« Tout s’est bien passé », le film de la rentrée !

A 85 ans, le père est hospitalisé après un accident vasculaire cérébral. Quand il se réveille, diminué et dépendant, cet homme aimant passionnément la vie demande à sa fille de l’aider à mourir. Le film est l’adaptation du roman du même nom de l’écrivaine Emmanuèle Bernheim, narrant sa propre histoire avec son père. Au casting, André Dussollier dans le rôle du père, et Sophie Marceau et Géraldine Pailhas dans le rôle des filles. En salle le 22 septembre 2021.

Jacqueline Jencquel, déléguée nationale de l’ADMD : J’ai eu la chance d‘assister à l‘une des avant-premières du magnifique film de François Ozon. Je suis retournée 12 ans en arrière. Je me souviens de l‘appel angoissé d’Emmanuèle Bernheim. Pour Emmanuèle, la mort volontaire de son père était très difficile à comprendre et à accepter. Il demandait à Emmanuèle de l’aider à mourir, elle ne savait pas comment s’y prendre. Une amie lui conseille d’appeler l’ADMD. Comme je parle allemand, comme je faisais mes débuts à l‘ADMD et comme j’étais déjà confrontée à des histoires dramatiques de fin de vie, c‘est tout naturellement que j‘ai pris le relais. Je rassure Emmanuèle en lui donnant le contact d’une association suisse qui va lui procurer la mort douce qu’il souhaite. A l’époque, le sujet est encore tabou en France. Aujourd’hui, tout le monde sait qu’on peut aller mourir en Suisse si on le souhaite et si on en a les moyens. Comme on le voit dans le film, lorsqu’on a les réseaux et surtout l’argent, on peut avoir accès à une mort douce. Et les autres ? La grande majorité de nos concitoyens sont condamnés à souffrir avant de mourir. Pour des raisons incompréhensibles – alors que chaque anesthésiste-réanimateur sait endormir un patient en quelques minutes – on nous impose une sédation (dans le meilleur des cas) qui peut durer quelques heures voire quelques jours, selon la décision de l’équipe médicale. Le patient est infantilisé et n’a pas le droit de choisir. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : le choix .

On voit bien dans le film que ce choix est difficile. Même dans l’ état dans lequel se trouvait André Bernheim. Notre cerveau rationnel nous dit qu’il ne faut pas attendre trop longtemps, mais notre instinct de survie nous pousse à trouver des raisons de continuer. Je ne voulais pas dépasser 76 ans et pourtant j’en ai aujourd’hui 77,  bientôt 78. J’ai peur de me retrouver dans la même situation que le protagoniste du film. Mais ce qui me rassure, c’est que j’ai la porte de sortie. Je me suis préparée à cette éventualité, car je suis amie avec le médecin suisse qui m’ aidera. Quel privilège par rapport à la grande majorité de mes compatriotes qui, eux, n’ont pas ce choix ! Voilà pourquoi je continuerai de militer aux côtés de mes amis de l’ADMD pour que soit adoptée la loi Falorni qui nous donnera enfin à tous le même privilège : la porte de sortie – seulement si nous la désirons. Savoir qu’on l’a, cette porte de sortie, permet de vivre la vieillesse plus sereinement, en sachant qu’on ne sera pas obligé de jouer les prolongations.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

6 mars 2021, Suicide assisté, faut aller en Suisse !

29 janvier 2021, Pour ma propre mort, une sédation douce

6 juillet 2018, ADMD, pour le droit de mourir dans la dignité

26 novembre 2008, ADMD versus Axel Kahn

NB : L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) est une association loi 1901 déclarée en préfecture le 18 avril 1980.

 

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