vanitas vanitatum, et omnia vanitas

Le Monde fait relâche pour cause de grève générale, profitons-en pour démolir le sport de haut niveau. Cette pratique est un enfer. C’et un enfer physique, il faut se focaliser sur l’entraînement, des heures et des heures d’entraînement, des entraînement dans la douleur et dans la souffrance pour repousser toujours plus loin ses propres limites. Il faut se faire mal ! C’est aussi un enfer psychologique. On en peut pas comme Laure Manaudou nager quinze kilomètres par jour et être équilibrée ! Le sport de haut niveau est un déséquilibre. Ces athlètes ne sont pas demandeurs de réflexion. Lorsqu’on les questionne, ils répondent souvent : « Je ne veux pas me prendre la tête. » Le sportif performant révèle même son absence de réflexion sur les causes de sa motivation. S’il s’allongeait sur le divan d’un psychanalyste, il arrêterait sans doute le sport du jour au lendemain. Il est vrai qu’ils subissent trop fréquemment un véritable enfer de proximité. L’entourage est primordial, c’est lui qui porte la motivation première. Combien de pères abusifs ont poussé jusqu’à la dépression leur progéniture ! Combien de mères ont fait de leur propre désir de gloire un transfert sur leur enfant! Combien d’entraîneurs ont joui dans une relation de maître à esclave envers leur poulain ou leur pouliche ! Alors, pourquoi cet enfer, pourquoi ce masochisme ?

Cet enfer existe parce qu’il est pavé de vanité. Le goût de la performance, c’est souvent pour être le premier, pour cet afflux d’adrénaline qui rend artificiellement heureux sous les applaudissements. Et puis il y a l’amour de soi dans l’œil du public ; le sportif de haut niveau sait qu’il rentre dans le sport spectacle, qu’il devient l’objet de tous les regards, et cela ne peut que flatter son amour-propre. Je crois même que la motivation financière n’est pas la motivation principale du sportif, la reconnaissance sociale est souvent suffisante. Mais c’est alors le sportif en chambre qui est coupable de vouer à l’enfer les sportifs de haut niveau. C’est lui, c’est son regard qui pousse certains individus à se surpasser jusqu’à aller au-delà de leurs limites.

Supprimons les spectateurs, et il n’y aura plus de sportifs de haut niveau, il n’y aura plus ces gloires déchues et ces corps brisés.