Dans mon jeune temps, la religion était omniprésente. Mes parents se sont mariés civilement (dans l’après -guerre). Ils ont attendu deux ou trois jours le mariage religieux pour estimer être autorisés à faire l’amour pour la première fois. D’où vient alors ma rébellion ? D’un amoncellement de petits éléments qui progressivement m’ont fait douter.
Un jour je me suis enhardi pour demander à un prêtre s’il croyait personnellement à l’enfer. A sa réponse évasive et son air constipé je savais dorénavant ce qu’il fallait savoir : on me racontait des histoires. J’étais devenu plus méfiant. Depuis j’ai multiplié les questions et confronté les réponses ; on ne se pose jamais assez de questions, on ne nous fournit jamais suffisamment d’éléments pour trouver nous-mêmes les réponses. La critique de la religion a été la première marche de l’autonomie de ma réflexion et le fondement de tout mon écologisme à venir. Mais certains ne se posent pas de question. On les appelle « les croyants » !
Jacques Arnould (théologien): Il y a chez beaucoup de créationnistes des gens qui nient des avancées scientifiques indiscutables. Mais il y a aussi des scientifiques qui ont des positions dogmatiques. Richard Dawkins, généticien de renom a pris la plume pour décortiquer tous les méfaits des religions. Ce scientifique tombe dans le dogmatisme lorsqu’il pose la question de l’existence de Dieu. Or la science reste incapable de démontrer l’existence de Dieu, comme de la nier. Les scientifiques appartiennent au monde, ils ne pourront jamais en sortir et prendre suffisamment de recul pour l’observer tout entier. Il restera toujours du mystère. La foi est selon moi une immense curiosité. Cela nécessite de reconnaître que nous ne savons pas tout. Le dogme est un phare. Il est bon de l’avoir en vue, pour nous guider, c’est le cœur même de l’idée de transcendance.
Le mythe du Big Bang constitue une magnifique histoire. Mais n’oublions pas que nous ignorons tout du temps zéro de l’univers. Face à ce monde que nous savons désormais potentiellement infini, en évolution, vieux de plusieurs milliards d’années, offrant la possibilité d’existences extraterrestres et mettant ainsi en cause le sens littéral des récits de la Genèse. Qui sommes-nous pour dire ce que Dieu a les moyens de faire ou non ? Ne sommes-nous pas, apparemment, insignifiants au regard de l’univers ? Les neurobiologistes s’intéressent depuis longtemps à la religion, à la manière dont le cerveau réagit lorsque nous nous mettons en état de prière ou de méditation par exemple. Ils ont constaté que ces pratiques nous plongent dans des états de conscience particuliers. Certains en ont conclu que Dieu est une invention de notre cerveau. Encore une fois, selon moi, c’est une question de foi. La neurologie ne peut ni prouver ni nier l’existence de Dieu.
Le point de vue des écologistes athées
commentaires des dires de Jacques Arnould
Credo Quia Absurdum : Quelle mauvaise foi, c’est le cas de le dire ! Quel rapport y a-t-il entre refuser la supposée existence de Dieu (avec une majuscule !) et l’accusation de mépris des religions et des croyants ? L’existence d’un dieu unique est par définition une particularité des religions monothéistes, ni plus respectable ni plus ridicule que les croyances et superstitions de toutes les autres religions passées et présentes: les djinns, les esprits, les dieux de la forêt, le panthéon hindou, la mythologie grecque ou aztèque, l’oignon suprême ou le poireau magique. Que ce Monsieur Amould s’arrange avec ses contradictions personnelles et ne vienne pas donner des leçons à des gens qui ne lui ont rien demandé. Il serait plus utile de s’interroger sur les raisons (historiques et actuelles, de l’ignorance à la misère) qu’a une partie de l’humanité à croire des balivernes.
Lapinou : Mais de quel Dieu parle-t-on ? Odin, Zeus, le père de Jésus, Allah, Quetzalcoatl, Shiva…? C’est dérangeant d’avoir une réflexion sur l’existence de Dieu, et la foi en lui ou elle, mais de ne pas avoir défini le sujet même du discours. Cela retire beaucoup de cohérence et de crédibilité au propos à mon avis. Établir la définition du Dieu dont on parle, admettre qu’il y en a eu pléthore qui ont disparus, donne des clés importantes sur le sujet.
1Rueillois : On est là dans une vision particulièrement dogmatique de la religion. D’abord parce que la charge de la preuve s’impose à celui qui veut démontrer l’existence de quelque chose, et non l’inverse. Mettre sur le même niveau la preuve de l’existence et celle de la non existence est d’une mauvaise foi totale. L’auteur ne croit probablement pas aux licornes et aux elfes, mais personne ne lui demande de démontrer leur non existence. Ensuite car il fait abstraction des milliers de religions et croyances développées par l’humanité au cours des siècles; face à ce foisonnement, il est effectivement légitime d’en conclure que le cerveau humain est porté à croire au surnaturel, mais que la diversité de ces croyances suggère qu’il ne peut s’agir de réalités. Enfin l’auteur critique les critiques des religions, qui sont pourtant factuelles et non dogmatiques, et se discrédite ainsi en amalgamant le fondamentalisme religieux de la critique scientifique des religions.
J80 : Ce qui me paraît étonnant, c’est d’affirmer que soit Dieu existe, soit Dieu n’existe pas. Pourquoi, par exemple, ne pas mettre dieux (et déesses) au pluriel ? N’y a-t-il pas déjà là, sous prétexte d’une question qui serait de simple bon sens, un énorme biais culturel ? Pourquoi, dans la même veine, ne pas affirmer que tout ce qui advient dans l’univers serait le fait de petits êtres invisibles, inodores, sans saveur et que l’on ne pourrait pas attraper par la queue ? Il serait aussi difficile d’apporter la preuve de l’existence que de l’inexistence de ces petits êtres.
vincentB : J’ai compris la religion lorsqu’un prêtre m’a dit : « Commence par croire en Dieu et tu finiras par y croire ». Cet homme, pour lequel j’avais une grande admiration, m’apparut immédiatement comme un imposteur. Et sa foi avec. Depuis, je me suis aperçu que ce mécanisme de la certitude fondée sur le doute était fréquent. Et que plus le doute était fort, plus la certitude le devenait. Moins vous êtes sûr de vous, plus vous êtes agressif.
Treyo : Pendant combien d’années Le Monde va-t-il encore ouvrir ses colonnes aux vaticinations des théologiens ? Pourquoi n’en fait-il pas autant au profit des astrologues ? Car enfin, voici bien deux disciplines qui ont en commun de ne pouvoir en aucun cas prouver la réalité de leur objet. Des historiens, psychologues, sociologues de la religion, oui ! Mais tout théologien honnête devrait au moins être capable de reconnaître qu’il a consacré une vie d’étude à une hypothèse non vérifiée depuis vingt siècles… et que la simple réalité dément chaque jour. Régulièrement Le Monde se pâme devant tel ou tel “grand théologien” : mais que vaut le savoir d’un homme qui ignore même si l’objet de son étude a une quelconque existence ?
françois brivet : « SI il existait une preuve de l ‘existence de Dieu , tous les scientifiques seraient croyant ! » La science a toujours eu raison du blabla de quelques bouquins des religions monothéistes ! Ah non disent tous ses bonimenteurs , vous ne pouvez pas prouvez la non existence de Dieu . C ‘est certain, et le premier homme qui a créé cette arnaque avait pensé à tout , en nous disant que seuls les morts verraient Dieu . Tout cela serait risible si malheureusement ces religions monothéistes n’ étaient responsables de millions de morts et de toutes ses turpitudes !
La religion au service du pouvoir
Lucy : L’existence de Dieu.x: une affaire de croyance.s. Le vrai problème reste les religieux qui cherchent à asseoir leur pouvoir à tout prix (ainsi que leur richesse très matérielle cf. Kirill le pope de Poutine) y compris en piétinant les préceptes qu’ils veulent imposer aux autres.
Peps72 : Le problème c’est pas de croire ou pas en Dieu, le problème c’est les formes rétrogrades et liberticides que prennent les religions concrètement ici-bas sur Terre, parce qu’entre l’homophobie et la pédocriminalité qui gangrènent l’Eglise catholique, et l’homophobie et l’oppression systémique des femmes par le port du voile islamique imposé par les centaines de milliers d’imam aux 4 coins du Monde, les religions sont juste de gigantesques outils de régression sociétale..
L.R. : Les judéo-catho-islamiques ont créé le concept de « religion » dans le sens auquel ont l’entend, avec pour seul objectif d’asservir leurs semblables (L’homme a créé dieu à son image). Ils ont su raffiner l’exploitation de la crainte de l’immanent qui est inhérente au cerveau humain. Le recours au surnaturel est un mécanisme de défense, ils en ont fait un outil d’asservissement. Heureusement le progrès scientifique laisse de moins en moins de place à l’exploitation du surnaturel. On peut prier pour que d’ici quelques décennies, hélas peut-être quelques siècle, ces vestiges du passé auront disparu et que les êtres humains seront libres de ces chaînes mentales.
Gaspard : Les religions sont des recueils de mythes et légendes qui remplissent essentiellement trois fonctions : Donner un fondement irréfutable aux cadres politiques, sociaux et juridiques d’une société. Moralité, du moment qu’il se trouve une masse critique pour croire en ces mythes et en ces dieux, ils finissent par exister au sens où ils impactent la réalité par l’intermédiaire des croyants. Qu’ils existent pour de bon ou non devient secondaire, d’un point de vue pratique. C’est la croyance qui fait la divinité. Elle meurt quand on cesse d’y croire.
Alphonse : C’est tellement plus simple de dire qu’une loi vient de dieu, ça permet aux moutons de suivre et d’avoir une justification pour brûler les contestataires.
Entandrophragma : Qu’on nous voyons tout le malheur répandu à travers le monde par les politiques totalitaires avec le soutient de leurs assistances religieux complices, tout çà dans un vide sidéral d’absences de protestations de Dieu, c’est bien la certitude de son inexistence et, par contre la preuve de la vanité de l’homme, qui croit pouvoir désigner un être supérieur responsable, malgré lui, de tout le malheur de ce monde. Si Il veut, et c’est sans recours.
Wvr : Que dieu existe ou pas n’est pas le problème. Le problème est plutôt les religions qui veulent imposer un mode de vie et de penser, voire des régimes politiques et aligner tout le monde avec leurs rites et symboles. Et cela est très spécifiquement humain.
le point de vue scientifique
Paskalou : Je ne comprends pas ce débat inutile relisez ou lisez K Popper et son principe de réfutabilité : en résumé si vous ne pouvez prouver ni le pour ni le contre laissez tomber !
Pas si simple : On se moque bien de savoir si la science peut dire quoi que ce soir sur Dieu. L’important est que la religion ne se permette pas de dire quoi que ce soit sur ce qui est établi par la science. Le reste n’est que spéculation, pari de Pascal et conviction intime.
Loec : La science n’a rien à faire de la religion. Par contre la religion craint la sciences car en dévoilant des pans cruciaux de nos origines elle les obligent à revoir les récits construit depuis des millénaire.
Mirez : Quelques rappels salutaires : 1) la charge de la preuve revient à celui qui affirme quelque chose. Autrement dit, ce n’est pas à la science (ou qui que ce soit d’autre) de prouver l’existence de Dieu, mais c’est bien à ceux qui prétendent que Dieu existe. 2) On ne peut pas prouver que quelque chose n’existe pas, donc la science ne prouvera jamais que Dieu n’existe pas (ni le Grand Plat De Spaghettis Géant, d’ailleurs)
Lorant : Plus que la problématique de la preuve de l’existence de dieu qui somme toute n’en est pas vraiment une, puisque poser la question même c’est nécessairement s’inscrire dans un référentiel qui le fait exister au moins sur plan symbolique ou conceptuel. Interroger le cadre historique et culturel du religieux m’apparaît plus pertinent. Quels sont les représentations de l’humain, des genres, du rapport à la nature, au champ social et à ses hiérarchies. Quels sont les productions des discours qui s’ élaborent à partir de ces présupposés. Il n’y a pas grand chose du religieux qui tient la route dés que l’on met la moulinette introspective en route. Les monothéismes abrahamiques en prennent tout particulièrement pour leurs grades, en tant que cœurs battants du patriarcat, de la légitimité de la verticalité du pouvoir, de l’aliénation sexuelle et de la prédation environnementale institutionnalisés comme œuvres divines.
Ophrys : Les croyants qui font le pont entre la science et la religion se jettent toujours sur l’astrophysique et évitent soigneusement l’évolution et l’écologie. Son discours acide sur Dawkins en est révélateur.
Antoine : « Ne sommes-nous pas, apparemment, insignifiants au regard de l’univers ? » C’est bien là le problème, au moins une centaine de milliards d’étoiles dans notre galaxie, probablement deux mille milliards de galaxies (là c’est plus difficile de les compter 🙂 ! Le dieu qui a créé tout cela a probablement d’autres chats à fouetter que d’observer quotidiennement l’humanité.
En guise de conclusions
Dance Fly : Dans nos sociétés industrielles et technologiques ces débats n’intéressent qu’une minorité d’individus, la religion ayant laissé place au productivisme et au consumérisme, système dans lequel le progrès technique est sacralisé et vient remplacer Dieu. Il est d’ailleurs intéressant de constater que les théologiens comme les productivistes acceptent difficilement la critique et la remise en cause d’une croyance aveugle (en Dieu ou dans le progrès) et qualifient de militants dogmatiques des scientifiques qui osent formuler une critique argumentée de la religion (e.g. Dawkins) ou d’un système économique conduisant à l’effondrement de la biodiversité et au réchauffement climatique.
Rasi Zabolus : Il est impossible de prouver que le Père Noël n’existe pas. Du coup, il est raisonnable et mature d’y croire, « dans le doute ».
lmbmichel : Pour faire encore plus court, je m’en tiendrais à la phrase de Stendhal : « La seule excuse de Dieu, c’est qu’il n’existe pas ».
Wylless : L’homme a créé des dieux; l’inverse reste à prouver. (Serge Gainsbourg)
Itamarandiba : Que l’obscurantisme retourne à l’obscurité…
Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere
Religions, un frein à notre réflexion
L’écologisme sera la religion du XXIe siècle