aura plus de chômage. Plus de retraite non plus. Finis aussi les petits week-ends à Rome en amoureux, en low cost bien évidemment. Dans ce monde là, le problème du «surnombre» se règlera de lui-même. En attendant, n’allons surtout pas croire que ce sera le meilleur des mondes.

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