Pourquoi manifester quand on n’a plus d’avenir

Quelques milliers de lycéens et d’étudiants ont défilé à Paris le vendredi 25 mars lors d’une journée internationale de grève à l’appel du mouvement de Greta Thunberg, Fridays for Future.

Audrey Garric : Il y a alors urgence, pour ces jeunes, à remettre au centre du débat le climat, éclipsé par deux ans de pandémie, une élection présidentielle centrée sur les questions de pouvoir d’achat et, désormais, la guerre en Ukraine… A leurs yeux, l’élection présidentielle n’est toutefois pas une fin en soi. Dans un mouvement où beaucoup de participants sont mineurs, la stratégie est désormais de montrer qu’« on peut mener des combats sans attendre le droit de vote ». Si on se contente de lire les rapports scientifiques, on se terre dans notre chambre et on pleure.

Point de vue des écologistes : Le problème n’est pas le faible nombre de participants, l’écume des jours (pandémie, Ukraine, prix de l’essence…) empêche de penser au long terme. Adultes ou jeunes, peu de monde est prêt à choisir la sobriété. Le problème de fond, c’est que les commentaires sur lemonde.fr, pourtant postés par des gens prétendument intelligent puisque abonnés au MONDE, sont plus nombreux à critiquer les jeunes manifestants qu’à comprendre leurs angoisses face à leur avenir. Tous ceux qui ont écrit contre les jeunes ne seront sans doute plus là pour payer les conséquences de leur refus de voir et de faire ! Voici un florilège d’une opposition qui ne devrait pas être.

Zaza : Tant qu’un quarteron de gauchistes admirateurs d’extinction rébellion formera quelque part (de préférence à Paris, bien sûr) une procession de Philippulus catastrophistes, on peut compter sur Planète pour mobiliser un journaliste (Audrey Garric, au hasard).

LJB : Je suis surpris et peiné du sarcasme que ces manifestations suscitent dans les commentaires de cet article. Zazan si qqun est à blâmer ce sont les partis politiques qui n ont pas réussi à construire un projet à la hauteur des enjeux, et ce depuis 20 ans. On en vient à souhaiter de doubler les droits de vote pour ceux qui seront encore de ce monde en 2050 – dont je ne suis probablement pas.

Waltho : Avant de saluer cette mobilisation en faveur du climat, j’aimerais être sûr que ces jeunes sont attachés à la démocratie. On a trop vu d’actions violentes et minoritaires au nom de l’urgence climatique. Le camp du bien s’exonère bien trop facilement des règles élémentaires de la démocratie

D Pesce : Je pense Waltho que vous confondez … les manifestations en Corse n’ont rien à voir avec le climat. Plus généralement tous les mouvements autour de l’écologie sont parmi les plus démocratiques … essayer de les discréditer sur ce point est ignominieux vu l’urgence de la situation.

Vindusud : Entre se promener avec les copines et aller en cours il n’y a pas a hésiter surtout si il fait beau. Ils ont tous un portable et ce soir au chaud à la maison avec le repas préparé ou un tour au Mac Do. Qui paye les gentils organisateurs pour organiser les promenades de ces adolescents nantis?

Gilles SPAIER : Comme d’habitude, les commentateurs aigris et ronchons vitupèrent sur les jeunes qui ont d’autres préoccupations qu’eux. « Y’a plus de respect » , « de mon temps » etc..Difficile d’avoir la même vision des choses à 20 ans et à 60 ans avec un monde en évolution aussi rapide. Ma seule certitude est que toutes les études scientifiques actuelles sur le climat leur donnent raison. L’inquiétude qu’ils expriment est scientifiquement fondée.

Mendo : Feraient mieux de bosser pour inventer les énergies propres du futur. Et de moins utiliser leurs téléphones (ça brûle de l’énergie et des métaux rares). Les enfants de bourgeois bobo promettent d’être encore plus gratinés que leurs parents.

Isa : Mendo, les élèves ingénieurs sont maintenant très sensibles à ces questions et ils sont de plus en plus nombreux à mobiliser leurs compétences dans tous les champs applicable pour améliorer la situation. Mais voilà, leur formation fait qu’ils sont aussi bien conscient qu’ « inventer l’énergie propre du futur », la développer et la déployer ça prend du temps. Temps que nous n’avons plus. Lois de la physique climatique étant ce qu’elles sont, les échéances (et les premières conséquences) climatiques commencent à arriver. Si les problèmes énergie/climat vous intéresse documentez vous sur le sujet (eg les excellentes vidéos de Rodolphe Meyer). Lisez les documents nationaux de référence que sont la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et le Plan National d’Adaptation au Réchauffement Climatique (PNACC) ou votre PCAET local pour comprendre que ces jeunes ont raison. Diminuer les émissions maintenant c’est un investissement pour avoir plus de temps pour trouver « l’énergie propre du futur ».

jea.vie : On espère que ces braves jeunes ont abandonné définitivement le smartphone, les trajets en voiture et en avion, la viande etc. Avant de demander à l’état d’être exemplaire il vaut mieux l’être soi même, sinon, tout ça c’est bidon.

Zab : à bientôt 80 ans, je suis du coté de mes petits enfants. Cela fait des années que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. Il est tard en effet. Mais tous ceux qui ont écrit contre les jeunes ne seront plus là pour payer les conséquences de leur refus de voir et de faire!

Kernuizière : Il aurait été plus objectif de remplacer « les » manifestantsdu titre par « des ». On peut aussi se demander si un des risques pour la planète ne serait pas aussi la guerre à nos portes, et pas dans dix ans. La politique, ce sont des dizaines de problématiques qu’il faut considérer. Le climat en est une, mais hélas pas la seule !

Mowglie : La guerre en Ukraine a commencé le 24 février 2022. Le sommet de Rio a eu lieu en 1992. Cela fait donc 30 ans que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. Vous pensez que l’actualité des 30 derniers jours justifie 30 ans d’inaction?

lecteur assidu : La moitié des enfants ont fuit l’Ukraine occupée et trois enfants gâtés manifestent à Paris pour qui ? Je vous laisse deviner.

Isa : C’est fou le nombre de personnes qui se satisfont de décrédibiliser les porteurs d’un message plutôt que d’en discuter du fond. Les jeunes que je connais sont *à la fois* actifs pour l’Ukraine et pour le climat il sont conscients du monde qui les entoure et des risques à court et à long terme qu’ils vont avoir à gérer. Etre capable d’anticiper et traiter à leur bon niveau de priorité les actions urgentes aux conséquences immédiates et les actions urgentes aux conséquences futures est une qualité fort utile et est un signe d’intelligence. Or les projections climatiques montrent que les émissions des 50 prochaines années, auront des conséquences bien plus importante en terme de déplacement de population et que nous ne pourrons plus rien y changer pour des raisons physiques. Accessoirement, si notre dépendance aux énergies fossiles avaient été traitée correctement pour des raisons climatique, nos capacités d’actions en Ukraine seraient bien différentes.

7 réflexions sur “Pourquoi manifester quand on n’a plus d’avenir”

  1. Quelques milliers, c’est tout ? Et ben sur Le Point on apprend que, je cite le titre « Présidentielle – À Dijon, Macron rattrapé par le pouvoir d’achat » Et là ce sont des millions de gens et même plusieurs dizaines de millions de gens de tout âge qui se manifesteront pour le pouvoir d’achat, ils en feront le sujet crucial de cette présidentielle… Le pouvoir d’achat est la clef qui ouvre toutes les portes des plaisirs… c’est bien pour ça qu’on veut toujours plus de pouvoir d’achat, se faire plaisir…

    1. Misère misère

      Essaie d’être un peu moins binaire, ou primaire, rien qu’un peu ce serait déjà ça.
      D’abord où et quand as-tu vu des millions de gens (cette fois de tous âges) manifester.
      – Top 10 des manifestations et rassemblements qui ont marqué l’histoire de France.
      – Top 10 des manifs les plus marquantes de l’Histoire, celles qui ont changé le monde.
      Comme tu peux le voir il n’y a pas que le pouvoir d’achat qui mobilise le plus, il y a aussi les injustices, les atteintes aux libertés etc. alors arrête un peu avec ça.

  2. – « Pourquoi manifester quand on n’a plus d’avenir » [?] ?
    Je suppose qu’il s’agit là d’une question, ou alors de la réponse à une question.
    Pourquoi, pourquoi, POURQUOI ??? C’est vrai qu’il vaut mieux savoir pourquoi.

    – « Cela fait du bien de se retrouver entre nous, partager nos angoisses et nos combats »
    C’est là une réponse, une explication. Je fais ça parce que ça me fait du bien, parce que j’en ai besoin, etc. Une explication ou une motivation qu’on peut parfaitement comprendre.
    C’est une «simple» affaire de biologie.

    1. Esprit critique

      – « Le problème de fond, c’est que les commentaires sur lemonde.fr, pourtant postés par des gens prétendument intelligent puisque abonnés au MONDE, sont plus nombreux à critiquer les jeunes manifestants qu’à comprendre leurs angoisses face à leur avenir. [etc.] » (Biosphère)

      Même si c’est le cas… parce que je vois que aussi du monde (même chez les vieux) qui essaie de se mettre à la place de ces jeunes inquiets… pour moi le problème de fond n’est pas là.
      Je le redis, cette opposition POUR et CONTRE est absurde. Aussi absurde que l’opposition JEUNES / VIEUX.

      1. – « QUEL AVENIR ? »
        C’est la question que brandit cette manifestante sur la photo de l’article du MONDE.
        Notons que cette question pourrait très bien être posée par Zab, qui à 80 ans s’inquiète pour l’avenir des ses petits enfants. Comme quoi tous les vieux ne sont pas comme ci ou comme ça (le temps ne fait rien à l’affaire ! )
        Quoi qu’il en soit, à qui cette question est-elle adressée ?
        Pas quand même à Macron, si ? Mais qui peut répondre à cette question ?
        Tout ce qu’on peut dire, c’est que L’AVENIR SERA. Par la Force des Choses.
        En attendant, personne ne peut dire ce qu’il sera. Mis à part Madame Irma, bien sûr.
        Mais alors, si la question est absurde… pourquoi alors la pose t-on ?
        Bref, on n’en sort pas, on tourne en rond. Mais ça ne fait rien, en attendant ça fait du bien de tourner en rond. Et ron et ron petit Patapon !
        Tout ça pour dire que je comprends très bien les inquiétudes des uns et des autres.

    2. et bien dansez maintenant

      Dans mon cas, qui n’est pas une généralité, j’ai arrêté de manifester: 1/ quand j’ai compris que cela ne servait pas à grand chose, sauf rencontrer les potes, se compter mais rien de plus, juste symbolique.
      Le Covid m’a donné raison… Avant, le gouvernement paraissait avoir « peur » d’une grève générale. Après quelques confinements équivalents à plusieurs mois de grève générale à l’échelle mondiale, le PIB n’a jamais été aussi haut!
      2/ quand j’ai quitté la ville, je suis passé de citoyen tout-consommateur à citoyen paysan beaucoup plus acteur producteur de biens. Le changement se fait d’abord autour de chez moi, car je peux avoir une certaine maîtrise de flux entrants et sortants, j’ai de l’espace, de l’autonomie que la ville n’autorise pas…

      1. Parti d'en rire

        Moi aussi, après je ne sais combien de kilomètres au compteur, j’ai arrêté de battre le pavé. Et le bidon. Bref de faire le con. Du moins dans la rue.
        Jusqu’à tout récemment. Où là je me suis dit, que je ne pouvais quand même pas me foutre de tout. Et donc je suis reparti, comme en 40, au Combat, à la Guerre, avec les Zantis, de toutes les couleurs… jaunes, rouges, bruns, et même des verts, au travers… et des fachos, des complotiss et Jean Pass ! Tous ensemble tous ensemble ouai ouai !
        Mon dieu quelle foutaise ! C’est à désespérer !

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