Taxe aux frontières ou démondialisation ?

Écologie superficielle : « En dissociant les lieux de production et de consommation, la croissance du commerce mondial entraîne une hausse du transport de marchandises et donc des émissions de gaz à effet de serre. C’est la contribution directe du commerce aux émissions. Or, ces dernières ne sont pas prises en compte dans le calcul des émissions de chaque pays.Si un groupe de pays décide de poursuivre des objectifs ambitieux en matière de climat et de taxer ses émissions de carbone, leurs efforts pourraient être annihilés par le jeu du commerce international. Les industries fortement émettrices, comme les cimenteries, délocaliseraient leurs usines dans des pays qui n’ont pas de politique climatique. Ce qui ne ferait que déplacer le problème ailleurs. Il faut donc imaginer autre chose. Une première méthode, a priori séduisante, est la taxe de compensation aux frontières. Les pays qui taxent leurs émissions pourraient aussi taxer les importations de biens en fonction du carbone émis au cours de leur production. Cela réglerait les problèmes de perte de compétitivité de leurs industries. Mais comment calculer la teneur en carbone d’un bien ? Difficile. Une manière de contourner cet obstacle serait de former un club de pays qui taxeraient tous les biens en provenance des pays non engagés dan la lutte climatique. Il suffirait à ces pays d’ajuster leurs objectifs climatiques pour rejoindre le club et échapper à la taxe. Le produit de la taxe pourrait être utilisé pour financer le transfert de technologies propres vers les pays les moins avancés. L’OMC l’autoriserait sans doute car elle prévoit une exception environnementale pour les droits de douane qui poursuivent un objectif légitime, transparent et non discriminatoire. » (Lionel Fontagné)*

Écologie de rupture : « Sur le plan environnemental, il va falloir réduire les échanges, puisque le transport de marchandises émet presque 1 milliard de tonnes de CO2 par an ! La mondialisation, c’est la concurrence effrénée où l’emporte le plus antisocial, le plus anti-environnemental, qui utilise les moyens les moins scrupuleux pour fabriquer moins cher. La mondialisation est donc déloyale en mettant en concurrence des anciens pays industrialisés, qui ont cent cinquante ans d’acquis sociaux, avec des pays nouveaux, qui traitent leurs travailleurs comme des esclaves. La mondialisation a provoqué deux crises : celle financière des subprimes, où un excès de la dette privée avait dû relayer un pouvoir d’achat insuffisant, et la crise écologique mondiale. Les standards mondialisés tirent vers le bas toutes les normes environnementales et organisent le saccage de la nature. Pour moi, la mondialisation est terminée. Si vous mettez bout à bout l’explosion des inégalités, la destruction des ressources naturelles, l’inquiétude mondiale sur le dérèglement climatique, l’appauvrissement des classes moyennes, la colonisation numérique de notre économie par les empires américains et chinois, vous avez en résultante le nécessaire rétrécissement du monde. Et avec l’affirmation des Etats-Unis qu’il faut restreindre les échanges, c’est le retour inévitable à la souveraineté économique des Etats-nations. Le retour du protectionnisme va rétrécir le monde, par un rééquilibrage justifié, nécessaire, après l’intégrisme religieux de la mondialisation. Nicolas Hulot a raison : les traités de libre-échange et l’écologie sont incompatibles. » (Arnaud Montebourg)**

* LE MONDE du 12 septembre 2019, « Il faut intégrer le coût environnemental au commerce des marchandises »

** LE MONDE du 8 septembre 2018, « La mondialisation, c’est terminé »

1 réflexion sur “Taxe aux frontières ou démondialisation ?”

  1. En fait c’est toujours pareil, ici comme ailleurs nous retrouvons d’un côté l’idée de continuer sur notre route et de l’autre celle de revenir en arrière.

    Cette écologie dite « superficielle » est ni plus ni moins animée que par la seule volonté de CONTINUER sur cette route, qui nous conduit au désastre. Cette écologie là s’applique à imaginer et bricoler des mécanismes et des machins dont la fonction est de permettre au véhicule de tenir la route, du moins un certain temps encore. Et ceci sans remettre en question la direction (« Plus ça rate, plus on a de chances de réussir »). Ainsi toutes ces technologies qualifiées de « vertes », parce que consommant moins d’énergie et donc émettant moins que celles qu’elles remplacent, dont les gains et les avantages sont immédiatement anéantis par l’effet rebond. Ainsi cette taxe carbone dont nous voyons déjà les limites, marché du carbone, droit à polluer etc.
    Ainsi ces écolos bobos ou pas, disposant en terme d’énergie de l’équivalent de 500 esclaves 24h/24 (voir Jancovici) se mettant en paix avec leur petite con science en filant 4 ronds pour planter des arbres, en respectant le lundi Veggie, en marchant pour sauver le climat et autres blagues du genre.
    De l’autre côté, à l’opposé, nous avons une autre écologie, qu’on peut qualifier de « profonde » , « véritable », « rétrograde » … peu importe. Celle là est animée par la volonté de ROMPRE avec cette logique désastreuse, la volonté de changer de route. Non pas cette fois pour continuer dans la même direction, mais pour « revenir en arrière » comme on dit. Cette écologie là est en RUPTURE avec le Système, du moins s’en revendique.

    Hélas, ou heureusement, les choses sont rarement binaires. Si encore il n’y avait que deux écologies … peut-être alors y aurait-il moyen de comparer les deux, de peser les pour et les contre et de voir laquelle finalement tient le mieux la route. Le problème c’est qu’entre ces deux écologies nous trouvons autant de variantes que d’écologistes. Arbitrairement et pour imager, plaçons la dite « superficielle », à droite. Et la dite « de rupture » à gauche. Bien évidemment entre les deux nous trouvons une écologie se revendiquant ni superficielle (entendu comme une injure), ni de rupture (ça va de soi). Ce sera donc là l’écologie du centre, ou du ni-ni. Bien évidemment selon le côté où on observe les points de vues ne sont pas les mêmes. Cette écologie ni-ni sera donc perçue superficielle par les uns et en même temps… en rupture par les autres. Et ainsi de suite, entre le ni-ni et la rupture, comme entre le ni-ni et le superficiel, on trouvera toujours n’importe quoi, le grand n’importe quoi ! Ainsi ces petits-bourgeois bien au chaud faisant l’apologie de l’écologie dite « de rupture » ou « profonde ». Et évidemment encore, d’un côté comme de l’autre, des « purs et durs » qui se fichent des limites. Bref, rendons-nous à l’évidence, l’écologie c’est l’anarchie. Entendue ici dans son sens péjoratif, autrement dit l’écologie c’est la pagaille, le bordel. La preuve, elle couche avec tout le monde, l’écologie. De ce fait elle se fait baiser de tous les côtés, l’écologie.

    Le Système et ses tenants n’iront jamais exploiter la planète Mars ni les Martiens… ou autre quelconque exoplanète. Jamais ! La mondialisation est donc le stade ultime et final
    du libéralisme. Pour l’écologie « véritablement profonde et de rupture »… c’est juste une question de temps. Alors patience.

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