Une Eglise qui favorise la croissance des naissances !

Le pape François vient de soumettre un questionnaire à tous les croyants. Une question de type clairement nataliste est posée : « Comment promouvoir une mentalité plus ouverte envers la natalité ? Comment favoriser la croissance des naissances ? » Les 39 questions posées dans ce document préparatoire au synode sur la famille (5 au 19 octobre 2014 octobre), intitulé « Les défis pastoraux de la famille dans le cadre de l’évangélisation » veut aborder la « vraie vie » familiale des fidèles de l’Église dans le monde actuel. Dans le texte préliminaire aux questions, l’Eglise rappelle les fondements théologiques du mariage catholique, notamment l’indissolubilité ou le devoir de procréer. Cette dernière «  interrogation » révèle la permanence des positions de l’Eglise… à l’antipode des considérations de capacité de charge de la planète !

L’Eglise catholique accorde à l’homme sa suprématie numérique sur le reste de la création en s’appuyant uniquement sur une phrase de la bible : « Dieu a dit à Adam et à Eve : Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là ; ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce qui est vivant et qui remue sur la terre (Genèse 1,28) ». A partir de ces prémices, le pape Jean Paul II plongeait dans un populationnisme exacerbé dans son discours à l’Académie pontificale des sciences (18 mai 1990) : « La pression de la population est très souvent citée comme une des causes majeures de la destruction des forêts tropicales. Quoi qu’il en soit, il est essentiel d’établir que l’expansion démographique n’est pas seulement un problème de statistiques ; c’est une question profondément morale. En condamner les pressions, y compris économiques, auxquelles les gens sont soumis, spécialement dans les pays les plus pauvres, pour qu’ils acceptent des programmes de contrôle des naissances, l’Eglise soutient inlassablement la liberté des couples de décider du nombre de leurs enfants selon la loi morale et leur foi religieuse. »

Le courant protestant est beaucoup plus ouvert à la maîtrise de la fécondité humaine. Ainsi Malthus dans son Essai sur le principe de population (1798) : « La plupart des attaques contre cet ouvrage sont moins de réfutations que des déclamations ou des injures qui ne méritent aucune réponse. Je suis donc appelé à relever des objections qui ont été faites en simple conversation. La première grande objection est que mes principes contredisent le commandement du Créateur, ordre de croître, de multiplier et de peupler la terre. Je suis pleinement persuadé que c’est le devoir de l’homme d’obéir à son Créateur, mais ce commandement est subordonné aux lois de la nature. Si, par une opération miraculeuse, l’homme pouvait vivre sans nourriture, nul doute que la terre ne fût très rapidement peuplée. Mais comme nous n’avons aucune raison de compter sur un tel miracle, nous devons, en qualité de  créatures raisonnables, examiner quelles sont les lois que notre Créateur a établies relativement à la multiplication de l’espèce. Il n’y a aucun chiffre absolu : garnir une ferme de bestiaux, c’est agir selon la grandeur de la ferme et selon la richesse du sol qui comportent chacune un certain nombre de bêtes. Le fermier doit désirer que ce nombre absolu croisse. Mais c’est une entreprise vaine de prétendre augmenter le nombre avant d’avoir mis les terres en état de les nourrir. »

On trouve un comparatif des différentes conceptions religieuses dans le chapitre de Jean-Claude Noyé du livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) »; « Moins nombreux, plus heureux » : « Les Églises protestantes sont d’une extrême diversité de sensibilités. La grande majorité d’entre elles acceptent la contraception et bien des militants du planning familial en sont issus. Au nom même d’une parenté responsable. L’idée communément admise est que, selon la Bible à laquelle les protestants se réfèrent avec constance, la sexualité est bonne, joyeuse et bénie. Quant à la procréation, elle n’est pas la finalité unique du mariage, encore moins sa seule justification ou excuse. Partant, l’éducation sexuelle, la régulation des naissances et l’adoption d’une législation libéralisant l’avortement ont été promus avec constance par les autorités des Églises regroupées dans l’Hexagone au sein de la Fédération protestante de France. Cette position ouverte est cependant contestée par l’aile puritaine du protestantisme, aux USA notamment… »

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* LE MONDE du 21 février 2014, Famille, morale sexuelle : le Vatican face aux attentes des fidèles

4 réflexions sur “Une Eglise qui favorise la croissance des naissances !”

  1. Le pape François est résolument nataliste. Recevant Barack Obama à Rome, il a tenu à rappeler le droit à « l’objection de conscience » au sujet de la contraception (LE MONDE du 29 mars 2014). Nous aurions préféré qu’il rappelle le droit défendu par les premiers chrétiens d’une objection de conscience à l’armée, le droit de ne pas participer à l’utilisation collective des armes.

  2. @ Biosphère et Didier Barthès
    Le pape François a suscité des espérances pour ceux, comme vous et moi qui espèrent voir les habitants de la Terre se préoccuper sérieusement des équilibres durables. Mais pour ma part je ne crois pas que l’Église catholique comme toutes les autres religions du livre puissent apporter une réponse aux problèmes écologiques actuels.
    J’ai passé plusieurs années de ma vie a comprendre la « vérité catholique » en m’immergeant dans cet univers religieux. Selon moi, L’Eglise catholique est construite sur une logique interne forte et immuable qui est à la base de sa réussite en nombre de pratiquants jusqu’au vingtième siècle. Et cette logique est une logique de domination du masculin sur le féminin. Il est important de comprendre cela pour comprendre notre passé, connaitre notre identité d’héritier de la pensée chrétienne et construire notre avenir en pleine conscience. Pour aller un peu plus loin, dans la compréhension de la mythologie chrétienne, le masculin y est associé aux symboles du Ciel et du Feu et le masculin est associé aux symboles de la Terre et de l’Eau. J’essaye de développer ce point de vu sur mon blog http://www.arbredevie.info
    Il y a beaucoup à expliquer et à dire sur ce sujet mais pour aller à l’essentiel, je crois que nous devons impérativement sortir de la pensée chrétienne de domination sur notre environnement en créant une autre forme de spiritualité. Nous devons faire cela sans rien espérer d’autre du pape François et de ses éventuels successeurs que soit essayer de suivre l’évolution de la société, soit essayer de s’y opposer. En d’autres mots, l’Église catholique a perdu son rôle de leader spirituel car son fondement dogmatique est maintenant trop éloigné des grandes préoccupations actuelles.
    La vision symbolique de la pensée chrétienne avec les quatre éléments symboliques que sont le Ciel, la Terre, le Feu et l’Eau nous ouvrent la voie à une autre logique de pensée. Au lieu d’opposer ces éléments dans une vision dualiste et sexiste nous pouvons les unir dans un symbole de la vie. Pour moi ce symbole est l’Arbre de Vie. Je sais que mon discours novateur peut sembler abscons ou fantaisiste mais il est au cœur d’une vision cohérente du monde et peut aussi devenir un formidable moyen de fédérer toutes les énergies humaines prêtes à s’investir pour un monde durable, paisible et heureux.
    Vous avez fait un article sur la décroissance en expliquant clairement qu’une dynamique « anti » n’est que destructive et ne peut pas être constructive.J’en profite au passage pour faire remarquer que la logique de croissance économique sans fin est dans le prolongement idéologique de la logique chrétienne de domination du Ciel sur la Terre ou autrement dit du dogme sur la réalité. (…)

    remarque des modérateurs du blog Biosphere : nous avons enlevé la fin de votre texte, beaucoup trop long. Pour en savoir plus sur votre action, la référence à votre blog est suffisante…

  3. @ Biosphère et Didier Barthès
    Le pape François a suscité des espérances pour ceux, comme vous et moi qui espèrent voir les habitants de la Terre se préoccuper sérieusement des équilibres durables. Mais pour ma part je ne crois pas que l’Église catholique comme toutes les autres religions du livre puissent apporter une réponse aux problèmes écologiques actuels.
    J’ai passé plusieurs années de ma vie a comprendre la « vérité catholique » en m’immergeant dans cet univers religieux. Selon moi, L’Eglise catholique est construite sur une logique interne forte et immuable qui est à la base de sa réussite en nombre de pratiquants jusqu’au vingtième siècle. Et cette logique est une logique de domination du masculin sur le féminin. Il est important de comprendre cela pour comprendre notre passé, connaitre notre identité d’héritier de la pensée chrétienne et construire notre avenir en pleine conscience. Pour aller un peu plus loin, dans la compréhension de la mythologie chrétienne, le masculin y est associé aux symboles du Ciel et du Feu et le masculin est associé aux symboles de la Terre et de l’Eau. J’essaye de développer ce point de vu sur mon blog http://www.arbredevie.info
    Il y a beaucoup à expliquer et à dire sur ce sujet mais pour aller à l’essentiel, je crois que nous devons impérativement sortir de la pensée chrétienne de domination sur notre environnement en créant une autre forme de spiritualité. Nous devons faire cela sans rien espérer d’autre du pape François et de ses éventuels successeurs que soit essayer de suivre l’évolution de la société, soit essayer de s’y opposer. En d’autres mots, l’Église catholique a perdu son rôle de leader spirituel car son fondement dogmatique est maintenant trop éloigné des grandes préoccupations actuelles.
    La vision symbolique de la pensée chrétienne avec les quatre éléments symboliques que sont le Ciel, la Terre, le Feu et l’Eau nous ouvrent la voie à une autre logique de pensée. Au lieu d’opposer ces éléments dans une vision dualiste et sexiste nous pouvons les unir dans un symbole de la vie. Pour moi ce symbole est l’Arbre de Vie. Je sais que mon discours novateur peut sembler abscons ou fantaisiste mais il est au cœur d’une vision cohérente du monde et peut aussi devenir un formidable moyen de fédérer toutes les énergies humaines prêtes à s’investir pour un monde durable, paisible et heureux.
    Vous avez fait un article sur la décroissance en expliquant clairement qu’une dynamique « anti » n’est que destructive et ne peut pas être constructive.J’en profite au passage pour faire remarquer que la logique de croissance économique sans fin est dans le prolongement idéologique de la logique chrétienne de domination du Ciel sur la Terre ou autrement dit du dogme sur la réalité. (…)

    remarque des modérateurs du blog Biosphere : nous avons enlevé la fin de votre texte, beaucoup trop long. Pour en savoir plus sur votre action, la référence à votre blog est suffisante…

  4. Pourquoi ?
    Pourquoi la foi des catholiques, chrétiens s’il en est, reste-t-elle liée à ce dogme de la fécondité ? Pourquoi une religion qui a comme prophète un homme qui fut lui-même à priori fils unique et sans enfant, fait-elle inlassablement la promotion de l’explosion démographique ? Que je sache, dans l’Evangile si Jésus a multiplié les pains, il n’a pas multiplié les mètres carrés, et la Terre n’est pas aujourd’hui plus grande qu’alors.
    Plus sérieusement, les fameuses phrases de la Genèse (croissez et multipliez) ont été écrites dans un monde qui comptait 50 fois moins d’habitants qu’aujourd’hui. N’est-il pas évident qu’elle ne sont plus adaptées à la société du second millénaire ?
    Pourquoi certains croyants catholiques ne sont-ils pas capables de faire la distinction entre le discours à la lettre qui relève de l’enluminure et qui était une façon de faire connaitre la foi et la question de fond qui fait référence à l’origine de l’existence de l’Univers. Dieu pour les croyants est une réponse plausible à la question : « Pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Ne lui demandons pas une règle de gestion quotidienne de notre Terre, n’en faisons pas l’esclave de défenseurs aveugles à la raison. Ce ne serait pas un hommage à lui rendre.
    Pourquoi ne pas comprendre que la foi relève d’une interrogation profonde qui ne doit pas être prisonnière de tel ou tel propos prononcé dans tel ou tel contexte ? Pourquoi, en un mot, des gens intelligents ne privilégient-ils pas le fond plutôt que la forme ?
    Il n’y aura pas plus grande insulte faite à Dieu que de massacrer la petite partie d’Univers que nous sommes en mesure de massacrer. Pas plus grande insulte à la raison que de nous croire omnipuissants et capables de passer outre les lois élémentaires de la physique : Le monde est de surface finie.

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