supprimer la dissuasion nucléaire, alléger le budget !

Lundi 25 juin, le gouvernement a annoncé un gel des dépenses publiques « en valeur ». Concrètement, cela signifie que l’Etat ne pourra dépenser un euro de plus pendant la quinquennat qu’en 2012, hors pensions de retraite et intérêts de la dette*. C’est une mesure plus drastique que le gel des dépenses en volume, selon lequel le budget des années futures correspond au budget actuel, mais augmenté de l’inflation. Avec une stabilité en valeur, le budget de l’Etat, de la sécurité sociale et des collectivités territoriales sera donc diminué d’autant chaque année. De plus, ce gel signifie concrètement qu’il faudra des coupes budgétaires alors même que certaines dépenses de l’Etat augmentent de manière structurelle, la santé par exemple. Alors pourquoi ne pas couper dans les dépenses inutiles, comme la dissuasion nucléaire ?

La dissuasion compte pour 3,5 milliards d’euros annuels dans un budget de la défense de 31,5 milliards d’euros pour 2012. François Hollande reste arc-bouté sur la position des présidents français depuis De Gaulle : « Renoncer à la dissuasion nucléaire pour des raisons d’économies budgétaires n’est pas  la position de la France en 2012. »** mais d’autres ont un point de vue complètement différent. Le général Vincent Desportes, ancien patron de l’Ecole de guerre : « Il n’y a plus d’argent. Si on ne touche pas à la dissuasion, il n’est pas possible de faire le nouveau Livre blanc. Il n’y a plus d’intérêt à garder une arme qui coûte 20 % du budget et n’a aucune chance de servir ». L’ancien ministre socialiste de la défense Paul Quilès, signataire de la déclaration Global Zero***, conteste aussi le dogme de l’arme nucléaire comme « l’assurance-vie de la nation« . L’ancien premier ministre socialiste Michel Rocard évoque le 19 juin la suppression de la force de dissuasion nucléaire française pour faire des économies budgétaires, même s’il dira plus tard : « J’ai fait là une boutade. »

L’idée de supprimer la force de dissuasion nucléaire française pour renflouer les caisses de l’Etat a été condamnée par tous les politiques, sauf par les écologistes. Le président du groupe écologiste au Sénat, Jean Vincent Placé, propose de « supprimer l’arme nucléaire ». Au Congrès fédéral en juin 2011, Europe Ecologie-les Verts approuvait l’appel suivant : « Plus aucune arme nucléaire ne doit menacer l’Europe ni menacer le reste du monde. La Conférence du Désarmement basée à Genève doit aboutir à l’abolition des armes nucléaires par quelque moyen que ce soit. L’Europe doit devenir une zone intégralement dénucléarisée, afin de contribuer à la dénucléarisation totale de la planète sans attendre une action similaire des autres Etats ou continents. » Ce point de vue se défend car contribuer à la paix mondiale permet de ne pas saccager encore davantage la planète et ses ressources déjà si raréfiées. D’autant plus que le nucléaire est facteur de surenchère. Des experts américains estiment que Téhéran a désormais suffisamment d’uranium enrichi pour pouvoir fabriquer une ou deux bombes en quelques mois. Les risques de prolifération en cascade au Moyen-Orient n’ont jamais été aussi grands. Hollande n’a aucun sens de la stratégie…

* Le Monde.fr | 26.06.2012 Un gel des dépenses plus strict qu’annoncé pendant la campagne

** Le Monde.fr | 22.06.2012 En France, la rigueur rouvre le débat sur la dissuasion nucléaire

*** Global Zero est un mouvement international qui travaille sur l’élimination des armes nucléaires à l’échelle mondiale. Ce  mouvement a été lancé en 2008  par 100 personnalités –  anciens chefs d’Etat, ministres, généraux, … – du monde entier, en réponse aux menaces croissantes de prolifération et de terrorisme nucléaires. Michel Rocard a aussi signé Global Zero !  Pour vous impliquer davantage, et devenir bénévoles, envoyez un mail à l’adresse suivante : europe@globalzero.org