viol de la Terre

L’un des problèmes fondamentaux posés par toutes les traditions culturelles concerne la relation entre les hommes et la nature. Les hommes font-ils partie intégrante de la nature ou bien constitue-t-ils une espèce à part et d’une certaine façon supérieure ? La réponse à cette question est cruciale pour déterminer comment les différentes religions ou éthiques décident de la légitimité des actions humaines dans la Biosphère. Nos connaissances sur l’attitude des groupes de chasseurs-cueilleurs montrent une variété de croyances tournant autour de l’interdépendance des hommes, des plantes et des animaux ; ce qui n’a rien d’étonnant étant donné leur étroite relation avec la nature dans leur quête de nourriture. Contrairement aux sociétés modernes, ils ne font pas de distinction entre la nature et la société.

 

On trouve déjà dans la Politique d’Aristote une expression précoce d’une conception profondément anthropocentriste du monde. Partant du principe que les plantes sont faites pour les animaux, il en conclut que, « si la nature ne fait rien d’incomplet et rien en vain, il faut en déduire qu’elle a créé tous les animaux dans l’intérêt de l’homme ». On accorde aussi à l’homme la suprématie sur le reste de la création avec cette bénédiction divine contenue dans la bible : « Croissez et multipliez-vous, remplissez la Terre et vous l’assujettissez, dominez sur le poisson de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la Terre… » (Genèse, chap. I). Ces opinions dominatrices réapparaissent sous un aspect à peine différent chez nombre de penseurs modernes. Ainsi John Stuart Mill, dans Trois Essais sur la religion, écrivait de la nature : « Ses pouvoirs s’en prennent souvent de façon hostile à l’homme qui doit lui arracher par la force et par l’ingéniosité le peu qu’il parvient à lui soutirer pour son propre usage. » Parallèlement à cette continuité de la pensée européenne sur la relation homme/nature est né un concept nouveau et puissant : l’idée de progrès. Le monde antique ne connaissait guère ce concept. Il fallut attendre la fin du XVIIe siècle pour que le développement constant des connaissances scientifiques et les progrès réguliers de la technologie commencent à convaincre les penseurs que l’Histoire pourrait bien être la chronique d’un progrès plutôt que celle d’une décadence. Cette conception du monde a contribué à fournir aux Européens une autojustification intellectuelle aux dégâts qu’ils ont causés à l’environnement, à la façon dont ils ont remodelé à leur gré d’autres sociétés et dont ils ont exploité les ressources naturelles du monde.

 

La notion de l’homme responsable de la préservation de la nature est donc depuis longtemps minoritaire. La Biosphère te demande de tout faire pour qu’une nouvelle éthique de la Terre progresse dans les consciences. 

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