un baril à 30 dollars !

La rubrique breadingviews.com de mon journal de référence (LeMonde du 22 mars 2008) est de plus en plus décalée. Ainsi l’idée générale de « La bulle des matières premières menace d’éclater » fait absolument comme si la raréfaction des ressources naturelles n’était pas une vérité. Edward Hadas s’appuie sur une baisse passagère du pétrole à 104 dollars le baril pour en faire un psychodrame : « L’une des chutes les plus brutales jamais enregistrée… Le baril dégringolant de 11 %… » Ce spécialiste de la désinformation estime que le coût réel du pétrole devrait être situé quelque part entre 40 dollars et 60 dollars le baril. Il se garde bien de justifier le réalisme de cette affirmation gratuite.

 

            Nous devrions tous savoir, et Edward le premier, que le baril à 100 dollars n’est qu’une étape vers le baril à 300 dollars et plus. Edward se réfère à la spéculation et au marché, c’est-à-dire uniquement des indicateurs partiels, à court terme. Si on se réfère au contraire à la loi du long terme selon laquelle tout ce qui devient  plus rare devient plus onéreux, nous allons faire face à une croissance exponentielle du prix de l’or noir. Les ressources en pétrole conventionnel ne  couvrent en effet que 40 années de notre consommation actuelle, et on peut ajouter d’autres causes à l’augmentation des prix. Si Edwards avait lu d’autres articles qui accompagnent à d’autres pages ses affabulations (cf. page « la décennie à venir sera cruciale pour stabiliser le climat), il aurait compris la nécessité de réduire très rapidement les rejets de gaz carbonique : une réduction très rapide des émissions de gaz à effet de serre passe nécessairement par une hausse brutale du prix des ressources fossiles.

 Je voudrais bien savoir quel est l’intérêt occulte défendu par Edward pour raconter n’importe quoi. Je voudrais bien savoir quel est l’intérêt pour LeMonde de passer un tel article sous une rubrique déjà dénoncée auprès du médiateur. Il est vrai que la Biosphère se rappelle encore l’époque pas si lointaine où des « spécialistes » affirmaient sans rire que le prix du baril devait rester obligatoirement en dessous de la barre de 30 dollars.