Préparer les jeunes à la fin du monde !
La fin du monde est arrivée. Nils en est convaincu, il va mourir seul dans son petit appartement. Il se perd en conjecture sur les raisons ayant mené à « la catastrophe » qui semble avoir terrassé la Suède. Sa sœur, Wilma, s’occupait de leur petit frère en proie à une très grave crise d’asthme. Mais impossible de trouver de quoi le soigner. Une immense panne informatique paralyse le pays. La pharmacie n’a plus accès à ses stocks, les supermarchés ne prennent plus les cartes bancaires, les trains sont bloqués… Dans leur wagon transformé en sauna, Ali et Dejan tuent le temps, en jouant sur leur téléphone, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de batteries. Ils prennent alors conscience qu’ils n’ont plus rien à manger ni à boire…
Anne-Françoise Hivert : Tous les lycéens suédois ont reçu à leurs 16 ans ce scénario apocalyptique destiné à les préparer au pire et à leur faire prendre conscience de leur rôle en cas de catastrophe ou de guerre. Il était accompagné d’une lettre, rédigée en suédois, en anglais et en arabe les informant qu’ils font partie comme tous leurs compatriotes âgés de 16 à 70 ans de la « défense totale » du pays. « Cela veut dire que nous avons tous le devoir de contribuer en cas de danger de guerre ou de conflit. »
Cette obligation est inscrite dans la loi depuis 1995, « en cas de guerre ou de menace de guerre, si le gouvernement relève le niveau d’alerte, alors les hommes et les femmes âgés de 16 à 70 ans ont tous l’obligation de participer à la défense du pays ». Il est rappelé que, en cas de crise ou de guerre, chacun doit pouvoir tenir au moins une semaine en autonomie. De quoi alimenter l’angoisse des jeunes, déjà terrifiés par l’état du monde ? Quand ils ont compris comment ils pouvaient contribuer, cela les a rassurés et ça les a aussi boostés qu’on leur dise qu’on a besoin d’eux. Les lycéens peuvent par exemple orienter des convois, participer à la distribution d’eau et de nourriture ou diffuser l’information.
Le point de vue de Michel SOURROUILLE
Allons plus loin que cette initiative suédoise. Je suis objecteur de conscience, opposé à l’usage collectif des armes en toutes circonstances. L’état de guerre ne nécessite pas forcément l’usage des armes ; il faut faire passer ce message à nos jeunes. Je suis objecteur de croissance, pour une sobriété partagée. L’état de crise climatique implique que les jeunes et les moins jeunes agissent déjà contre la surconsommation. Je suis un ancien scout.
Il ne suffit pas de lire un scénario distribué à l’école. Baden-Powell prouva pendant une guerre en 1900 que des jeunes étaient tout à fait capables de réussir une mission, pourvu qu’on leur fît confiance. « À la fin de ma carrière militaire », dit Baden-Powell, « je me mis à l’œuvre pour transformer ce qui était un art d’apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d’apprendre aux jeunes à faire la paix. » En 1907, alors âgé de 50 ans, il organise un camp de quinze jours avec une vingtaine de garçons . Le scoutisme repose sur l’apprentissage de valeurs pendant des camps réunissant les jeunes. Chaque jeune devrait faire l’expérience concrète du scoutisme… il apprendra à marcher pendant des heures sac au dos, à organiser un campement avec sa patrouille, à faire la cuisine en plein air sur feu de bois, à retrouver son chemin dans des parcours à la boussole, à faire des veillées où chants et spectacles se succèdent en étant l’acteur de son propre spectacle, à retrouver le contact avec la nature et avec les gestes simples…
Car il faut nous préparer à la fin de notre monde, abruti par une abondance factice, coupé de la nature, croyant que demain ce sera comme hier…
Les fins du monde décrites par notre blog biosphere
la fin du monde (écrit en 2007)
extraits : La Gueule ouverte, mensuel écologique qui annonce la fin du monde, apparaît pour la première fois en novembre 1972. Voici un résumé du premier éditorial, signé par Pierre Fournier : « La GUEULE OUVERTE est virtuellement née le 28 avril 1969. J’étais dessinateur et chroniqueur à Hara-Kiri hebdo… Prenant mon courage à deux mains, j’osai parler d’écologie à des gauchistes. Permettez que je me cite : « Pendant qu’on nous amuse avec des guerres et des révolutions qui s’engendrent les unes les autres en répétant toujours la même chose, l’homme est en train, à force d’exploitation technologique incontrôlée, de rendre la terre inhabitable, non seulement pour lui mais pour toutes les formes de vie supérieures. Le paradis concentrationnaire qui s’esquisse et que nous promettent ces cons de technocrates ne verra jamais le jour parce que leur ignorance et leur mépris des contingences biologiques le tueront dans l’œuf. La catastrophe, beaucoup plus prochaine que vous ne l’imaginez, ne pourrait être évitée que par une réforme des habitudes mentales encore plus radicale encore que celle jadis opérée par les rédacteurs de la Grande Encyclopédie. »…
bientôt la fin du monde (2010)
extraits : Sur l’urgence écologique, nous pensons avec beaucoup d’autres analystes que le XXIe siècle va être totalement différent de ce que l’humanité a connu jusqu’à maintenant. La rupture prônée par Sarkozy aux présidentielles n’est qu’un euphémisme par rapport à ce qu’il faudrait réellement faire : préparer l’humanité à la fin du pétrole et à l’augmentation brutale de son prix, préparer l’humanité à affronter des perturbations et des guerres du climat, essayer d’enrayer la baisse inéluctable des rendements agricoles et la perte de biodiversité, dépasser un système capitaliste qui va être remis en question dans ses fondements (la publicité, le crédit et la division exacerbée du travail), affronter la gouvernance de 9 milliards de personnes en 2050, etc. Que ce soit clair, ce n’est pas la prochaine génération qui connaîtra des guerres civiles et des problèmes aux frontières, c’est déjà la notre. Le mouvement d’autodestruction de notre société thermo-industrielle ne va que s’amplifier au cours de ce siècle…
De la fin de notre monde à une renaissance en 2050 ? (2017)
extraits : Yves Cochet : « La période 2020-2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécue l’humanité en si peu de temps. A quelques années près, elle se composera de trois étapes successives : la fin du monde tel que nous le connaissons (2020-2030), l’intervalle de survie (2030-2040), le début d’une renaissance (2040-2050). L’effondrement de la première étape est possible dès 2020, probable en 2025, certain vers 2030. Une telle affirmation s’appuie sur de nombreuses publications scientifiques que l’on peut réunir sous la bannière de l’Anthropocène, compris au sens d’une rupture au sein du système-Terre, caractérisée par le dépassement irrépressible et irréversible de certains seuils géo-bio-physiques globaux. Ces ruptures sont désormais imparables, le système-Terre se comportant comme un automate qu’aucune force humaine ne peut contrôler. La croyance générale dans le libéral-productivisme renforce ce pronostic… »…
Bien vivre sa fin du monde… en juillet-août 2018 (2018)
extraits : Il est toujours salutaire de récapituler les études qui montrent depuis les années 1970 que nous allons au désastre. Un hors série du Nouvel observateur de juin juillet 1972 s’intitule « La dernière chance de la terre ». La Gueule ouverte, mensuel écologique qui annonce la fin du monde, apparaît pour la première fois en novembre 1972. Toujours en 1972 paraît une étude argumentée sur Les limites de la croissance ou rapport au Club de Rome. Ce rapport concluait : « Étant donné le taux actuel de consommation des ressources et l’augmentation probable de ce taux, la grande majorité des ressources naturelles non renouvelables les plus importantes auront atteint des prix prohibitifs avant qu’un siècle soit écoulé ». Si on peut reprocher à certaines prévisions d’avancer des dates comme par exemple Yves Cochet…
L’année 2022 et la fin de ce monde en folie (2022)
extraits : Quelques journalistes se prennent pour Philippulus, le prophète qui promettait l’apocalypse en 1942 (dans Tintin, L’Etoile mystérieuse) : « Le réchauffement climatique et la dégradation de la biodiversité, dus en majorité à ces énergies fossiles, ne permettent plus de continuer sur ce rythme. De cela, la plupart des gens en sont désormais convaincus. Mais ils n’ont pas intégré les sacrifices que cela implique : réduire l’utilisation de la voiture, la consommation de viande, les voyages, les achats, sa liberté individuelle… Gérer ce basculement inévitable vers un monde plus cher, car plus économe, mais aussi plus instable, devrait figurer en tête des préoccupations des politiques en ce début 2022. En auront-ils le courage ? »…