Sommet de l’ONU, alimentation et fécondité

Convoqué par le secrétaire général de l’ONU, un sommet de l’ONU sur l’alimentation va avoir lieu près de vingt ans après le dernier sommet sur l’alimentation de 2002 : mettre la planète en ordre de marche pour atteindre l’objectif « faim zéro » en 2030. A peine le projet annoncé que les critiques pleuvent : droit aux OGM trop présent, droits de l’homme trop absents, manque de légitimité démocratique, beaucoup d’acrimonies contre ce sommet. Même le rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation, l’Américain Michael Fakhri, y va de sa diatribe : « Vous êtes invités à la table, certes, mais vous êtes les derniers invités, on vous dit à côté de qui vous asseoir et on vous impose le menu ! » Des ONG, des scientifiques et des organisations paysannes demandent à la France de se retirer des instances organisationnelles de l’événement.

Mais tout ce beau monde sans exception aucune oublie complètement la cause principale de la famine, la croissance démographique. Comme la population double encore en moins de 70 ans alors que les ressources alimentaires vont se raréfier étant donné le réchauffement climatique, les stress hydriques et l’épuisement des terres, éradiquer la faim sans se soucier de mettre en veilleuse l’exubérance de la fécondité humaine, c’est l’échec assuré. Rappelons qu’une conférence mondiale sur la population a eu lieu en 1974, laissée malheureusement sans suite. Il est vrai que le message de Malthus daté de 1798 n’a jamais été écouté : sans maîtrise de la fécondité, l’insuffisance des ressources va inéluctablement vers la multiplication des guerres, des épidémies et des famines. Le choc des nations est déjà une réalité, la Covid19 fait actuellement son œuvre et aucune conférence internationale n’a réussi à endiguer la faim dans le monde.

Un peu plus de 820 millions de personnes, soit 10,8 % de la population, étaient sous-alimentées en 2018. Selon les données de 2019, 690 millions de personnes, soit 8,9 % de la population mondiale, sont encore sous-alimentées. Mais en élargissant à la notion plus vaste d’insécurité alimentaire, qui désigne les difficultés d’accéder de façon régulière à une nourriture saine, équilibrée et nutritive, les Nations unies calculent que 2 milliards de personnes, soit plus d’un quart de la population, étaient concernées. L’émaciation, caractérisée par un faible poids par rapport à la taille de l’enfant, touche notamment 340 millions d’enfants, soit 6,9 % des enfants de moins 5 ans.

La faim est à l’intersection de l’organisation sociale et du poids de l’humanité sur les ressources naturelles. Pour mieux comprendre la complexité de la question démographique, lire le livre de Michel SOURROUILLE, « Arrêtons de faire des gosses, comment la surpopulation nous mène à notre perte. »

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

18 juillet 2020, Mourir de faim, un choix volontaire

15 mai 2020, EFG, Epidémie, Famines, Guerres… normal

17 juillet 2019, Malthus avait raison, la faim existe !

9 réflexions sur “Sommet de l’ONU, alimentation et fécondité”

  1. france inter

    – « Près de 155 millions de personnes sont touchées par ce qu’on appelle pudiquement l’insécurité alimentaire. […] la situation, continue de se dégrader, notamment en Afrique.
    […] Il faudrait une aide d’urgence de 5,5 milliards de dollars supplémentaire. À titre de comparaison, cette somme représente une seule journée de dépenses militaires dans le monde pour sauver 34 millions de personnes de la famine ,
    […] Enfin, il faut savoir que ce sont les conflits locaux qui sont les principaux facteurs de la faim en Afrique et non pas le changement climatique qui lui ne touche que certaines régions. Les conflits au Nigéria, au Sahel, en Centrafrique ou encore en République Démocratique du Congo entrainent des centaines de milliers de déplacés dans toute l’Afrique.»

    (source : L’Afrique, continent le plus touché par la famine. Par Nathanaël Charbonnier le 7 mai 2021 sur franceinter.fr)

    1. Maintenant on peut toujours dire que c’est le (sur)nombre qui est la cause des conflits, que c’est donc le (sur)nombre qui justifie une telle débauche de dépenses militaires, que la misère et les injustices sont dans «l’ordre naturel des choses» etc. etc. C’est là le genre de postulat (point de vue) de la propagande malthusienne.

      1. Ce n’est pas parce que tu réduis les dépenses militaires au niveau monétaire que ça va permettre d’augmenter la nourriture produite au niveau mondial. De la nourriture supplémentaire ne va pas apparaître par enchantement parce que tu dépenses moins de dollars dans le secteur militaire. Ce raccourci est un raisonnement ridicule !

        Entre le réchauffement et la déplétion de pétrole mais aussi déplétions de phosphates, alors la production agricole mondiale ne peut que diminuer ! Et les famines augmenter !

        1. – « Ce raccourci est un raisonnement ridicule ! » (BGA)
          Ce qui est sûr, c’est que pour sortir une telle énormité il ne faut pas avoir peur du ridicule. Maintenant si ça te gène de sabrer dans les dépenses militaires, tu peux aussi taper dans les dépenses publicitaires. Chaque année le budget mondial de la pub s’élève à environ 500 ou 600 milliards de dollars. Il y a une dizaine d’années une étude de l’ONU démontrait que pour réduire de moitié la faim dans le monde, 10 % de cette somme suffirait. Mais là encore tu vas nous raconter que ce n’est pas parce qu’on va réduire la pub que ça va donner à manger à ceux qui ont faim. Misère misère !

      2. En outre j’avais déjà parlé du raisonnement ridicule d’Aurélien Barrau au niveau de l’eau qui ne se partage pas comme un gâteau. Puisque l’eau se consomme au niveau local par un circuit fermé de tuyaux et de station d’épuration d’eau. Et qu’on ne peut pas expédier de l’eau quotidiennement vers l’Afrique, sauf quelques bouteilles d’eau minérale.

        Mais il en est de même pour la viande, c’est compliqué de la partager au niveau mondial lorsque la chaîne de froid lui n’est pas mondial, tout le monde n’a pas un frigo ! Et la conservation des aliments nécessite beaucoup de moyens matériels pour établir une chaîne de froid efficace au niveau mondial.

        Mais chez les gauchos, on est toujours dans des déclarations d’intention, il suffit de consentir de tout partager et tout mutualiser du jour au lendemain juste PAR UN CLAQUEMENT DE DOIGT et tout est réglé ! La pensée magique…

  2. Esprit critique

    Ce sommet de l’ONU est vivement contesté parce qu’il s’agit là encore d’une tartufferie. Là encore on se sert d’un problème pour servir les intérêts du Business. Cette fois l’agrobusiness est chargé de résoudre le problème de la faim dans le monde. On met à l’écart les petits paysans ainsi que le Comité de la Sécurité Alimentaire (CSA) et on donne la parole à l’AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa). C’est donc cette «Révolution verte» portée par cette organisation financée par les fondations Gates et Rockefeller, ainsi que par nos gouvernements, qui va résoudre le problème de la faim. Circulez il n’y a plus rien à voir ! Et là encore des organisations paysannes et indigènes avec des groupes de la société civile organisent un contre-sommet pour faire entendre un autre discours. Et là encore les malthusiens pleurnichent parce qu’on oublie de parler de la «cause principale». Tout ça est d’une banalité désespérante.

  3. – « Mais tout ce beau monde sans exception aucune oublie complètement la cause principale de la famine, la croissance démographique. » (Biosphère)
    La principale cause de la faim dans le monde n’est pas le (sur)nombre, du moins jusqu’à présent. Souvenons-nous de la terrible famine qui fit entre 1 et 2 millions de morts durant la guerre du Biafra (1967-1970). Cette famine n’a pas été la conséquence d’une sécheresse ou autre, mais la conséquence du blocus imposé par le Nigéria. La principale cause des guerres n’est pas non plus le (sur)nombre. Lorsqu’elle obtint son indépendance en 1960 cette ex colonie britannique comptait 40 millions d’habitants, aujourd’hui elle en compte 219 millions. En 1960 le Nigeria comptait pas moins de 250 ethnies. Les ressources naturelles de son sous-sol (pétrole, gaz, métaux) font de ce pays la seconde puissance économique du continent. Aujourd’hui encore, la cause de la faim dans le monde reste uniquement politique.

  4. Lors de la mort en 2009 de Norman Borlaug, l’inventeur de la révolution verte, on a beaucoup péroré médiatiquement sur les rendements agricoles, mais jamais explicité ce que Norman a dit sur la démographie :
    « Nous sommes face à deux forces contraires, le pouvoir scientifique de la production alimentaire et le pouvoir biologique de la reproduction humaine. L’homme a acquis les moyens de réduire avec efficacité et humanisme le rythme de la reproduction humaine. Il utilise ses pouvoirs pour augmenter le rythme et l’ampleur de la production alimentaire. Mais il n’exploite pas encore de façon adéquate son potentiel pour limiter la reproduction humaine. »
    https://www.nobelprize.org/prizes/peace/1970/borlaug/acceptance-speech/

    1. en anglais :

      « For we are dealing with two opposing forces, the scientific power of food production and the biologic power of human reproduction. Man also has acquired the means to reduce the rate of human reproduction effectively and humanely. He is using his powers for increasing the rate and amount of food production. But he is not yet using adequately his potential for decreasing the rate of human reproduction. The result is that the rate of population increase exceeds the rate of increase in food production in some areas. »

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