Zoé, véhicule électrique tout public, fiasco assuré

Jean-Michel Normand est le journaliste du MONDE préposé aux bagnoles. Il nous présente Zoé*, la première voiture électrique « grand public ». Voici le commentaire de Biosphere.

Normand : « Renault a investi 4 milliards d’euros dans les véhicules « zéro émission » de gaz à effet de serre. »

Biosphere : Un vélo est aussi un véhicule « zéro émission » dont les frais de conception sont amortis depuis longtemps.

Normand : « Parfaitement silencieuse, Zoé ne laisse entendre que des bruissements aérodynamiques. »

Biosphere : En termes de silence, le vélo supporte bien la comparaison.

Normand : « L’embonpoint de Zoé (1,4 tonnes) s’explique par la présence de près de 300 kg de batteries. »

Biosphere : Le ratio 1 ou 2 personnes de 60-80 kg pour un véhicule de 1400 kg… Pas terrible quand on sait qu’un vélo ne fait que 20 kg environ et un tandem pas beaucoup plus !

Normand : « Son moteur développe l’équivalent de 88 ch, délivre des accélérations vigoureuses et immédiates. »

Biosphere : Ah ! le mythe de la vitesse. La réalité de demain obéira aux principes « moins vite, moins loin et moins souvent », au rythme de nos pédales.

Normand : « Magie de la fée électricité ! »

Biosphere : illusion de l’électricité qui est produite à 70 % dans des centrales nucléaires et nécessite des kilomètres de fils. Il s’agit d’une technique hétéronome, extériorisée, alors que le vélo permet l’autonomie, n’ayant besoin que de la force physique du cycliste.

Normand : « Un « plein » d’électricité ne dépasse pas 2 euros. »

Biosphere : Se déplacer en vélo ne coûte que la nourriture et permet au surcroît d’entretenir sa forme physique.

Normand : « Opter pour une électrique, c’est laisser vibrer une corde sensible environnementale. »

Biosphere : Miracle du greenwashing qui fait passer un véhicule super polluant pour une voiture propre. Quelle nocivité pour produire tous ses composants ? Quel recyclage ? Quelle durée de vie des batteries ?

Normand : « Le succès ou l’échec de Zoé permettra de savoir si l’époque est prête à tourner la page du moteur à essence. »

Biosphere : Nécessité fait loi. Avec une énergie qui deviendra de plus en plus cher étant donné la déplétion des hydrocarbures, l’avenir est au vélo.

Normand : « Les ventes dépendront de la profondeur des convictions des consommateurs et de leur capacité à changer leurs habitudes ».

Biosphere : Ce jour-là 21 octobre 2008, LE MONDE avait fait un long reportage sur de pauvres malheureux qui avaient passé « huit semaines sans voiture ». Il s’agissait d’une expérience inoubliable pour les quatre personnes concernées. Le sapeur-pompier : « Avant, je pensais voiture ». Une salariée de banque ajoutait, « J’étais intoxiquée ». Un réalisateur de télévision concluait: « Après dix jours de sevrage, je n’éprouvais aucun symptôme de manque ! » Pourtant la journaliste Nathalie Brafman osait en dernière phrase : « Même si elle dort pratiquement tout le temps au parking, la voiture, c’est la liberté. Et la liberté, ça a un prix ! » Non, Nathalie, la voiture n’est pas une liberté mais un esclavage, une pompe à pétrole et un perturbateur de climat. Non, Jean-Jacques, la voiture électrique n’est pas un substitut fiable au moteur thermique. Il faut en prendre conscience, les journalistes sont aussi là pour nous éclairer.

* LE MONDE du 8 mars 2013, Avec Zoé, Renault voudrait tomber pile