Toute mégastructure implique l’effondrement

D’un côté des militants s’introduisent dans l’aéroport du Bourget pour y planter des arbres et dénoncer « les criminels climatiques », de l’autre le ministre délégué aux transports, Clément Beaune veut mettre fin à certains projets autoroutiers. Convergence des luttes ? En fait l’action directe tout autant que la volonté gouvernementale ne sont qu’incantations. Politiques, chefs d’entreprise ou ménages, nous sommes tous prisonnier d’une mégastructure qu’on ne peut modifier qu’à la marge.

Le pouvoir véritable n’est ni dans les assemblées politiques, ni parmi les dirigeants des entreprises, encore moins dans la rue, le pouvoir est celui de l’état de nos infrastructures matérielles et superstructures organisationnelles à un moment donné. Prenons un exemple, mais on pourrait faire le même genre de raisonnement sur le transport aérien ou la prépondérance du numérique dans l’organisation sociale. La voiture comme consommation de masse n’est que centenaire, à partir de la Ford T en 1908. A l’époque, il n’y avait en France que 1672 voitures, aujourd’hui il y en a 36 millions et beaucoup plus d’un milliard sur la planète. L’invention de l’automobile a incité à multiplier les voies, ce qui a favorisé l’achat d’automobiles, d’où la construction d’autoroutes, la mondialisation du complexe pétrolier, la création d’entreprises vouées à l’automobile, l’encadrement par l’État, etc. Au début du XXe siècle, on n’avait pas besoin de voitures, il n’y en avait pas ; aujourd’hui on en a absolument besoin car la possession généralisée de voitures a entraîné l’éloignement du domicile et du lieu de travail, et l’obligation de fréquenter les parkings des centres commerciaux.

Mettre à bas cette structure socio-économique ne peut pas être pensé aujourd’hui, il n’y a pas d’acceptation possible d’un dévoiturage, le gouvernement ne peut que proposer de remplacer les véhicules thermiques par des électriques.

Les grandes marches pour le climat ne disent rien de comment faire diminuer réellement nos émissions de gaz à effet de serre et les déclarations politiques ne sont que des effets de manche. Les seules prémices d’une remise en question des infrastructures sont issues du mouvement de contestation des grands travaux inutiles et imposés : le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, les lignes à grande vitesse, le Stade des Lumières, la tour Triangle, les incinérateurs géants, les centrales nucléaires de quatrième génération, les projets de méga-centre commerciaux ou l’A69… Mais tous ces mouvements ne sont que des appels à freiner la sur-structuration de nos sociétés, pas à déstructurer le système thermo-industriel. Alors, que faire? Attendre une mégacrise qui semble inéluctable.

Dans son livre de 1988 sur l’effondrement des sociétés complexes, Joseph A. Tainter avait montré que confrontées à de nouveaux problèmes, les grandes civilisations accroissaient la complexité de leur fonctionnement en investissant plus encore dans les mêmes moyens qui provoquent leur perte. Le gain marginal d’une complexité croissante décline en effet jusqu’à devenir négatif. Alors tout accroissement de la complexité (et de ses coûts) entraîne la diminution des bénéfices sociaux. L’effondrement économique et social est alors probable, celui de l’empire romain par exemple.

Aujourd’hui nous avons créé des systèmes gigantesques et monstrueux qui sont devenus indispensable au maintien des conditions de vie de milliards de personnes. Nous sommes passés en un siècle d’une société de circuits courts à des relations mondialisées où il n’y a plus d’autonomie possible. Le volume du commerce mondial a augmenté de 4 500 % entre 1950 et 2022, chaque humain est devenu complètement dépendant de flux transnationaux. L’omniprésence des complexes sociotechniques a rendu les personnes extrêmement hétéronomes, c’est-à-dire dépourvues des capacités de retrouver quelques îlots d’autonomie. Dans nos sociétés, très peu de gens savent aujourd’hui survivre sans supermarché, sans carte de crédit et sans station-service. Lorsqu’une société devient hors-sol, c’est-à-dire lorsqu’une majorité de ses habitants n’a plus de contact direct avec le système-Terre, la population devient entièrement dépendante de la structure artificielle qui la maintient dans cet état. Si cette structure s’écroule, c’est la survie d’une grande partie de la population qui pourrait ne plus être assurée.

L’effondrement d’une civilisation suréquipée peut être très rapide. Plus le niveau d’interdépendance des infrastructures est élevé, plus de petites perturbations peuvent avoir des conséquences importantes sur l’ensemble. La variation du PIB repose sur des enchaînements qui agissent à la hausse comme à la baisse. Par exemple le multiplicateur de revenu explique en partie la phase d’expansion du cycle, mais aussi la crise. Au niveau financier, le mécanisme est similaire. Lorsque l’économie ralentit, la probabilité d’un remboursement des prêts accordés diminue, entraînant des défauts de paiement et des pertes d’emplois, donc moins de prêts accordés et moins d’argent en circulation. Ce processus s’auto-alimente, et une fois lancé il est très difficile de l’arrêter. Ainsi de la crise des subprimes de 2008. L’économie est aussi très dépendante de la disponibilité des ressources naturelles, en particulier de l’énergie fossile. Rappelons l’analyse de Jean-Marc Jancovici : « Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. »

En résumé, une mégastructure se trouve toujours à un moment ou un autre confrontée à des mégachocs. Rappelons la grande crise mondialisée de 1929 suite à un krach boursier, rappelons les premiers chocs pétroliers des années 1970, constatons la fragilité actuelle des approvisionnements de l’Union européenne en énergie ainsi que la volonté croissante des décideurs de faire une pause dans la « transition écologique »…

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

à mégamachine, mégacrise (2011)

extraits : LeMonde économie (22 mars 2011) s’interroge : « Et si les effets des mégachocs devenaient insurmontables ? ». Le journal évoque la mégacrise comme résultante du  blocage simultané des différents systèmes socio-économiques « en raison de la désintégration des réseaux d’interdépendance qui les relient ». Mais le dossier est centré sur « qui va payer la facture », pas sur les déterminants fondamentaux et les solutions réelles.  Ulrich Beck résume le problème : « L’extension des risques est consubstantielle à la mondialisation de l’économie industrielle ». Mais c’est l’archéologue Joseph A.Tainter qui nous donne la bonne interprétation, la complexité croissante. ..

La difficulté de démanteler la mégamachine ! (2012)

extraits : Quelle différence, en termes de contenu technologique et de complexité technique, entre une centrale nucléaire et une éolienne industrielle de 5 ou 7 MW ? Ou plutôt un macrosystème de milliers d’éoliennes et de fermes photovoltaïques, reliées par des smart grids permettant à tout instant d’équilibrer offre intermittente et demande variable. Aucune ! On y trouve également des métaux farfelus, une production mondialisée exigeant des moyens industriels à la seule portée d’une poignée d’entreprises transnationales, une installation et une maintenance requérant des moyens exceptionnels (barges, grues, remorques spéciales…), ne pouvant s’appuyer que sur une expertise fortement centralisée, de l’électronique à tous les étages, etc. A mille lieues d’une production autonomie, résiliente, ancrée dans les territoires et maîtrisable par des populations locales…

l’effondrement programmé de la méga-machine (2013)

extraits : Dans nos sociétés complexes, toute notre vie quotidienne repose sur un système mondial de réseaux techniques interconnectés. Derrière une automobile, un grille-pain, un portable, il y a des centrales nucléaires, des lignes à haute tension, des oléoducs et gazoducs, des guerres menées pour assure l’approvisionnement en énergie… A partir du moment où cette méga-machine n’est plus alimentée par une énergie abondant et bon marché, doit-on s’attendre à un effondrement de civilisation ? Voici quelques réponses

Les mégalomaniaques sont au pouvoir

extraits : La tour de Babel s’est effondrée, les monuments en Égypte étaient recouverts par le sable, des pyramides étaient enfouis dans la jungle au Mexique ou au Cambodge et aujourd’hui nos tours se veulent plus haute que le ciel, Elon Musk veut terraformer la planète Mars et tous les dictateurs se construisent des palais grandioses. Plus les difficulté socio-économiques et/ou écologiques sont délétères, plus les dirigeants font dans la démesure … c’est la perte du sens des limites qui signera notre perte...

La mégalomanie de Jeff Bezos, un affront

extraits : Notre époque a besoin de sobriété dans un contexte de raréfaction des ressources, et pourtant on cultive la démesure, la mégalomanie, ce comportement pathologique caractérisé par le désir excessif de gloire et la folie des grandeurs. Ainsi cet article sur Jeff Bezos

Encore une méga-chose qui s’éclate !

extraits : Le « Starship », la mégafusée de SpaceX, explose en vol trois minutes après son premier décollage. Elon Musk lui-même avait reconnu, à l’occasion d’une conférence, qu’il n’y avait qu’une chance sur deux pour que le Starship atteigne l’espace. L’idée de SpaceX consiste à enchaîner les essais jusqu’à ce que cela fonctionne…

20 réflexions sur “Toute mégastructure implique l’effondrement”

  1. soudans bernard

    voila des années que je lis biosphère sans répondre,le sexe des anges ne me concerne pas mais tant d’efforts interpellent…je me demande quelle vie écologique vous menez et quels sont vos objectifs?
    Politique? aucun espoir…les politiques consacrent 50% de leurs temps à leurs réelections, 30% à leurs intérets privés les 20% restants à leur respectabilité….misère,misère dirait MC
    Social? les Français sont accaparés par leur pouvoir d’achat…misere, misère…
    Economique? produire,vendre,créer…quelle honte ! ( à lire au 2° degré)
    Reste à ne pas démissionner(merci MC),à ne pas subir,à contourner….
    Bref,au vu de ce que je sais,je fais ma part,aidé par la lecture du « meilleur des monde »….
    Faire ma part, c’est quoi? voir la suite…

    1. soudans bernard

      Bernard Soudans dis ce qu’il fait:
      J’habite une maison que j’ai transformé en bioclimatique et qui se visite….
      J’ai créé un centre des solutions écologiques qui se visite
      (sur internet: » solutionsécologiques la coulée douce »(facebook)
      Je produis les fruits que je mange,une partie des légumes…
      Je n’achète que de l’occasion,je roule au GPL et avec covoiturage
      très très peu de déchets, de pollutions, d’énergie, d’eau,de TVA,,d’impots….
      Je n’obéis à aucune « injonction »(faire barrage…vivre ensemble)
      ,je punis par mon vote,je ne vends rien,je donne .je n’agresse personne…
      Bref Sobriété heureuse,, epicurien libertaire ,et je suis loin d’etre parfait !!

  2. Je ne connais rien en économie mais quand je lis ceci : « Lorsque l’économie ralentit, la probabilité d’un remboursement des prêts accordés diminue, entraînant des défauts de paiement et des pertes d’emplois, donc moins de prêts accordés et moins d’argent en circulation » il me semble qu’un paramètre n’est pas pris en compte , les liquidités accumulées par les chinois qui ont du mal à investir. Donc, il me semble que la crise actuelle est plus une crise de conflit économique qu’une crise structurelle.

  3. Tout changement de société passe par une phase de crise Avant de reconstruire un nouveau système de croissance, je connais les sumériens reconstruits en babyloniens suite à des guerres.
    Je pense que celle de l’énergie d’ici 50 ans pour le pétrole sera inéluctable. Attendre une alternative ou agir sans avoir la technologie est une chimère. On peut s’épuiser économiquement dans des projets non viables. Les guerres mal préparées sont pleins d’exemples de ces échecs économiques.
    En gros, nous ne devons pas nous affoler tant qu’une solution n’apparaîtra pas. La voie de la science est bien sûr la solution d’espoir mais il faut investir tout azimut pour avoir une bonne nouvelle. La fusion dans un plasma chaud est une voie mais elle semble difficile à réaliser. Les essais et la connaissance des difficultés aboutira peut-être sur une nouvelle voie de fusion inattendue mais il faut que des scientifiques puissent travailler et accumuler du savoir.

  4. Est-ce qu’il existe un programme économique qui remplace le capitalisme, qui permette de faire vivre tous les humains de façon écologique en fonction des possibilités de la planète, qui limite les ambitions mégalomaniaques de certains, et permette une vraie démocratie
    Si vous avez des liens internet à me fournir, n’hésitez pas, merci.

    1. soudans bernard

      oui, ce programme écolo existe,c’est l’autonomie du citoyen qui cultive ses fruits et légume sans
      permis,mots de passe,déclaration…..et qui diffuse ce qu’il sait aux autres et qui apprends des autres ce qu’il ne sait pas la meilleure façon de combattre la » »mégastructure » » c’est de s’en éloigner et de faire grossir le nombre de ceux qui le veulent,bien sur pas de crédit bancaire et d’addictions (tabac, sexe,jeux d’argent…c’est plus facile qu’on ne le croit et tellement jouissif!!!

  5. Sauf qu’effondrement dans la version de Tainter ne veut pas systématiquement dire disparition mais simplification pour ceux qui y arrivent !

    Une organisation humaine qui n’est pas viable en terme biologique, devrait plutôt réfléchir, aux meilleurs moyens à ça disposition, pour pouvoir survivre à se choque de systématique qui est inévitable.

    Quel seront les stratégies pour survivre au choc et ensuite reconstruire une structuration politique qui prendront en considération, non pas les économistes, mais certainement les sciences durs, comme les biologistes.
    Nous allons à travers cet crise devoir, nous réinventer, ou disparaître au profit d’autre organisations plus résilientes.

    Il ne faut pas craindre l’effondrement mais au contraire l’intégré comme une variable souhaitable pour penser l’après et préparer les nouvelles organisations de la survie sur les territoires ;

  6. Malgré l’effondrement probable, pourquoi nous ne faisons rien ?
    D’abord le message médiatique est brouillé. Chez les marchands de journaux, la longue liste des revues vantant les charmes de l’automobilisme est incomparablement plus longue que celle des articles analysant la crise écologique….
    Le sens des limites et l’autolimitation ne sont pas des modèles admis de comportement. Or nous agissons en interaction spéculaire, comme un miroir de ce qui nous entoure : je fais parce que tu fais ainsi parce que tout le monde agit de la sorte…. Et la voiture devient « absolument nécessaire » !
    Il y a aussi la pression du confort, la force des habitudes. Il paraît impensable de se passer de la voiture, de la télé et du portable. Dans le cas du changement climatique, nous sommes à la fois spectateurs et acteurs, et ce conflit interne ne peut que renforcer notre désir de déni. (à suivre)

    1. (suite) Nous ne nous sentons pas en capacité d’agir directement sur des phénomènes planétaires. Les « problèmes hors contexte » sont si éloignés de l’expérience ordinaire des gens qu’ils les transforment en simples spectateurs, passifs….
      Quand nous sommes confrontés à des tendances contradictoires, nous souffrons de dissonance cognitive, la situation de notre psyché lorsque se mettent à l’habiter en nous deux croyances contradictoires. Nous ne trouvons alors notre équilibre psychologique qu’en suivant la pente de la facilité….
      C’est pourquoi la génération climat, c’est pas pour nous. (à suivre)

      1. (suite et fin) L’imaginaire culturel est tel que la plupart des Occidentaux pensent vraiment que le pétrole est surabondant, voire inépuisable. Leur réflexion s’arrête souvent là….
        Cerise sur le gâteau, les partisans de la fuite en avant comptent sur des découvertes nouvelles de la technoscience pour réparer les dégâts des technologies précédentes. L’illusion technologique est inacceptable pour la bonne raison qu’on l’on ne joue pas au poker avec l’avenir de l’humanité….
        C’est pourquoi seul l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle obligera les classes moyenne mondiales à la sobriété partagée sur une planète en lambeau… si nous ne réglons pas nos problèmes d’ici là à coups de kalachnikovs et de bombardements !

  7. Si je comprends bien Michel Sourrouille, puisque la pédagogie de la catastrophe ne fonctionne pas face à la mégamachine, il faut donc attendre que la catastrophe serve de pédagogie. Mais que la mégastructure nous enferme dans ses filets ne veut pas dire, je pense, qu’il ne faut pas réagir contre elle et essayer de stopper tous les travaux inutiles et imposés. Bien sûr ce n’est que piqure de moustique sur un éléphant, mais c’est mieux que rien, c’est un témoignage de ce qu’il faut combattre…

    1. Entièrement d’accord. Si la plupart des gens ne régissent pas face à cette Mégamachine (de guerre et de destruction massive), c’est aussi parce qu’ils ne voient pas bien les rouages, ne voient pas comment elle fonctionne. Et quand ils entrevoient la méga complexité du Système, les gens baissent les bras. D’autant plus qu’ON leur TINA etc. Cette histoire ressemble donc, a priori, à un casse-tête, à un problème sans solution.
      Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en ait aucune. Seulement, pour la trouver nous devons absolument sortir du Cadre (de pensée), décoloniser nos imaginaires. Les décroissants, les zadistes, les « écureuils », les Amish et j’en passe nous montrent la voie.

  8. @ michel Sourrouille

    Votre texte est très bien ! Néanmoins un petit bémol, il manque dans votre conclusion avec Bezos et Starship d’Elon Munsk, un paragraphe sur l’Utopie du projet Iter. Rappelons que le service de communication d’Iter publie des articles tous les mois pour annoncer que la recherche avance à grand pas, qu’une grande découverte aurait permis de faire un bond spectaculaire dans la recherche de fusion du nucléaire, etc. Ainsi que d’annoncer que le précédent record a été battue car on serait passé de 8 à 9 secondes à maintenir une fusion alors que dans les faits, ils n’ont juste que baisser la température de la réaction (genre passer de 100 millions de degrés à 80 millions de degrés Celsius) pour gagner une seule seconde, bref tout ça est absolument ridicule ! Autrement dit dénoncer cette communication grotesque tout ça pour entretenir l’Utopie de la croissance infinie !

    1. Quand je pense à tout ce temps et toute cette énergie pour construire et faire tourner cette fabuleuse méga-machine, qui nous a permis de battre ce méga-record, de faire ce bond si spectaculaire… Mais bon, c’est si bon d’y croire.
      Sauf que la mégamachine (méga structure, méga système)) dont il est question ici ne se résume pas aux folies des mégalomaniaques et autres scientistes. Starship, SpaceX, Iter et ce genre de démesure, Musk-Bezos & Co et leurs méga-yachts de luxe, tout ça ne représente que la partie émergée de l’iceberg, et encore.
      Cette «mégamachine» (concept que l’on doit à l’historien Lewis Mumford) dépasse le cadre de la Technoscience. On parle là de cette forme d’organisation sociale semblant fonctionner comme une machine, alors qu’il s’agit d’un système fait d’êtres humains déguisés en rouages (sic). Et qui tire sa puissance du seul fait qu’autant de gens se complaisent à la servir et l’alimenter toujours plus.

  9. Cet article est bien défaitiste. Biosphère nous pousserait-il la Démission ?
    C’est peut-être pour ça que Reporterre l’a refusé… (je dis bien peut-être !)
    Quoi qu’il en soit attention… là encore il y a Démission ET Démission (voir plus loin).

    Si personne ne détient le moindre pouvoir… si ce pouvoir n’est plus que dans cette mégastructure qui échappe à tout contrôle… alors il n’y a plus qu’à dire amen.
    Et puis s‘asseoir et attendre… S’occuper chacun à sa façon, autrement dit démissionner.
    Je ne crois pas que ce soit là un Dé salutaire.
    Cette mégastructure c’est le Système. Jusqu’à preuve du contraire il ne s‘agit pas, du moins pas encore, d’un de ces méga-ordinateurs décrits dans certaines dystopies.
    Ceux qui «gouvernent» aiment dire que le pouvoir n’est pas dans la rue. Sauf que ça c’est juste pour jouer les gros bras. Parce qu’ils sont bien obligés de faire, aussi, avec la rue.
    ( à suivre )

    1. D’autant plus qu’ils savent, comme tout le monde, que le pouvoir n’est pas dans les urnes, que cette démocratie n’est qu’une parodie etc. Et que leur job ne consiste finalement qu’à assurer un minimum d’ordre social (paix sociale).
      Parce que finalement, que ce soit pour maintenir ou détruire l’Ordre Établi, personne n’a à gagner avec le Chaos (exemple Israël).
      De leur côté ceux qui sont dans la rue (dans les arbres ou dans les ZAD) savent que ceux qui «gouvernent» ne gouvernent finalement pas grand chose. Comme ils savent, du moins les plus lucides, que leurs actions sont avant tout symboliques. Et que même si elles aboutissent à l’abandon d’un projet d’aéroport ou d’autoroute, là encore les conséquences sur le Système se résumeront à pas grand chose.
      Sauf que pas grand chose ce n’est pas rien. ( à suivre)

      1. C’est justement là dessus que nous pouvons agir, sur ce pas grand chose qui finalement peut enrayer toute la Machine (le Système, la Mégastructure).
        N’oublions pas le battement d’aile du papillon. Ce n’est pas grand chose ça non plus, comparé aux gesticulations de certains… et pourtant…

        Pour revenir aux différentes formes de démissions. Le «TINA» de Thatcher il y a 40 ans, «La fin de l’Histoire» de Fukuyama en 1992, sonnaient comme des démissions, de la pensée. Sauf que ces deux là ne démissionnaient pas, ils ne renonçaient à rien. Surtout pas à leur idéologie. Au contraire leur propagande ne visait qu’à nous faire baisser les bras pour la renforcer.
        Pareil de ce petit président qui en 2010 cherchait à s’attirer la sympathie de gens dans le genre de ceux qui crachent aujourd’hui sur les «écoterroristes» :
        – « L’environnement ça commence à bien faire ».
        Du populisme de bas étage au service du Système.
        ( à suivre )

        1. Par contre, et quoi qu’on pense du personnage, la démission de Nicolas Hulot en 2018 est d’un tout autre genre. Je me dis que cette démission aura quand même permis à certains d’y voir plus clair. Si aujourd’hui l’écologi(sme) se radicalise (comme ils disent) ce n’est peut-être pas pour rien. Et Nicolas (Greta etc.) n’y sont certainement pas pour rien. Sarko & Co non plus d’ailleurs.
          Hier (À 16:48), au sujet de l’abandon de la révision du règlement Reach, je disais que je préférais voir cet abandon comme une bonne nouvelle.
          Je me dis qu’il faut peut-être en passer par là pour faire avancer les choses.

  10. michel Sourrouille

    J’avais proposé cette analyse au site Reporterre qui l’a refusée avec cette indication : « Votre texte n’est pas une tribune, une problématique qu’on argumente.Vous expliquez quelque chose, plutôt que vous ne questionnez. » Comprenne qui pourra…
    Je suis donc heureux d’être publié par ce blog biosphere. Si vous avez des textes percutants et censurés à mauvais escient, vous pouvez toujours les envoyer au webmaster de ce blog :
    biosphere@ouvaton.org

    NB : Qu’est-ce qu’une tribune dans la presse ? Une page de journal offert par un média à quelqu’un pour qu’il exprime publiquement ses idées, une doctrine, etc.

    1. Bien que mon quota de 4 commentaires soit épuisé, je vous livre quand même cette réflexion, qui n’est pas de moi mais de quelqu’un réfléchit certainement beaucoup mieux, l’allemand Fabian Scheidler. Vous pouvez l’écouter sur France Culture, l’entretien dure environ 20 min, il date du 8 octobre 2020 :
      – Stop à la mégamachine : guide pratique pour éviter l’effondrement

      Petite réflexion personnelle : Le titre de cette émission (La Grande table idées, animée par Olivia Gesbert) laisse entendre qu’il serait encore possible d’éviter… l’effondrement.
      Le livre de Fabian Scheidler (Seuil 2020) s’intitule “La Fin de la mégamachine – Sur les traces d’une civilisation en voie d’effondrement“. Là encore, qu’elle soit en voie d’effondrement ne veut pas dire qu’elle va obligatoirement s’effondrer. D’où l’intérêt de ne pas démissionner.

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