pro ou anti-OGM ?

Limagrain, leader européen des semences de grandes cultures, renonce à expérimenter ses maïs transgéniques en France (LeMonde du 21.06.2008). La France prend ainsi du retard dans le domaine des biotechnologies, mais est-ce bon ou mauvais pour la France ? Voyons ce qu’en dit Jean-Paul Oury dans la page « Débats ». Selon son point de vue, la controverse n’est pas technique, elle oppose deux conceptions du rapport de l’homme et de la nature. D’un côté une vision naturaliste qui voit la nature comme un patrimoine à conserver (j’ai enlevé du discours de ce docteur en histoire tout ce qui était péjoratif, « conservatrice », « homme soumis », « manipulation suspecte »). De l’autre une vision « progressiste » qui part du principe que l’homme a depuis toujours modifié le vivant, condition même de sa survie.

Constatons d’abord que cet historien des sciences et technologies n’a pas voulu remonter à l’époque  de la chasse et de la cueillette au cours de laquelle l’homme ne modifiait pas son milieu. Insistons davantage sur les conditions de la survie : est-ce que la profusion technologique actuelle est faite pour assurer notre survie ou le profit des multinationales ? A-ton besoin du fordisme et de la bagnole à la chaîne pour assurer notre survie ? La combustion du pétrole, nécessaire aux transports des semences comme à presque tous les secteurs de notre civilisation, est-elle un avantage en soi ou un destructeur de climat ? Ne faudrait-il pas essayer de respecter l’équilibre avec la nature ou doit-on se lancer dans l’aventure de la reprogrammation du vivant ? L’auteur ne voit pas pourquoi on devrait s’interdire une technologie transgénique qui a fait ses preuves partout dans le monde.

 J’ai trouvé chez Claude Lévi-Strauss, pour qui il n’y a pas d’axe du temps humain dirigé vers le Bien, la dénonciation de l’entreprise de destruction menée par la civilisation occidentale à la fois à l’encontre des autres cultures et d’une nature qu’elle s’approprie par la technique. L’idéologie libérale répond pourtant par l’affirmative à cette question : Peut-on assurer notre survie par l’intermédiaire d’une destruction ? Je ne suis par sûr que la réponse de Jean-Paul Oury soit la bonne…surtout quand on sait que JP Oury appartient à Alternative libérale, « le parti pris de la liberté » (pour ceux qui cultivent des OGM) !