Les jeunes et le service civique écologique
Attention de ne pas confondre le Service national universel qui faisait l’objet de notre précédent article et le service civique. Le SNU est une tentative propre à Emmanuel Macron depuis qu’il a accédé à la présidence de la France ; il s’agit d’enrégimenter les jeunes au nom d’un patriotisme désuet. Le SNU n’est qu’une annexe du ministère des armées ! Le service civique est beaucoup plus ancien ; sous des dénominations diverses, son rôle historique est de diminuer artificiellement le taux de chômage des jeunes.
Le service civique existe depuis 2010. Il faisait suite du « service civil volontaire » qui avait été mis en place en 2006. Le gouvernement Jospin avait antérieurement mis en place des contrats emploi-jeunes de 1997 à 2002… Le taux de chômage avait presque atteint 10 % en 1990, le nombre des emplois aidés s’est élevé 900 000 en 1991. Dans une France surpeuplée, il faut maquiller de diverses manières les statistiques du sous-emploi.
Le service « civique » (ça fait mieux que « civil ») a attiré en 2022 près de 80 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans, pour une durée allant de six à douze mois et pour une rémunération mensuelle de 620 euros. Pour septembre 2024, le gouvernement promeut un service civique « écologique »… pour « lutter contre l’écoanxiété de la jeunesse » !
Zoé Dert-Chopin : Le ministre de la transition écologique Christophe Béchu a adopté les codes de la communication TikTok pour annoncer aux jeunes qu’ils pourront réaliser un service civique « écologique » à partir de septembre 2024. Une façon dit-il de permettre à cette frange de la population de « remédier à l’anxiété et [de] passer à l’action ». Le ministre promet le déploiement, dès cet automne, de 1 000 « ambassadeurs » volontaires, pour promouvoir ce type d’engagement : « Quand on voit des jeunes qui considèrent que la façon d’agir, c’est d’aller jeter de la purée dans des musées, je préfère qu’on leur donne les moyens de regarder comment, de façon concrète, s’engager au service de l’écologie ». Béchu vise l’objectif de 50 000 volontaires auprès d’associations ou d’entreprises publiques liées à la protection de l’environnement d’ici à 2027 et des emplois « verts » à la sortie.
Le point de vue des écologistes difficile à berner
Le Premier ministre Gabriel Attal avait déjà annoncé le 30 janvier 2024 que le gouvernement lancerait « un service civique écologique » lors de ses grandes orientation de politique générale. Dans la même conférence, Attal s’était placé dans la droite ligne du chef de l’Etat en pointant ceux qui voudraient une « écologie punitive » ou des contraintes plus fortes. Il défendait ceux pour qui « la voiture est un gage de travail et de liberté ». Il s’est vanté du succès du leasing social pour acheter un véhicule électrique. Pourtant nommé en mai 2022 » secrétaire général à la planification écologique » (SGPE), Antoine Pellion est resté aux abonnés absents. Le contenu de la planification écologique est remis aux calendes grecques. L’État ne fait rien, les petits jeunes feront le reste… l’écoanxiété des jeunes ne peut que grandir.
Le programme Médiaterre de l’association Unis-cité Ile-de-France avait déjà un programme écolo en 2010. Les volontaires du service civique devaient apprendre des éco-gestes aux familles défavorisées des grandes barres de la région parisienne ; plus prosaïquement, apprendre à consommer moins d’énergie, moins d’eau et à produire moins de déchets. Un lien social s’établissait entre des jeunes qui se sentent utiles et des familles en difficulté matérielle. Pourquoi pas de tels ambassadeurs. Mais cela reste complètement marginal par rapport à l’ampleur de la rupture écologique à mener.
Il faut que l’Etat annonce clairement à la population qu’il faudra faire des efforts dans tous les domaines, consommation, production, loisirs… Mais il ne suffit pas de dire qu’il faut manger moins de viande, s’abstenir de prendre l’avion, rapprocher son lieu de résidence de son lieu de travail… Il ne suffit certainement pas de demander à quelques jeunes de servir la cause écologique, le problème est structurel. L’État doit avoir le courage de ce qu’il appelle la « transition écologique ». Seul l’État peut refuser de nouvelles voies à grande vitesse, augmenter le prix de l’essence, taxer le kérosène, combattre l’artificialisation des sols, favoriser l’agriculture biologique, réglementer et même interdire. Mais tout cela, Macron s’y refuse absolument.
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extraits : Pour l’écologie, Emmanuel Macron avait voulu deux ministères distincts, l’un consacrée à la transition écologique et à la cohésion des territoires, l’autre à la transition énergétique. La ministre de la nature aura pour mission principale de promouvoir la chasse à courre, la ministre des émissions de gaz à effet de serre sera chargée de mettre sous respirateur artificiel nos centrales nucléaires en fin de vie. Bref on divise, on rend ingérable. Bref, on n’y comprend plus rien….
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