L214, contre la maltraitance animale
L’association de défense des animaux L214 a publié le 10 juin 2025 un travail de prospective proposant vingt mesures pour réduire de moitié le nombre d’animaux abattus ou pêchés en 2030. Il s’agirait de descendre à 600 millions d’animaux terrestres et 3,5 milliards d’animaux aquatiques chaque année en France. Un tel cap est en effet aligné avec les enjeux climatiques – tous les scénarios de neutralité carbone prévoyant une baisse du nombre d’animaux élevés –, sanitaires et de protection de la biodiversité. Le rapport de L214 cite de nombreux travaux scientifiques à l’appui de sa démonstration tels que ceux de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), de l’association Solagro ou encore du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Mathilde Gérard : Dans toutes les études prospectives sur le climat ou la transition du système agricole, une baisse des cheptels et de la consommation de viande fait figure de condition indispensable, avec des variations dans les ordres de grandeur. Mais l’association se démarque de ces scénarios, dans lesquels la question du bien-être animal entre rarement en ligne de compte, en plaçant l’intérêt des animaux au cœur de sa démarche. Parmi les mesures présentées, L214 défend un moratoire sur les élevages intensifs, « c’est-à-dire des élevages où les animaux ne sortent pas à l’extérieur ». En parallèle, L214 propose une réorientation des subventions pour développer les légumes et les légumineuses. Enfin, l’association insiste sur les actions à mener sur les « récits », en régulant notamment la publicité. Le rapport est publié dans un contexte où la baisse des cheptels est considérée comme taboue par une partie des responsables politiques. Le gouvernement a mis en consultation en avril un projet de Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc), dans lequel aucun objectif chiffré n’a été inclus pour la consommation de viande. Les études s’accordent sur l’idée qu’il est beaucoup moins coûteux d’agir aujourd’hui que de payer, dans dix, vingt ou trente ans, des réparations pour la dégradation de l’environnement et de la santé.
Le point de vue des écologistes anti fake news
pm22 sur lemonde.fr : Le plus gros donateurs de L214 est l’Open Philanthropy. Il existe clairement un intérêt indirect stratégique pour Open Philanthropy à financer des ONG qui affaiblissent l’image ou la légitimité de la viande conventionnelle. Cela sert un agenda idéologique, favorable à l’émergence d’un marché nouveau dominé par des acteurs techno-industriels.
biosphere : Il est vrai que fin 2017, l’Open Philanthropy a soutenu L214 par un don de 1,14 million d’euros pour 2 ans. Ce soutien a été renouvelé pour les deux années suivantes à hauteur de 1,4 million d’euros. Une transparence dont des géants de l’industrie de la viande comme Bigard ou Lactalis, par exemple, pourraient s’inspirer. Mais ce soutien n’indique pas en soi un soutien du techno-élevage. Itinéraire d’une fake news particulièrement tenace :
Le samedi 14 novembre 2020, l’émission Secrets d’info de France Inter diffusait une émission réalisée par la cellule investigation de Radio France, intitulée « Derrière L214, l’ombre de la viande in vitro ». Comment une théorie fumeuse née dans les milieux agricoles s’est-elle retrouvée présentée comme une vérité par des médias ? Cette hypothèse a été développée en 2019 par Jocelyne Porcher dans son livre Cause animale, cause du capital. Parmi les dons de l’Open Philanthropy à des organisations œuvrant pour la paix dans le monde ou à des mouvements sociaux progressistes (racisme, maltraitance animale, droits des minorités…), l’investissement réalisé en 2016 dans Impossible Foods – une entreprise qui développe des alternatives végétales à la viande (pas de la viande de culture) – est sans doute à l’origine de cette confusion. En conclusion, aucun élément n’accrédite l’existence d’une stratégie – secrète ou non – des entreprises développant de la viande de culture qui viserait à financer l’action des associations de défense des animaux dans le but de préparer l’opinion à cette technologie.
Le choix de se focaliser dans un domaine spécifique – défini comme une cause hautement prioritaire – est l’un des choix les plus importants d’un philanthrope. Open Philanthropy donne la priorité aux causes qui ont un score élevé sur une combinaison des trois critères suivants :
- Importance: combien de personnes sont touchées et à quelle gravité?
- Caractère négligé: quelle quantité de ressources est déjà allouée au problème?
- Facilité de résolution: quelle est la marge de progression restante?
En savoir plus sur L214 grâce à notre blog biosphere
Association L214, les croisés de la cause animale
extraits : En 2008, Arsac et Gothière ont baptisé leur association en s’inspirant du film de Bertrand Tavernier L627, « un titre qui claquait bien ». Le cinéaste faisait référence à l’article du code de la santé publique qui prohibe les stupéfiants. Le nom L214 renvoie à celui du code rural en 1976 : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. » Ce qui n’est pas vraiment le cas dans les batteries industrielles ou les abattoirs. Avec deux millions d’euros de dons reçus en 2017 et plus de 24 000 adhérents, l’organisation compte désormais vingt-trois salariés, qui touchent tous le même salaire, patrons compris.…
Poules en batterie : maltraitance censurée par la justice
extraits : L’association L214, spécialisée dans la défense des animaux d’élevage, a été condamnée à payer une somme conséquente à deux élevages de poules pondeuses en batterie, au motif… d’une « atteinte à la vie privée » : deux reportages vidéo ont été tournés de façon clandestine dans deux élevages en batterie qui détiennent « des milliers de poules enfermées dans des cages non conformes à la réglementation ». Mais les images ont été obtenues sans autorisation ! L214 déplore de se retrouver « criminalisée dans son rôle d’information » , s’étonnant que la justice qualifie d’atteinte à la vie privée « ce qui relève avant tout de l’intérêt général »….
en Chine, les cochons vivent en HLM
extraits : Pour empêcher une nouvelle épidémie de fièvre porcine, la Chine a transformé ses élevages traditionnels en fermes-usines géantes. A Hongqiao (« Pont arc-en-ciel »), un bâtiment d’élevage de 26 étages est opérationnel depuis octobre 2022. Chaque étage compte 10 000 gorets pour à peine une poignée de vétérinaires et d’agents d’entretien. En juillet, un deuxième bâtiment sera inauguré. La capacité de l’élevage sera doublée pour atteindre 540 000 cochons….
Les végans, soutien de l’agroalimentaire
extraits : Nous voyons débarquer dans les gondoles des « viandes végétales » et bientôt des « viandes cultivées » (in vitro). Des prouesses techniques mêlant génie génétique, biologie de synthèse, nanotechnologies, intelligence artificielle, gestion de données qui réjouissent les gourous du numérique. À la tête de ces entreprises, majoritairement des véganes militants, financés par des milliardaires du numérique (Gates, Thiel, …) rejoints par les grands industriels de la viande (Cargill,…), ceux-là même qui ont industrialisé l’élevage. Aux véganes la dénonciation, aux industriels la solution, à la poubelle les paysans et les métiers de bouche ; cela participe de l’altération du réel….
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