Pacifisme, mot inapplicable aux humains

Je ne crois plus qu’on puisse améliorer l’espèce humaine, pas seulement du fait qu’on s’entasse à 8 milliards d’omnivores voraces sur une toute petite planète dont on abuse des bienfaits sans se soucier du sort des générations futures. J’ai été objecteur de conscience dans les années 1970. Je croyais naïvement que j’étais à l’avant garde d’un mouvement pacifiste qui allait nous transformer en cosmopolites de tous les pays : fini les guerres tribales entre nations artificiellement institutionnalisées. La fin de la guerre froide aurait permis un désarmement assumé internationalement. Les puissances nucléaires ont continué à faire comme si de rien n’était. Des bande armées saccagent plusieurs pays dans des États de non droit. Et maintenant la guerre absurde de Poutine en Ukraine. Et maintenant la fin du pacifisme en Allemagne et même au Japon. Je ne peux que désespérer de l’espèce humaine…

En Allemagne et au Japon, le crépuscule de l’idéal pacifiste : Le G7 vient de se tenir à Hiroshima du 19 au 21 mai 2023. Hiroshima, victime martyre du feu nucléaire le 6 août 1945 ; furent pulvérisées d’un coup 70 000 vies humaines. Sur le monument aux victimes est gravé : « Plus jamais, nous ne commettrons la même erreur » – « nous » signifiant l’humanité. Or l’Allemagne et le Japon, dont la singularité stratégique était un pacifisme affiché, sont apparues pour la première fois à ce G7 comme des puissances « normales », affichant des budgets de défense en hausse. Le pacifisme répondait à la définition qui en avait été donnée au 16e congrès universel de la paix, tenu à Munich en 1907 : une doctrine d’action pour « supprimer la guerre et résoudre par le droit les différends internationaux ».

En 1947, le Japon introduisit dans sa Constitution un article par lequel il « renonce pour toujours à la guerre en tant que droit souverain de l’Etat et à la menace ou l’emploi de la force comme instrument pour résoudre les conflits internationaux ». La transformation de l’Archipel en puissance militaire s’est faite par glissements interprétatifs de l’article 9 de la Constitution avec la création, en 1954, de « forces d’autodéfense », qui sont peu à peu devenues une armée à part entière.

Adoptée en 1949, le préambule de la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne stipule que le « peuple allemand » est « animé de la volonté de servir la paix du monde en qualité de membre égal en droits dans une Europe unie » ; seuls les « actes susceptibles de troubler la coexistence pacifique des peuples en vue de préparer une guerre d’agression sont inconstitutionnels », précise l’article 26. A partir des années 1990, sa participation à plusieurs opérations extérieures n’avait pas changé la donne : celles-ci se sont limitées à des actions de maintien de la paix, l’Allemagne est fondamentalement restée une « puissance civile. Mais le chancelier Olaf Scholz a affirmé, en juin 2022, que la hausse des dépenses militaires allait conduire l’Allemagne à avoir « la plus grande armée conventionnelle d’Europe ».

Dans les deux pays, les discussions portent davantage sur le rythme avec lequel la hausse des dépenses militaires est mise en œuvre que sur les conséquences stratégiques et géopolitiques de celle-ci.

Le point de vue des écologistes pacifistes

Citoyen étonné : La conclusion du communiqué du G7 commence par cette phrase : «Nous nous engageons, depuis Hiroshima, le « symbole de la paix », à ce que les membres du G7…» Or Hiroshima est le génocide et le crime contre l’humanité par excellence, le second après la Shoah. En faire un « symbole de paix » alors qu’on parle de militarisation et de guerre ça ne choque personne ? Pourquoi pas « Auschwitz, le « symbole de la fraternité » » , ça aurait été classe aux cérémonies du 75e anniversaire.

FDD : Le pacifisme est une belle doctrine, qui malheureusement a historiquement toujours profité aux voisins bellicistes. La guerre fait partie de la nature humaine et du destin commun de l’humanité. C’est très triste, mais il faut affronter cette réalité, car c’est la seule manière d’aller efficacement vers la paix. C’était le sens de l’adage latin trop décrié « si vis pacem, para bellum » : si on ne veut pas se préparer à la guerre, on peut être sûr que d’autres nous y contraindront et dans les pires conditions.

Lecteur du ghetto : Précisons que les peuples, premières victimes des guerres, sont pacifistes. Les dirigeants, planqués, le sont beaucoup moins.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

Objection de conscience en temps de guerre (en Ukraine)

extrait : Il n’existe pas d’alternative au service militaire, ni d’objection de conscience en Ukraine. Les objecteurs de conscience risquent des amendes et des peines de prison. Seuls quelques groupes religieux échappent à cette règle. Et défendre le pacifisme en temps de guerre est chose difficile. Aujourd’hui, Yurii Sheliazhenko, Ukrainien reste fidèle à ses convictions : chaque être humain a le droit de refuser de tuer, «La violence engendre la violence ».

écologie de guerre, guerre à l’écologie

extrait : La guerre, une imbécillité inutile que pratiquent sans discontinuité les homo sapiens depuis sans doute l’origine de l’espèce. S’il n’y avait que des morts parmi cette lignée humaine, ce serait un moindre mal, mais les bandes armées sont également dévastatrices pour la nature et l’environnement. Les »polémo-paysages », paysages dévastés par la guerre, accompagnent les morts, les blessés et les destructions de tous ordres.

Objecteur de conscience je suis, je serai

extrait : Ma réflexion s’affine en 1970, je (Michel Sourrouille) deviens pacifiste. Il est vrai que les 26 mois de camps de concentration vécus par mon père m’avaient amené beaucoup plus tôt que la plupart des jeunes à réfléchir sur l’anéantissement programmé des personnes au niveau physique et psychologique qui résulte des conflits armés. On ne naît pas objecteur, on devrait le devenir…

Le coût écologique exorbitant des guerres

extrait : L’Union pacifiste est née en 1961 et accueille tous ceux qui se reconnaissent dans le pacifisme intégral, le refus de toute armée et de toute guerre… c’est-à-dire presque personne. Une personnalité extraordinaire comme Louis Lecoin, né en 1888 et à l’origine en France du statut des objecteurs de conscience en 1963, a été obligé d’éditer son autobiographie à son compte.

4 réflexions sur “Pacifisme, mot inapplicable aux humains”

  1. – « Je ne crois plus qu’on puisse améliorer l’espèce humaine » (Biosphère)

    Même s’il ne s’agit pas ici de l’«améliorer» comme en rêvent les transhumanistes, c’est une croyance que je ne partage pas. Seulement le Sapiens enfin digne de ce nom auquel je pense n’est évidemment pas pour demain. Mieux vaut donc ne pas être pressé. Et puis contrairement à FDD je ne crois pas que la guerre fasse partie de la nature humaine, et du destin commun de l’humanité (sic). D’abord qu’est-ce qu’il en sait, de la nature humaine ?
    En tous cas, après y avoir longtemps cru… Biosphère n’y croit plus. C’est son droit, il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis, comme on dit. Après avoir cru au pacifisme, l’ancien objecteur de conscience doute. Je comprends parfaitement qu’il y a de quoi. Et que le doute c’est inconfortable. Mieux vaut donc se raccrocher à quelque chose de plus solide et de plus rassurant. ( à suivre )

    1. Comme l’idée, la croyance, que la violence pourrait améliorer le monde.
      Et l’Homme bien sûr. Oui mais attention, la Bonne évidemment. Pas celle des brutes !
      L’idée n’est pas nouvelle, elle a d’ailleurs été extraordinairement développée par le philosophe allemand, Günther Anders. Dans une série de textes, qui, dans le milieu intellectuel de l’époque ont fait l’effet d’une bombe… ce pacifiste enterrait lui aussi le pacifisme et la non-violence. Et déclarait que la seule issue était la violence.
      Qu’il appelait … «contre-violence».
      – Une contestation non-violente est-elle suffisante ?
      – La fin du pacifisme (Interview imaginaire) – 1987
      ( Günther Anders – sur cairn.info et autre )

      1. – « Günther Anders a renoncé au rêve de parvenir à un socialisme anti-autoritaire et écologiste en suivant le chemin de la raison. À quatre-vingt-cinq ans, il n’est pas allé poser de bombes, mais il aura au moins donné un bon coup de pied dans le conformisme. » ( La seule issue est la violence – Osvaldo Bayer – cairn.info )

        Je ne prétends pas avoir parfaitement compris le raisonnement de Günther Anders, seulement comme Osvaldo Bayer je vois quand même là un renoncement.
        En tous cas c’est bien cette idée que nous retrouvons aujourd’hui du côté de nos «éco-terroristes» et autres «ultras». Et c’est la même qui pousse l’Allemagne et le Japon, et pas seulement, à vouloir toujours plus de bombes, de grenades, d’armes.
        Pour se défendre ! ( à suivre )

      2. S’armer… se défendre… se battre… pour bien sûr faire la paix.
        Si vis pacem, para bellum. C’est vieux comme le monde.
        Et des deux côtés, pour moi c’est l’hôpital qui se fout de la charité.
        Je mets ça sur le compte de la fatigue et de la Confusion, pour ne pas dire du nihilisme de notre époque. Il ne nous reste plus qu’à espérer que quelques Auschwitz et Hiroshima de plus permettent à l’Homme de grandir.
        Combien, je n’en sais rien. Misère misère. .

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