Relocalisations pour une décroissance

Faut-il diviser la France en petites communautés ? C’est le débat à trois voix du mensuel de juin « La décroissance ». Dommage que personne ne cite les communautés de résilience déjà mis en place au niveau international sous l’égide de Rob Hopkins. Mais l’essentiel est de faire avancer la cause écologique. Extraits :

Olivier Rey : Il va de soi que dans la situation actuelle, où les excroissances monstrueuses pullulent, le sens des proportions doit pousser à la réduction d’échelle. La taille appropriée ne doit pas seulement s’appliquer à l’exploitation des ressources, la taille des entités politiques est également concernée. On devrait se souvenir que « politique » vient de polis, la cité, qui précisément pour demeurer cité ne saurait croître indéfiniment. Aux yeux des Grecs, les Perses étaient des barbares parce que, vivant dans un empire, il ne pouvaient pleinement faire vivre la démocratie. Ce ne sont pas les individus qui constituent les unités de base de la société démocratique, mais les communautés se gouvernant elles-mêmes. La décroissance est une condition de la démocratie. L’inverse est également vrai : ce sont des communautés locales qui seraient à même de s’engager dans la voie de la décroissance. Leopold Kohr avait parfaitement compris que « la possibilité de trouver des solutions diminue au fur et à mesure que le processus d’union avance ». (ndlr, il suffit de constater les blocages constants de l’Union européenne)

Daniel Blanchard : Chez Bookchin, sa théorie du « municipalisme libertaire » s’est inspirées des vestiges de la démocratie directe de l’Amérique des premiers temps, en particulier au Vermont où il vivait. Des assemblées générales avaient lieu sur les commons : les habitants d’une localité se réunissaient périodiquement pour débattre des problèmes communs. Aujourd’hui il n’en reste plus grand-chose. Bookchin s’inspirait encore plus de l’idéal anarchiste de communautés locales autogérées et fédérées entre elles. Il développait l’idée d’une économie axée sur les ressources locales, instaurant une équilibre entre la communauté humaine et son milieu. Et petit à petit, en s’étendant de proche en proche, cette prise de pouvoir à la base viderait de son contenu l’emprise de l’État et du grand capital. Or, au courant écologiste libertaire, s’oppose la vision technocratique qui défend l’idée qu’on ne pourra résoudre les problèmes écologiques que par une espèce de gouvernement mondial, s’appuyant sur la raison et la science pour justifier un pouvoir dictatorial. Ce néo- totalitarisme déresponsabiliserait complètement les simples gens, alors que c’est précisément par leur responsabilisation qu’on peut espérer résoudre ces problèmes.

Tudi Kernalegenn : Historiquement, quand l’écologie politique apparaît dans les années 1970, elle a tout de suite un lien fort avec le régionalisme alors que la gauche était plutôt jacobine et défendait la puissance étatique. Bernard Charbonneau, Denis de Rougemont ou Ernst Friedrich Schumacher ont été parmi les penseurs de cet éco-régionalisme : small is beautiful. Leur éco-régionalisme n’a rien à voir avec une forme de nationalisme nostalgique et rejette toute idée de discrimination ou de concurrence entre territoire. Un des slogans de l’écologie politologique, dès ses débuts, « peser global, agir local », relève bien de cette vision. Avec l’aggravation des problèmes environnementaux, les conditions de vie se dégraderont et des « écofascistes » en appelleront à ce que de grandes organisations prennent des mesures autoritaires. Au contraire l’éco-régionalisme est une idéologie humaniste qui ne s’en remet pas à un État central. Il fait confiance à la capacité des habitants d’agir au quotidien. Ce qui n’empêche pas d’avoir des instances capables de faire respecter des normes communes qui dépassent le local.

4 réflexions sur “Relocalisations pour une décroissance”

  1. Tout ceci me semble exact mais il faut préciser que le retour à des entités plus petites signifie aussi l’abandon de beaucoup de choses de notre vie quotidienne. Les ordinateurs, les automobiles, de nombreux objets ne peuvent se concevoir et être produites que dans des ensembles gigantesques du fait de contraintes techniques ou de coûts fixe démesuré. Une salle blanche pour faire des microprocesseur ne pourra jamais être hébergée dans un village sans liens économiques déterminants avec le reste du monde

  2. On ne peut se rapprocher de la vraie démocratie que dans de petites communautés .
    Echapperont à cela les villes moyennes / grandes , enfers démographiques à haute densité en multiculturalisme , où la résilience est proche de zéro .
    En relocalisant et en ayant une faible population , on peut atteindre l’ autarcie alimentaire (la plus importante) facilement et un cadre de vie des plus agréable !

    1. Oui… et on doit reconnaître alors, qu’il faut alors être vraiment maso ou tordu, pour ne pas tout plaquer et aller s’installer dans la Creuse, en Lozère ou en Ariège. Voire sur une île déserte.

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