CLIMAT. Une convention citoyenne trahie !
Un « gâchis » et une « trahison » : l’amertume des membres de la convention citoyenne pour le climat de 2020 est palpable. Ces 150 Français tirés au sort, âgés de 16 ans à 80 ans, de toutes les régions et catégories socioprofessionnelles ont vécu neuf mois de travaux, d’octobre 2019 à juin 2020. Tous ses membres avaient des opinions statistiquement identiques à la population générale sur l’écologie et les politiques climatiques. Ils ont réfléchi ensemble, aidés par des experts de tous horizons ; ils ont compris la gravité du choc climatique. La totalité de leurs délibérations aurait du être rendue publique, ce serait plus formateur que la télé-réalité. C’est resté confidentiel et sans suivi politique.
Le 21 juin 2020, les Français tirés au sort remettaient leurs 149 propositions au gouvernement. En septembre 2020, le président Macron décidait que la France allait « prendre le tournant de la 5G » – alors que la CCC demandait un moratoire. Macron a ironisé sur ceux qui préféreraient « le modèle amish » et « le retour à la lampe à huile ».
Audrey Garric : Le rapport contenant 149 mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays de 40 % d’ici à 2030 dans un esprit de justice sociale. Une partie de leur travail a été repris dans la loi Climat et résilience, promulguée au Journal officiel en août 2021. Les anciens conventionnels interrogés par Le Monde se disent tous extrêmement « déçus » du sort réservé à leurs mesures. Les mots qui reviennent dans leur bouche sont durs : « mascarade », « gâchis », « sabotage », « trahison », « fausses promesses », « catastrophe », « échec ». Déjà détricotées au moment de l’adoption de la loi Climat et résilience, leurs propositions ne cessent d’être ensuite rabotées par le gouvernement et le Parlement : suspension de l’aide MaPrimeRénov’pour les rénovations énergétiques d’ampleur, multiples atteintes à l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN), tentatives de suppression des zones à faibles émissions (ZFE). Au final ne subsistent que des « mesurettes qui ne résolvent rien », dénoncent-ils.
Le modéré Grégoire Fraty, qui cherchait toujours à voir le « verre à moitié plein » à l’époque de la convention, ressent désormais une « gueule de bois ». Sylvain Burquier peine à cacher sa colère. : « Macron avait promis que le quinquennat serait écologique ou ne serait pas. Mais sur ce sujet, il est en dessous de tout, comme le gouvernement. Je ne sais pas si le premier ministre est au courant qu’il a une ministre de la transition écologique »…
Le point de vue des écologistes ulcérés
– C‘est typiquement français: lancer un truc pour ne rien en faire.
– Les gens sont d’accord pour la transition énergétique à condition que cela ne leur coûte rien.
– Ce n’est pas Emmanuel Macron le problème. C’est l’électorat.
– Les gens n’ont pas voulu de « l’écologie punitive » , ils vont goûter au capitalisme punitif…
– Je crains les manipulation des populistes qui mèneront à des états totalitaires.
– Dans les dictatures, on approuve 100 % des propositions qui émanent du leader suprême.
– Qu’on se rassure : l’amertume de la CCC sera vite effacée par la vengeance implacable de dame Nature.
– La météo et ses errements va mettre tout le monde d’accord
– Les ressources fossiles manqueront bien un jour ou l’autre !
– Cette convention citoyenne était un coup d’essai. Mais un jour ce sera la norme.
La convention citoyenne sur notre blog biosphere
Tout savoir sur la Convention Citoyenne (février 2021)
extraits : Un livre vient de sortir qui décrit dans le détail les travaux et les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC). Le titre, « Cap 2030, une décennie pour changer le monde », est mal choisi car il ne dit rien du contenu, la CCC. Ce livre de 218 pages est à 10 euros seulement, l’effort pour se le procurer est minuscule. De notre côté nous ne parlerons pas de la question démographique qui a été soigneusement évitée par la CCC. Par contre nous allons commenter ses propositions pour le transport, sachant que la taxe carbone a été explicitement retirée de l’ordre du jour des travaux. Or pour parvenir à la neutralité carbone, un Français devrait émettre en moyenne 2 tonnes de CO2 équivalent par an, soit 5 fois moins que ce qu’il émet individuellement. « Se déplacer », l’un des six groupes de travail, a donné lieu à 43 propositions de la CCEC sur 149, presque 30 %. La mobilité moderne est remise en cause, le recours massif au pétrole entraîne un coût climatique important. De toute façon, taxe carbone ou non, les prix du baril sont voués à augmenter car les réserves diminuent, le pic du pétrole conventionnel est déjà dépassé….
La loi Convention Climat, cafouillage prévu (février 2021)
extraits : Barbara Pompili, la serpillière de Macron et accessoirement ministre de la transition écologique, a présenté le projet de loi « climat et résilience » en conseil des ministres le 10 février 2021. Cette loi est inspirée des travaux de la convention citoyenne pour le climat (CCC) : fin des passoires thermiques en 2028, interdiction de la publicité en faveur des énergies fossiles, réduction par deux du rythme d’artificialisation des sols, interdiction des vols intérieurs quand une alternative en train existe en moins de deux heures trente minutes… La liste est longue, mais ne convainc pas. Les mesures suggérées par les citoyens ont été « détricotées », dixit Cyril Dion. Dans un avis en date du 27 janvier, 2021 le CESE (Conseil économique, social et environnemental) souligne que ces dispositions, « restent souvent limitées, différées, ou soumises à des conditions telles que leur mise en œuvre à terme rapproché est incertaine ». Matthieu Orphelin, porte parole de la fondation de Nicolas Hulot de 2012 à 2015 et ex-député LREM en 2017, renchérit : « Barbara Pompili a perdu tous ses arbitrages, sur la rénovation énergétique, la publicité, l’écocide… Je n’y vois pas les grandes mesures qui changent la donne »….
Parlement godillot et convention citoyenne (décembre 2020)
extraits : Qui représente qui ? Un parlementaire ne représente que lui-même, c’est l’article 27 de la Constitution qui le dit : « Tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du parlement est personnel ». Ces élus sont en outre inféodés à un groupe d’appartenance (leur parti et parti-pris) et soumis aux pressions des lobbies techno-industriels et agro-alimentaires. Ils ne représentent pas le bien commun et le climat ils s’en foutent. Par contre la convention citoyenne sur le climat était composé de personnes représentatives de la diversité de la population française. Des experts ont informé les membres de ce groupe sur les problèmes spécifiques du réchauffement climatique. Ces conventionnels ont pu en discuter démocratiquement entre eux, chercher le consensus et voter les mesures à prendre. C’est donc un avis conforme aux décisions à prendre et d’ailleurs personne n’a contesté la validité des 149 propositions faites….
Une convention climat qui n’a servi à rien (octobre 2020)
extraits : « J’irai au bout du contrat moral qui nous lie », affirmait Emmanuel Macron. Mais sur les 149 mesures évoquées, des « jokers » sont avancés les uns après les autres.
1. Taxer de 4 % les dividendes dans les entreprises qui en distribuent plus de 10 millions annuels pour financer la transition écologique. Joker, « Ce serait réduire notre chance d’attirer des investissements supplémentaires ».
2. Modification du préambule de la constitution souhaitée par la convention. Joker, « Elle menace de placer la protection de l’environnement au-dessus des libertés publiques. Ce serait contraire à notre texte constitutionnel, à l’esprit de nos valeurs ».
3. Passage de la vitesse sur autoroute de 130 à 110 km/h : « Joker, il faut reporter le débat sur les 110 kilomètres/heure. Pour que ça marche, il ne faut pas stigmatiser les gens, ll ne faut pas les diviser. Et donc je propose de repousser ce débat. Je ne voudrais pas que vous connaissiez le même sort que moi, c’est à dire avoir des mois de travail qui s’abîment dans une polémique. »
4. Le moratoire sur la 5G ? Joker, « je ne crois pas que le modèle amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine » assène Macron.
5. Une trajectoire progressive sur la fiscalité du kérosène ? Balayée d’un revers de la main, lors d’une émission matinale diffusée sur LCI, par le ministre des transports.
6. Composante poids sur le bonus-malus auto, pour favoriser la vente des véhicules les plus légers ? Joker de Bercy, qui refuse de l’inscrire dans le projet de loi de finances.
7. Régulation de la publicité ? Joker ! Le ministre de l’économie n’y croit pas, la ministre de l’écologie attend « la fin des consultations en cours »…..
les leçons à tirer de la Convention Climat (juin 2020)
extraits : « Citoyennes et citoyens de toutes origines et professions, nous sommes représentatifs de la société ; nous avons été sélectionnés par tirage au sort selon une génération aléatoire de numéros de téléphone, sans nous être portés volontaires préalablement. Nous ne sommes pas des experts, la convention citoyenne reconnaît la capacité des citoyens moyens de s’exprimer sur un sujet d’avenir majeur. Pour répondre à la question qui nous était posée, « Comment réduire d’au moins 40 % par rapport à 1990 les émissions de gaz à effet de serre [(GES)] d’ici à 2030, dans le respect de la justice sociale ? », nous avons échangé librement dans la pluralité de nos opinions. Nous nous sommes nourris d’échanges avec des experts et des représentants économiques, associatifs et publics, afin d’être en capacité de rédiger des mesures concrètes, en connaissance de cause et en toute indépendance. Ce que nous avons vécu est une véritable prise de conscience de l’urgence climatique : la Terre peut vivre sans nous, mais, nous ne pouvons pas vivre sans elle. Si nous ne rattrapons pas le retard pris, beaucoup de régions du globe deviendront inhabitables, du fait de la montée des eaux ou de climats trop arides. C’est une question de vie ou de mort ! »….
Climat, pour ou contre la Convention des 150 (juin 2020)
extraits : Editorial du MONDE, en bref : « La conclusion des travaux de la convention citoyenne sur le climat apparaît prometteuse. Il n’était pas écrit d’avance que 150 citoyens tirés au sort parviennent à formuler des propositions précises visant à réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 « dans un esprit de justice sociale ». Il aura fallu développer toute une ingénierie participative. Près de 140 experts ont été auditionnés, des animateurs ont encadré les travaux de chaque groupe de travail, un comité de pilotage a veillé à la bonne marche de la convention. Le message est clair : la démocratie participative peut être l’une des réponses convaincantes à la crise de la représentativité, à condition que la réponse du président de la République soit, maintenant, à la hauteur. En 2007, le Grenelle de l’environnement avait soulevé un grand espoir avant d’accoucher d’une souris après la crise de 2008. Cette fois, il n’y a plus le choix : l’urgence climatique est telle qu’il faut agir vite et fort. Mais deux sujets essentiels ont été éludés, le sort de la taxe carbone et la part du nucléaire dans le mix énergétique… »….
Convention citoyenne sur l’écologie, acte 5 (février 2020)
extraits : Cinquième week-end de travail des 150 membres de la Convention citoyenne pour la transition écologique*. Voici quelques les propositions des groupes de travail thématiques (30 personnes) :
1) se loger, lutter contre l’artificialisation des sols et l’étalement urbain, rénover énergétiquement tout le parc immobilier, inciter à ne pas dépasser une température de 19 °C dans les bâtiments…
2) se déplacer, limiter les émissions polluantes du secteur aérien et l’impact carbone du numérique, encourager l’usage du vélo et des transports en commun, covoiturage pour les trajets domicile-travail…
3) se nourrir, ne pas ratifier le CETA en l’état…
4) consommer, éviter le suremballage, interdire les terrasses chauffées et l’éclairage des magasins la nuit après leur fermeture…
5) produire-travailler, limiter la consommation d’énergie dans les lieux publics….
CLIMAT, convention citoyenne et décisions (janvier 2020)
extraits : Le site de la convention citoyenne pour le climat vaut le détour. Pratiquer les recommandations qui en émergent mériteraient d’entrer en application tout de suite. Exemples :
– Faire une commission de citoyens tirés au sort qui déciderait de la commercialisation ou non des produits que les entreprises souhaitent vendre, selon leur impact pour la société ;
– Faire calculer à tous les élèves de primaire le bilan carbone de leurs parents et le comparer aux objectifs de 2030 afin de les sensibiliser ;
– Inverser la politique actuelle d’allocations familiales en n’ouvrant des allocations qu’au premier enfant ;
– Obliger la vente à emporter de ne vendre que des boissons à verser dans des gourdes ;
– Apprendre aux élèves de l’école primaire à bricoler et réparer les objets ; ……….
Convention citoyenne sur le climat, mascarade ? (septembre 2019)
extraits : La convention citoyenne sur la transition écologique a été annoncée par Emmanuel Macron le 25 avril 2019 lors de sa conférence de presse de conclusion du grand débat : une assemblée de 150 citoyens tirés au sort sera placée sous la double tutelle du ministère de la transition écologique et solidaire et du Conseil économique social et environnemental (CESE). Cette convention « répond à la double demande de plus de participation et de plus d’écologie » et « a vocation (…) à mobiliser l’intelligence collective pour passer du consensus sur le diagnostic au compromis sur les solutions ». Greenpeace a estimé que « le gouvernement brandit la participation des citoyens pour dissimuler son inaction… Le gouvernement se dédouane de ses responsabilités et repousse le moment d’agir, alors que les solutions sont connues depuis longtemps et que des textes importants pour le climat, comme la loi d’orientation sur les mobilités ou la loi climat-énergie, sont en cours d’examen. »….
La volonté du peuple exprimée grâce au tirage au sort (août 2019)
extraits : Convention citoyenne pour le climat, une assemblée de 150 Français tirés au sort à partir des listes électorales… mais aussi à partir des listes des abonnés au téléphone afin d’élargir la convention aux personnes éloignées de la politique. Le fait qu’il n’y a pas de compétence particulière des membres est un avantage, l’ouverture d’esprit de chacun n’est pas viciée par un parti pris associatif, politique ou économique. Même si par miracle un climato-sceptique s’y retrouve, il lui faudra trouver la meilleure façon de comprendre et assumer des avis différents. Quant à la compétence technique, mieux vaut ne pas faire confiance aux experts ; le sens du bien commun est une qualité partagée par tous nos concitoyens ou presque, surtout quand on est réuni pour le rechercher ensemble. Notons d’ailleurs que nos députés n’ont pas de compétence particulière, si ce n’est l’art et la manière de se faire élire, ce qui ne prédispose en rien à être représentatif d’autrui…..
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