(aux éditions Sang de la Terre, 370 pages pour 19 euros)
Sommaire du livre
préface : de René Dumont (1974) à Nicolas Hulot (2016)
chapitre 1 : une présidentielle incontournable mais inconfortable
chapitre 2 : des présidents en titre, des présidentiables écolos (1959-2017)
chapitre 3 : des partis balbutiants au niveau écologique (de l'extrême droite à l'extrême gauche)
chapitre 4 : Programmes écologistes, quelques éléments historiques (entre 1971 et 2016)
chapitre 5 : organigramme d'un gouvernement écolo (page 133 à 212)
chapitre 6 : perspectives pour le XXIe siècle, donner vie à l'utopie (page 213 à 270)
- un changement de paradigme : prépondérance du facteur Biosphère
- le concept d’égalité : abolition de la richesse économique
- le concept de liberté, un mécanisme d'aliénation à dépasser
- la solidarité : moins de biens, plus de liens
- la problématique malthusienne : l'action sur la population et l'alimentation
- le processus technologique : la limitation de l'innovation
- la nature des communications : valorisation des rapports de proximité
- les acteurs du changement : de la toute puissance étatique à l'autonomie individuelle
- la question éthique : les valeurs comme processus de hiérarchisation des choix
- le processus de décision : vers une démocratie élargie
chapitre 7 : Démocratie ou écofascisme, les tendances actuelles
BIBLIOTHEQUE : les grands livres de l'écologie politique (page 287 à 320)
Une présentation des auteurs est suivie d'un extrait du livre.
Le florilège commence en 1516 (L’utopie de Thomas More)
pour se terminer en 1979 (Vivre sans pétrole de JB Grégoire)
LEXIQUE à l'usage des électeurs (page 321 à 366)
On commence par Acteur absent pour terminer par ZAD en passant par Effet rebond, Parrainage, etc.
La citation en exergue du livre montre l'idée générale du livre :
« Pour qu’un écologiste soit élu président, il faudrait que les arbres votent. » (Coluche)
Pour la présidentielle, faisons voter les arbres !
Votons pour les générations futures, votons pour un programme écolo !
Début de la préface
« L’écologie au pouvoir ! » Cela fait sourire. Notre époque est à la lutte contre le terrorisme, l’endiguement du chômage, le contrôle des flux migratoires, la montée de l’extrême droite. L’écologie politique est au plus bas, fractionnement des partis qui se réclament de l’écologie, ralliements à la gauche, au centre, à tout ce qu’on veut. Et pour le climat, pas d’inquiétude, le gouvernement Hollande a fait en sorte que tous les États se mettent d’accord à la COP21 de Paris.
« Présidentielle, l’écologie au pouvoir ! » Qui peut y croire ? Il y a au moins un candidat écologiste qui se présente sans interruption aux présidentielles depuis 1974. Les scores n’évoluent pas, l’écologie politique reste au plus bas. René Dumont obtient 1,32 % des voix au premier tour de la présidentielle 1974, Eva Joly seulement 2,28 % en 2012, presque quarante ans plus tard. Comme seuls les deux candidats arrivant en tête peuvent participer au deuxième tour, les petits candidats sont rapidement oubliés par les médias et l’opinion publique. L’accès au pouvoir se joue entre la droite et la gauche, seule l’extrême droite a progressé depuis la première candidature de Jean-Marie Le Pen en 1974. Le Front national a même pu parvenir au second tour de la présidentielle 2002. Les craquements de la planète, les chocs pétroliers, le réchauffement climatique… tout cela paraît lointain aux yeux des électeurs. Ce sont les recettes traditionnelles de la cuisine électorale qui tiennent encore le haut du pavé. Face à cette tambouille, c’est le vote « contre » qui devient majoritaire.
« Présidentielle, bientôt l’écologie au pouvoir ! » Cela paraît pourtant une évidence. La mer monte avec le réchauffement climatique et vingt et une années de parlottes diplomatiques (COP21) n’ont rien changé à un phénomène qui ne va que s’amplifier avec nos émissions de gaz à effet de serre. Le pétrole devient de plus en plus sale avec les sables bitumineux de l’Alberta ou les forages offshore qui mazoutent les mers. Le gaz est difficilement extrait, par effraction des roches, et on laisse faire… Mais justement les populations commencent à se révolter : lutte contre les gaz de schiste, occupation des zones à défendre contre les projets d’aéroports ou de lignes à grande vitesse, fauchage volontaire des OGM, essor du végétarisme contre la malbouffe, inquiétudes pour l’avenir… La conscience que la planète et tous ses habitants sont en danger progresse, nous sommes tous concernés, il se forme un peuple écolo. S’il y a un décalage entre les votes et les mentalités, c’est seulement dû à la force des habitudes et au poids du passé. Depuis plus d’un siècle, on privilégie le positionnement droite/gauche et le combat entre capitalistes et travailleurs. Les péripéties électorales oscillent entre libération des mœurs et recherche de la « sécurité ». Mais qui aurait pu dire à la fin du xviiie siècle en France qu’on allait couper la tête du roi et proclamer la République ?
Alors oui, l’écologie sera bientôt au pouvoir. Les ruptures sont souvent brutales au niveau de l’expression électorale, mais préparées de façon souterraine par la maturation des consciences. La sécurité fondamentale des populations n’est pas rattachée à des attentats terroristes somme toutes ponctuels, mais dépend des paramètres qui font qu’on puisse travailler et vivre en paix sur un territoire déterminé : autonomie énergétique, souveraineté alimentaire, bons rapports de voisinage, démocratie locale, etc.
Alors oui, l’écologie sera bientôt au pouvoir. Bientôt ! Nul ne peut dire à quelle date précise. Lors de la présidentielle 2017 ou 2022, lors d’une élection européenne, aux législatives ? Dans un monde surpeuplé, surexploité, exsangue, avec un chômage de masse et des conditions de travail qui poussent au burn out, ce sera l’écologie au pouvoir ou l’autoritarisme d’un gouvernement au service d’une caste. Car tout est lié à l’état de nos ressources naturelles, le terrorisme, le chômage, les migrations, la montée de l’extrême droite. On ne connaît la paix sociale, le travail pour tous, le bonheur de rester dans un territoire déterminé que si on vit dans une société en équilibre avec son écosystème. En période de pénurie croissante et de descente énergétique, situation que nous allons vivre de façon amplifiée et exacerbée au cours du xxie siècle, les maux de la société actuelle seront exacerbés et les combats électoraux épiques : la ligne de fracture se situera entre ceux qui ont conscience des limites et ceux qui croient à la toute puissance de l’espèce Homo sapiens et de sa technoscience, entre ceux qui voudront retrouver une harmonie entre les humains et leur milieu naturel de vie et ceux qui feront en sorte qu’on se batte les uns contre les autres.
Ce livre est fait pour donner quelques raisons d’espérer. Une présidentielle en France propose un choix de société. Le choix d’une société écologiste sera celui d’une communauté où nous voudrons tous devenir écologistes, changer de comportement, s’impliquer dans la vie associative et politique, agir avec le président de la République. Le lundi 6 mai 1974, René Dumont faisait le bilan de sa candidature à la présidentielle de 1974. Historiquement, il était le premier candidat à la charge suprême au nom de l’écologie. L’écologie était devenue politique. Il écrivait : « On nous donne 1,34 % des voix (336 000 électeurs). Je dis bien “nous”, car je n’ai jamais appelé à voter pour moi. Le grand public esquisse une prise de conscience fondamentale, 68 % des Français se disent avertis des dangers que nous signalons. L’Écologie politique est désormais placée sur orbite… » Le texte ci-dessous est tiré du livre relatant sa campagne. (René Dumont, À vous de choisir : l’écologie ou la mort - La campagne de René Dumont, Paris, Pauvert, 1974)
Une fois la nourriture et le logement assurés, aucun problème n’est plus important pour l’avenir de la France que l’environnement. Voilà pourquoi le mouvement écologique devient politique. Voilà pourquoi, pour la première fois dans l’histoire des sociétés, un homme présente sa candidature à la direction d’un État avec pour programme la préservation de la vie. Il est grand temps que réagissent tous ceux qui se préoccupent de la société que nous laisserons à nos descendants.
Personne n’est admis à avoir une vue globale des choses, ce qui est désastreux d’un point de vue écologique car tout est lié à tout. L’Écologie, c’est un mot simple. Il veut dire que l’homme comme toutes les espèces vivantes, est inclus dans un milieu qui comprend la nature, les autres espèces vivantes, les autres hommes et qu’il ne peut se permettre de détruire ce milieu sans se détruire lui-même. On doit comprendre que la défense de la nature ne se limite pas à tel ou tel point particulier, mais exige une remise en cause fondamentale pour aboutir à notre double objectif :
Réduction fondamentale des injustices sociales à l’échelle mondiale, en vue de la réduction prioritaire du gaspillage et des consommations abusives des riches ; donc de leur nombre comme de leur revenu.
Élaboration d’une civilisation à basse consommation d’énergie, de viande et de métaux, économisant pour les générations futures les ressources rares de la planète, arrêtant le pillage du tiers-monde et la destruction de la nature, source de toute vie.
Malheureusement l’écologie n’a pas fait depuis 1974 de percée au niveau électoral. Pire, les objectifs restent toujours les mêmes car rien ou presque n’a été réalisé par les gouvernements successifs pour tenir compte de l’urgence écologique. Tous les indicateurs de la planète sont passés au rouge vif. René Dumont disait que « le choix n’est plus entre tel ou telle pour la présidentielle, mais entre l’écologie et la mort ». De plus en plus de spécialistes prédisent maintenant que l’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle est possible. Plus nous attendons pour mettre l’écologie au pouvoir, plus cela devient probable.
En 2006, Nicolas Hulot a fait une autre tentative, cette fois au niveau de la sensibilisation de tous les candidats à la présidentielle 2007. Notons que son « Pacte écologique » a été signé par la presque totalité des candidats à la fonction suprême. Mais pendant les deux quinquennats qui ont suivi, le Pacte est resté lettre morte pour les présidents en place, Nicolas Sarkozy puis François Hollande (...)