Trois débats fondamentaux parmi les décroissants écolos

Sur ce blog, nous estimons la fonction du mensuel « La décroissance » absolument nécessaire dans un monde pourri par le croissancisme. Cependant un bilan globalement positif ne doit pas empêcher la critique. Nous avons trois divergences, sur le hulotisme, sur le malthusianisme et sur le bio-centrisme. Prenons leur dernier numéro de mars 2018, justement titré « un monde de fakes », mais faussant notre jugement.

– La revue de Vincent Cheynet expédie en quelques mots Nicolas Hulot en enfer p.16 : « Hulot n’a jamais été un militant écologiste, il était vendeur de shampoing et de deltaplaniste-pilote d’hélicoptère-animateur de télévision » . En page 4, un article précise que « depuis notre création, nous n’avons cessé de nous en prendre à la figure de NH. Vouloir repeindre le capitalisme en vert parasite l’espace de l’écologie et permet au gouvernement Macron de se donner une image verte à peu de frais. » Le reste de l’article radote sur son scandaleux « Pacte contre Hulot » (de 2007), une phrase d’un article de « Psychologies » (de 2007) et les « affaires de mœurs » qui ressurgissent vingt ans plus tard ! Rien de frais dans cette analyse, que du réchauffé. Vincent Cheynet veut définitivement ignorer que Nicolas Hulot est un militant écologiste acharné, ayant écrit une dizaine de livre d’écologie, orientant l’action de plusieurs présidents de la république, lui-même ayant été candidat écolo à l’élection présidentielle et essayant aujourd’hui de faire ce qu’il peut au milieu d’un gouvernement croissanciste. Ce n’est plus de l’aveuglement, c’est de la méchanceté, de l’acharnement contre un homme qui représente l’écologie en acte aux yeux de beaucoup. Le capitalisme rigole quand il voit ses adversaires s’entre-tuer. Comme l’écrit Vincent Cheynet sous un de ses pseudos page 6, « Savoir se remettre en cause est la base d’une pensée vivante. La condition est l’humilité, qualité nécessaire pour accepter de reconnaître s’être fourvoyé ». Il faut appliquer à soi-même ce qu’on pense en théorie.

– Dans la page 5 consacrée à Paul Watson, une autre grande figure de l’écologie en acte, cette fois sur les océans avec Sea Shepheard, on voit là aussi la volonté de nuire. On étale en image la vie privée de ce défenseur des baleines qui « aime bien la chair fraîche » en épousant une femme d’une « trentaine d’année de moins que son mari ». En fait Vincent Cheynet poursuit dans cet article une autre de ses hantises : « L’amour des bêtes qui devient haine de l’humanité ». Ce n’est pas parce que l’espèce humaine est dans beaucoup de ses exemplaires affreuse, bête et méchante que l’on doit en tirer la conclusion qu’on n’aime pas l’humanité telle qu’elle devrait être. Nous avons savouré ce dialogue de Watson avec un baleinier. « Watson, comment pouvez-vous dire que les baleines sont plus intelligentes que les gens ?! » J’ai répondu : « Eh bien, il se trouve que je mesure l’intelligence d’une espèce en fonction de sa capacité à vivre en harmonie avec le monde naturel et selon ce critère, les baleines sont bien plus intelligentes que nous. » Il a rétorqué : « Mais suivant ce critère, les cafards sont plus intelligents que nous ! » Je lui ai alors dit : « Georges, tu commences à comprendre ce que j’essaye de te dire. » Vincent Cheynet, dans un journal qui se dit 1er journal d’écologie politique, devrait lui aussi comprendre que nous sommes écologiquement parlant devenu la plus stupide de toutes les espèces. Il devrait aussi savoir que le biocentrisme pourrait être un contre-poids à notre anthropocentrisme exacerbé.

Cheynet attaque aussi le malthusianisme de Watson, dès qu’on parle de démographie Vincent sort son revolver. Watson, vu la difficulté d’agir sur les inégalités de richesse, pense que « la seule solution est de diminuer la population ». Contre ce point de vue, Cheynet utilise encore une fois l’exagération, traiter ceux qui réfléchissent à la question démographique de misanthropie, si ce n’est d’anti-humanisme : «  Le captain Watson et ses coreligionnaires en viennent à haïr le genre humain. Certains finissent même par se délecter à la perspective de voir la planète se débarrasser du cancer humain. » Cancer ? Cheynet confond métaphore et réalité. En fin de compte, comme il n’a aucun argument pour soutenir sa position nataliste, il attaque Watson en dessous de la ceinture : « En 2016, cette Russe lui a donné un fils, alors que le partisan de la réduction radicale de la population n’avait pas moins de 65 ans… » On ne bâtit rien sur la haine journalistique des écologistes médiatisés, sincères et actifs. Ce n’est pas renforcer la force des écologistes que de s’attaquer à des personnalités et des idées sans jamais démontrer la validité de son propre point de vue.

Le problème de Vincent Cheynet, et donc celui du mouvement de la décroissance, c’est que son ostracisme a fait le vide autour de lui à force de contester tous ceux qui pourraient être ses amis, Hulot, Watson, Rabhi, Cochet, Ariès, etc.

14 réflexions sur “Trois débats fondamentaux parmi les décroissants écolos”

  1. de la part d’un correspondant
    Il y a un peu de vrai dans ce que Vincent Cheynet écrit : Hulot a commencé comme paparazzi et continue à s’enrichir sans trop de scrupules, Watson aime la chair fraîche, Rabhi est catho… mais qui n’a pas ses incohérences et qui est bien placé pour faire la morale ? Surtout pas Cheynet un ancien publicitaire qui a retourné sa veste et qui est si mauvais qu’il n’a toujours pas compris qu’il n’est pas efficace d’attaquer ses alliés quand on veut faire la guerre…

  2. Pierre Jouventin , directement mis en cause par le journal La Décroissance dans l’article sur Paul Watson, a envoyé au directeur de publication le message suivant pour obtenir un droit de réponse :
    « Il aurait été utile à Vincent Cheynet, Directeur du journal La Décroissance et auteur de l’article, de comprendre ma thèse exprimée dans mon livre ‘L’homme, cet animal raté’ avant de la qualifier de ‘misanthropie’, ‘matérialisme étriqué’, ‘arrogance scientiste’ et ‘psychopathologie’.
    Je connais en effet très bien les thèses de la Décroissance et les approuve à 90%, par exemple la critique radicale de l’économie marchande dont Mr Cheynet a fait l’apologie pendant dix ans chez Publicis. Il est vrai que j’essaie de prolonger ces thèses en ne sous-estimant pas le problème de la démographie galopante, majeur pour la planète, et le mépris de l’animal, qui nous a éloignés de la nature. Comme Directeur de recherche CNRS en écologie puis Directeur de laboratoire CNRS d’écologie, j’ai pris conscience que cet anthropocentrisme nous a conduits à la crise écologique mondiale qui commence. Grâce aux découvertes récentes sur l’histoire de notre espèce et la comparaison avec l’animal, mon livre explique pourquoi une seule espèce -et la plus  intelligente- s’est lancée dans une exploitation à court terme de ses ressources… C’est un honneur pour moi d’avoir été associé, dans cette critique discourtoise, à Paul Watson avec lequel j’ai sympathisé en Terre Adélie et dont les équipes de Sea Sheperd sont parvenues à stopper la pêche baleinière.
    Au lieu d’afficher du sectarisme, le Directeur du journal La Décroissance devrait se rapprocher de ses alliés. Mon sentiment est qu’il fait du tort à une cause qui recèle des esprits brillants et ouverts, d’où le résultat que, comme d’autres, je ne lis plus ce journal. 
    »

  3. Biosphère se focalise sur ces 3 divergences (« Trois débats fondamentaux ») qu’il a repéré dans 2 articles (+ 1 petit post p16) … mais je signale que dans La Décroissance de ce mois-ci il n’y a pas que ça à lire, il est également intéressant de lire la chronique d’Alain Accardo titrée « Complaisance ». Là aussi il y aurait, à mon sens, un autre débat tout aussi fondamental à lancer.

  4. cet article (discutable) de Vincent Cheynet sur Paul Watson s’attaque aussi à d’autres auteurs : « Cette maladie de misanthropie chez les écologistes, et spécialement les défenseurs des animaux, n’est pas nouvelle. Dernière illustration dans le monde de l’édition, le livre que vient de publier Pierre Jouventin, directeur de recherche émérite au CNRS : « l’homme cet animal raté ». Tout est dit dans le titre. Ici l’humain n’est qu’une espèces dégénérée mettant en péril l’existence de toutes les autres, notamment des loups, que le scientifique adore et qu’il juge supérieurs à l’homme. On y retrouve ce même matérialisme étriqué du naturaliste claquemuré dans une approche utilitariste de la condition humaine. Comme toujours réductionnisme se conjugue avec une arrogance scientiste hors pair. Cette psychopathologie a surtout servi les détracteurs de la protection de l’environnement, tels Pascal Bruckner ou JC Rufin, qui les ont même caricaturé pour discréditer la cause de la préservation de la nature. »

  5. Bonjour Invite2018
    Je vous rassure il n’y a pas qu’à vous que ça arrive, et parfois le commentaire réapparait plus tard, comme par enchantement. Moi non plus je ne comprends pas la raison, si ce n’est l’emploi de certains « gros » mots qui pourtant sont utilisés couramment et qui sont même dans le dictionnaire. D’ailleurs j’en vois un à la fin de votre dernier commentaire et ce n’est pas pire que ce que j’ai déjà lu ici, bref on verra bien si c’est ça. Mais vous avez raison, s’il s’agit de censure la modération devrait au moins avoir la décence de s’expliquer.
    PS : au fait j’ai mis un commentaire sur votre site, je ne sais pas si vous l’avez lu, faudra également me dire.

    @ Michel C, Remarque sur la modération de ce blog
    Sauf injure ou diffamation, ce blog n’est pas censuré. Mais contre notre gré un certain nombre de commentaires sont envoyés à la corbeille par les modérateurs du monde.fr sans que nous puissions en discerner les raisons. Nous avons donc demandé de connaître les critères de modération, après plusieurs demandes nous venons d’obtenir ce message : « En ce qui concerne vos messages du 21 janvier, 5 et 7 mars, nous les avons transmis à nos modérateurs. Eux seuls seront en mesure de vous répondre. Bien à vous, Julie Léonard, Services du Courrier des lecteurs et du médiateur. » Nous vous ferons part des suites qui auront été données…

  6. Il est impératif :
    -de ne faire ni d’argumentum ad hominem ni d’argumentum ad personam
    -de pas tourner en ridicule le fait qu’à la problématique de l’explosion démographique on s’intéresse
    -de ne pas soutenir le capitalisme, capitalisme que monsieur Hulot s’obstine à défendre
    -de cesser de croire que la décroissance économique ne soit pas nécessaire
    -que les gens deviennent financièrement capables d’avoir de la bonne contraception qui soit sans aucun grand effet secondaire indésirable
    -de ne pas soutenir la sale merde qu’est l’islam politique

  7. Le site LeMonde.fr a-t-il au moins la décence d’indiquer pourquoi ils censurent mes commentaires?
    Cela fait trois fois que ça arrive, et je n’ai insulté personne ni n’ai nié aucune évidence ni n’ai véhiculé quelque idée nauséabonde!

    @ Invite 2018, Remarque sur la modération de ce blog
    Sauf injure ou diffamation, ce blog n’est pas censuré. Mais contre notre gré un certain nombre de commentaires sont envoyés à la corbeille par les modérateurs du monde.fr sans que nous puissions en discerner les raisons. Nous avons donc demandé de connaître les critères de modération, après plusieurs demandes nous venons d’obtenir ce message : « En ce qui concerne vos messages du 21 janvier, 5 et 7 mars, nous les avons transmis à nos modérateurs. Eux seuls seront en mesure de vous répondre. Bien à vous, Julie Léonard, Services du Courrier des lecteurs et du médiateur. » Nous vous ferons part des suites qui auront été données…

  8. Pourquoi mon commentaire disparaît-il systématiquement?

    Remarque sur la modération de ce blog
    Sauf injure ou diffamation, ce blog n’est pas censuré. Mais contre notre gré un certain nombre de commentaires sont envoyés à la corbeille par les modérateurs du monde.fr sans que nous puissions en discerner les raisons. Nous avons donc demandé de connaître les critères de modération, après plusieurs demandes nous venons d’obtenir ce message : « En ce qui concerne vos messages du 21 janvier, 5 et 7 mars, nous les avons transmis à nos modérateurs. Eux seuls seront en mesure de vous répondre. Bien à vous, Julie Léonard, Services du Courrier des lecteurs et du médiateur. » Nous vous ferons part des suites qui auront été données…

  9. Cheney finira par se mettre tout le monde à dos par ses positions irréalistes et son fanatisme .
    Bon débarras car ce genre de personnage ne fait que nuire à notre cause .
    Je ne sui sguère d’ accord avec Rhabi au sujet de la maîtrise démographique mais le personnage a beaucoup apporté au mouvement écologiste , dès lors, il serait temps de se rassembler par delà nos divergences en excluant toutefois et sans nuance des personnalités politiques EELV bien connues et jetant le discrédit sur notre mouvement .

  10. On le sait et c’est ce qui fait son style, le journal La Décroissance ne fait pas dans la langue de bois. J’ai déjà dit, ça passe ou ça casse, personnellement ça passe. Son but n’est pas de plaire aux annonceurs, puisqu’il n’y a pas de pub, ni de flatter le lecteur qui se prendrait pour un bon écolo, mais plutôt de le secouer. Admettons quand-même que nous en avons tous besoin de temps en temps. N’oublions pas que « la décroissance » est un « mot-obus », demander l’explication à Serge Latouche. Tous les mois nous avons droit à la présentation d’un nouvel écotartufe et en effet « le journal de la joie de vivre » s’applique régulièrement à laminer notre cher ministre-hélicologiste-vendeur-de-shampoing-entre-autres. Je comprends qu’on puisse ne pas aimer cette façon de s’en prendre à son idole ou modèle, je comprends que ça puisse même passer pour de l’acharnement sur sa personne, mais nous devrons reconnaître aussi que Nicolas se prête bien au jeu. Le nombre de bouquins ou de reportages n’en fait sûrement pas un modèle en écologie, d’ailleurs je ne sais toujours pas ce qu’est un véritable écolo. Quoi qu’il en soit ce journal ne m’a pas amené à haïr Nicolas Hulot ou Rabbi, au contraire ces deux conservent toute ma sympathie, il m’a juste permis de mieux les connaître. Et c’est la même chose en ce qui concerne les autres, notamment le pirate médiatique qui lui m’est beaucoup moins sympathique (je pourrais en remplir des pages !)
    Après on pourra déplorer que ce journal tire sur tout ce qui bouge, qu’il fait tout ce qu’il faut pour ne pas se faire trop d’amis, et c’est vrai. Mais alors, n’oublions pas que dans toutes les familles il y a des querelles internes (même à l’armée), comprenons au passage combien il est difficile de marcher au pas dans les milieux libertaires, et n’oublions pas non plus ce que pensent la plupart des décroissants du fameux consensus.
    Vincent Cheynet est certes le rédacteur en chef de ce journal mais il ne le rédige pas tout seul et c’est ça qui en fait sa richesse. D’autre part Cheynet n’est ni le chef ni le porte-parole des décroissants, encore moins leur guide spirituel. Je dirais donc que si Cheynet a un problème, eh bien ce n’est pas mon problème, ni celui du mouvement de la décroissance, ce problème c’est tout simplement le sien.

  11. Rédigé par : Ricquet
    « Que ces gourous commencent par montrer l’exemple !! »

    L exemple dans ses choix de vie est la moindre des chose pour être crédible.. Surtout quand on à la prétention d incarner quelque chose , d être un leader un penseur.

    Un écolo qui se met sur le devant de la scène ne peut faire l économie d une vie en adéquation avec ce qu il professe sinon c est un jean-foutre qui flatte son orgueil et accessoirement remplit son compte en banque en » vivant sur la bête « 

  12. « On ne bâtit rien sur la haine » , c’est vrai.
    Mais on ne peut pas non plus rallier à sa cause en se comportant : « Faites ce que je dis mais pas ce que je fais. »

    Que ces gourous commencent par montrer l’exemple !!

  13. Etant novice dans la sphère écolo je me porterais bien de porter un jugement.
    Cela dit, la gueguerre des personnes et des égaux est inhérente à tout groupe humain , alors forcément ça flingue …
    J ai remarqué que plus les gens étaient dans la théorie , dans le verbe ou dans l écrit et plus ils flinguaient , ceux qui sont dans la pratique ont autre chose à penser à faire.
    Personnellement j aime bien la démarche d un Pierre Rabhi qui à d abord été dans l action  » les mains dans le cambouis  » avant de parler et d écrire .
    Je suis un manuel et je sais trop qu il est facile pour certains  » Avec des si de mettre Paris en bouteille » … Trop de blabla trop d écriture sont nuisible et stérile sans une mise en oeuvre concrète .

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