Végan, l’art de l’ersatz et de la confusion des valeurs

Les végans sont choyés par LE MONDE, ils peuvent dire merci à la journaliste Catherine Vincent*. Mais il est discutable de vouloir confondre les végétariens, les végétaliens un peu plus radicaux, et les extrémistes végans pour qui tout produit issu de l’exploitation animale est à bannir. Il est inconsidéré de prétendre que « le mouvement antispéciste n’est jamais très éloigné du véganisme ». Il est encore plus contestable de réduire le débat à la question qui tue : « Est-il loisible, recommandé ou condamnable de tuer des animaux pour les manger ? » Il est sans consistance aucune d’évoquer « des raisons morales » au choix végan. A force d’approximations, il s’agit pour cette militante du véganisme de laisser le lecteur dans l’ignorance de ce que veulent dire les mots et les pratiques.

Éclairons le débat. Le végétarisme exclut tout régime alimentaire basé sur la consommation de chair animale (viande, poissons ou crustacés). Le végétalisme s’interdit en outre tout produit issu des animaux, œufs, miel, laitages. Le véganisme va encore plus loin et récuse toute forme de contact avec les animaux, le cuir, la soie, la laine et tout produit contenant des matières animales. Autant dire que la tendance végane est soutenue de multiples manières par le marché des substituts aux produits animaux ! Lors d’un VeggieWorld**, un autre journaliste du MONDE JP Géné avait une présentation très réaliste du mouvement véga: « Le végan, ou l’art de l’ersatz. Adieu fruits, légumes et produits frais ! Le salon VeggieWorld s’est transformé en paradis du produit industriel. L’originalité n’est guère au rendez-vous  : hamburgers, cookies, bagels, nems, macarons… chips, barres énergétiques ou chocolatées se disputant les faveurs du public. Seule différence avec l’ordinaire du dehors  : la matière première a changé. Nous entrons au royaume du soja et du seitan (à base de blé). Dans un salon d’obédience strictement végétarienne, on pouvait s’attendre à une abondance de fruits et légumes, de denrées fraîchement sorties de la terre, si possible de proximité. Il n’en est rien. Les produits manufacturés règnent en maîtres dans les rayons, sous tous les emballages possibles  : plastique, carton, bocaux, tubes, sous vide, surgelés, etc. Avec des appellations à faire frémir  : filet de tofu à l’ail des ours, space bar apéro red hot chili peppers, vég’escalope à la viennoise, rôti campagne, bloc de fromage saveur intense, avec, chacun, une liste d’ingrédients longue comme le bras. Prenons l’exemple du fromage. Les végans s’interdisent d’utiliser tout produit laitier, fruit de l’exploitation de la vache ou de la brebis, mais ils en proposent pourtant une vaste gamme  : bloc fromage goût fort de Wilmersburger (made in Germany), mozzarella classique de Mozzarisella (made in Italy), cheddar style ou american style de la marque Tofutti (made in USA), et même camembert. En examinant leur composition, on apprend ainsi qu’on peut fabriquer du fromage avec de l’eau, du tofu, de l’huile de soja, de l’huile de noix de coco non hydrogénée, des flocons ou de l’amidon de pomme de terre, du jus de tomate, du riz brun fermenté, de la farine de caroube, de la gomme arabique, du vinaigre de pomme – tous garantis bio et avec les additifs, conservateurs, stabilisants, arômes et colorants «  naturels  » de rigueur  : agar-agar, xanthane, carraghénane, acide lactique, maltodextrine, bêta-carotène etc. »

En fin de compte, donner du lait de soja au nourrisson plutôt que le lait de sa mère, il faudrait quand même bien réfléchir… 

* LE MONDE idées du 25 août 2017, Véganisme, une révolution de palais

** LE MONDE magazine du 15 avril 2016, Le végan, ou l’art de l’ersatz

5 réflexions sur “Végan, l’art de l’ersatz et de la confusion des valeurs”

  1. Séverine Fontan

    @Stop les mensonges

    Le véganisme n’est pas une idéologie, mais un mode de vie bienveillant, une éthique. Et tous les vegans sont loin d’être des extrémistes.

  2. Le végétarisme… c’est le sujet qui fâche. Rien que dire que les végans sont des extrémistes doit faire hérisser le poil de ces « charmants » bisounours.
    Je me suis déjà essayé à discuter avec certains végans et j’en suis arrivé à penser que ça ne servait à rien. Par contre je connais des végés (végétariens, ou liens) qui ont l’esprit plus ouvert. C’est tout ce que je peux en dire.

  3. @Stoplesmensonges, si vous relisez mon commentaire, vous découvrirez que je dis, non pas que donner, à la place du lait maternel, du lait qui soit végétal soit un progrès, mais exactement le contraire. J’ai dit que le lait végétal devait remplacer, non pas le lait maternel humain, mais le lait bovin, lait bovin dont l’actuel niveau de production implique des choses inacceptables telles que :
    -le fait de violer des vaches et des taureaux (malaxage des testicules pour récupération de sperme puis insémination)
    -le fait que de la mère du veau ce dernier soit séparé
    -que les bovins soient séquestrés dans des espaces qui leur soient trop peu vastes
    Autrement dit : qu’à propos de mon message (lequel message n’est que pure vérité) vous écriviez « Surtout pas se fier au commentaire ci-dessus » n’a aucun bon sens.

  4. Stoplesmensonges

    Surtout pas se fier au commentaire ci-dessus…le lait vegetal est incontestablement pas bon pour le developpement physiologique et neuronal des nourrissons…sans parler des carences, mortelles pour certain cas….lait vegetal pour nourrissons = risque de mort et prisons pour les parents. La justice n’a que faire, heureusement, de l’ideologie vegane !!! Pour memoire, toute dictature commence par une ideologie que l’on impose aux autres !!!!

  5. Le véganisme est une philosophie honorable qui n’a pas à être mise en concurrence avec l’écologisme.

    Donner au nourrisson humain du lait végétal à la place du lait de sa mère n’est pas un progrès. En revanche, donner au nourrisson du lait végétal plutôt que le lait de la vache, lait dont a besoin le veau, est incontestablement bon.

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