Référendum climat, que va en faire Macron ?

Trouver une place dans la Constitution pour la lutte contre le réchauffement climatique, vaste débat. Dès septembre 2017, Nicolas Hulot avait échangé avec l’association WWF de cette possibilité. En mars 2018, Nicolas Hulot avouait en discuter depuis plusieurs mois avec Emmanuel Macron. Fin juin 2018, Nicolas Hulot obtient de l’exécutif que les mots « environnement, climat et biodiversité » figurent dans l’article premier de la Constitution ; c’est une avancée car cet article consacre le fait que « le peuple affirme le caractère fondamental de… ». Et puis plus rien, Macron a d’autres chats à fouetter. Aujourd’hui les 150 citoyens reprennent le flambeau hulotiste et souhaitent que le préambule de la Constitution précise que « la conciliation des droits, libertés et principes ne saurait compromettre la préservation de l’environnement, patrimoine commun de l’humanité ». Ils veulent également ajouter à l’article premier que « la République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et lutte contre le dérèglement climatique ».

L’hypothèse du référendum prend chaque jour plus de consistance à l’Elysée, mais depuis le « non » au traité constitutionnel européen de 2005 aucun président de la République ne s’y est risqué. En 1969 de Gaulle avait proposé d’accroître le pouvoir des régions et d’élargir la représentativité du Sénat par voie référendaire. La campagne référendaire devint un vote pour ou contre le Général, qui, désavoué par les électeurs, quitta aussitôt le pouvoir. Les Français ont pris l’habitude de ne pas répondre à une question qui leur est posée pour faire du simple « dégagisme ». Rappelons que l’article 89 de la Constitution permet au président de la République de soumettre au peuple français un projet de révision de la Constitution, mais il faudrait qu’un vote identique de l’Assemblée nationale et du Sénat valide le projet de référendum… et les deux assemblées ne sont pas de la même couleur politique ! Aussi Emmanuel Macron envisage-t-il sans rire un référendum simplement consultatif : « Ça ne s’est jamais fait, mais je suis prêt à aller dans cette direction, on peut innover démocratiquement. » 265 parlementaires de la majorité envisagent récemment« l’organisation possible d’un référendum à choix multiples pour garantir que la majorité des Français soutient l’ambition climatique du président ».

Disons clairement qu’un QCM (questionnaire à choix multiples) ne représentera rien de ce qu’il faudrait mettre en œuvre, une écologie de rupture. La disparition totale de la taxe carbone à cause de quelques Gilets jaunes à des ronds-points est un exemple de l’incapacité du « peuple » à vouloir lutter contre le réchauffement climatique. La proposition des 150 citoyens d’une « limitation de vitesse à 110 km/h sur autoroute » aurait toutes les chances d’être rejetée par une majorité des hommautos : « On croit fabriquer des automobiles, on fabrique une société. » Emmanuel Macron a prévu de recevoir le 29 juin les 150 pour leur apporter de « premières réponses ». Cette réception confirmera sans doute qu’il faut prendre Macron pour ce qu’il est, un « progressiste » qui nous mène en bateau. Il s’est assis avec le plus parfait mépris sur les milliers de cahiers de doléances du Grand Monologue, pardon du « Grand Débat ». Il fera de même avec les 150 propositions citoyennes.

Notons pour conclure que l’écologie est déjà présente dans la Constitution. Le 28 février 2005, la Charte de l’environnement était approuvée par les parlementaires français réunis en Congrès pour lui donner une valeur constitutionnelle : « Aux côtés des droits de l’homme de 1789 et des droits sociaux de 1946, et au même niveau, nous allons reconnaître les principes fondamentaux d’une écologie soucieuse du devenir de l’homme.» … ». Mais ce n’est pas parce que c’est dans un texte, même jugé « fondamental », que les humains l’appliquent. La preuve, il suffit de regarder l’état de la planète et sa constante dégradation.

11 réflexions sur “Référendum climat, que va en faire Macron ?”

  1. @ Michel

    «  »Je croyais que le problème majeur c’était le «surnombre» » »

    Oui aussi ! Les deux mon colonel ! Surpopulation et Créditisme ! Plus la population augmente plus il y aura de consommateurs qui feront crédit….. Plus il faudra de croissance ! Et puis si tu leurs coupe leur ligne de dopage au crédit, alors les gilets jaunes se multiplieront pour produire une pression démographique afin qu’on leurs la relance de la croissance !

  2. Philippe joue simplement son rôle, il était très bon dans le sketch avec Hulot : «C’est une question qui me taraude, plus que certains le pensent… ahahah !!»
    En attendant on voit comment sont régulièrement interprétés voire violés les articles et les principes de la Constitution, on voit ce que donne la Charte de l’environnement. On peut en rajouter à l’article premier, ou à l’article 3, peu importe. Dans cette parodie de démocratie on peut voir la France comme une monarchie, sauf que le roi n’a aucun pouvoir. Comme la Constitution, les beaux principes, la Charte de l’environnement, le ministre de l’environnement, les labels, les chartes éthiques des pollueurs etc. notre Ubu est là pour le décor. Juste pour faire joli, pour faire semblant, pour amuser et abuser la galerie. De toute façon il est prisonnier d’un «infernal triangle». D’un côté l’Europe, d’un autre le «Peuple», et puis ceux qui dirigent le monde.

    1. Aucun programme écologique, aucune mesure écologique aussi minuscule et microscopique soit elle, aucune volonté écologique de la taille d’un photon, ne seront jamais appliqués, tant qu’on sera enfermé dans une économie de prêts et de crédits ! Bah oui, tant que les gens ont des dettes et des crédits sur le dos, ils voudront de la croissance afin de pouvoir honorer leurs crédits. En sachant qu’il faut continuer d’émettre des crédits pour rembourser les prêts précédents, alors entre temps les gens continuent d’émettre de nouveaux crédits….

      Alors avant de vouloir faire passer une microscopique mesure ou loi écologique de la taille d’un nanomètre, il faut d’abord démanteler la société de crédits, il faut mener une guerre contre le créditisme… Si les écologistes ne veulent pas combattre le créditisme, alors les écolos peuvent fermer leurs boutiques électorales, puisque tout continuera comme avant…

      1. Bah si justement. Tout ce qu’on est foutu de pondre et d’appliquer en matière d’écologie, ce sont des mesures aussi minuscules et microscopiques que la taille d’un nanomètre, voire d’un photon. Combattre le créditisme bien sûr, mais pour moi le crétinisme reste bien pire.

        1. Ben non le créditisme est bien le problème majeur ! Parce qu’à chaque fois qu’il faudra passer et appliquer des lois écologiques, tout de suite la levée de boucliers des croissantistes sera de dire  »OUI MAIS, il y a les réalités économiques, notamment les dettes qu’il faut bien rembourser donc on a besoin de croissance »… Bref, les dites réalités économiques seront toujours la bonne excuse pour les croissantistes pour remettre les mesures écologiques aux calandres grecques… Et tant que les réalités économiques seront liées aux dettes donc au crédit, la politique de croissance continuera… Il n’y aura jamais de fin sciemment organisée, les croissantistes iront jusqu’au bout de leur logique qui se situe au niveau de l’effondrement. Il y a les réalités économiques, il y a les réalités économiques na na na croissance !

        2. Je croyais que le problème majeur c’était le «surnombre»… à moins que ce ne soit le CO2… maintenant c’est donc le créditisme. Je veux bien, pour le crétinisme on verra donc plus tard. Sauf qu’il faut quand même être un peu crétin pour se retrouver à crouler sous les dettes. Bon d’accord je caricature un peu, en fait il faudrait revenir sur l’usure (l’argent qui fait des petits) dont nous avons déjà parlé. Sauf que depuis des lustres le monde tourne ainsi, et vit donc à crédit, et ça aussi c’est la réalité. En attendant on peut tourner les choses dans tous les sens, tout est lié et ce ne sont pas les problèmes qui manquent, il y en a d’ailleurs toujours plus. Difficile donc de dire lequel est le majeur, le N°1. Toutefois il y en a qui sont bien plus graves que d’autres.

  3. Référendum climat, que va en faire Macron ?

    C’est simple à prévoir, pas besoin de boule de cristal pour ça ! Il va le récupérer pour l’incorporer dans sa campagne présidentielle à venir dès 2021, en vue d’être réélu en 2022, ensuite il n’en fera plus rien…. Et là, vous vous direz  »Il nous a fait turlututu chapeau pointu on vous a bien eu »…. Et oui, tout ce qu’il va en faire de ce referendum un slogan de campagne présidentiel pour siphonner les voix des écologistes, et une fois réélu plus rien…. Hormis des chapeaux pointus pour les écolos….

  4. Macron peut prendre exemple sur Poutine. Le président russe organise une consultation à partir du 25 juin 2020. On évite le terme de « référendum », préférant tourner autour du champ lexical de la consultation. Une telle procédure existe pourtant dans le droit russe et elle s’applique à. Mais l’exercice est très encadré : il définit précisément la façon dont la campagne doit être menée, son financement, la présence d’observateurs indépendants, les peines prévues pour les violations…
    La formule choisie, celle d’un « vote populaire », est bien moins contraignante qu’une modification de la Constitution prévue par les textes. Quarante-six amendements constitutionnels sont mis au vote, et les électeurs devront dire oui ou non à l’ensemble. La présidente de la commission électorale a comparé cela à un « menu complet », dans lequel « on ne peut pas séparer le bortsch et les boulettes ». C’est en fait un plébiscite !

  5. – «La disparition totale de la taxe carbone à cause de quelques Gilets jaunes à des ronds-points est un exemple de l’incapacité du « peuple » à vouloir lutter contre le réchauffement climatique. »
    Jaune ou vert, choisis ton camp camarade ! Si on n’y arrive pas, si on ne peut pas y arriver, c’est la faute aux Autres. Encore un exemple de l’incapacité du Gros Animal à vouloir (ou pouvoir) lutter contre sa propre bêtise. Le Gros Animal c’est Pierre Paul et Jacques, c’est vous c’est moi. Le Gros Animal aime voir les choses simplement, il en a toujours été ainsi.

    1. (Suite) Hélas le Gros Animal n’est pas sur la voie de la simplicité volontaire, mais sur celle du grand n’importe quoi. Avec deux cases le monde se voit en bicolor, selon l’humeur du sens du vent et de l’épaisseur du brouillard c’est blanc ou c’est noir. C’est pour ça qu’ON lui a inventé le système binaire, les référendums et les sondages, et la télé en noir et blanc. OUI ou NON, POUR ou CONTRE c’est pas compliqué, choisis ton camp camarade ! Depuis qu’ON lui a mis la couleur il est paumé. Le vert remplace le noir et aussi le rouge, le rouge et le jaune se mélangent, avant le rouge était à gauche, le vert aussi d’ailleurs, aujourd’hui tout ça ne veut plus rien dire, rouge jaune vert noir gauche droite etc. tout se vaut. Du coup le Gros Animal pense, dit et veut une chose et en même temps son contraire. C’est son «choix» qu’il dit, «ma liberté de penser». Si le but était de rendre le Gros Animal encore plus bête qu’il ne l’est de nature, bravo.

  6. Edouard Philippe décerne un zéro pointé à la proposition d’amender la Constitution pour y préciser que « la conciliation des droits et libertés ne saurait compromettre la préservation de l’environnement ». Cette proposition selon le premier ministre limite les libertés individuelles à la responsabilité environnementale. Ce qui signifie qu’on vivrait dans une pays restrictif des libertés sur la base d’une notion assez floue. Parce que jusqu’où va la responsabilité environnementale ? Est-ce une restriction dans la façon de se nourrir, de se déplacer, de se loger ? Moi je ne souhaite pas vivre dans un monde comme celui-là. »
    Rappelons à Pḧilippe la charte de environnement qui a été constitutionnalisée en 2005 : « Art. 3. – Toute personne doit, dans les conditions définies par la loi, prévenir les atteintes qu’elle est susceptible de porter à l’environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences. »

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