politique

Marxisme, écologisme et décroissance

Kohei Saito vient de publier en France « Moins ! La décroissance est une philosophie« .

En 2020, en pleine pandémie, Kohei Saito écoulait au Japon 500 000 exemplaires de Hitoshinsei no ‘Shihonron’ (qu’on peut traduire par « Le Capital dans l’Anthropocène »), un plaidoyer pour un « communisme décroissant ». Il pense que la guerre que l’on fait à la Terre doit mobiliser. Mais il s’appuie sur un marxisme qui n’est pas celui de la dictature du prolétariat, seulement sur quelques notes disparates de Marx à la fin de sa vie. Le marxisme est dépassé et nous n’avons pas encore rencontré de discours référentiel communément admis qui permette de dépasser les errements du capitalisme.

Kohei Saito (LE MONDE) : « En 2011, l’année de la catastrophe nucléaire, j’ai compris que Fukushima produisait de l’électricité pour Tokyo et que les habitants pauvres de cette ville côtière assumaient les risques pour les populations privilégiés des centres urbains. La périphérie, qu’elle soit rurale ou coloniale, soutient l’approvisionnement et l’enrichissement du centre. C’est le moment où j’ai éprouvé les limites de mon optimisme technologique.

j’ai alors commencé à mener une lecture plus critique de Marx, qui assurait que le déploiement des forces productives, fondé sur la domination de la nature, conduirait à l’émancipation de l’humanité. Mais à la fin de sa vie, Marx portait son attention sur les sols épuisés, l’extinction des espèces et la déforestation, il lisait les travaux de scientifiques sur l’agriculture spoliatrice et sa confiance dans la technologie et les forces de production était bien moins flamboyante qu’au début. Le capitalisme n’était plus considéré uniquement comme un pas vers le communisme, mais davantage comme la destruction de la force vitale de la nature.

Le retour vers la « nature » et la volonté de fédérer des communes rurales autogérées est intéressant, mais apparaît limité dans un monde majoritairement urbain. Nous devons penser la décroissance à l’échelle des grandes villes comme Barcelone et Paris où l’on commence à réguler Airbnb et à pratiquer l’économie circulaire. Si 3,5 % de la population se mobilise pour entrer dans une société post-capitaliste et décarbonée, par des manifestations ou la création de coopératives citoyennes, il ne serait pas impossible d’y arriver. C’est ce qui me rend optimiste, d’autant qu’une jeunesse mondiale comprend que tout est lié… »

Kohei Saito (philonomist) : « Je ne crois pas qu’on devrait abandonner les villes, retourner à la nature. C’est un truc de décroissants que je n’aime pas. Oui, certains peuvent vouloir déménager à la campagne ou autre… mais j’imagine mal que tout le monde puisse aspirer à cela. 1 % de la population peut bien faire ça, cela ne changera rien si 99 % des gens continuent leur vie exactement pareil : c’est inefficace. Les décroissants qui vont vivre à la montagne vivent et meurent dans leur coin. Je pense qu’il faut changer les grandes villes. C’est là qu’habite la majorité des habitants des pays développés, qui sont aussi ceux qui polluent le plus… »

Le point de vue des écologiste post-marxistes

Pelta : J’ai l’impression que j’aurai pu écrire ce texte lorsque j’avais 20 ans et que le communisme tout comme le marxisme me semblait un idéal de société. Et puis j’ai vécu un peu. J’ai constaté que la seule chose qui fait le ciment de humanité c’est la propriété et non le bien commun. Le bien commun personne ne s’en sent responsable. Et c’est valable a tous les niveaux, du vélo commun qu’il faut sans cesse réparer car personne n’en a pris soin, aux copropriétés dont les parties communes n’ont souvent rien à voir par rapport aux parties privatives, des trottoirs qui sont jonchés d’excrément, etc. Pensez que l’on peut vivre dans le bien commun n’est parfois le réalisé que dans de toutes petites communautés.

Savinien : Plus d’un siècle d’errances et d’échecs économiques et politiques n’ont manifestement pas suffi pour démontrer que le marxisme, s’il a marqué une avancée fondamentale de la pensée en apportant des concepts dont il serait difficile de se passer aujourd’hui, est en termes d’idéologie autant voué à l’échec que le “laisser faire, laisser aller” des premiers libéraux. C’est illusoire de croire qu’on pourra sauver la planète sans remettre en cause un certain nombre de choix de mondialisation liés à des théories ricardiennes du libre-échange qui n’ont jamais été démontrées et conduisant à des externalités insupportables.

Jacques Py : Marx nous aura laissé d’abord une méthode de penser dite pompeusement matérialisme historique. Ce que vous vivez détermine votre pensée, la réalité des choses vous préexiste, c’est à partir d’elle que tout doit se concevoir, l’économique est premier. Historique au sens que tout est d’abord un processus et que c’est lui qui doit organiser votre réflexion: ne pas penser un objet isolé, mais ce qui l’a fait naître, les causes, et vers où il va, quelle finalité. Son second apport fut de théoriser le plus implacablement ce régime Capitaliste qui est devenu notre univers étroit de vie. Nous vivons un monde dominé par la logique d’un toujours plus de richesses, de compétition, un monde de technologie pour le profit, un monde où l’individu n’est plus qu’agent économique. Tout est soumis à cette impératif, qui détruit la Planète et nous asservit à ses buts, en réduisant notre humanité à ses objectifs. Le Marx politique n’a plus aucune intérêt.

Jean Rouergue : A t’on besoin d’avoir lu tout Marx, tout Engels ou tout Ankhamon…(tant qu’on y est !!) ? pour voir la biodiversité dégringoler, l’appauvrissement de pays entiers et l’écroulement de quelques unes de nos fiertés comme l’école, la santé, nos services publics … a t’on besoin, comme certains de toujours invoquer les khmers rouges pour déconsidérer une idée ou défendre notre président qui peine à réarmer le pays, à se réarmer lui même ?… Certains ressassent toujours les mêmes arguments, sont-ils restés à l’heure de Pétain ? Le changement horaire ne les aurait-il pas secoués ?…

Khee Nok : Kohei Saito a l’air de rejeter la violence qui est pourtant explicite dans le marxisme (la dictature du prolétariat c’est bien une dictature, pas une soirée de gala). Quant au Marx écolo, j’aimerais voir les références. L’épuisement des ressources naturelles, sous l’effet conjugué de l’explosion démographique et de la société de consommation, n’était pas encore à l’époque le sujet numéro 1, si ce n’est via la conception malthusienne (rejetée par Marx).

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Libéralisme, marxisme et écologisme

extraits : Marx pense que le capitalisme ( comme le socialisme) doit accroître l’emprise de l’homme sur la nature : « La patrie du capital ne se trouve pas sous le climat des tropiques, au milieu d’une végétation tempérée. Et ce n’est pas la fertilité absolue du sol, mais plutôt la diversité de sa composition géologique et la variété de ses produits naturels qui forment la base naturelle de la division sociale du travail et qui incitent l’homme à multiplier ses besoins, ses moyens et modes de travail ». La contrainte naturelle est même sensée perdre en intensité à mesure que l’industrie se développe. En d’autres termes, l’homme reste toujours maître de la nature. Il n’y a pas dans l’analyse de Marx l’idée que le capitalisme va dépérir parce qu’il exploite de façon outrancière les ressources de la nature…

Infrastructure matérielle au sens marxiste… et écolo

extraits : Pour K.Marx, les forces motrices de l’histoire sont à chercher dans l’organisation « matérielle » des sociétés : « Dans la production sociale de l’existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. » (K.Marx, critique de l’économie politique, 1859)

En fait, la vision de Marx est anthropocentrique, ne considérant que les rapports sociaux et non les conditions véritablement matérielles de l’existence, c’est-à-dire les rapports conflictuels de l’Homme et de la Nature. Il faut attendre l’année 1971 qui marque un véritable tournant analytique. C’est Howard Odum (Environment, power, and society, 1971) qui fait observer que dans la combinaison « homme, esprit, énergie », c’est la source d’énergie et non l’inspiration humaine que, en dernière analyse, fixe les limites du progrès humain…

L’écologisme comme successeur « naturel » du marxisme

extraits : Pour Karl Marx, ce ne sont pas les idées qui changent le monde, c’est l’état de l’infrastructure matérielle. Sauf qu’il considérait seulement le facteur capital et le facteur travail, l’exploitation des travailleurs dans le système de production. A son époque, bercée par l’industrialisme naissant, la nature était encore considérée comme généreuse, aux ressources illimitées ; le facteur Terre n’entrait pas en ligne de compte. Aujourd’hui c’est la planète qui est surexploitée. Nous considérons que le nouveau grand récit en train de se concrétiser résulte de l’allié principal des écologistes, l’état de la planète. Celle-ci ne négocie pas et se fout complètement du sens que les humains veulent donner à leur existence. Mais ses paramètres biophysiques sont indispensables au bon fonctionnement du système socio-économique humain….

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Le populisme contre l’État de droit

L’Etat de droit est le fruit de la réflexion des plus grands philosophes, comme John Locke (1632-1704), Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) ou Charles de Montesquieu (1689-1755). Ce principe, qui fonde les démocraties libérales, est pourtant de plus en plus attaqué, notamment par une partie de la droite et de l’extrême droite. Ainsi, le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, issu de l’aile la plus conservatrice des Républicains, a affirmé que l’État de droit n’était « ni sacré ni intangible ».

Certes l’État de droit n’est pas une conception figée. Elle évolue parallèlement aux sociétés, dans un processus « d’élargissement et d’approfondissement ». Mais les contempteurs de l’État de droit voient en lui un obstacle à l’expression de la « souveraineté populaire ». Revendication qui laisse grande la montée de régimes totalitaires au nom du populisme, de la « souveraineté populaire ».

Abel Mestre : L’Etat de droit est « un Etat qui, dans ses rapports avec ses sujets et pour la garantie de leur statut individuel, se soumet lui-même à un régime de droit, et cela en tant qu’il enchaîne son action sur eux par des règles, dont les unes déterminent les droits réservés aux citoyens, dont les autres fixent par avance les voies et moyens qui pourront être employés en vue de réaliser les buts étatiques. »

Le point de vue des écologistes juristes

Un État limité par la règle de droit qu’il doit respecter et qui sache faire respecter celle-ci par tous, voilà une juste définition quand on se souvient de ce qu’il est advenu aux nations où un pouvoir dictatorial a instauré l’État totalitaire.

D’un côté il y a l’état de droit, de l’autre, la loi du plus fort. Poutine avec l’invasion de l’Ukraine, Trump avec l’assaut du Capitole en 2021, Netayahou avec l’interdiction récente de l’UNRWA (l’ONU) de secourir en Palestine sont des exemples frappants de mesures dictatoriales contre l’État de droit, même si elles sont apparemment validées par un vote des électeurs sous influence. On ne peut pas faire confiance à un peuple qui laisse tout pouvoir a des populistes qui flattent l’électorat dans le sens du poil. Seule la séparation des pouvoirs judiciaires et politiques permet un contre-poids à l’autoritarisme.

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La démocratie prend un mauvais tournant

extraits : Hommage à la démocratie : en 2024, près de la moitié des adultes de la planète sont appelés à voter. Honte à la démocratie dont l’Inde de Narendra Modi, la Russie de Vladimir Poutine ou l’Iran d’Ebrahim Raïssi ne conservent que les oripeaux. Aucun pays n’est à l’abri, prenons la Grèce. Le 7 février 2024, le Parlement européen a adopté une résolution exprimant « sa profonde inquiétude concernant les menaces très graves qui pèsent sur la démocratie en Grèce ». Espionnage illégal à grande échelle, dégradation de la liberté de la presse, recours excessif à la force par les services de police à l’encontre de groupes minoritaires et de manifestants pacifiques… Prenons la démocratie américaine, gangrenée par l’argent et le trumpisme… Prenons Israël, un ethno-Etat qui ne traite pas tous ses citoyens de la même façon… Prenons le Pakistan, aux élections entravées….

L’écologisme contre le populisme, qui va gagner ?

extraits : Le populisme et l’écologisme sont deux axes de la pensée humaine incompatibles, si ce n’est complètement opposés. Le mouvement des « Gilets jaunes » en est un exemple frappant : mieux vaut épuiser le pétrole qu’accepter une taxe carbone. Le populisme n’a pas de contenu programmatique spécifique, il s’agit de revendication diverses, pour le pouvoir d’achat et pour l’emploi, contre les immigrés, contre les élites, contre le « pouvoir ». Le populisme est en fait l’art de se servir des sentiments du peuple pour prendre le pouvoir, et de manière annexe le lui confisquer. En effet la colère est mauvaise conseillère, elle fait le jeu de quelques leaders autoproclamés.

Extrême droite et ultragauche se rejoignent. « Contre la droite du fric, la gauche du fric, je suis la candidate de la France du peuple », affirmait Marine Le Pen lors du lancement de sa campagne présidentielle de 2017. L’affiche électorale de Jean-Luc Mélenchon était du même tonneau : un portrait de lui-même surmonté du slogan « La force du peuple ». Ils disent qu’ils sont à l’écoute du peuple, ils vont le faire parler par l’intermédiaire d’un référendum ou de la démocratie participative, ils en reviennent toujours à leur point de départ, la voix du peuple s’expriment par leur propre bouche….

Pourquoi l’inéluctable montée des populismes ?

L’ère des Lumières pourrait s’achever avec les guerres du climat au XXIe siècle. Il se pourrait qu’un jour le modèle tout entier de la société occidentale, avec toutes ses conquêtes en matière de démocratie, de libertés, de tolérance, de créations artistiques, apparaisse aux yeux d’un historien du XXIIe siècle comme un vestige incongru. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir… Des processus sociaux comme l’holocauste ne doivent pas être compris comme une « rupture de civilisation » ou une « rechute dans la barbarie », mais comme la conséquence logique de tentatives modernes pour établir l’ordre et résoudre les problèmes majeurs ressentis par des sociétés.

notre texte le plus ancien sur le populisme

24.06.2005 La démocratie en panne

Bien plus que le vote, la démocratie, c’est aussi la reconnaissance des droits d’information et d’expression, la séparation des pouvoir ; bien plus que ces principes généraux, la démocratie c’est surtout l’existence de citoyens qui agissent en toute connaissance de cause et au mieux de l’intérêt de tous. Autant dire que la démocratie peut se fourvoyer par manque de clairvoyance ! Ainsi une procédure de démocratie directe comme le référendum, très chouette en apparence, est toujours interdite par la Constitution allemande à cause de la montée du nazisme. Quand les boussoles sont affolées, quand la démagogie s’allie au populisme, l’expérience historique montre que la démocratie a peu de chances d’aboutir à de bons résultats : ainsi s’explique pour partie le Non au projet de Traité constitutionnel européen, ainsi s’explique complètement la cécité humaine en matière de pénurie énergétique à venir.

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« Make America Great Again » a gagné/perdu

A chacun de ses meetings, le discours de Donald Trump s’achevait en 2016 par la formule : « Make America Great Again ». Abrégé en 2024 par MAGA, en français« Rendre sa grandeur à l’Amérique », ce n’est pas un slogan nouveau. Son inventeur est Ronald Reagan, lors de l’élection présidentielle de 1980. Le démocrate Bill Clinton utilise à son tour le slogan lors de l’annonce de sa candidature aux primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle de 1992, indiquant « I believe that together we can make America great again » Cela plaît au grand public qui ne voit pas beaucoup plus loin que le bout de son nez. Le populisme se reconnaît à ses simplismes, mais la réalité est toujours plus complexe qu’un slogan.

Devant le Congrès des Etats-Unis, Emmanuel Macron avait plaidé le 25 avril 2018 pour l’environnement avec cette formule « Make our Planet Great Again », réponse à la décision de Donald Trump le 1er juin 2017 de retirer les États-Unis de l’accord de Paris. On sait ce que Macron a fait de cet idéal, rien du tout, que ce soit au niveau national ou international. Les slogans ne convainquent que ceux qui les écoutent.

Nous sommes aujourd’hui confrontés à des guerres, des épidémies, des famines, un réchauffement climatique, l’extinction des espèces, la raréfaction des ressources fossiles, l’épuisement des ressources halieutique, les stress hydriques et j’en passe. On ne peut s’en sortir que de façon concertée entre partis différents dans chaque pays et au niveau international entre systèmes politiques différents. C’est donc carrément impossible et les échecs renouvelés des conférences internationales sur le climat, la biodiversité ou la désertification des sols montre que nous sommes complètement aveuglés par le prisme de l’intérêt national. Qui applaudit à la victoire du « Make America Great Again » va à l’encontre de l’intérêt des générations futures et même de son propre intérêt.

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janvier 2017, Trump Obama, même ligne politique, américano-centrée

extraits : Lors de son discours d’investiture le vendredi 20 janvier 2017, Donald Trump s’exclamait : « A compter de ce jour, il n’y aura plus que l’Amérique d’abord, l’Amérique d’abord. Toute décision concernant le commerce, les impôts, l’immigration, les affaires étrangères, devra profiter aux travailleurs américains et aux familles américaines. »

Lors de son discours d’investiture le 20 janvier 2009, Barack Obama posait deux conditions au changement :  « Faire redémarrer la croissance, construire routes et ponts… » et « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Le président George H. W. Bush père prévenait déjà la planète que « le mode de vie des Américains n’est pas négociable ». Autant dire que Trump, Obama ou Bush ont le même discours, qu’ils soient démocrates ou républicains : « Les Américains d’abord »….

octobre 2009, Obama, en liberté conditionnelle

extraits : Le jury Nobel (de la paix) attend beaucoup d’Obama, le monde entier attend beaucoup d’Obama, nous attendrons en vain.Le nouveau président des Etats-Unis avait dit lors de son discours d’investiture : «  La façon dont nous consommons l’énergie menace notre planète », «  Nous allons lutter contre ce fléau qu’est le réchauffement de la planète », « Nous ne pouvons pas consommer sans réfléchir les ressources du monde ». Cela n’était qu’un recueil de bonnes intentions qui n’engagent personne. Et d’ailleurs, le président Obama avait posé deux conditions au changement qui ne peuvent que l’empêcher de finaliser ses intentions :  « Faire redémarrer la croissance, construire routes et ponts… » et « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Or la paix du monde nécessite une baisse du niveau de vie américain….

Quelques commentaires perspicaces sur lemonde.fr

Edge : Les USA ont toujours regardé le monde au seul prisme de leurs intérêts nationaux, comme le font d’ailleurs tous les autres pays. Pour certains présidents, cela passait par l’ouverture et la coopération. Pour d’autre, et Trump en est un cas extrême, cela passe par l’isolationnisme et l’absence de multilatéralisme. Quelle que soit la méthode, les objectifs reposent sur les intérêts nationaux. La particularité de Trump est qu’il ne défend pas les intérêts nationaux mais ses intérêts personnels ; et dans son esprit il s’agit en fait de la même chose. Ceci est tout à fait clair au regard de sa première présidence (détournement du ministère de la justice utilisé comme son cabinet d’avocats personnel, interminable liste de conflits d’intérêts et opérations douteuses comme celles avec les Saoudiens, le népotisme…) et de ses déclarations plus récentes.

Kami : Aucun commentaire ne devrait oublier le danger le plus important, l’avenir de notre vie sur terre. En bon climato-sceptique, Trump et ses partisans se contrefoutent de l’environnement, de la biodiversité, du changement climatique. Ils sont partisans du droit à polluer toujours plus avec de moins en moins de retenue. Ils nous condamnent collectivement à plus ou moins long terme et l’assument dans un cynisme déconcertant. Les libertariens et autres complotistes américains sont à l’offensive pour détruire toute forme de collectif ou de contre pouvoir à leurs délires égotistes. Paradoxalement, les classes populaires sont les plus attirés par ces discours simplistes dont ils ne profiteront jamais.

Saint-Ex : L’Europe, invitée à prendre son indépendance des États-Unis, pourra alors chercher son autonomie. Il faut voir l’isolationnisme américain comme une opportunité. Tout en étant conscient que l’écologisme n’est plus un objectif partagé pour les populations mondiales.

Pr@guematique : C’est la revanche des cerveaux lents ! Comme leur nombre est en progression partout à cause de la tiktokisation des cerveaux, on va vers une Trumpisation de toute l’Europe !!!

Ophelie : Les progressistes, les Terriens qui croient aux sciences et aux libertés publiques, sont extrêmement minoritaires sur cette planète où les conservateurs règnent partout. Et les positions LFI mettant sur un même plan Kamala Harris et Trump n’en sont que la plus parfaite démonstration.

Pat Cartier : Nous vivons une époque intéressante. Le temps n’est plus aux lamentations, soyons optimistes. L’unité des droites américaines ne tient que par Trump, qui exerce un pouvoir de nature impériale sur ces diverses factions, des plus obscurantistes (Kennedy) aux plus débiles (Alex Jones). Il a 78 ans, le Donald : il va certes échapper à la prison, ce qui est une injustice majeure, mais il n’échappera pas à l’Ephad. Ses successeurs inévitablement disperseront l’empire façon confetti. Pour le plus grand malheur de ses électeurs croyants et/ou prolos, savourant aujourd’hui une victoire éphémère qui ne peut que leur être confisquée et leur nuire au bout du compte.

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Alléluia… TRUMP président… Ainsi soit-il

Alléluia ! Tous les problème du monde vont être résolus. Emmanuel Macron félicite Donald Trump et se dit « prêt à travailler » avec lui. Une poignée de main avec Poutine, et l’Ukraine n’existera plus. Netanyahou les mains libres, toute la Palestine sera enfin juive. Les Latinos-américains n’oseront plus rentrer aux USA, le mur sera infranchissable. Plus du tout d’inflation, encore moins de chômage, la présidence y veillera. Par la grâce d’un seul homme, envoyé divin, la paix régnera sur Terre et dans les Airs. Le réchauffement climatique n’existe pas et la biodiversité se porte comme un charme.

Ainsi soit-il, les Américains l’ont voulu, ils l’ont bien profond, et le monde aussi.

Pour en savoir plus, nos article antérieurs, rien de nouveau sous le soleil.

Ne nous TRUMPons pas, nous l’avons bien cherché

extraits : Donald Trump prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier 2017. Pas de quoi trumpeter pour les écolos. Mais ne nous TRUMPons pas, nous l’avons bien cherché, c’est ce que les États-Unis attendaient. Il n’y a rien à dire sauf à contester une forme de démocratie élective. Si le peuple adule les trump-la-mort, qu’y faire ? Pourtant cette victoire en trump-l’oeil annonce des lendemains qui déchantent. Ce n’est pas une petite trumpette que nous allons faire avec la montée des eaux causés par le réchauffement climatique, ce sera le grand bain pour plusieurs générations. Les climatosceptiques ont gagné, les populistes bateleurs et menteurs sont avec eux. Même si en français nous n’avons pas de mot en « trump », il y a de fortes chances que le trumpisme devienne un mot courant. L’écologie va faire encore plus de trumpoline que précédemment, un vrai trumplin vers la catastrophe écologique.Voici ce que pense avec trumptitude Agnès Sinaï, une spécialiste de l’anthropocène, de la situation écolo-politique à venir …

Donald Trump, narcissique et psychopathe

Voici comment on pourrait analyser le tempérament de Donald Trump : C’est une personnalité narcissique, plus exactement un « narcissisme malfaisant ». Le narcissique est intolérant aux critiques et se montre virulent lorsqu’on lui fait des remarques. Trump a pris très souvent des décisions de manière impulsive, sans se soucier de leurs conséquences. Il fonctionne en permanence avec des rapports de force et il valorise l’action autoritaire. C’est aussi un psychopathe qui recherche assidûment le pouvoir. Sa personnalité est caractérisée par un ego surdimensionné, une froideur affective, une tendance à la séduction, un besoin d’action et une absence de peur qui lui fait souvent prendre des risques démesurés. Ce type de personnage est prêt à tout pour arriver à ses fins. Trump cultive des relations humaines superficielles, un manque d’empathie et porte atteinte aux droits d’autrui sans ressentir la moindre culpabilité. Tout se passe donc comme s’il n’y avait aucune conscience morale. Selon un test de personnalité permettant d’établir un score de psychopathie, on a observé que Donald Trump obtenait les scores parmi les plus élevés, en bonne place parmi de nombreux dictateurs. Trump admire d’ailleurs les leaders autocrates comme Vladimir Poutine ou les dictateurs comme Kim Jong Un ; il compte parmi ses « amis » le président brésilien Jair Bolsonaro.

Donald Trump est également un menteur pathologique. C’est ainsi que le décrit sa propre nièce, la psychologue Mary Trump , dans son livre « Too Much and Never Enough ». Il s’est proclamé vainqueur de la présidentielle US en niant les évidences électorale. Depuis son élection, il a été responsable de la diffusion de plus de 20 000 mensonges, fake news, erreurs ou approximations. Il se soucie uniquement de son propre intérêt, d’où un penchant certain pour la fraude fiscale. Il est particulièrement doué pour percevoir les faiblesses des autres et en tirer un profit personnel. La vérité, c’est le monde tel qu’il se le fabrique et il accuse les autres de ses propres erreurs. C’est en fin de compte une personne immature, ayant un esprit chaotique et binaire, incapable de comprendre les idées complexes. Il n’arrive pas à focaliser son attention plus de quelques minutes, il ne lit ni la presse ni les rapports qu’on lui donnait quotidiennement. Il passe plusieurs heures par jour devant la télévision, en se focalisant sur les émissions qui le mettent en avant. Il reste assidûment dans sa bulle médiatique.

Devant un tel tableau clinique, n’importe qui de rationnel refuserait son soutien à une telle personnalité. Pourtant Trump a obtenu plus de 74 millions de suffrages à la présidentielle américaine de 2016. C’est un grave inconvénient de la démocratie représentative, la dimension autoritaire plaît car cela rassure une grande partie des électeurs. Les mécanismes de la servitude volontaire ont été bien analysés depuis longtemps, il faut lire et relire l’essai d’Etienne de la Boétie (1576). Mais le plus grave avec ces personnalités qui nient les réalités, c’est le fait qu’arrivé au pouvoir ils mettent en place une politique anti-écologique. Qu’on s’appelle Poutine, Bolsonaro, Erdogan ou Trump, on mène la planète au désastre et nous avec.

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Paul Watson, ni droite ni gauche, au-delà…

Paul Watson est un adepte de l’« agressivité non violente » pour la défense des baleines : sabotage de navires à quai, blocages d’hélices, traque de bateaux pratiquant la pêche illégale afin de les orienter vers des ports où ils seront contrôlés ou de recueillir des images… Les méthodes de sa nouvelle ONG en 2022, Sea Shepherd Origins, lui valent le ressentiment des pêcheurs et des accusations d’extrémisme. Et pour le Japon amateur des baleines, c’est un homme à abattre… Le ministère de la justice danois continue d’étudier la demande d’extradition du Japon…

Lucas Minisini : Dans la prison de Nuuk, les conditions de détention de Paul Watson se sont récemment durcies, sans explication. Ses appels téléphoniques quotidiens sont désormais interdits et les discussions vidéo avec sa famille sont limitées à dix minutes seulement, une fois par semaine. Dans la salle du tribunal de Nuuk, capitale du territoire autonome danois, la procureure revient sur l’opération de l’ONG contre un baleinier japonais, en 2010, durant laquelle Paul Watson est accusé d’avoir commis des dommages et participé aux « blessures » d’un marin, visé par une boule puante. Paul Watson dénonce une « procédure politique » imposée par l’industrie de la pêche à la baleine au Japon, une « organisation criminelle ». Karim Bouamrane, le maire socialiste de la commune de Saint-Ouen, a installé un portrait géant du protecteur des océans souligné par le hashtag #freepaulwatson. David Rachline, le maire Rassemblement national (RN) de Fréjus, a décidé, lui aussi, d’afficher le visage de l’activiste sur son hôtel de ville. Paul Watson affirme ne pas réfléchir en termes « d’idéologie de gauche ou de droite » quand il s’agit de la cause écologique. Il précise : « Je m’adresserai à n’importe qui. »

Le point de vue des écologistes

Paul Watson a commencé tôt. A 10 ans, dans son petit village de pêcheurs du Canada, il nageait avec les castors. Une année, ils ont commencé à disparaître, capturé par les trappeurs. Paul a détruit tous leurs pièges. Acte violent ou non-violence ? Il ne s’attaquait pas aux personnes, mais aux moyens d’agir de ces personnes. Aujourd’hui il peut couler des navires ou être coulé, lancer des chaînes dans les hélices, entraver des activités commerciales. Est-ce de la violence ? Paul Watson décrivait ainsi ses motivations dans un livre :

« Être écologiste, c’est faire partie du continuum de la vie. L’écologie profonde place la vie au centre de toutes choses – pas la seule vie humaine, la vie dans son ensemble. Donc oui, je me considère comme appartenant à cette mouvance parce que je soutiens que la biosphère est plus importante que les gens. Ce que je veux dire, c’est que protéger la nature, c’est protéger l’humanité. Ce n’est pas un parti pris anti-humain, c’est juste une approche réaliste. Chaque espèce que nous menons à l’extinction envoie un ricochet dans le futur avec un incroyable impact négatif. »

Un rapport des Nations unies publié le 28 février 2024 s’inquiète d’une « nette augmentation de la répression et de la criminalisation » des actions pacifiques de désobéissance civile en Europe. L’écologie a des partisans de droite et de gauche, et des adversaires qui se disent de droite ou à gauche.

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Le « ni droite ni gauche » va avoir le vent en poupe

extraits : Qui a dit ? « C’est un mouvement ouvert, pas à droite, pas à gauche, auquel il sera possible d’adhérer tout en restant adhérant d’un autre parti républicain… Car je veux travailler avec des gens qui se sentent aujourd’hui à droite, aussi…Cela pourrait être Nicolas Hulot : «  Ce n’est un sujet ni de gauche, ni de droite, ni du centre, c’est un sujet supérieur. C’est simplement l’avenir et la sauvegarde de la famille humaine et de son écosystème, la planète. Osons dire que l’écologie ne doit plus être un vulgaire enjeu partisan, elle est un enjeu politique au sens le plus noble…. » En fait c’est Emmanuel Macron pour le lancement le 6 avril 2016 d’un « mouvement politique nouveau » baptisé « En marche ! ».

L’écologie, à gauche, à droite, ailleurs ?

extraits : Dans l’histoire des idées, l’écologie politique est une idée neuve, qui dépasse les cartographies anciennes, sans pour autant les abolir. L’écologie est un projet trans-politique. L’avenir de notre planète et des conditions de vie concerne tous les Français, tous les humains sans distinctions partisanes… le clivage gauche/droite est donc obsolète. L’écologie n’est pas l’affaire d’un parti mais un enjeu pour nous tous….

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synthèse, Ecologie, droite ou gauche ?

15 mai 2017, l’écologie politique, vision par-delà droite et gauche

27 mars 2017, un parti social-écologiste ou bien ni droite ni gauche ?

22 août 2016, L’écologie est-elle de droite ou de gauche, ou d’ailleurs

23 avril 2016, L’écologie, ni gauche, ni droite, ni centre, mais supérieur

8 avril 2016, Le « ni droite ni gauche » va avoir le vent en poupe

20 février 2016, Deux manières de tuer l’affrontement droite/gauche

19 décembre 2013, Droite ou gauche, comment situer l’écologie ?

17 mai 2010, plus à gauche et moins à droite, Nicolas Hulot

26 février 2010, droite/gauche, un classement ringard

1er octobre 2009, la gauche passe à droite

6 juillet 2008, droite et gauche, même combat

3 mars 2008, l’écologie, de droite ou de gauche ?

Paul Watson, ni droite ni gauche, au-delà… Lire la suite »

La politique générale de Michel Barnier

Dans sa déclaration de politique générale le 1er octobre 2024, le premier ministre Michel Barnier a tenté de conjurer la fragilité de son assise politique. Sur l’immigration par exemple, l’approche revendiquée se veut à la fois ferme ET pragmatique. Mais, sur la plupart des sujets, Michel Barnier est resté elliptique et flou. Le premier ministre a tenu des propos volontaristes sur l’urgence écologique or certaines de ses décisions laissent planer le doute sur ses intentions, notamment le périmètre rogné du ministère d’Agnès Pannier-Runacher.

Un peu d’écologie certes, mais dans un contexte où le désendettement va avoir la priorité.

endettement de la France : Michel Barnier prévoit un tiers de hausse des impôts et deux tiers de baisse des dépenses pour freiner le dérapage budgétaire

Le premier ministre a annoncé, mardi, qu’il renonçait à l’objectif de ramener le déficit public à 3 % en 2027. Dans l’immédiat, des « contributions exceptionnelles » vont toucher les grands groupes et les plus riches.

planification écologique : Malgré des phrases fortes, Michel Barnier peine à dissiper les inquiétudes. Contrairement à son prédécesseur Gabriel Attal, Michel Barnier a évoqué immédiatement et bien plus longuement le défi environnemental, décrivant la « dette écologique » comme une des deux « épées de Damoclès » qui menacent le pays :

« Les Français attendent de nous que nous regardions la réalité en face. La réalité de nos comptes publics. La réalité de l’impact de notre mode de vie sur l’environnement…   Nous pouvons et nous devons faire plus contre le changement climatique… Il faut préserver la biodiversité et encourager l’économie circulaire… Il n’y a pas de fatalité tant qu’il n’y a pas de fatalisme ». M. Barnier a promis de relancer « immédiatement » la planification « avec les outils dont nous disposons : la stratégie française énergie-climat, le troisième plan national d’adaptation au changement climatique, la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie »,

Mais il faut, selon lui, poursuivre « résolument le développement du nucléaire, et notamment des nouveaux réacteurs ». Il n’a fait aucune annonce sauf de nouvelles étapes de « simplification » qui risquent d’affaiblir l’ambition écologique (sur le diagnostic de performance énergétique, dont il veut aussi « adapter » le calendrier, sur le zéro artificialisation nette, qu’il faut faire évoluer « de manière pragmatique et différenciée », sur la construction…).

Fin de vie : Michel Barnier veut reprendre « le dialogue » plutôt que le projet de loi.

Le premier ministre n’a pas enterré l’idée de légiférer, mais il gagne du temps, en remettant l’urgence d’un effort sur le développement des soins palliatifs en priorité absolue.

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Les Verts devenus EELV, puis Les écologistes…

de notre correspondant Michel Sourrouille

Les Verts devenus EELV, puis Les écologistes… Un changement de dénomination ne dit pas grand chose de la clarté idéologique d’un parti. Voici mon vécu personnel depuis l’origine de l’écologie politique, 1974.

Lorsque René Dumont, poussé par des associations environnementalistes, s’est présenté à la présidentielle française de 1974 au nom de l’écologie, j’ai compris qu’un vote significatif pouvait enfin avoir lieu pour préparer un avenir moins perverti : nous allions manquer d’eau, les voitures allaient s’arrêter faute de pétrole, le nucléaire militaire et civil était le mal absolu. René parlait vrai. Il me fallait réagir, j’ai voté pour la première fois, j’avais 27 ans. Je croyais que cela suffisait, se contenter de voter ! Je me suis donc mis à trente ans au service du jeu d’échecs, j’ai occupé presque tous les postes possibles pendant vingt ans, arbitre et formateur d’arbitre, animateur et formateur d’animateur, et même vice-président de la FFE (Fédération française des échecs).

Mais l’état de la planète a empiré, les prédictions de René se sont installés dans les faits, et même dans les journaux télévisés. Les sommets de Terre se sont succédé depuis 1972, rien n’a changé. Personne n’a entendu parler du sommet de 1982, et même la grande kermesse de Rio en 1992 n’a été que des mots. Les COP sur le climat ont suivi le même chemin, en impasse ! Il me fallait faire quelque chose.. j’ai trouvé que la situation de la planète était suffisamment grave pour que je m’engage à plein temps dans ce collectif multiple qui constituait l’écologie politique. J’ai démissionné de mon poste de vice-président de la FFE. Outre des engagements dans plusieurs associations environnementales, va pour les Verts en 1997, seul parti d’envergure à porter le message de l’écologie.

Ma première réunion entre encartés écolos m’a laissé un souvenir impérissable. Je n’y comprenais rien. Une vingtaine de personnes seulement, et je me perdais complètement entre les sous-tendances des différents courants. Un participant bien charitable m’a expliqué en aparté. « Simplifions. Il y a les Verts rouges, les Verts noirs et les Verts verts. A partir de cette trame, chacun brode à sa façon. » Comme j’enseignais professionnellement la sociologie politique, j’ai tout compris. Il y avait les marxistes derrière le drapeau rouge, mais qui avaient senti tourner le vent de l’histoire : la victoire du prolétariat ne pourrait pas se faire sur les décombres de la planète. Les Verts noirs sont très forts : faut toujours s’exprimer contre le consensus qui se dessine. Dès qu’une tête dépasse, faut la couper. Pour ma part, je me sentais Verts vert, écologiste avant tout, fondamentaliste diraient certains. Je n’ai pas mis très longtemps pour me rendre compte que mon orientation était et devait rester minoritaire. Dans un parti politique, et les Verts ne faisaient pas exception, ce qui compte c’est le pouvoir, la recherche du pouvoir, la contestation du pouvoir ou même le pouvoir pour le pouvoir. Humain, trop humain ! Mais comme me l’avait enseigné René Dumont, notre tâche était bien là : écologiser les politiques et politiser les écologistes. Fallait que je m’accroche.

J’ai donc suivi passionnément les journées d’été des Verts, pris différents rôles au niveau du groupe local. Mais l’acoquinement avec le PS à partir de 1994 l’empêchait de présenter électoralement une écologie de rupture. J’ai alors choisi en 2002 l’entrisme au PS ; je croyais sincèrement que l’urgence écologique devenait devenue telle qu’un parti dit « de gouvernement » allait se saisir de cette thématique. Délégué fédéral à l’écologie, membre de la commission nationale du PS « environnement », j’ai fait ce que j’ai pu. Mais le PS historique de François Hollande n’était pas mûr pour parler « écologie » ; une fois arrivé au pouvoir en 2012, leur optique croissanciste traditionnelle a constitué leur mantra. Encore une fois, il me fallait changer pour mieux défendre la cause écologique.

J’ai rejoint EELV en 2011 avec le statut (nouvellement créé) de coopérateur qui me permettait la double appartenance partisane, socialiste ET écologiste. J’ai co-animé en 2011 aux JDE de Clermont-Ferrand un atelier qui a permis la création d’une commission accueil-formation, structure sans résultats malgré plusieurs WE de rencontres à Paris. Cette commission s’est enlisée dans les méandres de GIRAF (groupe interrégional accueil/formation)… Je me suis alors encarté à EELV pour participer activement aux décisions de congrès. Je voulais encore et toujours une écologie de rupture, j’ai soutenu la motion Avenir Ecolo au congrès de Caen en 2013. Échec à nouveau. Pour le congrès suivant, on est devenu « Pôle Ecolo » après l’union avec « Objectif Terre »  ; j’ai été co-administrateur de la liste de diffusion. Mais nous avons été écarté du congrès suivant par les partisans de la firme résultant des initiatives politiciennes du couple Cécile Duflot et Jean Vincent Placé.

Sur la thématique démographie/écologie, j’ai quand même organisé un atelier aux JDE qui a débouché sur un groupe de travail « démographie » . Il a été officialisé (avec réticences) par le Bureau Exécutif, mais sans aucun écho chez les dirigeants. Le malthusianisme de René Dumont était devenu tabou pour le parti. Je suis aussi cofondateur du groupe de travail « imaginer une économie écologique », une instance adoubée par le CF en 2014 qui deviendra par la suite la commission post-croissance. Pour préparer la présidentielle de 2017, j’ai rédigé un livre synthèse de 370 pages, « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », présentant tous les programmes politiques possibles, et publié juste avant les JDE de 2016. Mais nos instances dirigeantes ont refusé un atelier autour de mes thématiques, on ne m’a même pas donné la parole lors d’un atelier pourtant consacré à l’avenir de l’écologie. On a préféré encenser aux JDE le livre de Cécile Duflot, « Le grand virage », un livre qui ne parle pas d’écologie ! J’ai fait ce que j’ai pu.

Mes articles antérieurs sur ce blog biosphere

2002. Les Verts, un embryon de parti, un ramassis d’ambitions

extraits : Aux journées d’été des Verts, dont je ne loupais aucun exemplaire depuis le milieu des années 1990, c’était la grande kermesse. Cela allait des groupes d’échange les plus sérieux, autour de l’espéranto, jusqu’aux plus farfelus comme celui qui rassemblait les transsexuels et autres divers genres, en passant par le groupe femme qui parle des femmes : chacun dans sa chapelle. Sans oublier les fumeurs de pétards qui utilisaient la moindre occasion pour faire parler de la dépénalisation du cannabis. Il est bien vrai que l’étiquette écolo regroupait surtout tous les survivants de la deuxième gauche, celle pour qui la libéralisation des mœurs, féminisme, IVG, homosexualité, autogestion… restait l’alpha et l’oméga de la vie publique. Je n’étais pas contre, loin de là, je pourrais même ajouter à la liste « naturisme et liberté sexuelle », « pacifisme et non-violence », etc. Mais je pensais à juste raison que ces messages issus de mai 1968 étouffaient complètement ce que nous voulions faire passer : une planète sauvegardée pour nos descendants et toutes les autres espèces vivantes. Dominique Voynet concluait lors de la dernière journée d’été en 2002 que ce n’était pas la peine de parler entre nous d’écologie puisque tout le monde était d’accord sur la question !? Elle faisait l’impasse sur nos manques.

J’étais accablé par les contradictions internes des Verts, par des statuts inefficaces, souvent dénoncés mais jamais modifiés. J’étais aussi accablé par l’amateurisme de nos procédures et candidats. Aux primaires pour la présidentielle 2002, nous avions voté Lipietz contre Mamère, qui s’était révélé non médiatique, avait été désisté par un autre vote, et Mamère, malgré sa décision irrévocable de ne pas se présenter, avait quand même obtenu plus de 5 % des voix à la présidentielle 2002. Mais avant, j’avais voté pour voter, plusieurs fois, pour rien. J’étouffais, les Verts ne portaient pas vraiment l’idéal écologiste, mais un système embryonnaire de parti, un ramassis d’ambitions et beaucoup de gens qui ne faisaient que passer.

Aux journées d’été d’août 2002, à Saint-Jean-de-Monts, j’ai craqué. Chaque nuit ou presque une insomnie, pour ces questions lancinantes qui me taraudaient. A quoi servaient les Verts ? Qu’est ce que je faisais dans ce parti ? Qu’est-ce que faire de la politique ? Je suis parti… pour le parti socialiste. Mais auparavant, j’ai fait une dernière réunion de formation pour le groupe local sur le concept de décroissance. Même chez les Verts, ce mot était alors inconnu, ou tabou….

2011. EELV se développe, la logique de l’organisation prime

extraits : Je pose ma candidature en 2011 pour animer un atelier aux journées d’été d’EELV à Clermont Ferrand. A ma grande surprise, nouveau venu, simple coopérateur, je suis choisi comme co-animateur (avec Frédéric Benhaim) pour l’atelier « accueil et formation à EELV » le 19 août 2011. Il s’agissait de s’occuper de la formation à la base, et non de la formation des élus Verts déjà réalisée par le Cédis, le seul organisme qui fait des bénéfices ! J’ai été agréablement surpris par le sérieux des différents groupes de travail à Clermont. Cela me changeait du folklore des Verts dans les années 1990. Mais je me suis aperçu qu’en matière d’accueil et de formation institutionnalisée, rien n’avait changé depuis mon départ des Verts en 2002 : aucune organisation, sauf initiatives ponctuelles. Le secrétaire national à la formation, présent lors de cette séance, a conclu qu’il fallait faire quelque chose… dans six mois. Mais ma proposition d’instaurer une liste d’échange entre formateurs au niveau national a été reprise très vite par un habitué des listes (innombrables) de diffusion EELV. Depuis, peu à peu, le secteur s’organise. Lentement, trop lentement….

2013. Le sexe/genre relève-t-il de la nature ou de la culture ?

extraits : Le parti écolo des Verts s’intéresse aux choses du sexe ; il existe même une commission LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels). Lors de ses journées d’été à Marseille en août 2013 un atelier a eu lieu sur « le genre pour les nuls ». Pourtant il n’ a pas été question de sexualité, mais des inégalités des rôles masculins et féminins dans une tradition toujours bien présente, même en France. L’intervenante, Céline Petrovic est la délégué thématique « genre, sexe et société » d’EELV, mais aussi docteure en sciences de l’éducation. Nous avons donc eu un débat très interactif sur la sociologie du genre. Ce terme est défini comme un concept réaliste et pas du tout comme une « théorie » : c’est un système, une construction sociale qui résulte d’un apprentissage et non d’un déterminisme génétique, inné. Depuis des millénaires, on disait que la différence entre hommes et femmes étaient programmées par la nature. Il y a au contraire un processus culturel : observation par l’enfant, puis identification, intériorisation et enfin imitation. Catherine Vidal a donc démontré qu’il y avait déterminisme culturel. Or tout ce qui est construit rend possible la déconstruction….

2017. Yannick Jadot veut dissoudre EELV dans le PS

extraits : Jeudi 23 février 2017 au 20h de France 2, Yannick Jadot a annoncé qu’il retirait sa candidature à la présidentielle au profit de celle du socialiste Benoît Hamon… avant même le vote prévu officiellement. Plus de rassemblement à trois, Jadot/Hamon/Mélenchon, on en reste donc au tête-à-tête entre l’ogre socialiste et le nain vert. Pourtant, depuis 1974 et la candidature de René Dumont, il y avait toujours eu un candidat écologiste à chaque présidentielle. Mais Jadot a quitté son rôle de présidentiable dévolue par une primaire ouverte pour un plat de lentilles. Car quel accord commun ? Programmer l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et du centre d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure, la sortie du nucléaire et une constituante pour une VIe République ne mange pas de pain….

2020. EELV, sa face désirable et celle plus obscure

extraits : Ni positive, ni punitive, l’écologie est d’abord une discipline scientifique, pratiquée par des écologues, alors que les écologistes (qui ne sont pas forcement des scientifiques) tentent de mettre en pratique une politique en tenant compte des enseignements de l’écologie scientifique. Ce que semble omettre EELV. Par ses combinaisons d’accord politiciens parfois « contre-nature » avec des partis de gauche traditionnel, réputés pour leur conservatisme idéologique productiviste et une conception économique et sociale d’un autre temps, aujourd’hui EELV est un parti de gauche qui s’éloigne toujours plus de l’écologie. Dernier acte avec les municipales, intercommunalités et métropoles, dans 9 cas sur 10, EELV confirme son alliance avec la gauche. Si un accord avec les partis de gauche peut parfois s’avérer nécessaire, en faire une règle absolue au niveau national par une organisation se réclamant de l’écologie, avec des opérations de « tambouille politicienne » des plus détestables, est une faute grave qui envoie à tort une très mauvaise image de tous les écologistes…

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Démocratie ou dictature, les tendances actuelles

Les médias dans la montée des extrémismes ont un rôle central. Beaucoup d’entre eux ont attisé le feu des intolérances, par goût du spectaculaire ou pour des raisons idéologiques. Il est vrai qu’ils sont concurrencés par les réseaux sociaux, le complotisme, les fake news alors que la responsabilité des journalistes est de trier l’information et de prendre de recul pour ne pas aggraver encore la confusion et les risques de violences.  Il ne suffit pas qu’un gouvernement arrive au pouvoir par les urnes pour qu’il soit démocratique. L’histoire des plus grandes tragédies humaines nous alerte sur la mécanique de l’engrenage : chaque étape prépare et facilite la suivante, dans l’esprit de chaque individu comme dans la société. Et l’analyse montre que de telles dynamiques sociétales peuvent aller très vite et très loin lorsqu’elles sont nourries par des extrémismes identitaires.

Un pessimisme généralisé

Alain Chouraqui : «  Aujourd’hui, nous constatons que les principaux éléments qui, dans l’histoire, caractérisent une séquence précédant un basculement autoritaire sont en place : perte de repères, brutalisation, contestation des institutions et des élites, crispations identitaires, manipulation du langage, etc. L’extrémisme identitaire (religieux, nationaliste ou ethnique) durcit une opposition entre « eux » et « nous » potentiellement explosive et contagieuse. Personne ne maîtrise plus vraiment de tels engrenages enclenchés ou nourris par des apprentis sorciers croyant pouvoir instrumentaliser des passions qui finissent souvent par les dévorer eux-mêmes. Si un parti extrémiste arrive au pouvoir, il peut être amené à se durcir plus encore qu’il ne l’aurait voulu lui-même, soit du fait de ses échecs probables, soit en réaction à des désordres suscités par ses adversaires ou par ses propres ultras. La séquence suivante est caractérisée par des atteintes à l’indépendance de la justice, des médias et de la culture. »1

Bertrand Méheust : « Je ne partage pas l’opinion que les démocraties modernes possèdent les ressorts nécessaires pour prévenir la catastrophe et l’affronter. Je crains que la métamorphose espérée n’intervienne trop tard pour enrayer la crise écologique, et ne manifeste ses effets que pendant et après la crise, un peu comme le pacifisme n’empêche pas les guerres mais se développe dans leur sillage. En effet toute société cherche à persévérer dans son être. Le marché, en s’efforçant par tous les moyens de poursuivre sa course, continuera de mettre l’humanité en péril. Il possède encore de nombreux espaces, de nombreux interstices il pourra encore se déployer. Mais comme nous vivons dans un monde fini, sa saturation globale est inéluctable, et plus on aura déployé d’ingéniosité pour le prolonger, plus les effets différés seront dévastateurs. Il n’y a pas de planète de rechange. Ou encore, pour dire les choses de façon plus brutale, la saturation se traduira pour l’humanité par une véritable descente aux enfers. Chaque instant qui passe nous éloigne davantage du moment où un autre avenir serait encore possible. »2

Harald Welzer : « Comment finira l’affaire du changement climatique ? Pas bien. Ses conséquences marqueront la fin du rationalisme des Lumières et de sa conception de la liberté. Il se pourrait qu’un jour le modèle tout entier de la société occidentale, avec toutes ses conquêtes en matière de démocratie, de libertés, de tolérance, de créations artistiques, apparaisse aux yeux d’un historien du xxiie siècle comme un vestige incongru. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes des réfugiés. La violence a toujours été une option de l’action humaine. Les hommes changent dans leurs perceptions et leurs valeurs, en même temps que leur environnement et sans s’en rendre compte : c’est le phénomène des shifting baselines. Des processus sociaux comme l’holocauste ne doivent pas être compris comme une « rupture de civilisation » ou une « rechute dans la barbarie », mais comme la conséquence logique de tentatives modernes pour établir l’ordre et résoudre les problèmes majeurs ressentis par des sociétés. Il est des livres qu’on écrit dans l’espoir de se tromper. »3

La tentation d’un pouvoir fort

Une dictature au nom de l’écologie serait-elle un moindre mal ? Dans un livre intitulé Le Changement, Bernard Charbonneau (1910-1996) avait fait ce constat saisissant de l’ambiguïté de la démocratie de masse qui est en fait orientée par un leader. Cette perspective sans illusion peut amener à penser que le virage écologique sera le fait de la bourgeoisie dirigeante, mais seulement le jour où elle ne pourra plus faire autrement.

« Ce seront les divers responsables de la ruine de la Terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir. Pour contrôler les dangers de moyens de plus en plus puissants et fragiles parce que complexes, gérer un espace et des ressources qui s’épuisent, prévoir et maîtriser les réactions humaines qui empêcheraient de le faire, on est obligé de renforcer l’organisation. L’écofascisme a l’avenir pour lui, et il pourrait être aussi bien le fait d’un régime totalitaire de gauche que de droite sous la pression de la nécessité. En effet, les gouvernements seront de plus en plus contraints. Déjà commence à se tisser ce filet de règlements assortis d’amendes et de prison qui protégera la nature contre son exploitation incontrôlée. Que faire d’autre ? »4

Le philosophe allemand Hans Jonas (1903-1993) a fait éditer son livre Le principe responsabilité pour la première fois en 1979, au moment du deuxième choc pétrolier. Il écrivait avant la chute du mur de Berlin en 1989 qu’il croyait encore aux vertus du centralisme démocratique à l’époque de la planification impérative.

« On ne pourra contester à l’homme politique le droit de mettre en jeu l’existence de la nation au profit de l’avenir si vraiment l’extrême est en jeu. Le péril qui menace la communauté devient une puissante impulsion de l’homme de courage à proposer sa candidature et à s’emparer de la responsabilité. Pour appliquer cette nouvelle éthique, un système libertaire serait préférable pour des raisons morales, mais les systèmes moralement bons sont des systèmes précaires ; l’État peut seulement être aussi bon que le sont les citoyens. De plus l’homme politique peut supposer idéalement dans sa décision l’accord de ceux pour qui il décide en tant que leur chargé d’affaires, mais des générations futures on ne peut obtenir de facto un accord. Par conséquent, la tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que le complexe capitaliste-démocratique-libéral. »5

Cette analyse est reprise en 2008 en louant les vertus non du système soviétique, mais celui de la Chine post-maoïste.

« Si seulement l’Amérique pouvait être la Chine. Rien qu’une journée ! Les dirigeants chinois possèdent la faculté de couper court à tous les intérêts particuliers, à tous les obstacles bureaucratiques, à toutes les craintes de répercussions électorales, pour simplement décréter des changements radicaux dans les prix, les règlements, les normes, l’éducation et l’infrastructure. C’est un atout de poids quand il s’agit de réaliser un changement aussi considérable qu’une révolution verte, où vous êtes confrontés à des intérêts acquis, enracinés, grassement financés et fortement retranchés, où vous devez motiver des opinions publiques pour qu’elles acceptent des sacrifices. Un matin de fin 2007, les commerçants chinois se sont réveillés en apprenant que le Conseil d’État venait d’annoncer que tous les supermarchés, toutes les boutiques, auraient interdiction de distribuer gratuitement des sacs en plastique. Et le tour était joué. L’Amérique a entamé en 1973 une procédure de retrait des carburants comportant du plomb, et ce n’est qu’en 1995 que l’on n’a plus vendu sur le sol américain que de l’essence sans plomb. La Chine a décidé d’adopter le sans-plomb en 1998 ; la nouvelle norme a été appliquée partiellement à Pékin en 1999, et, dès 2000, toute l’essence vendue sur le territoire national était sans plomb. »6

Du totalitarisme à la rédemption

Malheureusement on constate historiquement que toute dictature, même exercée au nom du peuple ou de l’écologie, mène irrémédiablement au désastre : la manipulation des foules n’est jamais porteuse de bonnes nouvelles. Il reste donc à mettre en œuvre ce que Hans Jonas envisageait incidemment : « Naturellement il serait préférable qu’on puisse confier la cause de l’humanité à une conscience authentique qui se propagerait. » Ce serait une raison d’espérer, la formation d’un peuple écolo. Pas besoin de leader, les comportements changent avec les modifications culturelles. Certes la préoccupation écologique sur l’état de la planète et sur notre avenir commun devient une sensibilité partagée. Quand les écologistes parlent de transports doux, de projets d’infrastructures non disproportionnés, de plans d’urbanisme au plus près des citoyens, de destruction des terres, d’alimentation bio et moins carnée, etc., les gens s’aperçoivent que des réponses positives émergent. Nous ne sommes plus dans l’idéologie abstraite, mais bien dans l’écologie du quotidien. Conscient des limites de la planète, nous adoptons progressivement un autre comportement, plus perspicace dans ses choix de production et plus modéré dans ses désirs de consommation. Plus la société civile sera écolo, plus un gouvernement aura intérêt à faire de même. Le peuple et le pouvoir sont en interdépendance.

C’est à cause de la difficulté d’un changement d’imaginaire social que nous envisageons que la nécessaire rupture avec le système croissanciste prendra beaucoup, beaucoup d’années… Le XXIe siècle sera le siècle de ce changement radical, ou bien la perpétuation de conflits violents pour s’accaparer le peu qui restera des richesses dilapidées de la Terre. L’optimisme et le pessimisme sont en fait les deux facettes d’une même stratégie, celle qui consiste à laisser faire. Il faut faire sienne cette pensée de David Brower : « L’optimisme et le pessimisme expriment sous des formes différentes la même capitulation face au futur ; car tous les deux le traitent comme une fatalité et non comme un choix. »

1https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/07/23/alain-chouraqui-chercheur-la-democratie-ne-reside-pas-seulement-dans-l-election-mais-surtout-dans-l-apres-election_6256021_3232.html

2. Bertrand Méheust, La politique de l’oxymore, op. cit.

3. Harald Welzer, Les guerres du climat : Pourquoi on tue au xxe siècle, op. cit.

4. Bernard Charbonneau, Le Feu vert, op. cit.

5. Hans Jonas, Le principe responsabilité [Das Prinzip Verantwortung, 1979], Paris, Flammarion, coll. Champs essais, 1999.

6. Thomas L. Friedman, Le Terre perd la boule : Trop chaude, trop plate, trop peuplée [Hot, Flat, and Crowded :Why We Need a Green Revolution – And How It Can Renew America, 2008], Paris, Éditions Saint-Simon, 2009.

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L’écologie à droite toute avec Pannier-Runacher ?

Michel Barnier vient d’annoncer le contenu de son tout nouveau gouvernement. A la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher arrive en terrain miné. Depuis le début de l’année, le manque d’allant d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal puis les campagnes électorales ont paralysé la planification. Après de premières restrictions en février, Bercy a encore prévu, dans le prochain budget, des coupes importantes dans le fonds vert, dans la protection de la biodiversité ou dans l’électrification des transports… Bon courage à Agnès pour son séjour au ministère de l’impossible…

Goar et Mouterde : Nommée samedi 21 septembre 2024 au poste de ministre de la transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques, elle avait été une des voix du bloc central à mettre en garde contre une droitisation du macronisme. Femme de dossiers, Pannier-Runacher est réputée s’approprier rapidement les enjeux des secteurs dont elle a la responsabilité. Mais à la tête d’un ministère de la transition énergétique à partir de mai 2022, outre la construction de nouveaux réacteurs, la ministre défendait une réforme extrêmement contestée de la gouvernance de la sûreté nucléaire et lançait au niveau européen une Alliance du nucléaire destinée à promouvoir l’atome. Des textes-clés pour l’avenir du pays tels que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ne se concrétisent pas.

Retour sur le passé d’Agnès Pannier-Runacher

Les publicités lumineuses interdites entre 1 heure et 6 heures partout en France : La ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et publié jeudi 6 octobre 2022au Journal officiel (JO), le décret prévoit d’harmoniser les règles existantes d’extinction des publicités lumineuses, qui différaient jusqu’à présent selon la taille de l’agglomération.

Lors de l’université d’été du Medef  le 29 août 2022 :  La sobriété vise certes à passer l’hiver au niveau de nos capacités énergétiques, mais c’est surtout la condition sine qua non de la réduction de notre empreinte carbone à l’horizon 2050 ».

Connaissez-vous votre empreinte carbone ? La ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, insistait en mai 2022 sur la nécessité de réduire les envois de courriels accompagnés de pièces jointes, et jugeait au mois d’août la pollution des jets privés « limité[e] »… alors qu’un seul déplacement en avion émet plus de CO2 que des dizaines de milliers de courriels . Les décodeurs du MONDE en font un quizz…

Un fauteuil pour deux au ministère de l’agriculture ? Agnès Pannier-Runacher, nommée ministre déléguée chargée de l’industrie en 2020, devient ministre de la transition énergétique dans le gouvernement d’Elisabeth Borne en 2022 puis ministre déléguée auprès du ministre de l’agriculture depuis le 8 février 2024. Conflit ou harmonie avec Marc Fesneau, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire depuis 2022 ?

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Planification écolo, vive le HSSPEPTDR !

Le Secrétariat général à la planification écologique est maintenu à Matignon, mais on s’interroge sur sa capacité à peser sur les arbitrages du futur gouvernement alors que son influence est en berne depuis le début de l’année 2024.

Garric et Goar : Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) ? Cette structure, créée en juillet 2022 par décret présidentiel avait Antoine Pellion comme secrétaire général. Délaissé par Gabriel Attal et Emmanuel Macron, très rétifs à prendre des coups sur ce sujet, le SGPE perd rapidement son influence face aux ministères, notamment Bercy et l’agriculture. Début 2024, la crise agricole est vécue comme un « désastre » : assouplissement des normes sur les haies, sur les jachères, sur les pesticides, coups de canif dans le droit de l’environnement… Les scrutins électoraux ont gelé la publication de documents importants, comme la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la nouvelle stratégie nationale bas carbone (SNBC) et le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc). La « lettre plafond », envoyée par Matignon au ministère de la transition écologique pour fixer son budget 2025, prévoit des baisses de crédits dans plusieurs secteurs.

Au sein du SGPE, l’impression prévaut de s’être « fait rouler dessus », alors que la transition implique d’accroître considérablement l’enveloppe. Il est vrai que cette structure se contentait actuellement d’établir des diagnostics et des chiffrages déjà réalisés par d’autres, tels l’Agence de la transition écologique (Ademe), le Commissariat général au développement durable ou France Stratégie.

Le point de vue des écologistes

Ibelain : « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas »… c’était pas faux : l’écologie est la grande absente du quinquennat actuel qui semble lui-même totalement à l’arrêt.

Sciences-pi-po : Macron avait pourtant déjà nommé en 2020 un haut- commissaire au Plan « chargé d’animer et de coordonner les travaux de planification et de réflexion prospective conduits pour le compte de l’Etat et d’éclairer les choix des pouvoirs publics au regard des enjeux démographiques, économiques, sociaux, environnementaux, sanitaires, technologiques et culturels ». Sans doute encore un placard doré pour satisfaire son vieux partenaire Bayrou…

Abod : Nous avons donc – un Haut Commissariat au Plan – un Secrétariat Général à la Planification Écologique (SGPE) – un ministère de la transition écologique – une agence de la transition écologique (ADEME) – France Stratégie – un Commissariat Général au Développement Durable – un Haut-Conseil pour le Climat – un Conseil Économique, Social et Environnemental – j’en oublie probablement… On pourrait fusionner dans un Haut Secrétariat Stratégique à la Prospective et l’Évaluation des Plans de Transition Durable et Responsable : HSSPEPTDR

Petit Pierre : Il y a une certaine facilité à renvoyer la responsabilité d’agir pour la transition écologique vers les politiques. Mais il y a une responsabilité individuelle et sociale de chacun d’entre nous. Le nombre de vols touristiques mondial atteint 160 000 vols par an, chacun peut observer le comportement de conduite sur la route, loin d’être écologique. sans parler des SUV. Pour résumer il est facile de se dédouaner de sa responsabilité individuelle en chargeant l’État de tous les maux.

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Planification écologique, notre synthèse (mai 2022)

extraits :  « L’idée de planifier une politique de décroissance des consommations peut choquer, mais un tel point de vue recouvre néanmoins un principe de réalité incontournable. Personne ne souhaite aller vers une société de privation et d’abstinence, mais nous n’avons pas d’autre choix que de mettre en place des normes, des réglementations, des instruments fiscaux qui concourront à la modération des productions, des comportements et des consommations. J’entends déjà les cris d’orfraie : c’est une révolution ! Eh bien, oui ! Nous sommes, de fait, engagés dans une révolution, planétaire de surcroît. Qui peut imaginer que le défi écologique pourra se relever à la marge ? Si nous n’opérons pas de manière planifiée, à quoi ferons-nous appel ? Au marché, dont on connaît le peu de cas qu’il fait de l’intérêt général si on le laisse jouer librement ? A la vertu de l’humanité qui, comme chacun le sait, présente quelques fragilités ? » (Nicolas Hulot)….

Planification écologique, un gadget ?

extraits : Si la France a abandonné l’idée d’une planification en 1992, c’est parce que la vitesse des innovations technologique et la diversification des modes de consommation ont empêché toute vision globale et rendu impossible la gestion de la complexité. Il n’en est pas de même en période de crise où la limitation devient la norme ; la parenthèse Covid-19 nous a d’ailleurs montré qu’on pouvait rapidement en rester à la couverture des besoins essentiels. Or le blocage énergétique et le réchauffement climatique nécessitent une baisse drastique de nos émissions de gaz à effet de serre, d’où l’urgence de limiter nos besoins de consommation et de simplifier notre appareil de production. Une planification par l’État des changements structurels nécessaires paraît donc nécessaire, et cela peut s’accompagner de plans territoriaux démocratiquement conçus au niveau local….

Planification de nos besoins, une nécessité

extraits : Comment bifurquer. Les principes de la planification écologique de Cédric Durand et Razmig Keucheyan : un manuel pour planifier la transition écologique, une des premières tentatives de théoriser une planification Contrairement à la planification indicative de la France des années 1960 ou la planification impérative de l’Union soviétique, elle n’aurait pas pour objectif de produire plus, mais plutôt de produire moins, en fonction des besoins, dans le respect des limites planétaires. Recension d’un livre…

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SGPE, Antoine Pellion, planification oubliée

extraits : En juillet 2022, le tandem Elisabeth Borne, chargée de la planification écologique, avec Antoine Pellion, secrétaire général du SGPE était confirmé par l’Elysée. Bientôt deux ans et nous n’en savions rien ! Alors que la planification était censée être un rouage crucial de la machine étatique, en ce début d’année 2024 on sait que cet engagement n’était que du vent : Emmanuel Macron ne sait toujours pas ce que transition écologique veut dire.

Gabriel Attal, la politique sans l’écologie

extraits : Lors de sa déclaration de politique générale le 30 janvier 2024, le premier ministre a fustigé avec vigueur la décroissance, qu’il considère comme « la fin de notre modèle social » et « la pauvreté de masse ». « Oui, nous ferons rimer climat avec croissance. Une écologie populaire, c’est une écologie qui se construit au plus près des réalités des Français. On ne fera pas l’écologie contre le peuple. Il faut entendre les préoccupations de tous les Français.» Pourtant nommé en mai 2022 « secrétaire général à la planification écologique » (SGPE), Antoine Pellion est resté aux abonnés absents. Le 30 janvier 2024, on sait que le contenu de la planification écologique est remis aux calendes grecques….

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Michel Barnier, ex-ministre de l’environnement !

Notons que la droite traditionnelle n’a jamais brillé sur le front de l’engagement écologique. Notons pourtant que la droite a eu ses ministres compétents en matière environnementale comme Corinne Lepage, Serge Lepeltier ou Nathalie Kosciusko-Morizet.  Dans ce domaine, le nouveau Premier ministre Michel Barnier semble faire un tant soit peu consensus, il n’était pas si mauvais tout au cours de son long parcours.

A 22 ans, il était déjà chargé de mission en 1973 au cabinet du tout nouvellement créé, « ministre de l’environnement ». Auteur en 1990 du rapport parlementaire Chacun pour tous et cent propositions pour l’environnement, il devient ministre de l’Environnement de 1993 à 1995 sous le gouvernement Edouard Balladur, en pleine cohabitation avec François Mitterrand. Il fait voter en 1995 une loi devenue structurante en matière d’écologie, la loi Barnier, « relative au renforcement de la protection de l’environnement ». La loi a notamment permis la création de la « commission nationale du débat public », chargée d’organiser la participation du public aux décisions relatives aux grands projets d’aménagement ayant un impact sur l’aménagement du territoire et l’environnement. La loi Barnier est également à l’origine des « plans de prévention des risques naturels prévisibles » et du « fonds Barnier », destiné à financer les indemnités d’expropriation de biens exposés à un risque naturel important. Le texte a également introduit le principe de précaution, visant à prendre des mesures préventives pour éviter les risques pour l’environnement. Le concept a ensuite été élargi à la santé et à la sécurité des aliments, notamment suite à la crise de la vache folle dans les années 90.

Michel Barnier a été aussi ministre de l’Agriculture et de la Pêche sous Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2009. Il lance l’objectif de réduction de 50 % de la quantité de pesticides, dans le cadre du plan Ecophyto. « Nous devons admettre que Michel Barnier, en tant que ministre de l’Agriculture, a su résister aux pressions, notamment celles de la FNSEA, durant les négociations du Grenelle sur les pesticides. Il a maintenu les objectifs de réduction des pesticides du Plan Ecophyto et son indicateur de référence, le NODU », a réagi l’association Générations Futures quelques heures après la nomination du nouveau Premier ministre. Michel Barnier a également proposé en 2007 un plan de relance de l’agriculture biologique ou encore le plan de performance énergétique des exploitations agricoles, visant à réduire la facture énergétique des exploitations.  À cette époque, il avait également ouvert son ministère aux associations environnementales, rompant ainsi avec la seule cogestion traditionnelle entre l’État et les syndicats agricoles dominants ».

« L’écologie n’est pas une lubie de quelques scientifiques, déclarait-il encore en octobre 2021, alors qu’il était candidat à la primaire des Républicains. Ce n’est pas une mode. Ce n’est pas la propriété d’un groupe, d’un clan ou d’un parti politique. La droite républicaine et le centre doivent avoir une vision, une ambition, un engagement sur l’écologie et le changement climatique. »

MAIS il adopte une position favorable au maintien de la croissance économique. « Nous avons des raisons, je le crois, de bâtir un modèle de croissance écologique, d’une croissance durable qui fasse en sorte que l’on respecte davantage les ressources et les espaces, parce que les ressources et les espaces ne sont ni gratuits ni inépuisables », affirmait-il en 2021. En clair : l’écologie, oui, la remise en question du modèle économique actuel, non. La même année, il avait sur Europe 1 comparé Eric Zemmour aux militantes écologistes et féministes Greta Thunberg et Sandrine Rousseau, les accusant d’être « toujours en train d’exploiter la peur des gens ». Et en 2023, il avait regretté que l’interdiction des voitures thermiques en 2035 donne un caractère « punitif » à la politique environnementale européenne.

Quoi qu’il en soit, les amputations annoncées par le gouvernement démissionnaire dans les budgets de la transition écologique (Fonds Vert, rénovation énergétique, électrification des véhicules, biodiversité…) dans le cadre du projet de loi finance 2025, laisse présager des reculs importants en matière d’écologie…

lire, https://reporterre.net/Michel-Barnier-l-ecologie-liberale-a-Matignon

lire aussi, https://www.environnement-magazine.fr/politiques/article/2024/09/05/149909/michel-barnier-quel-bilan-matiere-ecologie-pour-nouveau-premier-ministre

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Thierry Beaudet, premier ministre par défaut

Nous faisons le pari que la rumeur deviendra très vite réalité. C’est le président du CESE, Thierry Beaudet, qui va devenir premier ministre par la grâce d’Emmanuel Macron. Le choix de se détourner d’un profil politique au profit d’une personnalité issue de la société civile ne fait que confirmer le blocage d’une Assemblée nationale sans majorité possible. Faisons la fiche de présentation de Thierry.

Cet instituteur de formation, sans doute proche de la gauche par ses choix associatifs, a été un administrateur sans idéologie préétablie. Ancien président de la Fédération nationale de la Mutualité française, il est réputé réputé proche des partenaires sociaux. Thierry Beaudet a été élu Président du CESE le 18 mai 2021, avec 163 voix pour sur 172 suffrages exprimés. Cela témoigne d’une compétence certaine pour bâtir un consensus, mais 95 % des voix est un score qu’il n’atteindra jamais devant les députés. Sur sa fiche wikipedia comme dans une recherche google, il n’y a aucune mention d’un quelconque intérêt pour la cause écologique. Il va bien s’entendre avec Macron sur cette question sans réponse.

Par contre c’est un bon connaisseur des dossiers. Il a supervisé avec le CESE les travaux de la Convention citoyenne sur le climat. Il aussi coordonné la Convention citoyenne sur la fin de vie. En 2020, il s’était prononcé en faveur du « droit de choisir une fin de vie digne ». En tant que président du CESE, il a d’ailleurs été invité par Macron à un repas sur cette question le 22 février 2023. C’est là où ils ont fait connaissance de plus près.

Thierry Beaudet peut aussi aligner de grandes phrases qui n’auront validité que si on commence à les appliquer concrètement : « Les rêves d’un « monde d’après » plus juste et plus vert ont laissé place à une certaine forme de lassitude, d’amertume, et d’inquiétude sur la dette que nous laisserons peser sur les prochaines générations. A cela s’ajoute l’urgence d’agir pour anticiper et préparer les transitions qui s’imposent, notamment écologique, pour qu’elles constituent des opportunités et non des facteurs d’inégalités ou de repli. Je souhaite un CESE qui cultive son sens du dialogue, son sens du futur et celui du projet partagé. Alors que partout nous observons des acteurs politiques qui cherchent à s’opposer pour se distinguer, ici au CESE nous avons le souci de la convergence des points de vues. »

Alea jacta est.

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Le CESE, une Chambre du futur ?

Extraits : A quoi sert le CESE (Conseil économique, social et environnemental) ? L’institution est chargée de conseiller les pouvoirs exécutif et législatif mais son avis n’est que consultatif. Le mardi 9 avril 2019, la section de l’environnement propose une nouvelle trajectoire de la taxe carbone avec des aides pour les plus précaires. « Les conditions ne sont absolument pas réunies pour le faire à court terme », balaye la secrétaire d’Etat à la transition écologique, Emmanuelle Wargon. Qu’importe, l’avis est largement adopté. Créé en 1925, le conseil est inscrit dans la Constitution à la Libération et en 2008 inclut les organisations environnementales. Une réforme institutionnelle, annoncée par Emmanuel Macron, satisfaisait les écologistes : « Le CESE doit devenir la Chambre du futur, où circuleront toutes les forces vives de la nation… »

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Les Écologistes, parti institutionnel ET libertaire

Journées d’été des Écologistes, 22 au 24 août 2024

Je suis membre des JNE, Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie. J’étais donc invité à ce titre à couvrir les Journées d’été des Écologistes (ex EELV) à Tours du 22 au 24 août 2024. Réunir 3 600 personnes autour de 66 ateliers, des forums, des formations et des stands permet à un peuple écolo en formation de se retrouver, d’échanger, de réfléchir. Aux lendemains d’une législative qui a permis paradoxalement la constitution d’un bloc réunissant écologistes, socialistes et communistes, les Journées d’été (JDE) ont été une bonne occasion de célébrer cette avancée sous différentes formes : discours de la secrétaire nationale Marine Tondelier, étoile montante de l’écologie politique, prestation de Lucie Castets, candidate du Nouveau front populaire à Matignon, plénière« Géopolitique du chaos ou géopolitique du climat », etc. L’écologie est en marche.

Une bonne partie du programme des JDE découle des contraintes d’un parti, parler politique, mécanismes d’une alliance, combat contre l’extrême droite, etc. Normal. J’ai été impressionné par le nombre d’élus écolos qui participent aux rencontres et par leur niveau de connaissance des dossiers. L’écologie institutionnelle fait son chemin, mais au risque que les problématiques de l’administration d’un pays ne l’emportent sur l’action écologique. Prenons un exemple. J’ai été très surpris que la commission « paix et désarmement », option traditionnelle des écologistes, soit mise en concurrence directe avec une nouvelle commission, dite « défense », créée en avril 20241 : il faudrait renforcer nos politiques régaliennes, il faudrait mettre un terme aux agressions russes… La commission Paix et Désarmement avait souhaité qu’un groupe de travail dédié à la défense soit intégré au sein de la commission P&D, les porteurs de cette nouvelle commission « défense » ont refusé. J’ai donc à Tours assisté à un atelier orienté politiquement, intitulé « écologie et défense, impact sur les politiques municipales de la relocalisation et de la relance de la production d’armement ». Questionnement complexe qui n’a été traité par les intervenants que sous l’angle d’un nécessaire réarmement militaire ! Un spécialiste nous assène que le pacifisme entraîne son inverse : « Lorsqu’on cherche la paix à tout prix, on va renforcer par notre timidité l’agresseur et donc favoriser sa victoire. Poutine a été rassuré par la mollesse de l’Occident après qu’il ait envahi la Crimée…. Il ajoute que les antinucléaires favorisent la diffusion nucléaire. Le deuxième intervenant ne voit qu’une chose, il faut renforcer les mesures de protection des sites dangereux. Lui succède un membre de la commission « défense » qui est aussi un employé d’un complexe de fabrication d’armes (Nexter). Il se désole qu’après la réindustrialisation actuelle pour soutenir l’Ukraine, il y aura plus tard des suppressions d’emploi. La député écolo Cyrielle Chatelain, membre du groupe parlementaire sur la défense, se dit pacifiste, mais il faut bien qu’on livre des armes à l’Ukraine par respect des règles internationales d’intégrité territoriale ! Que les conflits armés soit une menace pour l’équilibre écologique de la planète, il n’en a jamais été question. L’écologie « réaliste » l’emporte sur l’écologie fondamentaliste, l’écologie superficielle sur l’écologie profonde : il faudrait s’adapter au monde tel qu’il est et non au monde tel qu’on voudrait le voir devenir.

L’autre aspect qui détériore le message écologiste des JDE, c’est la libéralisation des mœurs dont les Verts se sont fait traditionnellement les propagandistes. Dès leur création en 1984, les Verts ont hérité de deux types de tendances. D’un côté un gauchisme issu de mai 1968 et bercé par les illusions du slogan « il est interdit d’interdire » ; de l’autre l’écologie scientifique qui s’intéressait au devenir des écosystèmes et qui a débouché sur l’écologie politique. Aux journées d’été, c’est l’optique libertaire qui avait le vent en poupe. Depuis toujours les Verts sont le seul parti favorables à la légalisation du cannabis et non à sa seule dépénalisation. Et à Tours, beaucoup de thématiques tournaient autour des problématiques à la mode : « Les politique féministes ça donne quoi (faut aider les familles monoparentales…) », « Les résistance locales aux lois immigration (comment faire des études supérieures en tant que réfugié syrien…) », « Le droit des femmes en Europe »… Le dialogue avec Judith Godrèche a attiré beaucoup de monde, le parcours des réfugiés LGBT était aussi au programme. Mais le rapport à l’écologie était complètement inexistant. Les commissions féminisme, immigration et LGBTQIA+ du parti, qui portent beaucoup des thématiques abordées aux Journée d’été, ne sont en fait que lobbying au service d’intérêts particuliers. La lutte contre les discriminations va de soi, mais elle n’a pas à faire de l’entrisme dans un parti. Puisqu’il est tout à fait compréhensible qu’un parti écolo n’ait pas de relation institutionnelle avec les associations environnementales, il est donc regrettable que le mouvement de libération des femmes, la cause transsexuelle ou les associations d’aide aux sans papiers aient leurs entrées officielles à l’intérieur d’un parti. Ce positionnement libertaire semble d’ailleurs une des raisons de l’animosité des électeurs par rapport aux Verts.

En résumé le message que l’écologie veut faire passer, une planète sauvegardée pour nos descendants et toutes les autres espèces vivantes, n’était pas l’axe principal du déroulé des journées d’été. Certes, il y a tellement de rencontres aux journées d’été que chacun pouvait trouver de quoi se satisfaire ; il y a même des ateliers qui s’approchent de la question écologique, le fret SNCF, l’apparition d’une classe écologique et son alliance possible avec les classes sociales, etc. Plusieurs stands permanents sont installés, les luttes locales, l’agriculture bio, Greenpeace…sont représentés. Je suis passé au stand des jeunes écologistes, on peut adhérer quand on a 15 à 30 ans. Mais quand je demande aux jeunes présents de dire à quoi pour eux correspond René Dumont, on n’obtient qu’un silence gêné. La formation à la pensée écolo n’est pas au programme. Il y avait pas très loin un stand de la Fondation de l’écologie politique (FEP), créée en 2012, mais cette instance se consacre à l’archivage, pas au débat d’idées.

Globalement on ne peut que constater que l’écologie avait une place marginale aux Journées d’été pour les deux raisons principales que nous avons développé précédemment, l’intégration des écologistes au pouvoir politique en place d’une part, l’exacerbation des considérations sociétales d’autre part. Il faudrait que l’écologie politique abandonne son aspect permissif pour atteindre sa maturité. D’autant plus que les crises socio-économiques et écologiques vont demander beaucoup d’efforts de la part de nos contemporains, et la notion de liberté individuelle va être fortement relativisée dans un avenir qui sera de plus en plus contraint.

Michel Sourrouille

NB : Un journaliste fait des choix éditoriaux, il approfondit certains thèmes et veut ignorer ce qui n’est pas conforme à la ligne éditoriale de son média ou à la mode du moment : le journalisme est toujours orienté. En tant que journaliste indépendant et membre des JNE, je suis écologiste avant tout. Et donc critique de ce qui ne me semble pas conforme à la défense de la cause écologique. En tant que militant politique, j’ai été successivement un adhérent des Verts, d’EELV et maintenant des Écologistes ; cela n’empêche pas normalement de pouvoir critiquer la ligne de la direction déterminée par les différentes commissions du parti et par son bureau.

NB : cet article a été mis en ligne sur le site des JNE :

https://www.jne-asso.org/2024/09/03/les-ecologistes-un-parti-institutionnel-et-libertaire-par-michel-sourrouille/

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Il y a les Verts rouges, les Verts noirs et les Verts verts…

extraits : Ma première réunion entre écolos m’a laissé un souvenir impérissable. Je n’y comprenais rien. Une vingtaine de personnes seulement, et je me perdais complètement entre les sous-tendances des différents courants. Un participant m’a expliqué en aparté. « Simplifions. Il y a les Verts rouges, les Verts noirs et les Verts verts. A partir de cette trame, chacun brode à sa façon. » Comme j’enseignais professionnellement la sociologie politique, j’ai tout compris. Il y avait les marxistes derrière le drapeau rouge, mais qui avaient senti tourner le vent de l’histoire : la victoire du prolétariat ne pourrait pas se faire sur les décombres de la planète. Et puis il y avait les pseudo-anarchistes derrière leur drapeau noir. Pour ma part, je me sentais Verts vert, écologiste avant tout, fondamentaliste diraient certains. Je n’ai pas mis très longtemps pour me rendre compte que mon orientation était et devait rester minoritaire….

Les Verts, un embryon de parti, un ramassis d’ambitions

extraits : Aux journées d’été des Verts, dont je ne loupais aucun exemplaire, c’était la grande kermesse. Cela allait des groupes d’échange les plus sérieux, autour de l’espéranto, jusqu’aux plus farfelus comme celui qui rassemblait les transsexuels et autres divers genres, en passant par le groupe femme qui parle des femmes : chacun dans sa chapelle. Sans oublier les fumeurs de pétards qui utilisaient la moindre occasion pour faire parler de la dépénalisation du cannabis….

  1. https://cf.eelv.fr/creation-dune-commission-defense-par-les-ecologistes/

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Naissance d’un peuple écolo, inéluctable

Quand je parle avec un écolo-sceptique radical qui se moque ouvertement de mes efforts de sobriété, j’ai envie de lui sauter à la gorge. Cela ne changerait rien à son parti pris. Alors, comment changer d’imaginaire collectif ?

Philippe Marty : Le sujet de l’écologie est désormais solidement ancré au cœur de nos conversations lors de nos dîners en famille, entre amis ou entre collègues. D’un côté, les écologistes de la première heure qui se radicalisent, terrorisés par un avenir qu’ils savent déjà largement incertain. De l’autre, les sceptiques, ceux qui n’y croient pas, ou qui font semblant, et que les gesticulations décarbonées de leurs adversaires d’un soir commencent sérieusement à agacer. Et au milieu de ce vacarme, un peu perdus, il y a ceux qui font leurs premiers pas. Depuis qu’ils ont décidé de diminuer significativement leur consommation de viande rouge, les plus radicaux leur reprochent de ne pas réussir à arrêter complètement. Les autres les reçoivent à dîner, sourire aux lèvres, avec une magnifique côte de bœuf. Ces nouveaux écologistes qui, en se lançant, pensaient devenir ces fameux colibris qui font leur part, chers à Pierre Rabhi, se retrouvent finalement cantonnés au rôle d’insectes inutiles ou de Canadairs surdimensionnés.

Le point de vue des écolos colibris

Dans « La part du colibri, l’espèce humaine face à son devenir », Pierre Rabhi rappelle l’enseignement de la légende amérindienne du colibri : « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces quelques gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part. »

Nous avons à peine quelques décennies pour réagir. C’est le moment de juger notre véritable intelligence et de constater si nous sommes capables de reprendre les rênes du progrès en mains. Si la réponse est négative, nous allons à la collision. Nous sommes devenus un acteur de l’évolution, pour le meilleur ou pour le pire. Et l’exemplarité des uns peut devenir la norme future de tous.

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pour un peuple écolo, l’austérité est notre destin (2012)

extraits : Contre le pouvoir du capital, le peuple communiste avait ses mots d’ordre et son catéchisme marxiste : exploitation de l’homme par l’homme, lutte de classes, syndicat courroie de transmission, dictature du prolétariat, etc. Le peuple communiste avait sa solidarité de classe, dans l’atelier, dans les banlieues rouges, dans les mutuelles, dans le syndicat. Le peuple communiste existait, il n’existe presque plus. Le peuple écolo n’existe pas encore, il existera un jour. Devant la catastrophe en marche, nous n’avons que deux solutions, soit subir dans le désordre et la violence une récession économique sévère, soit faire preuve de coordination et d’exemplarité dans la sobriété partagée…

Le colibri, emblème de l’écologie en marche

extraits :  « Faire sa part » : c’est le mot d’ordre du mouvement Colibris, l’organisation créée en 2007 sous l’impulsion de Pierre Rabhi, chantre de l’agroécologie et de la sobriété heureuse. Or le changement climatique tient pour beaucoup au fonctionnement des grandes structures qui forment le socle de l’économie mondiale ; les productions énergétique et alimentaire sont fortement émettrices de gaz à effet de serre, ce qu’une modification des comportements individuels n’est pas en mesure de changer rapidement. Ainsi, « faire sa part » est incontestablement une belle idée, mais c’est aussi une idée dangereuse. Si le colibri se contente de chercher à éteindre seul l’incendie, la fin de la fable ne fait guère de doute : la forêt a brûlé et les animaux sont morts, et le colibri avec eux… mais ne rien faire à titre individuel, c’est trop facile ; c’est toujours la faute des autres, des multinationales, de l’Etat, de l’Europe…

L’indispensable VADE-MECUM de l’écologiste

extraits : L’interdépendance est une des caractéristiques de l’écologie. En matière humaine, il y a interrelation de fait entre notre comportement individuel, l’engagement dans des collectifs intermédiaires et l’état de la planète.Aujourd’hui se constitue progressivement un peuple écolo dont les idées vont structurer la pensée et l’action tout au cours du XXIe siècle. Nous sommes tous potentiellement partie prenante de ce changement. Ci-dessous une ébauche de vade-mecum (va-avec-moi) de l’écologiste, à garder toujours en tête. Mais à chacun de trouver sa propre voie…

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Carbone fossile ou vivant, rien ne va plus

Rare sont les économistes qui remettent en question le dogme de la croissance. Christian de Perthuis essaye dans son livre « Carbone fossile, carbone vivant », mais il ne va pas jusqu’au bout du raisonnement, la nécessaire rupture avec la société thermo-industrielle.

Christian de Perthuis : Le renouvelable a gagné la bataille des coûts qui l’opposait au fossile. … Se doter de nouvelles sources d’énergie éolienne et photovoltaïque ne peut toutefois avoir de sens qu’à condition d’abandonner les anciennes centrales thermiques. Or, nous ne savons pas bien comment « désinvestir » les filières liées aux énergies fossiles… Un tiers des émissions de gaz à effet de serre trouvent leur origine dans notre alimentation. Dans ce domaine – celui du « carbone vivant » et non plus du « carbone fossile » –, la transformation est donc tout aussi urgente… Les puits de carbone que sont les forêts et les sols, mais aussi les mers et les océans soumis à la surpêche, devraient pouvoir les compenser naturellement, mais ils sont aujourd’hui fragilisés… Les forêts en France sont en expansion, mais, du fait du réchauffement, elles perdent chaque jour un peu de leur capacité à absorber le carbone… Alors que l’eau se fait de plus en plus rare, les conflits hydrauliques autour des barrages ou des mégabassines se multiplient et cristallisent les tensions. La stratégie nationale bas-carbone – visant à définir la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre – se résume souvent à un vain exercice formel de bouclage statistique.

Le point de vue des écologistes économistes

Christian de Perthuis nous laisse sur notre faim, on ne voit pas quelle sorte de solution il imagine pour nous sortir du pétrin dans lequel nous a plongé le croissancisme, qu’il soit capitaliste, communiste ou libéral-socialiste. Il veut croire dans la capacité de la démocratie à se réinventer en échappant au double piège de l’autoritarisme des experts et des divers populismes climatosceptiques. Y’a qu’à, faucon. Comment entraîner le monde entier vers la « nouvelle économie du climat », vers laquelle pointe le livre, avec des moyens seulement économiques ? Comment échapper à la décroissance ?

La taxation carbone et les incitations en faveur de l’agroécologie prônées par l’auteur ne sont qu’un premier pas, la carte carbone est d’ores et déjà nécessaire pour nous obliger à la sobriété énergique de façon partagée. Le pétrole devrait déjà être à 1000 dollars le baril et le litre d’essence à 20 euros pour qu’on comprenne enfin notre dépendance envers la merde noire.

Pour en savoir plus sur Ch. de Perthuis grâce à notre blog biosphere

La nature a une valeur… à vrai dire incommensurable ! (2013)

extraits : Les uns écrivent que le capital vert offre de nouvelles perspectives de croissance, les autres peuvent prouver que la préservation de la nature passe par la décroissance de l’activité humaine. La base du raisonnement est commune. Alors que les économistes postulaient jusqu’à peu que la nature constituait un stock illimité de ressources, les pénuries croissantes commencent à les faire réfléchir. Certains croient que le manque de capital naturel pourra être compensé par plus de capital technique et plus de travail humain (soutenabilité faible). Mais les machines et les innovations techniques nécessitent toujours plus de ressources naturelles, même s’il y a une certaine efficacité énergétique (moins d’énergie pour le même montant de production). Et le travailleur sans voiture ni portable ne vaut plus grand chose aujourd’hui. (Le Capital vert. Une nouvelle perspective de croissance par Christian de Perthuis et Pierre-André Jouvet)

démocratie impuissante, fiscalité écologique en berne (2013)

extraits : Censé remettre au gouvernement des préconisations sur l’alignement de la taxation du carburant diesel sur celle de l’essence et l’introduction d’une composante « carbone » dans la fiscalité énergétique, le comité pour la fiscalité écologique n’est pas parvenu à dégager un consensus. Son président, Christian de Perthuis, suggère un rattrapage de un centime par an sur le litre de diesel. Un centime seulement ? Actuellement, le diesel est taxé à 0,65 euro le litre contre 0,86 euro pour le sans-plomb : un rattrapage en vingt ans et plus ! Si c’est l’idée d’une aide au remplacement des véhicules diesels pour les ménages les plus démunis qui émerge, ce serait toujours l’option automobile qui gagnerait…

Climat : on le savait pourtant depuis longtemps (2015)

extraits : Selon Christian de Perthuis, responsable de la mission climat de la Caisse des dépôts et consignations, « S’il n’y a pas de ruptures technologiques dans la façon dont nous produisons et utilisons l’énergie, on ne pourra pas à la fois maintenir le niveau de vie des pays développés, accroître celui des pays en développement et limiter dans des niveaux raisonnables les risque climatiques. Lorsque la nature aura envoyé trois ou quatre ouragans comme Katrina, cela fera forcément réagir les sociétés. » La Biosphère ajoute : « Il n’y aura pas de ruptures techniques, c’est malheureusement la catastrophe qui servira de pédagogie. » Mais la pédagogie en tant de crise n’est plus véritablement de la pédagogie, c’est le sauve-qui-peut et le chacun-pour-soi. Pourtant on savait depuis longtemps que le risque climatique était grand…

Climat : l’économie deviendrait-elle écologique ? (2015)

extraits : A en croire Christian de Perthuis, « L’économie est l’un des outils les plus efficaces pour combattre le changement climatique ». Responsable dès 2002 de la mission climat de la Caisse des dépôts et consignations, il est déjà perspicace : « S’il n’y a pas de ruptures technologiques dans la façon dont nous produisons et utilisons l’énergie, on ne pourra pas à la fois maintenir le niveau de vie des pays développés, accroître celui des pays en développement et limiter dans des niveaux raisonnables les risque climatiques. Lorsque la nature aura envoyé trois ou quatre ouragans comme Katrina, cela fera forcément réagir les sociétés. » …

COP25, le réveil très progressif des élites ! (2019)

extraits : Côme Billard et Christian de Perthuis, économistes : « Sept degrés de réchauffement global à la fin du siècle : c’est, dans le pire scénario, ce qu’indiquent les premières simulations des modèles climatiques français dans le cadre de la préparation du prochain rapport d’évaluation du GIEC. A quoi ressemblerait un monde à + 7 °C ? Difficile à anticiper. Ce qui est sûr, c’est qu’il deviendrait vite invivable. La solution ne viendra pas de l’épuisement de réserves géologiques, bien trop abondantes pour que l’on puisse stabiliser le stock de CO2. Les prélèvements ou dégradation du stock de capital renouvelable ne doivent pas dépasser certaines frontières au-delà desquelles le capital renouvelable deviendrait non renouvelable, entraînant un effondrement de la ressource. La croissance économique de demain doit donc se construire par l’intermédiaire d’une régulation réfléchie de l’accès au capital naturel d’aujourd’hui. Si les dégâts anthropiques sur le capital naturel étaient intégrés dans le calcul des richesses nationales, le niveau de gaz à effet de serre ne serait pas celui que nous connaissons. Nous devons donc imputer la dégradation de la richesse potentielle produite par ce capital dans les coûts de nos économies. »

Le mot est dit, « croissance », seulement SI on trouve un jour qqch pour rendre cette croissance durable… Les économistes qui ne sont pas écologistes sont des rigolos, sinon ils parleraient de décroissance !…

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Pacte pour l’avenir, garder l’esprit critique

Pour la première fois depuis le début des négociations climatiques, les Etats s’étaient engagés, en décembre 2023 à Dubaï, à « une transition hors des énergies fossiles ». Une promesse obtenue de haute lutte alors que la sortie du charbon, du pétrole et du gaz était demeurée pendant trois décennies le tabou principal des conférences mondiales.

Mais comme on le constate en politique, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.

Perrine Mouterde : Les 22 et 23 septembre 2024, un Sommet de l’avenir organisé par l’Assemblée générale de l’ONU doit se tenir à New York. A cette occasion doit être adopté un Pacte pour l’avenir censé établir l’ambition et les engagements des Etats concernant le développement humain, la paix et la sécurité, l’innovation technologique ou les crises environnementales. Une première version du projet de Pacte, longue de trente pages et publiée le 26 janvier, faisait référence à deux reprises aux combustibles fossiles pour appeler à « accélérer une transition » hors de ces sources d’énergie et à « fixer une date butoir pour la suppression des subventions » au charbon, au pétrole et au gaz. Mais dans la version révisée, publiée le 17 juillet, toute référence directe aux fossiles a disparu. Les négociations, au cours desquelles des Etats ont fait pression pour supprimer toute référence aux fossiles, ne sont pas publiques.

Le point de vue des écologistes

Tanith : Nous sommes comme des fumeurs qui refusent de renoncer à leur poison bien que l’oncologue leur annonce qu’ils ont un cancer et que leur seule chance de guérir passe par l’arrêt du tabac. L’utilisation des énergies fossiles est en train de nous tuer, mais l’énergie à bas coût c’est tellement pratique…

Smoky : « Mais enfin, Tanith, vous êtes complètement fous ! Si je ne fume plus, je serai plus souvent de mauvaise humeur, les producteurs de cigarettes auront moins d’argent. Ils licencieront. Oh mon Dieu, c’est ça que vous voulez? Mettre tout un secteur économique à terre? Et l’argent des impôts payé par les fumeurs, vous allez le trouver où ma bonne dame ? Il faut fumer plus et faciliter la publicité. C’est bon pour l’emploi, bon pour LA CROISSANCE et bon pour notre hôpital public qui aura plus de moyens pour soigner les malades qu’on aura créés en plus…grâce aux cigarettes. Demain on répétera le même discours pour l’industrie de l’armement et de la poêle en téflon.

Michel SOURROUILLE : Pour un véritable pacte pour l’avenir de Nicholas Georgescu-Roegen (1971)

– interdire totalement non seulement la guerre elle-même, mais la production de toutes les armes de guerre ;
– aider les nations sous-développées à parvenir à une existence digne d’être vécue ;
– diminuer progressivement la population humaine ;
– réglementer strictement tout gaspillage d’énergie ;
– vous guérir de votre soif morbide de gadgets extravagants ;
– mépriser la mode qui vous incite à jeter ce qui peut encore servir ;
– rendre les marchandises durables, donc réparables ;
– ne plus se raser plus vite afin d’avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase plus vite encore.

Un tel programme bio-économique minimal est hors de portée du baratin onusien…

Annexe. https://www.un.org/sites/un2.un.org/files/sotf-co-facilitators-zero-draft_pact-for-the-future.pdf

1. We, the Heads of State and Government, representing the peoples of the world, have gathered at United Nations Headquarters to take action to safeguard the future for present and coming generations.

32. We recognize the need for deep, rapid and sustained reductions in greenhouse gas emissions in line with 1.5 °C pathways and calls on Parties to contribute to global effort including through accelerating the transition away from fossil fuels in energy systems, in a just,orderly and equitable manner, accelerating action in this critical decade, so as to achieve net zero by 2050 in keeping with the science.

33. We commit to setting a deadline for eliminating fossil fuel subsidies, helping achieve transformation while supporting a sustainable inclusive and equitable pathway to economic

growth.

34. We encourage Parties to come forward in their next nationally determined contributions with ambitious, economy-wide emission reduction targets, covering all greenhouse gases,

sectors and categories and aligned with limiting global warming to 1.5 C, as informed by thelatest science, in the light of different national circumstances.

Commentaire : trois propositions essentielles supprimées sur un total de 148 propositions qui, de toute façon, tiennent plus du blabla que des décisions à prendre…

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Gilles Lacan, résilience et protectionnisme

contribution de Gilles Lacan

Partons du constat que les évènements majeurs pour l’avenir de l’humanité sont désormais le réchauffement climatique, causé par l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre (GES), d’une part, et l’effondrement de la biodiversité, consécutif à l’expansion géographique de l’espèce humaine, d’autre part. Ces phénomènes sont désormais bien établis et documentés par les études scientifiques, dont l’opinion convergente est qu’ils échappent progressivement à tout contrôle. La logique économique du système s’est avérée plus forte que la volonté politique de le réformer.

Force est de constater que les stratégies d’évitement du réchauffement climatique mises en œuvre depuis le sommet de Rio en 1992 se sont révélées inopérantes, en tout cas incapables d’arrêter la poursuite d’un phénomène pourtant identifié. Anticiper les situations de stress et de pénurie pour mieux y résister le moment venu ou, comme le disait Kennedy, « réparer sa toiture lorsque le soleil brille ». C’est dans ce cadre contraint qu’il faut envisager l’avenir d’un point de vue écologique. Les scientifiques le répètent à l’envi, l’évitement d’un dérèglement majeur du climat n’a plus désormais de réelles chances d’être atteint. De surcroît, la recherche d’un tel évitement n’a de sens qu’à l’échelle mondiale. Un pays comme la France n’a pas la dimension suffisante pour y contribuer de manière significative. Aucun grand pays ne le fait, les hommes ne sont pas des colibris. Il est dès lors plus réaliste d’essayer de s’adapter par avance au futur annoncé. Pour autant, un tel choix n’est pas synonyme de facilité. Il s’agit, en effet, de renforcer dès maintenant les capacités de résilience des différents territoires afin de leur permettre d’affronter les conditions qui y prévaudront par la suite.

Si elles ne remettent pas en cause les fondements de l’économie de marché, les politiques de relocalisation en assurent la régulation au niveau national, là où s’exerce la souveraineté. Dans un monde en proie aux évènements climatiques extrêmes, la résilience du système pris dans son ensemble comme dans chacune de ses parties doit être prioritairement recherchée dans l’instauration d’espaces économiques autonomes. Ceux-ci sont en effet moins vulnérables qu’un système global intégré, à la fois parce que chaque territoire est autosuffisant en ressources et parce que les territoires dans leur ensemble se trouvent mutuellement protégés des réactions en chaîne en cas de défaillances survenues dans l’un d’entre eux. De surcroît, à la différence des stratégies d’évitement, qui n’ont de portée qu’au niveau planétaire, les politiques de relocalisation produisent la plus grande partie de leurs effets dans les espaces où elles sont mises en œuvre.

Ces politiques, toutefois, se heurtent à deux obstacles. Le premier est qu’un Etat ne peut pas relocaliser sa production de biens dans un système mondialisé, soumis au principe de la libre concurrence, sans recourir au protectionnisme. Le second est qu’en réduisant, par l’instauration de barrières tarifaires, le volume du commerce international, les relocalisations s’opposent à l’un des principes majeurs du libre-échangisme, formulé par Ricardo, combattu par Malthus mais soutenu par Marx : la théorie des avantages comparatifs. Elles vont, en fait, à rebours des politiques menées tant par l’Organisation mondiale du commerce que par l’Union européenne. Si elles ne remettent pas en cause les fondements de l’économie de marché dans l’ordre interne, elles en assurent la régulation au niveau de l’Etat, là où s’exerce la souveraineté, dans les échanges avec le reste du monde.

En ce qui concerne la France, la relocalisation devrait entraîner un redéploiement de l’activité depuis le secteur des services vers ceux de l’agriculture et de l’industrie, de manière à ce que soient produits sur le territoire les biens considérés comme stratégiques. Un tel rééquilibrage n’est pas optionnel, il conditionne le rétablissement de notre souveraineté alimentaire et industrielle. L’offre de services aussi sera réduite, y compris en matière de santé et de soins à la personne. Il ne faut pas sous-estimer, par ailleurs, l’impact de la relocalisation sur la consommation et le niveau de vie des ménages. Les pertes de productivité devraient être lourdes, du fait notamment de la différence entre le coût du travail en France et celui pratiqué dans les pays dont nous importons les produits : le salaire mensuel minimum est de 300 € en Chine, 165 € au Vietnam, 88 € au Bangladesh, 24 € en Ethiopie. Nous devrons payer le surcoût consécutif à la production nationale des biens, auquel s’ajoutera celui causé par le renchérissement de l’énergie. Les biens aujourd’hui importés coûteront donc plus cher, ils seront moins accessibles. L’offre de services aussi sera réduite, fournie par des actifs moins nombreux, tant dans le secteur public que dans la sphère marchande, y compris en matière de santé et de soins à la personne. L’espérance de vie devrait diminuer.

La décroissance n’est pas une idéologie, un changement de paradigme ou d’imaginaire, porté par un homme nouveau qui serait enfin devenu bon mais qui (heureusement) n’existe pas. C’est l’organisation raisonnée, pour assurer notre propre perpétuation, d’un ralentissement durable de la production et de la consommation. Il s’agira, en réalité, d’une décroissance d’adaptation : ni vraiment subie, parce qu’organisée pour éviter l’effondrement, ni vraiment souhaitée, parce que posant des limitations au niveau de vie.

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Gilles Lacan définit l’écologie résiliente

extraits : Ce texte s’inscrit dans la conjecture d’une incapacité de la société industrielle mondialisée à poursuivre sa course technologique sans détruire de manière irréversible, à l’horizon d’une génération, les équilibres systémiques planétaires qui ont permis et accompagné depuis quelque dix mille ans l’avènement de l’humanité. Il porte un projet, limité à la France, de décroissance économique et démographique, dans le contexte, sans doute subi, d’une contraction du commerce international et d’une relocalisation de la production. Dans ce contexte, l’Etat et les autorités décentralisées, aux ressources amoindries, auront pour première mission d’assurer….

Gilles Lacan : contre MARX, la modernité de MALTHUS

extraits : Le génie de Malthus est d’avoir vu, cent soixante-quinze ans avant le Club de Rome, que les limites physiques de la nature – pour Malthus, les terres agricoles – ne permettaient pas une expansion indéfinie de la production des biens – pour Malthus, les subsistances. Vision plus lucide que celle de Marx, pour lequel la société communiste est une société d’abondance : « Quand, avec l’épanouissement universel des individus, les forces productives se seront accrues, et que toutes les sources de la richesse coopérative jailliront avec abondance – alors seulement on pourra s’évader une bonne fois de l’étroit horizon du droit bourgeois, et la société pourra écrire sur ses bannières : De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! », déclarait ce dernier en 1875….

Synthèse sur le flux migratoire en France (fiche réalisée par Gilles Lacan)

extraits : L’apport de l’immigration à l’économie française est controversé. L’idée centrale qui milite dans le sens d’un apport positif est que les immigrés sont essentiellement des actifs en termes de classes d’âge, que leur population compte relativement moins d’enfants et moins de personnes âgées que le reste de la population… Cependant, à cette immigration de « travail » s’est substituée à partir de la seconde moitié des années 1970 une immigration de « peuplement », principalement fondée sur le regroupement familial. Aujourd’hui, il est difficile de faire la part des choses, d’autant que les études économiques sont souvent moins faites pour connaître la réalité d’une situation que pour corroborer un positionnement politique déjà arrêté avant qu’elles soient effectuées….

Quelques précisions de Gilles Lacan

Les émissions de GES résultant de l’activité économique ne cessent d’augmenter à l’échelle de la planète, alors qu’il faudrait qu’elles diminuent fortement pour stabiliser la concentration de ces gaz dans l’atmosphère. Les températures vont donc continuer de progresser à due proportion – sans doute même de manière accélérée compte tenu de plusieurs effets de bascule – pour atteindre des niveaux ayant une incidence sur la santé des populations concernées et sur la survie d’une partie d’entre elles. Quant à l’effondrement de la biodiversité, déjà en partie réalisé, il est directement corrélé à l’accroissement du nombre des humains, à leur occupation de la totalité des territoires habitables et à la satisfaction de leurs besoins élémentaires, quel que soit par ailleurs leur niveau de richesse. Le déclin massif des populations animales est apparu au cours des années 1970, lorsque l’humanité a atteint puis dépassé le seuil des 4 milliards d’individus ; depuis il n’a fait qu’empirer. Aucune correction de cette tendance n’est envisageable sans une diminution quantitative de l’espèce humaine, qui occupe depuis des dizaines de milliers d’années le sommet de la chaîne de prédation. Rappelons qu’au sein de la classe des mammifères terrestres, l’homme et les animaux domestiques représentent aujourd’hui 96 % de la masse corporelle totale, la faune sauvage 4 %.

A cela s’ajoutent d’autres menaces directement ou indirectement liées à l’environnement comme la pénurie énergétique, qui devrait résulter de l’épuisement des ressources pétrolières, ou encore la dégradation des sols, causée par leur usage anthropique, qui affecte déjà une partie importante des terres arables de la planète et met en péril l’alimentation de populations de plus en plus nombreuses.

Bien sûr, aucune de ces prévisions n’a de caractère inéluctable. Divers évènements, comme celui d’un conflit mondial, peuvent les perturber et précipiter l’humanité vers d’autres possibles, pas forcément meilleurs.

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Kamala / Trump, dix à zéro (au moins)

La candidature de Kamala Harris est une des rares bonnes nouvelles dans un monde dirigé par trop par de dictateurs assumés. Que va faire Trump ? Du trumpisme, comme d’habitude.

Donald Trump lors d’une conférence de presse le 6 août 2024

« La Russie ne nous respecte plus, la Chine ne nous respecte plus. Kim Jong-un ne nous respecte plus. Nous sommes en grand danger… »

« Nous sommes très près de la troisième guerre mondiale. C’est l’époque la plus dangereuse que j’aie connue… »

. « Kamala Harris ne fait pas de conférence de presse, car elle n’est pas assez intelligente pour faire une conférence de presse… »

« Je pense qu’elle est incompétente. Elle a détruit San Francisco, elle a détruit la Californie, elle détruit tout ce qu’elle touche… »

« Nous allons lancer l’expulsion la plus massive de notre histoire, car nous n’avons pas le choix, et nous allons commencer par les criminels… »

« C’est la même politique : frontières ouvertes et faiblesse sur la criminalité », a-t-il affirmé à propos des démocrates.

Quelques commentaires choisis au hasard

V. : Le clown commence à avoir peur : c’est bon signe !

Jean-Doute : Biden était l’adversaire rêvé pour Trump . Trump est l’adversaire rêvé pour Harris

Jacques Fr.2 : Tant que Trump fait une campagne idiote avec des arguments outranciers qui plaisent à son électorat de base, il n’élargit pas son socle électoral et ne gagne pas de voix, c’est parfait.

Pascale C. : Trump se marginalise au lieu d’essayer de gagner les électeurs indécis, comme le montre le choix de son co-listier à gaffes. On peut douter de la justesse de cette stratégie, d’autant plus qu’on a rarement vu un candidat président parvenir au pouvoir en décrivant un monde vieillissant, crépusculaire et sinistre comme il le fait.

lucas : Toute sa campagne est basé sur la haine et le dénigrement de son opposant, vous changez l’opposant et il est tout perdu le pauvre.

Rigomer Kerviel : À l’occasion d’un débat, Kamala aura vite fait de lui river le clou. C’est une conséquence de son ancien métier de procureur général qiu donne une habitude des plaidoiries avec la rhétorique qui les accompagne. C’est sur ce point qu’elle peut montrer son talent pour vaincre et ridiculiser son adversaire. Faisons-lui confiance. May the Force be with Kamala.

Eric dk : lors de la campagne présidentielle précédente, Kamal a été opposé à Biden, Sanders, Amy Klobuchar… au total 14 candidats dont nombre de gouverneurs ou de sénateurs. Kamala Harris était créditée de 20 % des voies après sa prestation au premier débat des primaires démocrates, jugé excellent par les commentateurs à l’époque.

Lizandre : Biden bafouille et toute la presse s’interroge sur sa sénilité. Trump répond aux questions des journalistes par des délires sans queue ni tête, mais personne ne s’interroge sur sa santé mentale ?

Pouet : J’ai l’impression de voir un acteur passé de mode. Malheureusement son numéro usé remplit encore quelques salles… Il reste à savoir s’il remplira les urnes.

Jaspers : Malheureusement c’est la rhétorique habituelle des apprentis-sorciers autocrates. Plus la ficelle est grosse, plus ils pensent que leur message convaincra les plus faibles. La tragédie est qu’en 2020, ils ont été 74 millions d’électeurs qui ont été convaincus par la logomachie de Trump.

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12 février 2024, Donald Trump, signe d’une société en perdition

extraits : En novembre 2012, Donald Trump avait qualifié les changements climatiques de canular : « Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois afin de rendre le secteur manufacturier américain non compétitif. »

En février 2024, fidèle à lui-même, Donald Trump affirme qu’il « encouragerait » la Russie face à des pays de l’OTAN « délinquants » ! Ce qui est bien avec Trump, c’est qu’on n’est jamais déçu. Il repousse toujours plus loin les frontières insondables de la stupidité humaine. Malgré ou à cause de ses outrances, il reste très populaire, la mentalité fasciste gagne du terrain… Un nouveau mandat de ce type, incontrôlable, irréfléchi, sous-cultivé et brutal, serait une expérience historique inoubliable….

9 décembre 2020, Donald Trump, narcissique et psychopathe

extraits : Donald Trump cultive un « narcissisme malfaisant », intolérant aux critiques. Il fonctionne en permanence avec des rapports de force et valorise l’action autoritaire. C’est aussi un psychopathe qui recherche assidûment le pouvoir. Sa personnalité est caractérisée par un ego surdimensionné, une froideur affective, une tendance à la séduction et une absence de peur. Ce type de personnage est prêt à tout pour arriver à ses fins. C’est également un menteur pathologique. C’est ainsi que le décrit sa propre nièce, la psychologue Mary Trump , dans son livre « Too Much and Never Enough ». C’est en fin de compte une personne immature, ayant un esprit chaotique et binaire, incapable de comprendre les idées complexes. Il n’arrive pas à focaliser son attention plus de quelques minutes, il ne lit ni la presse ni les rapports qu’on lui donnait quotidiennement. Il passe plusieurs heures par jour devant la télévision, il reste assidûment dans sa bulle médiatique….

9 novembre 2020, Post-Trump, mondialisation des Gilets jaunes

extraits : Les électeurs trumpistes ressemblent aux gilets jaunes français sous une forme à peine différente.. Même sentiment d’être délaissé, travail incertain dans des secteurs industriels sans avenir, absence de porte-parole par rapport à l’intelligentsia urbaine, aucune écoute des politiques, Trump ou Marine excepté ! La mondialisation sauvage, des flux d’immigrations médiatiquement survalorisés et une vague écolo rejetée car elle remet en cause le mode de vie, tout cela explique le rejet des élites et l’attrait des politiciens d’extrême droite, catégorie dans laquelle on peut mettre Trump sans hésiter. Donald Trump a le même carburant que Marine Le Pen. Et c’est pour cette raison qu’elle aime tant Trump….

6 novembre 2020, Trump favorise la montée du fascisme

extraits : Trump est à l’image du pouvoir politique tel qu’il devient, une dictature qui se fout complètement du système démocratique. On le comprend dans des pays à tradition totalitaire comme la Chine ou la Russie, c’est absolument inquiétant quand cela se passe aux Etats-Unis, l’une des plus vieilles démocraties du monde. Pour la présidentielle du 3 novembre 2020, Donald Trump s’est déclaré vainqueur du scrutin présidentiel américain avant même la fin du décompte des voix ! C’est inquiétant. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est qu’après 4 ans de chaos national et international organisé sciemment par Trump, autant d’Américains puissent encore voter pour ce guignol. L’autoritarisme aveugle séduit un électorat bousculé par des crises à répétition.

17 octobre 2018, Climat, TRUMP se trompe un peu, beaucoup, pas du tout

extraits : dimanche 14 octobre 2018, le président Donald Trump par rapport au changement climatique: « Je crois qu’il se passe quelque chose. Quelque chose est en train de changer et ça va changer à nouveau… Je ne pense pas que ce soit un canular. Je pense qu’il y a probablement une différence. Mais je ne sais pas si c’est fait par l’homme. Je dirai ceci : « Je ne veux pas donner des milliards et des milliards de dollars. Je ne veux pas perdre des millions et des millions d’emplois. » Il poursuit : « Je ne nie pas le changement climatique. Mais ça pourrait très bien revenir en arrière. On parle de plus de… millions d’années. » Comprenne qui pourra !

11 novembre 2016, Ne nous TRUMPons pas, nous l’avons bien cherché

extraits : Donald Trump prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier 2017. Pas de quoi trumpeter pour les écolos. Mais ne nous TRUMPons pas, nous l’avons bien cherché, c’est ce que les États-Unis attendaient. Il n’y a rien à dire sauf à contester une forme de démocratie élective. Si le peuple adule les trump-la-mort, qu’y faire ? Pourtant cette victoire en trump-l’oeil annonce des lendemains qui déchantent. Ce n’est pas une petite trumpette que nous allons faire avec la montée des eaux causés par le réchauffement climatique, ce sera le grand bain pour plusieurs générations. Les climatosceptiques ont gagné, les populistes bateleurs et menteurs sont avec eux. Même si en français nous n’avons pas de mot en « trump », il y a de fortes chances que le trumpisme devienne un mot courant. L’écologie va faire encore plus de trumpoline que précédemment, un vrai trumplin vers la catastrophe écologique.Voici ce que pense avec trumptitude Agnès Sinaï….

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La démocratie prend un mauvais tournant

Hommage à la démocratie : en 2024, près de la moitié des adultes de la planète sont appelés à voter. Honte à la démocratie dont l’Inde de Narendra Modi, la Russie de Vladimir Poutine ou l’Iran d’Ebrahim Raïssi ne conservent que les oripeaux. Aucun pays n’est à l’abri, prenons la Grèce. Le 7 février 2024, le Parlement européen a adopté une résolution exprimant « sa profonde inquiétude concernant les menaces très graves qui pèsent sur la démocratie en Grèce ». Espionnage illégal à grande échelle, dégradation de la liberté de la presse, recours excessif à la force par les services de police à l’encontre de groupes minoritaires et de manifestants pacifiques… Prenons la démocratie américaine, gangrenée par l’argent et le trumpisme… Prenons Israël, un ethno-Etat qui ne traite pas tous ses citoyens de la même façon… Prenons le Pakistan, aux élections entravées…

Alain Frachon : Les autocrates en place se croient obligés d’organiser un vote – même si on connaît le résultat à l’avance. L’estampille démocratique, ça fait mieux. Mais en nombre de pays pratiquant la démocratie elle perd en qualité. Seuls trente-quatre pays sont classés dans les rangs de la démocratie libérale − élections, Etat de droit, liberté de la presse, pouvoirs et contre-pouvoirs, droits des minorités, bref, la panoplie institutionnelle complète et complexe de la vie démocratique. Avec des élections régulières passablement libres , la démocratie a connu un pic en 2000, 54 % de la population mondiale en bénéficiaient, puis le pourcentage est tombé à 50 % en 2018, à 32 % en 2019 (principalement du fait du déclassement de l’Inde). Cela nous confronte à une question-clé : « Quel modèle [de gouvernement] va prévaloir » dans les prochaines années ? Les élections au Parlement européen en juin 2024, disent les sondages, annoncent une poussée d’une extrême droite ultranationaliste.

Le point de vue des écologistes du petit nombre

La démocratie est le plus mauvais des systèmes… à l’exception de tous les autres. On ne trouve pas mieux, mais il a une faiblesse intrinsèque : il n’y a de démocratie véritable que pour un petit nombre de personnes culturellement homogène. En clair la démocratie est la principale victime de la surpopulation généralisée. Comment exprimer ce qu’il faudrait quand la France compte 68 million de sujets et la Chine 1,4 milliards ? Plus la densité de population augmente, plus fréquentes sont les interactions, et ainsi se développe nécessairement des lois plus restrictives pour réguler ces interactions. Il y a bien longtemps que cette incompatibilité entre pression du nombre et possibilité de démocratie a été mise en évidence. C’est ce que démontrait déjà Malthus en 1798, au moment de la révolution française :

« La multitude qui fait les émeutes est le produit d’une population excédante. Tant qu’il sera au pouvoir d’un homme mécontent et doué de quelque pouvoir d’agiter le peuple, de lui persuader que c’est au gouvernement qu’il doit imputer les maux qu’il s’est lui-même attiré, il est manifeste qu’on aura toujours de nouveaux moyens de fomenter le mécontentement et de semer des germes de révolution. Après avoir détruit le gouvernement établi, le peuple, toujours en proie à la misère, tourne son ressentiment sur ceux qui ont succédé à ses premiers maîtres. Cette multitude égarée est un ennemi redoutable de la liberté, qui fomente la tyrannie ou la fait naître. Si une révolution s’opéra par la populace, il faudrait s’attendre à de perpétuels changements, à des scènes de sang sans cesse renouvelées, à des excès de tout genre qui ne pourraient être contenus que par le despotisme absolu. Le gouvernement est un quartier où la liberté n’est pas, ne peut pas être fidèlement gardée.  »

Une solution, les conventions citoyennes

Démocratie grâce à des conventions citoyennes

extraits : « Nous sommes 184 citoyennes et citoyens tirés au sort, riches d’une diversité d’origines, d’expériences et d’opinions. Nos constats et nos propositions sont issus d’un exercice collectif et démocratique. Pendant 27 jours, nous avons croisé nos regards et confronté nos points de vue sur l’accompagnement de la fin de vie. Pour en comprendre les enjeux, nous avons aussi entendu et questionné près d’une soixantaine d’experts et de personnalités… Nos travaux achevés sont désormais les vôtres. Ils sont le fruit d’une délibération collective dont nous portons les conclusions au débat public. Concitoyennes, concitoyens, emparez-vous de cette question qui est un enjeu de société majeur. »…

Représentativité démocratique par panel !

extraits : La démocratie directe dans un petit groupe est à l’image des citoyens, mais dans une population nombreuse la démocratie représentative ne reflète que l’idéologie personnelle ou clanique des élus quant il n’y a pas de mandat impératif.expérimentées à l’origine dans les années 1970 par le sociologue allemand Peter Dienel ; les « cellules de planification » rassemblent des groupes de 25 personnes tirées au sort parmi les habitants d’un quartier. Mobilisés pendant plusieurs jours, ils reçoivent des éléments de formation et d’information sur le problème à traiter, puis délibèrent pour élaborer des recommandations. De nouvelles perspectives apparaissent en 1987 quand le Danish Board of Technology affine la méthode qu’il baptise « Conférence de consensus ». Ce projet a mobilisé un groupe de citoyens à qui on a soumis une question qui n’appartenait en rien à la sphère locale, elle portait sur l’usage des organismes génétiquement modifiés. La première conférence de consensus a eu lieu en France en 1998 sur le même thème…

Nos articles antérieurs sur ce blog quant à la démocratie

Quelle démocratie dans une société écologisée (2021)

Une démocratie véritable par tirage au sort (2020)

Biosphere-Info, un consensus sur le climat (2020)

Tout savoir sur les conférences de consensus (2020)

Sans écologisme, la démocratie part en vrille (2019))

Quelle démocratie en période d’urgence écologique ? (2019)

Ochlocratie : les peuples contre la démocratie (2019)

Quelle démocratie pour une société écologisée ? (2019)

Grand débat, vers une conclusion courue d’avance (2019)

Grand débat national, ce sera la grande désillusion (2019)

Climat 2019, la démocratie à l’épreuve de l’écologie (2019)

Allons bien au-delà de la démocratie représentative (2017)

Conférence de citoyen, image de la démocratie de masse (2016)

Une démocratie réelle ne peut qu’être écologique (2015)

Démocratie écologique, tout le pouvoir aux mandarins ? (2014)

Pour une démocratie écologique (Pierre Rosanvallon) (2014)

Le nucléaire, histoire d’une faillite de la démocratie (2013)

Conférence de consensus, jury citoyen et télé-réalité (2013)

démocratie et risque d’écofascisme (2011)

La démocratie prend un mauvais tournant Lire la suite »

Pluralisme… sans C8 ni NRJ12 !!!

Remarque du gestionnaire de ce blog biosphere : notre modérateur prend quelques jours de vacances, il n’y aura donc plus aucun contrôle sur ce qui sera dit en commentaire. Puisse l’autorégulation se faire de bonne manière…

Sur ce blog s’expriment parfois (en commentaire) des identitaires au vocabulaire extrême, si ce n’est extrémiste. Au nom de la libre expression et du pluralisme, on pourrait penser que l’incitation à la discrimination devrait être une possibilité. L‘Arcom et Alain Chouraqui pensent le contraire.

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) : La candidature de C8, chaîne de Vincent Bolloré, n’a pas été retenue le 24 juillet 2024 pour la réattribution des fréquences de la TNT, tout comme celle de NRJ12. L’Arcom a fondé sa décision notamment sur « l’intérêt de chaque projet pour le public au regard de l’impératif prioritaire de pluralisme ».

La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, accuse le pouvoir « de chercher à faire disparaître » le « pluralisme ». Un responsable du groupe Canal+ France : « C8 est la seule chaîne à parler à toutes les générations partout en France. Quel mépris pour le public ! » Eric Ciotti estime que cette décision de non-reconduction de C8 est une forme de « censure » et « une dérive mortelle pour notre démocratie ». Le patron de Reconquête !, Eric Zemmour, ancien polémiste sur CNews, a écrit que l’Arcom « bris[e] l’élan de ceux qui créent, qui libèrent et qui plaisent ».

Alain Chouraqui : Le rôle des médias dans la montée des extrémismes est un rôle central. Les médias sont à la fois témoins et acteurs de cette situation, à un moment où leur modèle lui-même est défié par les réseaux sociaux, le complotisme, les fake news. Beaucoup d’entre eux ont attisé le feu des intolérances, par goût du spectaculaire ou pour des raisons idéologiques. Si un parti extrême arrive au pouvoir et qu’il y ait un engrenage d’actions et de réactions, les médias auront une mission essentielle de prise de recul, pour ne pas aggraver encore la confusion et les risques de violences. A défaut de ce travail sur les limites du regard politique, ce sont les démagogues qui s’emparent des colères et des peurs, en particulier identitaires, et qui sapent le minimum de raison nécessaire en démocratie. Il ne suffit pas qu’un gouvernement arrive au pouvoir par les urnes pour qu’il soit démocratique.

L’histoire des plus grandes tragédies humaines nous alerte sur la mécanique de l’engrenage : chaque étape prépare et facilite la suivante, dans l’esprit de chaque individu comme dans la société. Et l’analyse montre que de telles dynamiques sociétales peuvent aller très vite et très loin lorsqu’elles sont nourries par des extrémismes identitaires.

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Horrible, limiter la liberté d’expression

extraits : Quand l’un dit qu’il pleut et l’autre dit qu’il fait soleil, on ne peut traiter les deux de manière égale, on regarde par la fenêtre pour voir qui a raison. Il est préoccupant de constater à quel point beaucoup ne mettent pas de frontière entre fait et opinion, entre connaissance et croyance. La liberté d’expression est l’apanage de sociétés qui savent en faire bon usage, la démocratie se mérite et est exigeante avec ses membres. Si vous ne savez plus distinguer le vrai du faux, si vous pensez juste ce que vous avez envie de croire juste, si vous n’entendez plus que ce qui vous renforce dans votre opinion, alors la liberté d’expression n’a plus de sens. Un sondage de 2018 a montré que 9% des français croient que la Terre est plate. Et en 2023. 37% des français sont climato-sceptiques….

Voter Marine Le Pen… ou J.L. Mélenchon ?

extraits : On reconnaît un populiste dans l’art de flatter le peuple lors d’une élection. La conséquence d’une vision unitaire du peuple est de faire du populisme un anti-pluralisme : une pensée qui tend à nier l’existence d’adversaires politiques pour ne reconnaître que des ennemis ou des traîtres, dont l’exclusion est parfois nécessaire pour préserver l’unité du peuple. C’est l’inverse du projet démocratique que organise la pluralité pour que tous les individus en son sein qui n’ont pas les mêmes valeurs, ni les mêmes intérêts, vivent dans la concorde….

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