Octobre 1974, 50 ans déjà, le 1er choc pétrolier
Nos dirigeants ont la mémoire courte, ils font comme si le premier choc pétrolier n’avait pas eu lieu, ni les suivants. Ils restent croissancistes. Ils attendent donc le choc pétrolier ultime, celui qui fera en sorte que nous devrons agir dans l’urgence, de façon conflictuelle au niveau national (manifestations contre la hausse des prix) et international (conflits pour la répartition des ressources rares). Voici comme piqûre de rappel ce qui s’est passé en 1973-1974.
18 octobre 1973, Premier choc pétrolier : Les pays du Golfe Persique relèvent de 17 % le prix du pétrole brut
extraits : La semaine dernière à Vienne, les représentants de ces pays négociaient encore avec les compagnies pétrolières. Six pays du golfe Persique ont décidé le 16 octobre 1973 de fixer unilatéralement le » prix du marché » de leur pétrole à 3,65 dollars par baril, soit une augmentation de 17 % par rapport aux derniers prix pratiqués. Cette façon de fixer unilatéralement les prix serait-elle le signe avant-coureur de nouvelles nationalisations ? Faut-il considérer les décisions prises comme le prélude à une » guerre du pétrole » ? En fait, il correspond à la réalité. Le pétrole étant une matière première de plus en plus rare, ceux qui le possèdent sont en mesure de maîtriser son prix, qu’il soit affiché ou qu’il relève du » jeu » de l’offre et de la demande….
30 octobre 1973, Premier choc pétrolier : La fin d’une ère
extraits : LE pétrole est devenu une arme, nul désormais ne l’ignore plus. Tous les États producteurs ont maintenant acquis la maîtrise à la fois des quantités de pétrole qu’ils vendent et du prix auquel ils le vendent. Autrefois c’étaient les compagnies qui faisaient la loi sur le marché. Puis elles ont été obligées de composer avec les États producteurs à partir du moment où ils surent se grouper au sein de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Maintenant le véritable » cartel « , ce n’est plus celui des grandes compagnies pétrolières, mais celui qui est constitué par les États pétroliers. C’est lui qui domine véritablement le marché. On découvre aujourd’hui seulement – un peu tard ! – que la prospérité de l’Occident était en partie fondée sur une énergie à bon marché et sur la croyance aveugle que cette situation pourrait durer indéfiniment. ….
5 novembre 1973, Premier choc pétrolier : L’« arme du pétrole » s’est révélée être d’une redoutable efficacité
extraits : Pour le moment, la solidarité existe au niveau des producteurs et non au niveau des consommateurs. Chaque pays agit individuellement, afin de » parer au plus pressé « . Les mesures administratives étudiées par la Maison Blanche seraient destinées à obtenir une réduction supplémentaire de la consommation américaine en essence, mazout et électricité. En Inde, le prix au détail de l’essence a été relevé de 70 % et le gouvernement a averti la population qu’un rationnement pourrait être mis en place à brève échéance….
25 décembre 1973, L’ère de l’énergie à bon marché s’achève
extraits : « LE pétrole est notre ultime et plus puissante arme. » Cette déclaration d’un journal koweïtien avait été faite le 5 novembre 1972. En 1972, ils ont expédié 1300 millions de tonnes de » brut « . Or si les utilisateurs de ce pétrole ont déboursé – en bout de chaîne – 113 milliards de dollars, ils n’ont touché, eux, que 17 milliards, alors que les taxes prélevées par les États consommateurs ont représenté 28 milliards et les bénéfices des compagnies 28 milliards également. Le 7 octobre, au lendemain de l’ouverture des hostilités au Proche-Orient, l’Irak s’approprie – à titre de représailles – les parts des sociétés américaines Exxon et Mobil. Le 16 octobre, réunis à Koweït, les États du golfe Persique décident unilatéralement une augmentation de 70 % des prix affichés, dont ils fixeront, à l’avenir, eux-mêmes la valeur en fonction des prix réels pratiqués sur le marché international. Tous les autres producteurs s’alignent sur les décisions de Koweït. Le 22 décembre, les pays de l’OPEP ont décidé à Téhéran une très forte augmentation des prix qui équivaut à plus du doublement….
31 décembre 1973, Premier choc pétrolier : La grande remise en cause
extraits : Les faiseurs de plans économiques, ignorant délibérément les prophéties des Cassandres du club de Rome, avaient cru pouvoir inscrire à l’intérieur de notre monde fini la promesse d’un développement indéfini. L’embargo, combiné avec la majoration brutale des prix du pétrole, a assombri la scène avec la soudaineté d’un orage de septembre. Ce n’est pas seulement en réduisant la vitesse sur les routes ou le chauffage dans les immeubles collectifs qu’on va faire face à la transformation fondamentale des conditions de l’économie capitaliste qui résulte du passage de l’époque de l’énergie bon marché à celle de l’énergie chère. On va supprimer le gaspillage, répète-t-on. Bien sûr ! Mais quid de tous ceux – des millions – qui ne vivaient souvent chichement que du produit du gaspillage ?….
9 janvier 1974 : Premier choc pétrolier : Payer le brut avec du papier
extraits : Après le dernier relèvement de leurs tarifs, l’ensemble des États producteurs de pétrole va toucher en 1975 un revenu supplémentaire que l’on peut estimer grosso modo à quelque 50 milliards de dollars. Si la totalité de ces 50 milliards pouvait être utilisée par ces États à l’achat de marchandises et de biens d’équipement, le problème serait résolu de manière relativement aisée. La question est en fait beaucoup plus complexe. Sur les 50 milliards de revenus supplémentaires qu’ils toucheront cette année, les États producteurs ne pourront consacrer à des achats supplémentaires de marchandises que 10 milliards de dollars au grand maximum. Autrement dit, dans cette perspective, au minimum 40 milliards de dollars ne vont pas trouver de contrepartie au terme de biens réels. Voilà ce qui fascine littéralement les quelques économistes qui ont eu le temps de réfléchir au problème….
7 février 1974 : Premier choc pétrolier : La hausse des prix en France risque de dépasser 10 % en 1974
extraits : Une bonne partie de l’inflation est maintenant à porter au compte du pétrole. La hausse du prix du brut décidée à Koweït le 16 octobre (+70 %) a entraîné une hausse d’au moins 0,7 % des prix de détail. La seconde augmentation décidée à Téhéran le 23 décembre (+ 120 % du prix du brut) va provoquer une hausse supplémentaire. La » note » pétrolière sera répercutée sur les consommateurs au fil des mois….
10 septembre 1974 : Premier choc pétrolier : L’affaissement de l’Europe et du Japon est-il inéluctable ?
extraits : Comparée à l’état actuel de l’économie mondiale, la situation créée il y a maintenant près d’un an par l’embargo pétrolier arabe était beaucoup plus claire ; en effet si cet embargo avait été réellement maintenu pendant plusieurs mois, il aurait conduit au chaos et, pourquoi pas, à un conflit militaire d’une très grande gravité. Bref, ou bien s’était la catastrophe, ou bien les pays arabes renonçaient à leur réduction quantitative. L’embargo ayant été finalement levé après n’avoir été d’ailleurs que très partiel, les effets du quadruplement du prix du pétrole sont beaucoup plus difficiles à percevoir pour l’homme de la rue, dont le niveau et le mode de vie n’ont pas vraiment été affectés, du moins en apparence….
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