Une politique familiale à totalement repenser

Du point de vue de la politique familiale, ce blog biosphere considère que la neutralité de l’État en matière démographique est le meilleur des choix possibles. Les décisions individuelles doivent être assumés individuellement, aux parents d’assumer leurs choix de fécondité. De plus en tant qu’écologistes, nous ne pouvons pas soutenir des politique natalistes puisque la France, et le monde entier, sont dans un état de surpopulation avérée. Il faut donc s’interroger sur les finalités : en quoi avons-nous besoin d’encourager la natalité alors qu’il existe une forte pression sur les ressources, un travail de plus en plus complexe appelant la qualité et non pas la quantité, un coût important d’éducation par enfant, un besoin de laisser de l’espace au reste du vivant, etc. Bientôt 8 milliards de personnes vivant à crédit sur les possibilités pérennes de la planète, c’est ingérable et non durable. Près de 68 millions de Français avec des besoins de consommation démesurés, c’est ingérable et non durable .Un socialiste pourrait dire, « Quand on a un niveau de revenu élevé, on n’a pas forcément besoin des allocations familiales » Certains malthusiens pourraient aller trop loin : « Quand on a un faible niveau de revenu, on n’a pas forcément besoin de faire des enfants. » Dans une option égalitariste, comment répondre à la question démographique ?

Le natalisme est une biopolitique datée et douteuse. Historiquement, une population nombreuse était un facteur puissant de domination. Depuis Jean Bodin (1530-1596), on répète à satiété cette maxime, « Il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens : vu qu’il n’y a richesse, ni force que d’hommes. » Ces temps sont évidemment révolu, car ce n’est plus tant le nombre de bras qui importe que la qualité des cerveaux. Or, plus le taux de natalité est élevé, plus l’investissement dans l’éducation par enfant est faible… Pourtant en 2022 tous les programmes des présidentiables soutiennent la natalité alors que la pollution (au sens global) de notre planète est grosso modo proportionnelle à sa population et qu’Il n’y a pas de boulot pour tout le monde quel que soit le pays. De plus verser des allocations sans aucun contrepartie, c’est de l’argent gaspillé. N’est-ce pas d’abord et avant tout aux parents d’investir pour leurs enfants, et donc de n’avoir que les enfants qu’ils peuvent élever décemment ? Cet ajustement est déjà largement fait par les classes moyennes, au détriment parfois de leur envie de 3e enfant par exemple… Pourquoi est-ce encore et toujours à « la société » de payer ? Les allocations familiales sont même des prélèvements qui touchent ceux qui, par leur relative retenue démographique, se comportent de la façon la plus responsable et la plus écologique… Certains s’appuient pour défendre le natalisme sur le système de retraite par répartition : trop de retraités pour chaque actif, il faudrait donc plus d’enfants ! Mais c’est une pyramide de Ponzi, on reporte le problème de financement dans le temps puisque un jour ou l’autre ces personnes supplémentaires deviendront des retraités… encore plus nombreux. De plus il y de fortes probabilités avec la raréfaction des ressources que les bébés d’aujourd’hui se retrouvent 20 ans après au chômage, donc faisant croître la population à charge.

Une autre politique familiale est non seulement possible, mais nécessaire quand on a l’objectif d’améliorer le bien-être et l’éducation des enfants présents et futurs. Dans un programme politique pour la présidentielle 2022, il faudrait proposer que l’empreinte écologique des français soit réduite de façon à harmoniser notre niveau de vie et les possibilités de la planète. Cela implique de réduire à la fois notre consommation et notre nombre. Que nos citoyens comprennent que n’avons pas trois ou quatre planètes à notre disposition ; les couples doivent être au clair par rapport aux limites de la planète. Dans l’éducation nationale, il est possible de mettre en place une formation qui amène les futurs parents à réfléchir sur leurs propres responsabilités. L’éducation sexuelle ne peut pas être limitée à la présentation des moyens de contraception. Face à une crise systémique, à la fois écologique et financière, il nous faut une éducation  systémique. On pourrait même dans l’avenir instaurer un permis de procréer. Est-il un secteur de la vie humaine où il importe davantage d’avoir affaire à des personnes irréprochables que dans celui de la mise au monde d’un être humain supplémentaire ? Notons qu’il existe déjà pour les candidats à l’adoption une très officielle Procédure d’Agrément. Le législateur exige en France de « s’assurer que ceux et celles qui désirent adopter offrent les capacités familiales, éducatives et psychologiques nécessaires à l’accueil d’un enfant déjà né ». Pourquoi pas exiger la même chose quant au désir d’enfanter des futurs parents ?

Michel SOURROUILLE

Lire, Sanctions pour non respect du permis de procréer ?

6 réflexions sur “Une politique familiale à totalement repenser”

  1. et bien dansez maintenant

    Mon pote Benoît a décidé de ne pas faire d’enfant et il en souffre.
    Son entourage le fait souffrir avec leur morale et les questions intimes. Il doit sans cesse se justifier, démontrer que non, il n’est pas égoïste, ni impuissant…
    Il souffre aussi d’avoir fait cet effort « d’abstinence » pour le « bien commun » et il est triste/colère de voir autour de lui les 2, 3, 4 gamins de ses connaissances.
    Il souffre enfin de se voir sur-imposer par le Trésor Public ses impôts sur le revenu.

    1. Mon pote Alain avait décidé lui aussi de ne pas faire d’enfant. Il n’en souffrait pas, il se foutait pas mal du Kendiraton, et même de passer pour ce qu’il n’était pas.
      Et puis un jour, un beau jour, les hasards de la vie etc. il est devenu papa.
      Sur le tard et vieux motard que jamais. Oui mon pote Alain est motard. Et voilà ce qu’il m’a confié : « il aurait été dommage que je passe à côté de ça. »
      Comme quoi on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Et il vaut toujours mieux tourner sa langue dans trente six bouches avant de dire fontaine je ne boirais jamais de ton eau. 😉

  2. Esprit critique

    – « Depuis Jean Bodin (1530-1596), on répète à satiété cette maxime […] Ces temps sont évidemment révolus, car ce n’est plus tant le nombre de bras qui importe que la qualité des cerveaux. Or, plus le taux de natalité est élevé, plus l’investissement dans l’éducation par enfant est faible… » (Biosphère)

    Admettons que jusqu’à une certaine époque on répétait cette maxime de tous les côtés. Mais aujourd’hui, qui en est encore là ? Sérieusement ! Combien sont ces curetons de «bonne famille» avec 5 ou 6 gosses ? Arrêtons avec ces clichés, dont la fameuse phrase biblique, croassez, remplissez la Terre et blablabla. Ceci dit, si aujourd’hui c’est le nombre de cerveaux qui prime sur celui des bras, qu’en sera t-il demain ? Notamment demain quand il n’y aura plus que des vieux et des frileux.

    1. Et puis, statistiquement, plus il y a de naissances et plus on a de chances de voir naître de nouveaux Einstein, non ? Bon d’accord, de nouveaux Malthus aussi.
      D’autre part, pourquoi l’investissement dans l’éducation devrait-il être lié au taux de natalité ? Est-ce la baisse du taux de natalité en France qui veut que les classes soient surchargées, que les SES et le reste soient si mal enseignés, etc. etc. ?
      Finalement, que la politique familiale soit totalement à repenser… admettons.
      De toute façon TOUT est totalement à repenser. Et pas seulement en politique.
      Cela vaut donc aussi pour la doctrine du sinistre Pasteur.

  3. Où seraient les limites de cette «neutralité de l’État en matière démographique» ?
    Et pourquoi pas une neutralité de l’État dans tous les domaines ? La santé par exemple.
    Ben oui, que ceux qui n’ont pas de pognon en assument les conséquences, qu’ils crèvent après tout ! N’est-ce pas cette politique que prônait un bien sinistre Pasteur ?
    – «Quand on a un faible niveau de revenu, on n’a pas forcément besoin de faire des enfants».
    Ben oui. Besoin d’enfant ou besoin de bagnole, ou de n’importe quoi d’autre, après tout ça reste toujours un besoin. Et quand on n’a besoin de rien, eh ben on est le plus heureux des hommes. Ou la plus heureuse des femmes. C’est bien ça hein ? C’est c’là oui !
    – « On pourrait même dans l’avenir instaurer un permis de procréer. »
    Bien sûr qu’on pourrait, misère misère !
    Mais AVANT de mettre le doigt dans cet engrenage à la con, n’y a t-il pas mieux à penser ?
    Je redis que tout ça ne sent pas bon.

    1. Au diable les limites !

      – « Notons qu’il existe déjà pour les candidats à l’adoption une très officielle Procédure d’Agrément. Le législateur exige en France de « s’assurer que ceux et celles qui désirent adopter offrent les capacités familiales, éducatives et psychologiques nécessaires à l’accueil d’un enfant déjà né ». Pourquoi pas exiger la même chose quant au désir d’enfanter des futurs parents ? »

      Ben oui et pourquoi pas hein ? Au point où nous en sommes, une procédure de plus ou de moins ça ne devrait pas trop nous changer la vie, si ? Et après ça, après tous ces efforts, si le gosse ne correspond pas exactement à toutes nos attentes on exigera une procédure pour pouvoir s’en débarrasser en toute dignité.

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