Ski : le consumérisme touristique, c’est fini

En 2018, j’étais au Pla d’Adet dans les Pyrénées, arrivé en covoiturage, refusant toute remontée mécanique, descendant en raquettes à Saint Lary, quasiment seul sur l’étroit sentier neigeux, au milieu du silence vertigineux et des sapins ployant sous le poids de la neige. Le plaisir physique et l’éloge de la lenteur. Mais n’est-ce pas déjà trop que de faire 300 kilomètres pour un plaisir solitaire même s’il est partagé en couple ?

Marine Tondelier, Eric Piolle et David Berrué : Avec ou sans enneigement artificiel, le nombre de journées skiables diminue, l’or blanc, c’est fini. Il faut le dire, clairement. On peut même se demander jusqu’où il est souhaitable de miser sur la montagne dite « quatre saisons », où l’on multiplie les aménagements destinés à attirer une clientèle estivale. Venez faire un tour de manège dans un beau paysage, centres aqualudiques, circuits de luge sur rail, tyroliennes géantes et autres ponts « himalayens » enjambant des vallées entières… Voici venue la fin d’un modèle économique fondé sur le consumérisme touristique, la marchandisation des espaces naturels et une situation de rente immobilière jamais remise en cause.Difficile de lâcher un modèle sans connaître celui qui le remplacera. Il en va ainsi des choix que nous devrons faire dans de nombreux domaines à cause de la crise écologique. Simplement, regardons les réalités en face. Ayons ce courage.

Le point de vue des écologistes

2mains : Merci pour cette tribune qui met les points sur les i. L’époque ne permet même plus d’émettre des bulletins météo circonstanciés : à cette heure les massifs ne sont recouverts que d’une fine carapace de glace blanche, le soleil tape. Il y a même peu d’espoir de transformer l’usage de la montagne. Elle sera désertée par manque d’eau. Comme l’est l’Atlas ou la Sierra Leone.

Arthur Martin : Depuis des années j’ai arrêté d’aller au ski car je ne voulais plus cautionner la spéculation immobilière et le tourisme de masse qui ne respecte pas l’environnement.

Laurent78 : Le constat est juste c’est déjà ça. Mais on reste sur sa faim pour les solutions. C’est compliqué les vacances des gens. Si on restait dans son canapé à regarder la télé (même en streaming) c’est sur on dérangerait moins les milieux naturels. C’est un peu bizarre de demander moins de fréquentation des vacanciers et par ailleurs de réclamer six semaines de congés.

StephD : Bref, pas de solution, à part la reconversion des pisteurs en on ne sait quoi, c’est pourtant ce que l’on attend de politiques, aller plus loin que c’est pas bien, c’est vilain sinon on se retrouvera avec un nouvel exode comme en 1950-60, et des panneaux photovoltaïques sur les anciennes pistes

Michel SOURROUILLE : Comment expliquer qu’il ne faut pas aller skier ? Comment expliquer cela dans un monde sur-développé où les loisirs sont devenus un art de vivre ? Comme amener les touristes des sommets à ne plus aimer les vacances à la neige ? Comment faire ressentir que la montage ensevelie dans son manteau neigeux ne peut que mieux se porter sans tire-fesses, nacelles et autres remonte-pentes ? Le skieur qui ne s’occupe que de la réussite de ses vacances peut-il glisser sans se poser quelques questions sur une neige vomie par des canons alimentés par l’eau qu’on est allé chercher deux mille mètres plus bas dans la rivière ? Comment convaincre des gamins qu’on amène en classes de neige que skier n’est pas bon pour la planète ?

FrTr 1 : Avant la neige c’est la crise de l’énergie et du pétrole qui empêchera le monde d’aller en montagne. Tout bêtement. Il n’y a pas ou peu de transport en commun, les trains sont supprimées d’année en année. Ce sont des personnes de plus en plus riches qui y vont. Donc clairement, le tri se fait par l’argent et la fréquentation va baisser naturellement.

Ephrusi : je ne suis pas sûr que dans quelques années (une décennie+), il y ait encore beaucoup de voitures à pétrole pour conduire tout ce riche beau monde à pied des vallées jaunies faute de neige. Il faudra miser sur ces attelages à cheval et ça, ça aura de l’allure.

Rumi : Montagnards réjouissez vous : vous allez redevenir pauvres comme vos grands parents mais heureux de l’être car vous aurez sauvé LA montagne. Au milieu de feu les stations de ski aux immeubles en ruine, vous pourrez faire paître quelques vaches. Bon vous pourrez toujours arrondir vos maigres revenus en vous occupant de quelques vieux citadins qui ne sortiront plus de chez eux car remonter de la vallée à vélo leur sera devenu impossible. Surtout avec leurs courses pour le mois ! Vive la montagne sans ski.

Eric de Strasbourg : Tourisme doux et contemplatif, que ça de vrai !! Goûtez y et vous verrai qu’il est inutile de faire des infrastructures toujours destructrices de l’environnement et surtout abominable pour les paysages. Les emplois dans les fermes auberges et l’agriculture de montagne : c’est simple, c’est beaux et c’est bon

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6 réflexions sur “Ski : le consumérisme touristique, c’est fini”

  1. J’ai travaillé 4 saisons en montagne, 3 été (pour gagner de la tune pendant vacances scolaires) et 1 en hiver pendant 4 mois, histoire de découvrir un peu les sports d’hiver. Bon tout ce qui était ski et surf je n’ai jamais tenté. Plus exactement j’ai renoncé suite à un rendez médical dès les 2 premières semaines, j’y suis allé pour une grippe mais bon quand j’ai vu sur le brancard l’état d’une personne qui s’est fracassé au ski, parce qu’un individu l’a chargé dedans, je me suis dit que ça ne me tentait pas de finir ainsi. Alors je me serais contenté de ski de fond pour découvrir des paysages tranquillement sans qu’un zouave vienne me charger dessus.

    1. Toutefois, j’ai tout de même découvert quelque chose qui pourrait devenir un pêché mignon : la motoneige en nocturne ! C’est juste fantastique ! C’est très cher de l’heure mais bon si j’avais l’argent pour suivre, c’est clair que je ne résisterai pas à la tentation, le plaisir gagne toujours ! Combien même on me raconterait que c’est toxique pour l’environnement, je pense que je ne résisterai pas à ce truc ! Je redeviens comme un enfant qui ne veut plus lâcher son jouet ! Alors j’imagine que ceux qui affectionnent le ski auront le même sentiment, ça leur sera très difficile de renoncer à leur jouet… Il est évident que beaucoup de renoncements se feront dans la douleur…

      1. Ben moi, par exemple, la motoneige, non seulement je n’ai jamais essayé, mais il est hors de question que j’essaie. Pas que la motoneige d’ailleurs. Et en plus en nocturne !
        Quand je vois déjà comment les randonneurs emmerdent la faune sauvage en journée, alors la nuit pas question ! Pour ce qui est de la difficulté à lâcher son jouet, moi par exemple, et dieu sait combien bien que j’ai adoré le ski (de piste comme de rando) aujourd’hui ça ne me manque absolument pas de ne pas en faire. Ce qui ne m’empêche pas de prendre du plaisir les rares fois où j’en fais. Par contre, ce qui me manquerait beaucoup ce serait de ne plus pouvoir être en montagne. Et pour pouvoir y être, il faut bien sûr pouvoir y aller. Et comme j’ai dit, de ce côté là moi j’ai de la chance.

  2. Seul avec le chien, ou alors en famille, moi aussi j’aime marcher en raquettes. De préférence
    dans la poudreuse, et surtout loin de la foule. Après l’avoir longtemps pratiqué, j’ai quasiment abandonné le ski de randonnée. Trop de monde ! Et puis je me suis rendu compte que les raquettes étaient finalement le moyen le plus adapté pour se déplacer dans la neige. Et partout, pas comme les skis dans certains cas.
    Seulement les raquettes, aussi, se sont bien démocratisées. Heureusement il reste toujours possible de sortir des sentiers battus. De ces traces faites par le passage de dizaines voire centaines de raquetteurs (raquettistes). De ces tranchées où de bonnes godasses suffisent.
    Seulement faut comprendre que pouvoir dire «j’ai fait de la raquette», ce n’est pas rien.
    Ce qui occupe ces accompagnateurs qui traînent derrière eux ces troupeaux de touristes (clients) qui consomment de la montagne comme ON consomme n’importe quoi.
    ( à suivre )

    1. Faut comprendre que ces tranchées sont dangereuses, tout seul ON pourrait s’y perdre. FAIRE de la raquette, mon dieu quelle aventure !

      Seulement voilà, même si la raquette ça pue et ça pollue bien moins que le ski (La Décroissance de je ne sais plus quand disait qu’en plus ça rendait con), bref pour pouvoir chausser il faut d’abord cramer du pétrole.
      Personnellement, j’ai la chance de ne pas avoir à faire 300 bornes pour ça. Et en plus il y a belle lurette que je ne me dis plus écolo. Au mieux le vrai écolo, le pur et dur, arrivera donc à Lannemezan par le train. De là le bus jusqu’à Saint Lary. C’est là qu’il chaussera (ses raquettes ou ses skis) pour monter au Pla d’Adet. Le vrai écolo, le pur et dur, fera sa trace ou sa tranchée tout seul, comme un grand. Monter en bagnole, même en covoiturage, ça c’est pas du jeu. En tous cas c’est pas mieux que le téléphérique. 🙂

    2. A la sortie de la guerre, la France se lance dans la folie des grandeurs, dont ce vaste plan d’aménagement de la montagne. Destruction des paysages, de villages (Tignes) et du mode de vie de ces gens qui vivaient là depuis longtemps en toute simplicité.
      Barrages, pour électrifier le pays, et stations de ski, pour … faire vivre les vallées.
      Les vallées qui n’avaient rien demandé.
      Après la Bagnole, le ski et la montagne, jusque là réservés à une minorité, devaient se “démocratiser“. Et les Français s’embourgeoiser ! Bien sûr pas qu’eux, et toujours plus.
      Et voilà qu’on arrive en butée. Non seulement il faut monter toujours plus haut pour pouvoir chausser, mais malgré tout ce Pognon investi (pour aller plus haut, plus vite, pour amuser et occuper le Touriste), malgré toute cette pub, les retombées de Pognon ne sont plus au rendez-vous. Comme la neige. ON dira que c’est la Crise.
      Comment qu’ils vont vivre sans le Tourisme … tous ces pauvres montagnols ?

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