spiritualités

Aliénation et habitudes cérébrales, notre boulet

Une étude parue dans la revue « Nature » montre comment la dopamine, loin d’intervenir seulement dans l’apprentissage fondé sur la récompense, opère aussi dans la mise en place des habitudes. Les auteurs se sont focalisés sur les neurones qui se projettent vers la queue du striatum. Ils ont d’abord appris à des souris une tâche de discrimination auditive (…) Mais des expériences sur les souris ne disent rien des manipulations mentales qui affectent les humains.

Florence Rosier : Sur le plan comportemental nos habitudes, ces actions un rien rigides, sont décorrélées de la valeur de la récompense attendue : elles se basent exclusivement sur la fréquence de nos actions passées. Les modalités d’apprentissage sont fondées sur un messager chimique du cerveau : la dopamine. Sécrétée par des neurones dits « dopaminergiques », la dopamine joue un rôle essentiel dans le mouvement, la motivation, le plaisir et la récompense. On opte soit pour l’alternative la plus valable, soit pour celle qu’ils ont la plus fréquemment choisie. Les neurones impliqués dans le codage de la récompense (le système EPR) formate un conditionnement. Mais si vous remplacez une action de manière suffisamment constante, comme mâcher un chewing-gum à la nicotine au lieu de fumer, le système de l’EPA (exécuter l’action en fonction de sa fréquence passée) peut prendre le relais et former une nouvelle habitude.

Le point de vue des écologistes psycho-pédagogues

Nos société secrètent des habitudes par la répétition publicitaire, par la répétition des mots d’ordre de l’extrême droite ou des réseaux sociaux, par la répétition des mythes contemporains (croissance, progrès, technologie). Difficile d’aller contre ce bourrage de crâne, sauf à savoir prendre de la distance par rapport à ce qu’on veut nous imposer. Tout dépend alors de la socialisation primaire par le réseau familial qui formate un esprit actif ou passif. Tout dépend de l’engagement d’un individu qui cherche (ou non) à aller au-delà de ses habitudes de penser. Sinon il ne m’est pas possible d’être autrement que ce que les autres ont déterminé pour et en moi. L’aliénation est un aspect structurel de notre comportement.

Voici quelques éléments de réflexion tirés de notre dictionnaire personnel

Plus nous sommes ignorant, plus nous nous croyons libre parce que nous ne percevons pas les causes de notre aliénation. La liberté de l’individu n’acquiert un sens que dans le respect des contraintes du jeu social. Notre seule liberté, c’est de faire évoluer les règles si elles sont perfectibles, et de les refuser si elles sont inacceptables.

Juridiquement, aliéner un bien, c’est le donner ou le vendre. En psychiatrie, ce terme est employé quand les troubles mentaux entraînent la dépersonnalisation de l’individu, l’être humain devient étranger à lui-même. Quand on applique ce terme à la réalité humaine ordinaire, il s’agit d’être dépossédé de soi-même, de correspondre à l’image que l’autre voudrait que nous projetions. L’aliénation indique donc la soumission, volontaire ou non, à autrui. En fait, c’est ce que réalise n’importe quelle socialisation (qui est d’abord un conditionnement), l’humain est donc aliéné par essence. Vivant dans la nature il est soumis à celle-ci, à ses déterminismes ; cherchant dans l’au-delà des compensation à sa misère dans ce monde, il s’aliène dans la religion ; dans les conditions de travail du capitalisme, il est esclave de ses employeurs ; sur le plan de ses idées, il est inconsciemment soumis à l’idéologie de la classe dominante.

Mais puisque nous vivons dans un monde sans dieux, alors tout ce que le monde contient relève de notre responsabilité : l’éthique, la spiritualité, la société, la culture, tout ce qui fait notre pensée et notre existence. Notre liberté, c’est uniquement de nous rendre compte de nos déterminismes pour pouvoir les dépasser, c’est instituer une sorte d’aliénation positive qui nous fait retrouver une vérité intérieure. Puisque nous sommes notre propre invention de soi, nous avons le choix. Mais cette liberté de tout un chacun doit être nécessairement limitée pour pouvoir s’exercer, à défaut de quoi l’arbitraire individuel permettrait à quiconque de mettre à profit sa supériorité physique, économique ou statutaire pour limiter la liberté d’autrui. Dès lors ce n’est que la contrainte sociale, réglementation, loi, norme, coutume… qui peut garantir l’existence et l’exercice de la liberté de chacun. Il y a nécessairement aliénation, et liberté seulement par la prise de conscience de cette aliénation que nous pouvons juger normale. Il faut que nous prenions conscience de nos déterminismes pour nous en libérer, pour devenir vraiment libre, pour modifier dans le bon sens l’ordre du monde.

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Dopamine/sérotonine, le plaisir est ennemi du bonheur

extraits : L’écologie s’intéresse aux rapports complexes entre nature et culture, donc aux liens entre dopamine et plaisir, sérotonine et bonheur, finalement au choix entre bonheur et plaisir. Le plaisir est de courte durée, le bonheur de longue durée ; le plaisir est viscéral, le bonheur est spirituel ; le plaisir s’obtient en prenant, le bonheur a plutôt à voir avec donner ; le plaisir peut s’obtenir seul, le bonheur est généralement ­atteint au sein d’un groupe social. Le plaisir extrême peut conduire à l’addiction, mais il n’y a rien qui ressemble à une addiction au bonheur. Enfin, la septième et dernière différence est que plaisir et bonheur dépendent de deux neurotransmetteurs distincts : dopamine pour le plaisir, sérotonine pour le bonheur….

Thierry Ripoll et Sébastien Bohler

extraits : Le phénomène de dévalorisation temporelle constitue une autre caractéristique. Plus un avantage est éloigné dans le temps, moins il a de valeur pour notre cerveau. On donne le choix à un enfant soit de manger un marshmallow tout de suite, soit d’en recevoir un second s’il résiste quelques minutes. La plupart des enfants se jettent sur la première option car ils ne peuvent résister à l’attrait de l’instantanéité. Le striatum guide cette décision parce qu’il donne immédiatement de la dopamine. Quant aux autres enfants, leur choix est surtout lié au fait que leurs parents les ont éduqués à résister à leur impulsion face aux envies. Plus vous êtes dans un monde où on vous propose tout, tout de suite, moins vous êtes capable de patienter et de refuser le plaisir immédiat en raison des enjeux futurs….

Notre cerveau nous pousse à détruire la planète

extraits : A qui la faute si la planète est en cours de destruction ? A notre cerveau, et plus particulièrement au striatum répond Sébastien Bohler. Le striatum est fait pour que nous recherchions activement et sans limite sexe, nourriture, pouvoir, rang social, information. Quand nous les trouvons, le circuit de la récompense asperge alors les neurones avec de la dopamine et procure un plaisir addictif plus puissant que les parties raisonnables de notre cerveau. En neuroanatomie, le striatum est une structure nerveuse subcorticale. Cette structure profonde de notre cerveau fonctionne à grand renfort de dopamine et ne possède pas de fonction stop ; il y a recherche incessante du plaisir. Ainsi, avec la consommation de masse du sexe, le problème n’est plus la quantité, le problème est de s’arrêter. L’addict au sexe virtuel ne découvre l’impasse que lorsqu’il commence à souffrir de troubles sexuels et de dysphorie ; les troubles de l’érection ont doublé au cours de la dernière décennie, de façon parallèle à l’essor de la pornographie sur Internet. 

Notre striatum ne dit rien de nos besoins

extraits : Le cerveau des vertébrés et des mammifères possède des structures cérébrales profondes, dont le système de récompense est, en son centre, le striatum. Cette structure nerveuse incite les êtres vivants à accomplir des comportements sans limites fixées a priori, en leur donnant du plaisir sous forme d’une molécule, la dopamine. Aujourd’hui, nous continuons à produire de plus en plus de nourriture, de plus en plus riche, pour cette partie fondamentale de notre cerveau, qui n’est pas programmée pour s’autolimiter. La suralimentation, l’obésité, le surpoids et l’émission d’un quart des gaz à effet de serre sont dus à l’absence de limite dans la satisfaction de nos besoins alimentaires….

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Fin de vie, le débat en Charente

D’un côté Alliance Vita, association du mouvement « pro-vie » en France, qui milite contre l’avortement et l’euthanasie. De l’autre l’ADMD, association pour le droit de mourir dans la dignité, un groupe de 400 adhérents en Charente. Voici leur controverse.

Alliance Vita : Les personnes s’inquiètent, derrière l’aide à mourir se cache l’euthanasie.

ADMD : Tous les sondages indiquent que 90 % des Français sont pour une évolution de la loi. C’est transpartisan. C’est avant tout une nouvelle liberté. Pour moi (Jean-Michel Nivet), c’est un nouveau droit, pas une obligation. Cela n’enlève rien à celui qui n’est pas d’accord. Je (Josette Avril, 80 ans) revendique depuis toujours, au nom de la liberté individuelle, le droit de faire ce que je veux de mon corps : « Comme les pro-IVG, je revendique la même chose pour mourir. On m’oppose la religion, l’éthique, je respecte. Moi je revendique le droit au suicide assisté. »

Alliance Vita : Le problème, c’est le manque de soins. Une personne sur deux n’a pas accès aux soins palliatifs. La priorité, c’est le soin. Je (Cédric Humann) souhaite que les personnes puissent partir de leur mort naturelle sans souffrir.

ADMD : Sur les soins palliatifs, sur la nécessité de développer les moyens, il n’y a pas de débat à avoir. Un plan de développement aurait été suffisant. Moi (Josette Avril) je n’en veux pas des soins palliatifs. J’avais une copine dont la mère venait de mourir. Un AVC l’avait laissé légume. Elle n’avait pas remplie de directes anticipées. Elle a vécu quatre ans de calvaire. Mon copain est mort de la maladie de Charcot. Horrible !

Alliance Vita : On meurt mal en France.

ADMD : On ne meurt pas de gaieté de cœur, mais cela n’empêche pas le droit au suicide assisté.

Alliance Vita : La méthode légale de la sédation profonde n’est pas assez connue. Attention à l’émotion.

ADMD : La sédation profonde et continue, celle qui consiste à cesser d’alimenter le malade, c’est hypocrite. Je (Jean-Michel Nivet) considère ça presque comme de la torture. On sait qu’il ne se réveillera plus, mais on ne sait pas quand. »

Alliance Vita : On ne souhaite pas que le droit à mourir devienne le devoir de mourir. Les barrières finiront toujours par sauter les unes après les autres. Quid de l’euthanasie des sans-abris ou d’ouvrir comme en Belgique le suicide assisté aux jeunes de 17 ans.

ADMD : Jean-Michel Nivet a vécu depuis son adhésion à l’ADMD en 1996 la caricature : « Vous voulez euthanasier tout le monde. » La loi en France ne concernera que les majeurs français, atteintes d’une maladie incurable avec une souffrance réfractaire, en phase avancée ou terminale.

Alliance Vita : On regrette le manque de collégialité, un seul médecin suffirait pour décider.

ADMD : Selon un sondage IFOP, 74 % des médecins sont d’accord avec l’aide à mourir si l’encadrement est bien clair, si l’on ferme la porte aux dérives. Mais il y a encore un antagonisme marqué chez les proches des milieux catholique. Josette Avril réagit : « On accepte que les autres puissent avoir des idées autres, mais c’est pas Dieu qui décide. C’est moi. »

Alliance Vita : L’interdiction de tuer devrait rester un verrou. Nous préférons parler de fraternité.

ADMD : On espère que le débat législatif actuel va déboucher sur une loi de liberté, de fraternité, de laïcité. « Est-ce que ma mort m’appartient ou pas, telle est la question », estime le député LFI René Pilato. On estime à 2000 par an les euthanasies clandestines. Le droit à choisir sa mort, c’est l’ultime liberté. Aujourd’hui seulement pour ceux qui ont les moyens de se rendre en Suisse !

Alliance Vita : Ne précipitons pas cette question de fin de vie.

ADMD : Le délégué départemental en Charente de l’association ADMD attend cette loi depuis des années. Le sénateur Henri Caillavet était l’auteur le 6 avril 1978 d’une proposition de loi relative au droit de vivre sa mort. On ne peut donc pas dire que le débat actuel au Parlement ait été « précipité ».

source : Charente Libre (23 mai 2025, page 3)

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L’androgynie, la fin de la guerre des sexes

Simone de Beauvoir écrivait que dans son déroulement naturel, un bébé a un comportement androgyne. Le cri primal, le sevrage se déroulent de la même manière. C’est à travers la bouche, les mains et les yeux que les nourrissons des deux sexes appréhendent l’univers. Ils explorent leurs corps avec la même curiosité et la même indifférence, ils ont les mêmes intérêts et les mêmes plaisirs, ils ont la même jalousie s’il naît un nouvel enfant. Jusqu’à douze ans, la fillette est aussi robuste qu’un garçon du même âge, et les capacités intellectuelles sont similaires tout au cours de la vie. Ce n’est pas la nature qui, pendant des siècles, a empêché les femmes d’aller à l’université, mais des élites masculines qui ne veulent pas partager leurs propres pouvoirs, aidées par des femmes qui ont intériorisé une impuissance factice. Ce n’est pas la binarité qui devrait être valorisée, mais l’androgynie.

Marie Bergström : Dans l’enquête menée auprès de 10 000 adultes âgés de 18 à 29 ans, une forte proportion de jeunes se disent féministes : cela concerne 75 % des femmes et 56 % des hommes. C’est important de le préciser, à un moment où l’on souligne l’essor des mouvements virilistes. L’enquête est la toute première en France à mesurer la part de personnes non binaires, qui ne se reconnaissent ni homme ni femme. Cela représente une toute petite minorité : 1,7 % des 18-29 ans. La jeunesse contemporaine remet en cause un certain nombre de binarismes. D’abord, la binarité de genre : l’opposition très figée entre les hommes et les femmes est questionnée par ces jeunes générations. Les personnes non binaires en sont la manifestation la plus radicale, mais on observe plus largement une moindre croyance dans la naturalité des différences de sexe.Une partie des jeunes hommes issus des classes supérieures vont prendre de la distance avec une masculinité affirmative. Des femmes se définissent comme bi ou pansexuelles. On constate aussi de moins en moins de différences entre les modes de vie gay et lesbiens, et hétérosexuels.

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pour des vêtements androgynes, non au luxe et à la mode

extraits : La loi du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800) stipule que les femmes ne peuvent quitter les habits de leur sexe que pour cause de santé. La loi du 26 brumaire an IX (17 novembre 1800) interdisait le port du pantalon… sauf dérogation accordée par un officier de santé. Dans les années 1960 en France, il était encore interdit d’aller à son lieu de travail en pantalon. Les vêtements sont l’expression d’un rapport de pouvoir, la différenciation sexuelle est pensée comme inégalité dans tous les domaines… Nous voulons des vêtements unisexe, nous désirons l’androgynie des comportements. Dans le désert, nous crions : non à la mode, non au luxe, nous aux inégalités de revenus, oui à la stabilité, oui à la simplicité, oui à l’égalité.….

Androgynie, cad totale égalité des sexes

extraits : Le féminisme politique, c’est-à-dire la volonté de mettre en œuvre l’égalité réelle entre l’homme et la femme, est normalement l’exact contraire du séparatisme des sexes. Nous sommes tous fondamentalement, naturellement, androgynes. Tout est culturel, issu d’une socialisation, y compris bien sûr les conceptions des inégalités entre les sexes. Mais au lieu de contribuer à une véritable égalité entre l’homme et la femme, notre société actuelle a inventé les quotas de la parité politique ! On soutient le féminisme différentialiste au détriment du féminisme universaliste….

La biosphère nous parle du sexisme ordinaire

extraits : La Biosphère n’est pour rien dans le sexisme qui parcourt le vécu ancestral des sociétés humaines. Dans la détermination du sexe, le rôle du chromosome Y est simple, mais capital : il détermine la masculinité du fœtus. Pendant les premières semaines de vie de l’embryon humain, les organes génitaux internes et externes sont indifférenciés entre les individus XX (femme) et XY (homme). Les gonades peuvent se transformer en testicules ou en ovaires, les organes génitaux externes à l’origine similaires se transforment soit en pénis et scrotum, soit en clitoris et vulve. La différenciation est minime, on sait aujourd’hui qu’ovaires et testicules produisent les deux types d’hormone, androgènes et œstrogènes, d’ailleurs très voisines sur le plan chimique : seul leur taux relatif dans l’organisme fait basculer les caractères sexuels vers le féminin ou vers le masculin. C’est donc l’intervention d’autrui dès les premiers moments du nourrisson qui va fixer votre sentiment d’appartenance à un sexe déterminé et orienter votre rapport à l’autre sexe….

genre, parité, quotas… un anti-féminisme

extraits : Actuellement on met en avant des mots comme « genre » pour en faire des instruments de combat entre les sexes alors qu’on devrait savoir que notre biologie nous a différencié homme ou femme sans y mettre d’inégalités. « On ne naît pas femme, on le devient », écrivait déjà Simone de Beauvoir en 1949. Elle précisait : « Aucun destin biologique, psychique, économique, ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre ». Il n’y a pas d’ordre « naturel » dans les inégalités selon le sexe, forcer la nature par parité et quotas n’est pas une bonne chose. C’est ce que certains n’ont pas encore compris….

JK Rowling nie l’identité de genre

extraits : Joanne K. Rowling : « If sex isn’t real, there’s no same-sex attraction. If sex isn’t real, the lived reality of women globally is erased. I know and love trans people, but erasing the concept of sex removes the ability of many to meaningfully discuss their lives. It isn’t hate to speak the truth. » (Je respecte les personnes trans mais ce ne sont pas des femmes ou des hommes parce qu’elles sont et resteront naturellement (génétiquement) un mâle ou une femelle…)

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Robert Francis Prevost devient Léon XIV

Habemus papam. Robert Francis Prevost est né le 14septembre 1955 à Chicago, il arrive donc au pouvoir à 69 ans ce 8 mai 2025. Il n’y a pas d’âge de la retraite pour un pape. Son père est d’ascendance Français/Italien et sa mère espagnole, c’est donc un enfant de l’immigration. Il a passé beaucoup de temps au Pérou, il est de nationalité américano-péruvienne. C’est un homme de Dieu discret, presque timide, que les cardinaux viennent d’élire pape. C’est un religieux de l’Ordre de Saint Augustin, le théologien qui insiste le plus sur la transcendance divine ; sans la grâce divine, l’homme ne peut pas se sauver.  Il a montré des qualités certaines de médiateur, un avantage pour affronter diplomatiquement au président Trump, en particulier au sujet du sort des migrants. Par le choix du prénom « Léon » en référence à Léon XIII, soucieux de la condition ouvrière, le nouveau pape semble aussi éloigné de la politique de Trump. Le cardinal a, par le passé, condamné « l’américanisme », c’est-à-dire le goût de la puissance qui piétine l’être humain.

Dans un entretien aux médias du Vatican en 2023, il avait pour autant expliqué ne pas souhaiter que le choix des évêques soit le résultat d’un processus démocratique ou politique, défendant en cela la tradition de l’Église. Début 2024, il faisait partie des évêques de la Curie qui ont bloqué le projet de «Conseil synodal» du Synode allemand, cette structure voulue pour permettre à des représentants laïcs désignés démocratiquement de participer pleinement à la gouvernance de l’Église catholique dans le pays. Sur la question du rôle des femmes, le nouveau pape suivra la ligne de François, écartant la possibilité de femmes diacres, une décision qui selon lui risquerait de «cléricaliser» la femme.

En 2012, le cardinal Prevost avait exprimé sa déception de voir certains médias occidentaux « sympathiser avec des croyances et des pratiques qui sont en contradiction avec l’Evangile », en particulier le « mode de vie homosexuel » et les « familles alternatives composées de partenaires de même sexe et de leurs enfants adoptés ».

Le point de vue des écologistes

Nous n’attendons pas grand-chose de la papauté en général quant au souci de la Création. On s’intéresse aux pauvres, mais on a bien ignoré François d’Assise. L’encyclique Laudate Si’ sur le réchauffement climatique n’a pas fait grande impression aux fidèles. Et l’absence totale des femmes pour élire le nouveau pape est significatif de la sclérose de cette institution de presque 2000 ans. Quant au refus de la maître de la fécondité, c’est là le péché mortel de l’Église.

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Papauté, le conflit entre pouvoir spirituel et temporel

« Saint Pierre, de Bethsaïde en Galilée, prince des apôtres, reçut de Jésus-Christ le pouvoir pontifical suprême à transmettre à ses successeurs », indique sommairement l’Annuaire pontifical, édité chaque année par le Vatican, pour retracer les origines de l’institution. Si l’on en croit la tradition catholique Pierre, crucifié sous le règne de Néron, dans les années 60, serait le premier des 266 papes qui se sont succédé à Rome jusqu’à nos jours. Bien entendu la réalité est beaucoup plus compliquée.

Virginie Larousse : Celui que Jésus a choisi pour ancrer les fondations de son Église – en lui déclarant : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… » (Evangile selon saint Matthieu, 16-18) – n’a jamais reçu, de son vivant, le titre de « pape ». Ce terme – hérité du grec pappas, « père » – est un diminutif à connotation affectueuse dont l’usage n’apparaît qu’à partir du IIIe siècle. Le concept de monarchie pontificale est le fruit d’une très lente évolution, qui n’arrivera à maturité qu’au Moyen Age. Les croyants en Jésus font l’objet de persécutions fréquentes jusqu’à la reconnaissance de leur religion par l’empereur Constantin en 313. Mais ils ont bien conscience que, pour subsister, il est indispensable de structurer leur mouvement. Une organisation centrée autour de l’évêque (du grec episcopos, surveillant, protecteur), qui exerce ses prérogatives sur un territoire défini, émerge au fil des siècles. Les Églises communiquent entre elles sur le principe de l’égalité : en théorie, aucune ne peut se prétendre juridiquement supérieure, et tout évêque est libre de conduire sa communauté comme il l’entend. L’évêque de Rome fait souvent office d’arbitre d’une chrétienté en herbe, usant d’un droit d’ingérence dans les affaires des autres communautés. Avec le développement de courants chrétiens jugés hérétiques, le recours à l’Église de Rome devient le garant de l’orthodoxie et de l’unité chrétienne. L’empereur Aurélien (vers 212-275) déclare que le pouvoir épiscopal reviendrait « à ceux qui sont en communion avec l’évêque de Rome ».

De telles prétentions exaspèrent néanmoins les évêques d’Orient – et parfois ceux d’Occident – qui estiment que Rome ne dispose pas d’une connaissance suffisante des débats les concernant : « Quelle est l’aide que nous apportent les froncements de sourcils de l’Occident ? », se demande ainsi Basile de Césarée (330-379). On est encore loin de l’image du pape dispensant sa bénédiction urbi et orbi (« à la ville et au monde »), un rituel qui remonte au XIIIe siècle seulement, tandis que le principe de la primauté pontificale romaine sera défini en 1439 lors du concile de Florence. Mais si les représentants de l’Église orthodoxe approuvèrent les décisions de ce concile œcuménique, ils se rétractèrent dès leur retour chez eux…

wikipedia : Jusqu’au IXe siècle, les souverains séculiers considèrent le pouvoir de nommer des évêques et des abbés sur leurs territoires comme leur prérogative et, par conséquent, de les investir également spirituellement, en leur confiant des biens matériels. Cette coutume qui confère au pouvoir temporel la suprématie sur le pouvoir spirituel est en contradiction flagrante avec la réaffirmation de la primauté papale de la réforme grégorienne. Les empereurs cherchent pourtant à s’immiscer dans le processus de l’élection papale et dans la politique romaine. À Rome, la situation est même devenue grotesque, avec trois papes revendiquant le trône papal en 1046, chacun soutenu par une faction différente de la noblesse romaine. La corruption dans laquelle la papauté avait sombré au siècle précédent, combinée au besoin atavique du soutien d’une puissance extérieure garantissant sa survie, pousse les papes suivants à mettre en œuvre une série de réformes radicales visant à rétablir l’autorité papale, tant dans la sphère morale et spirituelle et dans la sphère temporelle et politique.

Avec la réforme grégorienne (1049-1124), l’Église change considérablement, assumant un modèle monarchique et hiérarchiquement structuré de haut en bas. La réforme aboutit également à une nouvelle organisation du clergé, toujours en vigueur, basée sur le célibat et sur la séparation nette entre les rôles des laïcs et des ecclésiastiques. Nicolas II promulgue la bulle In nomine Domini en 1059, qui limite le suffrage aux élections papales au collège des cardinaux et établit les règles du processus électif, jetant ainsi les bases du conclave moderne.

Le point de vue des écologistes agnostiques

Cette histoire des démêlés entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel, entre pouvoir local et pouvoir central, est à l’image des courants idéologiques qui structurent notre pensée et nos réalisations humaines. L’écologisme a désormais vocation a remplacer l’idée d’un dieu abstrait soutenu par un pouvoir politique et un clergé. Le principe de laïcité a permis l’autonomie du temporel par rapport au religieux, les sociétés gèrent leurs affaires sans se préoccuper de ce qu’en disent les livres sacrés et leurs servants. La destruction de la planète par le croissancisme économique nous pousse à une nouvelle structuration, basée cette fois sur l’écologie scientifique qui considère la réalité terrestre et son devenir. Mais les écologistes aujourd’hui sont à l’image de l’Église autrefois, écartelée entre différentes chapelles.

Demain le pouvoir politique va s’emparer de l’urgence écologique et fera nommer sans doute un nouveau pape (et/ou président) écolo. A moins que la société actuelle, interdépendante à l’extrême, s’effondre par pénurie de ressources fossiles. Elle serait remplacé alors par une démondialisation et la montée en puissance de communautés locales qui s’essayent à la résilience par l’autonomie alimentaire et énergétique. Jusqu’à l’instauration à la fin des temps d’une monarchie (spirituelle et/ou temporelle) pour faire taire les conflits sanglants entre territoires. L’histoire humaine est cyclique.

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Laïcité, un écologiste ne peut être que pour

extraits : La laïcité est un principe juridique selon lequel l’État n’exerce aucun pouvoir religieux, et les Eglises aucun pouvoir politique.La religion ne peut dicter sa loi à une société démocratique, c’est l’avantage du principe de laïcité. Ce principe devrait être le lot commun de l’ensemble des États. Ce n’est pas le cas, malheureusement. En effet la religion qui s’arroge le droit de faire de la politique n’est pas bonne conseillère en matière d’écologie, Afghanistan, Iran, Israël, etc.

La religion écologique n’est pas une religion

extraits : L’écologie politique n’est pas une religion, elle s’appuie sur la science écologique, elle devrait donc promouvoir des décisions démontrables. Difficiles à mettre en place ! Le problème principal de l’écologie en politique n’est pas la controverse religion/écologisme, mais le conflit entre économie et écologie. Comme redonner toute son importance à l’écologie ? L’écologie politique doit s’appuyer sur la science écologique mais aussi sur la philosophie de l’écologie. Il s’agirait de transformer l’écologisme en une religion de type matérialiste à l’opposé des conceptions abstraites sur lesquelles reposent les religions du Livre avec leur Dieux dans les Cieux. L’adoption d’un système de valeur du type « biocentrisme » ou « écocentrisme », portée par l’écologie profonde, permet de lutter efficacement contre l’anthropocentrisme dominant qui donne une telle place aux humains qu’il en finit par étouffer toute forme de vie durable. Les discours antispécistes poussent par exemple à la destitution de l’homme-roi…

La Religion à l’épreuve de l’écologie

extraits : Jésus Christ (s’il a existé) se foutait complètement de l’état de la planète, ce n’était pas sa préoccupation. Il voulait seulement moderniser la lecture juive de la bible, point final. La Bible et les Évangiles restent complètement muets sur la question écologique. Et leur application concrète reste même profondément anti-écolo. Lynn White imputait en 1967 les racines historiques de notre crise écologique à la vision du monde judéo-chrétienne. Selon la Genèse les êtres humains, seuls de toutes les créatures, furent créés à l’image de Dieu. Il leur fut donc donné d’exercer leur supériorité sur la nature et de l’assujettir. Deux mille ans de mise en œuvre toujours plus efficace de cette vision de la relation homme/nature ont abouti à la fois à des merveilles technologiques pernicieuses et à la crise environnementale….

Demain l’écologisme sera la religion commune

extraits : Pour qu’un groupe conserve une cohésion interne il ne doit pas dépasser 150 individus. Comment faire au-delà alors qu’un pays comme la Chine compte par exemple plus de 1,4 milliards d’habitants ? Il s’agit d’instaurer une histoire commune, une fiction qui va servir de mythe fédérateur. Nous avons donc inventé des récits comme la Bible, imaginé des sauveurs suprêmes comme Jésus Christ ou Xi Jinping et mondialement imposé les lois du marché, la variation des prix entraînant comme par enchantement l’équilibre économique général. Nous nous dirigeons de plus en plus fermement aujourd’hui vers un nouveau mythe, l’écologisme, qu’on peut déjà rencontrer sous des expressions diverses comme la Terre-mère, Mère-nature, les esprits de la forêt, les droits de la nature et des animaux, le bio-centrisme ou l’écocentrisme, l’écologie profonde, le culte de Gaïa, etc. La difficulté n’est pas de raconter des histoires, mais de convaincre les autres d’y croire…..

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Ordo Amoris, le pape François contre JD Vance

L’un des derniers combats du pape fut la lutte contre la politique d’expulsion des migrants lancée par la Maison Blanche. Et sa dernière rencontre officielle fut avec le vice-président des Etats-Unis, J. D. Vance, converti au catholicisme en 2019. Vance possède le même référentiel d’extrême droite que Jean-Marie Le Pen. En 1984, celui-ci exprimait son attachement aux droits hiérarchiques : « J’aime mieux mes filles que mes nièces, mes nièces que mes cousines, mes cousines que mes voisines. Il en est de même en politique, j’aime mieux les Français. Et on ne me fera jamais dire autre chose. (« L’Heure de vérité », France 2). Il s’agit d’une manifestation d’égoïsme clanique à l’opposé de l’ouverture vers l’autre manifestée par le pape François et les altruistes.

Le conservateur J. D. Vance avait aussi théorisé l’amour de la communauté avant celle des migrants : « En tant que dirigeant américain, mais aussi en tant que citoyen américain, votre compassion va d’abord à vos concitoyens. Cela ne signifie pas que vous devez haïr les gens de l’extérieur de vos frontières, mais il existe ce concept traditionnel – et je pense que c’est un concept très chrétien, soit dit en passant – selon lequel il faut aimer sa famille, puis son prochain, puis sa communauté, puis ses concitoyens dans son propre pays, et ensuite, on peut se concentrer et donner la priorité au reste du monde », avait-il déclaré, le 30 janvier 2025.

Le pape avait dénoncé cette interprétation théologique : « L’amour chrétien n’est pas une expansion concentrique d’intérêts qui s’étendent peu à peu à d’autres personnes et groupes. Le véritable ordo amoris à promouvoir est celui que nous découvrons en méditant constamment sur la parabole du Bon Samaritain, c’est-à-dire en méditant sur l’amour qui construit une fraternité ouverte à tous, sans exception. » En ce sens, Vance, Trump et tous les nationalistes ne peuvent se revendiquer chrétiens.

Mais Ordo Amoris, traduit par «ordre de l’amour» ou «ordre de la charité», reste soumis à interprétation. C’est un concept abordé par saint Augustin, un théologien de l’Antiquité, qui affirmait que chacun et chaque chose devaient être aimés comme il se doit. Il décrit la hiérarchie ou priorisation appropriée de l’amour. Mais l’« ordo amoris » de Thomas d’Aquin stipule que nous devons d’abord prendre soin de notre famille, puis de la communauté, puis de la nation et, seulement ensuite, des personnes comme les réfugiés ou les migrants, c’est-à-dire les étrangers. L’affaire est d’autant plus délicate que nous sommes tous des étrangers sur notre territoire actuel d’appartenance. Homo sapiens a éliminé les néandertaliens en France. Que ce soit Trump, Vance et toute la population américaine qui n’est pas autochtone, ce sont tous des descendants d’immigrés qui ont effectué un grand remplacement des Indiens sur ce qu’on appelle aujourd’hui les USA.

Le point de vue des écologistes altruistes

En fait il s’agit d’un choix fondamental d’existence, qu’on peut poser sur le mode binaire. D’un côté l’égoïsme, l’exubérance irrationnelle mais si merveilleuse du pillage total de la planète au profit de quelques-uns aujourd’hui mais au détriment de tous les autres. De l’autre l’altruisme, une austérité assumée pour laisser des ressources viables aux générations futures et de l’espace pour les autres espèces vivantes. On peut donc de façon contradictoire s’intéresser à l’avenir lointain ou adhérer aux codes d’une bande de prédateurs.

Le premier maillon d’une chaîne de raisonnements est indémontrable, il ne peut être prouvé. C’est ce qu’on appelle un axiome, un postulat ou un point de vue métaphysique, ontologique. Dit plus simplement, il s’agit d’un simple souhait du type « Je pense que Dieu existe » ou « C’est mon souhait que les êtres dotés d’un cerveau comme le nôtre, fruit d’un développement de plusieurs centaines de millions d’années en interaction avec toutes les formes de vie, défendent un mode de vie qui ne soit pas favorable uniquement à leur propre espèce mais à la totalité de l’écosphère dans toute sa diversité et sa complexité (Arne Naess) ». Tel devrait être le postulat d’un écologiste, combattre l’égoïsme et favoriser l’altruisme. Mais c’est seulement un principe de vie posé a priori, les destructeurs de la planète gardent leur propres objectifs à l’opposé. C’est un combat d’idées sur l’Ordo Amoris.

D’un point de vue éthique, nous devrions être comme Gandhi. Quand on lui demandait : « Comment faites-vous toutes ces choses altruistes tout au long de l’année ? », il répondait : « Je ne fais rien d’altruiste. J’essaie de progresser dans la réalisation de Soi. »

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Choisir l’égoïsme du présent ou l’altruisme envers avenir

extraits : Rien ne fonde une obligation de faire des enfants tout en pensant à leur avenir lointain. Nicholas GEORGESCU-ROEGEN l’avait exprimé d’une formule magnifique : « Peut-être le destin de l’homme est-il d’avoir une vie brève, mais fiévreuse, excitante et extravagante, plutôt qu’une existence longue, végétative et monotone. Dans ce cas, que d’autres espèces dépourvues d’ambition spirituelle – les amibes par exemple – héritent d’une Terre qui baignera longtemps encore dans une plénitude de lumière solaire ! » Alors comment sortir de l’impasse conceptuelle ?….

Charité bien ordonnée commence par soi même…

extraits : Tout ce qui nous fait sortir de la fabrication d’une intelligence collective mérite d’être signalé. Et Donald Trump est le grand champion en la matière. Le président américain a ordonné dès le 20 janvier 2025 la suspension de tous les programmes d’aide étrangère des Etats-Unis pour une durée de 90 jours. Trump assure que ces programmes « servent à déstabiliser la paix mondiale en promouvant dans les pays étrangers des idées qui vont directement à l’encontre de relations harmonieuses et stables à l’intérieur des pays et entre les pays ». Gesticuler est une chose, manier une tronçonneuse une autre, faire les deux simultanément est déconseillé….

Pour reverdir l’être, le SOI ouvert au monde

extraits : Le SOI est la construction métaphorique de l’identité et du potentiel d’action de l’être, le terreau hypothétique dans lequel nous plantons nos stratégies de survie, pour la convergence de l’instinct de préservation, du besoin d’être en accord avec soi-même, et des limites de l’intérêt personnel. Une transformation s’opère : la notion classique du soi de la culture dominante qui nous a conditionnés est remise en question. Ce qu’Alan Watts a appelé « l’ego dans sa capsule de peau », et ce que Gregory Bateson a dénoncé comme « l’erreur épistémologique de la civilisation occidentale », perd sa dépouille. Apparaissent alors les fondations plus solides de l’identité et de l’intérêt personnel, ce que le philosophe Arne Naess appelle le Soi du monde (the ecological self, littéralement, le ‘soi écologique’), profondément relié avec les autres êtres et la vie de notre planète. C’est ce que je préfère appeler « reverdir l’être. »….

Pour en finir avec l’exaltation de SOI

extraits : Arne Naess propose une humanisation écologique par la pleine réalisation de soi, qui devient « Soi » en s’ouvrant à l’ensemble de l’écosphère, à tous les êtres humains et aux espèces animales. Dans cette capacité du soi à s’étendre en se liant aux autres, Arne Naess dit se situer sur une crête entre « sur la gauche l’océan des perceptions mystiques et organiques, sur la droite, l’abysse de l’individualisme atomiste. » C’est un véritable changement anthropologique dont il propose la mise en pratique, conduisant à apprécier la qualité de la vie plutôt qu’un haut niveau de vie. Cela jusqu’à dire que seul l’homme est capable de s’identifier par l’imagination à l’autre et même à l’animal….

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L’héritage environnemental du pape François

Rome, 21 avril 2025
L’héritage environnemental du pape François continue de vivre

Le décès du pape François arrive au moment du 10e anniversaire de la publication de son encyclique révolutionnaire, Laudato Si’, qui a actualisé les enseignements environnementaux issus de la longue Tradition catholique à la lumière de la crise planétaire actuelle. L’exemple du pape François a engendré des initiatives qui ont transformé l’Église catholique en créant une puissante action face à la crise planétaire et qui ont eu une influence bien au-delà de l’Église elle-même.

● Laudato Si’ a été publié avant les négociations de l’Accord de Paris en mai 2015, et le pape François s’est engagé dans la diplomatie pour garantir que l’accord soit passé avec une référence à la limite des températures mondiales sous le seuil des 1,5 °C. Cette température de référence a eu un impact significatif pour garantir les ambitions climatiques depuis. L’accord a été passé et le Saint-Siège y a pris part.

La Plateforme d’action Laudato Si’, une initiative internationale lancée par le pape François, a encouragé une large variété d’institutions catholiques afin de développer des projets pratiques d’action sur l’écologie en touchant 20 millions de personnes à ce jour.
● La sauvegarde de la Création est devenue une partie de plus en plus importante de la façon dont les catholiques vivent leur foi. Le Temps pour la Création œcuménique et la Semaine Laudato Si’ annuelle, qui sont coparrainés par le Vatican, et la journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, pour laquelle le pape François a publié des messages annuels, conduisent des millions de personnes chaque année à prendre part à la prière et l’action pour notre maison commune. Ils illustrent la manière dont le message fait maintenant partie de la vie catholique. Dans une enquête conduite par le réseau ELSiA en Europe et publiée en 2024, 95% des institutions catholiques ayant répondu ont affirmé que Laudato Si’ a eu un impact tangible sur leur organisation.
● Le pape François a inspiré de nombreux autres responsables religieux et croyants à passer à l’action pour la Création en donnant un nouveau souffle au « mouvement environnemental croyant » mondial. Les actions d’inspiration religieuse pour l’environnement ont significativement augmenté depuis 2015. Avant la COP 26 en 2021, le pape François a accueilli 50 responsables religieux au Vatican, ce qui a mené à une déclaration interreligieuse révolutionnaire. Parmi développements significatifs, notons la publication d’Al Mizan, qui est connu comme le « Laudato Si’ musulman ».
● Laudato Si’ a été l’inspiration qui a lancé le Mouvement climatique catholique mondial, renommé Mouvement Laudato Si’ par le pape François lui-même en 2020. Ce mouvement mondial a diplômé presque 20 000 responsables environnementaux (les Animateurs Laudato Si’) dans 140 pays pour mener des initiatives basées sur la communauté. Le documentaire de l’organisation, présentant le pape François et des responsables engagés sur les fronts de la crise environnementale et sociale, a été vu par bien plus de 10 millions de personnes.

L’héritage du pape François a profondément transformé la compréhension par les catholiques de la relation entre l’humanité, la Création et le Créateur. En s’appuyant sur l’Écriture, des siècles de recherches et des décennies de déclarations papales sur l’environnement, il a donné vie d’une nouvelle façon à la doctrine sociale de l’Église pour la crise écologique actuelle en influençant non seulement l’Église, mais aussi la politique mondiale, le dialogue interreligieux et l’activisme citoyen.

Coordination Laudato Si’ France

Mouvement Laudato Si’

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Le pape François est mort, ses paradoxes

Élu au siège de Pierre en mars 2013, l’Argentin Jorge Mario Bergoglio, est bien mort ce lundi 21 avril, à l’âge de 88 ans. Le pape François a été un défenseur inlassable des pauvres, des migrants, de la planète saccagée, de l’entente interreligieuse. Le nom qu’il a choisi fait référence à François d’Assise, « l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime et préserve la Création ». Le 22 décembre 2014, cardinaux et évêques de la curie romaine écoutent François transformer la traditionnelle cérémonie de vœux de Noël en une charge ravageuse contre les maux dont souffrirait l’administration vaticane : « Alzheimer spirituel », « schizophrénie existentielle », « pétrification mentale et spirituelle », « terrorisme du bavardage », « maladie du visage funèbre ». Il publie le premier texte magistériel d’un pape sur l’écologie, qui est aussi une dénonciation en règle des rapports économiques mondiaux.

Mais sur le fond, le pape argentin est parfaitement en accord avec la doctrine de l’Eglise, que ce soit sur le mariage, la contraception ou l’IVG. Il a comparé le recours à l’IVG à l’embauche d’un « tueur à gages ». Contre l’avortement et l’euthanasie, il défend « la vie, de la conception à sa fin naturelle ». Il s’emporte contre « la culture du déchet », qui aboutit à mettre au rebut les plus faibles, les personnes âgées comme les embryons. Il qualifie de « prophétique » la condamnation de la pilule par Paul VI en 1968.

Cependant, Bergoglio juge contre-productif de brandir sans cesse une liste d’interdits. Les enseignements de l’Eglise, dit-il, « ne sont pas tous équivalents » et le cœur du message chrétien doit être d’abord un appel à la charité et à la justice avant d’être une exigence de tempérance.

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Les aspects avancés du pape François

COP28, le pape François au secours du climat !

extraits : Le christianisme doit se faire pardonner un péché écologique originel inscrit dans La Genèse : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la, enjoint le Créateur. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » Dans l’histoire de l’Église, seul François d’Assise (1182-1226) avait contesté cette domination et remis l’homme sur un pied d’égalité avec les autres espèces, une vision irénique balayée par la révolution industrielle. Le nouveau pape a choisi son nom de « François », explicitement en référence à ce saint. Selon son point de vue, les textes bibliques « nous invitent à “cultiver et garder” le jardin du monde », ce qui implique « une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature ». C’est totalement nouveau, c’est signe que des croyants peuvent encore réfléchir….

Un pape écologiste ? Son nom l’indique, mais… (mars 2013)

extraits : Alors que nous nous acharnons à détériorer les conditions de vie sur notre planète, le pape précédent Jean-Paul II avait fait semblant d’écouter les gémissements de la Création. Benoît XVI était resté quasiment inaudible sur le réchauffement climatique, la sixième extinction des espèces, la stérilisation des sols, etc. Le miracle peut-il exister avec l’Argentin Jorge Mario Bergoglio, devenu « pape François » le 13 mars 2013 ? Ce pape voudra-t-il, pourra-t-il réconcilier les croyants avec la Création ? Le choix du nom du pape garde une charge symbolique importante. Le nom de « François », choisi pour la première fois dans la longue histoire de l’Eglise, fait référence à saint François d’Assise, le premier religieux à s’intéresser vraiment à la nature. Jean Paul II en avait fait le patron de l’écologie. Le pape François sera-t-il capable de plonger l’esprit chrétien dans les verts pâturages de l’ancien et du Nouveau Monde ?….

Laudato Si, lettre encyclique du pape François

extraits : L’encyclique papale sur l’environnement, Laudato Si (loué sois-tu, sur la sauvegarde de la maison commune) est importante, même pour les non-croyants : « Aujourd’hui, croyants et non-croyants sont d’accord sur le fait que la Terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. ». C’est d’ailleurs le premier texte de ce type exclusivement consacré par un pape à la crise écologique…

Le pape François contre l’arme nucléaire

extraits : Le chef de l’Eglise catholique a délivré à Nagasaki, le 24 novembre 2019, son « message sur les armes nucléaires ». Ce texte proclame l’illégitimité morale de la possession même de ces armes, de la dissuasion, et appelle les États qui en sont dotés à engager des négociations en vue d’un désarmement total. Le pape jésuite introduit une rupture dans le discours de l’Eglise catholique. Elle considérait la dissuasion nucléaire comme un moindre mal, transitoire.lors d’un symposium sur le désarmement le 10 novembre 2017, le pape François posait les fondements de sa doctrine personnelle : « Il faut condamner fermement la menace de leur usage ainsi que leur possession, précisément parce que leur existence est liée à une logique de la peur qui ne concerne pas seulement les parties en conflit, mais tout le genre humain. »….

Verbatim. Le pape François face à l’homosexualité

extraits : Le chef de l’Église catholique a répondu à un journaliste qui lui demandait ce que pouvait dire un père catholique à son fils lorsqu’il apprend que celui-ci est homosexuel : « Je lui dirais premièrement de prier, de ne pas condamner, dialoguer, comprendre, donner une place au fils ou à la fille, donner une place pour qu’il s’exprime. C’est une chose quand cela se manifeste dans l’enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. C’est autre chose quand cela se manifeste après 20 ans. Je ne dirai jamais que le silence est un remède. Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité. Tu es mon fils, tu es ma fille, comme tu es. Je suis ton père ou ta mère : parlons. »….

Le pape François devient réaliste sur les flux migratoires

extraits : Il avait appelé les catholiques à montrer l’exemple en demandant à chaque paroisse européenne d’accueillir une famille de migrants. Aujourd’hui le pape revient à plus de réalisme. Pour la première fois, il a affirmé le 1er novembre 2016 qu’il était du devoir des gouvernants d’observer une certaine « prudence » . Il a aussi établi une distinction entre deux situations : « Le migrant doit être traité avec certaines règles parce que migrer est un droit mais un droit très encadré. A l’inverse, être réfugié est dû à une situation de guerre, d’angoisse, de faim, une situation terrible, et le statut de réfugié nécessite plus d’attention, plus de travail. » Le pape François a aussi mis l’accent sur la nécessité pour les États de s’assurer de leur capacité d’intégration….

Les aspects contestables du pape François

Laïcité, le pape François n’est pas pour !

extraits : En choisissant la Corse pour son troisième voyage en France (décembre 2024), le pape François a réitéré un message de méfiance à l’égard du modèle laïque français. Plaidant en faveur d’une « saine laïcité », qui ne soit « ni statique ni figée, mais évolutive et dynamique », en bref souple « à la corse », le pape François a ainsi réitéré, sous une forme atténuée, la critique qu’il a déjà exprimée d’une laïcité française à la « coloration héritée des Lumières beaucoup trop forte » conduisant, selon lui, à présenter les religions « comme une sous-culture ». Le pape François, en posant d’emblée le principe laïque comme un dogme figé, tend à conforter les tenants de la conception qu’il entend dénoncer, celle qui fait de la laïcité une arme antireligieuse et non un vecteur de liberté pour chacun, essentiel au vivre-ensemble….

Le pape François, la question démographique

extraits : Si le courage et le modernisme du pape sont incontestables, sa position sur la démographie reste absolument conventionnelle et fait bon marché des contraintes écologiques au profit de la défense séculaire d’un natalisme militant. Voici son analyse : « Certains se contentent de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de “ santé reproductive ”. Mais s’il est vrai que la répartition inégale de la population et des ressources disponibles crée des obstacles au développement et à l’utilisation durable de l’environnement, il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire. Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes ».…

Le pape François est-il pour la régulation des naissance ?

extraits : « Certains croient, excusez-moi du terme, que pour être de bons catholiques, ils doivent être comme des lapins. » Ainsi s’exprimait le pape François devant des journalistes lors de son retour des Philippines le 19 janvier 2015. Il ajoutait : « Il y a quelques mois en paroisse, j’ai reproché à une femme enceinte de son 8ème  après sept césariennes : ‘Vous voulez laisser orphelin sept enfants ? Cela est une irresponsabilité ». « (Cette femme) dit : ‘oui moi j’ai confiance en Dieu’. Mais Dieu te donne les moyens pour être responsable. » Mais le pape François ménage aussi la chèvre et le chou. Il s’est en effet inquiété de la dénatalité : « Je crois que le nombre de trois par famille est ce que disent les experts pour maintenir la population. (..) En Italie, j’ai entendu qu’en 2024 il n’y aura plus personne pour payer les retraités. On arrive dans l’autre extrême. » Le pape François dénonce le « néo-malthusianisme en cours », redit son opposition au contrôle « artificiel » des naissances (il maintient son opposition au préservatif et à l’avortement), recommande les méthodes naturelles de contrôle des naissances et la « parentalité responsable ». …

Le pape veut faire des bébés à la chaîne

extraits : La population de la Péninsule passerait de 60,4 millions d’habitants actuellement à 58,3 millions en 2050. Lors des États généraux de la natalité le 14 mai 2021 en Italie, le Pape François a donc lancé un appel à «inverser» la tendance pour remettre l’Italie en marche à partir de la vie : « Comment est-il possible qu’une femme ressente de la honte pour le plus beau cadeau que la vie puisse offrir ? Ce n’est pas la femme, mais la société qui devrait avoir honte, car une société qui n’accueille pas la vie cesse de vivre… Les enfants sont l’espoir qui donne naissance à un peuple ! Nous sommes appelés à transmettre la vie… Nous ne serons pas en mesure de nourrir la production et de protéger l’environnement si nous ne prêtons pas attention aux familles et aux enfants. La croissance durable vient d’ici… Le taux de natalité dramatique et les chiffres effrayants de la pandémie appellent au changement et à la responsabilité… Il faut des politiques familiales de grande envergure, fondées sur la croissance du bien commun à long terme… Il est urgent d’offrir aux jeunes des garanties d’emploi suffisamment stable, la sécurité de leur foyer… Et sans taux de natalité, il n’y a pas d’avenir.. C’est un défi non seulement pour l’Italie, mais aussi pour de nombreux pays, souvent riches en ressources, mais pauvres en espoir »….

Pour un texte admirable, lire

Laudato Si, lettre encyclique du pape François

extraits : Voici quelques extraits, la numérotation étant celle des paragraphes telle que données par cette encyclique dédiée à toute personne de bonne volonté.

67. Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée. Cela permet de répondre à une accusation lancée contre la pensée judéo-chrétienne : il a été dit que, à partir du récit de la Genèse qui invite à «dominer» la terre (cf. Gn 1, 28), on favoriserait l’exploitation sauvage de la nature en présentant une image de l’être humain comme dominateur et destructeur. Ce n’est pas une interprétation correcte de la Bible, comme la comprend l’Église. S’il est vrai que, parfois, nous les chrétiens avons mal interprété les Écritures, nous devons rejeter aujourd’hui avec force que, du fait d’avoir été créés à l’image de Dieu et de la mission de dominer la terre, découle pour nous une domination absolue sur les autres créatures….

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Les racines chrétiennes de la crise écologique

Le bouddhisme repose sur le principe d’interdépendance universelle, le taoïsme fonde l’harmonie sur un respect des équilibres spontanés dans le cosmos, le zen estime que le véritable corps humain est l’univers tout entier. Dans l’hindouisme, il n’y a pas l’idée que l’animal et la nature soient inférieurs. Les adeptes du jaïnisme se déplacent avec un masque sur la bouche de crainte d’avaler un moucheron et balayent devant eux pour éviter d’écraser le moindre vermisseau. Toutes les tribus indiennes ont en commun l’expression Père-Ciel et Mère-Terre, vision de l’univers en étroite liaison avec les écosystèmes.

Dans ces conceptions, l’idée d’une hiérarchie parmi les êtres n’existe pas puisque la notion de parenté ne se rapporte pas uniquement aux membres d’une famille ou d’un clan, elle inclut tous les êtres de l’environnement. Les monothéismes au contraire nous ont fait devenir anthropocentriques.

Lire, Définir anthropocentrisme, biocentrisme, écocentrisme

L’historien américain Lynn Townsend White (1907-1987), lui-même presbytérien, n’était pas un ennemi du christianisme. Mais, en mars 1967, ce médiéviste spécialisé dans l’histoire des techniques émet une thèse subversive : la crise écologique a été rendue possible par l’émergence, au cours du Moyen Age européen, d’une interprétation du christianisme qui en a fait « la religion la plus anthropocentrique que le monde ait connue ».

Lire, Les racines historiques de notre crise écologique (1967)

Certains versets de la Genèse dans l’Ancien Testament placent l’homme en surplomb de la nature. Il y est écrit que Dieu « créa l’homme à son image » et lui dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la Terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la Terre. » La sécularisation moderne ne constitue pas la mort du christianisme, mais opère un transfert de cette souveraineté religieuse en mission terrestre, avec l’entreprise coloniale et l’exploitation massive de la Terre. A cette généalogie religieuse de la morale économique s’en ajoute une autre, juridique : la conception libérale de la propriété privée, qui permet l’appropriation du monde. Dans son Second Traité du gouvernement civil (1690), l’idéologie propriétaire devient « un absolutisme propriétaire, qui consiste à pouvoir faire ce qu’on veut avec ce qui nous appartient. » Cette approche, qui fonde le droit moderne, est doublement problématique, puisqu’elle conduit à une privatisation des ressources tout en niant les dégâts causés par l’usage d’un bien, comme les pollutions.

Lire, L’homme, despote, intendant de la nature, petite partie ?

L’approche de John Locke trouve, elle aussi, sa justification dans une lecture de la Genèse. Le péché originel conduit l’homme à devoir travailler à la sueur de son front. Alors, « l’être humain ne vit plus dans une situation d’abondance qui lui permet de vivre sans travailler, mais doit au contraire travailler pour vivre ». Pour Locke, c’est donc le travail qui offre un droit naturel à s’approprier les choses. Avec ce « lien puissant entre travail et appropriation », le philosophe critique les Amérindiens, qui ne produisent pas et négligent donc une nature confiée par Dieu : cela justifie de les déloger d’un territoire qu’ils sont inaptes à faire fructifier. C’est cette vision « despotique » qui s’est imposée jusqu’à l’encyclique Laudato si, qui dote l’Eglise d’une doctrine nouvelle, l’écologie intégrale, et appelle les fidèles à une « conversion écologique ». Sa portée révolutionnaire se résume en une formule, répétée une dizaine de fois : « Tout est lié. » Le pape François condamne l’interprétation « despotique » au profit d’une autre, dite « de l’intendance », selon laquelle l’homme n’est pas là pour maîtriser la nature, mais pour prendre soin d’un jardin qui lui a été confié. Elle se justifie par le verset « Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon » qui change la perspective : toute la Création est bonne en soi, et mérite donc un égard pour elle-même.

Lire aussi, Religion catholique et écologie : comparaison papale

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Laïcité, un écologiste ne peut être que pour

Le mot « laïque » veut dire « qui appartient au peuple », c’est-à-dire « qui n’appartient pas au clergé ». La laïcité est un principe juridique selon lequel l’État n’exerce aucun pouvoir religieux, et les Eglises aucun pouvoir politique. Cette idée de laïcité est née progressivement à la suite des guerres de religion entre catholiques et protestants au XVIe siècle. Pour y mettre un terme, Henri IV reconnaît avec l’édit de Nantes en 1598, la liberté de conscience dans tout le royaume de France, la liberté de culte en certains lieux, l’égalité civile. Cette situation, unique en Europe, dure jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes en 1685 ; on retourne à la conception commune : un roi, une foi, une loi.

Mais ce retour à la tradition est contesté par les philosophes des Lumières et l’état civil est rendu aux protestants en 1787. Le principe de laïcité était apparu comme le seul moyen de faire vivre catholiques et protestants dans la même société politique, il s’agissait donc d’un principe fondateur de paix sociale et d’une culture commune. Les vrais croyants sont ceux qui veulent abolir les haines entre ethnies, entre nations, entre religions, toutes les haines. C’est vouloir le paradis sur terre qui se passe des dieux.

Rita Hermon-Belot : La remarquable capacité d’intégration de la laïcité à la française tient dans une ligne de crête précieuse : l’expression religieuse doit être possible, mais la norme religieuse ne doit pas s’imposer. La France est simultanément en tête des classements mondiaux en matière de diversité religieuse tout en étant souvent accusée de pratiquer une laïcité qui serait oppressive. En 2015, on dénombrait 45 000 lieux de culte catholiques, 4 000 protestants – dont 2 600 évangéliques –, 2 450 musulmans, 420 juifs, 380 bouddhistes, 150 orthodoxes, 110 mormons et 1 040 pour les Témoins de Jéhovah. Le premier article de la loi de 1905 charge la République d’assurer la liberté de conscience et aussi la liberté d’exercice des cultes, mais ceci dans le respect de l’ordre public. La richesse de notre modèle de laïcité est justement de laisser un choix : les écoles privées sous contrat, disposant donc d’un financement public, n’ont pas le droit de refuser un élève sur la base de son appartenance religieuse. Dans mon quartier, par exemple, une école catholique accueille des élèves portant le voile. Le port d’un couvre-chef ne semble pas problématique dans le sport à partir du moment où cela résulte d’un choix libre – ce qui n’est pas le cas si le voile est une condition pour intégrer une équipe.

Lire, Laïcité française et pluralité. Au cœur des enjeux de Rita Hermon-Belot, CNRS Editions, 504 pages, 26 euros.

Le point de vue des écologistes laïques

La religion ne peut dicter sa loi à une société démocratique, c’est l’avantage du principe de laïcité. Ce principe devrait être le lot commun de l’ensemble des États. Ce n’est pas le cas, malheureusement. En effet la religion qui s’arroge le droit de faire de la politique n’est pas bonne conseillère en matière d’écologie, Afghanistan, Iran, Israël, etc.

Le Dieu des humains n’a jamais rien apporté à la Biosphère car il est à leur image, possessif, cruel et complètement ignorant du nécessaire équilibre des cycles vitaux. Les sbires de toutes les chapelles judéo-chrétiennes (ce qui inclut les musulmans) ne développent pas la communion entre toutes les créatures du ciel et de la terre, mais un communautarisme dirigé à la fois contre le pluralisme des cultures et la diversité des espèces (végétales et animales). Les adorateurs de Dieu s’intéressent surtout à leur prosélytisme, trop souvent ils ne condamnent pas la détérioration de la « Création » et ne disent rien de la perte de biodiversité ou du changement climatique. Les religions du livre sont fondées sur le dogme anthropocentrique de domination de la Nature, elles sont au cœur de sa destruction.

Ce n’est pas quelques contre-exemples comme St François d’Assises qui va faire dire le contraire. Notons quand même Laudato Si, lettre encyclique du pape François, sur la crise climatique.

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Laïcité, le pape François n’est pas pour !

extraits : En choisissant la Corse en 2024 pour son troisième voyage en France, le pape François a réitéré un message de méfiance à l’égard du modèle laïque français. Plaidant en faveur d’une « saine laïcité », qui ne soit « ni statique ni figée, mais évolutive et dynamique », en bref souple « à la corse », le pape François a ainsi réitéré, sous une forme atténuée, la critique qu’il a déjà exprimée d’une laïcité française à la « coloration héritée des Lumières beaucoup trop forte » conduisant, selon lui, à présenter les religions « comme une sous-culture ». Le pape François, en posant d’emblée le principe laïque comme un dogme figé, tend à conforter les tenants de la conception qu’il entend dénoncer, celle qui fait de la laïcité une arme antireligieuse et non un vecteur de liberté pour chacun, essentiel au vivre-ensemble....

« Tant que vous oublierez la vérité des cycles vitaux, vous serez comme de petits enfants traînant à la dérive, emportés par n’importe quelle doctrine et invention des hommes » (épître de la Biosphère aux Humains).

Laïcité, un écologiste ne peut être que pour Lire la suite »

L’habituation aux délires des dirigeants, désolant

Comment des maux tels que la pollution de l’air, les inégalités, la corruption… peuvent-ils être acceptés, voire devenir acceptables ? Le processus à l’œuvre est l’habituation, qui rend les êtres de moins en moins réactifs aux stimuli répétitifs. Quand le niveau d’attente des humains baisse, les malheurs qui les frappent (comme l’injustice, la maladie…) ne les affectent pas autant. Dans les pays où les gens n’ont que peu de liberté, celle-ci est moins importante pour leur bien-être… puisqu’ils ne s’attendent pas à en avoir.

N’avoir que de faibles attentes présente un risque majeur : arrêter de lutter contre des situations inacceptables. En effet les préférences adaptatives ont un effet à la fois anesthésiant et paralysant : elles soulagent la douleur, mais émoussent également le désir d’agir. Cela explique la persistance des préjugés et des traitements inégalitaires. Dans un monde où ils sont la norme, l’habituation fait que la majorité des gens ne perçoivent tout simplement pas les discriminations qui les entourent. Nous remarquons ce qui est surprenant et différent, mais notre œil glisse sur l’inchangé et le prévisible.

Certes la baisse d’intensité émotionnelle associée au statu quo déclenche la quête d’expériences et de découvertes nouvelles , mais c’est le plus souvent pour se soumettre à un nouveau matraquage.

source : « Regarder d’un œil neuf (Comment réapprendre à voir ce qui se trouve sous nos yeux) » de Tali Sharot et Cass Sunstein

Le point de vue des écologistes révoltés

L’habituation, c’est donc expliquer pourquoi les Russes s’habituent au régime dictatorial de Poutine et les Américains aux délires verbaux de Trump. Les citoyens pour être éclairés devraient lire la manifeste sur « la servitude volontaire » d’Etienne de la Boétie (1576) qui n’a pas pris une ride. Lutter contre l’habituation s’apprend… malheureusement il faut faire des efforts sur soi-même !

La servitude volontaire d’Etienne de La BOETIE (1576)

Les textes anciens et inoubliables sont rares. Le texte d’Etienne de La Boétie publié pour la première fois en 1576 est un joyau qui détaille les bases de notre esclavage. Extraits :

« Comment il peut se faire que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a de pouvoir de leur nuire sinon tant qu’ils ont vouloir de l’endurer, qui ne saurait leur faire mal aucun sinon lorsqu’ils aiment mieux le souffrir que le contredire (…) Plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur donne, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient  et deviennent toujours plus forts. Si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point, ils demeurent nus et défaits, et ne sont rien, sinon que, comme la racine n’ayant plus d’aliment, la branche devient sèche et morte (…) Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, sinon qu’il a plus que vous tous : c’est l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux dont il vous épie si vous ne lui donniez ? Combien a-t-il tant de mains pour vous frapper s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d’où les a-t-il s’ils ne sont les vôtres ? (…) »

Même le régime démocratique a pour La Boétie ses insuffisances : « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns ont le royaume par élection du peuple ; les autres par la force des armes ; les autres par succession de leur famille. Pour dire la vérité, je vois bien qu’il y a entre eux quelques différences, mais de choix, je n’y en vois point, la façon de régner est toujours quasi-semblable. Celui à qui le peuple a donné l’Etat devrait être, ce me semble, plus supportable, et le serait n’était que, dès lors qu’il se voit élevé au-dessus des autres, il délibère de n’en bouger point (…)

La nature de l’homme est bien d’être libre et de le vouloir être, mais sa nature est telle que naturellement, il tient le pli que l’éducation lui donne. Disons qu’à l’homme toutes choses lui sont comme naturelles, à quoi il se nourrit et s’accoutume. Ainsi la première raison de la volontaire, c’est la coutume ; on ne regrette jamais ce que l’on n’a jamais eu. »

(éditions arléa, 2007)

Lisons et relisons ce texte qui propage un humanisme ouvert et nous offrent des armes pour se protéger de nos esclavages. Il ne faut plus écouter ces princes qui nous gouvernent, il faut construire un équilibre durable entre les hommes, c’est-à-dire un équilibre durable avec nos écosystèmes…

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Tout savoir sur l'(in)existence de Dieu

nos réponses à vos questions/affirmations

Pour nous écrire,

biosphere@ouvaton.org

BD : « La matière n’a absolument pas les attributs de Dieu, Dieu est esprit et la matière est … matérielle. »

Biosphere : La bible (ou le Coran) nous dit que Dieu existe, mais ce sont des feuilles de papier bien matérielles qui l’affirment sans aucune preuve à l’appui. Or l’esprit est bien matière, la conceptualisation est l’œuvre de notre cerveau humain, un organe qui phosphore aux phospholipides. Ce cerveau peut imaginer beaucoup de choses, le Saint-Esprit qui scelle l’union entre le Père et le Fils, ou qui dit que l’amour d’un père pour ses enfant relève de l’esprit sain ! On peut mettre les traits d’esprits à toutes les sauces. Quant à la matière, elle a bien les attributs de dieu, l’infinité et l’éternité…

BD : L’astrophysique nous décrit des évolutions (une transition de phase dans le cadre du Big Bang), pas la création de l’univers. Considérer que l’univers existe depuis une infinité de temps est à mon avis une erreur fondamentale, nulle étude astrophysique ne l’a écrit. Dieu est ce qui fait que ce ne soit pas le néant, et ça pour moi, la matière en est incapable.

biosphere : L’astrophysique estime la durée de notre système cosmique actuel à 13,7 milliards d’années. Autant dire qu’à l’échelle humaine c’est l’infini. La science devient assez performative pour nous expliquer les choses. Par exemple, la température de l’Univers baisse au cours de l’expansion, ce qui entraîne une série de transitions de phase liées à des brisures successives de symétries. Mais on peut, quand on n’est pas un spécialiste, s’en tenir au fait qu’il est admis par l’astrophysique que le Big Bang a eu lieu il y a 13,7 milliards d’années, et d’après l’analyse de notre ADN, que l’ancêtre commun d’Homo sapiens aurait vécu il y a près de 340 000 ans. L’existence humaine n’est rien par rapport à la la vie de l’univers, et on ne voit pas pourquoi dans le cadre physico-chimique on aurait besoin d’un dieu créateur de l’homme. La sélection naturelle est là pour dire l’évolution de la vie depuis la formation des acides aminés jusqu’à la transformation des premiers hominidés. La matière nous précède, elle nous succédera, elle est le début et la suite de l’histoire de l’univers et de la courte existence de l’auto-désigné Homo sapiens.

L‘univers observable contiendrait déjà deux billions de galaxies, soit deux millions de millions ou en écriture scientifique, 1012. Dire que l’origine d’un univers aussi étendu, c’est Dieu, c’est seulement mettre un mot à la place d’un raisonnement, c’est le choix de la facilité. On pourrait d’ailleurs rétorquer : qui a créé Dieu ? Pour un rationaliste, la réponse va de soi, c’est l’homme qui a inventé Dieu, le plus souvent pour asseoir le pouvoir des uns sur les autres.

BD : La science nous apprend les règles de transformation du réel matériel, mais en aucun cas les règles du passage du néant à quelque chose.

Biosphere : Cette affirmation est bizarre, il n’y a jamais dans le monde physique qui nous entoure passage du néant à quelque chose. Sauf à croire comme Aristote à la génération spontanée. On sait que les atomes en s’assemblant ont donné naissance aux premiers êtres vivants, les êtres vivants sont composés de molécules qui sont des assemblages d’atomes. On sait qu’il y a conservation des masses lors du changement d’état de la matière : à notre échelle, rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.

BD : Pourtant la science ne dit rien de la question fondamentale qui reste « Pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Cette question-là relève de la religion et non de la science.

Biosphere : L’Univers dont nous sommes une infinitésimale partie, et son enfant créé par lui, se fout complètement de savoir pourquoi il existe. Il ne se pose pas de question inutile. Il existe depuis une éternité de temps et cela lui suffit. Que l’origine de l’univers lui-même soit un état super-condensé de la matière annulant l’espace et le temps ou le résultat du Big Crunch, une phase de contraction faisant suite à la phase d’expansion, importe peu, cela reste très théorique. Un « Big Bang à l’envers », qui consiste à ramener le cosmos à son point de singularité d’origine, on n’y assistera pas ! L’univers pourrait être cyclique, alternant un Big Crunch et un Big Bang. Les concepts de passé et de futur de l’univers n’auraient alors plus de sens puisque le passé deviendrait le futur et le futur deviendrait le passé. On pourrait aussi bien postuler que Dieu nous a fait sortir du néant, qu’affirmer que c’est le néant qui a créé Dieu puisque nous sommes dans le domaine de la supposition absolue et que tout devient alors possible. Il est même possible que l’Univers soit né à partir de rien, c’est-à-dire à partir du vide. On peut se plonger aussi dans la thèse des univers parallèles ou la théorie des cordes… Il n’y a que les humains à croire qu’il y a une finalité dans l’évolution de la vie.

La religion n’a rien à en dire de plus, ce n’est qu’une convention pour relier les humains les uns aux autres. Jésus Christ (s’il a existé) se foutait complètement de l’état de la planète, ce n’était pas sa préoccupation. Ses adeptes voulaient seulement moderniser la lecture juive de la bible, point final.  La seule question fondamentale, c’est « pourquoi un bébé humain voit-il le jour », quel est le sens de notre existence : Pour célébrer des dieux multiples et se foutre sur la gueule au nom de son dieu particulier ? Pour considérer la Terre comme une mère qu’on doit respecter et protéger de nos entreprises dévastatrices ? Pour faire le bien ou pour faire le mal ? Ce questionnement nous indique déjà le chemin à suivre sans avoir besoin de textes sacrés.

BD: Je ressens dans vos discours un mépris pour les croyants qui ne comprendraient rien et seraient prisonnier dans une sorte de cage mentale, cela me semble très injuste et pour tout dire tout à fait faux.

biosphere : Nous n’avons aucun mépris pour les croyants, on se contente de raisonner. Que beaucoup de croyants soient prisonnier d’une sorte de cage mentale, cela n’est là qu’un simple constat. Il suffit d’égrener toutes les guerres de religion depuis très très longtemps et de voir ce que les Juifs on fait de Gaza « au nom de dieu ». C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut se pencher sur notre spiritualité pour essayer de montrer qu’on peut sortir de sa cage et ne pas crier au blasphème dès qu’on critique Dieu. L’intolérance n’est pas du côté des athées. Voici ce que Gerd Schwerdhoff nous dit du blasphème.

Gerd Schwerhoff : On peut comprendre de manière assez générale le blasphème comme une offense au sacré. Mais surgit immédiatement une autre question : celle de la définition du sacré, qui varie selon les cultures et les époques. En définitive, ce n’est pas l’intention du locuteur qui détermine si quelque chose est blasphématoire, mais la perception et la réaction des autres. Le dénigrement du sacré au sens strict ne naît qu’avec le monothéisme. L’exigence inconditionnelle de fidélité à sa propre foi s’accompagnait alors d’un rejet farouche de tous ceux qui ne partageaient pas cette foi ou qui la violaient. Ainsi, la loi transmise par Moïse, telle qu’elle apparaît dans le Lévitique, stipulait que quiconque blasphémait le nom du Seigneur devait être lapidé par la communauté (Lévitique 24, 16). L’empereur Justinien [482-565] menaça de mort ceux qui prononçaient des serments blasphématoires. Bien d’autres prendront des mesures similaires, comme Saint Louis [1214-1270] en France. Environ un tiers des pays du monde disposent de lois contre le blasphème. Dans les États autoritaires aujourd’hui, les accusations de blasphème sont souvent utilisées pour restreindre la liberté d’expression. Le Nigeria, l’Indonésie et le Pakistan sont particulièrement concernés. Dans ces pays, le crime de blasphème conduit souvent à des procès et de nombreuses condamnations à mort sont prononcées. Il faut aussi avoir en tête que de nombreux « blasphémateurs » supposés meurent dans des lynchages ou des assassinats.

La France n’a plus de loi contre le blasphème depuis 1791. Mais le fait qu’une personne revendique être un blasphémateur pour dénoncer la superstition religieuse est un phénomène relativement moderne. La distinction entre ce qui est sacré pour soi et ce qui est sacré pour autrui est artificielle, la liberté d’expression ne peut pas se couper en morceaux. La moquerie religieuse doit être couverte par la liberté d’expression et ne justifie en aucun cas la violence.

BD : Autre aspect des choses,  je crois fondamentalement la matière incapable de créer la conscience, sinon nos machines les plus sophistiquées penseraient. Le fait d’être conscient d’être ne me semble pas pouvoir être généré par une complexité neuronale, il y a là quelque chose d’infiniment supérieur. 

biosphere : La conscience résulte de notre fonctionnement cérébral, un assemblage matériel de neurones, synapses, etc. Ce n’est pas un ordinateur-machine, c’est un ordinateur biologique qui ne peut que recracher ce qu’on a mis dedans. Certes c’est un organe complexe, mais entièrement déterminé par la socialisation, et donc sujet à tous les conditionnements possibles. La « conscience d’être » est propre à chaque individu, mais elle peut être expliquée par son passé social et par ses évolutions intellectuelles. Le cerveau n’est qu’un intermédiaire. La liberté de conscience ne peut advenir qu’à certaines conditions, dont la première est de se rendre compte des mécanismes de soumission volontaire dont nous sommes les victimes. Rappelons qu’une religion pour s’imposer ne peut utiliser que des arguments d’autorité, et quand elle a tout le pouvoir, on ne peut plus rien dire ou faire sauf à être excommunié, brûlé vif, lapidé, etc.

BD : Je n’ai jamais dit que nous avions besoin de texte sacrés pour distinguer le bien du mal. Dieu n’est pas un guide de nos comportements ou un responsable en charge de notre bonheur.

biosphere : Notre position finale sur la religion, c’est que les servants d’une Eglise n’ont pas le droit d’imposer leurs visions des choses. Il nous faut respecter le principe de laïcité dans tous les pays, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Ceci dit, chacun croit ce qu’il veut. D’ailleurs « je crois » indique bien que ce n’est qu’une hypothèse, donc sujette à  débat. D’où le fait qu’on peut dire que ni la bible, ni l’existence de Jésus, ni donc la réalité d’un dieu unique ne sont des vérités incontestables. D’où on peut dire aussi qu’on n’a pas besoin d’une référence à un dieu pour déterminer comment se comporter sur notre Terre… Les athées ont le droit d’exposer leurs propre rationalité. C’est le fondement de la démocratie, le libre débat entre gens de bonne foi.

BD : La laïcité pose problème car elle conduit à des attitudes injustes. Ainsi quand des attentats sont commis au nom d’une religion, on interdit aux chrétiens de porter une petite croix à l’école, qui pourtant ne fait de mal à personne et n’incite pas à quelque guerre sainte que ce soit. C’est ridicule, injuste et pour tout dire scandaleux.

biosphere : La laïcité, la séparation de l’État et des Églises, est un grand principe qu’on retrouve dans la plupart des pays européens, aux États-Unis et au Canada. On résolve ainsi le problème de faire vivre en bonne convivialité sur un même territoire, des personnes qui ont des religions différentes. Certes le principe de laïcité est appliqué de manière très diverse. Et la France a fait un faux pas en interdisant de montrer son appartenance religieuse dans certains contextes, nous sommes bien d’accord avec vous sur ce point.

Pour conclure, remarquons qu’il ne peut y avoir de réelle laïcité que dans les pays démocratiques. Et que rien n’est acquis, comme le démontre la situation en Inde, un pays qui a une Constitution séculière, mais qui revient à un choix préférentiel en faveur de l’hindouisme. Ou en Israël, un état confessionnel qui pourchasse les musulmans de manière scandaleuse.

Venons-en à l’essentiel pour un écologiste. La Bible et les Évangiles restent complètement muets sur la question écologique. Quant à la question démographique, nos « religieux » veulent voir la population « croître et se multiplier » sans jamais envisager les conséquences que cela entraîne concrètement sur la perte de la biodiversité, la raréfaction des ressources, l’expansion des guerres et des famines.

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Michel Sourrouille, son approche des spiritualités

Devenir un citoyen éclairé résulte d’un apprentissage préalable. Le blog biosphere a été précédé par une accumulation de connaissances de son créateur, Michel Sourrouille. Il a lu beaucoup de livres, il en a extrait la substantifique moelle pour les offrir aux internautes sur son site de documentation des écologistes.

Voici les 117 ouvrages de la rubrique spiritualité. La liste s’arrête en 2015, par la suite les livres étudiés ont été publiés sur le blog biosphere.

https://biosphere.ouvaton.org/spiritualite

Si on ajoute les 304 ouvrages de sa bibliothèque généraliste, vous avez au total à votre disposition une présentation de 421 livres.

Cliquez sur ce qui vous intéresse…

  1. 1182 ASSISE (Saint François d’)
  2. 1516 L’utopie de Thomas More (éditions la dispute, 1997)
  3. 1729 Mémoire des pensées et des sentiments de Jean MESLIER
  4. 1925-1929 Gandhi – Autobiographie ou mes expériences de vérité
  5. 1936 La valeur de la simplicité volontaire de Richard B.Gregg
  6. 1946 Almanach d’un comté des sables d’Aldo LEOPOLD
  7. 1955 Tristes tropiques de Lévi-Strauss
  8. 1962 Le Printemps silencieux de Rachel CARSON
  9. 1965 Le Cours d’une Vie de Louis Lecoin
  10. 1969 Le Jardin de Babylone de Bernard Charbonneau
  11. 1976 Ecologie, communauté et style de vie d’Arne NAESS
  12. 1977 Les pionniers de l’écologie de Donald WORSTER
  13. 1979 Le principe responsabilité de Hans JONAS
  14. 1980 Vers une écologie de l’esprit de Gregory Bateson
  15. 1988 La peur de la nature de François TERRASSON
  16. 1991 Genèse (la Bible et l’écologie) de John Baird CALLICOTT
  17. 1991 Philosophie de la crise écologique de Vittorio Hösle
  18. 1992 Arne NAESS, Vers l’écologie profonde avec David Rothenberg
  19. 1992 Le nouvel ordre écologique de Luc FERRY (l’arbre, l’animal et l’homme)
  20. 1993 Questions d’éthique pratique de Peter SINGER
  21. 1994 La civilisation anti-nature de François TERRASSON
  22. 1994 Le défi du XXIe siècle de Goldsmith
  23. 1995 Deep ecology for the 21st century
  24. 1996 Les scénarios de l’écologie de Dominique BOURG
  25. 1997 Du bon usage de la nature (pour une philosophie de l’environnement de Catherine et Raphaël Larrère
  26. 1997 Jean-Paul II (Congrès Environnement et Santé, repris dans le livre Les gémissements de la création)
  27. 1998 Histoire de l’athéisme de Georges MINOIS
  28. 1999 Politiques de la nature (comment faire entrer les sciences en démocratie) de Bruno Latour
  29. 2000 L’écologisme aux Etats-Unis de François DUBAN
  30. 2002 L’espace écologique, fondements d’une théorie politique de la dimension naturelle de la liberté Par Fabrice FLIPO (Les Cahiers du Proses, Sciences Po)
  31. 2002 Tu es donc je suis (une déclaration de dépendance) de Satish Kumar (parution française Belfond, 2010)
  32. 2003 Quelle éthique pour la nature ? de Jean-Claude Génot (Edisud)
  33. 2004 La perte des sens (recueil de textes d’Ivan ILLICH)
  34. 2005 Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes de Sabine RABOURDIN
  35. 2005 Par-delà nature et culture de Philippe Descola
  36. 2006 Ecologie et liberté (B.Charbonneau, un précurseur) de Daniel CEREZUELLE
  37. 2006 extension du champ de l’écologie de Jean-Paul DELEAGE
  38. 2006 La folle histoire du monde de Michel BOUNAN
  39. 2006 Les gémissements de la création (20 textes écolo) de Jean Paul II
  40. 2006 Prospérité contre écologie ? d’Olivier DELBARD
  41. 2010 : les pensées vertes ou l’écologie décryptée (Sciences Humaines)
  42. 2010 Crise écologique, crise des valeurs (Défis pour l’anthropologie et la spiritualité) sous la direction de Dominique Bourg et Philippe Roch
  43. 2010 Désobéissance civile et démocratie d’Howard Zinn
  44. 2010 Ethique de la terre de John Baird Callicott (recueil de divers textes) – édition wildproject
  45. 2010 Ethique des changements climatiques de James Garvey
  46. 2010 Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer
  47. 2010 initiation au jaïnisme (compilation)
  48. 2010 Le paradis sur Terre d’Alain Hervé
  49. 2010 Manifeste du pacifisme par un objecteur de conscience
  50. 2010 Manifeste pour le bonheur de Stefano Bartolini
  51. 2010 Philosophie de l’écologie politique (de 68 à nos jours) d’Eva Sas
  52. 2010 philosophie de la biodiversité (petite éthique pour une nature en péril) de Virginie Maris
  53. 2010 Philosophie et écologie d’Anne Dalsuet
  54. 2007 Demain, la décroissance ! (penser l’écologie jusqu’au bout) d’Alain De Benoist
  55. 2007 Dieu n’est pas grand (comment la religion empoisonne tout) de Christopher Hitchens
  56. 2007 L’écologie profonde de Roger Ribotto
  57. 2007 L’écologie profonde n’est pas un « totalitarisme vert » par Baptiste Lanaspeze
  58. 2007 La bioéthique ou le juste milieu ; une quête de sens à l’âge du nihilisme technicien de Pierre-André Taguieff
  59. 2007 La Biosphère de l’Anthropocène (repères transdisciplinaires) de Jacques Grinevald
  60. 2007 La fin de l’exception humaine de Jean-Marie Schaeffer
  61. 2007 La revanche de Gaïa (pourquoi la terre riposte-t-elle) de James Lovelock
  62. 2007 Le besoin de nature sauvage de Roland de MILLER
  63. 2007 NO KID (40 raisons de ne pas avoir d’enfant) de Corinne Maier
  64. 2007 Terre-mère, homicide volontaire ? de Pierre Rabhi
  65. 2008 Ecopsychologie pratique (retrouver un lien avec la nature) de Joanna Macy et M.Y. Brown
  66. 2008 éthique animale de Vilmer Jean-Baptiste Jeangène
  67. 2008 Faux Amish ? de Stéphane Lavignotte
  68. 2008 la puissance des pauvres de Majid Rahnema et Jean Robert (actes sud)
  69. 2008 Nature et spiritualité de Jean Marie Pelt
  70. 2008 Nous sommes ce que nous mangeons de Jane Goodall
  71. 2009 Antimanuel d’écologie d’Yves Cochet : citations de divers auteurs
  72. 2009 Crise éthique, éthique de crise ? (collectif)
  73. 2009 Ecosophies, la philosophie à l’épreuve de l’écologie (collectif)
  74. 2009 l’écologie profonde pour les nuls de Franck Courchamp
  75. 2009 Nous réconcilier avec la Terre par Hervé René Martin et Claire Cavazza
  76. 2009 Petit manuel de désobéissance civile de Xavier Renou
  77. 2009 Pour en finir avec la chasse (la mort-loisir, un mal français) de Gérard Charollois
  78. 2009 Qui était vraiment Arne Naess ? de Charles Ruelle
  79. 2009 Testament d’un paysan en voie de disparition, Paul BEDEL
  80. 2011 ENTROPIA n° 11, le Sacré : une constante anthropologique ?
  81. 2011 Ethique de la nature et philosophie de la crise écologique (DEEPWATER HORIZON) de Stéphane Ferret
  82. 2011 L’homme nature ou l’alliance avec l’univers de Jean-Patrick Costa
  83. 2011 L’Ecologiste n°33, l’écopsychologie
  84. 2011 L’Homme-Nature ou l’alliance avec l’univers de Jean-Patrick Costa
  85. 2011 l’impératif de désobéissance (fondements philosophiques et stratégiques de la désobéissance civile) de Jean-Marie Muller
  86. 2011 Le cri de la carotte (aventures gauloises d’une végétarienne) de Sandrine Delorme
  87. 2011 Pensées de la terre de J.Baird Callicott (éditions Wildproject)
  88. 2011 Propositions pour une écologie pragmatique d’Emilie Hache
  89. 2011 TV LOBOTOMIE de Michel Desmurget
  90. 2011 WWI : Comment sortir de la société de consommation
  91. 2012 L’agroterrorisme dans nos assiettes de Michel Tarrier
  92. 2012 L’impossible nostalgie (l’effondrement de l’idéologie du progrès) de Simon Charbonneau
  93. 2012 La haine de la nature de Christian Godin
  94. 2012 Le bonheur conforme (essai sur la normalisation publicitaire) de François Brune
  95. 2012 Les insectes ont-ils un cerveau ? de Vincent Albouy
  96. 2012 Mémoires d’un écolo (Michel SOURROUILLE)
  97. 2012 Nature et souveraineté de Gérard Mairet
  98. 2012 portraits de philosophes en écologistes d’Hicham-Stéphane AFEISSA
  99. 2012 Pour une philosophie de l’écologie de Juliette Grange
  100. 2012 Replanter les consciences (une refondation de la relation Homme/Nature) de Sabine Rabourdin
  101. 2012 Tous vulnérables (le care, les animaux et l’environnement) par collectif
  102. 2012 Un million de révolutions tranquilles de Bénédicte Manier
  103. 2012 Un nouveau monde en marche (vers une société non-violente, écologique et solidaire) sous la direction de Laurent Muratet et Etienne Godinot
  104. 2013 Hériter d’Ellul, actes des conférences du 12 mai 2012
  105. 2013 L’idéologie verte (les dérives de l’écologisme) de Joseph-Marie Verlinde
  106. 2013 L’impossible neutralité (autobiographie d’un historien et militant) Howard Zinn
  107. 2013 Lanza del Vasto ou l’expérimentation communautaire (Frédéric Rognon)
  108. 2013 Les animaux aussi ont des droits (Cyrulnik, Fontenay et Singer)
  109. 2013 Pour la nature de Roger Ribotto (chapitre 1, Ressentir)
  110. 2013 Pour la nature de Roger Ribotto (chapitre 2, nature meurt)
  111. 2013 René Dumont, une vie saisie par l’écologie de Jean-Paul Besset
  112. 2014 Dans les pas de Saint François d’Assise (l’appel de Jean-Paul II en faveur de l’écologie) de Marybeth Lorbiecki
  113. 2014 Survivre et vivre (critique de la science, naissance de l’écologie), ouvrage coordonné par Céline Pessis
  114. 2015 Capitaine Paul Watson : Earthforce (manuel de l’écoguerrier)
  115. 2015 Laudato Si, lettre encyclique du pape François
  116. 2015 Lewis Mumford (pour une juste plénitude) selon Thierry Paquot
  117. 2015 Soigner l’esprit, sauver la Terre (introduction à l’écopsychologie) de Michel Maxime Egger

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Richard Malka : la liberté comme religion

L’affaire des caricatures, massacre perpétré par les frères Kouachi, avait une portée métaphysique : le sens de ces crimes, c’est l’annihilation de l’Autre, de la différence. L’avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka avait publié sa plaidoirie lors du procès des attentats de janvier 2015. Son opuscule, « Le droit d’emmerder Dieu » (96 pages, 10 euros), était une apologie passionnée du droit de blasphémer. Il y pourfendait tous ceux qui ont « soufflé sur les braises » « La liberté de critique des croyances, c’est le verrou qui garde en cage le monstre du totalitarisme. » Il publie aujourd’hui « Après Dieu » (Stock, 208 p., 19,50 €)

Virginie Larousse : L’avocat de Charlie Hebdo, le défenseur de la libre pensée, c’est Richard Malka qui voit en Voltaire, virulent défenseur du protestant Calas et du jeune chevalier de La Barre accusé de blasphème, un maître à penser. Voltaire, « tu fais partie de ceux auxquels nous devons la laïcité », relève l’avocat, qui estime avoir « une dette à l’égard de la République, de ses principes révolutionnaires, de sa laïcité et de son universalisme ». Malka déplore le « retour du religieux », égrenant au fil des pages les drames causés par les fous de Dieu depuis la fatwa visant Salman Rushdie (1989). L’homme de loi souligne l’effet néfaste de la religion au sens large, incluant tous les « ismes ». Il a fait de la loi de 1881, définissant les contours de la liberté d’expression, sa bible. Mais par quoi remplacer les « impostures » religieuses se demande Richard Malka, conscient que « l’éloignement de Dieu se paye en difficulté de vivre »; l’absence d’horizon transcendant peut se révéler paralysante. C’est dans le combat pour la liberté que Richard Malka a trouvé sa religion….

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Notre période de lâchetés et d’obscurantisme

extraits : Richard Malka : Blasphème, ce délit médiéval a été supprimé du code pénal danois il y a à peine six ans après de longs débats, mettant fin à trois cent trente-quatre ans d’interdiction de l’offense à Dieu. Le premier message de cette loi danoise, c’est qu’il existerait non seulement une obligation au respect des religions – au nom de quoi ? –, mais que celle-ci l’emporterait sur la liberté de critique. Autrement dit on en reviendrait, pas à pas, à une loi de Dieu supérieure à celle des hommes. Le ministre de la justice danois se rend-il compte du signal qu’il vient d’envoyer à des pays dont aucun n’est démocratique. Notons que l’émetteur d’une opinion transgressive peut être brûlé (comme au Pakistan), pendu (comme en Iran) ou décapité (comme en Arabie saoudite). Quant aux futurs débats de juristes pour définir ce qu’est un « objet ayant une signification religieuse importante » – la burqa ? l’étoile de David ? une hostie ? –, ils promettent des échanges potentiellement ubuesques. On peut s’étonner, au demeurant, que ce soit des pays dans lesquels l’athéisme et le renoncement à sa religion – l’apostasie – constituent des crimes passibles de la peine de mort qui demandent à des pays de liberté religieuse de changer leur loi. La logique voudrait que ce soit l’inverse qui se produise….

Religions, un frein à notre réflexion

extraits : « Ne pas croire en Dieu n’est pas une attitude négative. C’est une position qui entraîne des choix pratiques et spéculatifs autonomes, qui a donc sa spécificité, et son histoire, différente de l’histoire des croyants. Par rapport au christianisme, l’athéisme jouit même d’une antériorité qui devrait lui valoir respectabilité. 2500 ans avant Jésus-Christ, des sages indiens avaient déjà proclamé que le ciel était vide. Pour s’en tenir à la civilisation occidentale, dès le VIe siècle avant notre ère, Parménide, Héraclite, Xénophane professaient l’éternité de la matière. « [Georges Minois, Histoire de l’athéisme (Fayard, 1998)]….

Demain l’écologisme sera la religion commune

extraits : Pour qu’un groupe conserve une cohésion interne il ne doit pas dépasser 150 individus. Comment faire au-delà alors qu’un pays comme la Chine compte par exemple plus de 1,4 milliards d’habitants ? Il s’agit d’instaurer une histoire commune, une fiction qui va servir de mythe fédérateur. Nous avons donc inventé des récits comme la Bible, imaginé des sauveurs suprêmes comme Jésus Christ ou Xi Jinping et mondialement imposé les lois du marché, la variation des prix entraînant comme par enchantement l’équilibre économique général. Nous nous dirigeons de plus en plus fermement aujourd’hui vers un nouveau mythe, l’écologisme, qu’on peut déjà rencontrer sous des expressions diverses comme la Terre-mère, Mère-nature, les esprits de la forêt, les droits de la nature et des animaux, le bio-centrisme ou l’écocentrisme, l’écologie profonde, le culte de Gaïa, etc. La difficulté n’est pas de raconter des histoires, mais de convaincre les autres d’y croire….

Analyse des commentaires du monde.fr

vernon.thornton : Apparemment, que des idées rigides et dépassées. Je n’achète pas le live de Malka.

=> Vernon.thornton  est mûr pour brûler des livres en place publique sans les avoir lu.

Verste : Pas de contre-sens sur Voltaire, celui qui a dit: « il est à propos que le peuple soit guidé et non qu’il soit instruit, il n’est pas digne de l’être « . Étrange libre pensée que de s’arroger le droit de penser pour les autres.

=> Il faudrait parler de Dieu et de Malka, on parle de Voltaire. Verste, hors sujet, zéro pointé.

Dorémi : Attention gros navet en perspectives : Défonçage de porte largement ouvertes et détestation d’une seule religion en particulier.

=> Dorémi doit relire la partition, l’article parle à la fois du protestantisme, du catholicisme et de l’islam…

Michel SOURROUILLE : Comme on le sait maintenant, Dieu a choisi Trump pour gouverner le monde. On peut donc dire à bon droit avec Richard Malka que les choix de Dieu sont impénétrables…

=> analyse plus que géniale, de l’humour et un texte qui laisse le lecteur libre de vagabonder en pensée.

Nom_de_plume : Richard Malka s’intéresse à l’organisation de nos sociétés. Or, notre monde évolue à un rythme qui lui est propre, je doute que l’on puisse altérer l’évolution de notre monde, encore moins l’orienter. Je doute que l’on puisse suggérer des cheminements que l’on voudrait appropriés, comme le suggère Richard Malka.

=> Richard Malka a pour objectif de démontrer que la religion devrait s’en tenir à permettre la liberté de penser, c’est déjà une bonne boussole !

À lire quand on est commentateur sur lemonde.fr

1729 Mémoire des pensées et des sentiments de Jean MESLIER

1991 Genèse (la Bible et l’écologie) de John Baird CALLICOTT

1998 Histoire de l’athéisme de Georges MINOIS

2007 Dieu n’est pas grand (comment la religion empoisonne tout) de Christopher Hitchens

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Fin de vie : François Bayrou dit non

message de l’ADMD, association pour le droit de mourir dans la dignité

Le Premier ministre, François Bayrou, le mardi 21 janvier 2025, a annoncé son souhait que le texte de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie soit scindé en deux textes distincts. Le premier sur les soins soins palliatifs – le second portant sur l’aide active à mourir.

Pourtant les soins palliatifs comme l’aide active à mourir sont les deux aspects de la même prise en charge fraternelle des situations de fin de vie. L’ADMD sait aussi très bien que, dès lors qu’un premier texte de loi sur les soins palliatifs aura été voté, il n’y aura plus d’espace parlementaire pour discuter de la fin de vie.

Quoi que souhaite François Bayrou, la longévité de l’ADMD sera supérieure à celle de son Gouvernement. Nous écrirons cette loi de liberté avec ou sans lui…

Fin de vie : les britanniques disent oui

Les députés britanniques ont ouvert la voie, vendredi 29 novembre 2024, à la légalisation de la « fin de vie assistée » Le texte permet à toute personne de plus de 18 ans dont le pronostic vital est de moins de six mois d’obtenir l’aide des autorités médicales pour abréger sa fin de vie. Après feu vert de deux médecins ainsi que d’un juge de la Haute Cour, on doit pouvoir s’administrer la dose létale soi-mêmes.

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Éducation thérapeutique et fin de vie

extraits : La fin de vie met en jeu un processus de construction sociale du consentement. Cet acte terminal doit naître de la volonté du patient de choisir les conditions de sa mort. Mais qui consent à quoi ? Trop souvent, le consentement se résume à la signature d’un document manifestant l’approbation d’un patient à un traitement thérapeutique proposé par le médecin. Le risque est alors que l’éducation thérapeutique se réduise à l’effort du corps médical pour mener le patient vers le traitement recommandé par l’évolution de la maladie, sans porter une réelle attention à sa propre volonté. Subsiste en quelque sorte un héritage « paternaliste » au sein duquel l’autorité médicale prédominerait….

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« énergie masculine » et guerre des sexes

Voici une information qui devrait donner à réfléchir sur les relations Homme/Femmes et de l’évolution qu’on lui donne actuellement.

Alexande Piquard sur LE MONDE : « L’énergie masculine est bonne. La société en est remplie, mais la culture d’entreprise essaie de s’en détourner. Toutes ces formes d’énergie sont positives, mais une culture qui fait un peu plus la part belle à l’agressivité a ses mérites. » Le propos pourrait venir d’un youtubeur masculiniste, mais il émane de Mark Zuckerberg, le fondateur de Meta (ex Facebook). M. Zuckerberg a notamment raconté avoir évolué quand il s’est « impliqué dans les arts martiaux, qui ont encore une culture très masculine ». « Créer un environnement accueillant pour tous est une chose, dire que la masculinité est mauvaise en est une autre », a-t-il ajouté, regrettant que « le monde de l’entreprise soit culturellement émasculé » (« neutered », en anglais, peut aussi signifier « castré », pour un animal).

Au-delà des clichés versant dans le sexisme, le patron de Facebook, Instagram et WhatsApp a annoncé une mesure très concrète : il a mis fin à la politique interne de diversité dans les ressources humaines – désignée aux Etats-Unis sous le sigle DEI pour « diversity, equity and inclusion » (diversité, équité et inclusion). M. Zuckerberg supprime aussi les objectifs de représentation de salariés femmes et issus de minorités ethniques, qui « donnaient l’impression de décisions fondées sur la race ou le genre ». Meta a, en citant l’exemple du propriétaire du réseau social X, Elon Musk, mis un terme à son programme de fact-checking des fausses informations par des médias et limité sa politique de modération, notamment sur les thèmes de « l’immigration, [de] l’identité de genre et [du] genre ».

Le point de vue des écologistes féministes

Mark Zuckerberg a été féministe autrefois, il était satisfait d’avoir deux filles comme enfants, maintenant il est masculiniste parce que c’est dans l’ère du temps… et des élections américaines. Aux outrances du patriarcat avait succédé d’autres outrances, condamnation d’une masculinité qui serait toxique. Il y a à nouveau un retour de balancier, aux outrances du wokisme répondent une autre outrance ; c’est le principe action => réaction. Finalement qu’attendre d’autres de ce type qui a créé Facebook pour classer les filles de Harvard aux yeux des mecs ?

Au delà de la dialectique des oppositions, c’est impressionnant de voir un réseau social se retourner complètement sur la seule impulsion de son patron. Un seul homme, parce qu’il est très très riche, ne devrait pas impacter des millions (des milliards) de personnes par ses changements d’humeur et ses réactions impulsives. Au cours du troisième trimestre 2024, Meta a signalé que 3,29 milliards de personnes utilisaient au moins un des principaux produits de l’entreprise (Facebook, WhatsApp, Instagram ou Messenger) chaque jour. L’instabilité culturelle et l’hystérisation des comportements provoqué par les réseaux sociaux sont vraiment très inquiétants. A plus forte raison quand ils sont sans aucune modération.

Pour conclure, lénergie masculine, l’histoire en est pleine : pouvoir, domination, haine, viol, féminicide, guerreset la phrase de Zuckerberg pourrait aussi bien s’inverser : « L’énergie féminine est bonne. La société en est remplie, mais la culture d’entreprise essaie de s’en détourner. Une culture qui fait un peu plus la part belle au féminisme a ses mérites. »

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Le féminisme qu’il nous faudrait penser

extraits : Mona Ozouf : Je m’estime extrêmement féministe, et je suis toujours heureuse d’une conquête de droits et de libertés. Mais je m’inquiète du climat de méfiance qui s’installe entre hommes et femmes et d’une culture du soupçon. Il m’est insupportable qu’on imagine dans tout homme un violeur potentiel. Le mouvement #metoo a agi comme un immense révélateur, et c’est très bien. Mais il nous a entraînés sur des chemins où le droit n’a plus sa place, et où l’injonction à croire d’emblée toutes les femmes bafoue le principe même de la justice….

Féminisme, on ne naît pas femme…

extraits : Je suis né garçon et pourtant je suis féministe. Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours été féministe, en faveur de l’égalité pleine et entière des hommes et des femmes. Pourquoi ? Difficile à dire. C’est avec Jean Rostand à 22 ans que je découvre en 1970 la diversité sociologique du statut de la femme. Chez les Arapesh, il existe un seul type sexuel de comportement social qui correspond au type féminin des nations occidentales. Chez les Mundugumor, c’est la référence masculine qui est privilégié par les deux sexes. Quant aux Tchambuli, nous retrouvons les deux catégories, mais inversées par rapport aux société machistes….

Parité politique et féminisme universaliste

extraits : La loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 a modifié l’article 3 de la Constitution qui dispose désormais que la loi « favorise l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », et a précisé dans l’article 4 que « les partis et groupements politiques contribuent à la mise en œuvre de ce principe ». Malheureusement les bonnes intentions se sont transformés en « obligation de la parité », autant de femmes que d’hommes dans les listes électorales. Pourquoi pas des quotas selon l’âge et la couleur de la peau ? Reconnaître l’égalité entre les hommes et les femmes, c’est suivre le principe  « un homme = une femme = une voix ». Politiquement il n’y a pas à différencier les personnes selon le sexe, sinon c’est du communautarisme, on pourrait peut-être dire du « séparatisme » ou même du sexisme. Le féminisme bien pensé ne peut être qu’universaliste, pas différentialiste….

genre, parité, quotas… un anti-féminisme

extraits : Actuellement on met en avant des mots comme « genre » pour en faire des instruments de combat entre les sexes alors qu’on devrait savoir que notre biologie nous a différencié homme ou femme sans y mettre d’inégalités. « On ne naît pas femme, on le devient », écrivait déjà Simone de Beauvoir en 1949. Elle précisait : « Aucun destin biologique, psychique, économique, ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre ». Il n’y a pas d’ordre « naturel » dans les inégalités selon le sexe, forcer la nature par parité et quotas n’est pas une bonne chose. C’est ce que certains n’ont pas encore compris…..

Féminisme radical et écologie politique

extraits : SCUM Manifesto, pamphlet autoédité en 1967 par Valerie Solanas, n’y va pas de main morte : « Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin. » SCUM, acronyme de Society for Cutting Up Men (l’association pour châtrer les hommes) appelle à constituer des banques de sperme pour assurer la reproduction et tient l’homme pour « un accident biologique ; le gène Y (mâle) n’est qu’un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes (…) une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital »…..

Féminisme, écologie et jeu d’échecs

extraits : Durant les années 1960, un psychologue hongrois nommé Laszlo Polgar dévora les biographies de centaines de grands intellectuels et en tira le trait commun : une spécialisation précoce et intensive. Il en conclut que le génie est acquis et non inné “geniuses are made, not born”. Il se mit au défi de le prouver en rendant géniaux ses futurs enfants. Plus pragmatique que romantique, il posta une petite annonce disant en substance “recherche femme pour avoir des enfants génies”. En 1969, naquit Susan. Quatre ans plus tard, alors que son père hésitait encore entre la spécialiser en mathématiques ou en physique, la gamine découvrit par hasard un jeu d’échecs et demanda qu’on lui en apprenne les règles. Ce fut une révélation… pour son père. A la fois une science, un art et un sport, le jeu d’échecs présente l’avantage de produire des résultats parfaitement mesurables, l’idéal donc pour retranscrire la progression de la progéniture. Onze années d’entraînement intensif plus tard, Susan était devenue la meilleure joueuse du monde, à 15 ans ! Elle ne se fit doubler que par Szofia, sa petite soeur. Judit, la cadette, devint Grand Maître international à 15 ans, battant le record de précocité auparavant détenu par l’américain Bobby Fischer….

l’écoféminisme sur notre blog biosphere

11 févier 2019, Françoise d’Eaubonne, une icône de l’écoféminisme

8 mars 2019, 8 mars, Journée internationale des droits des femmes

17 juillet 2018, Le combat démographique analysé par une écoféministe

1er novembre 2017, Biosphere-info, féminisme et écologie (synthèse)

29 décembre 2016, Féminisme, sensibilité écologique et refus de maternité

18 décembre 2016, Féminisme et maîtrise de la fécondité sont inséparables (Paul Robin)

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Questions d’éthique pratique de Peter SINGER

Le philosophe australien Peter Singer voudrait élargir nos horizons moraux. Selon Singer, « des pratiques qui jusque-là étaient considérées comme naturelles et inévitables en viennent à être vues  comme autant de préjugés injustifiables ». Récusant aussi bien l’idée selon laquelle nos règles morales seraient éternelles que le relativisme qui ne voit en elles que les préjugés communs à un groupe et à une époque, Singer part du principe que l’égalité de tous les êtres humains repose sur l’égale considération de leurs intérêts: considération qui n’est pas justifiée par le fait d’être doué de raison ou d’être plus ou moins intelligent, mais par la seule capacité de souffrir. Mais ce principe d’égalité, qui fonde l’égale considération que nous devons aux plus faibles et commande de soulager en priorité la plus grande souffrance, ne doit-il pas être étendu bien au-delà de l’espèce humaine ? Ne devons-nous pas renoncer à ce que Singer appelle le «spécisme» (par analogie avec racisme et sexisme), c’est-à-dire à la préférence absolue accordée aux membres de notre propre espèce, et reconnaître que les animaux eux-mêmes ont des droits que ne respectent ni nos jeux du cirque ni nos pratiques alimentaires ? Singer souligne que son intention n’est pas d’abaisser le statut des hommes mais d’élever celui des animaux.

Questions d’éthique pratique ne se limite pas à argumenter en faveur des droits animaux. Il aborde également des questions telles que l’avortement, l’euthanasie, le droit de tuer ou la question de nos obligations à l’égard des laissés-pour-compte. Voici quelques extraits recomposés du livre dans lesquels j’insiste sur l’éthique de la Terre, ce qui déforme sans doute les objectifs poursuivis par Peter Singer.

 1/4) La fin de la nature

Bill McKibben soutient, dans son livre The End of Nature, la position suivante : « Nous avons privé la nature de son indépendance, ce qui porte un coup fatal à sa signification propre, qui réside précisément dans son indépendance, sans laquelle elle n’est rien d’autre qui nous. » Il y eut une époque où les villages entourés de terres cultivées ressemblaient à des oasis de culture perdues dans d’immenses forêts ou de rudes montagnes. Désormais, l’image est inversée : les seules terres vraiment sauvages qui nous restent sont comme des îles se trouvant au milieu d’un océan d’activités humaines qui menacent de les engloutir. Ce renversement donne aux régions sauvages une valeur de rareté qui fournit un argument de poids en faveur de leur protection, même dans le cadre d’une éthique anthropocentrique. L’argument du long terme est un aspect primordial des valeurs écologiques niées par l’anthropisation du monde, l’anthropocène.

Les bénéfices obtenus par l’abattage de la forêt, emplois, profits pour les entreprises, gains à l’exportation, matériaux d’emballages moins chers, sont des bénéfices à court terme. Les hommes politiques sont connus pour ne pas porter leurs regards au-delà de la prochaine élection. Les économistes appliquent un taux d’actualisation qui signifie que la valeur du gain à venir dans cent ans est très faible comparativement à celle d’aujourd’hui. Mais une fois que la forêt est abattue ou inondée par un barrage, le lien avec le passé est perdu pour toujours. Plus la proportion de régions réellement sauvages sur la Terre s’amenuise, plus chaque parcelle devient significative, les occasions de jouir de la nature pour les humains et les non humains se faisant de plus en plus rares. Tel est le prix que paieront toutes les générations qui nous succéderont. Il y a certaines choses, une fois perdues, qu’aucune somme d’argent ne peut nous redonner. La justification pour déboiser une forêt vierge doit prendre pleinement en compte la valeur des forêts dans le futur le plus éloigné aussi bien que dans le futur immédiat.

En somme, si nous préservons les étendues sauvages qui existent aujourd’hui, les générations futures auront au moins le choix entre les jeux électroniques et la découverte d’un monde non créé par la main de l’homme.

2/4) les fondements de l’éthique de la Terre

J’examine les valeurs morales qui sous-tendent les débats relatifs aux décisions humaines. Contrairement à d’autres traditions anciennes, les traditions grecque aussi bien que judéo-chrétienne placent l’être humain au centre de l’univers moral. Dans l’histoire biblique, la domination de l’homme est même décrétée en termes menaçants : « Vous serez craints et redoutés de toutes les bêtes de la terre et de tous les oiseaux du ciel. Tout ce qui remue sur le sol et tous les poissons de la mer sont livrés entre vos mains. » Aristote considérait la nature comme une organisation hiérarchique dans laquelle les êtres les moins doués de raison existent pour l’intérêt des êtres raisonnables : « Si donc la nature ne fait rien sans but ni en vain, il faut admettre que c’est pour l’homme que la nature a fait tout cela ». Dans sa classification des péchés, Thomas d’Aquin ne donne place qu’aux péchés commis à l’encontre de Dieu, de nous-mêmes ou de notre prochain. Aucune possiblité n’est laissée de pécher contre les animaux non humains ou contre le monde naturel. La nature en soi n’a pas de valeur intrinsèque, et la destruction des plantes et des animaux ne peut être un  péché, à moins que, par cette destruction, il ne soit porté atteinte à des être humains.

Toute réflexion sérieuse sur l’environnement aura donc pour centre le problème de la valeur intrinsèque. Une chose à une valeur intrinsèque si elle est bonne ou désirable en soi, par contraste avec la valeur instrumentale qui caractérise toute chose considérée en tant que moyen pour une fin différente d’elle. Le bonheur a une valeur intrinsèque, l’argent n’a qu’une valeur instrumentale. Une éthique fondée sur les intérêts des créatures sensibles repose sur un terrain familier. Voyons ce qu’il en est pour une éthique qui s’étend au-delà des êtres sensibles : il n’y a rien qui corresponde à ce que c’est pour un arbre de mourir. Pourquoi, dans ce cas, ne pas considérer son épanouissement comme bon en lui-même, indépendamment de l’usage que peuvent en faire les créatures sensibles ? Serait-il vraiment pire d’abattre un arbre centenaire que de détruire une stalactite qui a mis plus de temps encore à se former ?

La défense la plus célèbre d’une éthique étendant ses limites à tous les êtres vivants a été formulée par Albert Schweitzer : « La vraie philosophie doit avoir comme point de départ la conviction la plus immédiate de la conscience, à savoir Je suis une vie qui veut vivre, entouré de vie qui veut vivre. L’éthique consiste donc à me faire éprouver par moi-même la nécessité d’apporter le même respect de la vie à tout le vouloir-vivre qui m’entoure autant qu’au mien. C’est là le principe fondamental de la morale qui doit s’imposer nécessairement à la pensée. Le bien, c’est de maintenir et de favoriser la vie ; le mal, c’est de détruire la vie et de l’entraver. Un homme n’est réellement moral que lorsqu’il obéit au devoir impérieux d’apporter son assistance à toute vie ayant besoin de son aide, et qu’il craint de lui être dommageable. Il ne se demande pas dans quelle mesure telle ou telle vie mérite la sympathie par sa valeur propre ni jusqu’à quel point elle est capable d’éprouver de la sensibilité. C’est la vie en tant que telle qui est sacrée pour lui. Il n’arrache pas étourdiment des feuilles aux arbres ni des fleurs à leur tige, il fait attention à ne pas écraser inutilement des insectes et n’endommage pas les cristaux de glace qui miroitent au soleil. » Une conception similaire a été récemment défendue par le philosophe américain Paul Taylor, dans un livre intitulé Le respect de la nature, où il soutient que toute chose vivante « poursuit son propre bien à sa propre manière, unique ». Une fois que nous saisissons cela, nous pouvons considérer toutes les choses vivantes comme nous-mêmes et, de ce fait, « nous sommes prêts à attribuer la même valeur à leur existence qu’à la nôtre ».

Il y a plus de quarante ans, l’écologiste américain Aldo Leopold écrivait que nous avions besoin d’une éthique nouvelle, chargée de définir la relation de l’homme à la terre, aux animaux et aux plantes qui y vivent. Il proposait par cette éthique de la Terre d’élargir les frontières de la communauté de manière à y inclure le sol, l’eau, les plantes et les animaux, ou, collectivement, la Terre. Contre l’écologie superficielle, le philosophe norvégien Arne Naess a parlé ensuite d’écologie profonde, il voudrait préserver l’intégrité de la biosphère pour elle-même, indépendamment des bénéfices éventuels que l’humanité peut en tirer : « Le bien-être et la prospérité de la vie humaine et non humaine sur la terre ont une valeur en soi (intrinsèque). Cette valeur est indépendante de l’utilité du monde non humain pour le monde humain ; La richesse et la diversité des formes de vie contribuent à la réalisation de ces valeurs et sont aussi des valeurs en elles-mêmes ; Les humains n’ont aucun droit de réduire cette richesse et cette diversité, sauf pour satisfaire des besoins vitaux. ».

L’intuition de l’égalité biocentrique est que toutes les choses de la biosphère ont un droit égal à vivre. Cette intuition de base repose sur l’égalité en valeur intrinsèque de tous les organismes et entités de l’écosphère, en tant que parties d’un tout interdépendant. On se trouve en présence d’un holisme, l’idée que l’espèce ou l’écosystème n’est pas seulement une collection d’individus, mais est réellement une entité ayant ses propres droits.

3/4) Pour une morale nouvelle

Aucune morale nouvelle ne s’est développé pour répondre à la menace pour notre survie de la prolifération des êtres humains, ajoutée aux sous-produits de la croissance économique. Une éthique de l’environnement placerait la vertu dans le fait de sauver et recycler des ressources, et le vice dans leur dilapidation extravagante et gratuite.

Pour prendre un seul exemple : du point de vue de l’éthique de l’environnement, le choix de nos loisirs n’est pas neutre. Bien que nous considérions le choix entre la course automobile et la bicyclette, entre le ski nautique et la planche à voile, comme une pure question de goût, la différence est essentielle : la course automobile et le ski nautique supposent la consommation de carburants fossiles et l’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ; le vélo et la planche à voile, non. Quand nous aurons pris au sérieux la nécessité de protéger notre environnement, la course automobile et le ski nautique ne seront pas une forme de divertissement plus acceptable d’un point de vue éthique que ne le sont aujourd’hui les combats d’esclaves ou de chiens. La planche à voile est peut-être préférable au ski nautique, mais si nous achetons sans cesse de nouvelles planches à voile au gré des changements de mode du design (ou si nous allons à l’océan en voiture), la différence devient négligeable.

Nous devons réviser notre conception du luxe Une petite virée à la campagne est une dépense inutile de carburants qui contribuent à l’effet de serre. Durant la Seconde guerre mondiale, quand le pétrole était rare, on lisait sur des affiches : « Votre voyage est-il réellement nécessaire ? » Le danger sur notre environnement est certes moins visible, mais la nécessité de supprimer les voyages et autres formes de consommation est tout aussi grande. L’apologie d’un mode de vie plus simple ne signifie pas que l’éthique de l’environnement réprouve tous les plaisirs, mais ceux qu’elle valorise ne doivent pas d’une forme de consommation spectaculaire. Ils tiennent au contraire aux relations personnelles et sexuelles épanouies, à l’affection des enfants et des amis, à la conversation et aux divertissements pratiquée en harmonie avec l’environnement, et non à son détriment ; et à la jouissance des espaces sauvegardés du monde où nous vivons.

Considérer les choses d’un point de vue  éthique est une façon de transcender nos préoccupations égocentriques et de nous identifier au point de vue de l’univers, cet espace grandiose qui fait inévitablement naître un sentiment d’humilité chez tous ceux qui lui comparent leur propre nature limitée. Loin de moi ces considérations imposantes.

(éditions Bayard, 1997)

4/4) Conclusion du site biosphere

Peter Singer œuvre seulement pour l’éthique animale : « Si un être n’est pas susceptible de ressentir de la douleur ou de faire l’expérience du plaisir et du bonheur, il n’y a rien en lui qui doive être pris en considération. C’est pourquoi notre intérêt pour autrui ne peut avoir d’autre limite défendable que celle de la sensibilité (…) Ce serait un non sens que de dire qu’il n’est pas de l’intérêt d’une pierre d’être poussée le long d’une route par un écolier. Une pierre n’a pas d’intérêt, car elle ne peut souffrir et rien de ce qu’on peut lui faire ne peut changer quoi que ce soit à son bien-être. En revanche, une souris éprouve de l’intérêt à ne pas être tourmentée, car les souris souffrent si on les maltraite ».

Il ne va pas aussi loin que l’écologie profonde qui donne une valeur intrinsèque à toutes les formes de vie

De pus déplacer une pierre n’a pas de conséquence immédiate, mais la volonté humaine de déplacer des montagnes est source de gros inconvénient aussi bien pour la biodiversité que pour l’équilibre entre les activités humaines et les ressources de la planète. Déplacer une pierre ne fait pas souffrir la pierre, mais déplacer des tombereaux de pierre détruit un écosystème et transforme la planète en plate-forme goudronnée. La pierre est autant que l’homme un élément de la Biosphère parmi d’autres. La pierre sert à son environnement autant que l’homme sert sa société, toute chose sert pour elle même mais elle est toujours en interdépendance avec tous les autres éléments de son écosystème, du plus lointain passé aux futurs indéterminés.

Dans son livre, Peter Singer marque l’importance du long terme et de la continuité : « Une forêt tropicale est le produit des millions d’années qui se sont écoulées depuis le début de la planète. Si on l’abat, une autre forêt peut pousser, mais la continuité est rompue. La rupture, dans le cycle vital de la flore et de la faune, signifie que la forêt ne sera jamais plus ce qu’elle aurait été si elle n’avait pas été abattue ; le lien avec le passé est perdu pour toujours. Contrairement à beaucoup de sociétés humaines traditionnelles, notre éthos moderne a les plus grandes difficultés à reconnaître les valeurs du long terme ». Or l’enfant qui déplace une pierre pour son seul plaisir est dans la disposition d’esprit d’agir à volonté sur la nature et d’entraîner des enchaînement dans le temps qui peuvent être néfastes.

Comme le constate l’écologie profonde, « l’interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s’aggrave rapidement ». Il faut donc penser autrement : un homme a besoin des pierres comme des espaces sauvages, un homme doit laisser le plus possible les choses en l’état pour préserver notre futur lointain et ne pas déplacer la pierre pour le simple plaisir. Un enfant a d’abord besoin de savoir contempler la nature et vivre en harmonie, il ne devrait pas moralement martyriser la pierre même si elle n’a aucun moyen d’exprimer sa souffrance. Un humain a autant d’importance qu’une pierre une fois qu’il repose sous une pierre.

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2015-2025, nous sommes toujours Charlie

Nous sommes aujourd’hui dans le souvenir des victimes de l’attentat terroriste perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo il y a dix ans, le 7 janvier 2015. Les noms des 12 victimes : Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Elisa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Mutsapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous, Georges Wolinksi, ainsi que Simon Fieschi, webmaster du journal (grièvement blessé en janvier 2015 et mort en octobre 2024).

Leurs dessins faisaient réfléchir ou sursauter, rire ou s’indigner, ils ne nous laissaient jamais indifférents à la question abordée. La liberté de se moquer est un privilège accordé par la démocratie à la libre expression. C’est un affront pour qui ne sait pas réfléchir.

Charlie sur notre blog biosphere

Charlie c’est nous, pour la liberté de réfléchir partout (8 janvier 2025)

en hommage à tous les morts pour Charlie,

nous ne parlons pas aujourd’hui d’écologie,

mais uniquement de la liberté de réfléchir en paix…

Charlie : la religion assassine la liberté de réflexion(9 janvier 2015)

extraits : Le 7 janvier 2015 des hommes armés ont assassiné à l’arme lourde plusieurs caricaturistes célèbres (Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski) et des personnes présentes au siège de Charlie-Hebdo. Selon les propos des rescapés, ils ont crié « Allahou akbar » et « Vous allez payer, car vous avez insulté le Prophète ». A Sigolène Vinson, ils ont dit, un canon sur la tempe : « Toi on te tuera pas, car on ne tue pas les femmes, mais tu liras le Coran. »

Bilan, douze morts, onze blessés, dont quatre grièvement. Les tueurs  cherchaient les stars de Charlie, ceux qui avaient caricaturé Mahomet.

Pour Charlie, la responsabilité de l’abstraction religieuse (10 janvier 2015)

extraits : Des fous de dieu assassinent des dessinateurs armés de leur seul crayon ainsi que des Juifs qui faisaient simplement leur courses. Pourquoi ? Parce que les religions du livre, la bible et le coran, ne sont qu’une abstraction coupée de la nature et anthropocentrée, source de toutes les interprétation même le plus malfaisantes. Ce qui fait que les croyants peuvent croire n’importe quoi, même le plus stupide. D’ailleurs, si les triangles avaient des dieux, ceux-ci auraient trois côtés.

L’écologie trouve place dans le dernier CHARLIE HEBDO (23 janvier 2015)

extraits : Il est rare que Charlie Hebdo parle d’écologie, dommage. Dans le dernier numéro, après que l’équipe rédactionnelle ait été massacrée en grande partie par des « Fous de dieu », un article de Fabrice Nicolino, qui a été lui aussi criblé de balles et se trouve encore à l’hôpital, sous morphine, nous interpelle: « Il se passe un événement si considérable, tellement inédit, à ce point stupéfiant que la pensée refuse de l’admettre : nous sommes les contemporains de l’anéantissement de la vie. De la destruction des conditions de vie de l’humanité. De l’asservissement des autres êtres vivants à notre bon plaisir imbécile. D’une crise d’extinction des espèces comme la planète n’en a pas connu depuis la fin des dinosaures, voici 65 millions d’années. Je pense qu’il faut marquer au plus vite une rupture complète avec notre manière de penser la société. Il nous reste peu de temps pour imaginer un avenir qui ne soit pas de guerre et d’affrontements majeurs…. »

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Peter Singer, utilitarisme et antispécisme 

Quelles certitudes garde-t-on à la fin de sa vie ? Comment voit-on la mort lorsqu’elle se rapproche ? Dans cette série, « Le Monde » interroge des personnalités sur ce qui passe et ce qui reste. Par exemple Peter Singer, 78 ans, un philosophe australien parmi les plus influents au monde. En résumé, ses idées :

L’utilitarisme repose sur l’idée qu’il est de notre devoir de maximiser le bien sur terre, et Singer est célèbre pour avoir étendu cette idée à la prise en compte des intérêts des animaux. Son livre La Libération animale (Evergreen, 1975) est reconnu comme le fondement philosophique du mouvement antispéciste.

Le spécisme, établit une hiérarchisation arbitraire établie entre les espèces. Peter Singer inscrit la libération animale dans un sillage historique, celui de l’émancipation des Noirs et des femmes. Il s’agit d’élargir le cercle de la considération morale, comme on l’a élargi auparavant par-delà les races et le sexe.

– L’éthique utilitariste est une éthique laïque, elle s’oppose nettement aux éthiques religieuses.

– J’accepte mieux l’idée que nous ne sommes pas des êtres purement rationnels, évidemment. En revanche, ce n’est certainement pas éthique de tourner le dos aux faits. On sait à quel point la vie des animaux non humains est horrible dans les fermes industrielles, pourtant des gens me disent encore : « Ne m’en parlez pas, vous aller gâcher mon dîner. Je ne veux pas le savoir. » Ce n’est pas une position acceptable.

Mon texte Famine, Affluence and Morality (« famine, richesse et moralité », essai non traduit, 1972) a inspiré un autre mouvement philanthropique appelé « altruisme efficace », qui suppose de pratiquer la charité de la façon la plus rationnelle possible, en essayant de se détacher de ses émotions. Il donne une large partie de ses revenus à des organisations choisies pour leur efficacité. Cela m’a rendu plus radical sur la question de ce que les personnes ayant un certain niveau de richesse devraient faire pour aider les personnes en situation d’extrême pauvreté.

– Jusqu’à quand votre vie vaudra-t-elle la peine d’être vécue ? Tant que j’aurai plus d’états de conscience positifs que d’états de conscience négatifs

– Heureusement, comme nous disposons aujourd’hui, en Australie, d’une aide volontaire à mourir, je ne m’inquiète plus beaucoup à ce sujet. Cela donne une certaine assurance que, si les choses tournent mal, vous n’aurez pas à souffrir plus longtemps que vous ne le souhaitez.

– La chose la plus effrayante est l’idée que l’on ne saura pas ce qui va se passer, par exemple si le monde réussira à faire face au changement climatique.

Lire, Questions d’éthique pratique de Peter SINGER (1993)

extraits : du point de vue de l’éthique de l’environnement, le choix de nos loisirs n’est pas neutre. Bien que nous considérions le choix entre la course automobile et la bicyclette, entre le ski nautique et la planche à voile, comme une pure question de goût, la différence est essentielle : la course automobile et le ski nautique supposent la consommation de carburants fossiles et l’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ; le vélo et la planche à voile, non. Quand nous aurons pris au sérieux la nécessité de protéger notre environnement, la course automobile et le ski nautique ne seront pas une forme de divertissement plus acceptable d’un point de vue éthique que ne le sont aujourd’hui les combats d’esclaves ou de chiens. La planche à voile est peut-être préférable au ski nautique, mais si nous achetons sans cesse de nouvelles planches à voile au gré des changements de mode du design (ou si nous allons à l’océan en voiture), la différence devient négligeable.

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l’année 2025 ne sera pas pire que les précédentes

Une bonne nouvelle, l’année 2025 ne peut pas être pire que les années précédentes. Des endémies multiples (Covid-19, H5N1, etc), des guerres multiples et même mondialisées, des famines multiples et structurelles, des gouvernements tendance dictatoriale et des démocraties en panne même en France, des inondations extrêmes et des sécheresses sans compter les ouragans, des femmes qui sont emmurées dans leur propre maison et des hommes qui servent de chair à canon, une télé de merde et des réseaux sociaux décervelant, des usines qui ferment et d’autres qui maintiennent en esclavage, des économistes politiciens qui psalmodient « croassance croassance » et justifient des inégalités extravagantes, etc., etc.

C’est pourquoi nous vous proposons la recette pour atteindre la bonheur dans ce monde de brut et de brutes.

Beaucoup de choses peuvent apporter une joie intense, un dernier verre, le but marqué par son équipe, la mort de son ex-femme,… liste non limitative. Mais ce qui devrait être source de béatitude, c’est notre contact avec la nature. Communier avec la nature n’est pas une pratique très compliquée. Il suffit de sortir de chez soi, sortir de la ville, sortir de sa bagnole, se retrouver en contact direct avec mère Nature. En immersion, de préférence sans avoir à payer quoi que ce soit. Faut en profiter avant qu’il soit trop tard, de la nature il ne reste plus grand chose.

Cécile Cloutour : « J’ai 9 ans. Le soleil s’est couché, mais nous restons sur la plage. Ma sœur et moi sommes assises face à la mer. A quelques mètres de nous, mon père et trois cousins commencent à chanter, a cappella, les premières phrases du Cantique de Jean Racine, de Gabriel Fauré. Je suis détendue, relâchée, heureuse. Face à nous, au loin, un orage d’été éclate. Les éclairs déchirent et illuminent le ciel sans un bruit. Moi, petite citadine, je n’ai pas l’habitude de contempler un spectacle aussi majestueux. Des années après, en étudiant l’art romantique, j’ai compris que ce moment relevait du sublime. Il y avait une résonance entre la nature et l’harmonie du cantique. Je ne suis pas croyante, mais il y avait une forme de sacré. Tous mes sens étaient alignés pour apprécier cet instant. »

Ted Kaczynski : En vivant au contact de la nature, on découvre que le bonheur ne consiste pas à chercher toujours plus de plaisir. Il réside dans le calme. Une fois que vous avez apprécié le calme suffisamment longtemps, vous développez vraiment un sentiment de rejet à la seule évocation de plaisirs excessifs. Vous pouvez parfois rester assis pendant des heures à ne rien faire, à écouter  les oiseaux,  le vent ou le silence, à observer les ombres qui se déplacent avec la course du soleil. Et vous ne connaissez pas l’ennui. Vous êtes seulement en paix, à admirer la neige d’une blancheur immaculée et les rayons de soleil filtrant au travers des pins. Je laisse entrer en moi le silence et la solitude. La chose la plus pénible de ma vie ? La pire chose que j’ai connue au cours de ma vie dans les bois fut l’envahissement progressif de la nature par la civilisation moderne…

En savoir plus sur le bonheur avec notre blog biosphere

Notre très inquiétante séparation d’avec la nature

extraits : Que reste-t-il de la vraie nature dans nos villes, nos intérieurs aseptisés, nos supermarchés climatisés, nos jardinets engazonnés, nos autoroutes embouteillés et nos parcs d’attraction ? A la maison, à l’école ou au travail, quand sommes-nous en contact sensoriel avec la texture de la terre, la lumière, les cycles de la terre, les esprits des arbres, la puissance de la vie ? Où et comment apprenons-nous cela ? De par leur formatage intérieur dès la petite enfance, nombre de personnes sont – existentiellement et émotionnellement – trop séparées de la nature pour être véritablement touchés par les maux qui l’affectent. Fruit de la modernité, la culture de la société industrielle est déconnectée de son substrat naturel. Nous savons notre impact écologique négatif, mais nous n’y prêtons guère attention, car la nature ne fait plus vraiment partie de notre être et de notre vie….

Malicorne, la nature menacée

extraits : La nature semble s’être engagée dans une situation qui pourrait bien se retourner contre elle. Elle a mis au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre. Avec le développement de la science et de la technologie, l’homme modifie considérablement la planète qu’il habite. Il aménage la nature et transforme la campagne. A part les paysages arctiques, toutes les régions ont été plus ou moins altérées par sa présence. Rien ne lui résiste. Son influence est singulièrement accélérée par l’apparition de la civilisation occidentale qui n’a plus, comme les cultures traditionnelles, le respect de la nature. Un grand nombre de biotopes et d’espèces vivantes disparaissent. Les forêts se rétrécissent et les sous-bois deviennent des parkings. L’asphalte et le béton sont les manifestations de cette nouvelle et menaçante monotonie. Vue sous l’angle  « l’homme hors de la nature », l’arrivée de l’être humain apparaît ici comme une catastrophe cosmique….

Rejoignez notre Alliance des gardiens de Mère Nature

extraits : Nous, gardiens et enfants de la Terre Mère, peuples indigènes et alliés, nos prophéties, notre sagesse et nos savoirs nous ont permis de constater que la vie sur la Terre Mère est en danger et que l’heure d’une grande transformation est arrivée. Nous appelons l’humanité à prendre des mesures pour protéger le caractère sacré de l’eau, de l’air, de la terre, du feu, du cycle de la vie et de tous les êtres humains, végétaux et animaliers. Il est vital de transformer notre approche de la nature en l’envisageant non comme une propriété, mais un sujet de droit, garante de la vie… Nous devons évoluer vers un paradigme basé sur la pensée et la philosophie indigènes, qui accorde des droits égaux à la Nature et qui honore l’interrelation entre toute forme de vie…..

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