démographie

Burkina Faso, une surpopulation à 23 millions

Pauline Rossi a investi un champ de recherches – la famille et la fécondité – auquel les économistes s’intéressent trop peu. Mais quand ils le font, ils ne voient pas l’essentiel, ils voient l’économique, ils oublient le surnombre !

Pauline Rossi : « La famille et la fécondité, ce sujet parle à tout le monde. Chacun a un avis sur le fait d’avoir des enfants, combien, quand, avec qui. L’agrégation de ces millions de décisions individuelles a des répercussions sur les pays. Il existe depuis toujours une tension entre ces choix intimes et les comportements que les pouvoirs publics souhaiteraient voir adoptés. Mais la démographie est un paquebot difficile à diriger. Chaque manœuvre se fait sentir sur trente ou cinquante ans. L’Afrique est le dernier continent à ne pas avoir encore achevé sa transition démographique, les projections des Nations unies anticipent aujourd’hui un quasi-quadruplement de sa population d’ici à 2100. Dans des sociétés qui ne garantissent pas l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment en matière de droits de propriété ou d’héritage, il est important d’avoir de nombreux enfants pour assurer ses vieux jours. La raison qui explique fondamentalement la permanence d’un fort taux de fécondité, c’est donc l’insécurité économique. En Afrique australe, il est frappant de voir comment la baisse de la fécondité est corrélée à la création des systèmes de retraite.

La contraception ne peut rester qu’un instrument aux effets marginaux. L’étude que je viens d’achever au Burkina Faso va dans ce sens. Un groupe de femmes rattaché à un centre de santé a eu accès gratuitement pendant trois ans à la contraception. Au terme de cette période, nous n’avons pas constaté qu’elles aient moins d’enfants que celles qui ne participaient pas à l’étude. »

Le point de vue des écologistes malthusiens

L’Éveillée : Je n’ai vu nulle part que ce sont avant tout une conception culturelle et des valeurs traditionnelles qui balayent tout le reste.

Statisticon : Quelques chiffres pour ne pas sombrer dans l’optimisme béat de la transition démographique. La densité du Burkina Faso est passée de 18 hab./km² en 1961 à 79 hab./km² en 2020. Le taux de croissance était de 1,4 % en 1961, 3,1 % en 2005 et encore de 2,7 % en 2021. Ce dernier taux signifie un doublement de la population tous les 26 ans, soit une population qui passerait de 23 millions en 2023 à 46 millions en 2050. Elle était de 4,3 millions en 1951, donc une multiplication par plus de dix  en un siècle ! C’est invivable et définitivement ingérable… A titre de comparaison, la population française en un siècle en 1800 est de 29 millions, de 40 millions en 1900, ce qui est déjà beaucoup trop.

Michel SOURROUILLE : Il y a une contradiction interne dans les propos de Pauline Rossi. Elle dit que l’insécurité économique l’emporte sur les méthodes de contraception en matière de fécondité. Mais elle constate aussi qu’il n’y pas de dividende démographique quand la population augmente trop vite. C’est donc un cercle vicieux, le développement économique en Afrique devient impossible et il n’y a pas de transition démographique. Si les femmes au Burkina Faso et ailleurs ne se rendent pas compte que des enfants de trop sans avenir assuré va à l’encontre de leurs propres enfants, on n’y peut rien, sauf à aider le planning familial par l’aide au développement. Au niveau mondial, près de la moité des grossesses ne sont pas planifiées, soit près de 121 millions de femmes concernées. 60 % de ces grossesses aboutissent à un avortement. L’économiste et apprentie sociologue Pauline Rossi ne connaît-elle pas cette statistique ?

Démographie Responsable : Étudier les causes du retard de la baisse de la fécondité africaine peut aider à trouver des parades et des solutions et ce serait tout-à-fait bienvenu. Car si la population du continent est multipliée par quatre d’ici la fin du siècle, on peut à coup sûr prédire le pire pour ses habitants. Quant aux idéologues qui se succèdent sur les plateaux télévisés pour nier le problème et retarder la prise de conscience, ils seront en partie responsables de l’inévitable chaos environnemental et humain.

LouisPierre : Je crois que l’on devrait faire un parallèle entre la manière dont les européens ont détruit leur environnement et ce qui est en train de se passer en Afrique. L’Europe a pillé et détruit ailleurs pour ne pas avoir à gérer sa croissance démographique… Malheureusement, sur une planète exsangue, il n’y a plus rien à piller parce que tout a été déjà détruit ! L’avenir des jeunes Burkinabés est bien compromis.

Tous les pays, riches ou pauvres, sont surpeuplés,

lire sur notre blog biosphere

Le Bénin, en état de surpopulation avancée

Surpopulation au Cameroun, 56 hab./km

Surpopulation en Corée du nord (et du Sud)

Corne de l’Afrique minée par la surpopulation

Côte d’Ivoire, surpopulation et manque d’eau

L’Égypte et Al-Sissi face à la surpopulation

En Égypte, la surpopulation fait la loi

L’Éthiopie, victime de sa surpopulation

Ghana, le cauchemar de la surpopulation

Surpopulation française, une réalité vraie

Surpopulation sur l’île de la Réunion

Haïti, un pays ingérable parce que surpeuplé

Inde : « government jobs » et surpopulation

L’Inde, une surpopulation par condensation urbaine

Un surpeuplement inquiétant en Inde

Italie, une surpopulation en voie d’extinction

Le Japon, surpopulation et/ou vieillissement ?

Le Japon devient nataliste, il est pourtant surpeuplé

Madagascar, un état de surpopulation

Malawi, surpopulation et choléra

Le Nigeria, miné par la surpopulation

La surpopulation généralisée aux Pays-Bas

Surpopulation en Seine-Saint-Denis 

Surpopulation en Somalie, faut pas le dire

Surpopulation au Soudan, donc guerres civiles

Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

Tanzanie, une surpopulation démente

Surpopulation en Turquie, 109 hab./km2

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

Ghana, le cauchemar de la surpopulation

Le Ghana était le modèle de la nouvelle Afrique, avec sa démocratie stable et prospère. Ce petit pays, niché entre la Côte d’Ivoire et le Togo, était le chouchou de la diaspora africaine, avec un revenu par tête parmi les plus élevés de la région et un dynamisme exemplaire. Aujourd’hui, le Ghana est en ruine. Durant les années 2000, le Ghana, comme ses voisins et tout le continent, a largement investi dans des ports, des routes, des trains et des aéroports avec l’argent étranger, et notamment chinois. Souvent aussi, comme à Accra, la capitale du Ghana, dans des édifices somptueux, une cathédrale de 5 000 places au cœur de la ville. Cela explique pour partie son délitement, mais jamais on ne parle de surpopulation.

Si on interroge Google avec l’item « surpopulation » Ghana, on tombe sur « surpopulation carcérale » ou à la rigueur « surpopulation des salles de classe », rien sur la réalité du surnombre de Ghanéens ! Pourtant, avec une densité de 141 hab./km² (2020), c’est un carré de moins de 84 mètres sur 84 mètres (moins d’un hectare) pour chaque Ghanéen, carré dans lequel pour être autonome il faudrait pouvoir à la fois faire son potager, nourrir son bétail, construire sa maison, trouver des ressources naturelles, et même laisser un peu d’espace pour la nature sauvage… Ce qui est impossible. Sans planning familial, no future.

Le taux de fécondité est encore de 3,62 enfants par femme (2020), le taux de croissance de la population de 2 % de variation annuelle (2021), soit un doublement tous les 35 ans. En moyenne, sur la période 1985-1995, le taux de croissance démographique se situait autour de 3 %. Selon le recensement de 2010, la population du Ghana était estimée à 24,6 millions d’habitants. En 2021 elle a atteint déjà 32,8 millions. Une telle explosion, c’est invivable, c’est ingérable. De plus environ 51 % de la population réside en milieu urbain, or ce sont des populations hors sol, dépendant de ressources venant de l’extérieur, en particulier agricoles. Autant dire que la sécurité alimentaire dans ce pays est proche de zéro. Famine en vue !

Mais LE MONDE ne s’intéresse pas du tout à la démographie du Ghana, jamais on n’y parle de surpopulation, mais de faits souvent complètement secondaires :

Au Ghana, les skateuses vivent leur passion en dépit des préjugés

Au Ghana, Angel Maxine porte la voix d’une communauté LGBT+ stigmatisée

Les derniers articles du MONDE sur le Ghana

Dette : « Au Ghana comme dans le reste de l’Afrique, le retour d’un cauchemar »

extraits : En décembre 2022, le pays s’est déclaré en défaut, incapable de rembourser ses dettes, et a entamé des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un plan de sauvetage. Selon The Economist, 17 % du revenu des gouvernements africains partent dans le remboursement de la dette extérieure. Au Ghana, c’est 30 %…

Le Ghana, poubelle de la « fast fashion » mondiale

extraits: « Or Foundation », l’ONG basée au Ghana, lutte contre la transformation du pays d’Afrique de l’Ouest en poubelle textile de l’Occident. C’est un « colonialisme des déchets », et 40 % des fripes sont de si piètre qualité qu’il faut les mettre au rebut…

Tous les pays, riches ou pauvres, sont surpeuplés, lire sur notre blog

Le Bénin, en état de surpopulation avancée

Surpopulation au Cameroun, 56 hab./km

Surpopulation en Corée du nord (et du Sud)

Corne de l’Afrique minée par la surpopulation

Côte d’Ivoire, surpopulation et manque d’eau

L’Égypte et Al-Sissi face à la surpopulation

En Égypte, la surpopulation fait la loi

L’Éthiopie, victime de sa surpopulation

Surpopulation française, une réalité vraie

Surpopulation sur l’île de la Réunion

Inde : « government jobs » et surpopulation

L’Inde, une surpopulation par condensation urbaine

Italie, une surpopulation en voie d’extinction

Le Japon, surpopulation et/ou vieillissement ?

Madagascar, un état de surpopulation

Malawi, surpopulation et choléra

Le Nigeria, miné par la surpopulation

La surpopulation généralisée aux Pays-Bas

Surpopulation en Seine-Saint-Denis 

Surpopulation en Somalie, faut pas le dire

Surpopulation au Soudan, donc guerres civiles

Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

Tanzanie, une surpopulation démente

Surpopulation en Turquie, 109 hab./km2

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

Les rites funéraires deviennent écolos

Pratiqués depuis près de 350 000 ans, les rites funéraires sont un élément des sociétés humaines. Pour autant, la relation au corps sans vie varie en fonction des cultures ; aujourd’hui la préoccupation écologique devient prégnante. Par exemple l’Oregon a légalisé le compost humain, une option post-morte qui gagne en popularité aux États-Unis (13 juin 2021)

Lire sur notre blog, Inhumation, incinération ou humusation ?

Sarah Boucault : le plus écologique, c’est l’inhumation en pleine terre, c’est-à-dire sans caveau ni pierre tombale ni soins par un thanatopracteur. Cela consiste à injecter du formol pour retarder le processus de décomposition. On eut opter pour le biosac, un sachet composé de charbon actif et d’argile naturelle, posé sur le ventre afin d’éviter les mauvaise odeurs provenant de l’abdomen, la partie du corps la plus nécrophage. L’humusation n’est autorisée nulle part en France. Ce processus de compostage consiste à envelopper le corps de broyat. En trois mois, les micro-organismes se nourrissent de ses chairs et, en un an environ, les os se décomposent, nourrissant le sol de phosphore. Le procédé « Recompose » est légal dans certains États américains. On utilise un sac hermétique, des champignons et de la pression extérieure pour réduire le corps en compost. En France, le cercueil est obligatoire ; le linceul serait pourtant le plus écolo. Le carton n’est utilisé que pour le crématorium. On ne peut être enterré que sur son lieu de résidence, son lieu de décès ou dans une concession déjà payée ou abritant l’un de ses parents décédés. (WE demain n° 35 – septembre 2021)

Marie Chabbert : Mais pourquoi les humains accordent-ils tant d’importance aux corps sans vie ? De manière très pragmatique, s’occuper du corps sans vie d’un individu répond avant tout à un risque sanitaire. En outre, en inscrivant la mort dans une narration religieuse, les rites funéraires lui ôtent son caractère absolu et définitif, ce qui offre aux hommes un réconfort existentiel ; la mort ne marque pas la fin de la vie, mais bien le début d’une nouvelle dans l’au-delà ou au travers de sa réincarnation. Cependant, avec l’affaissement du poids des religions en Occident, ces rites se retrouvent progressivement vidés de leur caractère liturgique. Le développement des thèses écologistes ont d’ailleurs déjà amené leur lot d’innovations mortuaires. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la crémation et l’enterrement ont une forte empreinte écologique : chaque année, en France, près de 100 000 stères de bois sont utilisées pour la construction de cercueils. Quant à la crémation, elle nécessite de grandes quantités de carburant – environ 110 litres par crémation, soit 240 kilos de dioxyde de carbone relâchés dans l’atmosphère. Afin de rester « verts » jusque dans la mort, un nombre croissant d’individus optent donc désormais pour des cercueils biodégradables. La crémation est progressivement concurrencée par l’aquamation, un procédé de dissolution des corps par hydrolyse alcaline qui émet environ un tiers de moins de gaz à effet de serre que la crémation classique. Chez les Parsis et les bouddhistes tibétains, seule l’inhumation céleste, le don du cadavre aux vautours, constitue une sépulture acceptable ; la mort permet à la vie de prospérer.

MD : Marie Chabbert a oublié une pratique qui devrait se développer avec la religion verte, il s’agit du compostage des corps qui ne produit pas de CO2, et qui permet à chacun de revivre en une carotte ou un navet.

Argent vu du ciel : Dans la tradition musulmane de l’inhumation, il n’y a pas de cercueil. Le corps doit être en contact avec la terre. Il est juste enveloppé d’un linceul blanc.

Laurent Schachmann psy : La différence entre le corps vivant et le corps mort, c’est que le premier est parcouru d’ondes électriques. Pour le reste, il ne s’agit que d’amas de molécules…

Dernières limites en librairie, sans Malthus  !

Ils se sont mis à 13 auteurs pour dresser un panorama complet de l’urgence écologique, mais la question démographique est complètement absente. On ne pourfend que la croissance économique, la solution malthusienne de la sobriété démographique n’est JAMAIS abordée. On oublie complètement que le rapport de 1972 sur « les limites de la croissance » considérait 5 variables, dont la population… Voici les rares éléments du livre qui parlent de démographie entre deux lignes, vous n’en trouverez pas d’autres à la lecture intégrale de ce livre pourtant intéressant quant à sa vision transversale.

Dernières limites, apprendre à vivre dans un monde fini

(avril 2023, édition rue de l’échiquier, 240 pages 22 euros)

Matthieu Auzanneau, directeur de The Shift Project : ce spécialiste du choc pétrolier n’a absolument rien à dire sur la question démographique. Bien qu’il sache que le pétrole est le sang de la société, il fait preuve d’un optimisme à toutes épreuve : « Je ne crois pas que nous soyons face à quelque chose d’inexorable, Il faut reprendre notre destin en main (page 129). »

Dieu reconnaîtra les siens !

Philippe Bihouix, spécialiste des ressources non renouvelables et des low tech :  Il sait pertinemment que nous n’allons pas « partir sur Mars avec Elon Musk et conquérir la galaxie avec Jeff Bezos (page 149) ». Mais comme la variable démographie est inexistante à ses yeux, « nous avons les moyens techniques, sociaux, sociétaux et financiers pour mener dès maintenant la bonne transition fondée d’abord sur la sobriété (page 149) »

La sobriété démographique, connaît pas !

Aurélien Boutaud, spécialiste de l’empreinte écologique : Il ne peut nier que «  L’Inde et la Chine ont aussi une empreinte écologique importante, non que le niveau de vie par habitat est élevé, mais parce qu’ils sont très peuplés (page 179). » Cela l’inquiète, d’autant plus que « des pays cherchent à imiter le niveau de vie des plus riche set vont progressivement nous rattraper. Certains d’entre eux sont très peuplés, comme la Chine ou l’Inde, et ces deux facteurs – la population et le niveau de vie – se multiplient (page180) ».

Mais pas un mot sur la nécessaire planification familiale.

Philippe Cury : absolument rien sur la démographie de la part de ce directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement ! Il ne traite que du sujet de l’effondrement de nos ressources halieutiques : après nous les méduses, dit-il en somme !

Marc Dufumier : ce spécialiste de l’utopie agricole ne dit pas un seul mot sur la population, il se contente d’écrire page 43: « J’ai toutes les raisons d’être optimiste sur le fait de pouvoir nourrir 10 milliards d’habitants en 2050, si l’on pratique des techniques inspirées de l’agroécologie. »

Comme on dit, avec des « si » on mettrait Paris en bouteille !

François Gemenne, spécialiste des migrations environnementales : « En 2020, il y eu 30 millions de personnes déplacées par des évènements climatiques extrêmes, trois fois plus que le nombre de personnes obligées à migrer en raison des violences et des persécutions… Cela signifie beaucoup de morts dans l’avenir (page 197). » Mais rien à voir, circulez. On annonce entre 200 millions et 1 milliards de réfugiés climatique d’ici à 2050. Sa réaction : « Le risque, avec ces chiffres qui paraissent faramineux, est de provoquer une réaction qui conduirait les gouvernements à fermer davantage leurs frontières. Je me méfie beaucoup de cette idée d’une crise migratoire à venir (page 204). »

Fermez les yeux, y’a rien à voir !

Gaël Giraud, économiste : « En 1972 les chercheurs du MIT ont élaboré un système dynamique non linéaire qui compte cinq grandes variables agrégées : la population mondiale, la production agricole, la production industrielle, les ressources naturelles et la pollution. »

On n’en saura pas plus, sauf ce paragraphe (page 26) : « On atteint très vite un plafonnement de la production agricole et industrielle, ainsi que celle des services à la personne (essentiellement l’éducation et les soins de santé). Par conséquent, le taux de mortalité augmente rapidement et la population se met à décroître. »

Florence Habets, hydrologue : «  Il est évident qu’un pays très peuplé comme l’Inde pompe beaucoup trop d’eau dans ses nappes phréatiques, ce qui génère un déficit énorme ; elle fait face à un péril très clair (page 60). »

Plus on est nombreux, plus on boit, n’est-ce pas madame ?

Sandra Lavorel : « L’être humain est la première espèce qui, par sa densité mais aussi son emprise sur tous les écosystèmes, est capable d’impacter absolument toutes les autres espèces. » (page 103) Cette spécialiste de l’effondrement de la biodiversité attend de notre système économique qu’il change tout seul : « Plus on attend, plus les changements seront difficiles à mettre en œuvre (page 115). »

Nous sommes 8 milliards de parasites, sans doute cette écologue l’ignore.

Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue : coprésidente du GIEC, elle sait que « le CO2 que l’on émet dans l’atmosphère continuera à avoir un effet sur le climat sur plus d’un millénaire (page 156). »

Sa pensée démographique s’arrête là !

Dennis Meadows : n’a rien à dire sur la démographie dans ce livre alors qu’il a été un des concepteurs du rapport de 1972 où on écrivait : « Si nous poursuivons la croissance économique et démographique, le résultat le plus probable serait un déclin soudain et incontrôlable de la population et de la capacité industrielle avant la fin du XXIe siècle. ».

Dominique Méda, multi-cartes :  « Ce qui me rassure est que l’origine du problème est désormais bien identifiée. C’est la poursuite d’une croissance économique illimitée dans un monde fini qui nous mène droit dans le mur (page 215). »

Cette chouchoute des médias a donc intériorisé l’idée qu’une croissance démographique dans un monde fini n’a aucun impact ! Désolant.

Italie, une surpopulation en voie d’extinction

La troisième édition des « états généraux de la natalité » s’est tenue à Rome, jeudi et vendredi, en présence de la présidente du conseil, Giorgia Meloni, et du pape François. En voici un résumé fait par Olivier Bonnel :

Les chiffres donnent le vertige. En 2022, l’Italie a donné naissance à moins de 400 000 enfants selon l’Institut national de statistique (Istat), tandis que, sur la même période, le pays enregistrait plus de 700 000 décès.

L’Italie pourrait perdre 11 millions d’habitants ces prochaines années si rien n’est fait pour enrayer la chute des naissances. Un tableau apocalyptique

– C’est pour conjurer cet « hiver démographique », une expression passée dans le langage courant des Italiens, que les « états généraux de la natalité » ont été créés.

« Nous vivons à une époque où il est de plus en plus difficile de parler de la naissance, de la maternité et de la famille, a expliqué la cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni. Parfois, cela ressemble presque à un acte révolutionnaire. »

Le ministre de l’agriculture Francesco Lollobrigida. : « Il existe une culture, une ethnie italienne, qu’il faut protéger lors de ce congrès 

Dans son allocution, le pape François a répondu indirectement au ministre de l’agriculture : « La natalité, tout comme l’accueil ne devraient jamais être opposés l’un à l’autre, car ils sont les deux faces d’une même pièce ».

Le point de vue des écologistes malthusiens

(Notez que ce sont des commentateurs du monde.fr qui s’expriment)

Andin du Pérou : En fait, c’est une très bonne nouvelle cette réduction drastique, c’est aussi un exemple à suivre par les ponts d’Euse afri kaines et mueslin!

Kicosdanlpost : Les autres espèces vivantes sont ravies.

Wigwe : Les dirigeants italiens vont s’agiter, faire croire qu’ils font quelques choses et je fais le pari que la natalité ne reprendra pas. La lame de fond qui sous-tend la baisse de la natalité est beaucoup plus puissante que ces quelques agitations politiciennes post fascistes.

Fluid Harmony : Où trouver l’enthousiasme à élever des enfants avec cette inflation , la guerre en Ukraine cad à notre porte et surtout avec une absence de politique puissante et visionnaire pour juguler le dérèglement climatique ?

Verschmouthe : Sérieusement, qui a envie de naître dans ce monde en bout de course ? Les ovules et les spermatozoïdes ne sont pas bêtes, ils restent au chaud.

Gazlozer : On est déjà trop nombreux pour les ressources de la planète mais c’est pas assez pour certains ! Il faudrait aller vers l’extinction plus vite, avoir plus de gens pauvres, plus de gens qui ne mangent pas à leur faim, plus de gens qui auront des vie courtes dans des conditions misérables… car il faut plus de croissance pour plus de profit. On va pas s’occuper des gens déjà là non non non on les balance à la mer et on fait des enfants dont on s’occupera pas et qui auront une vie pourris par la surpopulation le climat les crise de logement et du travail. L’espèce humaine est le cancer de la planète et de ce système solaire.

N.B. : Société occidentale schizophrénie… On sait qu’il vaudrait mieux moins de monde sur Terre pour des raisons écologiques évidentes mais on ne réfléchit pas à ce que pourrait être un atterrissage en douceur avec une population moindre. Comment gérer ce phénomène (qui est loin d’être nouveau en Italie) afin de permettre à la société de trouver un nouvel équilibre ? Voilà les questions politiques qu’il faudrait affronter

Philippe Stamenkovic : Arrêtez, Meloni, de vouloir sans cesse soutenir la natalité, le PIB, etc. C’est très bien que ces variables descendent « naturellement », sinon cela va se faire de manière autrement plus violente.

D2 : La violence va croître pour l’approvisionnement des humains au regard des ressources disponibles. Nous assistons aux prémisses d’affrontements un peu partout, non par idéologie, religion, mais instinct de survie. Les plus prudents préparent la guerre, et non leur propre disparition.

lire sur notre blog, Le pape veut faire des bébés à la chaîne

Extraits : en mai 2021, le Pape a appelé à faire « tout le possible pour vaincre cet hiver démographique en Italie qui va contre nos familles, contre notre patrie, et aussi contre notre futur ». Mais le pays compte 60 millions d’habitants et une densité de 200 hab./km2, soit un carré de 70 mètres sur 70 mètres pour chaque Italien, carré dans lequel pour être autonome il doit pouvoir à la fois faire son potager, nourrir son bétail, construire sa maison, trouver du pétrole, et même laisser un peu d’espace pour la nature sauvage…

Soit le pape n’est qu’un affreux nataliste, soit un parfait ignorant des réalités biophysiques, soit un croyant au miracle …. soit tout cela à la fois.

Tous les pays, riches ou pauvres, sont surpeuplés, lire :

Surpopulation au Cameroun, 56 hab./km

Surpopulation en Corée du nord (et du Sud)

Corne de l’Afrique minée par la surpopulation

Côte d’Ivoire, surpopulation et manque d’eau

L’Égypte et Al-Sissi face à la surpopulation

En Égypte, la surpopulation fait la loi

L’Éthiopie, victime de sa surpopulation

Surpopulation française, une réalité vraie

Surpopulation sur l’île de la Réunion

Inde : « government jobs » et surpopulation

L’Inde, une surpopulation par condensation urbaine

Italie, une surpopulation en voie d’extinction

Le Japon, surpopulation et/ou vieillissement ?

Madagascar, un état de surpopulation

Malawi, surpopulation et choléra

Le Nigeria, miné par la surpopulation

La surpopulation généralisée aux Pays-Bas

Surpopulation en Seine-Saint-Denis 

Surpopulation en Somalie, faut pas le dire

Surpopulation au Soudan, donc guerres civiles

Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

Tanzanie, une surpopulation démente

Surpopulation en Turquie, 109 hab./km2

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

 

Pakistan, tous les maux de la surpopulation

Pakistan, une armée qui a organisé au moins trois coups d’Etat depuis l’indépendance en 1947, régnant pendant plus de trente ans et monopolisant 70% du budget public. Des années de mauvaise gestion financière et d’instabilité politique ont poussé l’économie pakistanaise au bord de l’effondrement, une situation exacerbée par une crise énergétique mondiale et des inondations dévastatrices.

Le journal LE MONDE accorde une importance démesurée à la problématique politique conjoncturelle, « l’ex-premier ministre pakistanais Imran Khan a été arrêté le 9 mai 2023 », « il a été libéré le 12 mai »… Le quotidien dit « de référence » expédie en quelques mots les maux dont soufrent le Pakistan sans jamais s’interroger sur la cause profonde, son état de surpopulation.

Sophie Landrin : L’économie va en très mal, fragilisée par la pandémie de Covid-19, par les conséquences de la guerre en Ukraine sur le coût de l’énergie et par les inondations majeures de l’été 2022, qui ont submergé un tiers des terres et ont entraîné des pertes estimées à 40 milliards de dollars. « Aujourd’hui encore, 20 millions de victimes des inondations ont besoin d’une aide humanitaire urgente », a déclaré le premier ministre pakistanais. Un chiffre résume l’état de l’économie : Islamabad ne dispose plus que 6,7 milliards de dollars de réserve de change, tout juste suffisant pour couvrir un mois d’importation.

Le point de vue des écologistes malthusiens

On pourrait jouter beaucoup de choses, des talibans dans un pays qui dispose de l’arme nucléaire, un niveau phénoménal de corruption, une société gangrenée par le trafic de drogue, des secteurs du pouvoir dominés par les services secrets, des territoires aux mains de milices depuis longtemps (le Baloutchistan en particulier), une discrimination massive à l’encontre des femmes… mais allons à l’essentiel, la démographie pakistanaise.

Le premier recensement a été mené en 1951 et établissait la population du pays à 75 millions d’habitants, dont 42 millions au Pakistan oriental qui a depuis fait sécession. On compte aujourd’hui 230 millions d’habitants, une densité de 295 hab./km² . Cette densité ne laisse qu’un carré de 58 mètres de côté pour chaque habitant, soit presque rien. Le taux de fécondité est encore de 4,56 enfants par femme, le taux d’accroissement de 1,8 %, soit un doublement de la population en moins de 40 ans. C’est invivable, c’est ingérable. Qu’on s’appelle Imran Kahn ou n’importe qui d’autre, on ne pourra jamais attendre l’équilibre socio-économique dans un pays aussi surpeuplé.

Le planning familial est balbutiant, pour ne pas dire inexistant dans un pays où les femmes sont systématique infériorisées. Imran Khan, quand il était encore Premier ministre du Pakistan, pouvait déclarer: « Si une femme est très peu vêtue, cela produira un effet sur les hommes à moins qu’ils ne soient des robots. C’est une question de bon sens ». En 2021, le Pakistan se plaçait à la 153e place sur 156 du rapport mondial sur l’écart entre les sexes du Forum Economique Mondial. La violence domestique est la plus répandue. » Malgré les lois adoptées ces dernières années pour protéger et promouvoir les droits des femmes, la violence à leur égard s’est intensifiée» décrit le rapport 2019 de la Commission des droits de l’Homme du Pakistan. Chaque femme est victime de violence au moins une fois dans sa vie et si elle n’est pas physique, elle est psychologique. Une coutume, le ghag est particulièrement appliquée dans les zone tribales. Elle permet à tout homme d’exiger la main d’une femme ou d’une jeune fille sans son consentement. Bien que cette règle ait été abolie par une loi nationale, elle continue d’être appliquée.

D’après des statistiques officielles, seules 35% des Pakistanaises utilisent un contraceptif. Ceux-ci sont pourtant subventionnés et bon marché. Aujourd’hui encore, la contraception est dénigrée, accusée de provoquer l’infertilité. Moins de la moitié des grossesses sont voulues au Pakistan, estime l’institut américain Guttmacher. L’avortement est autorisé au Pakistan, pays musulman, uniquement si la santé de la mère est en péril. Mais nombre de médecins invoquent leur foi pour refuser de le pratiquer. Les premières campagnes publiques de planning familial, dont le slogan était « do bache hi ache » (« deux enfants c’est bien » en ourdou), ont été rejetées par les religieux et par tous ceux qui appellent à un Pakistan plus peuplé face au géant indien, son rival. En 2019, le Conseil d’idéologie islamique pakistanais, la plus haute instance religieuse dont le rôle officiel est de conseiller le gouvernement, a déclaré que les campagnes gouvernementales de contrôle des naissances « doivent être stoppées immédiatement »,

Autant dire que le Pakistan est voué aux guerres, épidémies et famines sans compter les inondations… En Iran et au Bangladesh, deux autres pays musulmans, le planning familial a été instauré avec succès dans les années 1980. Le Bangladesh, alors aussi peuplé que le Pakistan, compte aujourd’hui 40 millions d’habitants de moins.

Tous les pays, riches ou pauvres, sont surpeuplés, lire :

Surpopulation au Cameroun, 56 hab./km

Surpopulation en Corée du nord (et du Sud)

Corne de l’Afrique minée par la surpopulation

Côte d’Ivoire, surpopulation et manque d’eau

L’Égypte et Al-Sissi face à la surpopulation

En Égypte, la surpopulation fait la loi

L’Éthiopie, victime de sa surpopulation

Surpopulation française, une réalité vraie

Surpopulation sur l’île de la Réunion

Inde : « government jobs » et surpopulation

L’Inde, une surpopulation par condensation urbaine

Le Japon, surpopulation et/ou vieillissement ?

Madagascar, un état de surpopulation

Malawi, surpopulation et choléra

Le Nigeria, miné par la surpopulation

La surpopulation généralisée aux Pays-Bas

Surpopulation en Seine-Saint-Denis 

Surpopulation en Somalie, faut pas le dire

Surpopulation au Soudan, donc guerres civiles

Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

Tanzanie, une surpopulation démente

Surpopulation en Turquie, 109 hab./km2

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

IVG, la démocratie impose des contraintes

Souvenons-nous , pendant des siècles, les gouvernements et les églises ont bel et bien contraint les gens à avoir davantage d’enfants : il n’est de richesse que d’hommes, disait-on. Avortement et même contraception étaient interdits par une loi de 1920 démocratiquement votée en France. Depuis 1967 pour la contraception et 1975 pour l’IVG, c’est l’inverse, c’est autorisé. Or avec 10 ou 11 milliards d’humains prévus en 2100, il est fort possible que la situation devienne alors ingérable et qu’on en arrive démocratique à formuler des contraintes du types stérilisation obligatoire des femmes ayant déjà eu un enfant. Mais soyons objectifs : réciproquement, si la population humaine devenait exsangue, on pourrait décider démocratiquement d’une obligation de procréer.

A quel moment une politique démocratiquement voulue mérite-t-elle d’être qualifiée de contraignante puisqu’il s’agit par définition de l’expression de la volonté du peuple ? Normalement nos décisions démocratique reposent sur une concordance avec l’opinion publique du moment mais aussi avec les difficultés rencontrées par notre système social. Ce n’est pas parce qu’une loi a été votée qu’on arrête de réfléchir ou de débattre. Mais l’’idée de contrainte nous rend aujourd’hui fébriles, exemple avec le pass sanitaire. Les hommes changent dans leurs perceptions et leurs valeurs, en même temps que leur environnement et sans s’en rendre  compte : c’est le phénomène des shifting baselines ou lignes de références fluctuantes. En tant que membre d’une société dont les normes changent, on ne remarque pas que ses propres normes sont soumises à ce changement, parce qu’on se maintient constamment en accord avec ceux qui nous entourent. C’est pourquoi l’évolution culturelle est lente, trop lente quand la catastrophe approche. On voit bien le décalage qui existe entre la réalité du réchauffement climatique et l’inertie politique conforme à l’inertie citoyenne engluée dans ses habitudes consumériste. Il en est de même du constat de surpopulation, nié par nos élites imprégnées de natalisme conquérant.

La démocratie est le plus mauvais des systèmes… à l’exception de tous les autres. On ne trouve pas mieux, mais il a une faiblesse intrinsèque : ce système de partage du pouvoir n’a par définition pas de base fixe, c’est un lieu vide. Il s’agit de délibérer en groupe pour arriver à prendre une décision qui peut aller dans un sens ou en sens contraire selon les circonstances. Bien sûr c’est mieux que l’autre procédure décisionnelle qui repose uniquement sur des arguments d’autorité formulés par une religion ou un leader plus ou moins charismatique (pharaon, roi, dictateur, populiste, etc.). Mais avec les humains, il ne semble pas qu’il y ait progrès historique de l’intelligence collective, il y a même des régression terribles et récurrentes. La dictature peut se transformer en démocratie, mais l’inverse reste aussi vrai. La guerre se termine par un armistice et la paix retrouvé, et puis la guerre recommence sous d’autres formes, que ces pays soient démocratiques ou non.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

18 août 2021, POUR ou CONTRE la stérilisation forcée ?

15 août 2021, Ligatures des trompes et vasectomie pour tous et toutes

21 octobre 2020, Stérilisation forcée, eugénisme ou génocide ?

24 mai 2019, Quelle démocratie en période d’urgence écologique ?

13 novembre 2014, stérilisation de masse, méthode de contraception en Inde

28 mars 2014, Stérilisation de masse des chats… Et celle des humains ?

Etienne-Emile Baulieu et la pilule RU 486

Il y a des vies qui méritent d’être connues. Né en 1926, le professeur Etienne-Emile Baulieu est un pionnier de la recherche hormonale et l’inventeur de la pilule abortive RU 486, utilisée dans le monde par des dizaines de millions de femmes… et que plusieurs Etats américains tentent actuellement d’interdire.

A 96 ans, il continue de se rendre chaque jour à son laboratoire du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne)… autant dire que la retraite à 64 ans, il ne sait pas ce que c’est. Quelques morceaux choisis de son témoignage.

Etienne-Emile Baulieu

– J’avais lu Marx, j’étais idéaliste. J’avais côtoyé dans la Résistance beaucoup de camarades communistes, et j’avais soif de participer à une nouvelle phase de la civilisation mondiale. J’ai adhéré en 1942 au Front patriotique de la jeunesse, une organisation satellite des jeunesses communistes clandestines, reliée aux Francs-tireurs et partisans, le mouvement de résistance.

Mon attachement au PCF – et mon aveuglement – ont duré longtemps. Je me souviens encore de mon émotion le jour de la mort de Staline, le 5 mars 1953. Je suis rentré dans l’amphithéâtre de [l’hôpital] Bichat, où mon patron donnait un cours, et j’ai crié : « Debout ! Staline est mort ! » Et tout le monde s’est levé. J’étais ignorant, alors, des crimes du régime… Il faudra l’invasion de la Hongrie par l’URSS en 1956 pour que je rompe définitivement.

– J’ai tout de suite associé médecine et recherche. chercher, explorer, découvrir, faire avancer la connaissance est devenu une obsession, je dirais même mon oxygène.

– J’ai rencontré en 1961, à sa demande, Gregory Pincus qui aurait mérité le prix Nobel tant il a fait pour les femmes, et donc pour l’humanité. En déconnectant l’acte sexuel de l’acte de reproduire, il a émancipé les femmes et leur a donné un pouvoir nouveau, le plus fondamental. C’était bel et bien une révolution.

– En France, il a fallu attendre 1967 pour que la loi Neuwirth autorise enfin la pilule ! J’avais été nommé dans une commission de treize « sages » chargés de donner un avis. Le cancérologue disait : « Il n’est pas exclu qu’elle donne le cancer. » Le gastro-entérologue disait : « Elle est mauvaise pour le foie. » Le psychiatre prétendait que les maris deviendraient fous. Moi, j’étais résolument pour.

– Un voyage en Inde, en 1970, a été pour moi déterminant. Ou, plus précisément, une scène dont je me souviendrai toute ma vie, sur le pont de Calcutta où mendiaient des dizaines de femmes entourées de grappes d’enfants. L’une d’entre elles s’est avancée droit vers moi, attirant mon regard vers son bras replié, où gisait un bébé mort, tandis qu’un enfant s’agitait à l’extrémité de son autre bras. La fatalité de cette extrême misère m’a bouleversé. Et j’ai décidé de m’attaquer prioritairement à ce problème des grossesses subies.

– Une femme mourait toutes les trois minutes d’avortement mal pratiqué. Comment ne pas vouloir cesser ce carnage et leur venir en aide ? Ce fut l’aventure de la pilule dite « abortive », le RU 486…Un antiprogestérone permettant d’interrompre la grossesse une fois la fécondation faite et évitant aux femmes une chirurgie invasive.

– Mais que de polémiques, de mensonges… et de violences ! J’ai été attaqué par les pro-vie avec une fureur stupéfiante, accueilli aux États-Unis par des pancartes proclamant « Baulieu = Mengele » [en référence au médecin nazi Josef Mengele], tandis qu’en France, le professeur Jérôme Lejeune, adversaire de l’avortement, m’a accusé d’avoir inventé un « pesticide humain » qui ferait plus de morts que « Hitler, Mao et Staline réunis ».

– Toutes ces pressions ont intimidé le laboratoire qui a renoncé, en 1988, à la mise sur le marché qu’il venait pourtant d’obtenir. J’étais outré. Heureusement Claude Evin, le ministre de la santé [1988-1991], a provoqué un coup de théâtre : « Le RU 486 est la propriété morale des femmes », a-t-il déclaré. Et il a mis en demeure le laboratoire d’en reprendre la distribution . C’était un acte politique, au meilleur sens du terme. Des millions de femmes l’utilisent aujourd’hui… Et cela, malgré les menaces qui persistent ou ressurgissent, hélas, dans de nombreux pays.

Le point de vue des écologistes néomalthusiens contre les réactionnaires

Autist Redding : Il a certes aidé les femmes à avoir leur liberté sexuelle mais a-t-il pensé à la liberté de vivre des bébés tués pour ainsi dire dans l’œuf ?

Mad @ Autist Redding :   Avez-vous pensé à lire la phrase « une femme mourait toutes les 3 minutes d’un avortement mal pratiqué »? Je vous laisse faire les maths du nombre de mortes évitées depuis 1988.

Gabuzo : Quand je rencontre des gens comme vous, Autiste, je leur montre une photo d’embryon et je leur demande si c’est un être humain. Ils répondent toujours oui, avant que je leur révèle que c’est un embryon de têtard…

ELKA : Un embryon n’est pas un bébé.

Oui mais : Si la mère de Baulieu avait pris sa pilule, le monde aurait été privée de son talent. Petite réflexion à méditer.

GY : Si ce sont celles d’Hitler et Poutine aussi, quelle perte !

Clovis d Harcourt : Certains ont préféré exercer réellement le métier de médecin plutôt que « chercher ». On a parfaitement le droit de préférer des créneaux porteurs et à la mode, mais de là à faire de Baulieu saints hommes, mais c’est quand même franchement dégueulasse pour ses confrères.

Mad @ Clovis : Au contraire, leurs confrères aux urgences ne voient plus arriver de femmes se vidant de leur sang et impossibles à recoudre. Moins de traumatismes induits par la profession, tout le monde est content, même ceux qui ont des réserves à titre personnel sur la pratique de l’avortement. Il n’y a rien de plus insupportable pour un médecin que de voir des morts évitables jour après jour. Si vous prétendez que c’est une mode alors vous ne comprenez pas le monde, ni la médecine, ni ce que vivent les femmes. Commentaire misogyne, rétrograde et qui n’est en rien à votre honneur.

Rose : Clovis, vous préférez sans doute voir les médecins faire leur voyage au bout de la nuit et exercer leur impuissance : « Je n’avertis point la mère sur la mare de sang que je voyais se former sous le lit ni les gouttes qui tombaient toujours ponctuellement… Je ne discernais presque plus les mains de la fille posées sur les draps, à cause de la pâleur semblable. Je revins pour sentir son pouls, plus menu, plus furtif que tout à l’heure. Elle ne respirait que par à-coups. J’entendais bien, moi, toujours, le sang tomber sur le parquet comme à petits coups d’une montre de plus en plus lente, de plus en plus faible. Rien à faire. » (Céline)

Umberto : Monsieur n’a pas souhaité continuer à donner des soins aux malades, c’était probablement beaucoup moins rémunérateur que de se lancer dans des recherches à la mode du temps. Pas sûr que (son) dieu soit content qu’on bricole ainsi sa création. Il faudrait lui demander, c’est gratuit…

chatlibre @ Umberto : « Pas sûr que dieu soit content qu’on bricole ainsi sa création ». Vous semblez avoir de bon rapport avec Lui, demandez lui et informez nous.

richardauguste : pour combien d’hommes dans le monde, encore aujourd’hui, la virilité se mesure au nombre d’enfants qu’ils ont ?

IVV, le Portugal dépénalise l’euthanasie

Euthanasie et suicide assisté sont aujourd’hui autorisés dans une poignée de pays européens, tels que ceux du Benelux, les premiers à les avoir autorisés, et l’Espagne. Le Portugal fait de même, permettant à une personne atteinte d’une maladie incurable de mettre fin à ses souffrances.

LE MONDE avec AFP : Le Parlement portugais a voté le 12 mai 2023 la version définitive d’une loi dépénalisant l’euthanasie au terme d’un processus législatif laborieux. Après la publication des décrets d’application, la loi pourrait entrer en vigueur à l’automne. Cette loi prévoit désormais que l’euthanasie ne soit autorisée que dans les cas où « le suicide médicalement assisté est impossible en raison d’une incapacité physique du patient ». Le texte s’était heurté aux réserves de la Cour constitutionnelle et du président, Marcelo Rebelo de Sousa, conservateur et fervent catholique. Pour défendre son dernier veto, celui-ci avait demandé aux députés de spécifier qui était habilité à « attester » de cette impossibilité. Mais les parlementaires ont cette fois-ci, refusé de modifier le texte. De nombreux médecins risquent d’invoquer une objection de conscience pour ne pas pratiquer l’euthanasie, comme certains le font avec l’avortement, légalisé en 2007 par référendum.

Comme d’hab., il y a le CONTRE d’un conservateur

et le POUR des progressistes

Seb75 : Tapez « Le cri d’alarme des soignants qui refusent l’euthanasie ». Ce sont 13 organisations professionnelles représentant 800.000 soignants qui clament leur refus de participer à une «aide active à mourir» qui enverrait «un message insoutenable aux personnes âgées d’Ehpad et aux professionnels qui les accompagnent. Ce qui importe c’est l’avis de l’écrasante majorité du corps médical qui est contre.

F.lier : Seb75, bonsoir. En tant que citoyen, vous êtes contre, je suis pour, l’important c’est le débat. Dire les médecins en France dans leur grande majorité sont contre la légalisation de l’euthanasie, c’est mal connaître le milieux médical. Il y a en France des euthanasies qui sont exécutés tout simplement parce que les médecins ont une conscience. Vous l’avez compris, soigner c’est aussi abréger les souffrances. En fin de compte, en 2023 on se rend compte que c’est une question de religion derrière la question sociale, moi en tant que personne laïque, cela me dérange.

Seb75 : L’euthanasie n’est pas possible à effectuer sans le corps médical et ils sont tous dans leur grande majorité contre. Les médecins sont là pour soigner pas pour tuer. Ce serait trahir le Serment d’Hippocrate ,« je ne provoquerais jamais la mort délibérément ». Ce sont les médecins et eux seuls qui décident pour leurs patients et ceux qui acceptent l’euthanasie brisent leurs serments et ne seront plus médecins.

Ponchiot : « Ce sont les médecins et eux seuls qui décident pour leurs patients et ceux qui acceptent l’euthanasie brisent leurs serments et ne seront plus médecins ». Non, ce sont les patients, encore une preuve du besoin impérieux de réformer et casser le monopole médical.

Claustaire : La clause de conscience qui doit, évidemment, être offerte aux médecins opposés à l’IVV (Interruption Volontaire de Vie) n’empêchera pas les autres, plus nombreux, d’assister leurs malades jusqu’au bout de leurs dernières volontés, pas plus que cette clause de conscience n’a pas empêché les IVG dans les pays concernés.

Jean-Paul V : la législation française sur le droit au suicide assistée est à peu près la plus rétrograde de toute l’Europe de l’Ouest. Il faut aller en Belgique ou en Suisse pour se suicider, et ça n’est pas facile. ça me rappelle le temps des voyages en Hollande ou en Grande-Bretagne pour une IVG.

PIER A. : En France on fait preuve de plus de compassion pour les animaux de compagnie que pour des êtres humains en fin de vie.

Lire aussi sur notre blog biosphere

Suicide assisté et Euthanasie volontaire (synthèse)

Fin de vie et arrêt des soins palliatifs (convention citoyenne)

L’ADMD et la Convention « fin de vie »

Débat «Fin de vie», noyé dans les parlottes (en France)

Ne pas confondre Euthanasie et État nazi

Interruption (in)volontaire de vieillesse

Aide alimentaire, aide à l’agro-industrie !!!

Le mensuel « La Décroissance » offre une mine de renseignement sur les livres récemment paru. Ainsi cette interview de Bénédicte Bonzi (La France qui a faim. Le don à l’épreuve des violences alimentaires) dont nous résumons les propos tenus dans le journal de mai 2023.

Bénédicte Bonzi « L’aide alimentaire n’est pas une sympathique aide aux pauvres. Elle est un maillon dans la chaîne du contrôle des populations par les institutions étatiques et marchandes dominantes. Pour résumer, une agriculture hyper-industrielle a massivement détruit les milieux naturels et le travail des paysans, ce qui entraîne 4 millions de personnes qui se retrouvent devoir compter sur l’aide alimentaire. La loi Garot de 2016, issue du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, a pris alors la forme d’une convention de don à l’avantage des supermarchés auxquels les dons assurent une défiscalisation. Grâce aux pauvres, les riches paient moins d’impôts ! Mais c’est aux bénévoles associatifs d’assurer le transport des produits, de garantir la chaîne du froid et de servir les pauvres. Le résultat, tout le monde mange à peu près à sa faim, il n’y a pas d’explosion de colère sociale. C’est fondamentalement à cela que sert l’aide alimentaire. Comme il y a appel d’offre, cela garantit la part du marché de l’aide à l’agriculture productiviste. Ce ne sont évidemment pas des produits paysans qui se retrouvent dans les paniers de l’aide alimentaire. Et les intermédiaires savent se rendre « invisibles »….

Une sécurité sociale de l’alimentation, par exemple 150 euros par personne et par mois, seraient fléchés : on ne pourrait acheter que des aliments issus d’une agriculture qui respecterait l’environnement naturel. De plus, si nous voulons le retour des paysans, il nous faut accroître la part de l’alimentation dans les budgets des familles. »

Le point de vue des écologistes des temps futurs

Prolongeons les enseignements de Bénédicte Bonzi. L’agriculture productiviste a oublié que sans énergie fossile, elle est vouée au néant. La période de l’agro-industrie, basée sur des ressources fossiles en déplétion, va se terminer faute de carburant. Alors il y a aura une inversion, la loi d’Engel qui décrit l’évolution du budget alimentaire ira dans l’autre sens. Cette  « loi » énonce qu’au fur et à mesure que le revenu augmente, la part des dépenses alimentaires diminue. Historiquement, notons d’abord que c’est l’augmentation de la productivité industrielle qui a permis de consacrer la plus grande part de son budget à des dépenses secondaires. De plus, paradoxalement, l’agriculture, le secteur primaire, fondement de notre survie physique, est subventionnée par l’Union européenne (la PAC) ; on ne paye pas le vrai prix de notre alimentation. Enfin la pression à la baisse des prix imposée aux agriculteurs par la grande distribution est une anomalie. Dans l’avenir, nous reviendrons à une situation plus normale, moins de gadgets achetés et beaucoup plus d’argent consacré à notre alimentation de base. Il y a aura aussi une autre inversion, l’exode rural deviendra le retour à la terre. Cela sera très dur, les produits agricoles seront plus cher, le travail à la ferme bien plus physique que l’emploi tertiaire. Il nous faudra oublier les grandes phrases hors sol du type « bon produit sain et au plus bas prix ».

Quant à l’aide alimentaire, un tonneau sans fond à l’heure actuelle qui ne profite qu’à l’agro-industrie, il faudra bien arriver à la réduire d’une manière ou d’une autre. Si on peut concevoir une aide alimentaire de court terme, on ne peut soutenir éternellement des pays en surpopulation, et la France est un de ces pays. Agir sur l’alimentation, c’est nécessairement agir aussi sur la population. Lire sur notre blog :

 Arrêtons l’aide alimentaire structurelle

extraits : Disons-le alors tout net, tout pays qui ne fait pas l’effort de maîtriser sa fécondité, et subit en conséquences des problèmes économiques et socio-politiques structurels, n’a pas droit à une aide alimentaire continue. Malthus était très clair sur ce point : « N’oublions pas que l’humanité et une vraie politique requièrent impérieusement que dans des circonstances de famine, les pauvres reçoivent tous les secours que la nature des choses permet de leur donner. Il est donc de notre devoir de leur donner dans les années de détresse quelques secours temporaires. »

Baisse de l’aide publique au développement

extraits : Dans un compte-rendu de colloque, « Malthus hier et aujourd’hui » (1984), le politicien sénégalais Landing Savané affirmait : « L’aide internationale est comparable à la Loi des pauvres puisqu’elle bloque la nécessité de développer la production locale et d’assurer l’autosuffisance alimentaire. On voit mal comment il serait soutenable de fournir en permanence des aides toujours croissantes à une population dont la croissance provoquerait la dégradation des sols sur lesquels elle vit, et donc une diminution de ses propres ressources. »  Depuis, on a laissé la situation démographique se détériorer jusqu’à ce que dans plusieurs pays comme l’Égypte ou le Nigeria on ait atteint le point de non retour.

L’aide humanitaire, facteur de surpopulation

extraits  : « Alors que nous ne sommes pas responsables de notre propre naissance, la société nous rend responsable de toutes les naissances… L’humanitaire est le substitut mercantile, infantile et hypocrite de l’humanisme… 170 ONG s’occupent des réfugiés du Moyen-orient et de l’Afrique de l’Ouest, la plupart reçoivent des subventions sans aucun contrôle. Certains l’appellent « l’industrie de l’aide »…La seule conséquence de toute aide est de favoriser la reproduction… La seule charité concevable, c’est celle qui permet d’aider une femme à avorter si elle le désire…Le sage n’a rien à faire de la charité ; s’il a fait le choix de ne pas devenir l’esclave des désirs et des passions, ce n’est pas pour aider les autres à y succomber…

Tout savoir sur l’aide au développement

extraits  : Lutter contre les causes structurelles de la faim par l’agriculture biologique est certes nécessaire. Mais il serait aussi urgent d’augmenter fortement la part de l’aide publique au développement à destination du planning familial. L’association Démographie Responsable demande que 25 % de l’APD y soit consacré. La maîtrise de la fécondité est un accompagnant obligé de la production de nourriture, sinon il y a une course sans fin entre croissance démographique et ressources vivrières comme l’avait montré Malthus. C’est d’autant plus urgent que ce sont les cultures d’exportation qui sont aidés de façon préférentielle, ce qui détériore la capacité d’autonomie alimentaire des pays concernés.

MALTHUS, aider les pauvres n’est pas aider !

extraits  : Aujourd’hui encore une partie de l’intelligentsia fait mine de croire qu’il s’agit d’être « anti-pauvres » alors que Malthus pensait au contraire défendre la cause des pauvres. Il croit en une approche qu’on pourrait appeler aujourd’hui social-libérale, reposant sur la responsabilité individuelle : « Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances… Si nous négligeons de donner attention à nos premiers intérêts, c’est le comble de la folie et de la déraison d’attendre que le gouvernement en prendra soin… En Angleterre, les lois sur les pauvres ont été incontestablement établies dans des vues pleines de bienveillance. Mais il est évident qu’elles n’ont point atteint leur but… Les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population sans rien ajouter aux moyens de subsistance… Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent… Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant, ou qui doivent naître dans les deux années prochaines… »

La famine, qui la cherche la trouve

Le nombre de personnes au bord de la famine (en situation d’insécurité alimentaire aiguë) a bondi de 83 millions en 2016 à 193 millions en 2021, puis 253 millions en 2022, soit un triplement en six ans. En matière de population concernée, la République démocratique du Congo est le pays qui compte les plus gros contingents de personnes souffrant de faim aiguë (26,4 millions), suivie par l’Ethiopie (23,6 millions), l’Afghanistan (20 millions), le Nigeria, le Yémen, la Birmanie, la Syrie, le Soudan, l’Ukraine et le Pakistan.

Mathilde Gérard : Les causes de la faim sont multiples : les chocs économiques (y compris l’impact socio-économique persistant de la pandémie de Covid-19) sont la première cause de la faim dans vingt-sept pays analysés ; dans dix-neuf pays et territoires, ce sont les conflits et violences armées qui plongent les populations dans l’insécurité alimentaire aiguë ; et dans douze pays, les extrêmes climatiques sont le principal facteur de vulnérabilité. La guerre en Ukraine continue d’avoir des effets indirects, en particulier sur les pays très dépendants des importations, notamment en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. Mais dans beaucoup de territoires, ces causes s’accumulent, se renforcent et entraînent les populations dans une spirale de la faim. Pour Antonio Guterres, « cette crise appelle des changements systémiques et fondamentaux. Nous avons les connaissances pour construire un monde plus résilient où la faim n’a pas sa place en investissant massivement pour la sécurité alimentaire ».

Le point de vue des écologistes malthusiens

Camtaoij : Si les crises politiques, climatiques et économiques sont évidemment à l’origine des crises alimentaires, il faut aussi noter que la démographie est un critère décisif dans le déclenchement des crises. La plupart des pays cités ont la moitié de leur population mineure !

âne aux nems : Il faudra m’expliquer comment un pays comme le Niger, passant de 2 millions d’habitants en 1950 a 20 millions en 2020, peut nourrir sa population et construire les infrastructures nécessaires (écoles, hôpitaux, etc). Une fois encore le problème est regardé par le mauvais bout de la lorgnette, mais l’ONU peut-elle faire autrement ? Résoudre cette crise conduira dans un futur proche à une crise plus importante si la démographie n’est pas contrôlée … ce qui ne sera pas le cas sans un changement radical des mentalités

Pascalou : L’ONU alerte-t-elle sur la démographie incontrôlée dans les pays concernés ?

renard : Mais non voyons c’est un sujet tabou à l’ONU !

Artemis purple : L’aide alimentaire contribue à l’explosion démographique de ces pays. Stop ou encore ?

Gedeon : L’Occident porte cependant une lourde part de responsabilité. Lorsque l’Europe subventionne l’exportation de poulets en Afrique pour sauver ses élevages, elle crée de la précarité alimentaire sur le continent africain, les producteurs locaux ne pouvant faire face à cette concurrence faussée. L’Occident porte également une lourde responsabilité de par les changements climatiques qu’il a générés et contre lesquels il n’a rien fait.

Michel SOURROUILLE : La faim résulte concrètement d’un déséquilibre structurel entre le niveau de la population et les ressources alimentaires. Penser la famine sans jamais aborder la question démographique est donc un non-sens absolu, si ce n’est un crime contre les générations présentes et à venir. C’est pourtant ce que font les décideurs et les médias, même quand ils font plusieurs pages sur la faim dans le monde dans un journal de référence. C’est une insouciance criminelle quant aux causes de la famine, et donc quant aux solutions à envisager. D’autre part parler de « sécurité alimentaire » sans se poser la question de la « souveraineté alimentaire » est un manque flagrant. Un territoire qui ne peut nourrir sa propre population est forcément en situation de surpopulation. L’Angleterre est un bon exemple !

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

Tout savoir sur la famine et même plus

Faute de pluies, famine en Afrique (février 2023)

345 millions de personnes au bord de la famine (novembre 2022)

Crise alimentaire, la bombe P en Afrique (août 2022)

Famine Et pauvreté au programme alimentaire mondial (juin 2022)

Dégradation des terres, famine en vue (mai 2022)

Famine mondiale… parlons le langage malthusien (février 2022)

Insécurité alimentaire et surpopulation (juillet 2021)

EFG, Epidémie, Famines, Guerres… normal (mai 2020)

Insécurité alimentaire aiguë et insouciance politique (avril 2019)

Si les humains préfèrent famine, guerre et épidémies ! (août 2017)

Pic du phosphore, bientôt la famine (mai 2012)

Trois théories de la décroissance malthusienne

Maîtrise en fondements et pratiques de la durabilité à l’université de Lausanne.

Dans les années 1970, on avait une claire conscience de la nécessité de décroître démographique de façon volontaire. Mais dans les années 2000, plusieurs penseurs de l’écosocialisme et de la décroissance ont dénigré cette façon de penser et/ou nié l’importance du poids du nombre. Aujourd’hui émerge cependant une gération d’éco-malthusiens qui mettent l’accent sur le constat de surpopulation à l’heurenous avonspassé 8 milliards d’humains.

Cet historique en trois temps est relaté par un mémoire de master en durabilité de Sierro Quentin, « Décroissance contemporaine française et démographie : une esquisse des raisons de la position des décroissants vis-à-vis de la question démographique. (septembre 2022, 145 pages) »

Extraits :

les années 1970, malthusiennes

Nicholas Georgescu-Roegen propose un programme écologique – un « programme bioéconomique minimal ». Ce programme comprend huit points, le troisième concerne la population mondiale : « L’humanité devrait diminuer progressivement sa population jusqu’à un niveau où une agriculture organique suffirait à la nourrir convenablement. Bien entendu, les pays qui connaissent à présent une très forte croissance démographique devront faire des efforts tous particuliers pour obtenir aussi vite que possible des résultats dans cette direction ». Si l’économiste est critique vis-à-vis des approches visant à calculer une population limite (Georgescu-Roegen parlant du « mythe de la population optimale » Il pense néanmoins qu’elle doit être corrélée à ce qu’une agriculture biologique peut produire : « Une agriculture hautement mécanisée et lourdement fertilisée permet la survie d’une très grande population […] mais au prix d’un épuisement accru des ressources […] ce qui, toutes choses égales par ailleurs, signifie une réduction proportionnellement accrue de la quantité de vie future » (page 87)

René Dumont met également en évidence que la population mondiale a grandement augmenté entre 1930 et 1970. Le constat est sans appel : « l’explosion démographique a pris des proportions compromettant l’avenir même de l’humanité » Que faut-il faire ? Dumont avance que des « mesures limitatives autoritaires de la natalité vont donc devenir de plus en plus nécessaires, mais elles ne seront acceptables que si elles commencent par les pays riches et l’éducation des autres » Aux mesures néomalthusiennes (suppression des aides financières en faveur de la natalité, quota de naissances dans les pays riches), Dumont ajoute des mesures visant à mettre fin au complexe militaro-industriel, à interdire les voitures privées, et à contrer les processus d’urbanisation. Les mesures néomalthusiennes ne touchent pas que les pays nantis et doivent également être mises en place dans les pays « pauvres surpeuplés »

La question de la surpopulation reste, pour Ivan Illich, un facteur aussi important que les impacts de la société de masse : « si, dans un très proche avenir, l’humanité ne limite pas l’impact de son outillage sur l’environnement et ne met pas en œuvre un contrôle efficace des naissances, nos descendants connaîtront l’effroyable apocalypse prédite par maint écologue » Illich prend ici comme exemple « le contrôle des naissances » (usage de la pilule contraceptive, avortement) qui doit rester un outil convivial (évitant ainsi tout « monopole médical » (page 91).

Arne Naess propose en complément des éléments théoriques et métaphysiques de son écologie profonde ce qu’il nomme « une plateforme du mouvement d’écologie profonde » Le point cinq de cette plateforme – découlant du double constat énoncé plus haut – postule que : « l’épanouissement de la vie humaine et des cultures est compatible avec une baisse substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non humaine nécessite une telle baisse ». Pourquoi mettre l’accent sur une baisse démographique ? Pour Naess, les changements technologiques et économiques visant à une « nouvelle conduite écologiquement responsable » auraient été trop lents à mettre en place dans les années 1970. L’ « extrême gravité de la situation » ) demandait autant des changements structuraux – économie, technologie, idéologie anthropocentrée – qu’une baisse rapide de la démographie mondiale. (page 92)

les années contemporaines, anti-malthusiennes

Alors que les précurseurs de la décroissance voient la démographie comme un problème – au moment où ils font leur constat et dans le futur – les théoriciens contemporains vont adopter une posture totalement différente vis-à-vis de la démographie. (page 93)

J’avancerai que les décroissants actuels ne sont pas malthusiens ni néomalthusiens mais adoptent une posture en partie cornucopienne (page 95) et qu’ils ne défendent, à aucun moment, l’hypothèse d’une surpopulation mondiale ; ils n’adoptent à aucun moment la vision question/problème. Plusieurs raisons expliquent ce choix : des raisons intellectuelles et des raisons contextuelles. Si les théoriciens pouvaient être sensibles au problème de la surpopulation au début des années 2000, cet intérêt pour la question démographique ne se retrouve pas dans leurs ouvrages ultérieurs ; ils sont mêmes très hostiles à toute idée liant les problèmes environnementaux à la population. (page 83)

Lavignotte a suggéré trois « ruptures » pour expliquer la non prise en compte de la problématique de la démographie au sein de la mouvance décroissante : la rupture par la réalité – la transition démographique bien entamée va mener à une stabilisation de la population globale voire à sa disparition (Ariès, 2003) ; la rupture par le social – le problème est le mode de vie et non pas le nombre de vie (Cheynet, 2008) ; et la rupture par la morale – sacrifier l’humanité sur l’autel de l’écologisme inverserait les valeurs de l’humanisme (Cheynet, 2009. (page 94)

Vincent Cheynet soutient « [qu’] il suffit généralement d’aborder la question des limites pour se voir, par amalgame, affubler du qualificatif de malthusien ». Rapidement, l’auteur souligne que « le débat sur la natalité est piégé », c’est même un « débat miné » en France . Le malthusianisme est considéré contemporainement comme « à la fois la nécessité de prendre en compte les limites écologiques et une pensée antisociale » ; comme la mouvance défend cette prise en compte des limites écologiques pour critiquer la croissance, le raccourci est vite fait…

Dans la littérature décroissante, la question de la population est éclipsée par le caractère inégal de la répartition des richesses. Pour les théoriciens, il n’y a pas de (sur)population, puisque celle-ci peut encore augmenter (Ariès, 2003; Latouche, 2006) ; il n’existe que le problème de l’inégale répartition des parts du gâteau… Cheynet soutient aussi que « nous n’avons aucun souci à nous faire quand à la capacité de l’humain à trouver des solutions techniques pour engager des politiques de décroissance » (Cheynet, 2008), toutefois sans définir quelles techniques il a en tête. Ariès avance que la « Bombe D [soit bombe démographique] pourrait être paradoxalement une chance puisqu’elle nous oblige à inventer collectivement une nouvelle espérance, capable d’enfanter un monde plus humain et plus égalitaire »

Un néo-malthusianisme renaissant

Ce choix, fait par les décroissants, n’est pas passé inaperçu chez des critiques éco-malthusiens français (Sourrouille, 2014 ; 2020). Sourrouille voit dans le choix du raccourci effectué par les objecteurs de croissance entre surconsommation et impacts environnementaux une mauvaise compréhension de l’entité IPAT. Quand les décroissants affirment que le nombre d’individus est sans importance mais que le nombre de véhicules motorisés l’est, Sourrouille avance que le « nombre d’automobiles dépend forcément du nombre d’automobilistes ». Sourrouille fait alors appel à la formule IPAT en reprenant l’exemple des automobiles – dont l’interdiction est chère aux décroissants (Cheynet, 2011) – et soutient que « le nombre d’humains est un multiplicateur des nuisances de l’automobile dans les émissions de gaz à effet de serre et réciproquement. L’existence de l’automobile multiplie l’impact de chaque individu » (Sourrouille, 2020). Dans l’entité IPAT, il n’y a pas de facteur qui puisse être retiré arbitrairement : « il n’y a pas de priorité, de cause seconde ou secondaire, impact démographique et impact économique sont intimement liés » Sourrouille met sur un même plan une vie humaine et le bien-être environnemental, son point de vue diffère complètement des théoriciens. Servigne (2014) ajoute que si le but des décroissants est de « changer la trajectoire du monde » alors il faut agir « sur tous les paramètres en même temps » – soit la « population, [la] production, [l’] énergie, [la] pollution, [les] rendements agricoles » (page 103).

En France, la question démographique est subsumée par un ensemble d’auteurs sous le terme de « tabou » (Tarrier, 2011 ; 2014. Sourrouille, 2020 ; Bertaux, 2020) autant dans le champ scientifique de la démographie que du paysage politique français. Pour ces auteurs, remettre en question la croissance démographique revient à attaquer une politique nataliste voulue par le gouvernement. Un des auteurs proches de la décroissance, Yves Cochet (2014) souligne que lorsque l’idée de décroissance démographique est défendue dans l’espace public français, le champ politique se ligue contre les thèses (néo)malthusiennes : « La droite décèle une campagne en faveur d’avortements massifs, de promotion de l’homosexualité et d’abandon du patriotisme. La gauche nous soupçonne d’attaquer les droits humains, de fuir le problème du financement des retraites, voire de prêcher l’eugénisme ou le racisme » (page 109)

conclusion : Les enjeux entre la démographie et l’environnement vont certainement prendre de plus en plus d’importance dans les décennies à venir. Bien que le taux de croissance de la population globale baisse, l’excédent de population correspond à plus de 80 millions de naissances par an. Bien qu’inégalement répartie, la population mondiale continuera à croître – selon les projections – jusqu’à la fin du siècle. Pour les positifs, cette hausse est synonyme d’une plus grande inventivité technologique, de développement (thèse boserupienne) et de bien-être économique. Pour les pessimistes, elle va engendrer des dégâts environnementaux s’accumulant au poids actuel de la population globale et mener à une catastrophe (écologique ou conflits interétatiques pour l’accès aux ressources). (page 117)

Bien que ce mémoire démontre que les décroissants contemporains français ne sont en aucune façon des adeptes d’un contrôle démographique, je me demande cependant de quelle manière une société de décroissance peut fonctionner lorsque la population augmente alors que dans une économie stationnaire elle doit être stabilisée (Daly, 2008). (page 120)

Une future recherche pourrait donc démarrer à partir du questionnement suivant : comment les alternatives fortes à la croissance (croissance zéro, décroissance sélective, société sobre, écologie industrielle, économie stationnaire) intègrent-elles la question démographique et comment y répondent-elles (constat d’un problème, constat de solution ou alors absence de réflexion) ? (page 121)

source : https://igd.unil.ch/memoires/memoires/1965

Tournant malthusien chez les décroissants ?

La surpopulation snobée par les décroissants

Après des années de silence absolu sur la question démographique de la part du mensuel « La décroissance », il y a eu au mois d’avril 2023 une première approche, disons assez « décalée ». Le grand titre en première page : «  Pour sauver le monde, faites des bébés, pas la guerre ». L’article de fond en page 3 : la pensée stérile des « no kid ».

cf, Vincent Cheynet, la décroissance démographique

Mais au mois de mai 2023, le journal de Vincent Cheynet a le courage de donner la parole à la critique dans sa rubrique « Courriers des lecteurs ».

Michel Gossart sous le titre « Vieux cathos réacs »

« Alors comme ça, une croissance économique infinie dans un monde fini est une hérésie, alors qu’une croissance démographique infinie dans le même monde tout aussi fini est une bénédiction !? Wah ! On reconnaît bien les vieux cathos réacs dont vous traînez la réputation et qui me paraît de moins en moins usurpée… anti-avortement, c’est pour quand ? »

Catherine Lieber sous le titre « Poisson d’avril ? »

« Préconiser la procréation sur une planète limitée, est-ce un poisson d’avril d’un journal qui prône la décroissance ? Dès les années 1970, certains écologistes s’inquiétaient de la prolifération des êtres humains et je me rappelle avoir lu à l’époque (j’ai 73 ans) un livre intitulé La Bombe P (P pour population). Certes lutter contre la croissance démographique exponentielle de l’humanité ne suffira pas à régler tous les problèmes écologiques. Mais qui a dit que cela suffirait ? De même changer de mode de vie et de système économique ne suffirait pas si nous continuions à croître et multiplier. Je ne donnerai qu’un argument (parmi beaucoup d’autres) : plus l’humanité s’accroît, plus elle occupe l’espace, moins les autres espèces vivantes ont de l’espace vital, plus leurs habitats naturels se réduisent, conduisant à terme à leur disparition. Car je rappelle que la sixième extinction de masse a commencé.

Vos interlocuteurs natalistes affirment que « ce qu’il y a d’unique », c’est « qu’il y ait en permanence des êtres humains sur cette planète. Mais cette planète au cours des milliards d’années de son existence n’a accueilli l’espèce humaine que le temps d’un clignement d’yeux à son échelle. Et au cours de ce clignement d’yeux, quelle dégringolade ! Et de quelle « permanence » parlent-ils ? Aucun espèce naturelle n’est éternelle, l’espèce humaine pas plus que les autres. Le drame, c’est qu’elle se fait hara-kiri elle-même… et qu’elle anéantit en même temps tout l’écosystème auquel elle appartient… Ne pas vouloir d’enfant est assimilé à de l’égoïsme, de la « flemme », du « narcissisme », j’en aspes et des meilleurs. Passons (aussi) sur le fait que que le fait de vouloir un enfant peut être, de même, un désir narcissique et égotiste. La formule « droit à l’enfant » m’apparaît comme un abus quand il faudrait parler de vocation et envisager la mise au monde d’un enfant comme un don de soi et un engagement à contribuer à son épanouissement.

Personnellement je crois que les jeux sont faits et que nous nous réveillons un peu tard… Mettre un enfant au monde dans ces circonstances est une très grave responsabilité. Quand je vois un nouveau-né, je le plains, car son avenir me paraît plus que compromis. C’est à l’enfant, à son avenir qu’il faut penser, pas à soi ,voire à sa propre retraite. J’ai su très tôt que je ne voulais pas avoir d’enfants. Je m’en réjouis car si j’en avais, je serais rongée d’angoisse et de culpabilité. Ce n’est pas parce que je n’aimais pas les enfants que j’ai choisi de ne pas en avoir. Au contraire! C’est parce que je voulais pas qu’ils connaissent pas les désastres qui se profilent et qui déferlent aujourd’hui. Cela ne m’a pas empêché de militer et essayer d’éveiller les consciences. Je me suis battue pour les enfants des autres. Et je continue à ma petite échelle, en me disant qu’il faut essayer, même sans espoir. Je pense que ma lettre exprime ce que pensent beaucoup d’écologistes responsables et cohérents. Il y aura peut-être, dans un avenir lointain, une autre espèce animale vraiment intelligente, digne des merveilles de la Terre, capable de vivre sans tout détruire autour d’elle. »

Lire, La pensée d’avant-garde du « no kid »

 

Meadows prévoit la décroissance démographique

Lancement d’une nouvelle revue « Mondes en décroissance ». Voici un extrait du contenu, une compilation des réponses en 2023 de Dennis Meadows à 21 des questions les plus récurrentes sur le rapport « Les limites de la croissance », publié en 1972. En voici l’essentiel, que nous avons centré sur la question démographique.

Dennis MEADOWS : Plusieurs études récentes et indépendantes ont montré que l’un de nos scénarios, la figure 35 du livre de 1972, suit raisonnablement bien les données historiques de 1970 à 2010. Ce scénario est reproduit ci-dessous sous forme de figure.

Si nous acceptons qu’une petite fraction de la population contrôle la plupart des richesses de la planète et exerce un contrôle central sur la majeure partie de l’humanité, qui vit dans la pauvreté matérielle, avec une mauvaise santé et peu de liberté, plusieurs milliards de personnes pourraient probablement survivre sur Terre plus ou moins indéfiniment. Si, au contraire, nous voulons que les peuples de la Terre vivent longtemps et en bonne santé, avec une relative aisance matérielle, une bonne santé et une liberté substantielle, et avec une équité en matière de bien-être et de pouvoir politique, le niveau de population durable sera certainement bien inférieur aux chiffres actuels.

Je crois intuitivement que la planète Terre pourrait faire vivre durablement peut-être un milliard de personnes avec des niveaux de vie comme ceux de l’Italie aujourd’hui. Quel que soit le meilleur chiffre pour le niveau de population durable aujourd’hui, il diminue rapidement car les progrès technologiques ne parviennent pas à compenser les conséquences de la consommation accélérée de l’humanité et de la détérioration des ressources de la planète.

La population mondiale diminuera, que nous nous efforcions ou non d’atteindre ce résultat. Si elle n’est pas réduite par une intervention sociale proactive, elle le sera par les forces écologiques. Une action délibérée est requise de notre part uniquement si nous aspirons à ce que le déclin soit pacifique, équitable et progressif.

Toute population ne diminue que lorsque son taux de mortalité dépasse son taux de natalité. L’émigration peut réduire les niveaux de population dans certaines nations, mais elle n’est évidemment pas pertinente pour l’ensemble du globe. Réduire le taux de mortalité est un objectif universellement reconnu. Par conséquent, la seule option réaliste et proactive pour réduire la population consiste à réduire le taux de natalité en diminuant considérablement la fécondité. La fécondité mondiale diminue déjà lentement. Cependant, la population continue d’augmenter et la consommation matérielle est déjà bien, bien au- dessus des niveaux durables alors que la capacité de charge de la planète est en chute libre. Sans un effort urgent pour accélérer la baisse de la fécondité, combiné à une redistribution des richesses pour aider les populations les plus pauvres à traverser la période de dépassement du pic, je pense que le taux de mortalité augmentera dans les prochaines décennies pour rétablir une sorte d’équilibre écologique.

Tout au long de l’histoire, il y a eu trois façons d’augmenter le taux de mortalité : la famine, la peste et la guerre. La plupart des gens ne considèrent aucune de ces mesures comme attrayantes. Cependant, c’est le choix implicite lorsque des intérêts politiques, économiques et religieux acquis bloquent avec succès tout effort systématique visant à réduire considérablement la fécondité dans le monde.

Préconisez-vous d’imposer des politiques de contrôle de la population aux pays pauvres ?

Certaines personnes ont tenté d’utiliser notre rapport pour justifier de telles politiques. Nous ne l’avons jamais fait. Les politiques coercitives semblent, en tout état de cause, être relativement inefficaces à long terme.

Notre modèle incluait de nombreuses influences sur la fécondité, telles que la santé, le niveau de revenu et la disponibilité de mesures modernes de contrôle des naissances. Nous avons conclu que le simple fait de donner aux femmes le droit de décider de la taille souhaitée de leur famille et de contrôler leur propre fécondité, lorsqu’il est combiné à des mesures pour améliorer l’équité, l’éducation et le bien-être matériel produirait les résultats mondiaux les plus intéressants.

Les nations industrialisées d’aujourd’hui ont utilisé leur pouvoir politique, économique et militaire pour maintenir leurs privilèges. Je considère cela comme contraire à l’éthique et non durable. Mais rien dans mon jugement ne modifie les lois qui régissent les processus physiques et biologiques de la planète. Que cela vous plaise ou non, ces lois suggèrent que la population mondiale entre dans une phase qui verra le nombre d’habitants diminuer et la consommation matérielle moyenne baisser. Bien sûr, les riches et les puissants s’efforceront de conserver ce qu’ils ont. Dans la mesure où ils y parviendront, le fossé entre riches et pauvres se creusera encore davantage.

Recommandez-vous aux jeunes adultes d’avoir des enfants ?

La décision de mettre des enfants au monde a de nombreuses conséquences importantes pour les autres. Elle influe sur la consommation de nourriture, d’énergie et de matériaux et augmente la demande de logements et de services. Elle a également une influence considérable sur la vie des parents potentiels, en raison des exigences en matière de temps et d’argent qui découleront de leur désir naturel de subvenir aux besoins de leurs enfants.

Ma femme Donella et moi avons choisi de ne pas avoir d’enfants pour la deuxième raison. Nous aimions travailler ensemble, et nous savions que la responsabilité parentale rendrait cela beaucoup plus difficile. Cependant, la décision d’être parent est très personnelle. Je n’ai jamais imaginé que ma décision serait nécessairement appropriée pour les autres.

J’ai toujours recommandé aux personnes qui se posent la question d’avoir ou non des enfants de fonder leur décision sur les conséquences personnelles attendues plutôt que sur d’éventuelles conséquences sociétales.

Mais je me demande pourquoi la cohorte mondiale qui se trouve être en vie aujourd’hui, qui n’est qu’une des 15 000 générations que notre espèce a produites sur cette Terre, croit implicitement qu’elle seule a le droit moral d’épuiser toute l’énergie et les matériaux de haute qualité de la planète et d’endommager son environnement, laissant moins aux générations futures.

Démocratie grâce à des conventions citoyennes

L’accompagnement de la fin de vie est à la croisée de l’intime et du collectif. Tout le monde peut donc avoir son idée sur sa législation, quel point de vue final adopter ? Le pape François a rappelé son espoir de voir en France un débat sur la fin de vie qui « puisse se faire, en vérité, pour accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle ». Comme si le représentant d’une religion avait quelque chose à dire sur une décision politique dans un pays démocratique !

Le 24 octobre 2022, après une audience papale, Emmanuel Macron se confie : « Sur le sujet de la fin de vie, j’ai dit au pape que je n’aimais pas le mot d’euthanasie. Ma mort m’appartient-elle ? C’est une question intimidante, je ne suis pas sûr d’avoir la réponse. » Sur le sujet, la pensée du chef de l’État reste insondable à ce jour, mais il préfère inviter pour en parler les représentants des religions. De toute façon un président de la chose publique n’a pas à imposer son point de vue.

Il nous paraît aussi hallucinant que le gouvernement ménage d’emblée le corps des médecins gagnant leur vie par les soins palliatifs et l’acharnement thérapeutique au détriment des usagers, ceux qui en toute liberté estiment qu’on doit arrêter de les « aider » à survivre. Les députés et sénateurs devraient trancher en dernier ressort, mais adeptes de l’eau tiède et du conservatisme, on ne devrait aboutir qu’à des demi-mesures très loin d’une autorisation du suicide assisté.

Le Comité consultatif national d’éthique a parfaitement démontré au cours de son existence qu’en matière d’éthique tout est relatif car ses propositions sont variables dans le temps et même parfois contradictoires. En 2013, le CCNE avait estimé « dangereux pour la société que des médecins puissent participer à donner la mort ». Pour le CCNE en 2021, la question principale à régler est celle du libre arbitre de la personne qui souhaite mourir : comment lui permettre de prendre une décision de manière éclairée, sans être soumise à la pression médicale ?

L’association ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) joue son rôle de conseil dans évolution de la loi… depuis des années et des années !

Jean-Luc Godard qui a pratiqué pour lui-même le suicide assisté disait : « Je ne suis pas anxieux de poursuivre à toute force. Si je suis trop malade, je n’ai aucune envie d’être traîné dans une brouette. »

Dans ce maelstrom d’opinions diverses et souvent contradictoires, la Convention citoyenne sur la fin de vie était donc la meilleure façon de délibérer de façon démocratique et en toute transparence.

Jacques Commaille et Stéphanie Lacour : Les prises de parole ont illustré l’ambivalence des pouvoirs publics quant à ce dispositif de convention citoyenne. L’« Innovation démocratique majeure » ne doit pas « se substituer au débat démocratique », selon la première ministre. La présidente de l’Assemblée nationale, questionnée par des citoyens désireux de savoir si leurs travaux sur la fin de vie seraient réellement pris en compte, leur a rappelé qu’ils n’avaient pas « la légitimité de représenter le peuple », laquelle « se gagne par l’élection ». D’autres acteurs politiques expriment même du mépris à l’égard de cette expérience. Alors que les élites consacrées, médecins, juristes, experts, locuteurs officiels de l’éthique ou encore de la morale religieuse, philosophes… s’arrogent le monopole de la formulation de ce qui est socialement désirable, les membres de la convention citoyenne sur la fin de vie ont pourtant démontré que le débat démocratique pouvait être bien plus inclusif.

Le point de vue des écologistes démocrates

Un commentateur sur lemonde.fr reste dubitatif sur la légitimité de telles conventions pour des prises de décisions « directes » : « Comment sont sélectionnés les membres, comment sont-ils informés, etc. Le citoyen que je suis, préfère voter pour son représentant que d’être représenté par un inconnu dont je ne sais rien. »

Nous, nous avons à l’esprit la dernière séance au CESE, au cours de laquelle des citoyens représentatifs  ont lu le manifeste : « Nous sommes 184 citoyennes et citoyens tirés au sort, riches d’une diversité d’origines, d’expériences et d’opinions. Nos constats et nos propositions sont issus d’un exercice collectif et démocratique. Pendant 27 jours, nous avons croisé nos regards et confronté nos points de vue sur l’accompagnement de la fin de vie. Pour en comprendre les enjeux, nous avons aussi entendu et questionné près d’une soixantaine d’experts et de personnalités… Nos travaux achevés sont désormais les vôtres. Ils sont le fruit d’une délibération collective dont nous portons les conclusions au débat public. Concitoyennes, concitoyens, emparez-vous de cette question qui est un enjeu de société majeur. »

Nous retrouvons la même conclusion dans le rapport de 600 pages des 150 citoyen.e.s qui ont réfléchi durant neuf mois dans le cadre de la convention citoyenne pour le climat : « Citoyennes et citoyens de toutes origines et professions, nous sommes représentatifs de la société ; nous avons été sélectionnés par tirage au sort selon une génération aléatoire de numéros de téléphone, sans nous être portés volontaires préalablement. Nous ne sommes pas des experts, la convention citoyenne reconnaît la capacité des citoyens moyens de s’exprimer sur un sujet d’avenir majeur… Ce que nous avons vécu est une véritable prise de conscience de l’urgence climatique… La plupart d’entre nous n’auraient pu imaginer en acceptant de participer à cette convention qu’ils puissent préconiser des mesures qui peuvent sembler extrêmes. »

C’est l’expression renouvelée – par-delà des différences d’opinion et d’ancrages familiaux, sociaux, professionnels, d’appartenance à des cultures locales – d’un même engagement au profit du bien commun, exaltant ainsi les vertus d’une légitimité inscrite dans l’histoire française : celle de la délibération populaire. Si nos parlementaires suivaient de même un stage intensif de formation sur toutes les décisions qu’ils prennent, notre système deviendrait plus « représentatif » !

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

La volonté du peuple exprimée grâce au tirage au sort (2019)

les leçons à tirer de la Convention Climat (2020)

Parlement godillot et convention citoyenne (2020)

Tout savoir sur la Convention Citoyenne (2021)

Convention sur la fin de vie, le manifeste (2 avril 2023)

Madagascar, en route vers l’enfer

Si vous voulez faire du tourisme off shore, faites preuve d’une grande prudence à Madagascar en raison du taux de criminalité élevé et du risque d’instabilité politique. Même les manifestations qui se veulent pacifiques peuvent soudainement donner lieu à des actes de violence. Méfiez-vous des personnes qui se font passer pour des « guides ». Des bandes armées se livrent à des cambriolages de domicile et à des enlèvements, et opèrent dans des secteurs fréquentés par les étrangers. Des attaques se produisent sur les principales autoroutes. Les crimes sont courants. Etc, etc. Pourtant Madagascar était une île magnifique dotée de richesses naturelles immenses.

Mais le poids du nombre transforme cette île en enfer. Il y a quelque 1 200 ans, la population comptait seulement une trentaine de femmes. L’évolution démographique s’est accélérée de nos jours, 5 millions d’habitants en 1960, 10 millions en 1985, 20 millions en 2009, 26 millions en 2018, 52 millions possibles en 2040 puisque le taux de croissance démographique annuel est de 3,01 %. C’est invivable pour les touristes comme pour les Malgaches et c’est ingérable.

Ce n’est pas l’avis de la Banque mondiale qui s’interroge : «  Pourquoi la pauvreté persiste-t-elle et comment briser le cercle vicieux » ?

Selon la Banque mondiale, la persistance de la pauvreté à Madagascar est seulement le résultat de la stagnation de la croissance ! « Malgré une modeste reprise économique après la dernière crise politique de 2009-2013, le taux de croissance du PIB par habitant a été en moyenne légèrement supérieur à 0 % par an… Plus de 90 % de la population en âge de travailler reste engagée dans l’agriculture de subsistance et les services informels… La productivité agricole est faible… La création d’emplois dans l’industrie et les services à forte valeur ajoutée reste insuffisante… La pauvreté élevée est également le résultat d’une mauvaise gouvernance… ».

Absolument rien pour indiquer qu’une forte fécondité est aussi la cause d’un appauvrissement. De toute façon à Madagascar l’IVG, même pour des motifs thérapeutiques ou en cas de viol ou d’inceste, est interdit !!

Lire sur ce blog biosphere

Madagascar, un état de surpopulation

Un peu de mathématique pour conclure : Puisque le taux de croissance du PIB par habitant a été en moyenne de 0 %, sachant que le rythme d’accroissement actuel de la population est légèrement supérieur à 3 %, cela veut dire que si la population avait été stabilisée, le niveau de vie par habitant augmenterait de 3 %… cqfd.

Que faire ? Agir avec l’association Démographie Responsable

https://www.demographie-responsable.org/

Que lire ? Alerte surpopulation – Le combat de Démographie Responsable

https://livre.fnac.com/a17437174/Michel-Sourrouille-Alerte-surpopulation


La difficile gestion de l’immigration

La première ministre a annoncé le 26 avril que le projet de loi sur l’immigration ne serait finalement pas présenté dans l’immédiat, faute de majorité, repoussant à l’automne un hypothétique texte aux contours vagues. Dans le même temps la France intervient à Mayotte pour raser des bidonville et expulser les clandestins.

La situation en France métropolitaine : le gouvernement promet l’équilibre entre expulsions des étrangers qui menacent l’ordre public et meilleure intégration des sans-papiers… les propositions de LR sont radicales : « Plus aucun droit pour les clandestins, plus de prestations sociales dès le premier jour pour les réguliers », ou encore traiter « les demandes d’asile à la frontière ». D’où le recul de la première ministre : « Aujourd’hui, il n’existe pas de majorité pour voter un tel texte, comme j’ai pu le vérifier [mardi] en m’entretenant avec les responsables des Républicains  (et) ça n’est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays », comme en écho à la séquence des retraites où le soutien d’une partie des députés LR lui a fait défaut. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin plaide pourtant pour « un projet de loi fort »

Dubreuil10 : Résumons. Le président annonce une loi immigration, puis annonce qu’elle sera saucissonnée, avant d’annoncer que finalement elle sera présentée en une fois. Là-dessus, le premier ministre annonce qu’elle est reportée. Toujours des macronistes pour trouver de la cohérence ? Et non, je ne suis pas LFI, merci.

GCR : L’immigration est un vrai sujet difficile, douloureux mais nécessaire sinon l’extrême droite arrivera au pouvoir et montrera son vrai visage. Le courage manque aux hommes politiques depuis longtemps hélas et nous le paierons au prix fort.

B52 : Le mieux pour éviter l’extrême droite, c’est de faire sa politique !

Jef 974 : Comme s’y emploie la NUPES, il faut évidemment repousser l’échéance inévitable d’une loi sur l’immigration à des temps où, compte tenu du pouvoir alors en place, la dimension humaine aura disparu derrière l’ambition sécuritaire et le subtil derrière le martial. Une stratégie dont le nom, pourtant très classique, peine Anastasie.

Yves Lemay : Et si on demandait leur avis directement aux électeurs ? Mais c’est bien sûr une mauvaise question…

papyjack : L’immigration n’est pas un problème en soi, mais des idéologues démagogues en ont fait un problème et le monde politique bêle à l’unisson. Ceci étant à Mayotte il a bien une vraie question de l’immigration mais ce n’est pas en envoyant les bulldozers et les forces de l’ordre qu’on résoudra le problème. Les expulsés d’aujourd’hui seront les immigrants clandestins de demain. Il n’ y a qu’à les écouter pour le savoir. Les darminades n’y changeront rien.

Genissieu : Quand on constate en matière d’immigration incontrôlée le fiasco mahorais avec une France qui se fait rouler par l’Etat comorien, avide par ailleurs de subventions françaises.

Jean Rouergue : Le projet de loi de Darmanin va subir les forts contre-coups de son cirque à Mayotte qui se conclura immanquablement par un échec…un gros et fort échec….

Mayotte, l’opération « Wuambushu »

Antoine Albertini : Pas moins de 650 grenades lacrymogènes, 85 grenades de désencerclement, 60 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) : la CRS 8, d’après le bilan qu’elle a établi, n’a pas lésiné sur les moyens pour tenter de faire fuir « une centaine d’assaillants armés de machette », dimanche 23 avril, alors que cette unité, présentée comme le fer de lance des CRS nouvelle génération. Ces heurts ne sont qu’un prélude de violence à la vaste opération « Wuambushu » de lutte contre la délinquance et l’immigration illégale dans l’île voulue par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. Des effectifs du RAID ont également été mobilisés pour tenter d’interpeller les jeunes gens retranchés dans les collines avoisinant la localité de Tsoundzou. Sans succès.

Bergeist : Pour mieux comprendre, il faut rappeler que par 3 fois, les habitants de cette île ont voté pour rester français et ne pas rejoindre la toute nouvelle république des Comores. Ces referendum ont réuni plus de 90% des votes en faveur de la France. Le processus s’est achevé en 2009. Le changement de statut a été effectif en 2011.

travailleur du 93 : L’opération policière était ardemment demandée par les Mahorais, concitoyens noirs et musulmans, qui ont tout autant que nous droit à la sécurité . Si on en croit les élus locaux, la criminalité causée par les gangs de migrants illégaux avait atteint des proportions inouïes. Des établissements scolaires étaient envahis par des gangs qui agressaient et rackettaient les élèves mahorais. Leurs mères en avaient appelé aux autorités de la République, dont l’inaction était dénoncée par tous les Mahorais.

Jqy : Résolution 31/4 — adoptée par l’ONU le 21 octobre 1976 par 102 voix contre une seule (celle de la France) et 28 abstentions. « L’Assemblée générale, Rappelant que l’ensemble du peuple de la République des Comores, par le référendum du 22 décembre 1974, a exprimé à une écrasante majorité sa volonté d’accéder à l’indépendance dans l’unité politique et l’intégrité territoriale, Considérant que les référendums imposés aux habitants de l’île comorienne de Mayotte constituent une violation de la souveraineté de l’Etat comorien et de son intégrité territoriale, Considérant que l’occupation par la France de l’île comorienne de Mayotte constitue une atteinte flagrante à l’unité nationale de l’Etat comorien, Membre de l’Organisation des Nations Unies, 1. Condamne les référendums du 8 février et du 11 avril 1976 organisés dans l’île comorienne de Mayotte par le Gouvernement français et les considère comme nuls et non avenus, et rejette a) Toute autre forme de référendums ou consultations qui pourraient etc … » Dire autrement que cette résolution donne raison à la Russie dans ses occupations territoriales, avec référendums illégaux.

la question démographique

Fchloe : Pendant ce temps là, on continue la multiplication démographique aux Comores. J’avais un manœuvre qui avait 60 frères et sœurs. Et un autre dont l’objectif de vie était d’avoir une femme dans chaque village. C’était il y a 35 ans.

Fiat Lux : Autres chiffres à Mayotte. En 2002 , il y avait 160 000 habitants. En 2017, 256 500 personnes vivent à Mayotte. Selon un Rapport de la Cour des comptes, juin 2022, « la population de l’île serait plutôt de 350 000, voire 400 000 habitants »Depuis 2012, la croissance de la population est particulièrement dynamique (+ 3,8 % par an en moyenne). En 2021, avec 4,6 enfants par femme, la fécondité à Mayotte augmente et dépasse toujours largement la moyenne métropolitaine. » ). Surface 374 km2 => densité: ±1000 h/km2 (F métropolitaine: 120). Un habitant sur 2 est étranger. Taux d’emploi : 30% (France 2022: 74%).

Furusato : Les facteurs submergeant sont trop nombreux surtout dans un contexte où le droit de l’hommisme facilite le chaos. L’opération sera menée très difficilement : dans le meilleur des cas elle aura un effet tout temporaire. Il s’agit d’un morceau d’Afrique qui s’accroche avec sa démographie ronflante à l’Etat-Providence français : il faut renier le colonialisme coûteux ..Il faut se retirer de ce confetti sans intérêt et délétère. Penser le Nombre submergeant ne semble pas être à la portée de nos dirigeants.

D. Galeterne : Il est à peu près certain que tel que c’est parti, un drame ne va pas tarder. Et que les rodomontades agressives du ministre de l’interdit vont trouver leur miroir « en face » avec à la clé des bris de verre et des vies brisées.

bon et maintenant : il faut construire massivement des HLM sur cette île, régulariser tout les sans papiers, accorder le rsa cmu à tous, réquisitionner du personnel médical en France et l’envoyer à Mamoudzou…voilà la solution !

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

Réguler l’immigration, est-ce du racisme ? (mars 2023)

Démographie et immigration, 2 sujets tabous (janvier 2023)

Que faire pour limiter les flux d’immigration/émigration (avril 2016)

Néo-malthusianisme contre écofascisme

Nous pensons sur ce blog biosphere qu’il faut débattre avec TOUS les dogmatiques, même si les convaincre se révèle être une tâche de Sisyphe. Car il s’agit là pour nous du cœur de la démocratie, faire découler nos décisions d’une délibération collective englobant tous les membres d’une communauté donnée, même les plus réactionnaires. Si ça ne marche pas, cela ne sera pas faute de ne pas avoir essayé.

Nous donnons aujourd’hui la parole à Pierre Madelin pour faire le tri entre les fachos fréquentables… ou non. Celui-ci dans son dernier livre, «  la tentation écofasciste (écologie et extrême droite) », fait le point sur la différence entre néo-malthusianisme et néofascisme alors qu’une assimilation entre les deux est systématiquement avancée par une grande partie de ceux qui se disent écosocialistes.

Pierre Madelin : Garett Hardin[1] affirme que l’humanité habitant désormais un monde clos, aux ressources matérielles et alimentaires limitées, les problèmes posés par la surpopulation ne pourront pas être durablement réglés par la recherche agronomique, l’exploitation des océans ou le développement technologique. Cette inversion radicale du rapport à la technologie et au futur s’est accompagnée d’un revirement total sur la question de la contraception. Alors que Malthus s’y opposait, celle-ci devient un élément phare des politiques publiques défendues par les néo-malthusiens. William Vogt soutenait ainsi qu’il fallait conditionner l’aide internationale au contrôle des naissances et rétribuer les stérilisations volontaires. Puis ce fut au tour d’Ehrlich de se prononcer en faveur de l’émancipation des femmes et du contrôle des naissances, avant que Garett Hardin ne multiplie les interventions en faveur de l’avortement.  

Dès les années 1950, les néo-malthusiens ont donc joué un rôle important dans la défense des droits reproductifs – par exemple le droit à l’avortement – et dans la promotion des techniques contraceptives comme la pilule ou le DIU. Ainsi Margaret Sanger, Katherine McCormick, Gregory Pincus et John Rock, quatre personnes ayant joué un rôle central dans le développement des premières pilules, étaient également profondément préoccupées par la croissance démographique. Aussi n’est-il pas surprenant qu’il ait existé dans les années 1960 une alliance significative et largement oubliée aujourd’hui entre féministes et néo-malthusiens. Ces derniers furent nombreux à en appeler à une refondation des rôles sociaux dévolus aux femmes, afin que celles-ci ne soient plus cantonnées à leur « vocation »  maternelle.

Mais dans les années 1970, les relations entre féministes et néo-malthusiens se distendent quelque peu. Plus que le simple accès à la contraception, les féministes revendiquent désormais l’autonomie reproductive et réalisent que celle-ci pourrait être menacée par des politiques de contrôle des naissances, dont la vocation ne serait certes plus d’assigner les femmes à leur « fonction » reproductrice, mais d’entraver celle-ci au nom de la protection de l’environnement, qui deviendrait alors un nouvel argument pour nier leur liberté. « Lorsque l’on se demande comment réduire la population à un milliard », peut-on lire dans un texte de l’organisation Women Against Genocide, « ce ne sont pas les riches et les puissants qui s’en iront, mais les pauvres, les noirs et les personnes de couleur, sans parler des femmes qui seront manipulées, stérilisées, empoisonnées chimiquement et assassinées »[2].

Cette critique est-elle justifiée ? Oui et non. Car lorsque elles évoquent les mesures à prendre pour mettre en place des politiques de contrôle des naissances et de décroissance démographique, les grandes figures du néo-malthusianisme diffèrent. Et chez un même auteur, des positions contradictoires et des évolutions notables peuvent apparaître au fil du temps, notamment sur les questions relatives aux classes sociales, au genre et à la « race ». Ainsi Ehrlich, fondateur dès 1968 de l’association Zero Population Growth (ZPG), dont l’objectif est de stabiliser la population américaine, est-il ambigu en ce qui concerne les options coercitives. S’il y est opposé aux États-Unis[3], où il « promeut des méthodes de restriction volontaire de la fertilité (contraception, stérilisation choisie), via la sensibilisation de public et le lobbying politique »[4], il y est en revanche plutôt favorable au niveau international, préconisant même dans certains textes des stérilisations forcées et une aide alimentaire proportionnée aux efforts des pays destinataires en matière de contrôle des naissances.

Quid du racisme, dont le néo-malthusianisme a si souvent été accusé, à tel point que les deux termes se recoupent dans l’esprit de nombreuses personnes ? Dans ce qui reste sans doute à ce jour le meilleur ouvrage consacré à l’histoire de la pensée néomalthusienne aux États-Unis, The Malthusian Moment, auquel ce chapitre doit d’ailleurs beaucoup, l’historien Thomas Robertson a bien montré à quel point il serait simpliste et injuste de réduire Ehrlich à un idéologue raciste. Déjà Fairfield Osborn, néo-malthusien des années 1950 et auteur du best-seller La planète au pillage[5], avait défendu avec force l’universalité du genre humain, affirmant notamment que « nous sommes tous frères sous la peau » (« we are all brothers under the skin »[6]). William Vogt, profondément affecté par la misère qu’il avait eu l’occasion d’observer pendant la seconde guerre mondiale en Amérique latine alors qu’il y travaillait, souhaitait que les ressources des pays les plus riches soient utilisées pour aider les peuples moins dotés.

Mais c’est bien Paul Ehrlich, qui défendit lui aussi la nécessité de mettre en place des politiques de redistribution entre le nord et le sud[7], qui alla le plus loin dans ce domaine, s’engageant précocement en faveur du mouvement des droits civiques aux États-Unis, et s’opposant vigoureusement au racisme persistant dans les sciences naturelles et notamment en biologie. Preuve de la longévité de cet engagement, il s’attaqua en 1977 aux positions du prix Nobel William Shockley lorsque celui-ci suggéra que les différences raciales pouvaient être un facteur explicatif de l’intelligence des individus. Et lorsque ses appels au contrôle des naissances furent critiqués par des groupes afro-américains, qui jugeaient insuffisant son anti-racisme universaliste et estimaient que dans une société profondément raciste[8], toute politique démographique comporterait nécessairement des biais racistes, Ehrlich fit preuve d’une remarquable réactivité :

« Le contrôle de la population peut être perçu comme un complot ourdi par des blancs riches pour supprimer les personnes ‘racisées’ du monde. Et malheureusement, dans l’esprit de certains membres de notre société blanche et raciste, c’est effectivement ainsi qu’elle est envisagée »[9]. A l’encontre de positions qu’il avait pu tenir quelques années plus tôt, il ajouta que la plus grande menace pesant sur la survie humaine n’était pas la croissance démographique des populations du tiers-monde mais celle des américains eux-mêmes, « consommateurs et pollueurs par excellence » . Ehrlich ajoute : « Le bébé américain moyen, écrit Ehrlich, a davantage d’impact sur les systèmes vivants de notre planète que de douzaines d’enfants indiens et latino-américains »[10]. Anticipant la critique du racisme environnemental, il remarqua également que « les groupes minoritaires – les noirs, les chicanos – ne sont pas, en général, à l’origine de la pollution, et qu’ils sont au contraire les premiers à souffrir de celle qui est produite par les blancs »[11].

S’il m’a semblé important de revenir ici sur la complexité des positions néomalthusiennes sur la question raciale, c’est pour souligner que le néo-malthusianisme ne se confond pas nécessairement avec des écologies politiques identitaires, nationalistes ou anti-immigrationnistes. Trop souvent aujourd’hui, les recherches ou les articles consacrés à l’éco-fascisme ont tendance à assimiler deux sensibilités qui se sont souvent rencontrées mais qui demeurent pourtant irréductibles l’une à l’autre. Pour le dire simplement, si les éco-fascismes attirent presque toujours l’attention sur la surpopulation, les néo-malthusiens ou les écologistes sensibles à la question démographique ne sont en revanche pas tous, loin s’en faut, disposés à adopter une conception racialisée des populations considérées comme « surnuméraires », ni à prôner des mesures autoritaires pour réduire la population mondiale. Il ne faut pas perdre de vue que le constat inquiet d’un monde plein et même trop-plein a été largement partagé dans l’écologie politique des années 1970, y compris au sein de ses courants les plus anti-autoritaires et les moins enclins au racisme et au rejet de l’immigration.

Ainsi, en Norvège, le fondateur et principal théoricien de l’écologie profonde – et ancien résistant au nazisme, sans doute est-il opportun de le rappeler ici -, Arne Naess, a placé la décroissance démographique au cœur de la plateforme de son mouvement : «L’épanouissement de la vie et des cultures humaines, écrit-il, est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution »[12]. En France, dans les années 1970 (très exactement le 2 septembre 1974), André Gorz, un auteur que l’on a pas vraiment coutume d’associer à des positions nationalistes ou racistes, écrit dans le Nouvel Observateur un article au titre inquiet, « Douze milliard d’hommes ? » et prône une relance des campagnes antinatalistes dans les pays du Sud. Peu après, Françoise d’Eaubonne, pionnière de l’éco-féminisme, dénonce vigoureusement le « lapinisme phallocratique » et ses effets dévastateurs sur la planète.  

source : Revue de critique communiste (21 avril 2023)

Notes

[1] Garett Hardin, La tragédie des communs. Paris, PUF, 2018.

[2] Cité par Thomas Robertson, The Malthusian Moment, opus cité, p. 193.

[3] Il envisagea néanmoins d’y placer des contraceptifs chimiques dans le réseau d’eau potable avant d’admettre que ce n’était pas envisageable !

[4] F. Locher, « Les pâturages de la guerre froide », opus cité, p. 27.  

[5]Fairfield Osborn, La planète au pillage. Arles, Actes Sud, 2008.

[6]Cité par T. Robertson, The Malthusian Moment, opus cité, p. 55.

[7] Paul R. Ehrlich, Loy Bilderback, Anne H. Ehrlich, Golden door : international migration, Mexico and the United States. New York, Wideview Books, 1981.

[8] Des groupes afro-américains craignent même que ce contrôle ne soit exercé pour entraver la croissance démographique de leurs communautés et pour neutraliser ainsi la menace politique qu’elles représentent dans un contexte où les émeutes sont nombreuses. Certains vont même jusqu’à évoquer un « génocide des noirs ».

[9]Cité par T. Robertson, The Malthusian Moment, opus cité, p. 173.

[10]Ibid., p. 173.

[11]Ibid., p. 174.

[12] https://biosphere.ouvaton.org/reperes/592-ecologie-profonde.

Normal de ne pas vouloir d’enfant

Trouvé dans Marianne n° 1358 (23 au 29 mars 2023) sous le titre « Pour sauver le climat… faire ou ne pas faire de gosses ? », ces expressions qui ne peuvent que réjouir tous les partisans d’une Démographie Responsable :

Emmanuel Pont : entre 40 % et 65 % des jeunes, selon les enquêtes, s‘interrogent sur la pertinence d’avoir des enfant en cette période de crise écologique.

Zoë Dubus et Yvonne Knibiehler, qui étudient dans leur livre les childfree : Les questions de l’écologie, de la surpopulation, d’un avenir perçu comme anxiogène, de la société dans laquelle l’enfant naîtrait sont des problèmes relevés chez une personne sur deux.

Un homme de 30 ans : L’arrivée imminente de la pénurie de nos ressources naturelles vitales due à notre surpopulation, la surconsommation et le réchauffement climatique sont autant de calamités qui font que je ne souhaite pas l’imposer à mes potentiels enfants.

Une femme de 22 ans : le réchauffement climatique, une société inégalitaire et la surpopulation me bloquent dans un éventuel projet de maternité.

Une autre  : Faire un enfant aujourd’hui est tout simplement un acte égoïste.

Maël Ginsburger : Si les effets d’échelle permettent de limiter la hausse de consommation liée à l’accroissement de la taille du ménage, la tendance à la croissance de l’empreinte environnementale avec la taille du ménage est un fait statistiquement établi.

L’article d’Éléonore de Vulpillières se conclut ainsi : « Difficile dont d’affirmer que faire des enfants et bon pour le climat. Une chose est néanmoins sûre : avoir une descendance aide souvent à mieux prendre la mesure des enjeux pour le futur.

Que faire ? Agir avec l’association Démographie Responsable

https://www.demographie-responsable.org/

Que lire ? Alerte surpopulation – Le combat de Démographie Responsable

https://www.edilivre.com/alerte-surpopulation-michel-sourrouille.html/

à commander

https://livre.fnac.com/a17437174/Michel-Sourrouille-Alerte-surpopulation

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

Ginks, pourquoi ne pas avoir d’enfants ? (septembre 2022)

« Mal de mères », le tabou du regret maternel (janvier 2022)

Aimer les enfants, c’est ne pas en avoir (novembre 2021)

Questions/réponses sur le « désir d’enfant » (juillet 2021)

Refus d’enfanter pour préserver la planète (juillet 2021)

CLIMAT, arrêtons de faire trop de gosses (septembre 2020)

Gisèle Halimi, maternité n’est pas obligée (août 2020)

Faut pas rêver de devenir maman ! (octobre 2019)

Nullipares, childfree, les personnes sans enfants (février 2018)

Féminisme, sensibilité écologique et refus de maternité (décembre 2016)

No kid, ces femmes qui ne veulent pas avoir d’enfant (juillet 2014)

oui à la nulliparité (avril 2008)

Malthusien, ni droite, ni gauche, ni extrême

ll est stupéfiant de constater qu’une fraction infime de l’Extrême droite rejoint les thèses malthusiennes et même la philosophie de l’écologie profonde alors qu’une immense majorité de l’Extrême gauche rejette complètement toute mention de la surpopulation… Même les écologistes institutionnels ne veulent pas entendre parler de Malthus, même les décroissants du mensuel de Vincent Cheynet. Le débat sur les affinités (ou non) des malthusiens avec un positionnement politicien est certes intéressant, mais il faudrait un très gros livre pour en tirer (peut-être) une conclusion… provisoire !

Prenons l’exemple de l’Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne et considéré comme un cercle de réflexion très à droite. Il a organisé le 15 avril 2023 sur toute la journée un colloque, Face au déclin anthropologique, vivre en Européen, qui comportait 12 thématiques, dont « Démographie : le piège du nombre ».

Il est intéressant qu’une branche de la droite s’inquiète de la surpopulation humaine car le Rassemblement National de Marine Le Pen et Reconquête d’Éric Zemmour sont au contraire profondément natalistes. Les étiquettes « d’extrême droite » mises par des gens de gauche sur certaines idées ne servent souvent qu’à empêcher le débat et à discréditer ceux qui ne sont pas dans la ligne de pensée imposée par une gauche écolo qui se dit bien-pensante… Il faut encourager ceux qui sont conscients des ravages de la surpopulation,  qu’ils soient de gauche, de droite ou d’écologie politique !

 Le piège malthusien ou piège démographique est une condition selon laquelle l’excédent de population cesserait de croître en raison d’une pénurie de nourriture conduisant à la famine. L’intervenant, Fabien Niezgoda, est un ancien des Verts. il les quitta en 1994 lorsque le parti s’associa officiellement à la gauche. Il est devenu un cadre dirigeant du MEI, (mouvement écologiste indépendant), candidat écolo aux législatives de 2012. Il a dirigé le dossier d’Éléments n° 184, Surpopulation : le trop-plein

Nous avons déjà présenté ses idées sur ce blog biosphere :

Surpopulation, idée politiquement inclassable

Fabien Neizgoda est avant tout professeur agrégé d’histoire-géographie. Cela se voit dans le choix des citations de Niezgoda tirées du livre « le Sens de l’Écologie Politique » (2017) dont il est co-auteur avec Antoine Waechter. Il apparaît plus proche des idées d’Arne Naess en matière d’écologie profonde que des slogans de l’extrême droite.

– « Ce n’est pas simplement en voulant optimiser nos relations avec notre habitat (par une gestion durable des écosystèmes) que nous nous sauverons. C’est aussi en posant des limites à notre emprise, en respectant l’espace du sauvage pour ce qu’il est, en posant un regard gratuit et, en un sens, fraternel sur le loup, le lynx et l’ours des Pyrénées, sur le sanglier et le crapaud accoucheur, sur la chouette de tengmalm et l’azuré des paluds. Ainsi seulement, nous approcherons peut-être, un peu mieux, ce que nous sommes et la signification de notre appartenance au monde. Méditons les vers d’Hölderlin : “C’est en poète que l’homme habite sur cette terre.” »

– « N’aborder la nature que dans le rapport utilitaire que l’homme peut entretenir avec elle est pourtant très problématique, y compris pour l’homme lui-même, comme j’ai cherché à le montrer précédemment en m’appuyant sur la philosophie de Heidegger. Quoi qu’il en soit, entrer dans la logique comptable de l’intérêt et ne pas accorder à la nature une valeur intrinsèque, c’est risquer de la voir passer par pertes et profits. L’évaluation de l’avantage résultant de la préservation d’un espace naturel peut très bien estimer cet avantage inférieur à celui d’une exploitation à court terme ou d’une destruction pure et simple. »

La présentation du colloque de l’Institut ILIADE est intéressante à connaître, Niezgoda apparaît comme « décalé » !

L’extension du règne de la technique et les errements d’un modèle économique et social, fondés sur le mythe du progrès indéfini et de la croissance illimitée, menacent notre civilisation. Pour autant, ce déclin n’est pas une fatalité. L’Institut Iliade s’attaque donc à un enjeu de fond majeur à l’occasion de son Xe colloque. Les nations occidentales sont aujourd’hui au bord d’un véritable effondrement anthropologique. Le déclin démographique, la baisse des capacités cognitives reflétée par la chute du quotient intellectuel, la multiplication des pathologies provoquées par l’artificialisation des modes de vie, l’incapacité à affronter des situations conflictuelles ainsi que la multiplication des troubles de l’identité sexuelle constituent les symptômes les plus évidents de cette inquiétante évolution.

Les causes de ce processus sont multiples : contre-sélection générée par le malthusianisme des élites et la fécondité des couches les moins éduquées de la population, issues en grande partie de l’immigration extra-européenne ; conséquences néfastes de l’utilisation massive et précoce des écrans sur le développement cérébral des enfants ; effondrement de l’enseignement ; conditionnement des esprits par des idéologies subversives qui prétendent empêcher les peuples d’Europe de fonder leur avenir sur l’héritage d’une culture partagée ; rupture de plus en plus nette avec les réalités naturelles ; dégradation générale de l’environnement et de l’alimentation. À ces périls s’ajoutent les délires des apprentis-sorciers qui rêvent de « transformer » l’espèce humaine en l’affranchissant de tout conditionnement biologique.

L’Occident menace de périr asphyxié par les conséquences non maîtrisées de l’extension du règne de la technique et par les errements de son modèle économique et social, fondé sur le mythe du progrès indéfini et de la croissance illimitée. De manière paradoxale, cette situation pourrait conduire à l’avènement d’une véritable « idiocratie », privant les Européens des moyens de préserver leur inventivité scientifique et leur prospérité, et d’affirmer leur puissance dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources énergétiques.

Cependant, ce déclin civilisationnel n’est pas une fatalité. Les jeunes Européens doivent se préparer à vivre des temps troublés, qu’ils devront aborder avec des corps, des âmes et des esprits trempés. Face à l’avachissement général, il convient de réaffirmer l’idéal de l’homme « complet », refusant la paresse intellectuelle et physique. Il s’agit d’assurer la transmission de notre vision du monde contre tous les ressentiments délétères. Il importe surtout de restaurer au sein de la Cité un ethos commun, qui permette de fonder l’existence sur le socle des réalités naturelles, tout en exprimant la vocation de nos peuples à cultiver l’excellence, en vue de façonner librement leur espace géopolitique.