Stéphane Bern, un écologiste assumé ou virtuel ?

Une image de notre époque ? « Difficile d’en voir une positive émerger. J’ai des images de déforestation de l’Amazonie qui me viennent en tête, de l’océan jonché de plastique, de poulets élevés en batterie. Le mal que l’on fait à la planète me terrifie, je ne comprends pas que l’homme en soit arrivé là. Le film La loi du marché de Stéphane Brizé donne à voir la violence de notre époque. L’individu n’existe plus, on sacrifie tout pour l’argent, c’est horrible. La violence économique me heurte profondément. Je frémis à l’écoute de ces discours que l’on croyait révolus, toute cette bande de populistes, Orban, Trump, Erdogan… Nous vivons dans une époque d’inculture décomplexée, assumée et revendiquée. La télévision a fait beaucoup de mal, notamment la télé-réalité. »

Qui a dit cela, une écologiste atterrée, un philosophe gandhien, une personnalité politique ? Non, tout simplement Stéphane Bern*, animateur de radio et présentateur de télévision. Son discours pessimiste nous rend optimiste, il y a un peuple écolo en formation, même parmi les bateleurs que la télévision adore. Il y aura un peuple écolo personnifié quand la majorité des citoyens refusera le voyage en avion, la voiture individuelle et les trois heures de télé par jour. Le peuple écolo préférera jouer au ballon plutôt que regarder un match de foot, il préférera une partie de belote plutôt qu’une séance télé. La simplicité volontaire des uns se conjuguera avec la décroissance conviviale des autres. Toute personne qui a compris que nous avons dépassé les limites de la planète devrait savoir qu’il lui faut vivre autrement.

Un parti écologiste sera adulte quand ses adhérents agiront en ce sens. Un parti politique digne de ce nom est composé de militants qui vivent ce qu’ils prêchent. Il y aura un peuple écolo quand les militants d’Europe Écologie Les Verts commenceront à donner l’exemple de la sobriété énergétique et de la simplicité volontaire. Le peuple écolo existera quand EELV nous donnera une certaine cohérence, des éléments de langage, le sens de la solidarité, l’exemplarité de ses membres. L’équilibre très compromis entre les possibilités réelles de la planète et l’activisme humain démesuré entraînera nécessairement l’avènement du peuple écolo… ou l’écolo-fascisme ! Pour la présidentielle 2017, votez pour le plus écolo des candidats, Yannick Jadot…

* LE MONDE du 18-19 décembre 2016, Portrait chinois de l’animateur et écrivain

4 réflexions sur “Stéphane Bern, un écologiste assumé ou virtuel ?”

  1. @ José
    Il est vrai que nous trouvons de tout sur Internet, allant du pire au meilleur, et notamment sur YouTube. Je pense qu’il faudrait une sorte de permis pour pouvoir l’utiliser, du moins avoir développé un minimum d’esprit critique pour pouvoir trier dans tout ce fatras désormais accessible à tous. En attendant nous devons faire avec.

    Je viens de visionner 2 fois cette vidéo que vous mettez en lien, et j’ai été surpris.
    Vous parliez d’une « demeurée » et au contraire j’ai vu et entendu une jeune fille que je trouve assez pertinente. Mais ce n’est là que mon point de vue…
    Certes on peut apprécier ou pas sa désinvolture et son ironie. Certes elle dit quelques grosses bêtises : Lorsqu’elle dit que « la théorie de la surpopulation est une grosse arnaque qui pue, inventé par un illuminé qui etc »… probablement quand elle parle du futur « ordre mondial » et dit que la théorie est devenu un dogme, une religion … et certainement quand elle dit que la surpopulation n’est pas un problème … et que la planète pourrait très bien supporter 20 milliards d’humains.
    D’autre part elle aurait du dire qu’il n’existait pas une idéologie homogène, qu’il y avait des différences énormes chez tous ces gens qui se réfèrent de près ou de loin à Malthus.
    Mais dans l’ensemble (10 min) j’ai assez apprécié ce qu’elle disait. Elle insiste d’ailleurs pour dire qu’il ne s’agit là que de son point de vue, et à la fin elle pose de bonnes questions. S’il fallait réguler et épurer le Net, je garderais toutefois cette vidéo, qui selon moi mérite disons… la moyenne.

    J’ai vu que Démographie Responsable avait laissé un commentaire il y a un mois.

  2. @Didier Barthès
    Mais les médias aujourd’hui, c’est aussi et de plus en plus Internet, qui donne, comme le disait Umberto Eco, aux imbéciles le même droit de parole qu’un Nobel. Par exemple, cette demeurée https://www.youtube.com/watch?v=hgSJaxUebFc qui a visiblement très mal digéré son éducation scientifique si tant est qu’elle en ait eu une. C’est à force de rencontrer ce genre de discours, très inspiré par le conspirationnisme, et qui donne au web sa teinte la plus noire, que je suis passé, sur le droit d’expression, d’un point de vue absolument libertaire à l’idée d’une nécessité du contrôle le plus strict. Finalement c’est à la fachosphère authentique, celle qui réclame la démocratie total(itair)e, que cette liberté aura profité le plus.

  3. Bonjour
    Stéphane Bern m’est sympathique. Son attrait pour les fastes royales m’amuse…
    J’aime bien aussi l’acteur Jacques Gamblin . Notamment lorsqu’il nous parle du climat.
    « Mon climat » : https://www.youtube.com/watch?v=K9J8tR7MYDA

    La prise de conscience du problème écologique est déjà faite, lorsqu’elle n’est pas refoulée elle se manifeste ici et là, par les uns et les autres.
    Est-ce pour autant que le peuple écolo est en marche ?

  4. Parfois les gens des médias ou du spectacles disent des choses justes, ainsi voilà ce que déclarait Jane Fonda en janvier 2013 à la revue planète :

    « Ensuite il y a un problème de conscience : à quoi ressemblera le monde sans animaux sauvages, sans vie marine ? Tout ça parce qu’une seule espèce, la plus dangereuse, l’homo sapiens, aura occupé tout l’espace et accaparé toutes les ressources. Ne risquons-nous pas enfin des tensions, des guerres, si notre monde est encore plus surpeuplé, entassés ? Où va-trouver la paix et le calme ? Le dépaysement ? Le recul ? Où trouvera-t-on des terrains libres non urbanisés pour avoir un contact avec la nature ? Etant enfant je me suis construite en explorant les plaines, les bois et dans les endroits libres et envahis par la végétation. D’où va venir l’éveil de la jeunesse en 2045 ?
    (Citation reprise dans « Moins nombreux plus heureux », « Un droit contre tous les autres »).

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