Un modèle porcin qui coûte cher

Un modèle porcin qui coûte cher

De 2000 à 2020, le nombre de fermes porcines a dégringolé de 78 %, au profit d’exploitations plus grandes et plus intensives. Dans le secteur de la charcuterie, 13 % d’emplois ont été perdus en quarante ans alors que, sur le même intervalle, la production a augmenté de 87 %. En parallèle, le nombre d’abattoirs a été divisé par dix en l’espace de cinquante ans. Si 7 % des éleveurs de porcs ont un revenu négatif, 5 % des exploitations génèrent un revenu courant avant impôt de plus de 237 000 euros par an par associé.

Mathilde Gérard : La filière est très inégalitaire, perd des emplois et génère des impacts sur la santé et l’environnement. Alors que 63 % des Français dépassent les recommandations sanitaires de consommation de charcuterie (pas plus de 150 grammes par semaine, soit l’équivalent de trois tranches de jambon), l’étude évalue à 1,9 milliard d’euros par an les dépenses publiques pour la prise en charge des maladies liées à ces produits. Le diabète représente la majorité de ces coûts (1,3 milliard d’euros), suivi par le cancer colorectal (152 millions d’euros). Le Supermarché, les systèmes de fil d’attente lors des grands événements, etc… sont de la même veine que les unités de production de protéines, dont l’élevage des porcs fait partie.

Une transition agroécologique est la seule à même de limiter la perte d’emplois et de permettre une résilience face aux crises. Une telle transition passerait notamment par une baisse de moitié de la consommation de produits porcins, plafonner le nombre d’animaux selon les bassins de production.

Le point de vue des écologistes

Le cochon est un des mammifères dont on a pu prouver sans discussion possible qu’il avait conscience de lui-même : il sait qu’il existe, il sait qu’il est un individu unique, il sait qu’il peut interagir avec le monde qui l’entoure. Ce sont des animaux propres, leur octroyer si peu d’espace est une vraie torture, les cochons ne font pas leurs besoins là où ils dorment. Ils bougent, ils sont actifs, parfois d’une surprenante vélocité, ils sont affectueux, se laissent gratouiller le bidon. Bref, ils devraient avoir le droit à leur pré. Quand on voit des cochons en plein champ, ils sont adorables ! Les porcelets jouent comme des petits chiens, viennent vous flairer les mains avec curiosité, dorment avec délice en fratrie… une vie heureuse au pré, ça n’a pas de prix !

Philippe Logeay a fait le choix doublement risqué, il y a vingt ans, de se lancer dans le porc bio. Ses cochons sont élevés sur paille, avec accès à l’extérieur et à de l’espace pour fouisser, et les fratries de porcelets disposent de cabanes en paille pour se terrer. On s’interdit les pratiques mutilantes.Ce secteur représente moins de 0,5 % du marché porcin. Pourtant, depuis 2022 et la crise des matières premières, la filière est en grande difficulté, et la production porcine bio s’est contractée de 30 %.

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en Chine, les cochons vivent en HLM

extraits : Pour empêcher une nouvelle épidémie de fièvre porcine, la Chine a transformé ses élevages traditionnels en fermes-usines géantes. A Hongqiao (« Pont arc-en-ciel »), un bâtiment d’élevage de 26 étages est opérationnel depuis octobre 2022. Chaque étage compte 10 000 gorets pour à peine une poignée de vétérinaires et d’agents d’entretien. En juillet, un deuxième bâtiment sera inauguré. La capacité de l’élevage sera doublée pour atteindre 540 000 cochons. …

Virus humain, virus porcin, virus des végétaux

extraits : L’Allemagne, la Belgique, la Chine, la France, le monde entier est concerné par la peste porcine. C’est une maladie animale qui touche exclusivement les porcs domestiques et les sangliers. Faute de traitement efficace connu, les porcs et autres suidés malades doivent être abattus, enterrés ou incinérés dans les conditions sanitaires appropriées. Comme pour la pandémie humaine, le confinement devient obligatoire et le contrôle aux frontières omniprésent. L’élevage en batterie des humains et des animaux ne présage rien de bon, la concentration accentue les risques de contamination….

L214, contre la maltraitance animale

extraits : Dans toutes les études prospectives sur le climat ou la transition du système agricole, une baisse des cheptels et de la consommation de viande fait figure de condition indispensable, avec des variations dans les ordres de grandeur. Mais l’association se démarque de ces scénarios, dans lesquels la question du bien-être animal entre rarement en ligne de compte, en plaçant l’intérêt des animaux au cœur de sa démarche. Parmi les mesures présentées, L214 défend un moratoire sur les élevages intensifs, « c’est-à-dire des élevages où les animaux ne sortent pas à l’extérieur ». En parallèle, L214 propose une réorientation des subventions pour développer les légumes et les légumineuses. Enfin, l’association insiste sur les actions à mener sur les « récits », en régulant notamment la publicité….

5 réflexions sur “Un modèle porcin qui coûte cher”

  1. La charcuterie vient d’un cochon qui, normalement socialisé, est aussi intelligent qu’un chien. Or aujourd’hui, sitôt né, le petit est séparé de sa mère, ses dents sont limées, il est engraissé le plus vite possible, sélectionné génétiquement pour ça : on mange de la viande à bas prix, un porc qui n’a plus rien d’un animal normal.

  2. Il serait peut-etre temps de diminuer fortement la consommation de nos amis porcins en
    agriculture bio ou non .
    Nos sympathiques amis nous procurent une viande excellente sous diversec formes et méritent aussi de ne pas terminer dans des auschwitz de la boucherie
    Boudins , saucissons, rôtis de qualité sont délicieux mais pédale douce sur leur consommation .

    1. gare aux gourmets !

      C’est comme pour tout, à con sommer avec modération ! Ne serait-ce que pour le cholestérol. Le mauvais bien sûr. Sinon, ah nom de dieu que c’est bon !
      ON peut d’ailleurs se demander comment une bestiole qui passe son temps à bouffer autant de saloperies peut-être aussi bonne. Je parle bien sûr de ceux comme j’en voyais jadis dans les fermes, pas de ceux comme en voit aujourd’hui. Ceux-là mangent des bonnes choses, ON les pomponne, et ils dorment même dans un lit. Comme mon chien quoi. Philippe Logeay devrait peut être se lancer là dedans, le cochon de compagnie. Voilà une filière qui pourrait être juteuse, et qui ne devrait pas déplaire à nos chers zécolos adorables. Je me demande d’ailleurs comment ils finissent, si leur pépère ou leur mémère les transforme en pâté, boudin et autres délices. Je parle bien sûr de ces charmants cochons, qui sentent bon. Mais mon chien pas question ! Sinon il y a aussi le canard, le bec toujours dans la merde, ah que c’est bon ça aussi. Le canard, bien sûr !

  3. Le pognon vous dis-je !

    – « Philippe Logeay a fait le choix doublement risqué, il y a vingt ans, de se lancer dans le porc bio. […] Pourtant, depuis 2022 et la crise des matières premières, la filière est en grande difficulté, et la production porcine bio s’est contractée de 30 %. » (Le MONDE)

    Pas que cette filière là, c’est toute l’agriculture bio qui est en grande difficulté.
    Et si l’extrême droite le dit … c’est que ça doit être vrai :
    – Crise du bio : pourquoi autant de déconversions ? (coordinationrurale.fr 16 janvier 2023)
    Autre son de cloche, plus à gauche cette fois :
    – « L’agriculture biologique ne saurait être limitée à une « économie de niche » qui répond à des marchés, contrairement aux discours défendus par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ainsi que par les autres syndicats. » (AGRICULTURE BIOLOGIQUE : NOS POSITIONS Pour le développement de la bio paysanne ! confederationpaysanne.fr)

  4. parti d'en rire

    Un dégringolade de 78 % , et en même temps une production qui a augmenté de 87 % …
    et ça en 20 ans ! En parallèle, le nombre d’abattoirs a été divisé par 10 en l’espace de 50 ans.
    Cette fois qu’ON ne vienne pas parler du Surnombre ! Non, le Pognon vous dis-je !

    – « Le cochon est un des mammifères dont on a pu prouver sans discussion possible qu’il avait conscience de lui-même […] Ce sont des animaux propres […] ils sont affectueux, se laissent gratouiller le bidon. Bref, ils […] sont adorables ! » ( les zécologistes adorables )
    Comme quoi, dans le cochon tout est bon !

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