Tout va s’écrouler ? Même pas peur !

L’idée de catastrophe imprègne même des journaux traditionalistes comme LE MONDE. Ainsi le titre de ce blog est textuellement utilisé par Roger-Pol Droit* qui commence par citer le livre de Jared Diamond en 2006, « Effondrement » pour enchaîner sur la collapsologie, « Comment tout peut s’effondrer » publié en 2015. Eloi Laurent** s’épanche dans un autre article, « la croissance ne résoudra pas la crise de la coopération que nous vivons actuellement, dont lune des conséquences est la destruction aveugle de notre biosphère ». Mais l’apothéose se retrouve dans un numéro entièrement consacré à la transition écologique***, en particulier « l’Apocalypse, ça fatigue ». Retenons de cet ensemble quelques éléments clés sur lesquels nous ne pouvons qu’être d’accord.

– Confondre la fin d’un monde, et les soubresauts qu’elle entraîne, avec la fin du monde est une fâcheuse erreur.

– D’une certaine manière nous nous délectons de la ruine de la société et de la destruction de tout ce que nous aimons.

– La façon anxiogène dont le catastrophisme est présenté conduit notre cerveau à éviter totalement le sujet.

– Nous nous inquiétons, nous oublions, nous redécouvrons les problèmes ; nous n’échappons pas à leurs effets.

– En réalité, on ne sait pas du tout comment cela va finir.

– Explorons la collapsosophie, cette sagesse au bord du gouffre qui consiste à cultiver en nous la compassion, l’altruisme, la présence au monde et la spiritualité.

– Lorsque les comportements auront changé, les dirigeants suivront.

* LE MONDE des livres, 19 octobre 2018

** LE MONDE idées du 20 octobre 2018, Pourquoi coopérer plutôt que collaborer ?

*** LE MONDE l’époque du 21-22 octobre 2018, Opération transition

13 réflexions sur “Tout va s’écrouler ? Même pas peur !”

  1. Nous aurons peur quand l’effondrement nous impactera très directement et très brutalement. L’indisponibilité définitive d’un médicament dont nous sommes dépendants, la perte de notre emploi, l’insécurité extrême pour nous, pour nos proches, pour notre maison.
    Tant que cela reste théorique et lointain le côté fascinant l’emporte sur la peur, après les choses changeront et les collapsologues eux-mêmes trembleront

  2. @Bga80
    A quoi bon comparer la rentabilité du pétrole à celle des esclaves ? Nous savons combien de kWh sont produits par 1 litre de pétrole. Pour avoir une idée du nombre d’esclaves dont nous aurions besoin (avec ou sans guillemets) je conseille cet excellent article de JM.Jancovici.
    https://jancovici.com/transition-energetique/l-energie-et-nous/combien-suis-je-un-esclavagiste/

     » Un Français a l’équivalent de 400 à 500 esclaves à sa disposition 24 heures sur 24 ! (sans compter les importations, qui en rajoutent pas loin de 100)  »

    Il n’y a donc pas photo, le pétrole c’est le top, pourrions-nous dire. Mais quand nous en aurons fini du pétrole, eh bien ça en sera fini pour des tas d’autres choses.
    Et quand c’est fini, eh bien c’est fini ! Sans pétrole, même pas la peine de rêver au nucléaire propre, ni au Cosmogol 999 !
    En devenant de plus en plus difficile (coûteux) à exploiter le pétrole va devenir de plus en plus cher. Les industriels seront peut-être les derniers à le brûler mais quand leurs produits n’auront plus de clients (qui sont les clients ?) je ne vois pas comment cela pourrait continuer à tourner bien longtemps. Faute de demande la production s’arrête. Finie l’ère de la sacro-sainte Bagnole ! Finis les wek-ends à Rome, finis les smartphones et autres gadgets. Très vite la force des bras devient bien plus rentable que le pétrole. Les patates sont sarclées à la binette, les bateaux avancent à la voile ou à la rame, les voitures sont tirées par des bœufs, etc.

  3. @ Michel C
    Désolé pour vous, mais le pétrole reste toujours plus rentable que des esclaves. De même un esclave a aussi des coûts ! Des coûts pour le loger et nourrir mais surtout ce qui coûte le plus cher, c’est la surveillance des esclaves, il faut payer des gardes, des gardes qui ne produisent pas et qui ne consacrent que leur temps à surveiller les esclaves, et ces gardes il faut leurs donner une rémunération ainsi que de l’équipement martial pour se maintenir en position de force. En l’occurrence les esclaves ont des coûts de fonctionnement pour qu’ils soient productifs, et dans le meilleur des cas des esclaves ne seront jamais aussi productifs que du pétrole.

  4. Séverine Fontan

    Oui, comme dit Michel C, l’argent ne vaudra plus rien. Mais je pense qu’il sera encore bien utile pendant, euh oui, combien de temps ?
    En fait, je pense au Venezuela, un pays ruiné, au stade 1 de d’effondrement selon Pablo Servigne le collapsologue
    L’argent leur est encore utile pour pouvoir se procurer médicaments et produits de base, d’hygiène, parfois au marché noir.

    Ce sera une économie de guerre, ne nous leurrons pas.

  5. Je suis désolé de vous décevoir à tous les deux 😉
    Bga80 oublie qu’un esclave ne coûte rien en salaire (pognon), qu’il suffit juste de le maintenir en état de travailler (comme un bœuf), et ceci en lui fournissant l’énergie nécessaire. A ma connaissance un bœuf (un esclave), ne se nourrissent pas avec du pétrole.

    Séverine Fontan dit que la question du pétrole est complexe. Oui elle l’est, ne serait-ce que pour mesurer les stocks. Mais à part ça il est facile de comprendre les limites du pétrole sur le plan énergétique, sur le plan de la physique. 7 milliards d’esclaves (ou de Shadoks) qui pompent 20 heures par jour, fournissant chacun un travail de X joules … et je vous laisse le soin de calculer le reste, le nombre de barils etc.
    Quant aux limites sur le plan économique, nous pouvons en effet imaginer un baril à 1000 dollars ou euros. Et à 1 million de dollars ou d’euros si ça vous chante. Seulement tout ça ne veut pas dire grand chose. Combien vaudront ces monnaies en 2030, en 2100 ? Là encore je ne suis pas Madame Irma. Toutefois je n’oublie pas ces scènes dans certains pays, ces gens allant au marché avec une brouette pleine de billets de banque. Et en échange de cet énorme tas de dollars* … nos millionnaires s’en repartent avec la brouette à moitié remplie de pommes de terre. (* zimbabwéens les dollars)
    Séverine dit qu’il faudra « retirer nos économies des banques » … Et pourquoi faire ? Quand l’argent ne vaudra plus rien, qu’il ne sera plus qu’un vulgaire tas de papier, que pourrions-nous en faire de nos économies, de notre sacro-saint Pognon ?
    On pourra toujours allumer le feu avec, je vous l’accorde. Pour le reste… et ce n’est pas que sois particulièrement délicat … mais je vous conseille de faire un stock de papier Lotus 😉

  6. Il n’y a pas si longtemps la France a voté une loi contre tout nouveau forage, et pourtant aujourd’hui on découvre que Total sera autorisé de chercher du pétrole en Guyane, voir ici : (comme quoi toute loi est réversible sans avoir à voter quand on songe à l’union européenne)

    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/guyane-total-autorise-a-chercher-du-petrole-dans-les-eaux-territoriales-795233.html

    Donc si, ils iront chercher jusqu’à la dernière goutte… Tu sais à 1000 euros le baril ce n’est peut être plus accessible pour l’automobiliste lamba, mais pour les industriels, à 1000 euros le baril c’est toujours plus rentable que des salariés quand on sait combien de personnes remplace le pétrole… à ce prix ce sera toujours exploité par des industriels même s’il n’y aura plus d’automobiliste à essence…

  7. Séverine Fontan

    @Bga80
    A propos du pétrole : Je ne suis pas une spécialiste, mais ce que j’ai compris après mal de lectures, c’est qu’il ne faut pas confondre réserves et flux. Les réserves sont estimées à 150/200 ans environ. Mais le flux rentable (ce que l’on extrait et qui produit encore un retour sur investissement intéressant), à une dizaine d’années. Ce qui change toute la donne.
    D’où cette échéance de 2030 que l’on lit souventous n’irons jamais chercher jusqu’à la dernière goutte car bien avant, ça aura cessé d’être rentable. Et la bulle du schiste ne serait pas loin d’éclater.
    Un baril à 1000 euros, impossible, car les consommateurs ne pourraient pas payer à la pompe.
    La question du pétrole est complexe. Je suis tout ceci de près car il faudra, non seulement quitter les grands villes comme vous dites, avant que le crash n’advienne, mais également retirer nos économies des banques.
    Retour des bas de laine, du bocal planqué dans le jardin etc, au choix
    Un debriefing précieux pour avoir une idée des échéances :
    http://petrole.blog.lemonde.fr/

  8. @Bga80
    Je trouve votre exemple avec les agents hospitaliers fort mal choisi. Récemment (18 oct) nous discutions ici au sujet des métiers inutiles. Selon moi il n’y a pas photo quant à l’utilité des agents hopitaliers, ce n’est quand même pas comme ceux qui bossent dans la pub. Comme exemple vous auriez pu prendre les JO en 2024 à Paris, parce que là oui, de suite on devrait dire NON ! Chiche ?

    Ceci dit vous avez raison, du moment que le gazole et l’essence coulent à flot à la pompe, le con-sommateur-con-ducteur semble se ficher pas mal du reste, son seul problème semble être le prix. En effet, le carburant (l’enérgie en général) qui augmente c’est autant de son sacro-saint Pouvoir d’Achat en moins (et nous savons bien que c’est plutôt l’inverse qu’il demande) . C’est autant de choses qu’il ne pourra pas con-sommer, faire, avoir, s’offrir (parce qu’il le veau bien) etc.
    Nous éviterons bien sûr de mettre tous les con-ommateurs dans le même panier, n’oublions pas que nous en sommes tous. Trop de gens aujourd’hui ont des difficultés à joindre les deux bouts et nous ne pouvons pas les accuser d’abus.

    Selon moi, une des explications à cette sorte de je-m’en-foutisme est déjà le scientisme. Bon nombre de gens croient toujours (et ce à tous les niveaux) que la science et la technique finiront bien par régler ce problème énergétique (après le pétrole, le Cosmogol 999, en attendant la téléportation). Parmi eux certains croient, avec toute la force de leur foi, que la techno-science règlera bien d’autres problèmes, celui du réchauffement, etc.
    Et puis nous avons le problème de notre démesure (hubris), qui n’est qu’une des « manifestations morales » qu’évoque biosphère. Depuis trop longtemps déjà nous ne sommes jamais satisfaits, nous en voulons toujours plus, toujours mieux, nous voulons une chose et son contraire, etc. Bref nous sommes cuits !

    Enfin je vous rassure, il restera du pétrole sous nos pieds. Moi-même quand je dis que nous pomperons jusqu’à la dernière goutte, je ne fais qu’utiliser une image. En terme d’énergie, quand il faudra l’équivalent d’un baril de pétrole pour n’en pomper qu’un seul, il y a longtemps que nous serons passés à autre chose. Au vélo, à la traction hippomobile ou que sais-je. Dites seulement ça autour de vous … et observez les réactions.

  9. Je suis convaincu que nous sommes déjà entrés dans une dynamique d’effondrement dont les manifestations morales et politiques sont désormais tangibles. La fête industrielle sera bientôt terminée. Nombre d’enjeux vitaux occuperont désormais le devant de la scène.
    (Dominique Bourg dans sa préface au livre d’octobre 2018, « Une autre fin du monde est possible » de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle)

  10. J’ai oublié de donner un lien pour confirmer ce que je dis, regardez actuellement le groupe Total retourne en Algérie

    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/en-algerie-total-s-allie-a-sonatrach-pour-developper-un-enorme-champ-gazier-793171.html

    Donc aucune prise de conscience collective (en terme de ressenti) tant que la Terre n’aura pas céder sa dernière goute qu’ils iront chercher à 20000 km de profondeur s’il le faut…

  11. Je pense également que l’effondrement a déjà commencé et que rien désormais ne peut empêcher la Catastrophe, avec un grand C.

    Alors évidemment, ici ou là on peut toujours dire, au premier comme au second degré, « jusque là tout va bien ». Ensuite vient la grande question : « Combien de temps ?  »

    N’étant pas Madame Irma je ne me risquerais pas à prédire quoi que ce soit, comme certains qui en on fait leur fonds de commerce. Comme Yves Cochet qui en 2008 nous prédisait l’annulation des JO de Londres en 2012. Et ceux de Paris en 2024, auront-ils lieu ou pas ? Moi je dirais  » P’t’et ben qu’oui , p’t’et ben qu’non ! »
    Et Macron qu’est-ce qu’il en dit de ça ? Tout ça n’est pas très sérieux, finalement.

    Mieux vaut se taire, ou alors répondre à la fameuse question par le célèbre « un certain temps ! » Personnellement je rajoute de suite que je ne suis pas pressé.
    Plus sérieusement, je dis que nous devrions profiter du calme avant la tempête pour essayer de limiter les dégâts, autrement dit pour essayer de sauver ce qui vaut vraiment d’être sauvé. Je ne parle évidemment pas de notre petit confort, de notre sacro-saint « mode de vie à l’Occidentale » … et si on ne me comprend pas c’est que nous n’avons pas les mêmes valeurs.
    Je dis aussi que nous avons tout intérêt à faire durer ce calme (calme relatif), que nous n’avons aucun intérêt à en rajouter à la pagaille, notamment celle des esprits. Avec la peur notamment, qui provoque le repli sur soi et tout ce qui va avec, le déni de réalité etc.

  12. «  » Tout va s’écrouler ? Même pas peur ! » »

    Ce n’est pas une question de peur, c’est avant tout une question d’habitude. Même ceux qui savent que la fin du pétrole se produira, ne modifient pas leur mode de vie, car ils ne savent pas vivre au quotidien sans pétrole. C’est une question où il faut tout réapprendre, réapprendre un mode de vie que seuls nos anciens aïeux ont connu. Il faut aussi raisonner en terme de ressenti et non pas de connaissance ou savoir, car même si on sait que la fin du pétrole se produira, que l’on connaît plus ou moins la date où se produira la fin du pétrole, personne ne l’admet tant que cette fin du pétrole n’est pas ressenti. Ça peut même être très brutal et très fort probablement ça sera brutal. Par exemple, si on dit aux hôpitaux qu’ils vont devoir consentir à des baisses de salaires, d’une réduction de personnel, d’une réduction de médicament ou imposer au personnel de se rendre au travail à vélo ou transport en commun, bref plein de mesures pour économiser du pétrole et ben immédiatement vous aurez des grèves et des manifestations et voteront pour d’autres candidats aux élections de ceux qui auront voté ces mesures à l’assemblée nationale. Autrement dit, les agents hospitaliers n’admettront la fin du pétrole seulement le jour où il sera devenu de les approvisionner. Donc, la pétrole, tous les gouvernements iront le chercher jusqu’à la dernière goutte sous terre et les mers, même à 1000 dollars le baril miniature de 20 litres ils iront le chercher, tout jusquà la dernière goutte, la planète Terre sera pressé comme un citron ou même une éponge jusq’à temps qu’elle cède sa dernière goutte de pétrole… Mais pour le moment, les hôpitaux sont approvisionnés alors les agents hospitaliers s’en foutent complètement des articles sur la fin du pétrole, ils commenceront à s’intéresser au sujet seulement quand il ne sera pas possible de les approvisionner, en attendant tout le personnel se rend au boulot comme si rien n’était, comme si la fin du pétrole n’aura pas lieu, ils s’en foutent. Bon là je prend en exemple des agents hospitaliers mais en vérité ça concerne tous les métiers et professions, tous ceux qui vont au boulot au quotidien s’en foutent comme de la guigne, pour le moment ils continuent à tirer profit de la situation, alors faire des économies de pétrole pour les générations futures, y compris leurs propres enfants, ils s’en foutent…. l’essentiel étant de bien profiter même si c’est au détriment d’autres personnes, y compris leurs enfants… Pour eux la fin du pétrole n’est qu’une opinion médiatique, pas une réalité, pas encore une réalité, alors l’anticiper ils s’en foutent, alors ça se fera au dernier moment, à la dernière seconde dans la brutalité… D’où le fait que j’évite d’habiter dans des villes de plus de 150.000 habitants, et notamment j’évite les quartiers à forte concentration démographique…

  13. Séverine Fontan

    Dans certains pays l’effondrement a déjà commencé (graves pénuries d’eau, rendements en baisse …).
    Le Journal de Wall Street titrait il y a quelques mois « L’Agence Internationale de l’Energie s’inquiète de possibles pénuries de pétrole pour la décennie 2020 ». Début de l’effondrement de l’économie d’ici 2030 ?
    Le Club de Rome, Yves Cochet, Pablo Servigne ont-ils raison ?

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