Le Mouvement pour une Alternative Non-violente réagit avec consternation et colère aux dernières annonces du président de la République sur l’augmentation du budget des armées.
Le président de la République vient d’annoncer une nouvelle augmentation des dépenses militaires de la France arguant du fait que les menaces militaires sur la France et sur l’Europe s’aggraveraient. Le MAN dénonce un discours de propagande qui veut préparer les esprits à accepter les logiques de confrontation et de guerre, notamment avec la Russie.
Au lieu de proposer des initiatives fortes de désescalade, de désarmement et de dialogue, en coopération avec les autres pays européens, la France apporte sa contribution à la militarisation des relations internationales. A l’heure où les tensions se multiplient du fait de choix irresponsables de certains États, tout particulièrement la non résolution de la guerre en Ukraine et l’impunité accordée à Israël pour le génocide envers le peuple palestinien, investir davantage dans les armes revient à préparer les prochaines guerres. C’est la vieille illusion de la dissuasion par la force armée qui a toujours alimenté les conflits, et non à les prévenir et les empêcher. L’histoire l’a montré : on ne construit pas la paix avec des bombes, mais avec de la justice, du dialogue et de la coopération. On ne défendra pas la liberté en préparant la guerre !
Alors que l’hôpital est exsangue, que l’école publique manque de moyens, que des millions de personnes peinent à se loger ou se nourrir dignement, comment justifier des dizaines de milliards pour les armements ? Ce n’est pas un choix technique ou stratégique, c’est un choix idéologique, politique et économique qui ne bénéficie qu’à l’industrie de l’armement. Chaque euro dépensé pour la guerre est un euro en moins pour l’amélioration de la vie, en particulier des plus pauvres. La sécurité des populations ne se construit pas avec des missiles, mais avec des logements, des soins, une éducation digne, et des droits garantis.
Contrairement à ce qu’affirme Emmanuel Macron, les menaces sur notre pays ne sont pas seulement d’ordre militaire ou terroriste. Elles sont autant internes qu’externes. La montée de l’extrême droite et le danger d’un régime ultra-autoritaire, le dérèglement climatique qui produit déjà ses effets néfastes, les idéologies de haine, racistes et xénophobes, sont des menaces immédiates et concrètes, auxquelles l’armée n’apporte pas de réponses appropriées. Au contraire, le gouvernement les alimente par des projets de loi et des décisions qui accentuent les fractures au sein de notre société.
Ne prendre en compte que les menaces sécuritaires externes, c’est entrer dans un processus de militarisation et de guerre sans fin. La véritable sécurité, c’est celle des peuples, pas celle des frontières. Les pandémies, le dérèglement climatique, la faim, le racisme, et les injustices sociales ne connaissent pas de frontières. Pour cette sécurité-là, il faut produire moins d’armes et accorder davantage de moyens à l’éducation, à l’écologie, à la santé et à la justice sociale.
Refuser l’augmentation des dépenses militaires, ce n’est pas nier les menaces du monde actuel. C’est affirmer que la violence des armes n’a jamais été une réponse durable. Dénoncer l’augmentation des dépenses militaires, c’est refuser les logiques étatiques basées sur la peur, la force armée et la domination. C’est revendiquer une vision du monde fondée sur la dignité humaine, la justice climatique et sociale et la solidarité internationale. Refuser l’escalade guerrière est le droit des peuples qui ne veulent pas subir les décisions irresponsables de leurs gouvernants et qui aspirent à vivre en paix.
Le MAN a lancé depuis l’automne 2024 une campagne pour la réduction des dépenses militaires afin que l’argent de la nation soit consacré prioritairement aux besoins sociaux et écologiques. Dans le même temps, nous plaidons pour d’autres modes de défense et de résistance, basés non sur la force illusoire des armes, mais sur la force de la mobilisation des citoyens, la défense civile non-violente. Ce système global de défense articule les luttes non-violentes pour résister dès aujourd’hui aux violences et aux injustices systémiques et la résistance civile face à une menace existentielle (coup d’État, invasion militaire, par exemple).
Si la paix est le seul combat qui vaille, comme le disait Camus, alors il faut préparer la paix avec les moyens de la paix et non de la guerre.
Alain Refalo, porte-parole du MAN
Contact : Maeva Rougé, coordinatrice fédérale du MAN : man@nonviolence.fr – 06 18 91 78 47

1/3) L’effondrement actuel du droit international n’exige pas un réarmement militaire de la part de chaque pays, mais au contraire une relance de la coopération supranationale. Un Macron tel que je l’aurais aimé aurait indiqué dans les instances internationales que la France remettait l’intégralité de sa force militaire au service de l’ONU (les casques bleus) tout en abandonnant complètement la force de dissuasion nucléaire qui ne sert à rien si ce n’est accroître les risques de déflagration. Nous ne sommes plus à l’époque de la guerre froide…
NB : En 2023, 5,6 milliards d’euros ont été alloués à la dissuasion nucléaire, un montant qui devait atteindre 6 milliards en 2024. (à suivre)
2/3) « Pour être libre, il faut être craint » dixit Macron. Ce n’est pas la position des pacifistes pour qui la défense civile non violente dans toute ses dimensions est à la fois signe de bienveillance mais aussi de volonté d’en finir avec tout les autoritarismes, y compris celui d’un patriotisme qui devrait être obsolète au XXIe siècle.
NB : il n’y a pas contrairement au discours de Macron de menace qui impacte le territoire national, qu’elle soit russe ou chinoise. Une peur imaginaire est source de conflit.
– Un surcoût de la défense militarisée est absolument anormal dans la situation d’un pays comme le nôtre qui est déjà endetté à hauteur de 3 300 milliards d’euros.
NB : Le budget de la défense aura quasiment doublé en dix ans sous les deux mandats du président, passant de 32,2 milliards d’euros en 2017 à près de 64 milliards en 2027. (à suivre)
3/3 Financer comme le veut Macron les dépenses militaires par « plus d’activité et plus de production » est un leurre 1000 fois resservi par les politiques : c’est la croissance économique qui va nous sauver ! Rappelons que cette croissance n’est majoritairement possible qu’avec des émissions augmentées de CO2 (4,63 tonnes par Français en 2022). Or le réchauffement climatique impose de laisser sous terre une grande partie des ressources, donc il faut préparer une maîtrise de la décroissance.
NB : À l’horizon 2030, l’Union européenne et ses États membres se sont engagés collectivement à réduire les émissions de gaz à effet de serre européennes de 55 % net en 2030 par rapport à 1990.