Une maternelle dans la nature, c’était mon rêve

Nous sommes tous écolos même si nous n’en avons pas encore conscience. Nous devrions en effet apprendre notre dépendance à l’égard des écosystèmes et devenir les sages garants de notre mère Nature. Mais l’école officielle se contente du « lire-écrire-compter » et de l’accumulation des diplômes : triste destin que rester assis très très longtemps sur une chaise pour avoir (peut-être) un boulot. Voici la présentation par LE MONDE* d’une maternelle « naturelle » :

En cette journée de début mars, la température dépasse à peine zéro degré et le sol tourne à la gadoue. A l’école maternelle Skoven, tous les enfants sont équipés d’une combinaison d’hiver, de bottes fourrées, d’une cagoule et de moufles. « Il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des mauvais vêtements », dit le dicton. « Cet hiver, on a passé cinq jours dedans, bien plus que l’an dernier », regrette Ragna, l’enseignante qui a créé Skoven (« forêt », en danois) il y a vingt-six ans. Jouer à l’extérieur met plus souvent les élèves en situation d’expérimenter de nouvelles choses et de prendre des risques (mesurés), ce qui leur permet d’avoir moins peur de faire des erreurs, la clé pour devenir un bon élève. Les plus jeunes commencent d’abord avec un épluche-légumes et écorcent des branches. Ensuite, ils sont autorisés à utiliser des outils plus dangereux. Ça fonctionne très bien parce que nous avons une vision libérale et non restrictive des enfants, explique Sisse Trolle-Laiq, conseillère chargée des maternelles à la municipalité de Copenhague : « Selon la tradition nordique, nous n’avons pas peur que les enfants tombent. Ils ont le droit de grimper aux arbres, de jouer dans l’eau… Et on trouve que c’est bon signe quand ils sont couverts de boue en fin de journée. »

Des écoles comme ça, il y en a quelque 700 au Danemark : environ 20 % des classes maternelles sont établies dans la nature. Ces écoles offrent quelque chose de très précieux : Non seulement une connexion au quotidien avec la nature, mais aussi la possibilité d’être un enfant de façon différente. Dans une classe à l’intérieur, les enfants sont toujours en conflit avec leur environnement. Ils manquent de place. Les adultes interfèrent beaucoup plus et leur interdisent de crier, de courir… Alors que dehors, ils peuvent avoir des interactions plus riches avec les enfants, qui ont l’espace et le temps pour pouvoir se concentrer. Comme dans n’importe quelle école danoise, Skoven suit le programme de maternelle : développement personnel, social, du langage, connaissance du corps, éveil à la culture, expression artistique et développement de l’esprit de communauté. Quant à la sensibilisation à la nature, elle a été modifiée dans le nouveau programme. Il est dorénavant spécifié “nature, vivre dehors et science”. On considère qu’il est indispensable de sortir.

Pourquoi devrait-on mettre les enfants toute la journée à l’intérieur ? Quand on y pense, c’est bizarre comme idée. Ils sont bien mieux dehors pour grandir. Pour Lone Svinth, chercheuse en psychologie de l’éducation à l’université d’Aarhus, ces écoles offrent quelque chose de très précieux : « Non seulement une connexion au quotidien avec la nature, mais aussi la possibilité d’être un enfant de façon différente. Dans une classe à l’intérieur, les enfants sont toujours en conflit avec leur environnement. Ils manquent de place. Les adultes interfèrent beaucoup plus et leur interdisent de crier, de courir… Alors que dehors, ils peuvent avoir des interactions plus riches avec les enfants, qui ont l’espace et le temps pour pouvoir se concentrer. »

source : LE MONDE du 5 septembre 2018, Au Danemark, les forêts sont des salles de classe

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