spiritualités

La force messianique de l’écologie

Cornelius Castoriadis pose merveilleusement les termes du débat (Une société à la dérive, Seuil 2005) :

« L’écologie est la compréhension de ce fait fondamental qu’il ne peut pas y avoir de vie sociale qui n’accorde une importance centrale à l’environnement dans lequel elle se déroule. Ce regard a changé avec le capitalisme et la techno-science moderne, basés sur une croissance continue et rapide de la production et de la consommation, entraînant sur l’écosphère terrestre des effets catastrophiques. De sorte que l’on ne peut plus concevoir de politique digne de ce nom sans préoccupation écologique. Et, s’il n’y a pas un nouveau mouvement, un réveil du projet démocratique, l’écologie peut très bien être intégrée dans une idéologie néo-fasciste. Face à une catastrophe écologique mondiale, par exemple, on voit très bien des régimes autoritaires imposant des restrictions draconiennes à une population affolée et apathique.

« L’écologie correctement conçue ne fait pas de la nature une divinité, pas plus que de l’homme d’ailleurs. La religion projetait sur les puissances divines des attributs essentiellement anthropocentriques, et c’est précisément en cela qu’elle donnait sens à tout ce qui est. Mais en même temps elle rappelait à l’homme sa limitation, elle lui rappelait que l’Etre est insondable et non maîtrisable. Or une écologie intégrée dans un projet politique d’autonomie doit à la fois indiquer cette limitation de l’homme, et lui rappeler que l’Etre n’a pas de sens, que c’est nous qui créons le sens à nos risques et périls. Le danger principal pour l’homme est l’homme lui-même. Aucune catastrophe naturelle n’égale les massacres, les holocaustes provoqués par l’homme contre l’homme. Aujourd’hui l’homme est toujours, plus que jamais, l’ennemi de l’homme, non seulement parce qu’il continue autant à se livrer au massacre de ses semblables, mais aussi parce qu’il scie la branche sur laquelle il est assis : l’environnement. C’est la conscience de ce fait qu’on devrait tenter de réveiller à une époque où la religion ne peut plus jouer ce rôle. L’autonomie, la vraie liberté, est l’autolimitation nécessaire non seulement dans les règles de conduite intrasociale, mais dans les règles que nous adoptons dans notre conduite à l’égard de l’environnement. »

(texte de 1992)

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Oui au blasphème !

Ni la bible, ni le coran, lisez dans le livre de la Nature pour l’amour de toutes les formes de vie.

Nous avons inventé la démocratie pour qu’il y ait débat. Puisque la religion n’est qu’une idéologie comme les autres, elle doit pouvoir être critiquée. Ainsi, dans un pays laïc où existe la séparation entre la vie religieuse et la vie publique, on ne peut poursuivre en justice une action ou une caricature relevant du blasphème ou tournant la religion en dérision avec quelques espoirs d’obtenir raison. Aussi pénible que cela puisse être pour les croyants, on doit pouvoir dire ce que l’on veut de la religion, tout en faisant clairement la distinction entre la religion comme idée discutable, et ceux qui la pratiquent. En effet l’injure publique à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur religion est en France poursuivie par la loi.

 Le professeur R.Redecker qui qualifiait dans une diatribe (Le Figaro du 19 septembre 2006) le prophète Mahomet « de chef de guerre, impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame » et le Coran de livre « d’inouïe violence », n’a été poursuivie en justice par aucune association musulmane. Le procès qui s’est ouvert le 7 février 2007 contre Charlie Hebdo est une autre illustration de cette thématique. Dans les différences caricatures sur Mahomet reprises par ce journal satirique, c’est la religion qui est visée, pas les musulmans.

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prière écolo

Tant qu’il y aura des religions, des religieux, des croyants, il y aura des guerres. Le jour où l’espèce homo sapiens se contentera, après avoir démonté toutes les synagogues, les églises, les temples et les mosquées, de semer à la place du blé, du seigle ou du riz, alors la paix du monde sera en marche et nos enfants de toutes les couleurs pourront parler d’avenir. Regardez avec humilité le soleil, un soleil qui donne la vie à toutes les plantes et toutes les autres espèces vivantes, vous n’avez pas besoin d’autres prières que celle-là.

pour en savoir plus : www.biosphere.ouvaton.org

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Plénitude de la raison unique

Le pape Benoît 16 a fait une conférence à l’université de Ratisbonne qui a soulevé beaucoup d’émois dans les sphères musulmanes. Pourtant pas besoin de soulever les foules pour un texte d’une platitude absolue.

 « Pour convaincre une âme raisonnable, on n’a pas besoin ni de bras, ni d’armes, ni non plus d’un quelconque moyen par lequel on peut menacer quelqu’un de mort. » Une telle phrase parait d’une évidence extrême dans un système démocratique. Mais Benoît 16 ne se réfère pas à la démocratie.

 «  Celui qui veut conduire quelqu’un vers la foi doit être capable de bien parler et de raisonner correctement et non d’user de la violence et de la menace ». Comme la foi ne peut être démontrée par d’autres arguments que celui de l’autorité, il parait bien présomptueux pour une âme sensée de mélanger croyance indémontrables et réalités démontrables. Mais le pape va plus loin.

 «  Dieu n’aime pas le sang ». C’est faire fi de la pratique des trois religions du livre qui ont ensanglanté la planète, de conquêtes musulmanes en croisades sans parler de toutes les guerres plus ou moins récentes : dieu bénit encore l’Amérique qui occupe l’Irak. Mais dieu n’a jamais rien dit puisque ce sont toujours des hommes qui ont parlé en son nom. En fait le papuscule Benoît 16 n’avait pas pour objectif principal d’attaquer l’islam, seulement de confondre dieu et la raison pour critiquer les athées.

 « Une raison qui est sourde face au divin et repousse la religion au niveau des sous-sultures est incapable de s’insérer dans le dialogue des cultures. » Le pape voit dans l’exclusion du divin par la raison une attaque contre les convictions les plus intimes. Mais dans toute la pensée laïque, il faut justement que la foi reste du domaine privé et séparer l’Eglise de la sphère publique, démocratique et scientifique. La raison capable de raisonner ne peut être du côté des religions, et c’est cela qui fait peur au papuscule Benoît 16.

La seule croyance qui tienne la route, c’est l’ensemble des discours qui permettront à l’espèce homo sapiens de retrouver un équilibre durable avec l’évolution de la Biosphère, seule source de vie pour les parasites qui constituent l’espèce homo sapiens…

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Dieu a dit, moi aussi

La controverse récente entre Benoît 16 et l’islam n’est pas nouvelle, chaque religion cherche à établir sa primauté. Lors du concile de Florence en 1442, l’Eglise réaffirme sa position la plus traditionnelle, hostile à tout système religieux concurrent : « La sainte Eglise romaine proclame qu’en dehors de l’Eglise nul n’aura part à la vie éternelle, qu’il soit païen, juif, incroyant ou séparé de l’Eglise. Il sera la proie du feu éternel et destiné au diable s’il ne rejoint pas l’Eglise avant sa mort ». Thomas Müntzer, l’une des premiers disciples de Luther, rêve d’un royaume de dieu déjà réalisé sur terre et soutient la révolte paysanne de 1525. Alors Luther, un hérétique qui a réussi, se déchaîne : « Partout où le paysan ne veut pas entendre raison, que l’autorité saisisse l’épée et qu’elle frappe. Tout prince est serviteur de dieu. Il y a un grand nombre d’âmes séduites, entraînées de force. Il faut à tout prix les délivrer et les sauver. C’est pourquoi frappez, égorgez ». Cette intolérance à l’intérieur de l’espace géographique mis en tutelle par le christianisme se retrouve dans la plupart des autres religions, ainsi le Coran tient exactement le même langage que son concurrent : « Les vêtements des infidèles seront taillés de feu, et l’eau bouillante sera versée sur leurs têtes. Leurs entrailles et leur peau seront consumées ; ils seront frappés de gourdins de fer » (sourate XXII).

Or dieu ne dit rien car il ne peut rien dire, ce sont des hommes qui s’expriment pour lui et peuvent raconter n’importe quoi. Moi aussi, j’ai donc le droit de dire que le christianisme ou l’islam, c’est du pareil au même, un tissu de conneries. Le seul culte qui vaille, c’est le respect de l’équilibre des écosystèmes car ce qui nous permet de vivre durablement, la Biosphère, est un fait réel et avéré.

Pour en savoir plus, notre réseau de documentation

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Benoît XVI, un pape rabougri !

Benoît 16 vient de se prononcer contre le dialogue entre les religions : « La rencontre interreligieuse de prières ne doit pas prêter à des interprétations syncrétiques, fondées sur le relativisme qui nierait le sens même de la vérité et la possibilité de l’atteindre. » Il dit non à la dilution de l’identité chrétienne, comme il a rappelé à l’ordre les franciscains d’Assise, promoteurs de manifestations interconfessionnelles devenues des rendez-vous pacifistes, altermondialistes et écologistes. Pourtant, Benoît 16 reconnaît qu’« il n’est permis à personne de prendre argument de la religion comme prétexte à une attitude belliqueuse à l’égard d’autres humains. » Pourtant  Benoît 16 avoue dans le même temps que « les différences religieuses constituent des motifs d’instabilité et de menace ». Ce pape ne sait pas résoudre ses contradictions. Ce pape n’a pas encore compris que dans l’intérêt de la planète, il ne doit pas se cacher derrière des dieux invisibles, mais défendre fermement une nature en perdition.

Le texte officiel qui avait consacré en 1980 François d’Assise comme Saint patron de l’écologie soulignait que la nature était un don de Dieu fait aux humains. Quelle erreur profonde dans l’expression ! L’Eglise n’acceptait pas le message d’humilité des humains vis-vis de la Nature que propageait François d’Assise. D’ailleurs dès son vivant il a été régulièrement trahi par l’Eglise qui portait pourtant comme lui le même message des Evangiles. Au lieu d’enseigner la vraie joie par la simplicité volontaire, la fraternité et par dessus tout l’humilité, les porteurs de la parole qu’ils disent divine n’ont fait qu’exalter le culte des apparences et soutenir l’emprise des humains sur la Nature.

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