Quand la bagnole s’est imposée dans nos vies

Quelques bonnes analyses dans le mensuel La Décroissance*. Ainsi cette analyse de François Jarrige sur la bagnole, une invasion sauvage qui démarre il y a  un siècle à peine. En résumé :

Autour de 1900 dans les campagnes comme dans les grandes villes, ce sont les animaux qui permettaient de déplacer humains et marchandises. A Chicago ou New York, le nombre de chevaux était d’environ 25 humains pour un cheval. En 1907, la France et les Etats-Unis ne produisaient chacun que 25 000 voitures environ, la Grande-bretagne 2500. Mais dès 1914 grâce à l’introduction du travail à la chaîne, les Etats-Unis produisaient 485 000 voitures dont 250 000 Ford T. Il y avait, en 1919, 20 000 automobiles en région parisienne mais 300 000 dès 1930 ! L’automobile Club de France (fondé en 1895) et les constructeurs développèrent une propagande efficace. Dès 1900, la presse automobile comptait 25 publications. L’Auto tirait chaque jour à 125 000 exemplaires dès 1913. Il y eut cependant de nombreuses résistances et oppositions.

Objets de distinction et de luxe largement inutiles, les voitures servaient d’abord à la promenade des riches autour de leurs propriétés. Elles effrayaient les humains comme les animaux. Les automobilistes étaient surnommés les « tueurs de poules ». Se souvenant du Paris de sa jeunesse, emplie de chevaux et d’attelages, Anatole France écrit dans les années 1930 que « Paris était alors plus aimable qu’il n’est aujourd’hui ». D’aucuns disent que Paris a d’autres Dieux, il veut aller plus vite, toujours plus vite, quoi qu’il advienne, d’autres critiquent les gaz d’échappement. Dès 1893, la législation française fixe la limite de vitesse à 30 km/h sur les routes et 12 km/h dans les agglomérations, des vitesses inférieures à celles des véhicules hippomobiles. Puis le sentiment autophobe disparaît peu à peu au fur et à mesure de la multiplication des automobiles. En 1967, Bernard Charbonneau analysait avec tristesse l’avènement de l’Hommauto : « On croit fabriquer des automobiles, on fabrique une société. »

Pour se défaire de la bagnole, c’est tout l’imaginaire de notre société et ses rêves de mobilité qu’il faudra déconstruire ! Lisez La Décroissance, le journal de la joie de vivre, 1er journal d’écologie politique.

* La Décroissance n° 92, septembre 2012

1 réflexion sur “Quand la bagnole s’est imposée dans nos vies”

  1. Et dire que la tautaumobile ne sera bientôt plus qu’un vieux rêve. Vive l’ère de la fin du pétrole (bon marché)

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