«Le temps s’est arrêté le 26 avril 1986 lorsque le réacteur 4 de la centrale V.I. Lénine, située à une quinzaine de kilomètres de la ville de Tchernobyl, a explosé, à la suite d’une erreur de pilotage. Dix jours durant, un panache de particules radioactives s’est répandu dans l’atmosphère. Trente ans après, des hommes tentent toujours d’enfermer le réacteur sous un nouveau sarcophage. Il faudra ensuite extraire, à l’aide de robots, les 1 400 tonnes de magma radioactif, puis démembrer pièce par pièce le réacteur. Cela prendra des décennies, au bas mot.
On ne sait pas combien des 600 000 « liquidateurs » de Tchernobyl, ces personnels civils et militaires mobilisés pour maîtriser le désastre, sont morts. Pas davantage combien de décès, de cancers, de malformations auront été provoqués dans les populations de la région directement contaminée, où vivent encore plus de 6 millions de personnes. Dans la zone interdite, les arbres sont gorgés de produits radioactifs et les terres souillées pour des siècles. Le césium 137 et le strontium 90 ne disparaîtront pas avant environ trois cents ans. Quant au plutonium 239, il perdurera des centaines de milliers d’années.
Tchernobyl n’a pas empêché Fukushima, et Fukushima n’évitera sans doute pas une autre catastrophe. En France, nous pouvons avoir des séismes ou des inondations supérieurs à ceux qui étaient prévus, des actes de malveillance contre une centrale… Penser que cela n’arrive qu’aux autres revient à ne pas tirer les conséquences d’un accident. François Hollande avait promis de baisser la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 à 50 % d’ici à 2025. Donc d’arrêter des réacteurs. Or le chef de l’Etat a renvoyé toute décision concrète au prochain quinquennat, et le gouvernement vient de décider d’injecter 3 milliards d’euros dans EDF pour consolider la filière nucléaire française.»
Nous relayons avec ces extraits l’article du MONDE du 26 avril 2016 (Les leçons négligées de Tchernobyl) et l’interview du président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française, Pierre-Franck Chevet (un accident nucléaire majeur ne peut être exclu nulle part). Puisse le souvenir changer l’avenir. Puisse la sortie du nucléaire être la plus proche possible. Puisse Nicolas Hulot remplacer François Hollande en 2017…
Bonjour @Invite2018
Effectivement… j’ai abusé de la double négation. Mais certains parlent bien de « croissance négative » …
@Michel: tout homme politique, y compris Nicolas Hulot, essaiera par tous les moyens d’éviter une dépression économique,et donc de réduire autant que possible la décroissance énergétique. Comme on n’a ni charbon ni gaz, et que le pétrole va décliner, il n’y a guère d’autres options que le nucléaire, qu’on le veuille ou non.
C’est à mon avis pour cette raison que les Chinois investissement 1000 milliards de dollars pour développer le nucléaire, en plus de leur programme pour massif sur les énergies renouvelables.
Bonjour @decroissance,
Vous écrivez « il faudrait faire baisser la consommation d’énergie de -4% par an » et « à une récession d’au moins -2% par an ».
J’imagine que vous vouliez en fait dire « »il faudrait faire baisser la consommation d’énergie de 4% par an » et « à une récession d’au moins 2% par an », et donc que le signe « – » avant chaque chiffre était en trop.
Permet moi de penser que, même si Nicolas Hulot remplace François Hollande en 2017, ça ne changera rien concernant le nucléaire en France. On a en effet pas, comme nos voisins allemands, d’énormes reserves de charbon et l’accès direct au gaz russe pour assurer les 3/4 de la production électrique.
Hulot est aussi très engagé sur le climat, et on peut penser qu’il préférera l’usage des énergies renouvelables pour en premier lieu se substituer aux énergies fossiles émettant du CO2.
Pour se passer à la fois de fossile et de nucléaire, il faudrait faire baisser la consommation d’énergie de -4% par an pendant 20 ans, ce qui conduirait à une récession d’au moins -2% par an, une division par 2 du PIB, et plein d »impacts sur le pouvoir d’achat, le financement des retraites, de la sécurité sociale, le remboursement de la dette (et donc paiement des fonctionnaires et des hôpitaux en fin de mois), l’investissement pour la transition énergétique, etc. (voir ce qui se passe en Grèce, le pays le plus écolo d’Europe en terme de décroissance énergétique).
Se faisant, combien de temps penses-tu qu’il resterais au pouvoir ? Et avec quelle majorité mettrait il en place un tel programme ?
Amitiés, Thierry
d’accord avec le diagnostic de « decroissance » : « il faudrait faire baisser la consommation d’énergie de 4 % par an pendant plusieurs années ».
Le problème, c’est que plus on attend, plus le pourcentage de baisse sera important au final. Cela s’appelle une dépression économique, qui nous tombe dessus sans qu’on y soit préparé. Rappelons-nous qu’après le grand krach de 1929, le nombre de chômeurs aux USA a été multiplié par dix en peu d’années !