Nous boirons du pétrole jusqu’à la lie

Nous allons boire le pétrole jusqu’à la dernière goutte, manger les forêts et vider les océans. Nos générations futures auront en échange le réchauffement climatique, l’absence de ressources fossiles, une terre soumise à la désertification et beaucoup trop d’armes dont ils se serviront à foison. Une évaluation menée par la Global Alliance for the Future of Food (GAFF) chiffre pour la première fois la forte dépendance des systèmes alimentaires aux combustibles fossiles. La transition de l’agriculture ne pourra se passer d’une réflexion sur sa dépendance aux combustibles fossiles.

Mathilde Gérard : « L’alimentation représente au moins 15 % de la demande globale d’énergies fossiles. La sortie des énergies fossiles ne sera pas possible sans une transition des systèmes alimentaires, qui représentent plus d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre. La dépendance aux énergies fossiles est manifeste tout au long de la chaîne alimentaire. Les étapes les plus consommatrices en énergies fossiles sont celles de la transformation et du conditionnement (42 %), suivies par la distribution et le gaspillage alimentaire (38 %). En vingt ans, la distance parcourue par notre alimentation s’est rallongée de 25 %, augmentant les émissions de gaz à effet de serre liées au transport. Nos régimes ont aussi évolué vers une consommation accrue de produits transformés, emballés et industrialisés. Mais l’étape qui inquiète le plus la GAFF est celle de la production en tant que telle, notamment d’intrants, qui représente 20 % de la consommation agricole d’énergies fossiles. Il y a une forte expansion de la pétrochimie pour la fabrication d’intrants pour l’alimentation (plastique et emballage) et la production d’engrais.

Les plus grandes entreprises de la pétrochimie, du plastique et de l’agrochimie sont concentrées au sein des mêmes multinationales, notamment China Petroleum & Chemical Corp, TotalEnergies et ExxonMobil. Alors que la demande alimentaire devrait continuer de grimper pour nourrir une population mondiale en hausse, c’est toute la gouvernance de l’alimentation qui a besoin de sobriété partagée.« 

Le point de vue des écologistes conscients

Michel SOURROUILLE : Alors que les rendements à l’hectare ont constamment augmenté, il est paradoxal de constater que l’agriculture affiche un bilan énergétique global négatif : elle consomme désormais beaucoup plus d’énergie fossile non renouvelable qu’elle ne crée de calories. Si on intègre la transformation agro-alimentaire et le transport des produits agricoles, le bilan est encore plus négatif. L’agriculture traditionnelle, basée sur l’énergie solaire par assimilation chlorophyllienne, était la seule à donner plus qu’elle ne coûte en énergie.Ajoutons que se préoccuper des ressources alimentaires sans se préoccuper de l’expansion démographique, c’est ne percevoir que la moitié du problème.

Tomentosum : Mettre en chiffres l’évidence et le bon sens.… mais il faudrait aller dans les supermarchés pour l’expliquer au communs des mortels.

Jean Kaweskars : Le lundi, ce sont les transports qui représentent 20% des GES. Le mardi, c’est l’habitat qui représente 25% des GES. Le mercredi, c’est la santé qui représente 15% des GES. Le jeudi, c’est l’alimentation qui représente 15% des GES. Le vendredi, c’est l’industrie qui représente 15% des GES. Le samedi , c’est le secteur des services qui représente 15% des GES. Le dimanche, ce sont les loisirs qui représentent 5% des GES. A la fin de la semaine, LE MONDE n’a fait que du catastrophisme

JDL : Il manque une hiérarchisation des possibles : tout autant que la consommation de viande, limiter les transports intercontinentaux (ananas, avocats…). Il y a un siècle les oranges étaient un cadeau pour Noël : la sobriété c’est aussi cela.

pierre guillemot : Avant les engrais chimiques et les camions, les bateaux sur les canaux de Tianjin (c’est en Chine du Nord) transportaient les légumes vers la ville le matin, et les baquets sortis des toilettes publiques le soir vers la campagne. C’était poétique et écologique, Paul Claudel en parle dans « Connaissance de l’Est ». Les toilettes publiques étaient des entreprises privées, assez rentables pour que les usagers ne paient rien et aient du papier de qualité aux armes de la maison. D’autres faisaient le tour des familles dans les quartiers résidentiels. La merde de riches, plus azotée, se vendait plus cher. À la campagne, les familles ne laissaient rien perdre. C’est comme ça que la Chine impériale était prospère et peuplée. Au lieu de ça, la ville moderne a les égouts et les stations d’épuration, où on détruit à grands frais l’équivalent de ce que les usines d’engrais fabriquent avec du pétrole.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Tout savoir sur une agriculture durable

extraits : Marc Dufumier en 2012 : « L’agriculture biologique sait aussi recycler dans les couches arables les éléments minéraux libérés par l’altération des roches mères en sous-sol. Savante, mais artisanale, elle exige davantage de travail à l’hectare ; c’est donc une forme d’agriculture intensive en emplois .Par contre l’agriculture industrielle ne fournit que très peu de travail à l’unité de surface. Les systèmes de production exagérément spécialisés ne sont pas durables.La seule issue pour nourrir correctement l’humanité entière est de faire en sorte que prédominent des unités de production agricole familiales… » …

L’agriculture biologique est bien la plus performante

extraits : Le calcul des rendements est faussé car il ne considère pas tous les éléments du rapport productif. Pour avoir une vision complète du rendement à l’hectare, il faudrait mettre en comparaison le nombre de calories des végétaux produits sur une superficie donnée et tous les facteurs de production qu’on peut transformer en calories : le tracteur, les engrais, les pesticides, l’irrigation, etc. En terme imagé, nous mangeons du pétrole. Le résultat de ce rendement « généralisé », c’est que l’agriculture biologique (traditionnelle) est dans presque tous les cas bien plus performante que l’agriculture conventionnelle (productiviste)…

Les illusions de la productivité agricole

extraits : Pour calculer un indice statistique globalisé du rendement, il faut faire le rapport production/intrants : combien de calories ont été utilisées pour produire, combien de calories délivrent les champs cultivés. Précisons. Une étude réalisée aux Etats-Unis montrait que l’énergie consommée par l’ensemble de la chaîne alimentaire, compte tenu du processus de transformation et de la distance parcourue par les produits agricoles, représente 10 fois l’énergie restituée sous forme de calories utilisées pour l’alimentation humaine. Et encore, nous n’avons pas développé sur la détérioration des sols et du climat par l’agriculture productiviste ! Quand l’appareil agro-industriel affiche un bilan énergétique négatif, on ne peut même plus parler de rendements décroissants, mais de fuite en avant…

Prix Nobel de la paix 2020 à l’agriculture

extraits : « La baisse de la fécondité reste le meilleur vaccin contre le chaos ». C’est pourquoi nous décernons la prix Nobel de la paix à toutes les associations qui œuvrent dans le monde pour une réduction maîtrisée de la population humaine. Malheureusement le comité Nobel a une autre conception que la nôtre, « La nourriture reste le meilleur vaccin contre le chaos ». Car en distinguant le Programme alimentaire mondial pour alerter sur l’urgence de la faim dans le monde, on ne fait qu’accroître les problèmes. Il y a une course sans fin, bien analysée par le révérend Malthus, entre population (à croissance exponentielle) et agriculture nourricière (soumise à la loi des rendements décroissants)…

9 réflexions sur “Nous boirons du pétrole jusqu’à la lie”

  1. Comparer L’énergie du pétrole utilisé pour la production agricole et l’énergie produite n’a aucun intérêt pour les gouvernants. L’important, c’est la production de ce qui est nécessaire à la population mais bien plus à l’économie nationale.
    La France était la première dans l’industrie agro-alimentaire, aujourd’hui, il vaut mieux importer car certaines denrées sont moins chères à l’étranger.
    Donc effectivement, tant que le pétrole sera là, et à un prix compétitif, il sera utilisé. Le rassurant pour la France, c’est que le jour où le pétrole ne sera plus vraiment compétitif, les terres agricoles et la météorologie seront toujours là pour notre survie. Mais nous serons rentrés en survie. Pas nous mais nos descendants. 🥲

  2. Par exemple ce bilan énergétique global négatif dont parle Michel Sourrouille. Produire localement des tonnes et des tonnes de maïs pour l’export, du maïs pour engraisser des bœufs à l’autre bout de la planète, dont la viande va être ensuite distribuée aux quatre coins du monde… c’est vrai que les Shadocks n’auraient pas mieux fait.
    Autre exemple, l’Ukraine est dit-ON… « le grenier de l’Europe ». C’est vrai qu’en France le blé pousse mal, et que le maïs pousse mieux. N’importe quoi ! Que les 8 milliards de terriens dépendent de quelques pays pour se nourrir est une aberration. Que leur survie dépende des cours de la Bourse (des «lois» du sacro-saint Marché) en est une autre. etc. etc. etc. !!!!
    Lire le commentaire de pierre guillemot. Cette histoire de merde sur les canaux de Tianjin devrait nous donner des idées. Et pourquoi pas le sourire…. 🙂

  3. Si elles n’ont plus la moindre goutte de Pétrole, pour jouer et déconner avec… je ne vois pas ce que les générations futures pourraient faire de si terrible avec tous ces Leclerc, Caesar et autres Rafale incapables de bouger.
    Ah mais oui c’est vrai j’oubliais… qu’ON pouvait transformer le charbon en pétrole.
    Du pétrole pour faire voler les Rafale et canonner les Leclerc, entre autres.
    Et justement du charbon c’est pas ça qui manque, pour des siècles et des siècles amen.

    Lire le commentaire de Jean Kaweskars. Je vais donc me répéter, moi aussi, le catastrophisme et le pessimisme ne risquent certainement pas d’améliorer la situation. Au contraire ils ne peuvent qu’en rajouter à l’aquoibonisme et au je-m’en-foutisme. Et donc à réchauffer encore plus le climat et le Climat (les esprits).

  4. Et oui la pétrole dope la production alimentaire de la même façon qu’on puisse gonfler un ballon avec de l’hélium ! Mais le jour où les quantités de pétrole vont diminuer de manière conséquente, alors au même titre que la ballon d’hélium va se dégonfler comme une baudruche, alors la production alimentaire va chuter de manière drastique, puis les famines vont se propager partout sur le globe… Comme dit dans l’article, c’est comme si on mangeait du pétrole, mais aussi du charbon du gaz et de l’uranium qui n’ont pas encore été pris en compte sur les chaînes de production alimentaire dans bien des pays, puisqu’ils convertissent ces énergies en électricité afin de mettre en boîte de conserve ou en surgelé les aliments ! Il est évident que la planète Terre est en surpopulation, puisque nous sommes de plus en plus nombreux à convoiter toutes les ressources qui se tarissent

    1. Que tous les secteurs économiques carburent au Pétrole, comme ici l’agriculture (tracteurs etc.) et derrière l’industrie agroalimentaire (usines etc.), les transports (camions, avions etc.) pour trimbaler toute cette bouffe etc. c’est bon il y a longtemps que tout le monde l’a compris. Essayons alors de passer à autre chose.
      Répéter que ce sera affreux, terrible, ingérable et patati et patata le jour où il n’y en aura plus, de merde du diable, ne nous avance finalement à rien. Si ce n’est à ce que j’ai redis précédemment.
      En attendant… ce qu’on peut dire et répéter, c’est que le Système est une aberration.
      Un égarement de l’esprit. Et de tous les côtés. Pour le dire, dénoncer cette folie, quoi de mieux que l’humour (l’ironie et la moquerie) au service de la pédagogie ?
      ( à suivre ).

      1. Didier BARTHES

        En effet Michel C, mon commentaire approbateur s’adressait à BGA 80, il se trouve que par hasard nous avons écrit presque ensemble vous et moi Michel C, d’où la confusion, je ne vous soupçonne pas de l’avoir fait exprès, mais c’est tombé comme ça.

      1. Si vous êtes d’accord avec moi sur toute la ligne, notamment la dernière, alors bienvenue au Club mon cher Didier. Pour agir, adhérez au Parti d’en Rire !

        1. Le message de Didier était dédié à mon commentaire, vous avez juste intercalé votre commentaire entre deux pour faire croire que c’était pour le votre ! Vraiment n’importe quoi dans le genre fourbe !

Les commentaires sont fermés.