POUR ou CONTRE la stérilisation forcée ?

Faut-il être POUR ou CONTRE la stérilisation forcée ? Ce genre de question se veut implicitement accusatoire. Si vous êtes plutôt POUR vous êtes un vrai méchant, si vous êtes sans hésitation CONTRE, vous êtes à coup sûr un gentil humaniste. Nous pensons que les choses sont beaucoup trop complexes pour être résumé par un seul parti pris, en blanc ou en noir. La réalité est toujours grise.

Historiquement la stérilisation forcée a été à la mode pour des raisons d’eugénisme. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le souci d’améliorer l’espèce humaine par une sélection se répandit dans tout le monde occidental. Il inspira de nombreuses lois instaurant notamment la stérilisation des indésirables. En Allemagne, l’un des principaux tenants de l’eugénisme fut Ernst Haeckel, celui-là même qui forgea en 1866 le néologisme « écologie ». Cette méthode a été même pratiquée de façon légale. La première loi sur la stérilisation a été adoptée dans l’Indiana en 1907. Les pratiques eugénistes ont été autorisées dans trente-deux États à la suite d’une décision de la Cour suprême des Etats-Unis (Buck v. Bell, 1927). Quand, en 1928, le canton suisse de Vaud a voté en faveur de la première loi européenne sur la stérilisation (abrogée en 1985 seulement), les Américains en avaient déjà promulgué près de trente. Il existait un Bureau d’enregistrement eugénique avec une liste des « personnes socialement inaptes » à stériliser, incluant notamment « les débiles mentaux », « les fous », « les criminels », « les ivrognes », « les aveugles », « les sourds », « les difformes »La Caroline du Nord a pratiqué jusqu’en 1974 cette politique de stérilisation forcée. En Suède, au moins 60 000 personnes ont été stérilisées de force de 1935 à 1975. Une première loi portait sur les personnes souffrant de maladies héréditaires, la loi de 1941 a élargi les cas de stérilisation aux personnes menant un mode de vie asocial . Ces exemples montrent que le positionnement POUR ou CONTRE la stérilisation forcée recouvre en fait des débats de société qui méritent autre chose que des anathèmes. En démocratie, l’issue politique d’une controverse se situe dans le niveau d’acceptabilité sociale, et cela varie dans le temps et dans l’espace.

Avec le sentiment croissant d’une surpopulation humaine, un autre débat commence juste à voir le jour ; agir sur la natalité. La stérilisation pourrait devenir une méthode de contraception parmi d’autres. La ligature des canaux déférents est une opération chirurgicale déjà utilisée par des millions d’hommes, 14 % en Chine, 13 % aux États-Unis. Il s’agit avant tout d’assumer volontairement ce geste, mais ce n’est légalement possible que récemment en France : la loi du 4 juillet 2001 autorise la ligature des trompes pour une femme, la vasectomie pour un homme. La frontière entre stérilisation volontaire et stérilisation forcée est étroite. Un projet législatif déposé en Alabama en 2020 montre la complexité du passage de l’individuel au collectif : « Dès l’âge de 50 ans – ou dès la naissance du troisième enfant – tout homme doit subir une vasectomie. » La démocrate Rolanda Hollis observe que le système n’impose aucune contrainte ni restriction aux hommes en termes de gestion de leur reproduction aux États-Unis – il est temps, dit-elle, que les hommes prennent leurs responsabilités. Il s’agissait pour elle de combattre une autre législation, celle qui interdit aux femmes d’avorter, mesure qui devait entrer en vigueur le 15 novembre 2019 en Alabama. Si l’État réglemente les droits reproductifs des femmes, alors il devrait en être de même pour les hommes.

Wikipédia nous donne des informations sur les pratiques de stérilisation contrainte. Ces politiques sont généralement à consonance eugénique ou raciste, très peu portent spécifiquement sur la démographie. Plusieurs centaines de femmes ont été victimes de stérilisations forcés à La Réunion par des médecins de la clinique de Saint Benoît durant les années 1960. « Dans ce pays malade de démographie, je n’ai jamais eu le sentiment de faire mal », a affirmé un médecin lors du procès en 1971. Le programme de stérilisation de masse d’Indira Gandhi et de son fils Sanjay Gandhi, premier ministre, aboutit à partir de 1975 à stériliser de force 6,2 millions d’hommes. En 2013 et 2014, 4 millions de stérilisations ont encore eu lieu. La Chine a également mis en place des programmes de stérilisation à des fins de contrôle démographique. Exemples rares dans un monde qui reste foncièrement nataliste.

La surpopulation croissante est de même nature que le réchauffement climatique. Pour Greta Thunberg, c’est forcément blanc ou noir : « Il n’y a pas de zone grise quand on parle de survie. Si les émissions carbone doivent s’arrêter, alors nous devons arrêter les émissions carbone. » Le constat est inattaquable, mais Greta ne dit rien des mesures à prendre, simplicité volontaire ou sobriété forcée. En fait toutes les mesures possibles sont envisageables dans un contexte démocratique. En matière de réchauffement climatique, les petits gestes de chacun (tels se passer de voiture pour rouler en vélo) sont inopérants dans une société formatée par Ford, Renault, etc. Alors l’État pourrait décréter un prix du carbone, mesure incitative et collective, mais il n’ose pas le faire face à l’opinion des Gilets Jaunes. Alors dans l’avenir il y aura forcément une carte carbone, un rationnement imposé. De la même manière, il y aura peut-être dans l’avenir institutionnalisation d’un permis de procréer et stérilisation forcée pour les récalcitrants. Une démographie responsable aujourd’hui aurait évité ces lendemains funestes, si ce n’est horribles… mais pas plus que les boucheries dans des guerres fomentées pour préserver  son espace vital.

Le refus de toute contrainte aujourd’hui nous poussera peut-être demain à prendre des mesures très radicales pour maîtriser autant que faire se peut une décroissance économique ET démographique. Mais si la délibération démocratique échoue à prendre les mesures nécessaires pour éviter des situations ingérables, Dame nature fera sans aucun doute son œuvre de grande faucheuse.

12 réflexions sur “POUR ou CONTRE la stérilisation forcée ?”

  1. – « Pour que les commentaires sur ce blog biosphere approfondissent le sens de l’article d’origine, nous éliminerons tout texte sans rapport avec le sujet proposé. » (18 AOÛT 2021 À 21:09)

    La «modération» (la Censure) a parlé. On patauge en pleine confusion, on racle le fond.
    Mais ça ne fait rien «approfondissons» la Question. Alors, c’est quoi le sujet proposé ? Vous pouvez répéter la Question ? Ah oui, POUR ou CONTRE, la stérilisation forcée ?

    Mais rendez-vous compte où on en est !? On en est arrivé à essayer de revoir l’idée qu’on en a aujourd’hui, celle d’un CRIME CONTRE L’HUMANITÉ. Au diable les tabous, les limites !
    Le comble c’est que tout ce qui pourrait être dit et qui n’irait pas dans ce sens est considéré comme hors-sujet, un refus d’approfondir la Question. Refuser de participer à ce «jeu», ce «débat», fait de vous un mécréant. C’est le monde à l’envers.

    1. Alors on commence par éliminer les commentaires, les textes, les bouquins etc. et après on éliminera les auteurs. Et même les lecteurs qui pourraient être influencés par ce genre d’idées, et qui bien sûr vont à l’encontre du «Bien Commun», de la sauvegarde de…
      Mais de quoi au fait ?

  2. Le pape Jean-Paul II en convient : « Nous avons des devoirs à l’égard des générations futures : c’est une dimension essentielle du problème et elle nous oblige à fonder nos propositions sur des perspectives concrètes et sérieuses concernant la croissance de la population et la disponibilité des ressources… Nous devons faire face à la croissance de la population en exerçant une parentalité responsable, dans le respect de la loi divine… C’est la responsabilité des autorités publiques de fixer des directives conciliant des limitations du nombre de naissance et le respect d’une expression libre de la responsabilité selon chaque individu… Les gens ont besoin de redécouvrir la signification morale du respect des limites… »  
    Bien entendu l’Église attire l’attention sur la moralité des méthodes employées. Mais comme la moralité est un concept à géométrie variable, cette précaution de style ne résout au fond aucun problème.

    1. – « Bien entendu l’Église attire l’attention sur la moralité des méthodes employées. Mais comme la moralité est un concept à géométrie variable, cette précaution de style ne résout au fond aucun problème.»

      Précaution de style ? Politiquement correct, en somme… MAIS alors, que devrait dire le pape ? Devrait-il s’asseoir sur l’idée qu’il se fait du Bien et du Mal ? Devrait-il proclamer solennellement «l’Église est désormais POUR la stérilisation forcée» ?
      Maintenant je suis d’accord, tout ce blabla ne résout aucun problème. Je maintiens qu’au contraire il ne peut qu’en rajouter.

  3. Pour bien sûr, surtout pour l’ Afrique et les pays muzz qui pondent à tout va de façon irresponsable .
    Ils ne comprendront jamais vu leur état d’ arriération ou leur désir de conquête démographique d’ inspiration mahométane et surtout parce qu’ ils veulent écouler leur trop plein vers nos régions !😒😒
    Je me fous de savoir que ceci est considéré comme un crime par des droitdelhommistes gauchos déments (pléonasme) qui nous mènent au désastre

    1. Évidemment, évidemment… n’empêche qu’il semblerait que ce n’est pas si évident que ça. Pas pour tout le monde en tous cas.

  4. -« Ce genre de question se veut implicitement accusatoire […] POUR ou CONTRE la stérilisation forcée recouvre en fait des débats de société qui méritent autre chose que des anathèmes. […]»
    Le problème démographique c’est le Tabou, la stérilisation forcée et l’eugénisme n’en parlons même pas. Poser la question POUR ou CONTRE c’est au niveau zéro du débat. Et si on reste en mode combat, c’est un coup en dessous de la ceinture. Ben voyons !

    1. – « En démocratie, l’issue politique d’une controverse se situe dans le niveau d’acceptabilité sociale, et cela varie dans le temps et dans l’espace. »

      Débats, de société !!?? Démocratie !!?? Acceptabilité sociale !!??
      Mais de quoi parle t-on ? Lire Chomsky, «La Fabrication du consentement : De la propagande médiatique en démocratie».
      Après on le sait, avec le temps et «à force de répétitions [etc.]» le troupeau peut accepter n’importe quoi, c’est à dire s’accommoder de n’importe quoi. Du meilleur comme du pire. Aujourd’hui les atteintes à l’environnement sont en voie d’être reconnues comme un crime contre l’humanité (écocide). Très bien MAIS attention ! Demain on pourra y rajouter le fait de rouler avec une bagnole thermique, de manger de la viande, d’avoir un animal de compagnie, de faire des gosses, de vivre au-delà de 60 ans etc. etc. Mais ça il ne faut pas le dire, c’est tabou, c’est le degré zéro du débat etc.

      1. En attendant La stérilisation contrainte (forcée) est considérée comme un crime contre l’humanité, selon le Statut de Rome. Souhaitons, pour le bien de tous, qu’un cercle ne sera jamais un carré, que la liberté ne sera jamais l’esclavage, etc.

    2. Michel C, nous n’avons pas bien compris quels sont vos arguments,
      pourriez-vos mieux nous expliquer, en blanc, en noir ou en gris…
      Merci à vous.

      1. En blanc, en noir ou en gris… mes arguments ne seraient donc pas encore assez clairs ?

        Rappel des règles de modération: « Pour que les commentaires sur ce blog biosphere approfondissent le sens de l’article d’origine, nous éliminerons tout texte sans rapport avec le sujet proposé. »

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