spiritualités

Notre cerveau, une chance et une malédiction

Quand on se penche sur la cervelle, cette matière grise si complexe sous ses apparences trompeuses, on voit qu’elle n’a ni couleur ni race. Notre cerveau est un facteur commun à tous, il suit les mêmes lois, il oblige à dépasser le racisme. Le cerveau ne représente que 2 % de notre masse corporelle mais il est vorace : il consomme à lui seul près de 20 % de notre énergie. Et ce sont 100 milliards de cellules nerveuses qui l’utilisent, chacune établissant avec les autres neurones environ 10 000 contacts synaptiques.. Grâce à un réseau câblé très précis, elles communiquent entre elles par des signaux électriques qui permettent au corps de bouger, de ressentir, de penser. Un centimètre cube de cortex prélevé au hasard contient 500 millions de synapses et on prête ainsi à la mémoire du cortex une capacité de dix millions de milliards de bits, un chiffre bien supérieur à celui du plus puissant des ordinateurs.

Une vrai bénédiction car cette complexité nous a permis d’aller sous l’eau, de s’envoyer en l’air et même de se piquer de philosophie. Une malédiction quand on voit le niveau de réflexion chez des personnes comme Trump, les négationnistes du climat, les anti-malthusiens, les croyants de toutes obédiences, sans oublier toutes les personnes pour qui réfléchir passe par son écran portatif. Nous ne sommes cérébralement que les aboutissants d’une socialisation primaire trop souvent défaillante et d’une spécialisation sélective sur ce qui correspond seulement à nos préjugés. Le cerveau est certes un monde qui protège du monde en le ramenant à l’essentiel pour soi, mais cela signifie trop souvent en rester à un minimum de pensée.

Voici quelques précision à connaître

Nos souvenirs sont rares avant trois ans et inexistants avant deux ans, c’est ce qu’on appelle l’amnésie infantile. Toute ma prime enfance, je ne peux que la reconstruire, et pourtant mon présent d’adulte est déjà en germe dans ma vie de nouveau-né. Ce ne sont pas les gènes qui régentent l’univers synaptique du cerveau humain, c’est une forte poussée frontale qui a poussé le bébé vers la construction autonome de son cortex cognitif et affectif : les gènes délimitent seulement la multiplication des neurones et c’est la confrontation avec l’environnement qui va donner sa densité à nos capacités cérébrales. Le programme génétique ne fixe pas notre destin, notre plasticité cérébrale laisse la plus grande part aux impressions laissées par le milieu socioculturel. Le cerveau humain est unique en ce sens qu’il est le seul contenant dont on puisse dire que plus on le remplit, plus grand est sa contenance.

Les gènes humains sont le moyen de notre liberté plus que notre limite, ils desserrent l’étau des comportements innés auxquels sont si étroitement assujettis les autres animaux. Après la naissance, notre personnalité s’élabore dans une série de matrices culturelles qui sont bien plus importantes que la matrice maternelle, les connections entre neurones se mettent en place au fur et à mesure des expériences que fait l’enfant. S’il porte tout à la bouche, c’est que c’est la première zone qui se développe dans le cortex, les terminaisons nerveuses y sont deux fois plus nombreuses qu’au bout des doigts. Empêcher le tout petit de tester avec la bouche le monde extérieur, c’est déjà produire un certain handicap dans la maîtrise de l’environnement. Chaque membre – bras, jambe, main, pied, mais aussi doigt, orteil, lèvre ou oreille – possède une représentation précise au sein du cortex qui s’amplifie s’il est très sollicité ou se rétracte en sens inverse.

Il ne s’agit donc pas d’attacher de l’importance au développement purement quantitatif du cerveau, celui d’Yvan Tourgueniev pesait 2012 grammes alors que celui d’Anatole France pesait moitié moins (1 017 grammes). Ce n’est pas parce que le poids moyen du cerveau féminin est moindre que celui de l’homme que l’on peut en déduire une infériorité féminine.

Le cerveau fonctionne selon un mode sélectif

A mesure qu’il se forme et se développe, le cerveau abandonne certains circuits inutilisés au profit des connexions répétées par un apprentissage réussi et récompensé. Le bébé suit la même évolution que le jeune moineau dont le chant, composé de sons d’une quinzaine de syllabes, se cristallise une fois adulte en une trille aux accents monocordes. Il se produit aussi une stabilisation synaptique dans le réseau de neurones pour tout ce qui acquiert du sens pour l’enfant ; notre mémoire ne se contente pas de stocker des souvenirs et de les restituer tel quel, elle les construit, puis les transforme dans trois directions : la simplification (l’oubli des détails), l’accentuation (la majoration de ce qu’on veut retenir) et la cohérence. Chacun de nous donne un sens très personnel à ses souvenirs. C’est trop souvent le poids des générations mortes qui pèse sur le cerveau des vivants, on se contente généralement de perpétuer les habitudes sociales que nous avons intériorisées. C’est en codant à l’intérieur de notre cerveau les représentations des autres en action, en reprenant la réalité comme dans un miroir installé dans nos neurones, que nous nous comprenons mutuellement ou que nous nous faisons la guerre.

Grâce à un cerveau surdimensionné, nous sommes la mesure de toutes choses, mais notre objectivité n’est alors que la somme de nos subjectivités humaines. Notre cortex préfrontal permet en effet de synthétiser non seulement notre propre expérience concrète, mais aussi toutes les considérations formulées par d’illustres ancêtres et des parents proches, de doctes ignorants ou des ignorants enseignants, et bien d’autres sources de connaissance qui nous apportent leurs croyances sous forme de vérités. L’intellect est en effet un moyen de s’adapter, mais aussi de remplacer la réalité ; nous sommes des animaux qui avons trouvé la bonne/mauvaise idée d’avoir mis un mot à la place des choses. En conséquence, nous avons beaucoup de mal à distinguer le vrai du faux, le mensonge en toute bonne foi et la foi qui trompe, l’apparence de la réalité et la réalité des apparences.

Notre appréciation des faits est encore plus troublée aujourd’hui par une situation technicisée où la réalité est simulée, où le virtuel veut se faire l’égal du réel, où la fiction est préférée au documentaire, le roman à l’analytique, où toute image est reconstruite. Comme nous portons le monde entier dans notre cortex, nous ne pouvons même pas croire le témoignage de nos propres yeux.

Aller au-delà des apparences

Nous savons pour l’avoir observé maintes et maintes fois que le soleil se trouvera au zénith vers midi. Le soir je vais le retrouver finissant sa course pour se cacher tout au delà de ma vision. Pourtant ce n’est là qu’une apparence de mes sens abusés, ce n’est pas le soleil qui bouge, c’est moi qui tourne tout autour de lui malgré mon sentiment d’immobile enracinement sur la terre. Je pourrais réfléchir des jours et des semaines, et tourner le problème dans tous les sens que je ne pourrais déterminer par moi-même cette réalité non apparente. D’ailleurs, l’humanité toute entière a estimé de visu et ad libitum pendant des millénaires que le soleil se déplaçait tout autour de la terre sans autre conséquence négative qu’une parfaite ignorance des lois de la gravitation. Avec l’avancée de nos connaissances, la vérité stellaire ne réside plus dans un centre dont nous serions le principal protagoniste (anthropocentrisme), mais dans un système qui possède ses propres lois et qui ignore complètement le sens de notre petite existence. Cela change tout, le monde n’est pas fait spécifiquement pour les humains, nous devons complètement changer notre mode de réflexion.

La première fois qu’on a chaussé des lunettes théoriques pour aller au delà d’une vision superficielle date de 1543. Copernic provoque alors une révolution en exposant les fondements d’un système héliocentrique (de « hélios », le soleil) où le soleil – et non plus la terre – est au centre de notre univers humain. L’astronome ébranle ainsi l’interprétation des Écritures et son œuvre, bien que de pure supposition, fut quand même mise à l’index. Comme la contestation des apparences a suivi son chemin, Galilée (né en 1564) alla au delà de cet interdit ecclésiastique. Il utilisa une lunette astronomique, récemment découverte, pour admirer les satellites de Jupiter, et par analyse démontra par la même occasion un héliocentrisme beaucoup plus pertinent que le traditionnel anthropocentrisme. Un tribunal de l’Inquisition l’obligea pourtant à se rétracter en 1633 :

« Moi, Galileo Galilei, âgé de soixante-dix ans et agenouillé devant vous, éminitentissimes et révérendissimes cardinaux de la république universelle chrétienne, inquisiteurs généraux contre la malice hérétique, ayant devant les yeux les saints et sacré évangiles ; je jure que j’ai toujours cru, que je crois maintenant, et que, Dieu aidant, je croirai à l’avenir tout ce que tient, prêche et enseigne la sainte Eglise catholique et apostolique romaine… J’abjure les écrits et propos, erronés et hérétiques, par lesquels j’ai tenu et cru que le soleil était le centre du monde et immobile, et que la Terre n’était pas le centre et qu’elle se mouvait ».

L’individu est ainsi obligé de se conformer à la croyance sociale du moment et l’Église catholique n’a réhabilité Galilée qu’en 1992. Pour les gardiens de la foi et des fausses croyances, il faut attendre plus de 350 années pour reconnaître la réalité derrière l’apparence… Aujourd’hui nos satellites confirment tous les jours la révolution copernicienne, cette découverte de la libre pensée. Si presque tous les lycéens occidentaux pensent dorénavant sans y réfléchir davantage que la Terre tourne depuis la nuit des temps autour du soleil, ils le croient cependant en contradiction d’une simple observation de leur part. Si la certitude religieuse d’un dieu extérieur aux humains qui fabriquerait un univers à notre seule convenance s’effondre pour un certain nombre d’entre les humains, la plupart pense encore que les croyances de leur ethnie particulière reste le seul centre de leur réalité. ll est toujours plus facile de croire ce que tout le monde croit déjà savoir.

L’évolution de la pensée montre que nous passons d’une certitude à une autre certitude grâce à une remise en question fondamentale des apparences. Ce passage de l’apparence à d’autres réalités est extrêmement difficile, il devient cependant de plus en plus urgent à accomplir : les réalités du futur se cachent en effet derrière les apparences du présent, et cet avenir est sombre si nous n’y prenons garde.

Pour un changement d’imaginaire

Longtemps notre imaginaire s’est limité à la répétition des mythes ancestraux. Puis nous avons inventé l’agriculture et changé la nature. Dès le néolithique, l’humanité ne se contente plus de ses rivalités sociales, elle commence à détériorer son environnement. L’évolution s’accélère et des techniques destructrices prennent aujourd’hui tout le pouvoir. Alors qu’une radiation nucléaire ne se voit pas, ne se sent pas, ne fait pas de bruit, ne se touche pas et n’a aucun goût, nous avons réussi à libérer les forces de l’atome. Alors que nous savons que la radioactivité peut faire beaucoup de dégât pendant une éternité de notre temps, cela ne nous empêche pas d’accumuler les déchets nucléaires car nous raisonnons encore au travers de nos propres yeux et de l’environnement immédiat. Alors que nos connaissances sont maintenant immenses, nous aggravons à la fois nos conflits sociaux et les déséquilibres de la nature à cause de notre cécité théorique et de la myopie du marché imposé par l’idéologie libérale. Alors que nos activités humaines rentrent en interférence avec les cycles vitaux de la biosphère et engagent ainsi la survie des générations futures, nous faisons comme si seul l’instant présent avait de la valeur.

Comme l’animal qui se contente de son environnement immédiat, nous préférons la plupart du temps nous satisfaire d’un absolu dans un espace restreint, avec un état d’esprit limité par nos sens abusés et conditionné par la société du moment. Contrairement à l’animal cependant, nous pouvons percevoir que notre vision humaine n’est que construction sociale, que tout est relatif et compliqué, que l’apparence n’est pas gage de réalité.

Conclusion : Dans chacun de nos cerveaux réside de multiples certitudes qui ne sont que les apparences de notre réalité immédiate et nos désaccords résultent trop souvent d’une perception trop simpliste de la réalité. Mais grâce à des lunettes conceptuelles plus performantes, peut-être pourrions-nous percevoir le monde tel qu’il faudrait le voir (s’améliorer)… C’est ce que tente ce blog biosphere que j’ai créé en 2005, avec l’intention d’œuvrer pour plus d’intelligence collective.

Michel SOURROUILLE (texte de 2002)

Quelques texte évoquant le cerveau lors des début de ce blog

4.07.2005 Suprême indécision

Dans une Amérique qui se judiciarise, la Cour suprême joue le rôle d’arbitre sur les questions de l’organisation socio-politique tout en restant le reflet d’une société profondément divisée sur la prière à l’école, le droit de perquisitionner des propriétés privées, la peine de mort… Les décisions de la Cour ne tiennent donc qu’à un fil et souvent Sandra Day O’Connor, la première femme à siéger à un tel poste, faisait pencher la balance (5 contre 4) grâce à son tempérament centre-gauche. Mais le Président conservateur Bush va la remplacer car elle démissionne à 75 ans. Les progressistes se lamentent déjà. La Biosphère se sent très mal en voyant des procédures démocratiques si fluctuantes alors qu’on juge seulement des affaires inter-humaines. En effet, quand il s’agira de juger du rapport entre les humains et l’environnement, elle prévoit déjà un verdict catastrophique : les humains ont un cerveau trop développé pour percevoir autre chose que leurs petites préoccupations personnelles…

15.08.2005 Blockbuster

Le groupe pharmaceutique français Sanofi Aventis devrait bientôt commercialiser un blockbuster, c’est-à-dire une nouvelle molécule miracle qui fera exploser le chiffre d’affaires. En effet le rimonabant permettrait non seulement d’arrêter de fumer sans prendre un gramme après 10 semaines de traitement, mais il ferait aussi perdre à un obèse en moyenne annuelle 9 kg tout en augmentant son taux de bon cholestérol et en baissant le taux de triglycérides. Le rimonabant agit en effet sur les mécanismes du cerveau et des cellules nerveuses qui interviennent dans le contrôle de l’équilibre énergétique de la personne. Plutôt que de limiter un système techno-industriel pernicieux, la chimie adapte les gens… La Biosphère se marre : les individus se croient complètement libres dans une société où on les a fortement incité à fumer et à grignoter n’importe quoi n’importe quand, et après on leur fait prendre « librement » des pilules qui les soulage du poids de leurs inconséquences.

10.11.2005 Robin des toits (association)

Les émission de téléphonie mobile ne sont pas émises de façon continue mais pulsées en microsaccades. Or depuis trois milliards et demi d’années, les êtres vivants fonctionnent en résonance avec des émissions électromagnétiques naturelles dont la structure est continue et régulière. Tout vivant est composition d’ordres de différents niveaux, ce qu’apportent les pulsations est désordre ! Il suffit à désorganiser non seulement les fonctionnements physiologiques mais même le structures moléculaires. Les principales perturbations constatées sont : la perte d’étanchéité de la barrière entre sang et cerveau. La diminution de production de la mélatonine, une hormone qui régule le blocage des processus cancéreux. La perturbation des régulations membranaires des cellules… La technique n’est plus une force qui dompte la Nature, elle devient un cheval de Troie qui détruira de l’intérieur les humains.

25.11.2005 Du nucléaire au pétrole

Les deux chocs pétroliers (forte augmentation du prix du baril) successifs ne sont pas dus à une volonté structurelle de l’OPEP de faire payer la rareté croissante du pétrole, mais à des raisons politiques complètement conjoncturelles (de court terme). Après la guerre du Kippour en 1973, le quadruplement du prix du baril n’est que le soutien des pays arabes à une Egypte en train de perdre la guerre contre Israël. Par la suite, c’est l’arrivée de l’imam Khomeyni en 1979 qui renverse le Shah en Iran et déstabilise le marché. Aujourd’hui le monde occidental risque encore d’être confronté à un choc pétrolier accéléré pour des raisons politiques : l’Iran voudrait avoir une politique nucléaire indépendante et face aux menaces américaines et européennes de sanction, elle envisageait en septembre 2005 d’user de l’arme pétrolière. La Biosphère, qui souhaite depuis longtemps un baril à plus de 100 dollars (et même très vite à 1000 dollars !), constate avec regret que les humains n’économisent pas par raison une ressource non renouvelable : il leur faut un conflit inter-humain ou l’arrivée de l’inéluctable, l’épuisement quasi-total de la ressource. Dire que leur cerveau est surdéveloppé, disons plutôt surdimensionné !

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Le naturisme, une pratique spirituelle

Qui ne pratique pas le naturisme dans toute sa nudité ne sait pas vraiment ce que vivre veut dire.

Marc Bonomelli : Il existe une affinité profonde entre le naturisme et les pratiques spirituelles contemporaines. L’absence de vêtements évoque une connexion avec la nature, permettant une relation plus forte avec ce que certains appellent “la Terre-Mère”. Il y a l’idée de se montrer tel que l’on est réellement, au-delà des aspects imposés par la société. Ces idées ne sont pas nouvelles. Dès le XIXe siècle, des mouvements naturistes ont émergé, s’appuyant déjà sur des principes philosophiques tels ceux de l’hygiénisme allemand et de la Lebensreform (littéralement, « réforme de la vie »), mouvements critiquant l’industrialisation et l’urbanisation. Plus loin dans le temps, les gymnosophistes, ascètes nus indiens, et certains sages grecs comme Diogène, avaient renoncé aux vêtements comme ils renonçaient aux possessions matérielles et au statut social. Plus près de nous, les hippies des années 1960-1970 ont également lié quête spirituelle et absence de vêtements.

Ce qui est en revanche nouveau, c’est l’accès beaucoup plus facile à la nudité permise par Internet et les réseaux sociaux. La nudité ne devient une réelle opportunité spirituelle que si nous parvenons à avoir le mental suffisamment « pur » et détaché de « l’agitation sexuelle » que cela pourrait provoquer…

Le point de vue des écologistes mis à nu

Marc Le Bihan : le mot « naturisme » est un rétronyme. Il englobe à la fois ceux qui préfèrent se baigner nus, ceux qui y voient un mouvement aux motivations hygiénistes ou écologiques, et ceux qui y trouvent toute une philosophie de vie.

Etoameki : Sur de nombreuses peintures et sculptures du temps passé, homme ou femme, on ne voit pas beaucoup de vêtements !

Colette : Le naturisme n’a rien à voir avec des délires mystiques, avec du voyeurisme, avec de l’exhibitionnisme, avec du commerce y compris spirituel… c’est à l’opposé de tout cela et sa base est le respect mutuel. C’est tout simplement le plaisir de se débarrasser de ses oripeaux, de ses contraintes quotidiennes, de se rapprocher de la nature … Mais comme le chantait Brassens : « Je ne fais pourtant de tort à personne, mais les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux … »

Michel Sourrouille : Une société vraiment démocratique, donc tolérante aux idées d’autrui, permettrait à tous les attitudes de se côtoyer sur une même plage, nudistes, textiles, abaya, voile islamique, caché le haut et pas le bas, etc. Même dans la rue, chacun a le droit de marcher pieds nus. Et chez moi, je fais ce qui me plaît…

Circé1980 : Se mettre à nu… Tout un programme ! Tout un cheminement spirituel ? Si un jour l’humanité arrive à se détacher du corps, du regard, des vêtements, des possessions, de l’image, du besoin intempestif de tirer le profit de tout, c’est qu’elle aura muté vers une nouvelle espèce…

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Nudité, naturisme et conventions sociales

extraits : Au commencement, Adam et Eve étaient « nus » et n’en avaient pas honte (Genèse 2, 25). Un serpent les invite à manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gen. 3, 1). Ils se confectionnent alors des pagnes de feuilles de figuier, avant que Dieu ne les revête de « tuniques de peau [de bêtes] » (Gen. 3, 20). En remplaçant le pagne de feuilles, résidu de l’harmonie entre l’homme et la nature, par des peaux de bêtes, il consacre non seulement le fait qu’Adam et Eve doivent désormais s’habiller, mais il les mène à une autre étape de civilisation, passant de la culture végétale à la chasse ou à l’élevage, qui demandent techniques et connaissances….

La fin de l’utopie « cul nu » ?

extraits : L’heure est maintenant à la pudeur et pas seulement aux abayas. Une époque triste où la société subit les assauts d’intégristes qui souhaiteraient imposer la baignade entièrement habillée pour les femmes… Pourtant en Scandinavie, tôt le matin, il y a toujours des gens pour aller faire un plouf Q nul sur une plage « normale ». Et cela ne gêne personne. A Berlin et à Munich, certains parcs publics sont ouverts aux nudistes. En Allemagne, la règle pour tous les saunas c’est la nudité, pour des raisons d’hygiène . Et personne ne sourcille….

Nudité, naturisme et conventions sociales

extraits : La simplicité et la nudité même de la vie humaine aux âges primitifs impliquaient au moins cet avantage, qu’elles laissaient l’humanité n’être qu’un passager fugitif ne laissant aucune trace dans la nature. Depuis les humains se sont habillés, ce serait même là un diktat de Dieu….

Caricatures et tolérance partagée

extraits : La provocation n’est ressentie comme provocation que par ceux et celles qui s’estiment provoqués. Prenons l’exemple de la nudité sur les plages. Que faut-il préférer comme système social ? Le modèle traditionnel est de ne pas dénuder le corps. Dans un esprit de tolérance réciproque, les textiles devraient accepter le nudisme des uns comme les naturistes accepteraient la différence vestimentaire sur une plage partagée par tous et toutes. Le respect de pratiques différentes doit être un critère permettant la coexistence pacifique…

Nudité ou burka sur les plages, à chacun son propre choix

extraits : L’histoire des baignades est liée au lent dévoilement des corps. Au XIXe siècle, les femmes qui se hasardent au bord de l’eau portent un pantalon qui descend jusqu’aux genoux, une chemise, un bonnet et des chaussures. En 1907, la nageuse et comédienne australienne Annette Kellerman revêt, sur une plage de Boston, un maillot « une pièce » qui lui vaut des poursuites judiciaires. Au début des années 1930 le « deux-pièces » montre pour la première fois le ventre. En 1964, le monokini apparaît sur la Côte d’Azur ; le ministre de l’intérieur de Georges Pompidou fait savoir aux maires que cette pratique relève de l’outrage public à la pudeur…

Nudité ou burkini en piscine, notre liberté

extraits : Nudité en piscine ou burkini, peu importe du moment qu’on pense que la tolérance des autres pratiques vestimentaires est une marque du savoir-vivre ensemble dans un système qui se veut démocratique, et donc laïc… C’est cet idéal que nous défendons sur ce blog biosphere, un idéal qui nous veut proche de la nature….

minijupe et burqa

extraits : La société française n’a pas de mémoire. Il devrait être loin le temps où les lycéennes devaient se revêtir obligatoirement d’une blouse, le temps où les cheveux longs des garçons étaient interdits d’entrer dans les établissements scolaires, le temps où les naturistes étaient enfermés dans des camps. Une société n’a pas à imposer de tenue vestimentaire car il n’y a aucun dommage envers autrui ; être nu, en minijupe ou en burqa, cela relève de la liberté personnelle. Les valeurs républicaines ne peuvent pas condamner les pratiques communautaristes car le respect de la diversité des cultures est le principe même d’une république laïque.

Christiane Lecocq, la liberté d’être complètement à poil

extraits : Naturisme social et familial ? Nous préférons le souvenir de Stephen Gough. En 2005-2006, il a traversé encore une fois la Grande-Bretagne complètement nu.« On parle sans cesse des droits de l’homme et de la dignité humaine, et pourtant un homme dans son état naturel est emprisonné. » Vive les plages mixtes où se mélangent corps nus et textiles, vive la tolérance réciproque, vive les randonneurs dénudés. La Biosphère est heureuse quand elle voit les humains vivre et marcher comme ils sont nés, dans le plus simple appareil. …

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Démocratie ou dictature, les tendances actuelles

Les médias dans la montée des extrémismes ont un rôle central. Beaucoup d’entre eux ont attisé le feu des intolérances, par goût du spectaculaire ou pour des raisons idéologiques. Il est vrai qu’ils sont concurrencés par les réseaux sociaux, le complotisme, les fake news alors que la responsabilité des journalistes est de trier l’information et de prendre de recul pour ne pas aggraver encore la confusion et les risques de violences.  Il ne suffit pas qu’un gouvernement arrive au pouvoir par les urnes pour qu’il soit démocratique. L’histoire des plus grandes tragédies humaines nous alerte sur la mécanique de l’engrenage : chaque étape prépare et facilite la suivante, dans l’esprit de chaque individu comme dans la société. Et l’analyse montre que de telles dynamiques sociétales peuvent aller très vite et très loin lorsqu’elles sont nourries par des extrémismes identitaires.

Un pessimisme généralisé

Alain Chouraqui : «  Aujourd’hui, nous constatons que les principaux éléments qui, dans l’histoire, caractérisent une séquence précédant un basculement autoritaire sont en place : perte de repères, brutalisation, contestation des institutions et des élites, crispations identitaires, manipulation du langage, etc. L’extrémisme identitaire (religieux, nationaliste ou ethnique) durcit une opposition entre « eux » et « nous » potentiellement explosive et contagieuse. Personne ne maîtrise plus vraiment de tels engrenages enclenchés ou nourris par des apprentis sorciers croyant pouvoir instrumentaliser des passions qui finissent souvent par les dévorer eux-mêmes. Si un parti extrémiste arrive au pouvoir, il peut être amené à se durcir plus encore qu’il ne l’aurait voulu lui-même, soit du fait de ses échecs probables, soit en réaction à des désordres suscités par ses adversaires ou par ses propres ultras. La séquence suivante est caractérisée par des atteintes à l’indépendance de la justice, des médias et de la culture. »1

Bertrand Méheust : « Je ne partage pas l’opinion que les démocraties modernes possèdent les ressorts nécessaires pour prévenir la catastrophe et l’affronter. Je crains que la métamorphose espérée n’intervienne trop tard pour enrayer la crise écologique, et ne manifeste ses effets que pendant et après la crise, un peu comme le pacifisme n’empêche pas les guerres mais se développe dans leur sillage. En effet toute société cherche à persévérer dans son être. Le marché, en s’efforçant par tous les moyens de poursuivre sa course, continuera de mettre l’humanité en péril. Il possède encore de nombreux espaces, de nombreux interstices il pourra encore se déployer. Mais comme nous vivons dans un monde fini, sa saturation globale est inéluctable, et plus on aura déployé d’ingéniosité pour le prolonger, plus les effets différés seront dévastateurs. Il n’y a pas de planète de rechange. Ou encore, pour dire les choses de façon plus brutale, la saturation se traduira pour l’humanité par une véritable descente aux enfers. Chaque instant qui passe nous éloigne davantage du moment où un autre avenir serait encore possible. »2

Harald Welzer : « Comment finira l’affaire du changement climatique ? Pas bien. Ses conséquences marqueront la fin du rationalisme des Lumières et de sa conception de la liberté. Il se pourrait qu’un jour le modèle tout entier de la société occidentale, avec toutes ses conquêtes en matière de démocratie, de libertés, de tolérance, de créations artistiques, apparaisse aux yeux d’un historien du xxiie siècle comme un vestige incongru. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes des réfugiés. La violence a toujours été une option de l’action humaine. Les hommes changent dans leurs perceptions et leurs valeurs, en même temps que leur environnement et sans s’en rendre compte : c’est le phénomène des shifting baselines. Des processus sociaux comme l’holocauste ne doivent pas être compris comme une « rupture de civilisation » ou une « rechute dans la barbarie », mais comme la conséquence logique de tentatives modernes pour établir l’ordre et résoudre les problèmes majeurs ressentis par des sociétés. Il est des livres qu’on écrit dans l’espoir de se tromper. »3

La tentation d’un pouvoir fort

Une dictature au nom de l’écologie serait-elle un moindre mal ? Dans un livre intitulé Le Changement, Bernard Charbonneau (1910-1996) avait fait ce constat saisissant de l’ambiguïté de la démocratie de masse qui est en fait orientée par un leader. Cette perspective sans illusion peut amener à penser que le virage écologique sera le fait de la bourgeoisie dirigeante, mais seulement le jour où elle ne pourra plus faire autrement.

« Ce seront les divers responsables de la ruine de la Terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir. Pour contrôler les dangers de moyens de plus en plus puissants et fragiles parce que complexes, gérer un espace et des ressources qui s’épuisent, prévoir et maîtriser les réactions humaines qui empêcheraient de le faire, on est obligé de renforcer l’organisation. L’écofascisme a l’avenir pour lui, et il pourrait être aussi bien le fait d’un régime totalitaire de gauche que de droite sous la pression de la nécessité. En effet, les gouvernements seront de plus en plus contraints. Déjà commence à se tisser ce filet de règlements assortis d’amendes et de prison qui protégera la nature contre son exploitation incontrôlée. Que faire d’autre ? »4

Le philosophe allemand Hans Jonas (1903-1993) a fait éditer son livre Le principe responsabilité pour la première fois en 1979, au moment du deuxième choc pétrolier. Il écrivait avant la chute du mur de Berlin en 1989 qu’il croyait encore aux vertus du centralisme démocratique à l’époque de la planification impérative.

« On ne pourra contester à l’homme politique le droit de mettre en jeu l’existence de la nation au profit de l’avenir si vraiment l’extrême est en jeu. Le péril qui menace la communauté devient une puissante impulsion de l’homme de courage à proposer sa candidature et à s’emparer de la responsabilité. Pour appliquer cette nouvelle éthique, un système libertaire serait préférable pour des raisons morales, mais les systèmes moralement bons sont des systèmes précaires ; l’État peut seulement être aussi bon que le sont les citoyens. De plus l’homme politique peut supposer idéalement dans sa décision l’accord de ceux pour qui il décide en tant que leur chargé d’affaires, mais des générations futures on ne peut obtenir de facto un accord. Par conséquent, la tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que le complexe capitaliste-démocratique-libéral. »5

Cette analyse est reprise en 2008 en louant les vertus non du système soviétique, mais celui de la Chine post-maoïste.

« Si seulement l’Amérique pouvait être la Chine. Rien qu’une journée ! Les dirigeants chinois possèdent la faculté de couper court à tous les intérêts particuliers, à tous les obstacles bureaucratiques, à toutes les craintes de répercussions électorales, pour simplement décréter des changements radicaux dans les prix, les règlements, les normes, l’éducation et l’infrastructure. C’est un atout de poids quand il s’agit de réaliser un changement aussi considérable qu’une révolution verte, où vous êtes confrontés à des intérêts acquis, enracinés, grassement financés et fortement retranchés, où vous devez motiver des opinions publiques pour qu’elles acceptent des sacrifices. Un matin de fin 2007, les commerçants chinois se sont réveillés en apprenant que le Conseil d’État venait d’annoncer que tous les supermarchés, toutes les boutiques, auraient interdiction de distribuer gratuitement des sacs en plastique. Et le tour était joué. L’Amérique a entamé en 1973 une procédure de retrait des carburants comportant du plomb, et ce n’est qu’en 1995 que l’on n’a plus vendu sur le sol américain que de l’essence sans plomb. La Chine a décidé d’adopter le sans-plomb en 1998 ; la nouvelle norme a été appliquée partiellement à Pékin en 1999, et, dès 2000, toute l’essence vendue sur le territoire national était sans plomb. »6

Du totalitarisme à la rédemption

Malheureusement on constate historiquement que toute dictature, même exercée au nom du peuple ou de l’écologie, mène irrémédiablement au désastre : la manipulation des foules n’est jamais porteuse de bonnes nouvelles. Il reste donc à mettre en œuvre ce que Hans Jonas envisageait incidemment : « Naturellement il serait préférable qu’on puisse confier la cause de l’humanité à une conscience authentique qui se propagerait. » Ce serait une raison d’espérer, la formation d’un peuple écolo. Pas besoin de leader, les comportements changent avec les modifications culturelles. Certes la préoccupation écologique sur l’état de la planète et sur notre avenir commun devient une sensibilité partagée. Quand les écologistes parlent de transports doux, de projets d’infrastructures non disproportionnés, de plans d’urbanisme au plus près des citoyens, de destruction des terres, d’alimentation bio et moins carnée, etc., les gens s’aperçoivent que des réponses positives émergent. Nous ne sommes plus dans l’idéologie abstraite, mais bien dans l’écologie du quotidien. Conscient des limites de la planète, nous adoptons progressivement un autre comportement, plus perspicace dans ses choix de production et plus modéré dans ses désirs de consommation. Plus la société civile sera écolo, plus un gouvernement aura intérêt à faire de même. Le peuple et le pouvoir sont en interdépendance.

C’est à cause de la difficulté d’un changement d’imaginaire social que nous envisageons que la nécessaire rupture avec le système croissanciste prendra beaucoup, beaucoup d’années… Le XXIe siècle sera le siècle de ce changement radical, ou bien la perpétuation de conflits violents pour s’accaparer le peu qui restera des richesses dilapidées de la Terre. L’optimisme et le pessimisme sont en fait les deux facettes d’une même stratégie, celle qui consiste à laisser faire. Il faut faire sienne cette pensée de David Brower : « L’optimisme et le pessimisme expriment sous des formes différentes la même capitulation face au futur ; car tous les deux le traitent comme une fatalité et non comme un choix. »

1https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/07/23/alain-chouraqui-chercheur-la-democratie-ne-reside-pas-seulement-dans-l-election-mais-surtout-dans-l-apres-election_6256021_3232.html

2. Bertrand Méheust, La politique de l’oxymore, op. cit.

3. Harald Welzer, Les guerres du climat : Pourquoi on tue au xxe siècle, op. cit.

4. Bernard Charbonneau, Le Feu vert, op. cit.

5. Hans Jonas, Le principe responsabilité [Das Prinzip Verantwortung, 1979], Paris, Flammarion, coll. Champs essais, 1999.

6. Thomas L. Friedman, Le Terre perd la boule : Trop chaude, trop plate, trop peuplée [Hot, Flat, and Crowded :Why We Need a Green Revolution – And How It Can Renew America, 2008], Paris, Éditions Saint-Simon, 2009.

Démocratie ou dictature, les tendances actuelles Lire la suite »

Tout savoir sur l’ethnologue Cl. Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss (né en 1908)

extraits : Voici deux éléments pour mieux connaître Lévi-Strauss, né le 28 novembre 1908  :

  • L’association « Les Amis de la Terre » déposèrent leurs statuts à la préfecture de Paris le 11 juillet 1970. Le Comité de parrainage comprenait Claude Lévi-Strauss, Jean Dorst, Pierre Gascar, Théodore Monod et Jean Rostand ; il ne s’agissait donc pas d’un club de tourisme !
  • A la question « Que diriez-vous de l’avenir ?, Claude Lévi-Strauss répondit à 96 ans : « Ne me demandez rien de ce genre. Nous sommes dans un monde auquel je n’appartiens déjà plus. Celui que j’ai aimé avait 1,5 milliard d’habitants. Le monde actuel compte 6 milliards d’humains. Ce n’est plus le mien. Et celui de demain, peuplé de 9 milliards d’hommes et de femmes, même s’il s’agit d’un pic de population, comme on nous l’assure pour nous consoler, m’interdit toute prédiction ».

Lévi-Strauss, in memoriam (son décès en 2009)

extraits : « Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l’explosion démographique et qui – tels ces vers de farine qui s’empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme, bien avant que la nourriture commence à leur manquer – se mettrait à se haïr elle-même, parce qu’une prescience secrète l’avertit qu’elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces bien essentiels que sont l’espace libre, l’eau pure, l’air non pollué. Aussi la seule chance offerte à l’humanité serait de reconnaître que devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d’égalité avec toutes les autres formes de vie qu’elle s’est employée et continue de s’employer à détruire. »

Claude Lévi-Strauss avait la dent dure

extraits : L’une des particularités frappantes des cosmologies occidentales est la place centrale qu’elles accordent à la question du mal. Lévi-Strauss apporte une réponse univoque et catégorique, les maux qui nous accablent ont comme source commune la prolifération excessive de l’espèce humaine.

Lévi-Strauss, malthusien par le raisonnement

extraits : Lorsqu’en mars 2003 Claude Lévi-Strauss m’a reçu, il m’a demandé si je devinais quelle fut la plus grande catastrophe dont il avait été témoin durant sa vie. J’ai préféré attendre la réponse… Lévi-Strauss n’a suspendu sa voix qu’un court instant, pour reprendre aussitôt :

« À ma naissance, la population mondiale comptait un milliard et demi d’habitants. Quand je suis entré dans la vie active, vers 1930, ce nombre atteignait déjà deux milliards. Il est de six milliards aujourd’hui, et il atteindra neuf milliards dans quelques décennies, à croire les prévisions des démographes. Cette croissance a exercé d’énormes ravages sur le monde. Ce fut la plus grande catastrophe dont j’ai eu la malchance d’être témoin. »

À lire, Tristes tropiques (Claude Lévi-Strauss, 1955)

extraits : « Il faudra admettre que, dans la gamme des possibilités ouvertes aux sociétés humaines, chacune a fait un certain choix et que ces choix sont incomparables entre eux : ils se valent. Des sociétés qui nous paraissent féroces à certains égards savent être humaines et bienveillantes quand on les envisage sous un autre aspect. L’enquête archéologique ou ethnographique montre que certaines civilisations ont su ou savent résoudre mieux que nous des problèmes. Il n’est pas certain que les progrès de l’hygiène aient fait plus que rejeter sur d’autres mécanismes, grandes famines et guerres d’extermination, la charge de maintenir une mesure démographique à quoi les épidémies contribuaient d’une façon qui n’était pas plus effroyable que les autres. »

Claude Lévi-Strauss : après l’humanisme, le relativisme

extraits : Du point de vue éthique, Lévi-Strauss a plaidé pour qu’on cesse de faire de l’existence humaine la source ultime de valeurs : une chose, humaine ou non-humaine, pour être précieuse, n’a pas besoin de satisfaire des buts humains ; il lui suffit d’être singulière, irremplaçable, et sa fragile existence impose des devoirs (éventuellement non réciproques) à ceux qui sont susceptibles d’en avoir. Nous devons respecter les espèces vivantes pour la même raison que nous respectons un individu humain : parce qu’elles sont uniques. L’idée que les humains font leur propre histoire dans un monde de choses incapables d’agir doit être dépassée.

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Michel Maxime Egger, une spiritualité inspirée

L’humanité est à un carrefour, elle ne sauvera pas la Terre si elle ne soigne pas l’esprit du mal : la bataille sera pour une bonne part dans nos têtes.

Un « retour à la Terre » pourrait atténuer l’anthropocentrisme dominant. Cela présuppose une certaine rééducation dans une société industrielle qui a voulu systématiquement couper nos liens avec la nature. Michel Maxime Egger dans ses écrits nous éclaire sur la banalité du mal.

La terre comme soi-même – repères pour une spiritualité (2012)

extraits : Que reste-t-il de la vraie nature dans nos villes, nos intérieurs aseptisés, nos supermarchés climatisés, nos jardinets engazonnés, nos autoroutes embouteillés et nos parcs d’attraction ? A la maison, à l’école ou au travail, quand sommes-nous en contact sensoriel avec la texture de la terre, la lumière, les cycles de la terre, les esprits des arbres, la puissance de la vie ? Où et comment apprenons-nous cela ?

De par leur formatage intérieur dès la petite enfance, nombre de personnes sont – existentiellement et émotionnellement – trop séparées de la nature pour être véritablement touchés par les maux qui l’affectent.

Soigner l’esprit, sauver la Terre (introduction à l’écopsychologie) (2015)

extraits : La nature est en effet une forme de famille élargie dont nous sommes membres. L’expression « toile de la vie » est parlante : tout est en interrelation est obéit à des dynamiques de réseaux. L’enjeu est de sortir du double dualisme nature/humain et extérieur/intérieur pour développer une conscience de l’unité du réel…

L’écopsychologie vise à unir la sensibilité des thérapeutes, l’expertise des écologistes et l’énergie éthique des militants de l’environnement. Car la planète est malade, elle a besoin de soins, elle nous parle à travers les plus sensibles d’entre nous. L’écopsychologie se veut radicale, elle entend remonter aux racines de la crise écologique.

Ecopsychologie, retrouver notre lien avec la terre (2017)

extraits : La psychologie, qui se consacre tant à l’éveil de la conscience humaine, doit s’éveiller elle-même à l’une des plus anciennes vérités humaines : nous ne pouvons être analysés ou soignés indépendamment de la planète.

Que signifie « aller bien » dans un système que l’on peut considérer comme globalement dysfonctionnant ? N’est-ce pas être « malade » que d’être bien adapté à un monde qui détruit la nature et épuise l’être humain ? A l’inverse, n’est-ce pas un signe de « santé » que de souffrir des maux qui affectent la planète et ses semblables ? En nous inscrivant dans le temps profond de l’Histoire et le flux de la vie de la Terre, nous découvrons que nous ne sommes pas seuls. Des myriades initiatives et d’alternatives pour un autre monde sont déjà en marche. Apprendre à les connaître non seulement donne du courage, mais fournit les pistes dont nous avons besoin.

Se libérer du consumérisme – un enjeu majeur pour l’humanité et la Terre (2020)

extraits : Le système CPC, « Croissanciste, Productiviste et Consumériste » exalte l’illimité avec trois axiomes proprement délirants : technologique, (tout ce qui est possible, nous le ferons), économique (tout ce qui nous fait envie, nous l’acquerrons) et financier (tous les profits potentiels, nous les réaliserons). L’économie est devenue en elle-même sa propre fin et une forme de religion universelle. Avec son Dieu (l’argent), son clergé (les PDG), son credo (le libre marché), ses théologiens (les économistes), ses temples (les supermarchés), ses promesses (le bonheur), ses rites (le shopping), ses fidèles (les consommateurs) et ses tables de loi : rentabilité, compétitivité, libre échange. De la santé à la spiritualité, en passant par l’éducation et jusqu’aux relations de couple, plus rien n’échappe à l’écorègne.

Difficile donc de ne pas penser à cette prophétie amérindienne adressée aux Blancs, plus que jamais d’actualité : « Lorsque le dernier arbre aura été abattu, que la dernière rivière aura été polluée, que le dernier poisson aura été pêché, alors seulement vous verrez que l’argent ne se mange pas. »

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Tous responsables de l’incivilité croissante

Nos jeunes écoutent, entendent, lisent aussi tout ce qui circule. Le civisme est maltraité partout, des plateaux de télévision aux bancs de l’Assemblée nationale, parce que les adultes ont oublié qu’ils agissaient sous le regard des mineurs. C’est aussi simple que cela : les élèves sont le reflet des travers du monde des adultes.

Thibaut Poirot : Deux choses manquent en effet à l’équation dans un « réarmement civique » qui agite la matrice du passé : la force de nos exemples et l’idée d’une morale universelle défendue par toute la société. Les cours d’enseignement moral et civique n’échappent pas à ce chemin de souffrance : devoir expliquer à des jeunes qu’il faut se comporter quasiment à l’opposé de leur monde. Faites un cours sur la démocratie ? « Oui, mais le 49-3 ! » Faites un cours sur la représentation ? « Oui, mais tel député a fait ça. » Faites un cours sur la citoyenneté et l’environnement ? « Oui mais on continue à polluer. » Faites un cours sur l’indépendance de la justice ? « Oui mais untel a dit que les juges, etc. » Faites un cours sur l’information ? « Telle chaîne, ils ont monté ça. » Les élèves sont aussi nourris constamment par une morale de l’évitement de la règle, nous négocions tous son contournement, son exemption.

Dès lors, le remède ? Les associations universalistes, l’entretien d’un jardin partagé, des opérations de ramassage de déchets, c’est cet univers-là qui mérite d’être mis en lumière. L’école fait ce qu’elle peut, comme elle le peut. Stage d’observation obligatoire en 2de ? Il serait bien plus porteur de donner le choix à chaque élève entre un stage « jeune sapeur-pompier », à la sécurité civile, de secourisme, de solidarité inter-âges, de protection de l’environnement, etc. Le civisme n’est pas un discours, c’est une pratique incarnée

L’intelligence collective sur ce blog biosphere

L’intelligence collective, impossibilité majeure

extraits : Sur ce blog biosphere, le commentateur Michel C. fait feu de tout bois contre le malthusianisme et se heurte à fleuret non moucheté à Tsp qui ne voit que surpopulation. Par contre, entre le climatosceptique Tsp et le partisan du GIEC Michel C., ça chauffe à feu continu. Comme quoi, entre deux personnes qui semblent intelligentes et bien informées, le rapprochement des points de vue semble impossible de toute éternité. Ce blog, qui se voudrait promouvoir l’intelligence collective, est bien emmerdé, que faire pour réconcilier l’inconciliable, Poutine et l’Ukraine, Hamas et Israël, climatosceptiques et malthusiens ! Comme l’exprimait Nicolas Hulot, « il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde dans le temps et dans l’espace. »

Ouf, l’écologie devient intelligence collective

extraits : Un maelstrom de conversions à l’écologie parcourt LE MONDE. Le plus réconfortant, c’est que cela touche tous les centres de pouvoir, élus, médias, culture. Ainsi par exemple….

GPT, intelligence artificielle et/ou collective

extraits : Avec ChatGPT, tout se passe désormais comme si créer une œuvre consistait à assembler des extraits d’œuvres antérieures. Avec ce blog biosphere, l’enjeu est de reproduire ce qui se dit de plus significatif publiquement sur notre avenir commun. C’est la même démarche. De notre point de vue d’écologistes, c’est l’imaginaire social qui conditionne nos comportements. Nous assistons aujourd’hui à une dégradation des imaginaires par le consumérisme et à un abrutissement spectaculaire avec la société des loisirs. Nous sommes soumis à l’imaginaire de la démesure et à la boulimie des privilégiés, soumis à la surenchère de la marchandisation et de l’endettement massif. Nous sommes bercés par l’imaginaire des partisans des jolies centrales nucléaires tellement propres et de l’imaginaire extractiviste. Nous sommes victimes de la colonisation de notre imaginaire par le productivisme et le croissancisme…

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La Terre, déesse Gaïa ou simple machine ?

Les programmes de la NASA ont créé les images iconiques qui ont nourri notre imagination et les connaissances qui permettent l’émergence d’une préoccupation écologique mondiale. Une rupture visuelle se produit avec les premières images de la Terre grâce au programme Apollo. Les photos « Lever de Terre » (1968) et « La bille bleue » (1972) : soudain, notre planète apparaît dans son intégralité, perdue dans l’immensité noire. Que penser ? Que faire ?

Youness Bousenna : Côté pile, Gaïa (la Terre-mère) s’appréhende comme une totalité organique. La vie a modelé en profondeur son environnement terrestre, suggérant que la biosphère forme une « machine trop puissante » pour être seulement passive. La chimie moderne démontre que la Terre fonctionne comme un vaste cycle, par exemple le carbone relie la respiration du règne animal (qui en expulse) et végétal (qui s’en nourrit). Côté face, ces technologies, issues d’une collaboration mêlant l’armée, la recherche et l’industrie, furent d’abord conçues au service d’un « géopouvoir » servant le fantasme d’une maîtrise toute-puissante de la Terre. Les humains se croient les pilotes tout-puissants d’une planète assimilée à une machine.

Ces deux visions reposent sur un dénominateur commun : la solution aux problèmes environnementaux viendra des experts et de la technique, plus que de la démocratie. James Lovelock (1919-2022) en arrive à prôner une suspension de la démocratie, il déteste le mouvement politique écologiste, soutient le nucléaire et la géo-ingénierie. Son soutien infaillible à l’industrie se double de conflits d’intérêts constants.

Le point de vue des écologistes écartelés entre culte de Gaïa et technoscience

La figure de Lovelock est effacée aujourd’hui au profit du géochimiste russe Vladimir Vernadski (1863-1945), qui a théorisé la notion de biosphère en 1929. Elle est définie comme la pellicule à la surface de la Terre transformée par la vie. Aujourd’hui elle est tellement transformée par les humains qu’on a pu parler d’anthropocène.

La crise écologique nous ramène au temps du mythe : nous vivons un moment indéterminé, où notre conception même de la Terre est bouleversée. «Il est aujourd’hui tard, beaucoup trop tard pour sauver la planète telle que nous la connaissons», expliquait James Lovelock en 2009 à l’AFP, à quelques mois de la conférence de Copenhague sur le climat (COP15) qui s’était soldée par un échec retentissant. «Préparez-vous à d’énormes pertes humaines», disait-il.

L’ancien ministre de l’écologie Yves Cochet tient le même discours, « Bientôt les politiques auront pour tâche principale de diminuer le nombre de morts ». Que ce soit guerres, famines ou épidémies, il est vrai qu’il y a beaucoup à faire pour réguler une planète Gaïa surpeuplée, surarmée et sur-consommatrice…

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James Lovelock est mort le 27 juillet 2022

extraits : « La régulation de la fécondité participe du contrôle démographique, mais la régulation du taux de mortalité n’est pas la moins importante. Maintenant que la Terre court le danger imminent d’évoluer vers un état chaud et inhospitalier, il semble amoral de s’acharner à vouloir prolonger notre espérance de vie au-delà de sa limite biologique normale.Si nous voulons continuer d’exister sans craindre les catastrophes naturelles, nous devons dès maintenant soumettre la croissance démographique à de fortes contraintes. En fin de compte, c’est Gaïa, comme toujours, qui opérera la réduction de population et éliminera ceux qui enfreignent ses règles… »

Bruno Latour et Gaïa, la Terre-mère

extraits : « S’il est vrai que les humains ont construit artificiellement leur propre environnement, à l’intérieur duquel nous sommes confinés, il faut nous intéresser à ce dont nous dépendons, la température globale, la biodiversité. Cela change complètement le rapport au sol, c’est cela « atterrir ». Gaïa, la « Terre-mère », cette notion résume justement le changement de « lieu » que nous ressentons avec la pandémie. Pour exercer quelque forme politique que ce soit, il faut une Terre, un lieu, un espace… »

La revanche de Gaia, un réchauffement irréversible

extraits : La situation actuelle rappelle à James cette année 1938, où les gens, les politiciens, tout le monde savait que la grande guerre arrivait, mais personne n’agissait de manière sensée. De la même façon aujourd’hui le désastre peut survenir soudainement, la catastrophe est à la porte, mais l’espèce humaine ne fait rien. La Biosphère peut ajouter qu’on préfère se battre pour une caricature de Mahomet et pour épuiser les dernières gouttes de pétrole. Il n’y a pas de rationalité à long terme de l’action humaine…. (écrit le 5 juin 2006 par Michel Sourrouille)

culte de Gaïa

Extraits : En vérité la foi en dieu, la confiance dans notre technique ou notre engagement en faveur du développement durable passe à côté d’une réalité : notre dépendance. Si nous ne prenons pas soin de la Terre, elle le fera elle-même en nous rendant indésirables. Les croyants feraient bien de porter un regard neuf sur notre demeure terrestre et y voir un lieu saint, partie intégrante de la Création, mais que nous avons désacralisé. Maintenant que nous sommes plus de six milliards d’individus affamés ou avides, aspirant au style de vie des pays développés, c’est-à-dire à la vie urbaine, nous empiétons de plus en plus sur le domaine de la Terre vivante. Puisque le seuil fatidique du réchauffement climatique a bien été franchi, peut-être devons-nous prêter une oreille attentive aux « écologistes profonds » comme Arne Naess et les laisser nous guider….

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Agir en pleine et bonne Conscience

Les humains sont des animaux étranges qui peuvent concevoir tout et son contraire. Voici deux exemples de comportements qui peuvent nous paraître aujourd’hui complètement « inhumains », mais qui ont pourtant déjà existé et qui peuvent devenir très vite une nouvelle réalité. Pour résister à la pression sociale, il nous faut apprendre non seulement à savoir discerner le vrai du faux, mais à acquérir une conscience élargie du monde.

Rwanda, le paroxysme de l’inhumanité

Florent Georgesco : génocide des Tutsi au Rwanda, un million de morts en trois mois, du 7 avril au 17 juillet 1994. L’infanticide, l’épicentre du phénomène génocidaire.Il y avait au Rwanda, en 1994, de nombreux couples « mixtes », unissant Hutu et Tutsi. Or, l’appartenance ethnique se transmettait par le père. De sorte qu’une mère hutu pouvait avoir des enfants tutsi. Ce sont certaines de ces ­mères-là qui ont assassiné ou tenté d’assassiner leurs enfants. Le récit commun d’une volonté qui s’efface derrière celle des familles et ce qui agissait ses membres, tous génocidaires, découlant d’une artificielle division ethnique de la société rwandaise : « De toute façon, mes enfants allaient être tués. Je l’aurais été aussi. Je ne pouvais pas résister à la volonté des miens. Je n’étais plus rien. » Désaffiliées » de leur foyer, puisque leurs maris tutsi étaient morts, elles se sont « réaffiliées » à leurs familles hutu. Leurs enfants constituaient le prix de cette ré-affiliation. Tout les obligeait à ­mourir.

Le viol, un crime de l’intimité longtemps impensé

Anne Chemin : Si un citoyen de l’ère #metoo et un Français de l’Ancien Régime pouvaient un jour parler ensemble du viol, le premier serait scandalisé par la blessure psychique subie par la victime, le second par l’offense faite au paterfamilias ; le premier redouterait les souffrances engendrées par cette atteinte à l’intégrité personnelle, le second l’outrage infligé à l’honneur de la famille. Au XVIIIe siècle, la plupart des victimes reconnues sont des femmes mariées. dans les mentalités collectives, le seul “vrai” viol est celui de l’épouse, car c’est celui qui porte atteinte à la propriété du conjoint. Pour les autres, le viol n’a aucune importance sociale, il passe le plus souvent pour un léger désagrément. Jusqu’alors, nul ne pense qu’un viol peut constituer un anéantissement psychique : si déplaisant soit-il, l’épisode, pensait-on, sera bien vite oublié. L’avènement de la figure de l’individu au XXe siècle fait de la victime un sujet à part entière. À l’heure de Metoo, une main posée sur un genou, sans consentement, constitue déjà un viol, source d’une souffrance indicible.

Le point de vue des écologistes sensibles

Pour éviter de telles dérives, il faudrait que chacun d’entre nous écoute la voix de sa propre conscience des choses sans prêter trop d’attention à l’avis de son entourage et à l’état des mœurs à un moment donné. Certes toute société humaine définit ce qui est bien ou mal, agréable ou désagréable, donc tout ce qui constitue les valeurs de référence. Mais tout individu doit savoir discerner ce qui est vrai et ce qui est faux dans ce qu’on veut lui faire penser.

Au-delà des différences de culture, les enfants distinguent déjà sans ambiguïté à partir de trois ans les valeurs fondamentales comme le bonheur, la justice, le droit, l’honnêteté, et d’autre part les normes non généralisables comme l’observance de rites alimentaires, l’obligation vestimentaires des femmes et des hommes, les jours de culte. Pourtant en prenant de l’âge, les conventions sociales circonstancielles vont l’emporter dans la plupart des cas sur les obligations morales fondamentales :

Des étudiants en théologie qui avaient étudié le plus sérieusement du monde la parabole sur le bon samaritain se sont précipités vers le cours suivant sans jeter un seul regard sur un individu couché dans le couloir qui simulait pourtant être à demi-mort : la peur d’être en retard (la norme) prévalait sur la valeur (porter secours à son prochain).

L’abondance des normes empêche aujourd’hui la juste définition des valeurs, les normes dominent les valeurs. Les humains sont dorénavant emprisonnés dans une logique de territoires culturellement différenciés par des normes particulières alors que la valeur fondamentale du respect global du territoire qui nous fait vivre a complètement disparu dans les société modernes.

Il nous faut donc passer du MOI au SOI

Comme disait Gandhi quand on lui demandait : « Comment faites-vous toutes ces choses altruistes tout au long de l’année ? » Il répondait : « Je ne fais rien d’altruiste. J’essaie de progresser dans la réalisation de Soi. »

Joanna Macy : Le SOI est la construction métaphorique de l’identité et du potentiel d’action de l’être, le terreau hypothétique dans lequel nous plantons nos stratégies de survie. Une transformation s’opère : la notion classique du soi de la culture dominante qui nous a conditionnés est remise en question. Ce qu’Alan Watts a appelé « l’ego dans sa capsule de peau », et ce que Gregory Bateson a dénoncé comme « l’erreur épistémologique de la civilisation occidentale », perd sa dépouille. Apparaissent alors les fondations plus solides de l’identité et de l’intérêt personnel, ce que le philosophe Arne Naess appelle le Soi du monde (the ecological self, littéralement, le ‘soi écologique’), profondément relié avec les autres êtres et la vie de notre planète. C’est ce que je préfère appeler « reverdir l’être. »

Satish Kumar : Vous remarquerez que Descartes dit deux fois « je » dans son « je pense, donc je suis ». Il fonde tout seul sa vérité, tout ce qui vit autour de lui n’existe plus ! S’il avait réfléchi dans la nature, entouré d’arbres, d’animaux, caressé par le vent, il n’aurait pas conclu à une prise de conscience solitaire. En posant l’ego comme le moteur de l’être humain, votre Descartes a institué un dangereux dualisme, il a isolé l’homme de son environnement, il l’a proclamé indépendant.

Arne Naess propose une humanisation écologique par la pleine réalisation de soi, qui devient « Soi » en s’ouvrant à l’ensemble de l’écosphère, à tous les êtres humains et aux espèces animales. Dans cette capacité du soi à s’étendre en se liant aux autres, Arne Naess dit se situer sur une crête entre « sur la gauche l’océan des perceptions mystiques et organiques, sur la droite, l’abysse de l’individualisme atomiste. » C’est un véritable changement anthropologique dont il propose la mise en pratique, conduisant à apprécier la qualité de la vie plutôt qu’un haut niveau de vie. Cela jusqu’à dire que seul l’homme est capable de s’identifier par l’imagination à l’autre et même à l’animal.

Paul Shepard (1962) : Le soi est un centre d’organisation dont la peau et le comportement sont des zones souples qui nous mettent en contact avec le monde et ne nous en excluent pas. La pensée écologique implique une vision qui ne s’arrête pas aux frontières. L’épiderme de la peau ressemble, d’un point de vue écologique, à la surface d’un étang ou au terreau d’une forêt ; elle agit moins comme une coquille que comme une zone de délicate interpénétration. Le soi, dans la mesure où il fait partie du paysage et de l’écosystème, se révèle anobli et prolongé plutôt que menacé. Le monde est ton corps.

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L’écologie a besoin d’une spiritualité

Pour reverdir l’être, le SOI ouvert au monde

Pour en finir avec l’exaltation de SOI

Avons-nous encore besoin de rivières sauvages ?

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Stage d’écologie profonde, 14 juillet 2024

En ce jour de vote où chacun exprimera dans l’isoloir le destin qu’il voit pour la France, nous sortons de la vie politicienne pour envisager les valeurs qui peuvent nous sortir de l’anthropocentrisme ambiant.

Roseaux Dansants & Esprit Safran proposent « A l’écoute de la Terre en nous », un stage d’écologie profonde.

Thématique : Se relier à la Toile de la Vie, à la conscience collective du Vivant. Exprimer notre ressenti devant ce qui arrive à notre monde, réveiller en nous les forces vitales de la Terre. Trouver notre raison d’être et nous soutenir mutuellement pour aligner nos vies à notre créativité et nos valeurs profondes…

Du vendredi 12 au dimanche 14 juillet 2024 à Kerintec 29710 Pouldreuzic

Repas végétariens : en mode ‘auberge espagnole’

Hébergement : camping sur place ou gîte voisin

Horaires : du vendredi à 17h au dimanche à 17h

Renseignements pratiques : Anne Roche 06 61 59 01 09

 Intervenante : Claire Carré & Gwenaël Le Nohaïc

Renseignements pédagogiques & inscriptions : www.roseaux-dansants.org

Contactez : info@roseaux-dansants.org

Tel : 09 53 07 45 72

Frais pédagogiques : 250 euros plein tarif, 210 tarif réduit (sur justificatif)

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L’écologie profonde à l’opposé de l’écologie superficielle

extraits : Arne Naess est le théoricien de cette écologie profonde (deep ecology) qu’il oppose à l’écologie superficielle. Il part du constat que la situation environnementale est grave et que notre savoir, pour en prendre la mesure, est limité, Face à cela, deux attitudes sont possibles. La première cherche à protéger les ressources naturelles, c’est l’écologie superficielle. Elle est condamnée à échouer parce qu’elle ne s’en prend pas aux valeurs qui ont rendu possible et entretiennent la dévastation du monde… L’autre voie, l’écologie profonde, considère que la nature a une valeur intrinsèque, par opposition à l’écologie superficielle qui n’y reconnaît qu’une valeur instrumentale. L’écologie profonde juge la valeur des choses indépendamment de leur utilité. L’utilité est en effet nécessairement anthropocentrée, la totalité est oubliée….

1973, plate-forme de l’ écologie profonde

A la fin des années 1970, Arne Naess a formulé avec George Sessions une offre de « plate-forme de l’écologie profonde » en huit points :

I) les principes

1) le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains.

2) la richesse et la diversité des formes de vie contribuent à l’accomplissement de ces valeurs et sont également des valeurs en elles-mêmes.

3) sauf pour la satisfaction de leurs besoins vitaux, les hommes n’ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité.

II) le problème

4) l’interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s’aggrave rapidement.

III) les solutions

5) l’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution.

6) les politiques doivent changer, elles doivent affecter les structures économiques, techniques et idéologiques. La situation qui résultera du changement sera profondément différente de la situation actuelle.

7) le principal changement idéologique consistera en la valorisation de la qualité de la vie plutôt que de toujours promouvoir un niveau de vie supérieur.

8) ceux qui adhèrent aux points précités ont obligation de tenter de mettre en place directement ou indirectement ces changements nécessaires.

Stage d’écologie profonde, 14 juillet 2024 Lire la suite »

Les droits de la nature, à ne pas oublier

Comme toutes nos institutions, notre droit n’est pas neutre, il est largement conditionné par une certaine vision du monde. Ainsi de nos rapport à la nature, on fait preuve actuellement d’anthropocentrisme, on pourrait aussi bien un jour faire preuve d’écocentrisme.

Lire, Définir anthropocentrisme, biocentrisme, écocentrisme

Claire Legros : Des fleuves, des montagnes, des forêts se voient progressivement reconnaître comme des personnes juridiques, quand ce n’est pas la nature dans son ensemble – la Pachamama (la Terre Mère) – qui est promue sujet de droit. Cette mutation se heurte toutefois à de fortes oppositions. Si la confrontation semble à ce point radicale, c’est sans doute qu’au-delà de la querelle juridique, les droits de la nature portent en germe une transformation profonde de la pensée, une révolution copernicienne qui bouscule la vision anthropocentrique du monde et ouvre de nouveaux champs de réflexion sur les mutuelles dépendances entre humains et non-humains. C’est aux Etats-Unis que le juriste Christopher Stone élabore, en 1972, la première théorie juridique des droits de la nature, Les arbres doivent-ils pouvoir plaider ? Les arbres dont il est question sont de vénérables séquoias géants multimillénaires de la Mineral King Valley en Californie, que la compagnie Walt Disney s’apprête alors à supprimer pour construire une station de ski. L’une des principales organisations de défense de l’environnement aux Etats-Unis, le Sierra Club, assigne la firme en justice, mais est déboutée au motif qu’elle ne peut défendre les intérêts des arbres puisque la montagne ne lui appartient pas. Le juriste s’appuie des son côté sur la notion technique de « personnalité morale », créée au XIXe siècle pour les entreprises commerciales. Il suffit de déployer cette « fiction juridique » aux végétaux, aux minéraux ou aux animaux pour ne plus les considérer comme des choses.

Mais il est évident que, à partir du moment où des droits sont reconnus à la nature, la question de leur confrontation par rapport à ceux des humains est posée. Le respect des cycles naturels peut-il prévaloir sur les besoins fondamentaux des populations ? Pour les partisans des droits de la nature, la question relève presque du contresens. Loin de s’opposer aux droits humains, les droits de la nature en conditionnent au contraire l’exercice. Les droits de la nature renforcent au contraire les droits humains fondamentaux tels que le droit à un environnement sain ou à une eau potable. Si donner une personnalité juridique aux entités naturelles semble nécessaire, c’est pour provoquer une rupture symbolique, bousculer les représentations et en finir avec « une vision utilitariste et dominatrice de la nature ».

Le point de vue des écologistes

Guifredo : Merci pour cet article approfondi. L’idée est surprenante mais n’est-il pas aussi étonnant que les marchands de pétrole ou de ciment aient une personnalité morale qui leur donne des droits leur permettant de porter atteinte au climat ?

Lorange : Je ne vois en effet pas en quoi un fleuve aurait moins d’importance pour la planète et l’humanité qu’un cacochyme milliardaire du CAC 40. Limite même on peut aisément se passer du second alors que le premier est vital.

Alain Sager : Précisons. Quand Descartes dit : « comme maîtres et possesseurs de la nature », c’est avant tout pour éloigner l’idée d’un Dieu ou d’entités irrationnelles qui, selon leur bon vouloir ou leur caprice, pourraient influer sur le cours des choses, sans que l’homme ait sur elles aucune prise certaine. Dans l’esprit de Descartes, il restera donc toujours une distance, ou un écart, entre son bon vouloir et les forces naturelles en action. On pourrait même le rapprocher ici de Francis Bacon : « on ne commande à la nature qu’en lui obéissant ».

Michel SOURROUILLE : L’expression « acteurs absents » mérite considération. Selon la définition du Dictionnaire du développement durable, il s’agit des générations futures et des non-humains, absents de nos délibérations actuelles. Une expression nouvelle permet de rendre visible l’invisible. C’est possible, les religions du livre en témoignent : elles font célébrer un dieu abstrait dont l’existence ne pourra jamais être prouvée. Par contre, les enfants de nos enfants et la biodiversité dans la nature sont une réalité tangible dont l’avenir est compromis. Mais comment faire s’exprimer ces acteurs fantômes, par définition absents de notre présent ? On peut développer cette proposition de Sarah Vanuxem : « Derrière la personnification d’éléments de la nature, il y a la possibilité de les faire bénéficier d’un porte-parole humain. » Un avocat en somme !

Lire, Acteurs absents de nos délibérations présentes

Les droits de la nature, à ne pas oublier Lire la suite »

La canne à sucre, plus complexe que l’humanité

La canne à sucre, graminée tropicale qui assure aujourd’hui 80 % de la production mondiale de sucre, est la culture la plus récoltée au monde, en biomasse. Elle restait la seule grande plante cultivée dont le génome nous demeurait impénétrable. Le grand livre de son ADN, il est vrai, était d’une redoutable complexité.

Florence Rosier : Écrit en 114 chapitres, pour ses 114 chromosomes, il est en réalité constitué de dix chromosomes, copiés chacun en onze à treize exemplaires… loin d’être tous exactement semblables. Au terme de cinq années de travail, mobilisant trente-cinq scientifiques de quatre pays, les chercheurs ont déchiffré la totalité du génome d’une variété de canne à sucre, la R 570. Les 8,7 milliards de lettres de l’ADN de la canne à sucre – soit vingt fois plus que le génome du riz et trois fois plus que celui de l’homme – ont ainsi été lues dans l’un des plus grands centres de séquençage au monde, le Joint Genome Institute. L’humanité n’est pas la seule espèce à ADN, elle n’est qu’une variante produite par la biosphère depuis 3,5 milliards d’années environ.

Le point de vue de la Biosphère

Je suis la sphère où se déploie la vie, j’inclus toutes les espèces vivantes et les milieux où elles se développent. Pour moi, les humains ne sont qu’un élément de la biocœnose parmi d’autres. Vos dieux ne sont pour rien dans votre existence. Je suis le début et la fin de toute vie. Je suis le sol qui vous porte et l’atmosphère qui vous entoure, les végétaux qui procurent votre oxygène et vos légumes, les animaux que vous contemplez du regard ou dans votre assiette. En vérité en vérité je vous le dis, vous devriez célébrer mon existence puisque vous n’êtes qu’une infime partie de moi-même, toutes les composantes de votre corps existaient déjà dans les premiers instants du grand tout, votre statut actuel ne peut se dissocier du support matériel qui vous associe aux autre espèces et à la place de notre planète dans l’univers, votre survie dépend de la mienne.

Il vous faut admettre que toutes les autres formes de vie existant aujourd’hui descendent comme vous d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale. Je n’ai inventé qu’un seul système pour organiser l’évolution : mêmes briques de départ, même schéma général d’organisation. Ainsi plumes, écailles, glandes et dents proviennent toutes du même tissu épithélial, dépendent du même répertoire génétique. Cependant certaines de mes composantes disparaissent alors que d’autres demeurent ou se transforment. Vous, les humains,  vous n’êtes que péripétie de ma façon de jongler avec l’ADN.

Pourtant les humains ne considèrent que l’environnement qui entoure leur propre conscience des choses, ils estiment que la biosphère leur est extérieure et qu’ils peuvent en faire ce qu’ils veulent, comme s’ils en étaient propriétaires. Mais si vous aviez un contact plus étroit avec moi, vous auriez mieux conscience de votre juste place : le vivant est un tout dont les humains devraient se sentir solidaires. Vous ne pouvez pas porter de culte à quelque croyance que ce soit tant que ce n’est que parole humaine, faite par des humains pour des humains, sans aucun souci de la Nature. Vous n’êtes qu’un maillon de la chaîne alimentaire et la poursuite de vos activités ainsi que votre existence même dépend de l’équilibre de mes cycles vitaux, les flux d’énergie solaire, la circulation de l’eau, la composition de l’air. Mais à l’heure actuelle vous perturbez trop profondément les conditions de l’équilibre sur la planète et cela m’exaspère, même si j’aurai toujours assez de ressources pour permettre à d’autres formes de vie de vous succéder.

Au cours de votre XIXe siècle, une révolution industrielle succède aux révolutions agricoles et des techniques destructrices de l’environnement prennent tout le pouvoir. Vous devenez alors le cancer de la Terre qui met en péril mon équilibre et donc le vôtre. Votre goût de la puissance n’accepte plus aujourd’hui de limites. Alors que vos activités humaines rentrent en interférence avec mes cycles vitaux comme celui de l’eau, vous engagez la survie de vos générations futures et du reste de la Biosphère en faisant comme si seul votre présent avait de la valeur. Alors qu’une radiation nucléaire ne se voit pas, ne se sent pas, ne fait pas de bruit, ne se touche pas et n’a aucun goût, vous avez réussi à la découvrir et à libérer les forces internes de l’atome. Alors que vous savez que cette radioactivité peut faire des dégâts sur l’organisation du vivant pendant une éternité de temps, vous accumulez les déchets nucléaires. Conformément aux désirs délirants d’une de vos religions, vous devenez féconds et prolifiques, vous remplissez la Terre et vous la dominez, vous soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. Vous êtes plus de 8 milliard d’envahisseurs aujourd’hui de tous territoires que vous pouvez parcourir, cela n’est pas durable, c’est insupportable, c’est inacceptable.

Soyons clair, je ne peux personnellement m’exprimer qu’indirectement par le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité, par les inondations et les sécheresses, par la prolifération des microbes et des virus. En effet je ne possède pas la parole, c’est vous qui en avez le monopole. Je ne peux donc dire qu’au travers de vos propres mots et n’exister à vos yeux que par votre relation personnelle à la Nature. Si vous voulez m’aider à trouver un ordre durable, vous devez suivre la voie de la décroissance humaine, et vouloir une planète où votre trace sera à nouveau infime et insignifiante en mon sein.

C’est à vous, individuellement et collectivement, de rechercher l’harmonie avec l’ensemble de votre environnement naturel et socio-économique. Pour cela, vous ne pouvez pas faire confiance aux actes du passé, encore moins aux dérapages de la civilisation thermo-industrielle présente, vous devez patiemment chercher votre voie au milieu des ruines d’une Nature déjà complètement artificialisée. C’est à vous de faire personnellement preuve de simplicité volontaire et de vous regrouper en association de défense de la nature, c’est à vous d’agir politiquement pour que l’équilibre durable de la Biosphère devienne le fondement de toute décision humaine : il n’y a pas de dieu extérieur à vous-même. Votre tâche sera longue parce que vous devez remettre en question presque toutes vos certitudes, presque toutes vos activités, presque toutes vos pensées. Votre tâche sera difficile parce que vous devrez renier tout ce qui fait de vous des humains arrogants et conquérants, parce que vous devrez apprendre l’humilité et l’écoute de votre milieu de vie.

Mon dernier souhait

Grâce à vos connaissances techno-scientifiques, vous savez que nous ne sommes qu’un minuscule point dans l’immensité de l’infini. Le soleil qui éclaire nos activités n’est que l’une des 50 ou 100 milliards d’étoiles de notre galaxie, la Voie Lactée, le nombre de galaxies connues se compte aussi en milliards et l’objet le plus lointain observé depuis un observatoire terrestre se trouve à plus de 12 milliards d’années lumières (12 x 9500 milliards de kilomètres). Nous, l’ensemble des membres de la biosphère, nous ne sommes que très peu de chose dans l’univers, et certainement un des très rares espaces habité par une vie foisonnante. Ne gaspillons pas cette chance, celle de vivre ensemble et de se perpétuer.

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Les Dix Commandements de la biosphère

Les Dix Commandements, dernière version

pour une actualisation des préceptes religieux

Nous proposons le texte suivant  à tes remarques, critiques et amendements.

Avec votre apport, il sera sans aucun doute adopté un jour ou l’autre de façon supranationale…

Tu pratiqueras la simplicité volontaire ;

Tu as autant de devoirs que de droits ;

Tu aimeras la planète comme toi-même ;

Tu réagiras toujours de façon proportionnée ;

Tu protégeras l’avenir des générations futures ;

Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ;

Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ;

Tu adapteras ta fécondité aux capacités de  ton écosystème ;

Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ;

Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.

Quelques précisions

Il n’y a pas d’ordre de préférence entre ces dix préceptes, ils sont complémentaires. Ils permettent aussi l’interprétation, il n’y a rien de figé dans le cours d’une pensée. C’est aussi très différent des préceptes religieux.

Le décalogue ou loi de Moïse, plus connu sous la dénomination « les dix commandements » est inscrit dans le deutéronome, histoire des juifs jusqu’à l’exil en Babylonie. Il s’agissait d’un discours humain, celui d’un chef de tribu, qui se masquait derrière le nom de Dieu pour faire passer de façon brutale son propre message social :

« Moi, Yahweh, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, punissant l’iniquité des pères sur les enfants et les descendants jusqu’à la troisième et quatrième génération pour ceux qui me haïssent, et faisant miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et gardent mes commandements. »

Ces préceptes ont servi de fil conducteur aux principes éthiques d’une grande partie de l’humanité pendant plusieurs millénaire. Mais le Décalogue comporte 3 articles sur le respect de la divinité, 3 articles sur le respect de la vie familiale, 4 seulement sur le respect de la vie sociale et aucun sur le respect pour la Nature ; beaucoup de choses pour Dieu et trop peu de choses pour encadrer une organisation socio-économique qui détériore la Biosphère.

Tu n’auras pas d’autres dieux que moi.

Tu ne feras aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux.

Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal.

Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu.

Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.

Tu ne commettras pas de meurtre.

Tu ne commettras pas d’adultère.

Tu ne commettras pas de vol.

Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.

Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

Quant aux cinq piliers de l’Islam des musulmans, ils sont simplistes et virent à l’idolâtrie. Dans ce rituel, il y a quatre dévotions envers dieu, une seule attention à autrui, donc trop peu de choses pour harmoniser la vie dans une société complexe… et une absence totale de notre nécessaire rapport à la Nature.

1) la Shahada (la profession de foi) ;
2) la Zakât (aumône légale) ;
3) le pèlerinage à La Mecque ;
4) le jeûne (du mois de Ramadan) ;
5) la prière (qui doit être faite cinq fois par jour).

Toute religion, en mettant Dieu et non la Biosphère au centre de ses directives, définit des règles de comportement centrées sur les intérêts de sa propre secte, non sur l’intérêt de l’espèce humaine, encore moins sur les rapports entre les humains et la nature qui nous permet de vivre. Dieu ne nous attend pas dans l’au-delà alors que nos générations futures et la biodiversité sont déjà victimes de nos actes présents… Si nous n’avons pas fait ce que nous devons pendant notre existence, penser aux acteurs absents, nous n’avons servi à rien de bien.

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La Religion à l’épreuve de l’écologie

Jésus Christ (s’il a existé) se foutait complètement de l’état de la planète, ce n’était pas sa préoccupation. Il voulait seulement moderniser la lecture juive de la bible, point final. La Bible et les Évangiles restent complètement muets sur la question écologique. Et leur application concrète reste même profondément anti-écolo. Lynn White imputait en 1967 les racines historiques de notre crise écologique à la vision du monde judéo-chrétienne. Selon la Genèse les êtres humains, seuls de toutes les créatures, furent créés à l’image de Dieu. Il leur fut donc donné d’exercer leur supériorité sur la nature et de l’assujettir. Deux mille ans de mise en œuvre toujours plus efficace de cette vision de la relation homme/nature ont abouti à la fois à des merveilles technologiques pernicieuses et à la crise environnementale. Un « christianisme écologisé », c’est un oxymore, un non sens. Quoi qu’en pense Bruno Latour !

Youness Bousenna : Personne n’a jamais lu le premier livre de Bruno Latour (1947-2022). Désormais, il faudra compter avec « Exégèse et ontologie », sa thèse de philosophie soutenue en 1975. Le cœur de son projet portait sur l’ontologie, animé par une intuition centrale : la pluralité des « modes d’existence », ces façons de concevoir l’être et le monde. Le texte originel est inclus dans La Religion à l’épreuve de l’écologie, un ensemble d’entretiens autour du christianisme réalisés de novembre 2020 à janvier 2021 qui déroule quatre décennies d’un parcours intellectuel ponctué par une nouvelle secousse cosmologique : la crise écologique, devenue centrale dans sa pensée à partir de Face à Gaïa (2015). Il penche pour un « christianisme écologisé » apte à jouer son rôle historique. Car la révélation du Christ repose à ses yeux sur une « invention stupéfiante », celle d’avoir rendu possible la coexistence du temps et de l’éternité.

lire, Bruno Latour et Gaïa, la Terre-mère

Le point de vue des écologistes athées

« Ontologie », « cosmologie », soyons plus simple. Il n’y a rien de dédaigneux à souligner que les gens manifestent souvent leur crédulité, leur instinct grégaire et leur besoin d’être dupés. La foi religieuse, précisément parce que nous sommes des créatures qui a besoin de croire, ne disparaîtra jamais. C’est pourquoi il ne faudrait pas l’interdire même si on en avait le pouvoir.

Pourtant la religion elle-même est incapable d’une telle tolérance, la religion empoisonne tout. Cela explique la profusion des dieux et des cultes, les luttes fratricides au sein de chaque religion et entre elles, et qui ont entravé l’émergence d’une intelligence collective. Dieu n’a pas créé l’homme à sa propre image, c’est bien sûr l’inverse. 

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

lire Mémoire des pensées et des sentiments de Jean MESLIER (1729)

extraits : Fin juin 1729 meurt dans son presbytère Jean Meslier, curé d’Etrépigny (Ardennes) de 1689 à 1729 ; sur la table, une lettre qui exhorte ses confrères les curés à déserter : « Je m’assure que si vous suivez bien les lumières naturelles de votre esprit, vous verrez au moins aussi bien que moy que toutes les religions du monde ne sont que des inventions humaines, et que tout ce que votre religion vous enseigne, et vous oblige de croire, comme surnaturel et divin, n’est dans le fond qu’erreur, que mensonge, qu’illusions et imposture…. Pourquoi aller chercher un Dieu invisible et inconnu comme créateur des êtres et des choses, alors que les êtres et les choses existent et que, par conséquent, il est bien plus simple d’attribuer la force créatrice, organisatrice, à ce que nous voyons, à ce que nous touchons, c’est à dire à la matière elle-même? Toutes les qualités et puissances qu’on attribue à un Dieu placé en dehors de la nature, pourquoi ne pas les attribuer à la nature même qui est éternelle ?

Et aussi

Genèse (la Bible et l’écologie) de John Baird CALLICOTT (1991)

Dieu n’est pas grand (comment la religion empoisonne tout) de Christopher Hitchens (2007)

Les Chinois demandaient aux premiers missionnaires chrétiens :

« Si dieu s’est révélé, comment a-t-il pu laisser s’écouler tant de siècles avant d’en informer les Chinois ? »

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Horrible, limiter la liberté d’expression

La liberté d’expression est devenue l’ennemie du pluralisme et un danger pour la démocratie.

La liberté d’expression aux USA

Le premier amendement à la Constitution des Etats-Unis, qui interdit à l’Etat de porter atteinte à la liberté d’expression, à la liberté de la presse et à la liberté religieuse, a depuis longtemps été interprété de façon extensive, voire absolutiste, par la Cour suprême des Etats-Unis. Il est donc possible de mentir, de proférer des propos racistes ou antisémites sous le parapluie protecteur du premier amendement. La désinformation s’est aggravée avec l’arrivée des chaînes d’information en continu, entraînant une course à l’audience non régulée, et l’omniprésence des réseaux sociaux. Ce qui aide à comprendre que 10 % des Américains croient que la Terre est plate, qu’un tiers des Américains pensent encore aujourd’hui que Joe Biden n’a pas été élu de façon légitime.

Les élections de novembre sont donc à haut risque. Or, ses résultats sont cruciaux non seulement pour les Américains, leurs droits, leurs libertés et la démocratie, mais aussi pour le climat, la planète, tout comme la paix et la sécurité en Ukraine, en Europe et dans le monde.

La liberté d’expression en France

Le fondement constitutionnel de la liberté d’expression en France repose sur l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789  : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». Il existe aujourd’hui des limites légales à cette liberté d’expression : pas de diffamation, pas d’injure, pas de propos discriminatoire, sexiste ou raciste, négationniste, ou incitant à la haine. Il paraît donc contraire à la loi d’affirmer que l’homme est supérieur à la femme (sexisme) et le Blanc au Noir (racisme). On ne peut donc pas dire n’importe quoi quand on fait référence à une personne, la bienveillance est une vertu essentielle à une vie collective apaisée.

Le Constituant entendait favoriser un débat d’idées. Il ne visait explicitement que la libre communication « des pensées et des opinions », certainement pas des fake news ou infox (fausses informations) ni de la publicité commerciale qui n’est que matraquage (intox). Le philosophe John Stuart Mill (1806-1873) avait défini la portée de la liberté d’expression : lorsqu’il est libre, le débat contradictoire peut conduire à une forme d’autorégulation spontanée de la parole. Les contre-vérités, les propos aberrants ou loufoques finissent toujours normalement par être critiqués et neutralisés. Mais à son époque, peu de personnes avaient accès à la parole publique et toutes partageaient les mêmes codes de langage. Le débat éclairé était encore possible. Ce n’est plus le cas aujourd’hui dans nos sociétés pluralistes et fragmentées, ce ne sont pas seulement des arguments qui s’affrontent mais aussi des identités forgés par les réseaux sociaux. Dans ce contexte, les propos qui rappellent les faits et font appel à la raison deviennent vite inaudibles.

C’est la défaite de la démocratie si les citoyens ne peuvent plus avoir un discours éclairé par la recherche d’une commune vérité.

Le point de vue des écologistes qui disent vrai

Quand l’un dit qu’il pleut et l’autre dit qu’il fait soleil, on ne peut traiter les deux de manière égale, on regarde par la fenêtre pour voir qui a raison. Il est préoccupant de constater à quel point beaucoup ne mettent pas de frontière entre fait et opinion, entre connaissance et croyance. La liberté d’expression est l’apanage de sociétés qui savent en faire bon usage, la démocratie se mérite et est exigeante avec ses membres. Si vous ne savez plus distinguer le vrai du faux, si vous pensez juste ce que vous avez envie de croire juste, si vous n’entendez plus que ce qui vous renforce dans votre opinion, alors la liberté d’expression n’a plus de sens. Un sondage de 2018 a montré que 9% des français croient que la Terre est plate. Et en 2023. 37% des français sont climato-sceptiques. Ces exemples sont affligeants, mais n’ont rien à voir avec la liberté d’expression, ou même les États-Unis. Cela reflète simplement qu’une grande proportion des humains n’ont pas le bagage scientifique pour comprendre ces phénomènes et qu’ils n’ont pas confiance en ceux qui les comprennent. La situation serait moins dramatique si on avait décidé d'(in)former les gens plutôt que d’en faire des outils de production ou des consommateurs repus.

Le combat est inégal. C’est la technique de l’avalanche, dire a peu prêt tout et n’importe quoi, souvent. En face, c’est perdu, même si vous démontrez l’ineptie des propos, ça coûte bien plus d’énergie et de temps que le mensonge. Car le mensonge et l’outrance sont beaucoup plus faciles à accepter pour une population lobotomisée et une éducation en berne. La croyance personnelle a souvent plus de valeur (car elle résulte de l’appropriation d’idées simples), que les connaissances scientifiques sur un même objet (plus complexes, contre-intuitives souvent aussi, et donc moins faciles à s’approprier. L’ignorance fait la force des faibles. Le risque est réel et l’élection de psychopathes en est le signe.

Peut-être que des solutions de fact-checking en temps réel avec un vrai pouvoir de censure seraient à explorer. Un platiste peut penser ce qu’il veut dans sa sphère intérieure, mais pas exprimer des conneries dans la sphère publique. Le travail d’un journaliste sérieux est normalement de faire le tri entre les innombrables informations dont il se doit d’être le relais. Le travail d’une chaîne d’information quelle qu’elle soit est de faire progresser l’intelligence collective, pas de la torpiller.

En savoir plus sur la liberté d’opinion grâce à notre blog biosphere

Horrible, la société écolo idéale ?

extraits : Notre futur tel qu’il pourrait être…tu cultive ton propre potager dans une toute petite communauté tu as planté quelques arbres fruitiers pour améliorer l’ordinaire ta vie politique se résume à quelques réunions avec les hameaux environnants tu manges plutôt végétarien même si tu tues le cochon chaque année….

Horrible, la société idéale non violente ?

extraits : Les policiers n’étaient pas armés. De toute façon il n’étaient plus en uniforme, ils étaient anonymés et n’intervenaient d’ailleurs que rarement. Plutôt secouristes qu’agent de la force publique. Car en ce temps là il n’y avait plus de crimes, de viols, de vols, ou même d’altercations. Plus personne ou presque n’avait l’idée d’agresser quiconque, tout cela était désormais du passé, l’intelligence collective était passée par là.

Horrible, une société sans armées !!!

extraits : Nous sommes enfermés dans des ridicules espaces territoriaux artificiels qu’on appelle « nation ». Tant, que les Etats-nations voudront se faire la guerre, tant que les citoyens financeront des armées toutes plus nuisibles les unes que les autres, il n’y aura pas d’avenir possible. Devenons tous et toutes objecteurs de conscience, opposés en toutes circonstances à l’usage collectif des armes. En conséquence, il n’y aurait plus d’armée institutionnalisée, il n’y aurait plus de guerres généralisées…

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Entre imaginaires contradictoires, que choisir ?

Alors que la transformation écologique en Europe nourrit le doute et la montée des contestations, il n’a jamais été aussi utile d’avoir les idées claires sur le chemin à emprunter pour surmonter les défis climatique, énergétique, etc. Que choisir entre des imaginaires contradictoires ?

Thèse : Mythes et légendes écologistes

Benoît Rittaud : « Ce qui change à travers les âges, c’est l’objet qui excite l’imagination : un jour un dieu, le lendemain un empereur, le surlendemain une idéologie… Aujourd’hui c’est la planète dont il conviendrait de restaurer le règne injustement interrompu. Tout indique pourtant que la fin du monde n’est pas pour demain. Force est de constater les prodiges accomplis par les penseurs du progrès comme Condorcet et les inventeurs de la filière nucléaire. Nous n’avons plus jamais froid, nous n’avons plus jamais faim, nous nous éclairons à volonté, nous communiquons avec nos proches à tout moment, on craignait l’arracheur de dents, personne n’a peur de son dentiste.… Quel homme de l’époque médiévale n’écarquillerait pas les yeux devant les prodiges d’un tel quotidien ? Si l’esprit de Malthus venait aujourd’hui à l’emporter sur celui de Condorcet, d’immenses souffrances en résulteraient pour le plus grand nombre, sans le moindre profit pour l’espèce humaine ou pour le monde naturel… »

(éditions L’Artilleur, 2023)

Antithèse : La Révolution obligée. Réussir la transformation écologique sans dépendre de la Chine et des Etats-Unis 

David Djaïz et Xavier Desjardins : « L’alternative n’est pas entre le mouvement et l’immobilisme, elle est entre une révolution écologique obligée mais maîtrisée, gouvernée démocratiquement de bout en bout, ou bien, au contraire, des bouleversements planétaires incontrôlables, désordonnés, aux effets potentiellement bien plus dévastateurs, y compris sur le bien-être individuel. Avec la « civilisation écologique » à la chinoise ou la « réindustrialisation verte » aux Etats-Unis, la question climatique est bien incorporée à l’imaginaire national, au contrat social, à l’économie politique et aux relations internationales. Si cette démarche n’offre aucune garantie de succès, elle a le mérite de proposer un récit à leurs populations respectives, condition indispensable à l’acceptation des efforts à fournir. Ce nouveau contrat social reposerait sur trois piliers : un nouvel imaginaire de la solidarité étendu à la nature ; un nouveau pacte de production et de consommation conjuguant choc industriel et accompagnement des plus modestes ; un nouveau mode de gouvernance doté d’une boussole écologique…. »

(éditions Allary, 2024)

synthèse biosphèrique : Vers un imaginaire partagé décroissanciste

Un mythe constitue un récit fondateur, situé hors du temps, qui raconte la création du monde, justifie les relations entre les sexes, règle les rapports humains avec la nature… On chercherait en vain, dans le grand réservoir des mythes, un récit qui justifierait la croissance infinie. Pourtant le mythe moderne de la croissance baigne aujourd’hui notre imaginaire, il constitue le fondement de cette nouvelle religion en tant qu’ensemble de croyances communes qui scellent l’unité du groupe. Le grand récit religieux moderne passe désormais par les objets plutôt que par les mots. La preuve de la croissance et du progrès, ce sont les navettes spatiales, les robots intelligents, les voitures sans chauffeur, les smartphones, etc. Cet imaginaire doit changer puisqu’il y a rupture écologique.

Un changement culturel d’ampleur ne peut arriver en un jour, il se forge par étapes successives contre le règne des SUR : surcroissance, surconsommation, suremballage, surabondance, suractivité, surpâturage, surpêche, sur-communications, surendettement, surmondialisation, sur-mobilités, sur-tourisme, suréquipement, surmédicalisation, surpuissance technologique, etc. Le résultat final se conjugue en DÉ : décroissance, démondialisation, désurbanisation, dévoiturage, dépopulation, dé-technicisation, démilitarisation, décentralisation, etc.

Bien sûr un tel récit collectif est inaudible actuellement… pourtant quand nous n’aurons plus de pétrole mais le réchauffement climatique en prime, nécessité fera loi. Il y aura planification du rationnement si tout se passe bien, c’est-à-dire de façon maîtrisée, sans nous concocter une grosse guerre par exemple….

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Notre imaginaire sur nos besoins se modifie (2023)

extraits : Dans un monde où six des neuf limites planétaires ont déjà été dépassées, nous devons reconsidérer nos priorités. Comment ignorer aussi que l’approvisionnement de l’Europe en pétrole risque de devenir problématique tant certains pays producteurs s’approchent de leur pic de production, voire l’ont dépassé ? Il est urgent de se questionner sur les besoins que nous définirons comme essentiels. Quelle place souhaitons-nous accorder à la 5G, à la 6G, à l’ordinateur quantique ? Doivent-elles être considérées comme nos priorités ?….

L’imaginaire technologique de nos présidents (2021)

extraits : Nos présidents se font un point d’honneur de glorifier la technique dite « de pointe ». De Gaulle inaugure le sous-marin Le Redoutable (1967), Pompidou vole en Concorde de Paris à Toulouse (1971), Giscard visite la centrale nucléaire de Gravelines (1980), Mitterrand inaugure le TGV (1981), Emmanuel Macron adoore « le TGV, Ariane, le Concorde et le nucléaire. »….

L’utopie écologique, un imaginaire à vivre (2019)

extraits : L’utopie « techno-libérale » décrit une société hyper-individualiste organisée pour une croissance forte tirée par la science et la technologie, avec le transhumanisme comme point d’horizon. L’Utopie « écologique » dépeint une organisation de l’économie et de la société tendue vers la sobriété, le « moins mais mieux ». L’Utopie « sécuritaire » renvoie à une société nostalgique d’un passé révolu, attachée à la morale et à la tradition, soucieuse de préserver son identité face aux influences étrangères. Notre enquête d’opinion a mesuré le degré d’adhésion des Français à ces trois modèles de société idéale….

Perdre l’imaginaire de la nature nécessite de le retrouver (2014)

extraits : Dans notre imaginaire, le monde naturel bat en retraite. Il s’amenuise et s’appauvrit. Dans l’univers merveilleux de Disney, les décors naturels sont moins présents : ils occupaient en moyenne 80 % du temps dans les films produits dans les années 1940, contre environ 50 % dans les années 2010. De plus, lorsque des environnements naturels sont représentés, il s’agit de plus en plus de paysages anthropisés (zones agricoles, jardins, etc.). Surtout, le nombre d’espèces animales apparaissant dans chaque film baisse continuellement avec les années. Les enfants jouent moins dans la nature et, lorsqu’ils deviennent scénaristes, tendent à moins la représenter dans les histoires qu’ils écrivent… contribuant à leur tour à forger chez les enfants un imaginaire toujours plus éloigné des beautés du vivant….

contre les frontistes, l’imaginaire collectif écolo ! (2013)

extraits : Tout mouvement existe avant toute action comme discours, mais les différences conceptuelles entre partis traditionnels s’effritent. La gauche se dit « sociale », mais la droite libérale se veut « populaire ». Pour le reste, la vulgate reste identique, marché, concurrence, compétitivité internationale, progrès technologique, croissance économique sans freins. Face à ce duopole, le Front national véhicule depuis sa création en 1972 une conception du monde qui se veut particulière : décadence, nostalgie d’un âge d’or révolu, théorie du complot et appel au chef messianique….

Entre imaginaires contradictoires, que choisir ? Lire la suite »

Acheter librement du cannabis ???

Acheter du cannabis ou en cultiver chez soi pour son bon plaisir, ce sera possible dès le 1er avril 2024 en Allemagne ; le Parlement a définitivement voté le 23 février 2024, une des législations les plus libérales d’Europe. La réglementation autorise l’achat de cannabis, en quantité limitée de 25 grammes par jour maximum et pas plus de 50 grammes par mois par le biais d’associations à but non lucratif. Il sera également possible de cultiver jusqu’à trois plants pour son propre usage. La possession et la consommation de cette drogue resteront toutefois formellement interdites pour les jeunes de moins de 18 ans. La réforme doit, d’après le gouvernement, permettre de lutter plus efficacement contre le marché noir. Reconnaissant qu’une surconsommation de cannabis pouvait être « dangereuse » pour les jeunes, dont le cerveau se développe jusqu’à 25 ans, le ministre de la santé a fait savoir qu’une campagne sensibilisation allait être mise en place.

Le point de vue des écologistes accros… ou non

Pour. Bravo à l’Allemagne. Les prisons vont se vider et le taux de radicalisation diminuer fortement. Les islamistes vont faire « gueule »! C’était leur laboratoire… Les proprios et locataires des immeubles vont enfin retrouver des halls d’entrée propres et sécurisés. Vivement une loi similaire en France.

Contre. J’ai longtemps cru à cette voie de la légalisation, mais c’est une illusion de croire que cela mettra fin au marché noir et à la criminalité. C’est une question de concurrence, même le tabac, avec l’augmentation des prix, fait de plus en plus l’objet de trafics par des organisations criminelles. Et la crise des opioïdes aux USA a débuté avec des médicaments légalement vendus en pharmacie.

Pour. Ce serait bien de ne pas ressortir le vilain mot « drogue » à chaque article sur le cannabis. Ou alors, il faut le faire à chaque article sur l’alcool et le tabac.

Contre. 50g par mois pour une consommation individuelle ça paraît déjà assez énorme…Ça revient à plusieurs joints par jour je dirais et donc à une consommation qui, si on la calque aux critères appliqués à l’alcool, pourrait être qualifiée de pathologique… 50 g par mois je vois pas comment on peut aller bosser à moins d’être bassiste de reggae professionnel.

Pour. J’aime la proposition de limiter à 10 % le taux de THC. On en revient à quelque chose de raisonnable, notre « thaï » des années 1990 qui vous faisait passer une bonne soirée à discuter au lieux de baver sur un coussin pendant 4h et vomir, avec une herbe à 30 % telle qu’elle est pratiquée par nos jeunes aujourd’hui.

Contre. L’alcool au volant est interdit, de même que les stupéfiants. L’un est interdit l’autre pas en France. Bref, il existe des considérations pour ou contre, mais clairement pas celui-là. Les victimes des chauffard scomplètement stone n’en pensent pas moins.

Le point de vue des écologistes scientifiques

Légalisation du cannabis non médical au Colorado : dix ans après une étude parue en novembre 2018 du Centennial Institute de l’Université chrétienne du Colorado s’est penchée sur le rapport avantage/coût. Elle estime que pour 1 dollar rapporté en taxe, le coût pour l’État serait de 4,5 dollars. Car il y a beaucoup d’effet non désirés, les hospitalisations et dommages sociaux l’emportent sur les revenus pour l’État.

Le THC est une molécule qui a une longue demi-vie d’élimination – environ vingt-huit jours dans le corps –, car elle se fixe de manière importante dans les lipides et les graisses, notamment cérébrales, avec des phénomènes de relargage importants dans l’organisme. Un consommateur qui inhale du cannabis de manière régulière aura encore des traces de THC dans le corps jusqu’à un mois après la prise. Plus le produit est puissant, plus on est dépendant à ses effets. En pharmacocinétique, quand on va haut très fort et qu’on redescend très vite, cela favorise naturellement les envies de consommer.

Avec le cannabis classique, on constate l’apparition de complications psychiatriques de deux ordres : des épisodes délirants aigus – Dieu vous parle, par exemple ; des vécus paranoïaques – tout le monde me regarde, on m’en veut. Ou encore des complications anxieuses, caractérisées par un bad trip, une attaque de panique, un syndrome de déréalisation, ou encore un sentiment d’étrangeté. Dans les cas les plus graves, cela peut durer plusieurs mois, jusqu’à un an. Il y a aussi du somatique : des nausées, des vomissements, des troubles de la vigilance, une tension faible, un pouls qui accélère ou ralentit. La grande quantité de fumée dans les cannabinoïdes est également plus toxique pour les voies aéro-pulmonaires. Il faut aussi préciser que la consommation de ces produits participe à l’aggravation de toutes les pathologies mentales.

Nous, militants écologistes, nous sommes allergiques au tabac et au cannabis, abstinent quant aux vins et autres alcools. Nous pratiquons au minimum le lundi végétarien et évitons les nourritures industriellement transformées. nous mangeons de préférence bio et de proximité. Nous refusons les mécanismes publicitaires et ceux de la mode, nous proscrivons l’achat inutile et le besoin artificiel. Nous faisons preuve de sobriété énergétique, ce qui implique de limiter au maximum nos déplacements dans des engins motorisés. Pour les plus avancés d’entre nous, nous n’avons ni télévision, ni carte bancaire, ni voiture, encore moins de smartphone. On peut vivre sans, il suffit de s’organiser autrement. Quand nous allons au bout de notre prise de conscience, nous cultivons aussi un lopin de terre et/ou plantons des arbres fruitiers.

Cessons d’attendre que le système change, il ne changera pas sans nous.

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Cannabis, une dépénalisation absurde

extraits : Je n’ai jamais eu besoin de stimulants artificiels pour me sentir bien dans ma peau. Pourtant la dépénalisation du cannabis, c’est « la position » des Verts, depuis « très longtemps ». Approuver un Etat dealer me paraît vraiment bizarre et prendre comme exemple à suivre l’Etat du Colorado (ou l’Allemagne) n’est pas une justification. Rappelons que le principe actif du cannabis, le THC (tétrahydrocannabinol), est inscrit sur la liste des stupéfiants. Des doses fortes entraînent rapidement des difficultés à accomplir une tâche, perturbant le positionnement dans le temps, la perception visuelle et la mémoire immédiate. Est-ce cela qu’on attend d’un écolo, l’inconscience citoyenne ? …

Les écologistes disent non au cannabis

extraits : Du point de vue des écologistes réalistes, les drogues ne devraient pas être autorisés. Pourquoi des paradis artificiels alors que préserver la beauté de la nature et profiter de ses bienfaits devrait suffire à notre bonheur. Voici quelques réactions sur lemonde.fr quant à l’usage du cannabis qui montrent la difficulté d’arriver à un consensus sur l’usage des drogues…

4 octobre 2016, légalisation du cannabis, une erreur des écolos

extraits : Le tout premier débat de l’élection présidentielle a eu lieu le 27 septembre 2016 entre les quatre candidats à la primaire écologiste, Yannick Jadot, Michèle Rivasi, Cécile Duflot et Karima Delli. Sur la légalisation du cannabis, c’est probablement le sujet sur lequel les quatre candidats se rejoignent le plus. Tous sont favorables à la légalisation du cannabis, à condition que celle-ci soit « encadrée ». Les écologistes sont donc le seul parti dont tous les candidats à l’élection présidentielle sont favorables à la légalisation et non à la seule dépénalisation du cannabis…

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L’abattage rituel des animaux, une anomalie

Pour les deux cultes, juif et musulman, les animaux doivent être saignés encore conscients (sans étourdissement préalable) pour que leur viande puisse être consommée conformément aux principes religieux. Notez que l’étourdir n’empêchera pas qu’il se videra de son sang. L’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme sur « la liberté de pensée, de conscience et de religions » garantit à chacun la possibilité de pratiquer et d’accomplir les rites.

Le 13 février 2024, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) une institution à laquelle adhérent 46 pays, a pourtant trouvé normal l’interdiction par deux régions belges de l’abattage rituel : les autorités « ont pris une mesure qui est justifiée dans son principe et qui peut passer pour proportionnée au but poursuivi, à savoir la protection du bien-être animal en tant qu’élément de la morale publique ».

Le bien-être animal comme restriction à la liberté religieuse ? Selon le paragraphe 2 de l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme, « la liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires ». Ces « mesures nécessaires » sont justement précisément listées et le bien-être animal n’en fait pas directement partie. Mais la Cour a considéré que ce dernier, compte tenu de l’évolution de la société, relève de la question de la « morale publique » qui, elle, fait bien partie des raisons justifiant une éventuelle restriction de l’article 9.

L’arrêt de la CEDH est fondamental, à un moment où, sur tous les plans, les revendications religieuses se font de plus en plus agressives. Si l’arrêt est confirmé en grande chambre, soit la dernière juridiction de la CEDH, il ouvre, selon les juristes, des portes nouvelles. Ainsi pourrait se poser la question de la chasse et de la pêche récréatives, contre lesquelles on pourrait opposer le droit des animaux.

Le point de vue des écolos amoureux des animaux

– La laïcité est de plus en plus menacée, nous devons veiller à ce que les religions ne prennent pas de place dans la sphère publique et reste bien dans la sphère personnelle, ni intervenir dans les lois établies par les états, C’est la base intangible du bien vivre ensemble et de la tolérance.

– Le rabbin de Strasbourg estime qu’il s’agit là d’une situation inédite où « les juges acceptent que les droits des animaux fassent balance avec le droit des hommes ». Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, lui, estime que cette décision « fait fi des droits religieux ». Comme si le droit religieux était d’essence démocratique ! La bible et le Coran ne sont pas des livres de droit, mais des livres pour les croyants et seulement pour les croyants dont la foi ne concerne qu’eux et pas la chose publique.

– Interdire qu’au nom de tabous religieux soient infligées des souffrances inutiles à des animaux ne relève pas de la laïcité mais de l’élémentaire respect du vivant. La souffrance des animaux on la voit, on la constate, alors que le mécontentement d’Allah ou de Yahvé on ne peut pas en être certain ! La souffrance du vivant passe avant des rituels qui sont d’ailleurs, la partie la plus stupide du religieux… Méditons la parole d’un certain Jésus qui vécut il y a 2000 ans environ : Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur » (Mc 7, 14-23)

« En France, il existe des dérogations pour les cultes, autorisant l’abattage rituel sans étourdissement dans un cadre légal strict » On pratique majoritairement l’abattage rituel afin d’optimiser les coût ! Quoi qu’il en soit, non à la souffrance animale, quand on voit les vidéos dans les abattoirs, c’est vraiment terrible, pauvre bête.

– L’évolution logique est qu’on commence par s’en prendre aux abattages rituels, puis suivront l’interdiction de la corrida, de la chasse, de la pêche de loisir. Enfin, ce sera l’interdiction de tuer les animaux pour les manger, et des abattoirs. Je ne suis pas végétarien, mais je pense que mes enfants et petits-enfants n’auront pas le choix, de même que toute la population.

– cet arrêt questionne le caractère immuable de pratiques religieuses ancestrales qui ne devraient plus avoir cours au XXIème siècle. Le monde évolue, pourquoi les religions et les pratiques qui leur sont attachées ne devraient elles pas évoluer également ? Chrétien baptisé catholique, je souhaite depuis bien longtemps la fin du célibat obligatoire des prêtres et la mixité de la prêtrise, jusque dans la curie de Rome ! On est en 2024 bon Dieu !

– Autorisons l’abattage rituel des monothéismes.

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Hugo Clément ne mange pas de lapins

extraits : Chaque jour en France, nous abattons trois millions d’animaux destinés à la consommation, 2000 par minutes, et encore ce nombre n’inclut pas les poissons. Même en rendant les normes d’abattage plus strictes et en multipliant les contrôles, tant que nous consommerons autant de viande les animaux ne seront pas traités comme des êtres sensibles, mais comme des objets…

BIOSPHERE-INFO, l’antispéciste Brigitte Bardot

extraits : Ne faisons aucune différence entre les espèces. Aussi longtemps que l’animal sera considéré comme une espèce inférieure, qu’on lui infligera toutes sortes de maux et de souffrances, qu’on le tuera pour nos loisirs et nos plaisirs, je ne ferai pas partie de cette race insolente et sanguinaire. Je suis « anti-spéciste », de corps et d’âme, mais depuis 44 ans je le clame d’une façon différente, sans termes savants. Je suis heureuse d’avoir pu vivre assez longtemps pour voir, lire, toucher du doigt le débat autour de l’anti-spécisme et le développement du végétarisme…

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Stérilisation volontaire… des hommes

Stérilisation volontaire. Des chirurgiens urologues sectionnent les canaux déférents qui conduisent les spermatozoïdes des testicules vers la prostate, interdisant leur arrivée dans la verge. La vasectomie impose un délai de quatre mois de réflexion avant le passage à l’acte. Le nombre de recours à cette contraception quasi définitive est passé en France de 1 940 en 2010 à 30 288 en 2022, dépassant désormais depuis 2021 les stérilisations féminines. En 2022, trois stérilisations masculines ont été pratiquées pour deux stérilisations féminines.

Nathaniel Herzberg : Dans le paysage mondial de la stérilisation masculine, la France avait longtemps fait figure de mauvaise élève, loin derrière les pays anglo-saxons, l’Europe du Nord ou la Corée du Sud. Alors que la prévalence de la vasectomie semblait directement corrélée aux indicateurs d’égalité hommes-femmes, la France faisait exception. Sans doute l’effet d’une politique nataliste peu compatible avec un acte non réversible. Aux hommes de plus de 40 ans ayant déjà procréé s’ajoute dorénavant une population jeune qui choisirait clairement de ne pas avoir d’enfants.

Le point de vue des écologistes malthusiens

Pat Cartier : Eh oui. Au sommet on appelle à un réarmement, à la base on s’organise pour tirer à blanc. Un bien bel acte de désertion, comme on aimerait en voir plus souvent. (Monsieur le Président, je vous fais une lettre, etc.)

LST : Homme sans enfant et sans désir d’en avoir, en couple fidèle depuis 17 ans (12 au moment de l’opération), j’ai choisi la vasectomie à 30 ans pour libérer ma compagne de la charge mentale et physiologique de la contraception (entre autres arguments, nombreux). Rapide, 3x moins onéreuse que la ligature des trompes chez la femme, c’est une solution idéale. Et quelle tranquillité d’esprit avec ma compagne depuis. J’irai même jusqu’à dire que notre libido commune ne s’est jamais mieux portée que depuis l’opération.

PierreBezoukhov : Cette progression de la vasectomie souligne avant tout l’avancée de l’égalité homme/femme dans la contraception. Ce n’est ainsi plus à la femme seule d’accepter cette contrainte avec une pilule sans doute néfaste pour le métabolisme. L’homme qui en a marre du préservatif dans son couple (pour x raisons), qui a eu des enfants et n’en veut plus, peut donc sauter le pas de la vasectomie sans regrets. Tant mieux.

Jefp : Plus de risque de devenir pères contre leur gré …

Job : Et moins de femmes à se retrouver enceintes contre leur gré…

Et demain : Formidable pour la planète ! Adieu réchauffement climatique, cultures intensives, grandes migrations… le bonheur quoi !

Malthus : « Plutôt issus de milieux favorisés, très peu de bénéficiaires de la couverture maladie universelle pour se faire stériliser ». Les pauvres préfèrent enfanter, insouciant de l’avenir de leurs générations futures.

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Stérilisation, tout savoir sur la vasectomie

extraits : Bien que la vasectomie ait été utilisée dès le début du siècle à des fins contraceptives individuelles, les publications médicales relatives à cette indication sont demeurées exceptionnelles jusqu’au début des années 1960. Une étude publiée en 1984 portant sur 16 000 vasectomies effectuées entre 1970 et 1983 a confirmé l’efficacité et l’innocuité de cette pratique. En France, l’Assemblée nationale a adopté le 30 novembre 2000 un texte de loi autorisant et encadrant cette pratique…

Ligatures des trompes et vasectomie pour tous et toutes

extraits : Les Français(es) sont près de 67 millions, et leur appétit de ressources naturelles n’a rien à envier aux chats et chiens. Comment donner un travail utile et bien payé, procurer une voiture et des transports en commun, offrir des vacances et des résidences secondaires… à 27 millions de personnes de plus depuis 1951 si ce n’est en dépassant largement les capacités de régénération de la planète, au prix du réchauffement climatique, au détriment de la biodiversité, sans compter tous les problème annexes. Alors, décroissance démographique ? Ce que des célébrités envisagent sérieusement pour certains animaux, la stérilisation forcée, peut-on le dire pour l’animal humain ?…

Jeunes et sans enfants pour la vie

extraits : Sur TikTok, le hashtag #childfree (« sans enfant ») cumule les milliards de vues. De plus en plus de jeunes adultes assument de ne pas se projeter dans la parentalité, pour des raisons personnelles, politiques, sociétales, existentielles. Et subissent en retour le regard désapprobateur d’une partie de la société. Auteur de Seuls les enfants changent le monde (Seuil, 2023), Jean Birnbaum, journaliste au Monde, voit par exemple cette manière de se détourner de la parentalité comme le symptôme d’une « crise de l’espérance ». La surpopulation est-elle signe d’espérance ou d’erreur historique ?…

En savoir plus sur la surpopulation

Alerte surpopulation, le combat de Démographie Responsable (2022)

Surpopulation… Mythe ou réalité ? (2023)

Un panorama des pays surpeuplés,

Surpopulation généralisée dans tous les pays

Pour lutter contre la surpopulation,

https://www.demographie-responsable.fr/

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Fin de vie, Macron invite encore les religions

Dîner à l’Élysée le 8 février 2024. Une nouvelle fois étaient conviés les représentants des cultes pour échanger sur le sujet de la fin de vie. Macron a prévu de présenter un « plan décennal pour le développement des soins palliatifs » et indiqué son espoir de parvenir à proposer « un espace qui ne soit ni une liberté ni un droit, mais un possible qui serait un moindre mal » ???

Le pasteur Krieger a retenu qu’Emmanuel Macron « veut être fidèle au cadre français, il ne veut pas aller vers un modèle suisse qui considère l’aide active à mourir comme un libre choix ».

Pour le grand rabbin Haïm Korsia, le président envisage l’aide à mourir « pour les cas désespérés, qui n’entrent pas dans les clous de la loi. Dans ce cas, il ne change pas le paradigme. Il reste dans l’esprit français, ne passe pas dans l’esprit belge ou suisse. En cela, son projet ne conduit pas à ce que j’avais appelé une rupture anthropologique, puisqu’il ne supprime pas le principe fondamental de ne pas pratiquer d’euthanasie »

Mgr Rougé , évêque de Nanterre : « Si le gouvernement veut définir des cas d’exception, nous regarderons cela de près, avec vigilance et il faut bien le dire de profondes réticences. Car ultimement, c’est l’interdit social fondateur de la mort provoquée qui est en jeu. »

La réaction à chaud d’Alfred : Voilà le point de vue des représentants du Moyen-Age, logiquement médiéval. Il ne faudra pas oublier de consulter les hommes de Néandertal.

Le point de vue des libertaires

Pierre Froment : Macron demande leur avis à des gens dont la place n’est pas au Château et dont il connaît parfaitement les opinions.

Bob : En tant qu’archi-pape de l’Athéisme Incarné, grand Mufti de l’Islam Incroyant et président du Conseil Représentatif des Institutions Pastafariennes de France, je m’offusque de ne pas avoir été invité.

On peut rêver : Bizarre comme l’interprétation du commandement « tu ne tueras point » peut être différente suivant les circonstances :
– avortement : scandale, totalement interdit par les fanatiques même dans les pires cas.
– suicide assisté et euthanasie : totalement interdit (même en fin de vie)
– guerre : là, aucun problème, on peut tuer en toute tranquillité d’esprit. On bénit même les soldats qui partent au combat, voire les armes! Gott mit uns !

Natelman : Et le prolongement de la vie forcée et à nos frais, ils en disent quoi, ces messagers des dieux ?

Michel SOURROUILLE : Le comité d’éthique s’est déjà prononcé, une assemblée citoyenne a déjà eu lieu, deux lois sur la fin de vie ont déjà été voté précédemment et Macron hésite encore en se prosternant devant des croyants en l’au-delà. Notre « jeune » président de la République ne vit pas au XXIe siècle, mais aux temps de la messe tous les dimanche. De toute façon il en est de l’avortement comme de la fin de vie, l’absence d’une loi n’empêche personne de vivre la mort en pratiquant l’un et/ou l’autre exercice de sa propre liberté.

Treyo : Que viennent faire dans un débat aussi grave des gens qui ont le ridicule de s’imaginer promis à une deuxième vie (éternelle, de surcroit…) ? A tout prendre un escroc comme Raël professe des choses moins délirantes puisque son hypothèse d’une vie extra-terrestre appartient au réel. Comme disait Coluche avec bon sens : « Celui qui croit à la promesse d’une vie : Macrn va-t-il aussi mettre en cause la loi sur l »avortement ? Il serait bon de lui rappeler la loi de 1905.

lmbmichel : Loi 1905 : La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. « Ne reconnaît », c’est pourtant clair!. La République ne reconnaissant aucun culte, le Président n’a aucune raison de les consulter. Les Français ont pris clairement position dans les sondages, la convention citoyenne également.

Daniel Collet : En République, la religion est une affaire privée. La majorité des Français est favorable à une fin de vie active et des pays voisins à tradition chrétienne ont sauté le pas. Les croyants ne sont pas obligés de s’en servir. Qu’ils foutent la paix aux autres !

L.OURS : Que viennent faire les autorités religieuses dans une loi qui concerne tout-à-chacun dont son choix personnel de vie et son choix personnel à mourir… Sur quelle base éthique et quelle base morale ces soit-disant auraient-elles un ascendant sur nos droits individuels ? Qu’elles donnent leurs points de vue, c’est leur droit; que ces autorités interviennent dans les lois d’une République laïque, c’est anti constitutionnel, c’est le peuple qui doit décider et non les curés ou les imams, les rabbins ou les pasteurs….

E. PADH : Outre la laïcité de la République , je crois que pour moi et les miens, plutôt que d’enrichir des voyous appelés aussi entrepreneurs pour les EPADH, je préférerais partir dans la dignité entouré des miens . Cela est moins dur que d’assister à la déchéance irréversive et progressive de ses proches ! Les religieux n’ont en rien à être consultés car in ne s’agit que d’une possibilité pas d’une obligation; leurs ouailles agiront en conscience et pas forcément en les écoutant, lorsque sera venu pour eux aussi, le moment de choisir .

Michèle de Dordogne : VOn dirait que Macron est terrifié par le sujet. Serait-il tenu par une forme de chantage que nous ignorons ? Il a nommé à la santé Catherine Vautrin, catho intégriste, qui est opposée à cette euthanasie et à ce suicides assisté qu’une écrasante majorité de Français réclame. Pas grave, j’ai mis de l’argent de coté pour aller à Zurich avaler ma potion létale quand le moment sera venu, comme l’a fait mon frère il y a 10 ans. Puisque la France n’est pas un pays civilisé.

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Macron, nataliste par imprégnation religieuse

extraits : La politique nataliste de Macron s’explique sans doute par l’influence de sa femme, et donc de la religion. Brigitte Marie-Claude Trogneux épouse Macron est la benjamine d’une fratrie de six enfants. Élevée dans un milieu catholique, elle suit sa scolarité au lycée privé Sacré-Cœur d’Amiens, dirigé par des religieuses. Elle a trois enfants d’un premier mariage et grand-mère de sept petits-enfants. Pour certaines grands-mères dont elle fait sans doute partie, le succès d’un réveillon de Noël se mesure au nombre d’enfants et de petits-enfants réunis autour de la table.

Fin de vie, le lobbying religieux

extraits : Conforme à leurs préjugés, il y a unanimité religieuse contre une loi sur la fin de vie. vouloir empêcher la légalisation d’une nouvelle loi en France sur la fin de vie n’est pas de leur compétence. Ils ont déjà été reçu par Macron, ils devraient bientôt revoir Macron. Ce chef d’État sort de sa compétence qui est de faire vivre la laïcité dans notre pays et non d’hésiter sur la fin de vie.

Canada, le droit à mourir comme soin ultime

extraits : Au Québec la loi de 2015, élaborée après une large concertation citoyenne et transpartisane, a d’emblée placé l’aide à mourir dans un continuum de soins, c’est le « soin ultime ». La loi canadienne sur l’euthanasie a ensuite été votée en juin 2016, la Cour suprême du Canada enjoignant au gouvernement de se mettre en conformité avec la Charte canadienne des droits et libertés, reconnaissant à chaque individu la liberté de disposer de son propre corps…

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Robert Badinter, condamné à la peine de mort

Robert Badinter est mort dans la nuit du 8 au 9 février à l’âge de 95 ans.

nécrologie : Trente ans avocat, presque cinq ans garde des sceaux, neuf ans président du Conseil constitutionnel, seize ans sénateur. François Mitterrand, premier secrétaire du Parti socialiste, est poursuivi en diffamation par le neveu du général de Gaulle. Mitterrand risque une privation des droits civiques d’un à trois ans. Son avocat Badinter joue la montre et déploie pendant des heures des trésors d’arguties juridiques, il parvient à faire repousser le procès. L’audience tombait le 19 février 1973, c’est-à-dire on ne peut plus mal, avant le premier tour des législatives du 4 mars ! Mitterrand, finalement condamné après les élections, félicite le jeune homme d’avoir « enrayé le mécanisme » judiciaire…

Un petit matin de novembre 1972, Bontems est conduit à la guillotine. Robert Badinter est là, dans la cour glaciale de la Santé. Il n’oubliera jamais « le claquement sec de la lame sur le butoir ». Cet échec en a fait l’homme d’une croisade, celle de l’abolition de la peine capitale. Il a défendu et sauvé la tête de six condamnés. « Ce seront mes témoins lorsque je comparaîtrai devant le Seigneur. » Son souvenir le plus éclatant remonte à l’année 1977, au lendemain du verdict de Troyes, où il avait sauvé la tête de Patrick Henry, coupable d’avoir enlevé et tué un petit garçon de 7 ans.

Robert Badinter restera d’abord comme l’homme qui a aboli la peine de mort. Automne 1981, Robert Badinter lance à la tribune du Palais-Bourbon, devant des travées clairsemées : « J’ai l’honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France. » Le 10 octobre 1981 parut au Journal officiel la loi nᵒ 81-908, dont l’article 1er déclarait sobrement : « La peine de mort est abolie. »

Quelques commentaires qui relativisent Badinter

– En 1981, tous les sondages d’opinions montrait un peuple français majoritairement en faveur de la peine de mort…

– Tuer n’est jamais un bon choix. Mais justement parce que tuer est le pire des crimes, il est judicieux que le code pénal prévoit, en regard de ce crime capital, une peine capitale.

– Il y a encore de nos jours des gens qui sont assassinés sans aucune forme de procès..

– Je vais probablement me faire m@ssacrer, mais je reste favorable à la peine de mort :
1. les responsables de gén@cide ne sont pas pardonn@bles (ex : mil@sevic, Serbie);
2. ceux de m@ssacres à grande échelle non plus (ex: anders behring br@ivik, Norvège);
3. 5% des péd@philes sont récidivistes en sortant de prison. Ce n’est pas admissible. ceux qui ont des enfants comprendront.

– Les choses étant ce qu’elles sont, les humains étant ce qu’ils sont, il est couramment admis, sous toutes les latitudes, à quelques variantes près, de faire en sorte que les criminels encourent un châtiment proportionné à leurs actes, en d’autres termes qu’il y ait une échelle des crimes et, en face, une échelle des peines. La prison à vie n’est-elle pas aussi une sorte de peine de mort ? Et puis l’abolition ne fut-elle pas un miroir aux alouettes dans un pays qui pratique des « exécutions extra-judiciaires », « assassinats ciblés » et accepte le bombardement de populations civiles ?

– Rappelons que M. Badinter, à l’instar des dirigeants israéliens, ne souhaitait pas que la CPI se penche sur d’éventuelles violations des droits des Palestiniens (courrier envoyé à la CPI début 2022 pour plaider la non compétence de la Cour). Il est vrai , comme on peut le constater à nouveau, que les droits de l’Homme ne concerne pas encore les Palestiniens.

– De Robert Badinter je me souviens, hélas, d’un entretien un matin sur France Culture, pendant les bombardements israeliens sur Gaza en 2008en réponse à des rockets tres artisanales, déjà, à l’époque, les bombardements avaient fait des morts et M Badinter expliquait que les bombardements de civils ne pouvaient pas être des crimes de guerre car Israël n’avait pas adhéré à la CPI mais que les lancers de rockets étaient des crimes contre l’humanité.

– il y a eu aussi l’épisode des gilets jaunes où ce monsieur écumait de rage sur les plateaux télé contre les gilets jaunes qui avaient osé balader la tête … en carton de Macron au bout d’une pique , mais n’a pas dit un mot sur les violences policières et les mutilations des manifestants.

On ne peut souhaiter la mort de personne, chacun a sa part de vérité. Nous préférons raisonner comme Teddy Goldsmith : « Quand il n’y aura plus assez de ressources minérales et pétrolières pour nous permettre d’épandre dans le monde entier des poisons, quand le monde naturel se trouvera si appauvri qu’il ne pourra plus alimenter des formes de vie complexe, alors la Nature montrera, hélas, le peu de cas qu’elle fait du caractère sacré de la vie humaine. Le caractère sacré de la vie humaine est un mythe auquel nous croyons quand cela nous arrange. »

– Un phare s’est éteint … Probablement en route pour le paradis …

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