pour des vêtements androgynes, non au luxe et à la mode

La mode vestimentaire s’inspire de  la garde robe masculine, c’est le thème du supplément Mode au MONDE du 27 février 2013 : « Inspirations masculines ». L’ensemble des photos est dégoulinant de marques, Balmain, Dior, Saint Laurent, De Beers, Alexander McQueen, Lanvin, Van Cleef, Giorgio Armani, Miu Miu… LE MONDE a besoin de sponsors. L’essentiel est donc dans les articles, qui montrent que la libération des femmes passe aussi par le dynamitage des standards sexuels. La loi du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800) stipule que les femmes ne peuvent quitter les habits de leur sexe que pour cause de santé. La loi du 26 brumaire an IX (17 novembre 1800) interdisait le port du pantalon… sauf dérogation accordée par un officier de santé. Dans les années 1960 en France, il était encore interdit d’aller à son lieu de travail en pantalon. Les vêtements sont l’expression d’un rapport de pouvoir, la différenciation sexuelle est pensée comme inégalité dans tous les domaines. La femme occidentalisée doit montrer sa morphologie et ses lignées épurées propices à la séduction. Mais la mode est aussi transgression. Pour l’été 2013, le masculin-féminin est donc à l’honneur. La plupart des défilés de la saison se sont ouverts sur un tailleur pantalon. Il y a des cycles qui reviennent… depuis le premier smoking pour femme créé par Yves Saint Laurent en 1966.

Enfin, pensez-vous, un article sur ce blog qui ne parle pas d’écologie ! Détrompez-vous. Ce qui devrait vous choquer  dans le paragraphe précédent est la notion de mode, de marques et de cycle. La mode, c’est ce qui démode pour faire acheter plus pour le plus grand profit des marques. Peu importe si ce qui est démodé aujourd’hui sera à la mode demain, le cycle des défilés permet de vider les porte-feuilles et de grandir la visibilité du luxe. Nous avions cru un instant en juillet 2008 à la fin des défilés de mode. Ma Ke, une jeune créatrice chinoise, prenait le luxe à contre-pied. Elle habillait 36 mannequins de tous âges de vêtement amples, de pièces intemporelles qui illustrait la fonction première du vêtement, habille, tout simplement. Ma Ke prenait le contre-pied de la boulimie consommatrice : «  Le luxe qui s’achète n’est pas ce qui nourrit l’homme, c’est la simplicité, la beauté d’un arbre, la lumière, l’échange entre les êtres, le Qing Pin ». Ma Ke détaillait le sens des deux  caractères chinois Qin et Pin : « dépouillement matériel, vie spirituelle la plus riche possible, indifférence totale à l’appel du pouvoir ou de la célébrité ». Pour Ma Ke, l’essentiel résidait dans les initiatives de chacun et non dans la passivité ou toute autre tentative de fuite de la réalité. L’écologie est le contraire du luxe ostentatoire, elle doit nous faire retrouver le sens des limites dans une société en  crise. Pourtant, en 2013, l’industrie du luxe a toujours le vent en poupe ; le pouvoir des riches se renforce encore plus dans les temps moroses. C’est la prolifération de l’inutile, la tyrannie du superficiel, société de consommation et société du spectacle réunis en un même lieu dans les Grands salons parisiens. Et les médias s’en font les porte-parole. Nous n’entendons plus parler de Ma Ke…

Dans le désert, nous crions : non à la mode, non au luxe, nous aux inégalités de revenus, oui à la stabilité, oui à la simplicité, oui à l’égalité. Nous voulons des vêtements unisexe, nous désirons l’androgynie des comportements.

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