Quelle agriculture en France, quel niveau de population ?

La situation actuelle est que la planète est déjà surpeuplée, même la France, pourtant « bénie des dieux ». Nous marchons sur la tête, car nous sommes dans une fuite en avant, entre ceux qui ne voient aucun problème tant qu’il ne leur explose pas à la gueule, ceux qui pensent qu’une bonne catastrophe est salutaire car ils pensent bien s’en sortir, ceux qui pensent que « Dieu y pourvoira » et qu’il faut laisser faire le destin et enfin ceux qui croient que Sainte Techno-Science nous tirera d’affaire « comme elle l’a toujours fait ».

Jusqu’à la Première guerre mondiale  38 millions d’habitants  se nourrissaient avec 70% de paysans et 60% de la surface du pays cultivée soit 33 millions d »hectares (8500 M2 par personne) et laissaient un excédent exportable d’environ 10 à 20%. L’élevage des chevaux et bœufs  servait pour les gros travaux des champs, les transports à faible distance, pour la fumure des champs et enfin pour le lait et la viande. La plupart des exploitations étaient autosuffisantes grâce au petit élevage. Les forêts fournissaient du bois de chauffe et du bois d’œuvre mais aussi de la nourriture et de la venaison. Les sols étaient riches car régulièrement fumés et amendés, et soumis à l’assolement triennal ou à la jachère. Sans produits chimiques, la densité en humus était élevée, ainsi que la richesse en matière vivante. A partir des guerres mondiales, l’industrie mécanique et chimique, les banques et les sociétés pétrolières, ont imposé l’agriculture industrielle. Aujourd’hui, la SAU (superficie agricole utile) française a diminué (29 Millions d’ha), la production a parfois augmenté (céréales, cultures industrielles) mais aussi diminué (vergers, maraîchage urbain et périurbain). Nous sommes maintenant dépendants des importations pour notre nourriture. Une partie des sols agricoles a été stérilisée par l’extension urbaine et l’artificialisation des sols  (routes, parkings, zones industrielles). Mais surtout la production agricole n’a augmenté qu’à coup de pétrole (machinisme à outrance), de fertilisants et de pesticides  représentent plus d’énergie fossile que la valeur de la production consommable ! Les sols s’épuisent et ils perdent leur capacité de rétention d’eau ce qui est ballot alors que le réchauffement climatique dérègle le climat avec des sécheresses et des fortes pluies plus intenses !

Dans la perspective de la déplétion pétrolière, l’agriculture devrait produire prioritairement l’énergie du machinisme grâce aux biocarburants. Il est en effet douteux que nous revenions totalement à la traction animale car il faut de la superficie pour nourrir ces bêtes. Il faudra aussi manger moins de viande pour diminuer le gros bétail et réintroduire les bêtes au champ. De plus les ceintures maraîchères devront être reconstituées tout autour des villes et les circuits courts valorisés. Et nous n’avons parlé que d’agriculture, un secteur où la France est favorisée. il n’en est pas de même pour l’industrie où notre sol est dramatiquement dépourvu des matières premières nécessaires à satisfaire nos besoins nationaux. Dans ces circonstances, quelle est la population que le territoire de la France peut « supporter durablement » ? L’empreinte écologique du français moyen étant de deux planètes, il faudrait donc diminuer sensiblement notre population et réduire fortement notre consommation. Pourtant la maîtrise de la fécondité reste un tabou pour tous nos présidentiables et on s’exprime encore en termes de croissance économique ! La « norme » devrait être un enfant vivant par femme. Qui pendant la présidentielle tient ce discours de vérité sur la réalité ? Pour François Fillon, « notre dynamisme démographique est une clé de notre vitalité. Par ailleurs, l’impact de ce facteur sur l’environnement est mineur en France. Pour réduire notre empreinte je préfère agir sur notre mode de consommation plutôt que sur le nombre de consommateurs… » Bruno Le Maire se félicite de la vigueur démographique de la France : « Une nation qui croit en l’avenir de ses enfants est une nation fière, pleine d’audace et d’espoir ! Ce n’est pas en faisant moins d’enfants que nous réglerons les problèmes d’environnement et de développement durable. L’impact d’une politique anti-nataliste serait catastrophique pour les perspectives de la France à long terme… » COCORICO !

7 réflexions sur “Quelle agriculture en France, quel niveau de population ?”

  1. Bonjour
    En 2014 la NASA a également prédit l’effondrement dans quelques décennies.
    Et pourtant, comme le dit José, il y en a qui continuent de croire en la possibilité du TOUJOURS PLUS, et dans la foulée ils élaborent des scénarios roses et verts.

    L’homme a cette capacité d’anticiper et de « prévoir » l’avenir. Certains spécimens sont même convaincus qu’il est possible de voir directement dans le futur, par exemple avec une boule de cristal. Il faut de tout pour faire un monde, dit-on…

    Il y a 15 000 ans nos ancêtres ont compris qu’en semant quelques graines, ils en récolteraient X fois plus quelques mois plus tard. Bien plus tôt ils avaient compris le cycle des astres et des saisons. Au fil du temps ils ont affiné leur science, parvenant ainsi à prévoir la météo plusieurs jours à l’avance. Enivrés par leurs succès technologiques, bon nombre en sont arrivés à croire que tout leur serait désormais permis, même de se soustraire aux lois de la nature, et même de maîtriser le futur.

    En rentrant une multitude de données dans de gros ordinateurs, nous obtenons désormais divers scénarios futurs avec des taux de fiabilité (indices de confiance). Il s’agit là des fameux modèles utilisés désormais dans des tas de domaines, des outils qui permettent de prédire le climat dans 50 ou 100 ans, ou alors la population, ou bien le vainqueur des prochaines élections, les prochains cours de la bourse, ou encore où en sera telle ou telle technologie dans 10-20-50-100 ans…
    Ces modèles étant bourrés de mathématiques complexes, et les machines étant littéralement vénérées, ceux qui les utilisent ont tendance à prendre pour argent comptant ce qu’elles leur servent. Ils ont déjà tendance à perdre de vue que la moindre erreur ou non prise en compte d’un seul facteur, peut totalement anéantir le résultat. Et surtout que le hasard ne se maîtrise pas.
    Parmi une foule de scénarios (disons tout de même, « raisonnables »…) rien ne nous permet d’affirmer que c’est comme ça et à tel moment que les choses se passeront ainsi.
    Les modèles conservent toutefois leur utilité, ce sont des outils, des machines. Nous pouvons nous appuyer sur leur fiabilité, mais comme toujours en faisant très attention, et seulement dans une certaine mesure.

  2. Bonjour Séverine Fontan, oui vous avez bien raison sur les différents points que vous évoquez. Notons qu’en effet le concept d’effondrement global de nos sociétés qui relevait encore de la science fiction est de plus en plus largement évoqué par des chercheurs dignes de confiance. Les travaux de l’Institut Momentum par exemple sont assez intéressants.

  3. Séverine Fontan

    Très bonnes analyses Michel C et Didier Barthès.

    La collapsologie – je ne connais pas la racine latine; mais en anglais « collapse » signifie « effondrement ») est une science récente étudiant la fragilité et le risque d’effondrement des systèmes complexes. Elle parvient aux mêmes conclusions que vous.

    Un élément clé – moins connu du grand public que celui du stress hydrique ou du changement climatique – est la disponibilité en phosphore d’origine minière, avec un pic mondial estimé vers 2030. (Aucun gisement n’est situé en Europe). Ce phosphore a joué un rôle important dans la révolution verte qui a permis l’explosion démographique.

    En prenant connaissance du rôle du phosphore, j’ai mieux compris pourquoi cet horizon 2030 revient très fréquemment dans les rapports internationaux sur l’effondrement – qui n’est plus un risque mais un « predicament » – situation inévitable à laquelle il n’existe aucune solution, seulement une adaptation-.
    Nous subirons certainement un collapsus économique et démographique mondiaux dans les 15 ans à venir.

  4. Je rejoins ce que dit Didier Barthès au sujet de cette extraordinaire fragilité.
    Toujours dans le registre des scénarios catastrophes, imaginons seulement si pour une raison ou une autre, nos super-machines sensées tout gérer, tout maîtriser… devenaient inopérantes. ( Nous nous souviendrons de l’inquiétude qu’avait suscité le fameux « Bogue de l’an 2000 »)
    Toutes nos données, nos mémoires … Pschittt ! envolées ! Plus moyen de retirer de la monnaie aux distributeurs, de faire le plein à la pompe… Et encore, ce ne seraient là que les moindres effets. Surpeuplé ou pas, le pays serait immédiatement paralysé et plongé dans une pagaille sans précédent. Les magasins et les entrepôts seraient évidemment vidés en quelques jours. Et après ? Je doute qu’il y ait un plan B …

    Après, nous revenons toujours à ces scénarios catastrophes dignes des studios hollywoodiens, « Le jour d’après » , « Mad Max » … Nous voilà bien avancés.
    Il fallait vraiment marcher sur la tête pour avoir fait reposer tous les secteurs de l’économie et donc de nos sociétés, donc de nos vies… sur la fiabilité des machines qui sont maintenant toutes plus ou moins interconnectées. Il fallait vouer un véritable culte à la technique pour en arriver là.

    Maintenant il est trop tard, le mal est fait. Et nous devons faire avec. Vivre avec…
    Et même si nous ne nous reconnaissons parmi «ceux qui ne voient aucun problème tant qu’il ne leur explose pas à la gueule, ceux qui pensent qu’une bonne catastrophe est salutaire car ils pensent bien s’en sortir, ceux qui pensent que « Dieu y pourvoira » et qu’il faut laisser faire le destin et enfin ceux qui croient que Sainte Techno-Science nous tirera d’affaire « comme elle l’a toujours fait »… nous devons faire avec.
    Et pour vivre avec … eh bien , à chacun sa came !

  5. Cette analyse montre bien l’extraordinaire fragilité de nos sociétés qui, coupées de la Terre et dépendantes de mille réseaux complexes, sont, non pas très puissantes comme elles en donnent l’impression, mais au contraire menacées d’écroulement à la moindre perturbation un peu importante.
    L’exemple de la guerre est frappant. La France ne pourrait évidemment plus survivre à une guerre comme celles qu’elle a connues au 20ème siècle. Outre la présence de centrales nucléaires qui poserait vraiment problème dans ce contexte, c’est l’alimentation même de la population qui serait en cause (imagine t-on la région parisienne et ses 12 millions d’habitants sans nourriture et sans électricité, donc sans eau, sans téléphones sans lien informatique… ?) Plus rien ne fonctionnerait et nous pourrions sombrer dans le chaos le plus total en deux jours. Curieusement, je trouve que cette fragilité est bien peu mise en avant par les futurologues. En tout cas, ce n’est pas une fuite en avant technologique qui nous en préserverait, tout au contraire elle ne ferait que la renforcer.

  6. Cette analyse montre bien l’extraordinaire fragilité de nos sociétés qui, coupées de la Terre et dépendantes de mille réseaux complexes, sont, non pas très puissantes comme elles en donnent l’impression, mais au contraire menacées d’écroulement à la moindre perturbation un peu importante.
    L’exemple de la guerre est frappant. La France ne pourrait évidemment plus survivre à une guerre comme celles qu’elle a connues au 20ème siècle. Outre la présence de centrales nucléaires qui poserait vraiment problème dans ce contexte, c’est l’alimentation même de la population qui serait en cause (imagine t-on la région parisienne et ses 12 millions d’habitants sans nourriture et sans électricité, donc sans eau, sans téléphones sans lien informatique… ?) Plus rien ne fonctionnerait et nous pourrions sombrer dans le chaos le plus total en deux jours. Curieusement, je trouve que cette fragilité est bien peu mise en avant par les futurologues. En tout cas, ce n’est pas une fuite en avant technologique qui nous en préserverait, tout au contraire elle ne ferait que la renforcer.

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