Victimes de la structuration socio-économique

Dès mon premier d’enseignant en 1975, j’ai choisi de me domicilier de telle façon que je pouvais gagner le lycée à pied. Il est vrai que l’année 1973 avait connu le premier choc pétrolier, l’époque se prêtait à la limitation des déplacements. Malheureusement tous les lycéens ou presque faisaient la route, mon action individuelle n’était rien car le système éducatif était structuré pour obliger à se déplacer. Nous sommes victimes des (infra)structures. De même les entreprises répondent au marché, qui est structuré pour nous faire acheter plus global que local. Les candidats à l’embauche, même au plus haut niveau, sont donc victimes de la structuration socio-économique qui oblige la presque totalité des entreprises à laisser de côté le sens d’une production écologiquement acceptable. Ce qui veut dire que le passage à la sobriété partagée et aux boulots écolos n’adviendra que quand le système s’effondrera faute de combustibles fossiles…

C’est pourquoi le fait que quelques RH (relations humaines) soient bousculées par quelques spécimens de la génération climat est le signe précurseur d’un changement nécessaire, mais de la coupe aux lèvres il y a un gouffre.

Margherita Nasi : « Quels sont vos engagements environnementaux ? Vous n’êtes pas une entreprise à mission, pourquoi ? Telles sont les questions qui sont fréquemment adressées aux recruteurs. A l’ère de l’urgence écologique, les entretiens d’embauche se muent en interrogatoires sur la sincérité et l’ampleur de l’engagement des entreprises. « Hier, ma fiancée s’est vu refuser une proposition d’emploi… parce qu’elle refuse de prendre l’avion. Mais le pire, c’est que l’entreprise se vante d’être neutre en carbone et de soutenir WWF. »… « Every job is a digital job », martelait-on dans les années 2010, « aujourd’hui, on pourrait ajouter : “Every job is a green job.”… De nombreux collectifs de collaborateurs se réunissent pour débattre de bonnes pratiques individuelles mais aussi de la politique environnementale de leur entreprise : c’est très perturbant pour les RH, car ces collectifs s’apparentent aux syndicats, sauf qu’ils ne sont pas élus.  A terme, d’autres sujets pourraient percuter les RH comme l’écoanxiété »

Le point de vue des « écologistes » réalistes

JeanMichel : Tellement drôle. On devrait distribuer cet article de Margherita à tous les moins de 30 ans qui remplissent chaque jour les bétaillère de ryanair et easyjet, qu’ils découvrent cette nouvelle génération intransigeante.

Bonjour : Il faut arrêter de dire des bêtises sur les jeunes générations qui veulent des comportements plus vertueux envers l’environnement. Chaque fois que nous avons un nouveau jeune dans nos locaux, il faut faire son éducation pour qu’il pense à éteindre la clim et les lumières en partant, pour qu’il cesse de mettre l’eau chaude à fond pour se laver les mains en été, pour qu’il mette dans les bonnes poubelles ses déchets et qu’il n’est pas obligé d’imprimer à nouveau son compte rendu à chaque correction. Fille ou garçon, c’est pareil ! Ce qu’ils veulent c’est que les autres fassent des efforts à leur place.

TEXAGERE : C’est étonnant ces jeunes de cet article… Je ne dois pas avoir les mêmes dans mon entreprise. À part un (je dis bien un seul) qui a réussi à dire lors d’une réunion qu’il n’était pas assez fou pour polluer la planète qu’il va laisser à son jeune fils, les autres participent allègrement et souvent avec zèle au torchage de gaz, à l’émission tout azimut de CO2, aux A/R en classe affaires pour terminer notre projet dans les temps impossibles exigés par notre client d’une grande compagnie pétrolière assez connue. Votre article ne serait il pas limiter à quelques exemples qui cacheraient la forêt?

Benjamin_P : Enfin, si vous travaillez dans le pétrole, ce n’est pas très étonnant. Il n’y a pas non plus beaucoup de pro nucléaire à la CRIIRAD…

Rose : On aimerait des statistiques dans cet article. Pour l’instant la majeure partie des jeunes qui cherchent un travail n’ont pas les moyens de refuser un beau poste au prétexte qu’il y a des gobelets en plastique à la machine à café.

Nemorosa : Très bien les jeunes. Maintenant on passe à l’étape suivante du raisonnement : une entreprise, par essence, a pour but de produire. Si vous refusez de participer, travaillez pour vous, travaillez la terre, produisez votre propre nécessaire, travaillez votre être, écoutez la musique, écoutez le vent, écoutez la forêt, marchez sur la Terre, projetez vos esprit loin dans l’univers et dans le temps, revenez à ce que vous êtes (des animaux conscients) et non pas à ce qu’ils veulent que vous soyez (des consommateurs abrutis). Moins de béton, plus de poésie. Nous devons mettre fin à l’artificialité des lieux et des esprits.

Lire, La transition écologique nécessite une déstructuration

extraits : Le pouvoir n’est ni dans les assemblées politiques, ni parmi les dirigeants des entreprises, encore moins dans la rue, le pouvoir est celui de l’état de nos infrastructures matérielles à un moment donné. C’est pourquoi « Réindustrialiser la France tout en réduisant les émissions de carbone » devient un casse-tête insoluble. « Fin de mois », contre « fin du monde », cette opposition ne peut se résoudre que par la déstructuration de la société thermo-industrielle. Les seules prémices d’une remise en question des infrastructures est issu du mouvement de contestation des grands travaux inutiles et imposés…

Le pape a dit : « Les migrants au Vatican »

Il y a comme une incompatibilité entre des versions hors sol des flux migratoire et le réalisme de la fin des déplacements sur une planète saturée d’humains. A Marseille le 23 septembre 2023, le pape François lance un appel vibrant en faveur des migrants :

« Nous sommes réunis à Marseille en mémoire de ceux qui n’ont pas survécu, qui n’ont pas été sauvés… Ne nous habituons pas à considérer les naufrages comme des faits divers et les morts en mer comme des numéros. Non ! ce sont des noms et des prénoms, des visages et des histoires, des vies brisées et des rêves anéantis. Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par le fanatisme de l’indifférence.

Nous sommes à un carrefour des civilisations. D’un côté, la fraternité, qui féconde de bonté la communauté humaine, de l’autre l’indifférence qui ensanglante la Méditerranée. Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation. »

Le point de vue des écologistes pied sur terre

Colon : Il dit juste de ne pas les laisser se noyer et mourir en masse… comment peut-on être contre ça ? Après, faudrait qu’il change son discours sur la contraception…

moderateur : Le Pape est un donneur de leçon et les grands parleurs sont de petits faiseurs.Je lui propose dans sa miséricorde d’accueillir, lui aussi, des migrants au Vatican qui est un Etat car la charité bien ordonnée commence par soi-même.

Gradlon : « J’espère avoir le courage de dire ce qu’il faut dire » dixit le pape. J’espère que le pape, les médias, les politiques, les religieux, les gauchistes auront le courage de lire ce que vais écrire. Nulle population ne peut vivre au-delà des ressources dont elle dispose. Celles de la population humaine sont dépassées depuis longtemps, et de surcroît, l’humain est un assassin de la faune et de la flore. Ceux qui s’indignent d’une soi-disant inhumanité, alors qu’il s’agit de réalisme et d’instinct de survie. Nous vivons dans un monde avec un jeu à somme nulle. Il n’y a de la vie que parce qu’il y a la mort car la terre ne peut nourrir une infinité d’individus. La vie de la faune et flore a autant de valeur que celle des humains.

Lecteur Masqué : Si des migrants se retrouvent en mer ce n’est pas de la responsabilité des pays où ils cherchent à entrer. Mais bien de ceux dont ils sont originaires et qui peinent à leur assurer une vie décente et un avenir. Il semble que le Sénégal l’a bien compris puisque qu’un accord a été passé avec l’Espagne qui renvoie systématiquement les migrants arrivant aux Canaries.

M. LE CENSURÉ : L’OPA du gnangnan bienheureux finira d’achever le catholicisme traditionnel. Ce Pape devrait savoir que les évangiles ne sont pas un manifeste gauchiste en faveur d’une submersion migratoire. En déplaisent aux bobos qui ignorent la théologie mais : Le Christ a dit d’aider son prochain, pas ses « lointains » ; Le christ ne fait pas l’apologie de l’aide à l’étranger, il prône la générosité désintéressée, l’idée de dire que la solidarité entre proches n’en est pas vraiment car on recevra la pareille, l’acte de donner devient réciproque ; étranger a le sens de païen, pas de migrants.

Suie de Pampy : Quelque chose que je ne parviens vraiment pas à comprendre, c’est pourquoi sauver ses pauvres gens de la noyade, ce qui est un devoir absolument dirimant, impliquerait de les accueillir définitivement.

Octogénaire : Quand un homme se noie, il n’y a pas d’autre solution valable que de lui tendre la main et de chercher à le sauver. C’est l’urgence absolue. Ensuite, le rôle de toute société est de mettre en place les mesures indispensables pour éviter qu’une telle situation se reproduise. Il est pratiquement certain que des mesures coercitives, entre autres le contrôle des naissances, doivent être mises en place. Mais là, il n’y a plus personne pour le prôner… Accueillir l’étranger, dans son individualité oui. 100 fois oui. Accueillir des mouvements de population entiers prêts à déstabiliser de fond en comble les sociétés d’accueil, sans égard à ses capacités et ses seuils de tolérance n’a rien à voir avec le fait de chercher sauver des vies individuelles. Plus que quiconque, le pape devrait savoir que l’Enfer est pavé de bonnes intentions. Plus nous serons proactifs et généreux dans l’accueil des migrants – tout en mettant un minimum de règles et de limites – plus ils seront prêts à prendre des risques inconsidérés, et donc à mettre leur vie, en péril pour venir en Europe. Et plus cela fera la fortune des réseaux criminels et des passeurs – ce qui est là aussi un angle mort du discours du pape François.

joelle Koenig : Le problème des migrants devient une question de civilisation qui s’intensifie. On n’est loin d’ avoir tout vu. Cela ne fait que commencer. La question va bien au delà des migrants qui se noient en Méditerranée. Le désastre climatique va provoquer des migrations fantastiques, les inondations en Libye ont provoqué des milliers de morts, le tremblement de terre au Maroc, la guerre en Ukraine a provoqué aussi des migrations. Ne croyez pas que le problème ne touche que l’ Europe. Il y avait à la télévision américaine les jours derniers les images de ces milliers de migrants qui arrivent à la frontière du Texas. Ils traversent à pied le Rio Grande avec de l’eau jusqu’à la taille, venant entre autre du Venezuela où la situation économique est catastrophique..…

Fmo : Je ne comprends pas pourquoi le pape d’adresse à L’Europe qui est le point d’arrivée des migrants alors qu’ils ont choisi eux mêmes de faire la traversée. C’est en Afrique que le pape doit aller parler pour empêcher les pays de laisser partir ces jeunes aux risques des bandits et des noyades. Pour aider ces gens, c’est à la source qu’il faut agir. Si des gens décident de sauter d’un avion sans parachute ça ne sert à rien de demander au pays d’atterrissage de les soigner et de leur donner des chaises roulantes.

PersonneLambda : Le pape va-t-il appeler aussi à l’éducation autour de la contraception partout dans le monde ? Il faudrait sans doute y réfléchir…


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Réfugié climatique, mais pour aller où ? (septembre 2023

Régime migratoire du XXIe siècle (septembre 2023)

Migration, la violence est au bout du chemin (septembre 2023)

Le modèle danois en matière de non-immigration (juin 2023)

L’immigration, une obligation pour certains (juin 2023)

La difficile gestion de l’immigration (avril 2023)

Réguler l’immigration, est-ce du racisme ? (mars 2023)

démographie et migrations environnementales (février 2023)

Démographie et immigration, 2 sujets tabous (janvier 2023)

Migration comme solution au déclin, délirant (2022)

L’arrêt forcé des migrations se mondialise (2021)

Politique écologique et migrations (2020)

Problème, anti-migrants ou anti-immigration ? (2020)

LFI hésite à parler vrai sur la fin des migrations ! (2018)

Immigration, l’écologie politique est-elle humaniste (2018)

La fin des migrations sur une planète close et saturée (2018)

Une nouvelle dimension aux migrations, insupportable (2017)

Que faire pour limiter les flux d’immigration/émigration (2016)

L’immigrationisme pousse à la guerre de tous contre tous (2016)

Liberté…, immigration – la France à l’heure des choix (2016)

Immigration, débat entre malthusiens et écosocialistes (2015)

Immigration : Europe passoire ou Europe forteresse ? (2015)

Le durcissement australien en matière d’immigration (2015)

Les Suisses ont voté halte à « l’immigration de masse » (2014)

En Suisse, le peuple devra trancher sur l’immigration (2014)

Fr. Hollande, l’immigration et la saturation de l’espace (2014)

La fin des migrations, en Europe et ailleurs (2013, Mayotte)

ECOPOP, limiter l’immigration pour protéger la nature (2012)

arrêt des migrations et ressources vitales (2011, Malek Boutih)

l’écologie contre les migrations (2011)

la fin des migrations (2010)

L’immigration fera l’identité nationale (2009)

immigration zéro (2007)

Réfugié climatique, mais pour aller où ?

De la part d’un correspondant de ce blog biosphere.

Michel Sourrouille, seul intervenant  lors d’une conférence-débat organisée par l’université populaire de Sud-charente sur les réfugiés climatique (14 septembre 2023)

Climat, réchauffement et démographie

Introduction

Encore faut-il se mettre d’accord sur les termes du débat. Pas de climato-sceptiques dans la salle ? Très bien, on peut avancer plus vite. La cause du réchauffement est humaine, nos émissions de gaz à effet de serre dépassent les capacités naturelles de recyclage. Nous allons donc connaître au niveau planétaire une augmentation moyenne supérieure à 2°C, d’où à la fois désertification, inondations, incendies et afflux de réfugiés de l’intérieur des terres. Après une hausse moyenne de 20 cm au XXe siècle, les océans devraient encore s’élever de 30 cm d’ici à 2050 quoi qu’on fasse et de 26 à 86 cm à l’horizon 2100 par rapport à la moyenne 1986-2005. Les bords de mer en difficulté vont donc accroître le flot des migrants. L’espace se réduit pour accueillir l’humanité. Mais on ne fait (presque) rien pour lutter contre le réchauffement climatique.

Pas de nataliste dans la salle ? Il est vrai que nous avons dépassé fin novembre 2022 le chiffre de 8 milliards (pour 1 milliard en 1800 et 4 en 1974). La planète est déjà saturée de bipèdes, la surpopulation est généralisée. Or entre 2008 et 2014, les catastrophes naturelles avaient déjà déplacé 166 millions de personnes, soit en moyenne chaque année 27,5 millions. Près de 216 millions de personnes pourraient être obligées de quitter leur foyer d’ici à 2050 à cause du réchauffement climatique. Si on ne fait rien politiquement pour maîtriser la croissance démographique, par contre on fait tout pour maîtriser les flux migratoires. Voici le contexte général.

Je traiterai dans un premier temps l’état actuel du droit international pour aborder ensuite les réalités contemporaines.

1) le débat juridique

L’enjeu n’est pas mince car le statut de réfugié implique des droits. Or définir les migrants environnementaux comme réfugiés est problématique : ils ne sont pas protégées par la convention de Genève de 1951 qui garantit seulement une protection aux personnes « craignant avec raison d’être persécutées du fait de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques ». Les sans terre ne sont pas considérés comme forcés à migrer… sauf dans les cas où c’est le pays même qui est amené à disparaître comme c’est le cas de certains États insulaires. Un réfugié climatique, ça n’existe pas ! Exemple du procès intenté par Ioane Teitiota : il habitait dans les îles Kiribati (océan pacifique)– dont les plus hauts reliefs affleurent à trois mètres. Son pays connaît la salinisation des eaux, les pollutions, les destructions des récoltes, des inondations fréquentes, l’érosion des terres, des conflits entre communautés. Pourtant Teitiota, réfugié en Nlle Zélande, n’a pas obtenu le statut de premier réfugié climatique de la planète !

– Jugement en première instance en 2013 : Ioane Teitiota devrait être expulsé vers son pays. S’en tenant à la convention de Genève de 1951, la Nouvelle Zélande a fait valoir que personne ne menaçait sa vie s’il retournait chez lui. (LE MONDE géopolitique du 24 octobre 2013).

Décision de la Cour suprême néo-zélandaise en 2015 : Ioane Teitiota n’a toujours pas obtenu le statut de réfugié climatique. Si la plus haute juridiction du pays a reconnu que les Kiribati étaient « incontestablement confrontées à des défis » climatiques, elle a également estimé que « M. Teitiota ne courait pas de “grave danger” » dans son pays natal. « Aucun élément matériel n’indique que le gouvernement des Kiribati manque à son devoir de protéger sa population des effets de la dégradation environnementale, dans la limite de ses moyens. » (Le Monde.fr avec AFP | 21.07.2015)

Avis du comité des droits de l’homme – organe des Nations unies composé de 18 experts indépendants en charge de vérifier l’application du pacte relatif aux droits civils et politiques –, rendu public le 21 janvier 2020. Quatre ans pour statuer sur le cas de M. Teitiota. Il a rejeté la demande du plaignant, en faisant valoir que les îles Kiribati avaient pris des mesures pour lutter contre la montée des eaux avec la construction d’une soixantaine de digues !!!

Notons pour conclure la duplicité du droit, on trouve dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. » Il manque l’obligation pour tout État d’accepter l’entrée des étrangers !

2) le débat idéologique entre cosmopolites et nationalistes

– Cosmopolites, une espèce en voie de disparition

Une certaine gauche a une vision idyllique des migrations. La commission dénommée de façon partiale « immigration » (et non « migrations) d’EELV est vouée à l’accueil illimité des immigrants, dire le contraire est interdit en son sein. Un professeur de droit public, François Julien-Laferrière a inventé cette fable : « 2080. La Camargue a disparu sous les eaux… Aigues-Mortes est redevenue un port… Imaginez que ce scénario du futur ne soit pas totalement invraisemblable, ne doit-il pas nous conduire à être davantage accueillants envers ceux qui frappent aujourd’hui à nos portes ? » Ce manque de réalisme invalide l’argumentation.

– Nationalistes, de plus en plus nombreux

Kaare Dybvad Bek, social-démocrate et ministre danois de l’immigration (et de l’intégration) : « Tous les partis de centre droit ou de centre gauche devraient traiter le sujet de l’immigration pour être sûrs qu’on garde le contrôle… En 2022, près d’un million de demandes d’asile ont été déposées dans l’Union européenne (UE), le rythme s’accélérant encore cette année…. ». Il a salué en l’Autriche « [son] partenaire le plus ancien dans cette bataille européenne pour changer le système européen d’asile, qui est dysfonctionnel».

Comme on le voit, l’appel à la fermeture des frontières n’est pas l’apanage de l’extrême droite.

3) perspectives

Harald Welzer prévoit le pire : « Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes des réfugiés. » [Les guerres du climat d’Harald Welzer (Gallimard, 2009)]

C’est le cas aujourd’hui. Les bandes armées font la loi au au Nigeria. Des raids pour le vol de bétail sont mené sans relâche, les paysans doivent même s’acquitter d’une « taxe sur la vie ». Bien entendu le réchauffement climatique n’est pas directement responsable de cet état de fait, mais la densité démographique accroît les problèmes géopolitiques. Le Nigeria, 38 millions de Nigérians en 1950, 190 millions en 2018, 220 millions aujourd’hui.. et l’ONU en prévoit 410 millions d’ici à 2050, et encore le double en 2100. La densité était déjà de 215 habitants au km/2 en 2018 et 872 hab./km2 est prévisible en 2100. Où placer des réfugiés dans ce contexte ? En France ?

4) les pratiques actuelles / migrants

Les tensions s’exacerbent et la chasse aux immigrés est ouverte. Human Rights Watch accuse les gardes-frontières saoudiens d’avoir tué des centaines de migrants. En février 2023, le chef de l’État tunisien Kaïs Saïed dénonçait les « hordes de migrants » dont la présence serait le fruit d’un complot « pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie ». C’est la théorie du grand remplacement dans un discours de dirigeant ! La crise économique est invoquées pour expliquer le racisme systémique et le déchaînement contre les Subsahariens. Depuis le 4 juillet, Tunis conduit des campagnes massives d’arrestation et d’expulsion de migrants depuis la ville de Sfax vers les pays limitrophes. Ils sont abandonnés dans des zones désertiques, sans eau ni nourriture.

Médias et politiques fondent leur optimisme sur les acquis du demi-siècle écoulé, les autres craignent, avec raison, celui qui vient. La journaliste du MONDE, Sophie Landrin : « Les 200 millions d’habitants du delta du Gange vont bientôt compter parmi les premiers réfugiés climatiques indiens. La grande migration a déjà commencé. Mais pour aller où ? »

CONCLUSION

Je ne suis pas pessimiste, je suis réaliste. La catastrophe, on l’a bien cherchée. Elle était annoncée dès le rapport au club de Rome de 1972 sur les limites de la croissance. Mais au lieu de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, nous consommons en moyenne 2 litres de pétrole par jour et par personne. Les eaux vont continuer de monter et la planète de brûler… Quant à la démographie dont l’inertie est telle qu’il faudrait avoir agi beaucoup plus tôt, presque personne n’explique que 8 milliards c’est trop et qu’il n’y plus de place pour des migrants quels qu’ils soient, sauf parqués dans des camps de réfugiés.

J’en arrive à penser que je ne milite pas pour les temps présents, mais pour l’avenir des générations futures. Vous aussi vous pouvez vous engager, par exemple en adhérent à l’association Démographie Responsableou par votre choix personnel et éclairé de fécondité. Et si j’étais un politique en situation de pouvoir, je dirai comme Yves Cochet que bientôt la tâche principale sera, tant faire se peut, de diminuer le nombre de morts face à des crises écologiques qui deviennent extrêmes.

Notre société se base à l’heure actuelle sur nos facultés d’adaptation pour affronter les périls à venir. Il est vrai que lors du pic de la dernière glaciation, il y a environ 21 000 ans, le niveau des océans était 120 mètres plus bas qu’aujourd’hui. Mais nous étions beaucoup beaucoup moins nombreux !

Post scriptum : à mon grand étonnement, les interpellations du public après la conférence n’ont pas porté sur l’incapacité d’accueillir des réfugiés climatiques, mais sur ce qu’on peut dire de la démographie … ou plutôt ce qu’il ne faudrait pas dire !

Régime migratoire du XXIe siècle

« Ayons l’audace de regarder devant nous et de construire progressivement la grammaire migratoire du troisième millénaire », s’exclame dans une tribune au MONDE la présidente de France terre d’asile et un franco-persan. Ils croient encore que franchir la Méditerranée est le rêve de toute l’Afrique et que les Européens les attendent les bras ouverts.

Najat Vallaud-Belkacem et Bertrand Badie : « Le débat autour du thème de l’immigration surprend par sa cécité, il faut changer de logiciel, tirer les conséquences d’une mondialisation qui facilite les transports, réduit les distances, augmente la visibilité des lieux plus favorables et plus éloignés : autant de facteurs qui donnent déjà une force inédite à la mobilité humaine… Elle a surtout créé un imaginaire mondialisé qui touche chaque individu : la migration, jadis exceptionnelle, voire transgressive, devient l’avenir du monde. Il faut accepter que la migration soit le principe et non la transgression ; et comprendre que grands sont les avantages à court terme d’une migration rationalisée, pour notre démographie, notre effort productif, le rapprochement des cultures.« 

Le point de vue des écologistes interloqués

JeanMichel : Enchaîner les postulats et les tautologies n’a jamais constitué une démonstration.

BirdGPT : Quel style ampoulé et grandiloquent pour nous vendre finalement le bonheur de la mondialisation libérale. Il faudrait quand même réfléchir aux frottements de l’interpénétration des cultures, voire à leur incompatibilité.

Sodium : Quel sabir délirant et inepte. Fallait bien se mettre à deux pour pondre ça. « La grammaire migratoire »… Aucun mot sur les raisons des migrations qui peuvent être socio-économiques, conflictuelles, écologiques, etc. Autrement dit on simplifie à l’extrême et on injurie les gens en les assimilant à de simples flux sans racines. Un programme loin d’être démocratique sous ses airs dissonants de pipeau de citoyen du monde, on envisage là le troupeau du monde, sans départ ni fin, exploité sur le chemin par les économies et politiques clientélistes, célébré par ces genres d’histrions tartuffes qui ont soigneusement choisis leur sédentarité, eux, et en font rente.

Simka : Pas un mot dans cette tribune sur ce qui cause ces puissantes vagues migratoires : réchauffement climatique, érosion des valeurs démocratiques propice aux coups d’état répressifs, sous développement chronique favorisé par la captation de la rente pétrolière ou gazière au profit d’une élite, recul de l’espérance de vie faute d’une diffusion suffisante des progrès de la médecine, radicalisation religieuse…

Bandera : Les grandes migrations se sont généralement mal terminées pour ceux qui « accueillaient » malgré eux ces migrants : Empire romain, Empire byzantin, Amérindiens…

Hein : « L’avenir du monde », certes, comme le fut la migration des européens vers les divers continents, mais on appelle ça la colonisation ! Ca donne pas envie de réessayer…

JLMUL : C’est pseudo-intellectuels devraient en premier nous expliquer comment éviter le Mrd d’Africains en plus d’ici 2050 ?

Michel SOURROUILLE : Est-ce que Najat Vallaud-Belkacem a un appartement assez grand pour recevoir les millions de réfugiés de tous ordres qui veulent déjà venir habiter chez elle, sans compter les réfugiés climatiques qui vont se compter par dizaines, si ce n’est bientôt par centaines de millions ? Personnellement je suis cosmopolite, citoyen de la Terre, mais aussi écologiste, réaliste, sachant que nous ne devons jamais perdre le sens des limites. Nous sommes 8 milliards, tous les territoires sont saturés d’humains, la France est surpeuplée même si on ne le dit pas. Najat devrait connaître la déclaration des droits de l’homme qui précise que chacun est libre de sortir de son pays, mais qui ne dit pas du tout que les autres pays sont obligés de recevoir les apatrides.

MH : Ce sont bien les socio-démocrates danois qui ont acté la non compatibilité de l’Etat providence et de l’immigration massive.

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Migration, la violence est au bout du chemin

extraits : Rappelons expressément que le droit d’asile est réservé aux personnes victimes de persécutions. De nombreuses personnes des pays d’accueil ont le sentiment que leurs préoccupations concernant la radicalisation et la formation de ghettos ne sont pas prises au sérieux. A long terme, cela pourrait conduire les électeurs à se tourner vers l’extrême droite européenne, qui ne tentera de résoudre le problème qu’avec des murs plus hauts et des barbelés, sans aucun égard pour l’aspect humanitaire…

Le modèle danois en matière de non-immigration

extraits : Le Danemark, petit pays nordique de 5,6 millions d’habitants, affiche une des politiques migratoires les plus restrictives d’Europe. Le ministre danois de l’immigration, Kaare Dybvad, un social-démocrate : « Tous les partis de centre droit ou de centre gauche devraient traiter le sujet de l’immigration pour être sûrs qu’on garde le contrôle ». Il a salué en l’Autriche « [son] partenaire le plus ancien dans cette bataille européenne pour changer le système européen d’asile, qui est dysfonctionnel »…

Démographie Responsable en actes

de la part de l’association « Démographie Responsable »,

leur bulletin

Évènements de l’été 

Le 11 juillet à l’occasion de la Journée de la Population, notre porte-parole Didier Barthès a été interrogé par Le Progrès de Lyon.

Le 29 juillet G. Peyré  et M. Sourrouille, nos responsables Aquitaine ont participé – de manière un peu particulière – au Festival de la Décroissance de ST Maixent l’Ecole (Deux-Sèvres)

 Je  laisse la parole à M. Sourrouille pour un résumé de cette journée  » Nous sommes allés au festival de la décroissance le 29 juillet 2023. Nous avons animé (sous un parapluie!) un atelier sauvage parce que nous n’avons pas été admis comme intervenants officiels. Un grand panneau « Décroissance démographique, ICI on débat » et un autre, « La nature, la planète, n’acceptera pas d’avoir 10 milliards d’habitants sur Terre ad vitam aeternam vivant comme aujourd’hui (J.M.Jancovici) », une tentative d’un préposé à l’accueil de nous exclure, un opposant radicalement contre notre action, la routine… Mais aussi deux contacts positifs avec des référents du parti organisateur, Génération écologie. »

Le 24 août, M. Eve Perru, responsable Île de France, a participé à un débat sur France Inter « 8 milliards d’humains. Y aura-t-il suffisamment de place? » avec E. Pont  et G.F Dumont.

Ce même mois, nous avons appris la parution d’un ouvrage dont nous vous recommandons vivement la lecture ! 

Il s’agit de  « La sagesse de l’éléphante . Une démographie responsable pour une écologie efficace« , de Bernard Bousquet, adhérent de notre association. Vous trouverez ici le texte publié sur cet ouvrage par G. Charollois, de Convention Vie Nature, notre association partenaire. 

Le 19 septembre, notre responsable Occitanie Martin Rott, a tenu une conférence « Démographie et Écologie » (Intégralité de la conférence en cliquant sur le lien, vous trouverez l’affiche en PJ) au foyer pastoral de Lézan (Gard). L’accueil du public a été positif bien que le thème du débat aille tout à fait à l’encontre des positions officielles de l’Eglise protestante.

Notre réunion choc au niveau européen

samedi 25 novembre 2023 de 14H à 19h au FIAP Jean Monnet Paris XIV.

« Journée Européenne de la Démographie et de l’Écologie »

En ce qui concerne le programme, nous comptons déjà sur les interventions de Antoine Buéno, de Michel Garenne (membre de notre comité scientifique), d’Antoine Waechter.

De son côté l’eurASP, prévoit la projection suivie d’un débat du film « 8 billion angels« .

Nous continuons à essayer de toucher des personnalités extérieures à l’association pour d’autres interventions et prochainement nous commencerons à contacter les médias  et le public…

N’hésitez pas à en parler autour de vous et sur les réseaux sociaux !

Pour les mois qui viennent :

Notre association participera au salon Marjolaine à Paris du 8 au 12 novembre

                                          au salon Asphodèle à Pau du 8 au 10 décembre

                                          au salon Primevère à Lyon du 1 au 3 mars 2024

Nous vous souhaitons à tous un excellent automne !

Pour adhérer à DR

https://www.demographie-responsable.fr/nous-rejoindre

Moi vouloir rouler à l’œil dans mon SUV !

Après les chèques carburant, les ristournes à la pompe subventionnées, les injonctions faites à TotalEnergies pour plafonner le prix du litre sous les 2 euros, le gouvernement autorise de vendre à perte pour les distributeurs. Une décision qui pourrait être fatale à nombre de pompistes indépendants et illustre la difficulté du gouvernement à concilier pouvoir d’achat des Français et transition climatique.

éditorial du MONDE : La première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé le 16 septembre, « qu’à titre exceptionnel » les enseignes pourront vendre à perte dans leurs stations-service. Le gouvernement revient ainsi sur une loi de 1963. Le gouvernement tente d’improviser en réaction à une situation qui dépend du bon vouloir des pays exportateurs de pétrole. Il prend le risque de parasiter sa communication sur la nécessaire transition énergétique en incitant à consommer toujours autant de carburants, au moment où il faut au contraire chercher à s’en passer. Une fois de plus, le gouvernement fait le choix d’une mesure qui va profiter indistinctement à tous, en contradiction avec la lutte contre le réchauffement climatique. Le gouvernement navigue à vue. A sa décharge, les oppositions ne brillent pas par leur sens des responsabilités.

Le point de vue des écologistes en vélo

Guillaume : Nous avons dépassé les stades de l’amateurisme et l’incompétence, nous sommes désormais dans celui de l’invocation, du vaudou ou du chamanisme économiques. Outre les grandes surfaces qui vont se rattraper sur les autres produits à notre détriment, les pompistes indépendants qui vont fermer, notre gouvernement instaure un oligopole de fait de la grande distribution et une distorsion de concurrence contraires à tous les principes économiques dont se réclament Macron et Le Maire

Michel Brunet : Avec les carburants on assiste à un concours de « démagogie » avec un rappel de la présidentielle où Mélenchon voulait bloquer à 1,50€, Lepen détaxer et Macron dans son flou habituel avec ses chèques carburants. Aujourd’hui peu de changement, la Nupes veut bloquer (dixit Alexis Corbière avec LFI), le RN détaxer et Borne innove avec une distribution à perte que seuls les gros pourront se permettre… Et tous nous parlent qu’il faut diminuer nos émissions de CO2. Comme quoi on est dans la « posture », le jour où il faudra prendre des mesures contraignantes et drastiques n’est pas pour demain …

DMA : 50 ans de spécialisation des espaces, d’encouragement au « rêve pavillonnaire » et à l’étalement urbain ont conduit à une augmentation constante des distances parcourues et de la dépendance à la bagnole. D’un autre côté, l’ attachement quasi maladif à l' »autosolisme », y compris pour les déplacements pendulaires, semble contredire l’idée que le carburant est trop cher.

Alimonosou : En 1974 le litre d’essence était de 1, 85 F soit environ 2€20 (1 franc 74 = 0,86 €). René Dumont parti écologiste préconisait le litre à 5 francs = 4,30 €… On a encore de la marge !

Fiat Lux : Il est apparemment impossible d’expliquer aux gens que le coût réel des carburants n’a quasiment pas bougé depuis plus de 30 ans…Au 1er juillet 1990, le smic horaire était à 31,28 francs et en 1990 le litre de SP 95 valait 5,35 francs. Il fallait donc un peu plus de 10 minutes de travail pour pouvoir acheter 1 litre de SP 95 en 1990. Depuis le 1er mai 2023, le smic horaire est de 11,52 € (pour 35 h contre 39h en 1990) et si le prix du SP 95 (ou du diesel) est plafonné à 1,99 €, cela veut dire qu’il faudra environ 10 minutes et demi pour acheter 1 litre de SP 95, soit une vingtaine de secondes de plus qu’il y a 30 ans. Pas vraiment de quoi parler de catastrophe financière, ni même grever le pouvoir d’achat, d’autant que l’essence est aujourd’hui de meilleure qualité et que les moteurs en consomment moins: 8,68 l/100 en moyenne en 1990 contre 7,3 l. 30 ans plus tard. Et chacun est libre de lever le pied pour consommer encore moins…

Liberté Egalite Fraternite et Republique : Comment entrer dans ce XXIème siècle qui nous lance des défis écologiques, économiques, civilisationnels qui conditionnent la survie biologique, sociologique de notre peuple avec un tel libéralisme transnational qui par des campagnes de com veut faire passer des rustines pour des solutions ?? Impossible tant on sait qu’un projet politique qui répondrait à ces défis demande une révolution copernicienne dans l’ objectif fixé qui doit être la défense de la vie et non pas l’intérêt financier d’une minorité, de plus ce projet doit avoir une temporalité tout autre qu’actuelle à savoir un temps long de mesure de ses incidences et enfin obtenir une adhésion du peuple, de tout le peuple. La maison brûle !

Michel SOURROUILLE : Cherchez l’erreur ! Le SUV (sport utility vehicle) apparu en Europe avec le Nissan Qashqai en 2007, ne dépassait pas 10 % des immatriculations en 2010. Début 2023, il totalise 51 % du marché continental avec 3,37 millions d’unités. Structurellement, un SUV est au moins 200 kilos plus lourd qu’une berline et sa surface frontale comme sa hauteur dégradent forcément ses performances aérodynamiques. Mais « my SUV is bigger than your’s ». Trop facile de concentrer les critiques sur les politiques, tout le monde est concerné par l’effort à faire, devenir des Amish de la Terre!

Vince : Vélo électrique alimentés en auto-consommation solaire. Ne cherchez pas plus loin…

lire, L’impossible blocage du prix des carburants

Je préfère mon chien à mon homme

La vétérinaire Hélène Gateau assume, dans son livre Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant), son choix de femme vivant une relation forte avec Colonel, son border terrier. Les chiens et les chats font vendre et leur population explosent en France. C’est une passion généralisée alors que la biodiversité naturelle s’effondre. Les Français feraient mieux d’investir dans la conservation de la vie sauvage. Mais les temps sont aux plaisirs égoïstes.

Hélène Gateau : « Une femme sans enfant est déjà mise dans une case ; si en plus elle affirme préférer avoir un chien car c’est moins de contraintes, c’est la double peine. On la soupçonne d’être misanthrope, on l’accuse d’égoïsme, de souffrir du syndrome Bambi, qui consiste à s’attendrir sur tout être qui n’est pas humain… Colonel est arrivé dans ma vie à 37 ans, un âge où l’on se pose encore plus de questions sur la procréation. Mon besoin de contrôle, ma peur des aléas de la vie, mon individualisme, expliquent sans doute ma décision d’avoir un animal plutôt qu’un enfant. »

Le point de vue des écologistes qui n’aiment pas les chiens

Brutus : Je pense qu’il s’agit plutôt d’un chien qui a décidé d’avoir une humaine.

Jay : Et beh… N’oublions pas que les chiens qui vivent chez ces gens ont fait l’objet de manipulations génétiques, ont été arrachés à leur mère, mal sevrés, trimballés et vendus. « L’amour » d’un chien pour son maître n’est que le syndrome de Stockholm. Quant à l’amour du maître pour son chien…

Michel SOURROUILLE : Hélène croit que « dans notre ADN est inscrite cette faculté à l’alloparentalité, le fait de pouvoir endosser le rôle de parent pour un enfant qui n’est pas le nôtre. » Faux, notre ADN détermine notre physique, pas nos comportements sociologiques. Simone de Beauvoir écrivait à juste titre qu’on ne naît pas mère, notre contexte fait en sorte qu’on pense devoir procréer pour être une véritable « femme ». C’est notre socialisation, notre rapport à la société qui fait en sorte que noue devenons un bonne ou une mauvaise mère, et de plus en plus aujourd’hui gink, refusant d’avoir des enfants pour des raisons écologiques, ce que l’on comprend parfaitement.

OlivierMT : Décider de ne pas avoir d’enfants est très courageux car souvent incompris et bénéfique pour l’humanité car la population mondiale est trop importante.

Sauf qui Peut : On est content pour elle. D’un autre côté, elle rend un énorme service à l’enfant ou aux enfants qu’elle n’a pas eu. Dans une civilisation proche de l’effondrement, c’est presque une preuve de courage de ne pas envoyer des enfants dans l’arène.

Multatuli : Aujourd’hui, faire un enfant c’est l’envoyer dans un monde en effondrement. Difficile d’assumer cet égoïsme. Malgré l’abord étrange de la question, ce témoignage est plutôt courageux.

Alfaroubeira : Coluche dans un sketch : » on a des enfants parce que l’on aime pas frapper les bêtes »

elcondorpasa : ou bien celle-ci aussi : « il y’a des gens qui ont des enfants parce qu’ils n’ont pas les moyens d’avoir un chien »

Linfirmier : En vrai elle fait bien ce qu’elle veut de sa vie. Je veux pas d’enfant non plus (je travaille en pédiatrie, je sais ce que c’est) et franchement ma vie est top. Pas besoin de la gâcher avec un bambin…

SergeK : Moi je vis avec mon ver, en solitaire. On ne se quitte pas et je suis très épanoui dans ma relation… Quand me publierez-vous, LE MONDE ?

Abonné_à_la_limite : Il y a des fois je me demande pourquoi je suis abonné au Monde… Certains commentaires sont plus intéressants et profonds que les articles…

lire, Éliminons chiens et chats de compagnie

Énergie et climat, le triangle de l’inaction

On persévère aveuglement dans ce qu’on peut appeler le triangle de l’inaction : Les Français ne font rien en matière écologique et attendent tout de l’État, l’État pointent le doigt sur les entreprises responsables et les entreprises rétorquent qu’ils ne font que suivre la volonté des consommateurs donc des Français. Voici un exemple de dialogue de sourds :

Le climatologue Jean Jouzel, lors de l’université d’été du Medef : « Pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, nous n’avons plus que cinq ans d’émissions au rythme actuel … Il faut en conséquence,arrêter d’investir dès maintenant dans les énergies fossiles. »

Patrick Pouyanné, président de TotalEnergies : « Cette transition, je suis désolée Jean, elle prendra du temps. J’assume de poursuivre mes investissements pétro-gaziers car la demande croît. Je respecte l’avis des scientifiques mais il y a la vie réelle. »

Entre le scientifique du climat et le patron d’industrie, un silence prend toute la place : celui de l’État. Que fait le gouvernement pour changer cette vie réelle dont les deux hommes parlent différemment, mais que l’on sait insoutenable ? Il n’y aura pas de sortie des énergies fossiles sans construire un rapport de force avec ceux qui ont intérêt à ce que la « vie réelle » reste désespérément nocive pour… notre vie, et celles des générations à venir. Nous savons interdire de financer le terrorisme et le blanchiment d’argent. Le pouvoir lors du confinement a obligé les Français de revenir à l’essentiel de ses besoins et donc de ses achats, de limiter les déplacements etc. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même avec des activités qui mettent en péril nos conditions de vie sur Terre ? Entre Jouzel et Pouyanné, la puissance publique doit choisir. Macron a choisi Pouyanné ! La planification écologique est mort-née.

La planification écologique au point mort

Après plusieurs mois d’atermoiements, Elisabeth Borne a présenté aux chefs de parti, lundi 18 septembre, sa feuille de route sur la planification écologique. Selon Matignon, cette réunion visait à permettre à l’exécutif et aux différentes forces politiques de débattre des solutions pour mettre en place une transition écologique « juste » et non « punitive ».

Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe écologie-Les Verts (EELV)  : « Les réunions ne servent à rien s’il n’y a pas d’action . Je réclame un impôt sur les grandes fortunes « climatique » et une loi de programmation des finances publiques sur l’écologie.

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste : « Une guerre contre le climat, ça suppose une économie de guerre, et on en est très, très loin ».

Fabien Roussel, PCF, était surtout désireux de « faire baisser la facture » d’électricité et de gaz !

Eric Ciotti, pour la droite, réclame une conférence « sur les prix de l’énergie » et une baisse des taxes sur le gaz et l’électricité !!

Mathilde Androuët, au nom du Rassemblement national, a déploré une « absence totale de souci du peuple », pour qui l’environnement est devenu « une contrainte » !!!

François Bayrou, seul responsable de la majorité à s’exprimer, a jugé « intéressante » la réunion !!!!

L’annonce des principales mesures pour la planification écologique est réservée à une prise de parole future d’Emmanuel Macron !!!!!

Le rendez-vous organisé à huis clos s’était tenu sans La France insoumise (LFI), qui avait décidé de boycotter cette réunion

Rappelons que le gouvernement avait promis un plan « très concret » et « très opérationnel » afin « d’être au rendez-vous européen » de la baisse de 55 % des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, et de se « projeter vers la neutralité carbone en 2050 »,

Le point de vue des écologistes pas dupes

beaba : En clair : « ça va devenir concret, mais on serait obligé de présenter des décisions de sobriété qu’on ne veut pas assumer, ça n’est pas supportable pour le menu peuple. On préfère que les vraies mesures, utiles mais impopulaires, ne viennent pas de nous ».

On rembobine : Discours de Macron dans l’entre 2 tours au pharo de Marseille (16 Avril 2022) : « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas . (sic) Ah bon ? Combien d’années faudra t il attendre que sa Seigneurie et sa cour se penche une bonne fois pour toutes sur la Planification écologique, Sujet MAJEUR, en lieu et place de convoquer tous les 4 matins les oppositions pour digresser durant des heures ?

Toutvabien : Je me suis arrêté à  » juste et non punitive ». Le slogan de l’écologie punitive vient de la droite obscure et rance pour limiter par principe ses ambitions en matière de protection de la nature et d’une gauche opportuniste (Ségolène Royale). Face à ce jeu de dupes, une seule réalité : c’est la non écologie qui est punitive, il suffit d’ouvrir le poste pour s’en rendre compte, inondations, sécheresses, incendies, etc.

Punchingball : Quand est-ce qu’on se débarrassera de cette rengaine de l’écologie punitive ? La punition (si le mot a un sens ici) que la nature nous infligera sera infiniment plus dure à supporter, y compris par ceux qui s’imaginent encore que l’innovation ou leur fric les mettra à l’abri …

Cbir : En continuant de parler d’écologie « punitive », le gouvernement et Mme Borne sont les 1ers climatosceptiques. Ras le bol de ce parti au pouvoir incapable de prendre ses responsabilités !

DTDM : « Écologie punitive », un concept sujet à caution, propre aux néo-conservateurs, ultra-libéraux et « climato-sceptiques » de tout bord. Il n’y a pas d’écologie « punitive » (concept encore une fois utilisé sur un plateau télé à l’émission dite « les informés » du 18 septembre par une certaine A.Boulhiaguet ! Mais à force de ne rien faire (et l’immobilisme macronien est une illustration édifiante de ce comportement politique qui cherche à gagner du temps ), un jour, pas si lointain, et parce que l’espèce humaine sera au pied du mur, alors ce genre d’écologie le sera pour de bon et s’imposera de façon draconienne pour la survie de l’espèce et là, on verra ce que veut dire cette expression.

Claude Danglot : En résumé, on continue à discutailler sans agir. Et pourtant, nous avons le feu à la planète, mais aucun de nos dirigeants ne semble avoir encore compris que c’est l’extinction de l’espèce humaine qui en jeu. Même les plus riches n’y échapperons pas. Demain les chiens, comme l’écrivait Clifford D. Simak. La Terre est livrée aux souris, les derniers mammifères restants.

Fécondité des loups, fécondité des hommes

Population maximum ou optimum, population limite, état de conservation, capacité de charge du milieu, schéma proie-prédateur et même viabilité d’une espèce, les termes se complètent. On se doute qu’une population de dix individus s’éteint très rapidement et que cent reste trop limité génétiquement. Le concept de MVP (minimum viable population) est issu d’une étude pionnière en écologie de la conservation de Shaffer en 1981. Celui-ci définissait une population minimale viable comme la plus petite population en termes d’effectif ayant 99 % de chances de se maintenir sur un horizon temporel de 1 000 ans malgré les effets de la stochasticité démographique, environnementale et génétique. Il s’agissait essentiellement d’un exercice de probabilités sur les trajectoires de populations données sur des périodes de temps déterminées.

La viabilité démographique représente l’aptitude d’une population à moyen terme (100 ans) « à résister au risque d’extinction ». La viabilité génétique concerne la capacité à s’adapter génétiquement à des conditions d’environnement changeantes à très long terme. Cette notion peut se résumer à la préservation d’un nombre suffisant d’animaux dits génétiquement efficaces. Une revue de la littérature scientifique internationale le situe aux environs de 2500 individus sexuellement matures (donc une population totale encore plus grande).

Un MVP de 500 loups

Les simulations sur l’avenir d’une espèce sont sujettes à controverse et étayent pourtant des discours politiques. Ainsi pour la gestion du nombre de loups en France. L’espèce Canis lupus, revenue en France depuis l’Italie vers 1992, était en 2008 dans un état de conservation favorable en France avec 150 individus et quatorze meutes. Des chercheurs ont estimé à 50 femelles l’assurance de ne pas voir l’espèce s’éteindre  à moyen terme, à 500 femelles la garantie que l’espèce soit protégée à long terme. Le plan loup adopté en 2018 fixait un « seuil de viabilité démographique » à 500 individus, mais ne considérait pas le nombre de femelles. On pensait que ce chiffre ne serait atteint qu’en 2023. Mais on a déjà dénombré 530 loups en 2019. Une expertise collective de 2017, dirigée par le Muséum national d’histoire naturelle, estimait que le taux global de mortalité des loups devait être maintenu « en dessous de 34 % », faute de quoi la population déclinerait. Or, alors que le plafond de tirs létaux a augmenté, le taux de mortalité a été estimé à 42 % pour la période 2014-2019.

Car pour les éleveurs, le seuil de viabilité est largement dépassé : la population compterait en 2023 un millier d’animaux signalés dans 53 départements. Il semble que la pression exercée par ces mêmes éleveurs sur les pouvoirs publics pour obtenir un plan d’abattage des loups fonctionne… On est passé de 40 loups abattus entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018 à 162 en 2022, avec une prévision à 174 en 2023…, alors qu’en 2022 le nombre des ovins tués a baissé d’environ 10 % par rapport à l’année précédente. Les organisations agricoles réclament officiellement la suppression du plafond de destruction des loups ainsi que l’équipement des éleveurs et chasseurs en armes équipées de lunettes à visée nocturne. La polémique autour de ce MVP de 500 loups est donc intense. Mais à la fin du 18ème siècle, il y avait entre 10 et 20 000 loups en France (estimations à partir d’une moyenne de 6000 loups tués annuellement). Le dernier loup français avait été tué en 1940 à Javerlhac.

Un MVP de 300 000 Européens

En France, 1 104 loups en 2023 pour 67 millions d’humains : cherchez l’erreur ! Le problème essentiel n’est pas de savoir si la France peut héberger 500 ou 20 000 loups, le problème est que l’espèce homo sapiens s’est propagée au détriment de presque toutes les autres. Que diraient les Français si leur taux de mortalité était fixé « juste en dessous de 34 % » et qu’on pouvait tirer à vue le surnombre avec des lunettes à visée nocturne. Quel est le seuil de viabilité de cette espèce d’hominidé qu’on devrait respecter : environ 500 individus, ou 2500 individus sexuellement matures ? Notez que l’humain et le loup se ressemblent, ils chassent en meute. Ce sont des prédateurs en haut de la chaîne alimentaire qui doivent en conséquence réguler leur population en proportion des ressources à leur disposition.

Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas. Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. Au contraire elle a tout fait pour croître et se multiplier. Aujourd’hui la concurrence des loups n’est qu’une infime fraction des maux que les humains doivent combattre, extinction de la biodiversité, réchauffement climatique, épuisement des ressources fossiles, stress hydrique, etc. Ils l’ont bien cherché, leur nombre devient à la fois invivable et ingérable !

Un retour incertain à la normale

Il y a quelques 12 000 ans en Europe Il y avait environ 300 000 chasseurs-cueilleurs. Nous sommes passés, rien que dans l’Union européenne, à 448 millions. La moyenne mondiale en termes de densité est de 60 hab./km², l’UE arrive à 114 hab./km² (France 123, Royaume Uni 277, Pays Bas 518…). Or 100 hab./km², c’est un carré de seulement 100 mètres de côté pour satisfaire absolument tous les besoins d’un seul individu tout en laissant une place nécessaire à la biodiversité. C’est impossible ! Nous avons dépassé les limites de la planète dans les années 1980. Vu la vitesse avec laquelle nous nous efforçons de détruire ce qu’il nous reste de ressources depuis 20 ans, il est plus que probable qu’une réduction maîtrisée soit désormais hors d’atteinte.

Du point de vue d’un équilibre vraiment durable entre la pression humaine et le milieu naturel, il faudrait retrouver dans un futur très très lointain un niveau de population compatible avec une vie de cueilleurs-chasseurs, laissant à l’exubérance des différentes formes du vivant le droit de s’exprimer pleinement. La liste des bouleversements au cours des 120 siècles à venir sont certes inconcevables au regard de ce qui s’est passé de vertigineux au cours de la révolution industrielle, quelques deux siècles seulement et un passage de 1 milliards d’êtres humains en 1800 à 8 milliards depuis novembre 2022. Mais je précise que l’utopie, pour moi, c’est ce qui n’est pas encore réalisé, mais qui reste toujours une possibilité.

Michel Sourrouille

Article déjà paru sur le site des JNE,

https://www.jne-asso.org/2023/09/14/des-loups-et-des-hommes-par-michel-sourrouille/

Provoc. Nous sommes tous climatosceptiques

L’envolée des températures de l’Atlantique Nord et le défaut de reconstitution des glaces de mer autour de l’Antarctique ont suscité chez quelques scientifiques une terreur teintée d’incrédulité.

Autre cause de sidération, les discours niant la réalité du changement climatique et/ou ses causes anthropiques sont sur une pente ascendante.

Même le président de la République, dans ses vœux pour l’année 2023, s’interrogeait ainsi : « Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires, cet été dans notre pays ? »

Nous sommes tous climatosceptiques. On n’accepte pas la fin du monde, on croit toujours à l’abondance pour tous, on ne sait pas encore que les urbains vont devoir en masse quitter leur béton.

Pour aller où ? Saccager la campagne et rançonner les paysans.

Sarkozy, adhérent de Démographie Responsable

A l’exception de René Dumont, présidentiable écolo en 1974, silence radio de tous les politiciens de tous bords à propos de la surpopulation. Les gens à gauche ne disent pas souvent ce qu’il faudrait dire, les gens de droite ont parfois des raisonnements judicieux. Alors, même s’il s’agit d’un président très à droite, on ne va pas faire la fine bouche pour savourer le discours de Nicolas Sarkozy !

30.04.2016 lors du conseil national des Républicains : « Je souhaite qu’enfin la communauté internationale prenne en main le premier problème de la planète, qui est celui de la démographie mondiale… Nous sommes 7 milliards d’habitants. En 2100, nous serons 11,5 milliards. La question des conséquences de cette démographie est donc centrale pour les grands équilibres de la planète. Ce sujet doit donc faire l’objet, chaque année, d’une conférence comparable à celle sur le climat. Je souhaite la création d’une institution internationale qui porterait l’organisation de cette conférence et qui mesurerait les évolutions démographiques, continent par continent. »

https://www.lejdd.fr/Politique/Sarkozy-preconise-une-conference-mondiale-sur-la-demographie-783501

15.09.2016 : le candidat Nicolas Sarkozy a estimé que la « première cause de dégradation de l’environnement » est démographique.

https://www.lemonde.fr/politique/video/2016/09/15/l-emission-politique-sur-france-2-pour-le-candidat-sarkozy-la-demographie-est-le-principal-defi-ecologique_4998484_823448.html

19.09.2019 devant le MEDEF :  « Le dérèglement climatique le monde en a connu, mais le plus grand choc est démographique. Quand je suis né en 1955, il n’y avait pas si longtemps, il y avait 2,5 milliards d’habitants. Dans 30 ans nous serons 9 milliards, à la fin du siècle 11 milliards. C’est fait, quoi que nous décidions. Un choc comme celui-là, le monde ne l’a jamais connu. Dans 30 ans on va passer de 1,2 milliards d’Africains à 2,5 milliards. La crise démographique n’a pas encore commencée, elle est à venir. On peut refuser cela, mais promouvoir le développement durable sans se poser la question de l’explosion démographique, cela n’a pas de sens.

https://www.youtube.com/watch?v=VuwncVRV4Iw&feature=youtu.be

07.01.2023 : Nicolas Sarkozy tire la sonnette d’alarme sur l’explosion de la population humaine. Sur le modèle de la COP21 et des conférences des Nations unies sur le changement climatique, l’ancien président préconise la mise en œuvre de conférences internationales sur la démographie mondiale.

https://www.lejdd.fr/Politique/Sarkozy-preconise-une-conference-mondiale-sur-la-demographie-783501

08.09.2023 : Nicolas Sarkozy a développé des idées présentées dans son dernier ouvrage et expliqué pourquoi le « dérèglement démographique » constituait à ses yeux un problème central. Soit la « première cause du dérèglement climatique », comme il l’écrit dans son récent essai . Comme il l’explique, la population mondiale a bel et bien connu une progression majeure depuis son année de naissance (1955) : de 2,5 milliards d’habitants, notre planète est passée à environ 8 milliards aujourd’hui. Une croissance démographique qui est en effet unique dans l’histoire de l’humanité. De la même manière, il est exact que la population de l’Afrique devrait doubler à l’horizon 2050, pour atteindre approximativement 2,5 milliards d’habitants.

https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/le-dereglement-demographique-est-il-la-premiere-cause-du-dereglement-climatique-comme-l-explique-nicolas-sarkozy-2269114.html

Bien entendu Nicolas Sarkozy a tort d’affirmer que le « dérèglement démographique » est la première cause du dérèglement climatique. Il y a des interrelations multiples entre nombre de personnes, inégalités des pouvoirs d’achat et technologies employées (équation IPAT) pour expliquer les émissions de gaz à effet de serre. En termes simples, le nombre de voitures est intimement lié au nombre de conducteurs, et mieux faut un vélo qu’un avion pour se déplacer.

Bien entendu il serait aussi faux d’ignorer la variable démographique, c’est ce que font pourtant beaucoup de personnes et d’institutions.

François Gemenne, membre du Giec : « on ne se trouve plus dans une logique de bombe démographique comme on a pu le croire à la fin du siècle dernier. Même si la croissance démographique pose des problèmes à certains endroits, en matière notamment de disponibilité des ressources, il est important de bien délier les questions de démographie et de climat… C’est avant tout la manière dont nous avons organisé notre économie dans les pays industrialisés qui est en cause. »

Christophe Cassou, climatologue : « Faire porter la responsabilité du changement climatique aux plus pauvres et, pire encore, aux Africains, est le summum de l’immoralité et de l’indécence ».

L’UNFPA : En règle générale, les personnes aisées, qui peuvent consommer davantage, produisent plus d’émissions et ont un impact autrement important sur les changements climatiques. Or ces personnes ne représentent qu’une faible proportion de l’humanité.

La position du GIEC est nuancée dans son dernier rapport : « la vulnérabilité des écosystèmes au changement climatique sera fortement influencée par les modèles de développement humain passés, présents et futurs, y compris la consommation et la production non durables, les pressions démographiques croissantes et l’utilisation et la gestion non durables persistantes des terres, des océans et de l’eau ».

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Nicolas Sarkozy, la question démographique

extraits : Le 19 septembre 2019 devant le MEDF :  « Dans 30 ans le Nigeria aura plus d’habitants que les USA. On va passer de 1,2 milliards d’Africains à 2,5 milliards. La crise démographique n’a pas encore commencée, elle est à venir. On peut refuser cela, mais promouvoir le développement durable sans se poser la question de l’explosion démographique, cela n’a pas de sens. Lagos au Nigeria, c’est 22 millions d’habitants ; si vous pensez qu’avec le tri sélectif on va régler le problème de Lagos, c’est que vous n’y avez pas encore été à Lagos. Le sujet démographique est un sujet monumental, tectonique et il n’y a pas un seul organisme international qui aide à réfléchir sur l’évolution démographique mondiale alors qu’en agriculture il y en a une dizaine. Je ne dis pas pour autant « il faut un contrôle des naissances », mais il faut prendre conscience du problème et essayer de le traiter. Si on n’agit pas rapidement, on va vers une catastrophe extravagante. La question, c’est combien d’êtres humains peuvent vivre en même temps sur cette planète. J’entends bien la difficulté, le désir d’avoir des enfants, ce que cela représente. Mais est-ce qu’on ne voit pas que toutes les espèces ont vocation à disparaître par surpopulation ou par appauvrissement des ressources. Et on pense que cela ne se passera pas pour nous les humains ? Je suis assez fasciné de voir les multiples discussions sur le climat et la gène quand on discute d’évolution de la démographie mondiale. »

 

Population et climatisation, l’Égypte est mal partie

L’Égypte comptait 21 millions d’habitants en 1950, quelque 90 millions en 2013, elle vient de dépasser les cent millions et progresse d’un million supplémentaire tous les six mois. L´extrême jeunesse de la population égyptienne (30 % des égyptiens ont moins de 15 ans !) explique pour partie cette explosion. Cette croissance exponentielle intervient de surcroît sur une étroite bande de terre fertile, limitée à la vallée du Nil et à son delta et représentant moins de 5% de la superficie d’un pays largement désertique. Ramené à la « superficie agricole utile », la densité de peuplement égyptienne approche 2 000 habitants au kilomètre carré. L’Égypte est un désastre vivant qui fait des éléphants blancs à crédit et multiplie les pauvres en conséquence. Il n’y a pas de solution, dictature et extrémismes ne feront que repousser les échéances : guerre et famine.

Mais LE MONDE, qui n’ignore rien de la surpopulation carcérale, préfère parler de la climatisation en Egypte !

Laure Stephan : Alors que les températures peuvent dépasser les 40 °C, seule une minorité des foyers urbains dispose d’air conditionné. En Égypte, avec une population de plus de 105 millions d’habitants, ces inégalités environnementales ne sont pas nouvelles. Elles se jouent à plusieurs niveaux. D’abord, entre quartiers – ceux non planifiés, où vivent la majorité des Cairotes, sont plus exposés à la chaleur à cause notamment de leur densité. En 2015, 19,4 % des ménages urbains possédaient un climatiseur. mais l’air conditionné reste inaccessible aux plus pauvres. Il est pourtant devenu incontournable au Caire à cause des épisodes de canicule à répétition. Les habitants paient aussi le prix de la diminution des espaces verts, qui ne sont plus là pour tempérer la chaleur. Les disparités ne sont pas près de se résorber, alors que la grave crise économique qui secoue l’Égypte a réduit le pouvoir d’achat, avec une dévaluation de la monnaie de 50 %. Depuis la fin du mois de juillet, les autorités ont instauré des coupures d’électricité, pour une durée annoncée d’une à deux heures par jour. Depuis le début de la levée des subventions sur l’électricité, en 2014, les Égyptiens ont dû rationaliser leur consommation électrique. Le secteur touristique, avec ses hôtels, gourmands en air conditionné, a été exempté de délestages : il est choyé en raison des devises qu’il génère, cruciales pour les finances du pays.

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En Égypte, la surpopulation fait la loi (2023)

extraits : Quand un pays arrive à un état de surpopulation incontrôlée, le plus facile est d’élire plus ou moins démocratiquement un dictateur dont on croit qu’il va rétablir l’ordre et donner du pain. Mais un dictateur qui règne sur une multitude pense surtout qu’une personne humaine n’est qu’un pion dont il peut disposer à sa guise. Sans contre-pouvoirs possibles, Il préfère se faire plaisir et se lancer dans des dépenses somptuaires, et au pays des pyramides, on a des références historiques.

L’Égypte et Al-Sissi face à la surpopulation (2021)

extraits : En Égypte,  la question démographique est centrale : de nombreux enjeux sociaux, comme l’éducation, la santé ou l’accès au logement, y sont liés. Associée à une menace, érigée en sujet de « sécurité nationale », la pression sur les ressources est devenue un leitmotiv politique en Égypte. Le pays arabe le plus peuplé compte désormais plus de 102 millions d’habitants, contre environ 84 millions il y a dix ans. Plus de 60 % des Égyptiens ont moins de 30 ans. Le nombre idéal d’enfants reste au-delà des objectifs officiels : chez les jeunes de 15-29 ans, il oscille en moyenne entre 2,6 et 2,9. Le contrôle des naissances est désormais un thème récurrent des interventions du président Abdel Fattah Al-Sissi, qui n’a pas hésité à lier accroissement de la population et agitation sociale. La campagne « Deux, c’est assez », lancée en 2018 par les autorités, vise des familles bénéficiaires de programmes sociaux. Les critiques objectent que l’angle alarmiste masque mal la réalité des inégalités sociales.

La bombe démographique en Egypte explose (2020)

extraits : Le marché du travail ne peut faire face à la pression du nombre. Force est de constater aussi qu’en Egypte, la dictature de l’ex-maréchal Sissi s’est appuyé sur une forme très agressive d’ordre moral, qui permettait d’acheter la paix sociale dans un pays taraudé par une pauvreté grandissante ; entre 2016 et 2018, la proportion d’Egyptiens vivant en-dessous du seuil de pauvreté, fixé à moins d’1,5 euro par jour, est passée de 28 à 33 %. Le budget de l’éducation est loin d’être une priorité face aux formidables dépenses militaires et aux 45 milliards de dollars alloués au chantier pharaonique d’une nouvelle capitale. Les 10 millions des Egyptiens les plus pauvres, délaissés par l’aide publique, continuent de miser sur une nombreuse progéniture pour assurer leur quotidien, voire leur avenir. Ce n’est que récemment que Sissi a pris conscience de la menace que représente la bombe démographique pour la stabilité de l’Egypte, désormais placée sur le même plan que le défi « terroriste ». Les campagnes de contrôle des naissances, enfin lancées avec l’aval des imams d’Etat, peinent à produire des résultats tangibles. Les allocations familiales ne sont désormais plus accordées au-delà du deuxième enfant.

l’Egypte, victime de sa démographie (2011)

extraits : Les estimations de la population égyptienne en 1810 s´étagent de 2 à 4 millions d´habitants, en 2011 le pays compte 85 millions d´habitants. L´Égypte est donc surpeuplée au regard de ses capacité réelles et ce surpeuplement se traduit déjà par une forte dépendance alimentaire, illustrée en avril 2008 par les fameuses « émeutes de la faim ». L’Égypte se trouve ainsi fragilisée par toute hausse des denrées alimentaires. Ne pouvant les produire elle-même, elle les achète et paye cash toute élévation des cours mondiaux, qu´elle soit due à une tendance haussière générale ou qu´elle soit le fruit d´une spéculation passagère.

Église verte et écopsychologie

Notre blog biosphere reçoit un grand nombre d’informations dont deux récentes abordent d’une certaine façon la définition du Soi et les pratiques du travail qui relie. Sociétés premières et religions du livre commencent à se rejoindre dans une vision non anthropocentrée de notre planète.

    • Église verte est née dans le sillage de la mobilisation chrétienne pour la COP21 en 2015 à Paris et des retombées de l’encyclique du pape François “Laudato Si’“, sur le soin de la maison commune, sortie en 2015 également. Le label Église verte fête le 16 septembre ses 6 ans. Il est porté par le Conseil d’Églises Chrétiennes en France, la Conférence des Évêques de France, la Fédération Protestante de France et l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France. Cet outil pratique est conçu pour aider les communautés chrétiennes à progresser sur le chemin de la conversion écologique.
    • Les éditions wildproject nous offrent un extrait du livre : l’article de la thérapeute Jeannette Armstrong “Les gardien·nes de la Terre” (PDF)fondateur de l’écopsychologie. Selon la conviction d’Armstrong, notre responsabilité la plus essentielle est d’apprendre à relier l’intégralité de notre moi individuel et de notre moi communautaire à la terre : « Nous les Okanagan (Amérindiens), considérons que la personne dans son entièreté possède quatre principales facultés qui fonctionnent ensemble : le moi physique, le moi émotionnel, le moi pensant, intellectuel et le moi spirituel. Ces facultés peuvent être librement décrites comme ce qui nous relie au reste de la création de manière saine… »

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Pour reverdir l’être, le SOI ouvert au monde

Toile de la vie et Travail qui relie

Pour comprendre l’écopsychologie en quelques mots

L’écopsychologie qui soigne l’esprit et sauve la Terre

Les penseurs de l’écologie en quelques mots

Jean-Jacques Rousseau : il n’y a pas un être dans l’univers qu’on ne puisse, à quelque égard, regarder comme le centre commun de tous les autres, autour duquel ils sont tous ordonnées, en sorte qu’ils sont tous réciproquement fin et moyens relativement aux autres… Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire « Ceci est à moi » est à l’origine de bien des crimes, des guerres, des misères et des horreurs.

John Muir : Il utilisa sa notoriété d’écrivain dans on combat préservationniste, il milita pour la crétion du Yosemite Park, fonda le Sierra Club et partit en 1903 camper trois nuits avec le président Theodore Roosevelt… qui signa ensuite le décret élargissant à son périmètre actuel le Yosemite Park.

Rachel Carson : son livre, Printemps silencieux (1962) est à l’origine d’une campagne pour l’interdiction du DDT qui aboutit aux États-Unis en 1970. Une autre conséquence fut la création, la même année, de l’Agence de protection de l’environnement, à qui la régulation des pesticides fut confiée alors qu’elle relevait jusque-là du département de l’agriculture des États-Unis.

Ruth Harrison : son livre, Animal Machines (1964) est à la cause animale ce que Printemps silencieux est à la cause environnementale. Il relate le remplacement des fermes traditionnelles dans les années 1950 par les fermes-usines, avec leur obsession de grande taille et du rendement, de confinement hors sol des animaux. Il a suscité le comité Brambell sur le bien-être des animaux d’élevage.

Arne Naess : L’écologie superficielle pense les problèmes en termes de responsabilité interhumaine, le courant de l’écologie profonde les formule en termes de respect des entités du monde naturel dont on reconnaît la valeur intrinsèque. La valeur des formes de vie non humaines est indépendante de l’utilité qu’elles peuvent avoir pour des fins humaines limitées.

Jacques Ellul : l’homme des temps modernes croit se servir de la technique alors que le plus souvent, c’est lui qui la sert. Combinée avec des États omnipotents, la technique moderne devient vite « totalitaire ».

Ivan Illich : Les institutions modernes, dotées de moyens techniques et bureaucratiques considérables, ne peuvent s’empêcher de croître au point que, franchissant un certain seuil, elles finissent par produire le contraire de l’effet recherché. Ce qu’il baptise du nom de « contre-productivité ». Une société conviviale est une société où l’outil est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. L’éducation à la survie dans ce monde artificiel commence avec les premiers manuels scolaires et finit par le mourant qui s’agrippe aux résultats de ses examens médicaux. Est-e cela vivre, dis-moi ?

René Dumont, candidat écolo à la présidentielle de 1974 : « Nous allons bientôt manquer d’eau et c’est pourquoi je bois devant vous un verre d’eau précieuse puisque, avant la fin du siècle, si nous continuons un tel débordement, elle manquera… » Il écrivait déjà en 1973, « Un âne marche mieux qu’un tracteur sans essence » et « le chien américain dépense plus que l’Indien ». L’étude de la production alimentaire à l’échelle de la planète comparée à l’évolution démographique a forgé chez lui des vues malthusiennes.

Peter Singer : inscrit la libération animale dans un sillage historique, celui de l’émancipation des Noirs et des femmes. Il s’agit d’élargir le cercle de la considération morale, comme on l’a élargi auparavant par-delà les races et le sexe. Il popularise le mot antispécisme, c’est à-dire le combat contre le spécisme (néologisme forgé en 1970 par Richard Ryder), une hiérarchisation arbitraire établie entre les espèces.

Françoise d’Eaubonne : parlez-lui d’écoterrorisme, elle répondra « contre-violence ». Rien de plus qu’un retournement de l’arme de l’ennemi contre liu-même. Le 2 mai 1975, elle pose avec d’autres deux bombes artisanales qui explosent dans la centrale nucléaire en construction de Fessenheim. Le circuit hydraulique est endommagé et le chantier retardé de quelques mois. Elle dénonce aussi le lapinisme phallocratique qui conduit à la surpopulation.

Jean-Marc Jancovici : Nous sommes tous devenus des « Iron Man ». Grâce à la puissance des énergies fossiles, un Français moyen a à sa disposition l’équivalent de 427 esclaves énergétiques. Or nous vivons sous une double contrainte : nous arrivons au bout des énergies fossiles et nous sommes meurtris par le réchauffement climatique. En clair nous allons avoir de plus en plus de problèmes et de moins en moins de moyens pour les résoudre. L’idée d’une croissance vert est absurde, et plutôt que de subir la décroissance mieux vaut l’organiser.

Greta Thunberg : A l’heure du souper, l’alarme incendie retentit. Vous constatez que le toit de votre maison est la proie des flammes, mais comme si de rien n’était, vous entrez terminer votre dîner. Après tout, vous aviez prévu de regarder un film avant d’aller vous coucher. « Je suis désolée, mais cela n’a aucun sens », dit Greta en mars 2020 aux eurodéputés à qui elle vient de décrire cette scène.

(extraits du livre « Les penseurs de l’écologie » (Les Liens qui Libèrent, 2023))

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La bibliothèque idéale de l’écologie

les penseurs traités par ce post : Françoise d’Eaubonne, Élisée Reclus, James Lovelock, André Gorz, David Abram, Aldo Leopold, Hans Jonas, Günther Anders, Jürgen Habermas, Ulrich Beck.

L’histoire de la pensée écologique en quelques citations

les penseurs traités par ce post : Georges Canguilhem en 1973, Arne Naess en 1976, Daniel Cohn-Bendit en 1997, Pascal Durand en 2012, José Bové en 2013, Benoît Lechat en 2014, Michael Jacobs en 2015, Nicolas Hulot en 2016.

La sobriété, ignorée de nos dirigeants

Les dirigeants qui nous mènent au désastre : Sultan Al Jaber, président désigné de la COP28 ; Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie ; Francesco La Camera, directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables ; Ursula von der Leyen,présidente de la Commission européenne. Ils nous disent dans une tribune au MONDE :

« Nous pouvons encore actionner ce qui est, selon nous, l’un des leviers les plus importants pour réduire les émissions : l’accélération du déploiement des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique… En plus de fournir une énergie plus propre et de réduire la demande d’énergie moins propre, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique apportent de nombreux autres avantages. Elles créent des emplois pérennes… En Afrique, où près de 600 millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité et près d’un milliard n’ont pas accès à la cuisson propre, l’abondance de ressources renouvelables apporte des perspectives plus favorables et permettra d’offrir à tous un accès fiable et économique à l’énergie d’ici à 2030… »

Le point de vue des écologistes ulcérés

Vous avez bien lu, rien sur la sobriété, rien sur la non-utilisation des énergies fossiles pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Il ne s’agit plus de décarboner l’économie (sauf pour les petits états insulaires) mais d’ajouter aux énergies fossiles les ENRs !! C’est l’addition des sources d’énergies qui est proposée, comme c’est le cas depuis des décennies. Notons que Sultan Al Jaber est avant tout le PDG du groupe Abu Dhabi National Oil Company, le criminel est aussi membre du jury qui le juge !

Ajoutons qu’une énergie « propre », cela n’existe pas. Les dirigeants qui osent proférer de telles inepties sont soit des ignorants, soit des imposteurs. La définition de l’énergie c’est « la quantification de la transformation de l’environnement ». Donc, qui dit « transformation » dit, grosso modo, destruction de la planète. Avec de tels discours, favorisant l’écologie de marché et le solutionnisme technologique, le monde court à sa perte. Seule solution : arrêter de produire et donc se serrer la ceinture.

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E. Macron invente la « sobriété raisonnable » !! (2023)

extraits : En visite au Salon du Bourget, le chef de l’État affirme qu’il faut distinguer une sobriété « bien organisée, non punitive », d’une sobriété « punitive » : « La première serait comprise par tous et raisonnable, tout le monde fait des efforts qui permettent de faire des économies d’énergies. L’autre en viendrait à dire « il faut tout arrêter, et il faut renoncer à la croissance. Je ne la crois pas raisonnable. Nous qui sommes en déficit, comment voulez-vous qu’on finance notre modèle social si on ne crée plus de richesses ? 

Efficacité énergétique et économies d’énergie (2020)

extraits : Une confusion est trop souvent entretenue entre « efficacité énergétique » et « économies d’énergie ». L’efficacité renvoie à la performance de l’équipement, la sobriété renvoie à l’intelligence de l’usage. Si on isole parfaitement une maison pour économiser l’énergie mais qu’on en profite pour vivre avec quelques degrés de plus, il n’y aura pas de transition énergétique ; c’est l’effet rebond. La sobriété, c’est au contraire rompre avec la facilité, c’est le contraire de l’ébriété énergétique. En clair, cela veut dire limiter nos besoins à l’essentiel et ne pas trop compter sur la technique et l’innovation…

Transition énergétique, un oxymore de plus (2020)

extraits : La « transition » énergétique  n’a pas eu lieu, elle n’aura jamais lieu, la croissance record des renouvelables ne fait rien à l’affaire. Du point de vue des écologistes, il faut parler de « rupture » d’avec la société thermo-industrielle, pas de molle transformation progressive. Le nucléaire n’a pas remplacé le gaz qui n’a pas remplacé le pétrole qui n’a remplacé le charbon qui n’a pas remplacé le bois. Nous vivons sur une hypothèse (la substitution) qui n’a pas raison d’être si nous ne devenons pas plus frugaux…

Notre défi, 100 % de sobriété énergétique en 2050 (2017)

extraits : Selon le scénario Négawatt de 100 % d’énergie renouvelable en 2050, le défi le plus difficile à surmonter est la réduction de la consommation, qui suppose des évolutions sociétales drastiques et des réorganisations industrielles extraordinaires. Notons que la sobriété énergétique est totalement absente des différents programmes des présidentiables 2017. Difficile pour un politique d’expliquer à ses électeurs qu’ils vont devoir se serrer la ceinture, prendre moins souvent la voiture, aller moins loin en vacances et se chauffer modérément en hiver. Il faudrait que chacun d’entre nous établisse une hiérarchie qui passe des besoins vitaux aux essentiels, puis indispensables, utiles, convenables, accessoires, futiles, extravagants et inacceptables. Chacun devrait se livrer à l’exercice en famille ou au travail, de façon à prendre conscience de l’impact de tel ou tel achat ou comportement. Il s’agit de faire jouer à plein ce qui est la contre-partie indissociable de notre liberté : notre responsabilité !…

efficacité énergétique contre limitation des besoins (2013)

extraits : Sobriété, un concept central de la pensée de l’association négaWatt, qui propose de « s’interroger sur nos besoins » et de faire la part entre ce qui est « utile » et ce qui est « futile »… Faut-il imposer au particulier la rénovation thermique de son logement ? Oui, estime le Comité de liaison énergies renouvelables (CLER), car on « n’a pas le choix de faire ou de ne pas faire » lorsqu’il y a un gisement considérable d’économies d’énergie. Non, rétorquent les syndicats FO et CGT, en mettant en avant le pouvoir d’achat…

Le tri à faire en matière d’aide humanitaire

Nous sommes dans une société du surnombre démographique et nous sommes obligés de faire des choix. Dans un système contraint, la priorisation devient une nécessité. Au plus fort de l’épidémie du Covid, les hôpitaux ont été obligés de faire un tri médical, même en France. Comme pour des victimes de guerre, on classe les blessés entres ceux qui peuvent êtres sauvés et ceux dont on ne peut pas s’occuper. Cette alternative devrait bientôt concerner l’aide alimentaire mondiale. Aider ceux qui vont mourir de faim rapidement ou à plus longue échéance, que choisir ?

LE MONDE avec AFP : Le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu le 12 septembre 2023 que le manque d’argent le force à réduire ses rations et pourrait pousser 24 millions de personnes supplémentaires au bord de la famine. « Pour la toute première fois, le PAM a vu ses contributions diminuer alors que les besoins augmentaient régulièrement », souligne un communiqué de l’organisation. Le PAM estime que 345 millions de personnes dans le monde sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, au niveau trois ou plus de la classification de l’insécurité alimentaire, qui va jusqu’à 5 et qui est connue sous le nom d’IPC. Au total, 40 millions d’entre elles sont actuellement considérées comme étant en situation d’urgence alimentaire, donc contraintes de prendre des mesures désespérées pour survivre ; elles risquent de mourir. Le PAM se verrait forcé de ne secourir que ceux qui meurent de faim au détriment de ceux qui sont affamés.

Le point de vue des écologistes malthusiens

En 2018 dans 53 pays, 113 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë, nous passons à 350 millions en 2022. La situation est grave. Pourtant les journalistes du MONDE s’évertuent dans leurs articles à compiler toutes les causes possibles de la famine sans jamais faire référence à l’analyse démographique de Malthus (1798) qui montrait que, sans agir sur la fécondité humaine exubérante, nous allions nécessairement au désastre car la production alimentaire est soumise à la loi des rendement décroissants.

Comme un commentateur du monde.fr (Nicolas84), on pourrait être provocateur : « Plus le PAM sauve de la faim des personnes, et plus au final il y aura de morts de faim. Quelqu’un a une meilleure idée ? ». On pourrait être réaliste (Eric.Jean) : « Il ne faut pas être naïfs, les contributeurs au budget du PAM ne le font pas par humanisme mais pour subventionner indirectement leurs propres agriculteurs en les aidants à écouler leurs surplus. Avec l’instabilité climatique due au réchauffement les récoltes seront de plus en plus aléatoires et les surplus bien plus exceptionnels, sans compter les troubles qui peuvent atteindre des pays producteurs importants comme on le voit avec le blé ukrainien. Malheur aux pays incapables de parvenir à l’autonomie alimentaire, quelles qu’en soient les raisons (surpopulation, catastrophes climatiques, conflits). Je pense depuis longtemps que les premiers signes de l’effondrement civilisationnel à venir seront le retour des grandes famines ». Ou encore plus réaliste (Crocus) : « C’est la corruption, l’explosion démographique, l’apartheid sexuel des populations musulmanes qui poussent à la famine, pas les difficultés de financement du PAM. »

Lors de son discours de réception du prix Nobel de la paix en 1970, Norman Borlaug, l’inventeur de la révolution verte, s’est exclamé :

« Nous sommes face à deux forces contraires, le pouvoir scientifique de la production alimentaire et le pouvoir biologique de la reproduction humaine. L’homme a acquis les moyens de réduire avec efficacité et humanisme le rythme de la reproduction humaine. Il utilise ses pouvoirs pour augmenter le rythme et l’ampleur de la production alimentaire. Mais il n’exploite pas encore de façon adéquate son potentiel pour limiter la reproduction humaine. »

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Tout savoir sur la famine et même plus

extraits : L’insécurité alimentaire grimpe en flèche, et a explosé ces trois dernières années sous les effets de la pandémie de Covid-19, des extrêmes climatiques et des répercussions de la guerre en Ukraine. 350 millions de personnes étaient en insécurité alimentaire sévère en 2022, contre 80 millions en 2017. 158 millions de personnes ont reçu une aide du PAM en 2022, faisant de lui le plus gros programme d’aide humanitaire dans le monde. Mais l’agence, qui ne repose que sur des contributions volontaires de gouvernements, d’entreprises ou de particuliers, aura le plus grand mal à obtenir les 23 milliards de dollars (21 milliards d’euros) de financement nécessaire aux besoins estimés en 2023

Aide alimentaire, aide à l’agro-industrie !!!

extraits : L’aide alimentaire n’est pas une sympathique aide aux pauvres. Elle est un maillon dans la chaîne du contrôle des populations par les institutions étatiques et marchandes dominantes. Pour résumer, une agriculture hyper-industrielle a massivement détruit les milieux naturels et le travail des paysans, ce qui entraîne des millions de personnes qui se retrouvent devoir compter sur l’aide alimentaire (même en France !). Si on peut concevoir une aide alimentaire de court terme, on ne peut soutenir éternellement des pays en état de surpopulation… C’est déjà ce que le PAM pratique sans oser exposer le fond du problème.

Arrêtons l’aide alimentaire structurelle

extraits : Tout pays qui ne fait pas l’effort de maîtriser sa fécondité, et subit en conséquences des problèmes économiques et socio-politiques structurels, n’a pas droit à une aide alimentaire. Malthus dès 1798 était très clair sur ce point : « N’oublions pas que l’humanité et une vraie politique requièrent impérieusement que dans des circonstances de famine, les pauvres reçoivent tous les secours que la nature des choses permet de leur donner. Il est donc de notre devoir de leur donner dans les années de détresse quelques secours temporaires. » Il s’agit donc d’une aide de court terme, on ne peut soutenir éternellement des pays ou des personnes qui se complaisent dans leur misère sans rien faire pour s’en sortir. Pour lire Malthus, lien ci-dessous :

https://biosphere.ouvaton.org/blog/connaitre-malthus-grace-a-ses-ecrits/

 

Pour reverdir l’être, le SOI ouvert au monde

L’association « Roseaux Dansants » a pour but la diffusion du Travail qui Relie, méthode de Joanna Macy, en pays francophones. Prochain atelier, A l’écoute de la Terre en soi, à l’Institut Karma Ling, Savoie, du 25 au 27 septembre 2015. www.roseaux-dansants.org.

Voici un texte de Joanna Macy que cette association nous a fait parvenir.

Puissions-nous rentrer en nous-mêmes, afin de dé-couvrir nos véritables racines, dans l’entrelacement biologique de cette exquise planète. Que la pulsation puise sa nourriture et sa vitalité dans ces racines, dans une détermination farouche de continuer la danse qui se poursuit depuis des milliards d’années.

May we turn inwards and stumble upon our true roots in the intertwining biology of this exquisite planet.

May nourishment and power pulse through these roots, and fierce determination to continue the billion-year dance. (John Seed)

Dans notre monde, il se passe quelque chose d’important dont on ne parle pas dans les journaux. Je considère cependant cette émergence comme la plus fascinante et porteuse d’espoir de notre temps, et c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles je suis si heureuse de vivre aujourd’hui. Il s’agit de comment évolue notre notion du ‘SOI‘.

Le SOI est la construction métaphorique de l’identité et du potentiel d’action de l’être, le terreau hypothétique dans lequel nous plantons nos stratégies de survie, pour la convergence de l’instinct de préservation, du besoin d’être en accord avec soi-même, et des limites de l’intérêt personnel. Une transformation s’opère : la notion classique du soi de la culture dominante qui nous a conditionnés est remise en question. Ce qu’Alan Watts a appelé « l’ego dans sa capsule de peau », et ce que Gregory Bateson a dénoncé comme « l’erreur épistémologique de la civilisation occidentale », perd sa dépouille. Apparaissent alors les fondations plus solides de l’identité et de l’intérêt personnel, ce que le philosophe Arne Naess appelle le Soi du monde (the ecological self, littéralement, le ‘soi écologique’), profondément relié avec les autres êtres et la vie de notre planète. C’est ce que je préfère appeler « reverdir l’être. »

Des Bodhisattvas dans des canots pneumatiques

Pendant une conférence sur un campus universitaire il y a quelques années, je donnais des exemples des activités entreprises pour la défense de la vie sur Terre – des actions dans lesquelles les gens risquent leur confort et même leur vie pour protéger d’autres espèces. Pour les membres du mouvement Chipko, ceux qui embrassent les arbres, dans le nord de l’Inde, par exemple, les villageois protègent des haches et des bulldozers ce qu’il reste de leurs forêts, en interposant leurs corps. En haute mer, des militants de Greenpeace interviennent pour protéger du massacre les mammifères marins. Après cette conférence, j’ai reçu une lettre d’un étudiant, disons, Michel. Il écrivait :
« 
Je pense à ceux qui embrassent les arbres étreignant mon tronc, bloquant les tronçonneuses avec leur corps. Je sens leurs doigts se creuser dans mon écorce pour arrêter l’acier et me laisser respirer. J’entends les bodhisattvas dans leurs canots pneumatiques, qui s’interposent entre les harpons et moi, pour que je puisse m’échapper dans les profondeurs de la mer. Je rends grâce pour votre vie et la mienne, et pour la vie elle-même. Je rends grâce, car je réalise que moi aussi, j’ai accès à ce même pouvoir que celui de ceux qui embrassent les arbres et des bodhisattvas. »

Ce qui est frappant dans les mots de Michel est le changement d’identification. Michel est en mesure d’étendre sa conscience du soi pour englober, comprendre, le soi de l’arbre et de la baleine. Désormais, l’arbre et la baleine ne sont plus des êtres lointains, séparés, choses que l’on peut jeter, qui appartiennent à un autre monde ; ils sont intrinsèques à sa propre vitalité. Grâce à la puissance de sa compassion, son expérience du soi s’étend bien au-delà que l’ego dans sa capsule de peau. Je cite les paroles de Michel non pas parce qu’elles sont inhabituelles, mais au contraire, parce qu’elles expriment un désir et un pouvoir libérateur du carcan des anciennes constructions du soi. Un nombre grandissant de personnes aujourd’hui expriment ce désir et cette capacité tandis que leur profonde préoccupation pour ce qui se passe dans notre monde les inspire à parler et agir en son nom.

Comment gérer le désespoir
Parmi ceux qui se libèrent de ces vieilles constructions du soi, comme la mue d’une vieille peau ou d’une coquille trop étroite, il y a John Seed, directeur du Rainforest Information Centre en Australie. Un jour, nous marchions à travers la forêt en Nouvelle-Galles du Sud, où il a son bureau, je lui ai demandé : « Vous parlez de la lutte contre les compagnies forestières et la classe politique pour sauver les forêts tropicales restantes. Comment gérez-vous le désespoir?
« 

Il a répondu : «J’essaie de me souvenir que ce n’est pas moi, John Seed, qui tente de protéger la forêt tropicale. Mais plutôt que je fais partie de la forêt tropicale qui se protège elle-même. Je suis la partie de la forêt tropicale qui a récemment émergé en tant que l’esprit humain.» Voilà ce que j’entends par ‘reverdir l’être’. Cela implique une alliance de la mystique avec la pratique, qui transcende séparation, aliénation et fragmentation. C’est une transformation que John Seed lui-même appelle un changement spirituel, qui génère un sentiment profond d’inter-reliance avec la vie toute entière.

Ce n’est pas une nouveauté pour notre espèce. Par le passé, poètes et mystiques ont transmis ces idées, mais pas ceux qui, sur les barricades, militaient pour le changement social. Voici que la conscience d’un SOI plus vaste, ce ressenti identitaire qui s’étend jusqu’aux confins lointains de la vie, devient une motivation pour l’action. C’est une source de courage qui nous aide à résister aux pouvoirs qui travaillent encore, par la force d’inertie, à la destruction de notre monde. Cette conscience élargie du soi conduit à une action durable et résiliente pour la vie.

Quand vous regardez ce qui se passe dans notre monde – et c’est difficile de faire face à ce qui arrive à notre eau, notre air, nos arbres, nos compagnons d’autres espèces – il devient clair que faire face aux énormes défis devant nous devient presque impossible, à moins d’être enraciné dans une pratique spirituelle qui considère la vie comme sacrée, propice à une communion joyeuse avec tous les êtres qui nous entourent.

Robert Bellah dans « Les habitudes du cœur » appelle à une écologie morale. « Nous devons traiter les autres comme une partie de nous-mêmes, dit-il, plutôt que de les considérer comme « eux », avec qui nous serions constamment en compétition. »

A Robert Bellah, je réponds : « C’est en train d’arriver ! » Ça arrive grâce à trois évolutions convergentes. Tout d’abord, le petit soi traditionnel, ou le moi-ego, se fait psychologiquement et spirituellement remettre en question lorsqu’il est confronté aux dangers de destruction massive. La deuxième force œuvrant à démanteler le moi-ego est une vision du monde qui provient de la science. Il émerge de la théorie des systèmes vivants et de la cybernétique des systèmes, une perception évolutive du soi, comme étant inséparable de la toile des relations qui le soutiennent. La troisième force est la résurgence aujourd’hui des spiritualités non-dualistes. Je puise ici dans ma propre expérience du bouddhisme, mais je vois aussi des équivalences dans d’autres traditions religieuses, comme le Judaïsme du renouveau, Spiritualité de la création pour le christianisme, le soufisme pour l’Islam, ainsi que dans l’appréciation respectueuse du message des cultures autochtones. Ces évolutions dérangent le soi d’une façon qui l’aide à dépasser ses anciennes limites et définitions.

L’ouverture du cœur par le deuil

C’est surtout en fonction des dangers qui menacent de nous accabler que nous débouchons sur une conscience de soi plus vaste, écologique. Compte tenu des informations qui rapportent la destruction progressive de notre biosphère, nous prenons de plus en plus conscience que le monde tel que nous le connaissons peut arriver à sa fin. La perte de la certitude qu’il y aura un avenir est, je crois, la réalité psychologique essentielle de notre époque. Pourquoi est-ce-que je pense que ce phénomène érode l’ancienne conscience de soi ? Parce que, dès que nous cessons de nier les crises de notre époque et que nous nous permettons de faire l’expérience de la profondeur de nos propres réponses à la douleur de notre monde – qu’il s’agisse de brûler la forêt amazonienne, des famines en Afrique, ou des sans-abri dans nos propres villes – l’expérience de la douleur, de la colère ou de la peur, ne se réduisent pas au souci pour chacun de sauver sa peau. Le ressenti du deuil pour notre biosphère appartient à une catégorie bien différente de ce que nous éprouvons à la perspective de notre propre mort.

L’angoisse planétaire nous fait parvenir à un autre niveau systémique où nous nous ouvrons à l’expérience collective. Elle nous permet de reconnaître notre interdépendance fondamentale avec tous les êtres. Ne vous excusez pas si vous pleurez pour l’Amazonie brûlée ou pour les montagnes des Appalaches éventrées pour le charbon. La douleur, le chagrin et la rage que vous ressentez est la mesure de votre humanité et de votre maturité évolutive. Par la blessure de votre cœur un espace s’ouvrira pour la guérison du monde. Voilà ce qui se passe lorsque que nous voyons des gens confronter les peines de notre époque en toute authenticité. Et c’est une réponse adaptative.

La crise qui menace notre planète, qu’elle soit perçue dans son aspect militaire, écologique, ou social, découle d’une notion dysfonctionnelle et pathologique du soi. Elle découle d’une erreur sur la place que nous occupons dans l’ordre des choses. C’est l’illusion que le soi est si séparé et fragile que nous devons définir et défendre ses frontières ; qu’il est si petit et si nécessiteux que nous devons sans cesse acquérir et sans cesse consommer ; et qu’en tant qu’individus, entreprises, nations, ou espèce, nous sommes exemptés des conséquences de ce que nous infligeons aux autres êtres.

L’envie de dépasser un concept du soi tellement étriqué n’est pas nouvelle, bien sûr. Bien des gens ont senti la nécessité d’élargir leur intérêt personnel pour embrasser une réalité plus vaste. Ce qui est remarquable dans notre situation, c’est que cette extension de l’identité n’est pas motivée par un désir d’être bon ou altruiste, mais simplement celui d’être présent et de reconnaitre notre douleur. Et voilà pourquoi ce changement dans la conscience du soi est crédible. Comme le dit le poète Théodore Roethke: « Je crois ma douleur. »

Cybernétique du soi

La science du XXe siècle remet en question la notion d’un soi séparé du monde qu’il observe et sur lequel il agit. Einstein a montré que les perceptions du soi sont déterminées par sa position en relation aux autres phénomènes. Et Heisenberg, par son principe d’incertitude, a démontré que les perceptions sont modifiées par l’acte même de l’observation.

La science des systèmes va plus loin encore dans la remise en question de la doxa du soi séparé et continu, en montrant qu’il n’y a aucun fondement logique ni scientifique pour interpréter une partie de notre expérience du monde comme «moi» et le reste comme «autre». Et ceci parce qu’en tant que systèmes ouverts qui s’auto-organisent, notre propre respiration, nos actions et nos pensées émergent en interaction avec notre monde partagé; il est parcouru de courants de matière, d’énergie et d’information qui nous traversent et nous soutiennent. Dans une toile de relations qui soutiennent ces activités il n’y a aucune ligne de démarcation.

Comme le disent les théoriciens des systèmes: « Il n’y a pas de catégorie du ‘je’ en opposition à une catégorie du ‘tu’ ou du ‘ça’. » Un des exposés les plus clairs sur cette question se trouve dans les écrits de Gregory Bateson, qui dit que le processus qui décide et qui pose les actes ne peut pas s’identifier parfaitement avec la subjectivité d’un individu isolé ou situé à l’intérieur des limites de la peau. Il fait valoir que « l’unité d’auto-correction qui traite l’information est un système dont les limites ne coïncident pas du tout avec les frontières, ni du corps, ni de ce qui est souvent appelé le ‘soi’, ou la ‘conscience de soi' », il poursuit: « Le soi tel qu’on le conçoit habituellement est seulement une petite partie d’un système beaucoup plus grand, qui procède par approximations successives, et qui régit la pensée, l’action et la décision ».

Bateson offre deux illustrations. L’une, c’est un bûcheron en train d’abattre un arbre. Ses mains saisissent le manche de la hache, il y a la tête de la hache, le tronc de l’arbre. Vlan, il fait une entaille, et vlan, une autre entaille. Quel est le circuit de retour d’information, où se trouve l’information qui guide l’abattage de l’arbre ? C’est une boucle, on peut commencer n’importe où. De l’œil du bûcheron, à sa main, à la hache, et de retour à l’entaille dans l’arbre. Cette boucle d’auto-correction, c’est ce qui coupe l’arbre.

L’autre exemple: une personne aveugle se promène avec une canne le long du trottoir. Tac-tac, tiens une bouche d’incendie, et voilà le rebord du trottoir. Qui marche ? Où est le soi de la personne aveugle ? Qui perçoit et décide ? Le circuit de réaction auto-correctif comprend le bras, la main, la canne, le trottoir, et l’oreille. A cet instant, c’est tout ça, le soi qui marche. Bateson souligne que le soi est une fausse réification d’une partie mal délimitée d’un champ beaucoup plus large de processus interdépendants. Et il ajoute que cette fausse réification du soi est à la base de la crise écologique planétaire dans laquelle nous nous trouvons. On se voit comme une unité de survie, sur laquelle on doit veiller, et on imagine que l’unité de survie c’est l’individu séparé, ou bien une espèce distincte ; alors qu’en réalité, tout au long de l’histoire de l’évolution, il s’agit de la survie de l’individu plus l’environnement, une espèce plus l’environnement, car ils sont essentiellement symbiotiques.

Le soi est une métaphore. Nous sommes libres de le limiter à notre peau, notre personne, notre famille, notre organisation, ou à notre espèce. Nous pouvons sélectionner ses limites dans la réalité objective. Comme l’explique Bateson, notre conscience autoréflexive, intentionnelle, n’éclaire qu’un petit arc des courants et des boucles de la connaissance qui nous entrelace. Il est tout aussi plausible de concevoir l’esprit comme coexistant avec ces circuits plus vastes, avec l’ensemble de la « grande trame des connexions. »

N’allez pas penser qu’élargir la construction du soi de cette manière éclipsera votre caractère distinctif ou que vous perdrez votre identité comme une goutte dans l’océan. Du point de vue systémique, l’émergence de vastes trames qui s’auto-organisent, et de systèmes entiers, exige et génère à son tour une diversité croissante. L’intégration et la différenciation vont de pair. « Tandis que vous permettez à la vie de vivre à travers vous, dit le poète Roger Keyes, vous devenez davantage qui vous êtes réellement. »

Percées spirituelles
Le troisième facteur qui contribue à ébranler la notion conventionnelle du soi, comme restreint et séparé, c’est la résurgence de spiritualités non-dualistes. Cette tendance est présente dans toutes les traditions religieuses. D’après mon expérience, le bouddhisme se distingue pour la clarté et la sophistication qu’il porte à la dynamique du soi. Tout comme la théorie des systèmes, le bouddhisme sape la vieille dichotomie entre soi et autre, et donne le démenti au concept d’une entité continue, qui existe par elle-même. Puis il va plus loin que la théorie des systèmes, en montrant le caractère pathogène de toute réification du soi. Il va plus loin encore en proposant des méthodes pour transcender ces difficultés et guérir cette souffrance. Ce que le Bouddha a découvert en se réveillant sous l’arbre de Bodhi était paticca samuppāda: la co-émergence interdépendante de tous les phénomènes, dans laquelle on ne peut pas isoler un soi continu et séparé.

Au cours des âges, chaque religion s’est posé ces questions: « Que faire de ce soi bruyant, ce ‘je’, qui réclame toujours de l’attention, qui réclame toujours ses récompenses ? Devrions-nous le crucifier, le sacrifier, le mortifier? Ou devrions-nous l’affirmer, l’améliorer, et l’ennoblir? « 

La voie bouddhiste nous amène à réaliser que ce qu’il y a à faire de ce soi, c’est de percer ses intentions. Ce soi n’est qu’une convention, utile, certes, mais il n’est pas plus réel que ça. Lorsqu’on le prend trop au sérieux, quand on suppose qu’il est durable, qu’on doit le défendre et le promouvoir, il devient alors la base de l’illusion, le motif derrière nos attachements et nos aversions.

La roue de la vie tibétaine offre un bel exemple du fonctionnement d’une boucle de rétroaction positive. On peut y voir les différents royaumes des êtres, et au centre de cette roue de samsara, trois personnages : le serpent, le coq et le cochon – l’illusion, l’avidité et l’aversion – et ils passent leur temps à se pourchasser en boucle. Cette roue illustre la notion classique du soi, que nous devons protéger, promouvoir, ou en tout cas… en faire quelque chose !

Oh, la douceur de réaliser que je ne suis pas autre que ce que je vis! Je suis cette respiration. Je suis ce moment, qui change sans cesse, pour émerger de la fontaine de la vie. On n’est pas condamnés à la course perpétuelle, frénétique et hargneuse, pour toujours se protéger et se faire valoir. Ce cercle vicieux peut être brisé par la sagesse, prajna, de savoir que le soi n’est qu’une vue de l’esprit; par la pratique de la méditation, dhyana, qui soutient cette sagesse intuitive ; et par la pratique de la morale, sila, où l’attention à nos actions peut les libérer de la servitude à un soi séparé. Contrairement au nihilisme et à l’évasion souvent imputés à la voie bouddhiste, cette libération nous propulse dans le monde avec un sens plus vif de l’engagement social.

Notre douleur pour le monde révèle notre vraie nature: ne faire qu’un avec l’ensemble de la vie. Celui qui sait cela est le bodhisattva – et nous en sommes tous capables. Nous pouvons tous le reconnaître et notre action s’enraciner dans notre inter-existence avec tous les êtres. Quand nous détournons le regard de ce sans-abri, sommes-nous indifférents ou est-ce la douleur de le regarder ? Ne soyez pas dupe de l’apparente indifférence de ceux qui vous entourent. Ce qui ressemble à de l’apathie est en réalité la peur de la souffrance. Mais le bodhisattva sait que si vous avez peur de vous rapprocher de la douleur de notre monde, vous serez banni de sa joie aussi.

Une chose que j’aime dans le Soi du monde est qu’il rend non pertinente l’exhortation morale. Le sermon est à la fois ennuyeux et inefficace. C’est ce que souligne Arne Naess, philosophe norvégien auteur des termes ‘écologie profonde’ (deep ecology) et ‘Soi du monde’ (ecological self ).

Naess explique que nous changeons notre manière de vivre notre soi grâce à un processus de déploiement constant de l’identification. En empruntant le terme réalisation de soi à la tradition hindoue, il décrit ce processus comme une progression « où le soi qui doit se réaliser, s’étend au-delà de l’ego séparé, et intègre de plus en plus le monde des phénomènes ». Il ajoute:

« Dans ce processus, des notions telles que l’altruisme et le devoir moral sont abandonnées. Implicitement basé sur le terme latin « ego », il a un contraire « alter ». L’altruisme implique que l’ego sacrifie ses intérêts en faveur de l’autre, l’alter. La motivation vient avant tout du sens du devoir. Il est dit que nous devons aimer les autres comme nous-mêmes. Cependant, très peu d’humains sont capables d’aimer par simple devoir ou par exhortation morale. »

« Malheureusement, l’attitude moralisatrice de certains acteurs du mouvement écologique a donné au public la fausse impression qu’il est appelé à faire des sacrifices – à se montrer plus responsable, à ressentir plus d’inquiétude, à faire preuve d’un niveau moral supérieur. Mais ceci en découlerait tout naturellement, si le soi était élargi et approfondi. Ceci entraînerait le ressenti et la perception de la protection de la nature comme la protection de nous-mêmes ».

Notez que la vertu n’est pas nécessaire. L’émergence d’un Soi du monde, à ce stade de notre histoire, est nécessaire précisément parce que l’exhortation morale ne fonctionne pas. Les sermons nous empêchent rarement de suivre notre intérêt personnel tel que nous le concevons.
Le choix évident devient alors d’étendre nos notions de l’intérêt personnel. Par exemple, il ne me viendrait pas à l’esprit de vous supplier: « Ne vous sciez pas la jambe. Ce serait un acte de violence! » Cela ne me viendrait pas à l’esprit (ni à vous) parce que votre jambe fait partie de votre corps. Et bien, les arbres du bassin pluvial de l’Amazone le sont aussi ! Ils sont nos poumons externes. Nous commençons à réaliser que le monde est notre corps.

Notez ces mots : nous avons le choix

Le Soi du monde, comme toute notion de l’être, est une construction métaphorique, car elle nous permet de comprendre et guider notre comportement. Dynamique et dépendante de la situation, c’est une perspective que nous pouvons choisir d’adopter en fonction du contexte et des besoins. Notez ces mots : nous avons le choix. Il s’agit bien d’une métaphore et non pas d’une catégorie rigide. On peut donc choisir de s’identifier selon les moments, à différentes dimensions ou aspects de notre existence systémiquement interdépendants – qu’il s’agisse de rivières qui meurent, de réfugiés déplacés ou de la planète elle-même. Ce faisant, le soi étendu met en jeu un autre niveau de ressources – comme une cellule nerveuse qui s’ouvre à la charge électrique des autres neurones. Cette extension provoque un sentiment de dynamisme et de résilience. A partir de la toile plus large dans laquelle nous prenons vie, des ressources intérieures – de courage, d’endurance, d’ingéniosité – irriguent notre être, si nous les laissons agir. C’est alors comme une bénédiction inattendue.

En élargissant notre intérêt personnel pour inclure les autres êtres de la Terre elle-même, le Soi du monde élargit également notre perception du temps. Il libère notre contexte temporel de la croyance que nos objectifs et récompenses existent uniquement en termes de notre vie présente. La vie qui nous traverse, qui fait battre notre cœur et respirer nos poumons, n’a pas commencé à notre naissance ni à notre conception. Comme chaque particule de chaque atome et molécule de notre corps, elle remonte loin à travers le temps jusqu’à la première explosion et la spirale des étoiles.

Ainsi ‘reverdir l’être’ nous aide à ré-habiter le temps et nous réapproprier notre histoire de la vie sur Terre. Nous étions présents dans l’impulsion originelle, dans les pluies qui se sont abattues sur cette planète encore en fusion, et dans les mers primordiales. Dans le ventre de notre mère, nous nous sommes souvenu de ce voyage, grâce aux vestiges de branchies, de queues et de nageoires en guise de mains. Sous les couches externes de notre néocortex et l’apprentissage de l’école, cette histoire est en nous – l’histoire d’une profonde parenté avec la vie entière, qui nous donne des forces que nous n’avions même pas imaginées. Lorsque nous revendiquons cette histoire dans l’intime connaissance de qui nous sommes, nous sommes envahis par une joie qui va nous aider à survivre.

(extraits de World as Lover, World as Self de Joanna Macy)

Traduction : Claire Carré et Françoise Ferrand de l’association Roseaux Dansants.

Toile de la vie et Travail qui relie

La crise climatique est venue accentuer une forme de millénarisme et d’ambiance apocalyptique qui porte en elle une nécessité de conversion à un autre imaginaire. Pour affronter l’écoanxiété qui assaille les gens conscients, un nombre croissant de personnes se tournent vers divers rituels de reconnexion à la nature. Elles se bricolent une spiritualité sur mesure, censée les aider à transformer le monde, ou du moins leur rapport à celui-ci. Le mouvement s’observe à double sens : une spiritualisation de l’écologie, et une écologisation du religieux. Toute religion est une construction sociale élaborée pour résoudre un problème.

Le « Travail qui Relie » de Joanna Macy a pour but de se relier à notre écologie profonde, d’ouvrir le champ de ressources spirituelles et psychologiques nécessaires pour faire face à la situation planétaire actuelle. En puisant à la source de la vie, nous retrouvons nos racines et notre véritable nature. Les ateliers du Travail qui Relie de l’association « Roseaux dansants » proposent différentes pratiques pour transformer notre inquiétude justifiée et mobiliser notre énergie en engagement créatif.

Le terme « Écologie profonde » est crée par le philosophe Arne Naess (‘Deep Ecology’, 1973) pour désigner le vécu de l’écologie en opposition avec une simple étude. L’ écologie profonde nous amène à ressentir notre appartenance à la toile de la Vie. La crise environnementale n’est pas seulement au-dehors, mais aussi au-dedans de nous.

Prochain atelier,

Du jeudi 21 à partir de 10 h, au dimanche 24 septembre 2023 à 16 h,
♦ L’atelier se déroulera à l’Eco Domaine du Bois du Barde,

Côtes d’Armor – 22 110 Mellionnec –

roseaux.dansants@gmail.com

Tel : 09 53 07 45 72

À lire

2008 Ecopsychologie pratique (retrouver un lien avec la nature) de Joanna Macy et M.Y. Brown

2012 Un nouveau monde en marche (vers une société non-violente, écologique et solidaire) sous la direction de Laurent Muratet et Etienne Godinot

2015 Soigner l’esprit, sauver la Terre (introduction à l’écopsychologie) de Michel Maxime Egger

Sur notre blog

Pour connaître l’écopsychologue Joanna Macy

extraits : Alors que la Terre est en train de mourir, nous avons oublié que sous sommes la terre de la terre, les os de ses os. En dépit de notre conditionnement issu de deux siècles de société industrielle, nous pouvons retrouver l’aspect sacré de la Biosphère. C’est pourquoi Joanna Macy pense que nous avons besoin d’un travail d’écologie profonde. Il lui semble nécessaire de nous appuyer sur le sentiment de l’interdépendance entre tous les êtres vivants…

anthologie ECOLOGIE PROFONDE (résumés de livres)

extraits : L’écologie profonde est une philosophie qui remet en question l’anthropocentrisme dominant. Cette anthologie a pour objectif de mieux faire connaître une philosophie qui pourrait structurer la pensée et la sensibilité dans les prochains siècle : ressentir que l’espèce humaine et la biosphère appartiennent au même ensemble et doivent donc faire cause commune. L’écologie profonde s’oppose à l’écologie superficielle, qui essaye de réparer les dégâts faits à la nature mais sans remettre en question la vision utilitariste et dominatrice de l’Homme « à l’image de Dieu »…

à connaître

Joanna Macy : Docteur en Philosophie, spécialiste du bouddhisme, de la théorie Générale des Systèmes et de l’Écologie profonde, voix respectée des mouvements pour la paix, la justice sociale et environnementale, Joanna est une fondatrice de l’écophilosophie et de l’écopsychologie. Depuis une trentaine d’années, des milliers de personnes ont participé aux stages de Joanna, sa méthodologie est adoptée et adaptée plus largement encore dans des contextes scolaires, citoyens, et associatifs. Son travail aide à transformer le désespoir et l’apathie, face à l’énormité de la crise écologique et sociale, en action constructive et collaborative. Ce travail nous révèle une nouvelle vision du monde, comme d’un immense corps vivant dont nous faisons partie, nous libérant ainsi des préjugés et des attitudes qui menacent la vie sur Terre.

Pour Joanna Macy, le Travail qui Relie s’abreuve à trois rivières, que notre époque voit confluer :

– les percées de la science

– les enseignements ancestraux

– notre douleur pour le monde

Claire Carré : fait la rencontre de la ‘Deep Ecology’ en 1989, en Irlande, dans le Connemara. Passionnée par le travail de Joanna, Claire anime des ateliers d’Ecologie profonde depuis 1994. En 2007, Claire crée l’association Roseaux Dansants pour promouvoir le Travail qui Relie en pays francophones.

Formée en sciences de l’environnement, elle est animatrice de chantiers de l’environnement en Provence, elle est chargée de cours de mouvement et de Conscience du corps à l’université Paris VIII. Claire allie la pratique du Travail qui Relie à l’exploration corporelle et sensorielle, pour donner à ressentir le lien fondamental psychisme-corps-terre.

Provoc. Quelques morts au Maroc et en Libye

C’est la course à l’échalote, à qui aura le meilleur score de victimes des soubresauts de la planète.

vendredi 8 septembre 2023 : Au Maroc, le bilan des victimes du séisme s’alourdit à plus de 2 800 morts. A mesure que les fouilles des secouristes progressent, le bilan progresse.

samedi 9 et lundi 11 septembre 2023 : En Libye, la tempête Daniel a rompu deux barrages, submergés par les volumes de retenue trop importants. La crue a emporté les habitants de Derna, ses arbres, ses maisons, ses immeubles, ses rues, ses places. Déjà 2 000 morts recensés,  plus de 5 000 personnes seraient portées disparues.

Lybie, près de 7 millions d’habitants, Maroc plus de 37 millions, il y a quand même des survivants…

Surpopulation en Chine, une idée tabou ?

Médias et politiques s’inquiètent toujours d’une diminution de la population, même pour la Chine. Jamais d’un trop plein. A croire que parler « surpopulation » reste tabou.

Le Monde.fr avec Reuters (28 novembre 2012) : « La Chine envisage d’assouplir sa politique de l’enfant unique et pourrait autoriser les couples à avoir deux enfants, même lorsque les deux parents ne sont pas enfants uniques, annonce l’ancien responsable de la Commission de la population nationale et du planning familial. Entrée en vigueur en 1979, la politique de l’enfant unique visait à limiter le nombre de naissances… Des chercheurs mettent en garde contre les futurs problèmes économiques et sociaux auxquels la Chine risque de se trouver confrontée en raison du vieillissement de sa population… »

INED en 2023 : Le « bonus démographique » a contribué à stimuler la croissance économique, mais il ne durera pas. Dès 2050, la Chine comptera 220 millions de personnes d’âge actif de moins qu’à l’heure actuelle. Un déficit de main d’œuvre se profile d’ores et déjà dans certains secteurs. Aussi les autorités commencent-elles à se soucier du vieillissement démographique, qui s’annonce extrêmement rapide.

Geo.fr : Face à son déclin démographique, la Chine risque une crise …

National Geographic : Chine : le déclin démographique

Le point de vue des écologistes malthusiens

Depuis des années les médias nous bassinent avec le vieillissement de la population chinoise. Or résoudre les problèmes par plus de natalité, donc par plus de vieux et de retraités demain, ne résout fondamentalement rien du tout quand un pays est surpeuplé. La Chine était jusqu’en avril 2023 le pays le plus peuplé du monde juste devant l’Inde. Entre 1950 et 1970, la population est passée de 540 millions à 800 millions pour dépasser le chiffre vertigineux de 1,4 milliards de personnes en 2020. La densité est élevée, de 150 hab./km² pour une moyenne mondiale de 60 hab./km². Ce pays dispose de 10 % de la superficie cultivable mondiale, mais doit nourrir 18 % de la population mondiale.

La croissance chinoise, à base de charbon et d’exportations, est extrêmement fragile, avec des conséquences déjà très négatives au niveau social et environnemental. Le chômage devient structurel. Le chômage des jeunes est tellement haut que les autorités ont arrêté d’en publier les chiffres en août 2023, après un record atteint en juin à 21,3 %. Les exportations ont aussi reculé de 14,5 % en juillet, tandis que la consommation stagne. L’immobilier ne cesse de chuter, avec une baisse des ventes de 34 % en août, et plusieurs grands promoteurs, comme Evergrande et Country Garden, sont au bord de la faillite, risquant d’emporter dans leur chute des institutions financières. Les gouvernements locaux, surendettés après trois ans de politique zéro Covid, et privés des recettes issues des ventes de terrains aux promoteurs immobiliers, ont été autorisés, mi-août, à émettre 1 000 milliards de yuans (127 milliards d’euros) de nouvelles dettes. La dette totale est estimée à 66 000 milliards de yuans (8 382 milliards d’euros). La croissance à crédit, c’est aussi une réalité chinoise, et cela ne peut que mal se terminer. Il n’est pas aisé de vivre dans une économie libérale débridée (profit, croissance, marché, ruissellement, taux d’intérêts) dans un pays au régime communiste à la lourde machinerie administrative. Même LE MONDE s’inquiète en septembre 2023 : La Chine tâtonne pour sauver son économie.

Au niveau politique, une telle masse de gens ne peut pas être gouverné par des procédures démocratiques, c’est impossible. D’où l’omni-pouvoir d’un leader qui prend toute la place jusqu’à la prochaine révolution de palais. Or à l’heure actuelle une dictature a les moyens techniques d’asservir le peuple. L’innovation dans le big data et l’intelligence artificielle a fait surgir des convergences en matière de contrôle, de surveillance et de notation sociale. Contrairement à l’Occident, où l’on se pose parfois toutes sortes de questions d’éthique, le gouvernement chinois ont la capacité d’unifier tous ces systèmes. Une « police du Net » en Chine a déjà pour fonction de gérer les alertes et de prévoir les comportements déviants. Quiconque ne suit pas au plus près la ligne du parti dans son comportement devient suspect. Les systèmes de notation économique s’étendent à une évaluation du comportement politique et social. Les usagers de la Toile sont soumis à de nouvelles règles depuis le 8 octobre 2017. Elles les obligent à « adhérer aux directives correctes, [à] promouvoir les valeurs socialistes fondamentales et [à] entretenir une culture en ­ligne positive et saine » sous peine de voir leur « notation sociale » abaissée et « leur dossier transmis aux autorités ». Ces directives étendent aux usagers individuels les contrôles politiques qui s’appliquaient d’abord aux médias chinois et leurs gestionnaires.

Des Chinois au nombre de 1,4 milliards de personnes, une population mondiale de 8 milliards depuis novembre 2022, c’est invivable car nous nous retrouvons obligatoirement privés d’espace et de nature. Les humains souffrent, la biodiversité souffre, le climat souffre et les ressources naturelles s’épuisent. Après avoir flirté pendant longtemps avec les 10 % de croissance annuelle (doublement du PIB en 7 années seulement), le taux ne sera que de 4% cette année. Ça ressemble plutôt à un retour à une croissance normale. Il est vrai que les immeubles sont neufs en Chine, les voitures de plus en plus électriques, les trains partent tellement à l’heure qu’on peut régler sa montre avec, on peut même se promener en pleine nuit sans inquiétude, mais cela ne durera pas.Les arbres ne grandissent pas jusqu’au ciel »et la croissance économique ne saurait donc se poursuivre sans détruire le cadre terrestre qui nous fait vivre… Toutes les études montrent l’effondrement probable de la civilisation thermo-industrielle. La Chine à l’époque de l’enfant unique n’avait pas fait l’erreur d’ignorer Malthus car elle avait maîtrisé sa fécondité, elle a fait l’erreur de promouvoir la croissance économique au prix de la destruction des communautés, de l’économie domestique et de l’environnement. On comprend la panne actuelle du désir d’enfant ; les Chinois sont refroidis par la hausse du coût de la vie et de l’éducation des enfants, par les difficultés de logement et surtout par les incertitudes face à l’avenir. Pourquoi le gouvernement ferait-il l’impasse sur le réalisme des jeunes chinoises qui, coincé par le système, ne veulent un enfant que quand les conditions s’y prêtent ?

Pourtant le gouvernement chinois a autorisé en 2015 les ménages à avoir un deuxième enfant… et le 27 septembre 2021, le gouvernement avait souligné, dans ses « lignes directrices pour le développement des femmes chinoises », qu’il entendait « réduire les avortements qui ne sont pas médicalement nécessaires »…

En savoir plus grâce à ce blog biosphere

Un enfant par femme… ou deux ou trois ! (en Chine)

L’ère de la cryptoprédiction… pour le pire en Chine

Délire, la Chine en manque de bébés !!!

La Chine contre le droit à l’avortement !?

LE MONDE voudrait une Chine plus peuplée