tolérance répressive

Dans Rétrolecture, LeMonde du 5.08.2008 nous présente le livre d’Herbert Marcuse L’homme unidimensionnel dont la traduction française en 1968 en a fait une référence des étudiants en colère. Son concept de « Tolérance répressive », qui date aussi de 1964, garde aujourd’hui toute son actualité :

 

« Ce qui est proclamé  et pratiqué aujourd’hui sous le nom de tolérance sert au contraire la cause de l’oppression. Le fait qu’on tolère la crétinisation systématique aussi bien des enfants que des adultes par la publicité, la libération des pulsions destructrices au volant dans un style de conduite agressif, la tolérance impuissante et bienveillante vis-à-vis de l’immense déception que suscitent la marchandisation, le gaspillage et l’obsolescence planifiée, toutes ces choses ne sont pas des aberrations, elles sont l’essence d’un système qui n’encourage la tolérance que comme un moyen  de réprimer les alternatives.

 

Dans une démocratie organisée sur un mode totalitaire, l’objectivité entretient une attitude mentale tendant à oblitérer la différence entre ce qui est juste et ce qui est erroné. En fait le choix entre des opinions opposées a été fait avant que ne commence la discussion. Le choix s’impose de lui-même dans des choses telles que la composition d’un journal qui découpe l’information vitale et en disperse les morceaux parmi des matériaux qui lui sont étrangers, parmi des articles qui n’ont rien à voir avec elle, et relègue ainsi les informations importantes à une place des plus obscures. Les gens exposés à cette impartialité trompeuse ne sont pas des tabula rasae, ils sont endoctrinés par les conditions dans lesquelles ils vivent et qu’ils n’arrivent pas à transcender. »

 Même LeMonde entretient la pérennité de cet Homme unidimensionnel en jetant quelques courtes phrases d’Herbert Marcuse en pâture au lecteur en bas d’une page Débats dans laquelle tout se vaut, le politique et l’économique, le sémitisme et l’antisémitisme. Renaud Dutreil, ancien ministre, devient président de LVMH, le temple du luxe et continue ainsi le mélange de genre que cultive tant Sarkozy. Et d’ex-militants de la LCR s’opposent à la LCR quant à l’antisémitisme du caricaturiste Siné. LeMonde entretient ainsi en chacun de nous la tolérance répressive, l’oblitération de la différence entre ce qui est juste et erroné. Alors, où se trouve la vérité ? La vérité est dans la critique constante de notre société thermo-industrielles qui occulte sous de vains Débats la détérioration constante du milieu qui nous fait vivre, la Biosphère.

2 réflexions sur “tolérance répressive”

  1. NB : ne pas confondre construction en commun d’un monde meilleur par l’exercice salutaire de la démocratie en marche et « tolérance répressive » selon la conception d’Herbert Marcuse, c’est-à-dire asphyxie du débat.

    Que faire par exemple contre tous les théologiens de la croissance économique, les écouter ?

  2. la vérité est dans la critique , mais la critique suppose l’écoute de l’autre , c’est à dire la tolérance , c’est à dire le débat , c’est à dire la démocratie .

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