anthropisation

Victimes de la structuration socio-économique

Dès mon premier d’enseignant en 1975, j’ai choisi de me domicilier de telle façon que je pouvais gagner le lycée à pied. Il est vrai que l’année 1973 avait connu le premier choc pétrolier, l’époque se prêtait à la limitation des déplacements. Malheureusement tous les lycéens ou presque faisaient la route, mon action individuelle n’était rien car le système éducatif était structuré pour obliger à se déplacer. Nous sommes victimes des (infra)structures. De même les entreprises répondent au marché, qui est structuré pour nous faire acheter plus global que local. Les candidats à l’embauche, même au plus haut niveau, sont donc victimes de la structuration socio-économique qui oblige la presque totalité des entreprises à laisser de côté le sens d’une production écologiquement acceptable. Ce qui veut dire que le passage à la sobriété partagée et aux boulots écolos n’adviendra que quand le système s’effondrera faute de combustibles fossiles…

C’est pourquoi le fait que quelques RH (relations humaines) soient bousculées par quelques spécimens de la génération climat est le signe précurseur d’un changement nécessaire, mais de la coupe aux lèvres il y a un gouffre.

Margherita Nasi : « Quels sont vos engagements environnementaux ? Vous n’êtes pas une entreprise à mission, pourquoi ? Telles sont les questions qui sont fréquemment adressées aux recruteurs. A l’ère de l’urgence écologique, les entretiens d’embauche se muent en interrogatoires sur la sincérité et l’ampleur de l’engagement des entreprises. « Hier, ma fiancée s’est vu refuser une proposition d’emploi… parce qu’elle refuse de prendre l’avion. Mais le pire, c’est que l’entreprise se vante d’être neutre en carbone et de soutenir WWF. »… « Every job is a digital job », martelait-on dans les années 2010, « aujourd’hui, on pourrait ajouter : “Every job is a green job.”… De nombreux collectifs de collaborateurs se réunissent pour débattre de bonnes pratiques individuelles mais aussi de la politique environnementale de leur entreprise : c’est très perturbant pour les RH, car ces collectifs s’apparentent aux syndicats, sauf qu’ils ne sont pas élus.  A terme, d’autres sujets pourraient percuter les RH comme l’écoanxiété »

Le point de vue des « écologistes » réalistes

JeanMichel : Tellement drôle. On devrait distribuer cet article de Margherita à tous les moins de 30 ans qui remplissent chaque jour les bétaillère de ryanair et easyjet, qu’ils découvrent cette nouvelle génération intransigeante.

Bonjour : Il faut arrêter de dire des bêtises sur les jeunes générations qui veulent des comportements plus vertueux envers l’environnement. Chaque fois que nous avons un nouveau jeune dans nos locaux, il faut faire son éducation pour qu’il pense à éteindre la clim et les lumières en partant, pour qu’il cesse de mettre l’eau chaude à fond pour se laver les mains en été, pour qu’il mette dans les bonnes poubelles ses déchets et qu’il n’est pas obligé d’imprimer à nouveau son compte rendu à chaque correction. Fille ou garçon, c’est pareil ! Ce qu’ils veulent c’est que les autres fassent des efforts à leur place.

TEXAGERE : C’est étonnant ces jeunes de cet article… Je ne dois pas avoir les mêmes dans mon entreprise. À part un (je dis bien un seul) qui a réussi à dire lors d’une réunion qu’il n’était pas assez fou pour polluer la planète qu’il va laisser à son jeune fils, les autres participent allègrement et souvent avec zèle au torchage de gaz, à l’émission tout azimut de CO2, aux A/R en classe affaires pour terminer notre projet dans les temps impossibles exigés par notre client d’une grande compagnie pétrolière assez connue. Votre article ne serait il pas limiter à quelques exemples qui cacheraient la forêt?

Benjamin_P : Enfin, si vous travaillez dans le pétrole, ce n’est pas très étonnant. Il n’y a pas non plus beaucoup de pro nucléaire à la CRIIRAD…

Rose : On aimerait des statistiques dans cet article. Pour l’instant la majeure partie des jeunes qui cherchent un travail n’ont pas les moyens de refuser un beau poste au prétexte qu’il y a des gobelets en plastique à la machine à café.

Nemorosa : Très bien les jeunes. Maintenant on passe à l’étape suivante du raisonnement : une entreprise, par essence, a pour but de produire. Si vous refusez de participer, travaillez pour vous, travaillez la terre, produisez votre propre nécessaire, travaillez votre être, écoutez la musique, écoutez le vent, écoutez la forêt, marchez sur la Terre, projetez vos esprit loin dans l’univers et dans le temps, revenez à ce que vous êtes (des animaux conscients) et non pas à ce qu’ils veulent que vous soyez (des consommateurs abrutis). Moins de béton, plus de poésie. Nous devons mettre fin à l’artificialité des lieux et des esprits.

Lire, La transition écologique nécessite une déstructuration

extraits : Le pouvoir n’est ni dans les assemblées politiques, ni parmi les dirigeants des entreprises, encore moins dans la rue, le pouvoir est celui de l’état de nos infrastructures matérielles à un moment donné. C’est pourquoi « Réindustrialiser la France tout en réduisant les émissions de carbone » devient un casse-tête insoluble. « Fin de mois », contre « fin du monde », cette opposition ne peut se résoudre que par la déstructuration de la société thermo-industrielle. Les seules prémices d’une remise en question des infrastructures est issu du mouvement de contestation des grands travaux inutiles et imposés…

Je préfère mon chien à mon homme

La vétérinaire Hélène Gateau assume, dans son livre Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant), son choix de femme vivant une relation forte avec Colonel, son border terrier. Les chiens et les chats font vendre et leur population explosent en France. C’est une passion généralisée alors que la biodiversité naturelle s’effondre. Les Français feraient mieux d’investir dans la conservation de la vie sauvage. Mais les temps sont aux plaisirs égoïstes.

Hélène Gateau : « Une femme sans enfant est déjà mise dans une case ; si en plus elle affirme préférer avoir un chien car c’est moins de contraintes, c’est la double peine. On la soupçonne d’être misanthrope, on l’accuse d’égoïsme, de souffrir du syndrome Bambi, qui consiste à s’attendrir sur tout être qui n’est pas humain… Colonel est arrivé dans ma vie à 37 ans, un âge où l’on se pose encore plus de questions sur la procréation. Mon besoin de contrôle, ma peur des aléas de la vie, mon individualisme, expliquent sans doute ma décision d’avoir un animal plutôt qu’un enfant. »

Le point de vue des écologistes qui n’aiment pas les chiens

Brutus : Je pense qu’il s’agit plutôt d’un chien qui a décidé d’avoir une humaine.

Jay : Et beh… N’oublions pas que les chiens qui vivent chez ces gens ont fait l’objet de manipulations génétiques, ont été arrachés à leur mère, mal sevrés, trimballés et vendus. « L’amour » d’un chien pour son maître n’est que le syndrome de Stockholm. Quant à l’amour du maître pour son chien…

Michel SOURROUILLE : Hélène croit que « dans notre ADN est inscrite cette faculté à l’alloparentalité, le fait de pouvoir endosser le rôle de parent pour un enfant qui n’est pas le nôtre. » Faux, notre ADN détermine notre physique, pas nos comportements sociologiques. Simone de Beauvoir écrivait à juste titre qu’on ne naît pas mère, notre contexte fait en sorte qu’on pense devoir procréer pour être une véritable « femme ». C’est notre socialisation, notre rapport à la société qui fait en sorte que noue devenons un bonne ou une mauvaise mère, et de plus en plus aujourd’hui gink, refusant d’avoir des enfants pour des raisons écologiques, ce que l’on comprend parfaitement.

OlivierMT : Décider de ne pas avoir d’enfants est très courageux car souvent incompris et bénéfique pour l’humanité car la population mondiale est trop importante.

Sauf qui Peut : On est content pour elle. D’un autre côté, elle rend un énorme service à l’enfant ou aux enfants qu’elle n’a pas eu. Dans une civilisation proche de l’effondrement, c’est presque une preuve de courage de ne pas envoyer des enfants dans l’arène.

Multatuli : Aujourd’hui, faire un enfant c’est l’envoyer dans un monde en effondrement. Difficile d’assumer cet égoïsme. Malgré l’abord étrange de la question, ce témoignage est plutôt courageux.

Alfaroubeira : Coluche dans un sketch : » on a des enfants parce que l’on aime pas frapper les bêtes »

elcondorpasa : ou bien celle-ci aussi : « il y’a des gens qui ont des enfants parce qu’ils n’ont pas les moyens d’avoir un chien »

Linfirmier : En vrai elle fait bien ce qu’elle veut de sa vie. Je veux pas d’enfant non plus (je travaille en pédiatrie, je sais ce que c’est) et franchement ma vie est top. Pas besoin de la gâcher avec un bambin…

SergeK : Moi je vis avec mon ver, en solitaire. On ne se quitte pas et je suis très épanoui dans ma relation… Quand me publierez-vous, LE MONDE ?

Abonné_à_la_limite : Il y a des fois je me demande pourquoi je suis abonné au Monde… Certains commentaires sont plus intéressants et profonds que les articles…

lire, Éliminons chiens et chats de compagnie

Fécondité des loups, fécondité des hommes

Population maximum ou optimum, population limite, état de conservation, capacité de charge du milieu, schéma proie-prédateur et même viabilité d’une espèce, les termes se complètent. On se doute qu’une population de dix individus s’éteint très rapidement et que cent reste trop limité génétiquement. Le concept de MVP (minimum viable population) est issu d’une étude pionnière en écologie de la conservation de Shaffer en 1981. Celui-ci définissait une population minimale viable comme la plus petite population en termes d’effectif ayant 99 % de chances de se maintenir sur un horizon temporel de 1 000 ans malgré les effets de la stochasticité démographique, environnementale et génétique. Il s’agissait essentiellement d’un exercice de probabilités sur les trajectoires de populations données sur des périodes de temps déterminées.

La viabilité démographique représente l’aptitude d’une population à moyen terme (100 ans) « à résister au risque d’extinction ». La viabilité génétique concerne la capacité à s’adapter génétiquement à des conditions d’environnement changeantes à très long terme. Cette notion peut se résumer à la préservation d’un nombre suffisant d’animaux dits génétiquement efficaces. Une revue de la littérature scientifique internationale le situe aux environs de 2500 individus sexuellement matures (donc une population totale encore plus grande).

Un MVP de 500 loups

Les simulations sur l’avenir d’une espèce sont sujettes à controverse et étayent pourtant des discours politiques. Ainsi pour la gestion du nombre de loups en France. L’espèce Canis lupus, revenue en France depuis l’Italie vers 1992, était en 2008 dans un état de conservation favorable en France avec 150 individus et quatorze meutes. Des chercheurs ont estimé à 50 femelles l’assurance de ne pas voir l’espèce s’éteindre  à moyen terme, à 500 femelles la garantie que l’espèce soit protégée à long terme. Le plan loup adopté en 2018 fixait un « seuil de viabilité démographique » à 500 individus, mais ne considérait pas le nombre de femelles. On pensait que ce chiffre ne serait atteint qu’en 2023. Mais on a déjà dénombré 530 loups en 2019. Une expertise collective de 2017, dirigée par le Muséum national d’histoire naturelle, estimait que le taux global de mortalité des loups devait être maintenu « en dessous de 34 % », faute de quoi la population déclinerait. Or, alors que le plafond de tirs létaux a augmenté, le taux de mortalité a été estimé à 42 % pour la période 2014-2019.

Car pour les éleveurs, le seuil de viabilité est largement dépassé : la population compterait en 2023 un millier d’animaux signalés dans 53 départements. Il semble que la pression exercée par ces mêmes éleveurs sur les pouvoirs publics pour obtenir un plan d’abattage des loups fonctionne… On est passé de 40 loups abattus entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018 à 162 en 2022, avec une prévision à 174 en 2023…, alors qu’en 2022 le nombre des ovins tués a baissé d’environ 10 % par rapport à l’année précédente. Les organisations agricoles réclament officiellement la suppression du plafond de destruction des loups ainsi que l’équipement des éleveurs et chasseurs en armes équipées de lunettes à visée nocturne. La polémique autour de ce MVP de 500 loups est donc intense. Mais à la fin du 18ème siècle, il y avait entre 10 et 20 000 loups en France (estimations à partir d’une moyenne de 6000 loups tués annuellement). Le dernier loup français avait été tué en 1940 à Javerlhac.

Un MVP de 300 000 Européens

En France, 1 104 loups en 2023 pour 67 millions d’humains : cherchez l’erreur ! Le problème essentiel n’est pas de savoir si la France peut héberger 500 ou 20 000 loups, le problème est que l’espèce homo sapiens s’est propagée au détriment de presque toutes les autres. Que diraient les Français si leur taux de mortalité était fixé « juste en dessous de 34 % » et qu’on pouvait tirer à vue le surnombre avec des lunettes à visée nocturne. Quel est le seuil de viabilité de cette espèce d’hominidé qu’on devrait respecter : environ 500 individus, ou 2500 individus sexuellement matures ? Notez que l’humain et le loup se ressemblent, ils chassent en meute. Ce sont des prédateurs en haut de la chaîne alimentaire qui doivent en conséquence réguler leur population en proportion des ressources à leur disposition.

Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas. Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. Au contraire elle a tout fait pour croître et se multiplier. Aujourd’hui la concurrence des loups n’est qu’une infime fraction des maux que les humains doivent combattre, extinction de la biodiversité, réchauffement climatique, épuisement des ressources fossiles, stress hydrique, etc. Ils l’ont bien cherché, leur nombre devient à la fois invivable et ingérable !

Un retour incertain à la normale

Il y a quelques 12 000 ans en Europe Il y avait environ 300 000 chasseurs-cueilleurs. Nous sommes passés, rien que dans l’Union européenne, à 448 millions. La moyenne mondiale en termes de densité est de 60 hab./km², l’UE arrive à 114 hab./km² (France 123, Royaume Uni 277, Pays Bas 518…). Or 100 hab./km², c’est un carré de seulement 100 mètres de côté pour satisfaire absolument tous les besoins d’un seul individu tout en laissant une place nécessaire à la biodiversité. C’est impossible ! Nous avons dépassé les limites de la planète dans les années 1980. Vu la vitesse avec laquelle nous nous efforçons de détruire ce qu’il nous reste de ressources depuis 20 ans, il est plus que probable qu’une réduction maîtrisée soit désormais hors d’atteinte.

Du point de vue d’un équilibre vraiment durable entre la pression humaine et le milieu naturel, il faudrait retrouver dans un futur très très lointain un niveau de population compatible avec une vie de cueilleurs-chasseurs, laissant à l’exubérance des différentes formes du vivant le droit de s’exprimer pleinement. La liste des bouleversements au cours des 120 siècles à venir sont certes inconcevables au regard de ce qui s’est passé de vertigineux au cours de la révolution industrielle, quelques deux siècles seulement et un passage de 1 milliards d’êtres humains en 1800 à 8 milliards depuis novembre 2022. Mais je précise que l’utopie, pour moi, c’est ce qui n’est pas encore réalisé, mais qui reste toujours une possibilité.

Michel Sourrouille

Article déjà paru sur le site des JNE,

https://www.jne-asso.org/2023/09/14/des-loups-et-des-hommes-par-michel-sourrouille/

Provoc. Nous sommes tous climatosceptiques

L’envolée des températures de l’Atlantique Nord et le défaut de reconstitution des glaces de mer autour de l’Antarctique ont suscité chez quelques scientifiques une terreur teintée d’incrédulité.

Autre cause de sidération, les discours niant la réalité du changement climatique et/ou ses causes anthropiques sont sur une pente ascendante.

Même le président de la République, dans ses vœux pour l’année 2023, s’interrogeait ainsi : « Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires, cet été dans notre pays ? »

Nous sommes tous climatosceptiques. On n’accepte pas la fin du monde, on croit toujours à l’abondance pour tous, on ne sait pas encore que les urbains vont devoir en masse quitter leur béton.

Pour aller où ? Saccager la campagne et rançonner les paysans.

Provoc. Quelques morts au Maroc et en Libye

C’est la course à l’échalote, à qui aura le meilleur score de victimes des soubresauts de la planète.

vendredi 8 septembre 2023 : Au Maroc, le bilan des victimes du séisme s’alourdit à plus de 2 800 morts. A mesure que les fouilles des secouristes progressent, le bilan progresse.

samedi 9 et lundi 11 septembre 2023 : En Libye, la tempête Daniel a rompu deux barrages, submergés par les volumes de retenue trop importants. La crue a emporté les habitants de Derna, ses arbres, ses maisons, ses immeubles, ses rues, ses places. Déjà 2 000 morts recensés,  plus de 5 000 personnes seraient portées disparues.

Lybie, près de 7 millions d’habitants, Maroc plus de 37 millions, il y a quand même des survivants…

Nos amis les loups en ligne de mire

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a ouvert la voie le 4 septembre 2023 à une possible révision du statut de protection de cet animal : son propre poney, Dolly, a été tué par un loup en septembre 2022 ! Exemple frappant de l’animal domestique choyé au détriment de l’espèce sauvage. Errare humanum est !

Perrine Mouterde et Chiddes : La préparation du nouveau « plan loup », qui doit être adopté d’ici à la fin de l’année pour la période 2024-2029, n’échappe pas aux surenchères et aux tensions. Des chiens de protection ont été déployés, des clôtures électriques installées, des moyens financiers conséquents engagés. Les membres de la brigade mobile d’intervention « grands prédateurs terrestres », installée à Gap depuis 2015, sont envoyés sur les foyers de prédation. Mais les organisations agricoles réclament officiellement la suppression du plafond de destruction des loups et l’équipement des éleveurs et chasseurs en armes équipées de lunettes à visée nocturne. Claude Font, responsable loups de la Fédération nationale ovine : « Il faut que tous les loups qui s’approchent des troupeaux soient susceptibles d’être tué ». Olivier Laporte, fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de la Nièvre : « Le loup et l’élevage, ce n’est pas compatible. »

Une expertise collective de 2017, dirigée par le Muséum national d’histoire naturelle, estimait que le taux global de mortalité devait être maintenu « en dessous de 34 % », faute de quoi la population déclinerait. Or, alors que le plafond de tirs létaux a augmenté (162 loups ont été tués en 2022), le taux de mortalité a été estimé à 42 % pour la période 2014-2019. Pour les éleveurs, le seuil de viabilité, mentionné dans l’actuel plan comme étant estimé à « 500 loups », est largement dépassé : la population compte un millier d’animaux signalés dans 53 départements.

Le point de vue des écologistes amoureux des loups

1 104 loups en 2023 pour 67 millions d’humains : cherchez l’erreur ! Que diraient les Français si le taux de mortalité des animaux homo sapiens était fixé « juste en dessous de 34 % ». Et quel est le seuil de viabilité de cette espèce d’hominidé qu’on devrait respecter : environ 500 individus, comme les loups ? Notez que l’humain et le loup se ressemblent, ils chassent en meute. Ce sont des prédateurs en haut de la chaîne alimentaire qui doivent en conséquence réguler leur population en proportion des ressources à leur disposition

Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas. Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. au contraire ils ont tout fait pour croître et se multiplier. Aujourd’hui la concurrence des loups ne sont qu’une infime fraction des maux qu’ils doivent combattre, extinction de la biodiversité, réchauffement climatique, épuisement des ressources fossiles, stress hydrique, etc. Ils l’ont bien cherché !

Le renard bouffe mes poules que j’aime, je n’ai rien à reprocher au renard, je me reproche de ne pas protéger mes poules qui n’ont rien demandé. Les moutons n’ont d’existence que pour que les humains les bouffent. Pourquoi pas laisser au loup sa part ? Notre planète, et nous par conséquent, ne supportera pas encore longtemps des élevages ovins et bovins aussi intensifs. Puisque l’homme est un loup pour l’homme, comme nous l’on appris Plaute, Hobbes et quelques autres, aura t’on le droit de lui tirer dessus dimanche prochain ? Les intérêts particuliers doivent passer derrière l’intérêt de la nature et de la biodiversité.

A l’heure ou manger moins de viande devient un impératif environnemental et sanitaire, le retour du loup est une formidable opportunité pour réguler la taille des troupeaux, grands émetteurs de gaz de serre. Voici un petit témoignage du terrain. J’ai un ami éleveur (900 brebis) qui avait tellement de dégâts de gibiers (sangliers, chevreuils, cerfs) sur ses cultures qu’il avait arrêté de faire des céréales pour nourrir ses bêtes. Cela lui coutait très cher de devoir acheter ses céréales. Un meute de loups s’est installée sur sa commune. Il a eu une grosse attaque à la suite de laquelle il a mis les mesures de protections (chiens, etc.). L’arrivée des loups a drastiquement fait diminuer la population ongulée. Aujourd’hui il refait ses céréales et dit clairement qu’entre le loup et les ongulés, il choisit le loup.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Loups en France ou troupeaux d’éléphants ? (2019)

extraits : Que diraient les éleveurs des montagnes françaises si, au lieu de loups, ils étaient confrontés à des troupeaux d’éléphants ! Le Botswana n’a levé que le 22 mai dernier l’interdiction de chasser l’éléphant sur son territoire. Le Botswana (superficie comparable à la France) a de loin la plus importante population d’éléphants en Afrique, avec 135 000 individus recensés en 2015, qui se déplacent librement. En France il n’y a que 430 loups. Autre comparaison, il y a 1500-2000 loups en Espagne et 1000-1500 en Italie. ..

350 loups, 67 millions de Français, le déséquilibre (2018)

extraits : Nous les loups, nous ne pouvons pas saquer les bergers. ! Ils font de l’élevage pour la viande, un ranching avec des troupeaux de plus en plus importants tout en économisant la main d’œuvre. Optique de courte vue, productiviste. En plus, de quoi se plaignent ces éleveurs : ils sont indemnisés pour chaque bête que nous égorgeons. Nous soupçonnons les bergers de hurler au loup simplement pour accroître leurs émoluments. Nous en avons marre d’être pourchassés alors que nous ne faisons que vivre notre existence de loup. Notre vie devient impossible, même José Bové a demandé de nous tirer comme des lapins…

Si tu tues les loups, tu dois aussi tuer les cerfs (2014)

extraits : Aldo Leopold : « Dans le Wisconsin, il y avait des loups, et ceux-ci se chargeaient de réduire les hardes de cerfs. Mais lorsque les broussailles firent leur apparition, les loups avaient été éradiqués et l’Etat avait promulgué une loi pour protéger les élans. Tout était prêt pour que commence l’invasion du cerf. Cette immense population de cerfs mangeait des broussailles de bon appétit. Qu’y avait-il dans ces broussailles ? Des arbustes qui préparaient l’avènement de la future forêt. Mais les cerfs mangeaient la forêt naissante. Il semblait évident que si nous ne réduisions par leur population nous-mêmes, la famine s’en chargerait et nous finirions par perdre à la fois forêt et cerfs. Les protecteurs de cervidés, interdisant les tentatives pour réduire la population de cerfs, sont prêts à sacrifier la future forêt. L’erreur fondamentale de cette forme de « protection de la nature », c’est qu’elle cherche à protéger une ressource en en détruisant une autre. Ces « protecteurs » sont incapables de considérer la terre comme un « tout ». Ils sont incapables de penser en termes de bien-être à long terme pour l’ensemble de  la communauté biotique. »…

Du loup ou des humains, quel est le super-prédateur ? (2014)

extraits : Les loups colonisent de nouveaux territoires, en cela ils ne font qu’imiter les pratiques humaines. Les jeunes loups quittent leur meute quand il y a concurrence pour l’alimentation, les jeunes humains quittent leur cercle d’appartenance quand il faut s’expatrier pour chercher un emploi. Les loups peuvent parcourir 40 à 50 km en une nuit, des hommes prennent l’avion et font des milliers de kilomètres en peu de temps. Il n’y a pas grand-chose qui arrête le loup, il n’est pas inféodé à un écosystème, il s’adapte à tous. Les humains ont la même plasticité…

de l’homme au loup, une trop troublante similitude (2013)

extraits : Un berger s’exclame : « On élève des brebis, pas des loups. On n’a pas signé pour faire des croquettes fraîches. » Un loup rétorque : mieux vaut des croquettes fraîches qu’un  Big Mac de chez McDonald’s… Chaque Américain dévore en moyenne 330 grammes de viande par jour (plus de 120 kilos par an). « Le loup mange en moyenne 2 à 3 kg de viande par jour, mais peut jeûner plusieurs jours. »…

pas assez de loups, trop de moutons, difficile cohabitation (2012)

extraits : La population de loups en France est estimée à 250 individus, la population humaine en métropole à 63,5 millions. En conséquence la cohabitation du loup avec les Français est en train d’atteindre son point de rupture. Entre la survie d’une espèce animale menacée, et celle d’une espèce prédatrice qui couvre toute la France, il s’agit de choisir.

Face aux éleveurs, des loups exaspérés (2012)

extraits : Quand on voit ces alpages où l’herbe n’est plus qu’un paillasson parce qu’il y a trop de moutons, nous sommes exaspérés. Regardez bien comment l’homme a défiguré la montagne par le surpâturage, par la disparition de la flore alpine du fait des dents du mouton. Une brebis peut être remplacée rapidement, une montagne mise à mal par l’excès d’ovins a besoin de deux ou trois décennies pour se reconstituer. Nous les loups, nous sommes donc utiles pour réguler la pression des herbivores sur les alpages. Avec vos troupeaux de milliers de têtes dans le Mercantour, trop, c’est trop : nous ne sommes pas encore assez ! ...

gardons nos tigres et nos loups, diminuons notre nombre (2012)

extraits : Il y a un siècle, la population de tigres en Inde était de 100 000 individus. Ils ne sont plus que 1700 aujourd’hui. Si la population mondiale d’humains suivait la même pente, nous sommes 7 milliards aujourd’hui, nous ne serions plus que 119 millions en 2112. Une vraie bénédiction pour les autres espèces en général et pour les tigres en particulier…Suivons l’enseignement de l’écologie profonde ainsi défini par Arne Naess : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. »…

un loup de moins, humanisme en berne (2010)

extraits : Catherine Larrère : « La présence des loups ne signifie pas la mort des troupeaux, et encore moins celle des hommes, mais elle incite à changer de mode de vie, à accepter que l’espace où les hommes vivent ne soit pas uniformément et uniquement humain, mais laisse place à d’autres formes de vie. Le choix n’est pas entre l’homme et la nature, mais entre un monde uniforme, modelé aux seuls intérêts économiques et un monde divers, laissant place à la pluralité des aspirations humaines comme à la pluralité des vivants. Le monde uniforme est anthropocentrique, il n’est pas certain qu’il soit humaniste. A tout mesurer à l’aune de l’humain, on risque de ne plus mesurer qu’une partie de l’humain. »…

moins d’éleveurs, plus de loups (2008)

extraits : L’espèce Canis lupus, réintroduite depuis l’Italie vers 1992, serait dans un état de conservation favorable en France avec 150 individus et quatorze meutes. Je rêve d’un territoire français où l’espèce homo sapiens serait ramenée à 150 individus rassemblés dans quatorze villages, ce qui permettrait aux loups, aux forêts et à l’exubérance de la vie sous toutes ses formes de prendre tout l’espace dont l’homme s’est accaparé pour son seul intérêt à court terme…

Le grand remplacement… en Australie

Aborigènes : présents depuis l’origine (selon l’étymologie du mot) en Australie, ils vivaient tranquilles depuis des millénaires sur un mode ancestral et avaient trouvé un équilibre durable avec la biosphère. Ils pensaient qu’au Commencement était le mythe : « Avant il n’y avait pas de séparation entre la femme et l’homme, ni entre l’eau et la terre. Puis il y eut le temps fondateur qui définit les choses et les êtres, et donna aux aborigènes leur place dans le cosmos ». En s’imprégnant de l’esprit de ce mythe, les Aborigènes ont mobilisé toute leur énergie mentale et organisé leurs activités pour laisser le monde dans l’état où il était. Par contre les Blancs changent sans arrêt le monde pour l’adapter à la vision fluctuante qu’ils ont de leur présent.

Isabelle Dellerba : Les Aborigènes et insulaires du détroit de Torres, un chapelet d’îles situé entre l’Australie et la Nouvelle-Guinée, vont-ils enfin être reconnus comme peuples premiers d’un continent qu’ils habitent depuis plus de 65 000 ans, faisant d’eux la plus ancienne civilisation connue sur terre ? Dépossédés de leurs terres à la suite de l’arrivée des colons britanniques en 1788, victimes de politiques discriminatoires pendant près de deux siècles, les peuples autochtones ont dû attendre 1967 avant d’être reconnus comme citoyens australiens. Les Aborigènes, qui représentent moins de 4 % des Australiens, vivent, pour beaucoup, dans un quart-monde où ils ont des difficultés à accéder aux services essentiels.

Les électeurs australiens vont être appelés à dire « oui » ou « non » à leur reconnaissance constitutionnelle à travers la création d’un organe consultatif, lors d’un référendum qui se tiendra le 14 octobre. Pour être approuvées, elles doivent obtenir une double majorité : celle des électeurs dans l’ensemble du pays, mais aussi dans quatre des six Etats. Elle prévoit l’établissement d’une « voix », un organe représentatif chargé de conseiller les pouvoirs législatif et exécutif sur tous les sujets concernant les peuples premiers, qu’il s’agisse de questions sociales, économiques ou spirituelles. Son avis ne sera pas contraignant. De toute façon le « non » devrait l’emporter…

Le point de vue des écologistes sur le « grand remplacement »

Parqués ou éliminés par les Blancs, les Aborigènes ne représentent plus que 4 % de la population australienne. Ils ont bien été victimes d’un « Grand remplacement ». La conclusion qui en résulterait logiquement, c’est qu’il y a à peu près 96 % d’Australiens de trop. Mais c’est tout le contraire qui se passe, les migrants colonialistes ont pris le pouvoir, tout le pouvoir. Il est significatif que leur existence ne puisse être reconnue autrement qu’en demandant l’avis de ceux qui ont pris leurs terres et pratiquent la prédation de ses ressources. Comment redonner leurs territoires aux habitants d’origine ? En Australie il ne resterait que les Aborigènes. Aux États-Unis, si tous les immigrés devaient être chassés du territoire, il ne resterait que les rares descendants des Indiens. En Nouvelle Calédonie, il ne resterait que les Kanaks. Et en France il ne resterait que les Néandertaliens, malheureusement exterminés par des homo sapiens venus d’Afrique. C’est impossible de revenir en arrière, la majorité malheureusement impose sa loi. On aurait du écouter au moment de la révolution française la parole de Malthus :

« On ne peut lire le récit de la conquête du Mexique et du Pérou sans être frappé de cette triste pensée, que la race des peuples détruits était supérieure, en vertu aussi bien qu’en nombre, à celle du peuple destructeur. (…) Si l’Amérique continue à croître en population, les indigènes seront toujours plus repoussés dans l’intérieur des terres, jusqu’à ce qu’enfin leur race vienne à s’éteindre. »

Aujourd’hui encore certains ont pourtant cette expression à la bouche : Grand remplacement !!! On trouve ce commentaire sur lemonde.fr à propos des Bochimans : « Nous aussi, nous sommes un peuple premier qui disparaît… sous les envahisseurs du sud de la méditerranée  ! » L’extrême droite fait une fixation sur l’Islam, on invente le nativisme, idéologie nouvelle qui classe encore les citoyens par ordre de leur arrivée sur un territoire. C’est absurde, c’est ce que nous venons de démontrer plus haut.

Que les Français « de souche » se rassurent. Ils sont dans la position des Australiens aujourd’hui face aux Bochimans, assez nombreux pour imposer leur loi ! Pas besoin d’ajouter du racisme et des idées incendiaires aux dysfonctionnement de ce monde… le gouvernement macroniste pratique déjà une politique d’extrême droite en matière migratoire : contrôle du flux de migrants, interdiction de l’abaya, reconduction aux frontières, etc.

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Grand remplacement, nativisme, écologisme

extraits : Renaud Camus a publié en 2011 un opuscule, Le Grand remplacement. Cette théorie, qui visait à l’origine les juifs, se réoriente aujourd’hui contre l’islam. En pratique, on incite les gens à repérer des têtes qui ne sont pas de chez nous, qui ne ressemblent pas à un “Français de souche”.  C’est le même discours qui fondait l’infériorisation de la femme, regardez, elle n’a pas la même tête qu’un homme et elle n’a pas de couilles, ou le racisme, c’est un noir, cette race inférieure qu’on exhibait dans les foires et dont on faisait des esclaves. On s’intéresse à l’apparence, pas à la réalité des personnes concernées. On devrait aujourd’hui savoir qu’il n’y a pas de races, nous sommes tous d’un bout à l’autre de la planète des homo sapiens…

Sagesse des aborigènes, folie de la française Areva

extraits : Les aborigènes pensaient qu’au Commencement était le mythe : « Avant il n’y avait pas de séparation entre la femme et l’homme, ni entre l’eau et la terre. Puis il y eut le temps fondateur qui définit les choses et les êtres, et donna aux aborigènes leur place dans le cosmos ». En s’imprégnant de l’esprit de ce mythe, les Aborigènes ont mobilisé toute leur énergie mentale et organisé leurs activités pour laisser le monde dans l’état où il était. Par contre les Blancs changent sans arrêt le monde pour l’adapter à la vision fluctuante qu’ils ont de leur présent. Biosphère nous dit : « Il y a un avenir pour le mode de pensée des Aborigènes, pas pour le niveau de vie des Blancs. »…

Sabine Rabourdin : Quand une compagnie étrangère veut creuser une colline pour y chercher des diamants, les Aborigènes d’Australie ne s’y opposent pas en disant qu’il y a un risque d’érosion mais parce que cela va « briser la chaîne du rêve ». Dans les peuples de l’extrême (Inuits, Shuars, Aborigènes, Bushmen), les erreurs de comportement envers la nature sont directement sanctionnées par l’hostilité du milieu et la rareté de ressources. L’anthropologue Marshall Sahlins, dans son ouvre de référence Age de pierre, âge d’abondance, a montré que les peuples « primitifs » produisaient juste assez pour satisfaire leurs besoins. Tout contribue à limiter le gaspillage… Dans nos sociétés de surconsommation, l’excès n’est pas sanctionné mais au contraire valorisé, l’équilibre avec l’écosystème est disloqué… Mais comme le résume un Australien d’origine aborigène : « La difficulté, c’est qu’après cinquante ou soixante ans de sucre et de corned-beef, nous sommes devenus dépendants d’un certain style de vie ». Il nous faudrait faire comme si l’on ne pouvait se nourrir que de notre territoire. L’approche biorégionale préconise un rayon de 20 à 40 km. La décroissance aspire à cela, les peuples indigènes le vivent….

Nous colonisons l’avenir (David Van Reybrouck)

Dans la lignée de « Contre les élections » (2014), David Van Reybrouck a écrit un plaidoyer bref et sans équivalent en faveur de la justice climatique. Voici quelques extraits de son livre (Actes sud, 2023).

« Nous sommes à la veille d’une crise climatique mondiale…Nous sommes à la veille de beaucoup de douleur, de morts et de misère… Abordons donc aujourd’hui le colonialisme, parlons du rôle de l’Occident. Mais pas seulement en regardant dans le rétroviseur. Car nous colonisons à présent l’avenir. L’humanité aborde le prochain siècle avec la même avidité et la même myopie qui lui ont permis autrefois de s’approprier des continents entiers. Le colonialisme s’inscrit désormais dans le temps, et non plus seulement dans l’espace : nous nous comportons en colonisateurs des générations futures. Nous imposons les conséquences de nos actes aux humains qui viendront après nous, et ce avec une indifférence et une brutalité qui donnent le vertige. Nous spolions nos petits-enfants, nous dévalisons nos enfants, nous empoisonnons notre progéniture. Ce processus se déroule à présent si vite que nous commençons à en ressentir nous-mêmes les effets dans notre propre chair ; feux de forêts, inondations, sécheresse.

Nous colonisons l’avenir et les régions tempérées de l’hémisphère nord ont une responsabilité écrasante en la matière… Les politiciens savent ce qu’il faut faire pour s’attaquer au problème climatique. Mais aucun politicien ne sait comment se faire réélire ensuite. Décidément quelqu’un devrait écrire un jour un essai contre les élections ! »

Le point de vue des écologistes transgénérationnels

S’exprimant ainsi, David Van Reybrouck aborde la question des acteurs absents, ceux qui ne participent pas à la prise de décision, mais qui sont pourtant concernés par cette prise de décision : non seulement les non-humains, mais bien sûr aussi les générations futures. Tout le problème est de savoir comment accorder un droit de vote à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Tout simplement en s’en faisant leur représentant. Un décisionnaire qui ne représente pas dans ses choix une bonne analyse dans l’espace (considération de tous les éléments de la planète) et dans le temps (considération du futur) n’est pas un bon démocrate.

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Au-delà des élections, des perspectives

extraits : David Van Reybrouck, auteur de « Contre les élections » (Actes Sud, 2014) : « En français et dans beaucoup d’autres langues, les mots « élection » et « élite » ont la même racine. L’élection est une procédure qui installe une élite, l’aristocratie héréditaire a été remplacée par aristocratie élective… Mais si on couple le tirage au sort avec la démocratie délibérative, alors on peut arriver à des décisions nettement meilleures que ce que les partis politiques sont capables de faire aujourd’hui. »

Acteurs absents de nos délibérations présentes

extraits : Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote aux femmes et aux adulescents si on pouvait inclure dans la participation électorale les êtres vivants non humains, le milieu naturel et les générations futures. Ce n’est pas une procédure véritablement démocratique que de décider sans eux, les acteurs absents ou tiers-absents, de ce qui les intéresse au premier chef. Une telle délibération sans participation vraiment universelle ne peut qu’entraîner de mauvaises décisions : on s’immerge dans la défense d’un groupe particulier et/ou on ignore le long terme. Mais comment inclure dans la participation électorale des acteurs absents qui, par définition, ne peuvent être présents ? C’est simple…

une démocratie élargie aux acteurs-absents (2009)

extraits : Rosanvallon décrit la condition nécessaire pour préparer le long terme : « Il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde. C’est lorsque les citoyens auront modifié leurs propres réflexes en termes d’anticipation que leur vision s’accordera au sentiment d’une existence à l’échelle de l’humanité. » Il faut donc que chaque citoyen en position de décision délibérative se fasse l’avocat des acteurs-absents, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent prendre la parole lors d’une négociation…

Tiers-absents ! (2007)

extraits : Le suffrage universel est un conquête récente qui s’est progressivement élargi à de multiples acteurs, ce qui a permis d’approfondir la démocratie. Au début, il s’agissait d’un corps électoral restreint par le suffrage censitaire à 246 000 hommes. Après une première tentative avortée en 1793, la France a été le premier pays du monde à adopter le suffrage universel et direct en 1848 : brutalement les votants sont devenus 9 millions, mais il ne s’agissait que des hommes, alphabétisés ou non ; les femmes, les militaires et les colonisés étaient encore exclus. Il faudra attendre 1944 pour que l’universalité s’étende aux femmes… On pourrait aller encore plus loin. Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote à 18 ans si on pouvait inclure dans la participation électorale les générations futures…

(sur)tourisme, une activité sans fondement

1 voyageur dans un lieu de vie, il sera bien accueilli. 1 000 touristes dans le même lieu, c’est une catastrophe. Il suffit qu’une série sud-coréenne de Netflix montre une scène romantique sur un ponton du lac de Brienz, en Suisse, pour que le tranquille village d’Iseltwald soit envahi par des milliers de touristes asiatiques, obligeant les autorités locales à installer un tourniquet d’accès moyennant 5 francs suisses. Sur ce blog biosphere, cela fait longtemps que nous critiquons le tourisme, une vraie imbécillité écologique, un tourisme qui tue le tourisme, etc. Il y a nécessité de se déplacer moins vite, moins loin, moins souvent. Sinon notre société va s’effondrer sous son propre poids. Ce qui paraît dorénavant inéluctable ! Sauf pour ceux qui croient encore que les classes populaires ont le droit de saccager la planète en sortant de leur HLM.

Rémy Knafou (géographe): Le mot « surtourisme » plaît et le thème est de saison… L’évocation du surtourisme alimente le procès du tourisme de masse, autrement dit du tourisme des grands nombres, celui des classes populaires et moyennes, nos élites n’ayant jamais supporté d’avoir à partager avec ces dernières des lieux qu’autrefois leurs prédécesseurs étaient les seuls à fréquenter.

le point de vue des écologistes abonnés au MONDE

BOLAND : Hypocrisie aussi du journal LM, – et d’autres !-avec ses titre  » les expos QU’IL FAUT VOIR » avant la fin de l’été, les dix destinations À NE PAS MANQUER, etc…

  • Une analyse de classe obsolète

CM : Knafou veut nous faire croire que la critique du surtourisme est une façon de critiquer le tourisme des classes populaires. Or rien n’est plus faux. Le surtourisme, c’est l’internationalisation du tourisme. Les touristes américains ou asiatiques qui viennent en Europe sont très loin de ressembler à des classes populaires, voire moyennes. Or c’est bien eux qui fournissent les plus gros bataillons. Pour un spécialiste du sujet, l’erreur est tellement énorme qu’on comprend qu’il s’agit encore une fois d’une lecture idéologique, chose courante chez nos universitaires.

Arl et sienne : C’est vrai, dire qu’il y a des riches et des pauvres, c’est à la mode. Le problème, au fond, c’est les congés payés depuis 1936, sans compter les 35 heures…

Bertrandoulefifre : Article à verser à la longue litanie de la bien-pensance des géographes qui se veulent sociologues façon Bourdieu ! Ah ! les belles plages et les sommets vivifiants où gisent des monceaux d’ordures laissées par des fêtards angéliques et les lendemains de bitures ! Œuvre des élites friquées méprisantes, ça va sans dire !

Léon Tr. : Ce papier qui, comme souvent, rapporte tout à la lutte des classes, oublie de proposer des solutions réalistes. Bizarrement, il s’attaque au tourisme responsable et défend le droit des « classes populaires » (sans les définir, bien sûr) à visiter Venise et le Machu Pichu au mois d’août… La massification du tourisme est une catastrophe écologique, sociale et culturelle. Et ce n’est pas en défendant le droit des « masses » à une pratique aussi absurde que nuisible que l’on fera avancer l’humanité !

NC : Toujours les mêmes rengaines sur la lutte des classes. Décidément le monde universitaire français est indécrottablement de goooche …

Punchingball : J’aimerais bien savoir qui sont ces « classes populaires » dont on parle, désignées comme fauteurs de surtourisme …Toujours ce flou comme avec les « classes moyennes ; 40 % des Français ne partent pas en vacances d’été : les voilà, les classes populaires qui ne feront jamais du tourisme.

  • Le poids du nombre

roger du 23 : c’est bien le nombre qui pose problème…il y a trop de gens sur terre. Cela entraîne tous nos ennuis, pollution, déforestation destructions du vivant…le final égal réchauffement planétaire….alors la lutte des « classes » à la Lénine…..c est du passé….nous devons en faire table rase….

ERoy : Cet article ne répond pas à la question qui fâche : comment allons nous passer de 750 millions de touristes potentiels à 3 milliard au moins (en comptant les chinois et les indiens qui ont bien le droit, comme nous de profiter des transports aériens)… le tout sans polluer notre belle planète !

Penelope : Personnellement, j’ai de plus en plus de mal à visiter des lieux touristiques, rien que l’idée de suivre le troupeau en short téléphone à la main suffit à me filer le bourdon

  • Des touristes sans conscience environnementale

skid : Le pétrole bon marché, abondant pour un temps limité, a créé l’hyper-mobilité de ceux qui en disposent, la croissance fulgurante des échanges mondialisés, et bien-sûr aussi le tourisme de masse. Croire que visiter le moindre recoin « à la mode » de la planète pour quelques centaines d’euros est un acquis définitif de la classe moyenne est une illusion offerte par l’abondance de pétrole. Voir le terme de « pétro-bourgeoisie », évoquant cette addiction de la classe moyenne à l’hyper-mobilité fossile (au mépris des conséquences environnementales). Si la transition vers un tourisme durable et un peu respectueux des destinations n’est pas simple à mettre en place volontairement, cette transition se fera tôt ou tard sans le moindre doute avec la fin de l’abondance d’énergie fossile. On ne négocie pas avec les lois de la physique : fournir assez d’énergie pour 100.000 à 150.000 vols par jour à prix cassés ne peut pas durer.

Lipo : Je suis d’accord avec vous. C’est l’énergie « gratuite » ou presque qui a permis la mondialisation des échanges commerciaux et des mobilités humaines, notamment touristiques. C’est la classe moyenne mondialisée (européenne, asiatique, américaine) qui voyage, pas les classes « populaires ».

Thufyr : Et la sottise humaine ? Meilleure alliée du surtourisme, il faut appeler un chat, un chat. Ce géographe qui prétend déceler un problème d’inégalités sociales n’a certainement jamais vu quelqu’un faire un selfy avec un mobile à plus de 1000 €, en tournant (évidemment !) le dos au site intéressant et en partant sans un autre regard…le tourisme est devenu une activité de moutons en mal de like.

OBJM : Il n’en reste pas moins que le surtourisme est bien une réalité et un danger. Que propose Knafou ? Rien ! Proposons-lui alors de relire d’abord Pascal : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ».

X.ARANUI : Pourquoi voyage t-on ?

Une espèce inutile et nuisible, homo sapiens

Soyons écologues, la plus nuisible des espèces est l’homo prétendument sapiens. Les biologistes peuvent lui discerner sans risque d’être démenti le titre d’espèce invasive, de cancer de la Terre, de parasite en haut de la chaîne alimentaire, de destructeur de la biodiversité, de perturbateur du climat, d’extracteur sans foi ni loi, etc. L’Europe ne peut supporter durablement plus de 130 000 personnes, nous avons dépassé les 740 millions. Pour les écologistes, l’inutilité des humains est manifeste. Un individu préoccupé uniquement par ses voyages touristiques, par le résultat du dernier match de foot, par l’usage de son pouvoir d’achat… est non seulement inutile, il entraîne aussi par ses dépenses une détérioration injustifiée de la planète. Une telle espèce nécessite donc d’urgence une régulation de son nombre pour permettre la résilience retrouvée de l’interdépendance des espèces.

Nicolas Loeuille : « Et sinon, les guêpes, ça sert à quoi ? » Le nom de la bestiole peut changer – moustique, cafard, loup, etc. –, mais la question implique à chaque fois l’idée qu’une espèce doit servir à quelque chose. Le plus simple – et j’avoue prendre parfois cette voie de sortie – est alors de mentionner un effet positif de l’espèce en question. Pollinisation pour les uns, recyclage pour les autres, contrôle des proliférations de cervidés, les possibilités ne manquent pas. Il n’est que de contempler la liste des espèces « nuisibles »; la nouvelle périphrase officielle est devenue « susceptibles d’occasionner des dégâts » : lesdits dégâts concernent toujours l’humain. Parfois, je prends un peu de temps pour expliquer que ce concept d’espèce utile ou nuisible est scientifiquement dépassé. Chaque espèce est prise dans un tissu complexe d’interactions avec les autres (appelé « réseau écologique ») : consommant certaines, ayant des relations positives avec d’autres, entrant en compétition avec d’autres encore. Comme ce tissu varie de lieu en lieu et dans le temps, il n’est pas possible de décréter la nuisibilité, ni même l’utilité d’une espèce de manière générale. La gestion des espèces ne devrait plus s’appuyer sur de tels principes dépassés et utilitaristes, mais au contraire mieux considérer la valeur intrinsèque de la nature.

Le point de vue des écologistes écocentrés

Silers : Dommage que les considérations bassement politiques et électoralistes empêchent les ministres et les préfets (qui prennent les arrêtés de destruction) de tenir compte des enjeux écologiques. Il est nécessaire de s’interroger : « et moi, et toi, à quoi tu sers ? ».

Lacannerie : Une chose est sûre désormais : l’espèce nuisible pour le monde vivant est assurément l’espèce humaine.

Peter : Si l’on appliquait à nous-mêmes le concept d’espèce nuisible, on arriverait à des horreurs salutaires

Silers : il est très difficile de définir si une espèce est utile ou nuisible. Puisqu’on ne peut pas savoir, il vaut mieux appliquer un principe de précaution raisonnable en s’abstenant de classer par défaut une espèce dans la catégorie des « nuisibles » (la catégorie des « utiles » n’existant pas en droit, c’est sans objet de savoir si une espèce est utile ou non).

MCC : Il se trouve que la seule espèce qui met en danger les autres, c’est la nôtre. Je ne crois pas qu’il y ait un seul cas documenté d’une espèce animale qui à elle seule en ait fait disparaître une autre.

Flytox : L’humain doit dans une très large mesure se plier à la nature : c’est un fait, pas une opinion. On a le droit de détester la gravité et les effets qu’elle nous impose, c’est beaucoup plus compliqué de s’y soustraire même si cela ne nous plaît pas…

Alain Hervé : A quoi sert l’homme ?

A quoi sert l’homme ? La biologiste Lynn Margulis propose une hypothèse : l’homme est un animal domestique élevé par les bactéries pour leur permettre de voyager et éventuellement de migrer vers d’autres planètes. Se souvenir que les bactéries occupent quarante pour cent de notre masse corporelle.

A quoi sert l’homme ? Les économistes répondent : à produire et à consommer, et que ça saute. L’homme se reposera en regardant la publicité pendant trois heures et demie par jour sur les écrans de télévision.

A quoi sert l’homme ? Après recherche, consultation et réflexion, nous proposons une réponse provisoire : à rien. Oui, je sais, il a inventé le téléphone portable, mais les pingouins et les pissenlits n’en ont rien à faire. Entre le petit trou dont il sort et le grand trou dans lequel il va tomber, il ne fait que consommer gaspiller, détruire, prêcher l’accélération, la prédation… Il se sert. Il s’est servi et il n’a rien rendu. Pourrait-il encore enchanter le monde, le servir, ne plus seulement se servir ?

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  • Inutilité des humains

De l’inutilité absolue de l’espèce humaine (2023)

extraits : La réponse classique apportée à la question : « A quoi sert l’homme ? » à savoir : à rien, ou plus exactement, à rien d’autre qu’à lui-même… est la réponse la plus réaliste qui soit. Chasser Dieu pour mettre l’homme à la place était un mauvais calcul. L’idéologie des Lumières était suicidaire. Kant, théoricien de la bourgeoisie montante, a conceptualisé l’inutilité sublime de l’homme qu’il érige de surcroît en impératif catégorique : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, soit dans ta personne, soit dans la personne d’autrui, toujours en même temps comme une fin, et que tu ne t’en serves jamais simplement comme un moyen. » L’homme devient donc lui-même sa propre fin, l’homme se referme sur lui-même.

A quoi sert donc l’humain, à rien, aucune utilité

extraits : L’humain sert dans un processus qui ne sert sans doute à rien ni à personne. Tout le bavardage humaniste contemporain sur le « propre de l’homme » découle d’une vision de l’homme comme un monument commémoratif à lui-même, en d’autres termes comme un sommet de l’art pompier. Aujourd’hui, il faut considérer l’humain comme une catastrophe écologique qui conduit à une mise à l’épreuve radicale du vivant par lui-même.

à quoi sert l’homme ? (2007)

extraits : L’écologie profonde nous apprend à ne plus considérer nos semblables comme un système de référence absolu, à ne plus se  concevoir comme un être qui ne doit rien qu’à lui-même et à qui tout est permis. Par notre faute, près d’un million d’espèces végétales et animales risquent de disparaître d’ici à 2050. L’écologie profonde nous rappelle la nécessité de passer d’un anthropocentrisme forcené à un respect des liens durables entre notre propre espèce et la Biosphère. Il faut concevoir le vivant comme un tissu composé d’un grand nombre d’espèces qui ont une multitude d’interactions entre elles. Quand une maille saute, une deuxième lâche, et une troisième, et le tissu se désorganise.

  • Valeur de la nature

La nature a une valeur… à vrai dire incommensurable ! (2013)

valeur de la nature (2009, Pavan Sukhdev)

Sexe, genre, nature humaine et effet de mode

Résumé d’un article de Renaud Garcia paru à l’automne 2022 dans Les Enfants de la machine, le n°65 de la revue Ecologie & Politique : “Les acceptologues (les « minorités de genre » au service de la fabrication des enfants)” et relayé par ce site :

https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1861

  • Dégueulasse : Un publicitaire cynique et machiavélique, Edward Bernays, époux d’une activiste féministe, Doris E. Fleischman, a eu l’idée en 1929 de lier la cause des femmes, leur émancipation, au droit de fumer comme les hommes et de s’asservir elles aussi à une addiction par l’organisation de défilés de femmes plutôt minces et jolies, arborant au coin de la bouche « les torches de la liberté ».
  • Toujours aussi dégueulasse : Gay pride et marche des fiertés, techno-parades en faveur du transhumanisme, la protestation initiale contre l’ordre moral et la volonté d’émancipation, sont instrumentalisées par un secteur techno-industriel qui vend à ses clients des enfants et des corps sur mesure. Elle jouit d’un consensus médiatique que les activistes anti-nucléaires, anti-OGM, anti-nanos – bref, naturiens et anti-industriels, n’ont jamais rêvé d’avoir. C’est à cela aussi qu’on reconnaît une fausse révolte qui n’exige que ce qu’on veut précisément lui offrir.

C’est dans les mots que nous pensons. Or, la novlangue des droits et de la liberté, dans laquelle s’expriment les tenants de la reproduction artificielle de l’humain, orchestre des disparitions conceptuelles. Voyez plutôt : «gestatrice»; «maternité de substitution gestationnelle»; «utérus de substitution gestationnel»; voire, pour les plus inventives, «individu non-binaire enceint». Jamais n’apparaît le mot «femme». Le préalable de cette opération de vaporisation du réel tient évidemment dans le principe selon lequel la nature n’existe pas. Le rappel élémentaire du réel du corps relève de la «transphobie moralo-mystique» pour les prisonniers de l’idéologie queer. Où «transphobe» signifie en réalité «tais-toi». Il resterait alors à déterminer où se situent les vrais fascistes de notre temps !

Un jour de fin d’année dans mon lycée. Je choisis d’aborder le thème de la conscience par le problème de l’identité de genre. Mes élèves ont une culture générale médiocre, celle que leur a donnée l’école 100% numérique. Quant à leur acuité politique, ils seraient bien en peine de donner une définition acceptable du capitalisme ou de rattacher la formule «de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins» à une quelconque philosophie sociale. Par contre, tous connaissent le «non-binaire» Arnaud Gauthier-Fawas, soutien des personnes LGBTQI2+, pour sa célèbre réplique «qui vous dit que je suis un homme?», assénée au journaliste Daniel Schneidermann, sur le plateau de l’émission «Arrêt sur images». La vidéo a «tourné» sur les réseaux sociaux depuis des années, elle relève désormais du bien connu.

Plusieurs de mes collègues ont été pris à parti, en début d’année, par des élèves de 16 ou 17 ans leur intimant de les renommer afin de ne pas les «mégenrer», les prénoms étant appelés à changer fréquemment afin d’explorer la «variance de genre». La «déconstruction» est dans l’air du temps. Avec cette introduction au monde réellement renversé, où les les signes linguistiques créent un réel fantasmé, on touche au roc philosophique : l’abandon du corps et, plus largement, de l’intégrité de l’organisme vivant relié à son milieu.

Défendez la «nature», vous voilà assigné à résidence à l’extrême droite. Pourtant, depuis John Stuart Mill et son traité La nature (1874), les philosophes ont appris à ne pas confondre naturel et habituel ; il faut débusquer dans les références à la «nature» l’argument conservateur se contentant de dire, «c’est comme ça». Les mots aujourd’hui ont été vidés de leur sens, ce qui est le propre d’une société où règne le «faux sans réplique»

Beatriz Preciado, devenue Paul Preciado, penseur le plus influent du transféminisme : « En termes biologiques, affirmer que l’agencement sexuel d’un homme et d’une femme est nécessaire pour déclencher un processus de reproduction est aussi peu scientifique que l’ont été autrefois les affirmations selon lesquelles la reproduction ne pouvait avoir lieu qu’entre deux sujets partageant la même religion, la même couleur de peau ou le même statut social. »

Les membres de la «communauté» LGBTQ+ qui n’en a en réalité que l’étiquette) seraient des minorités discriminées, aux même titre que les Noirs américains privés de droits civiques, les Chicanos ou les Maghrébins… En réalité, du point de vue reproductif, les LGBTQ+ sont différents de fait, pas inégaux. À l’ombre des marches pour les droits, sous la sophistication des théories déconstructionnistes, se tient tout un complexe techno-médical : experts psychiatres, conseillers «aidants» auprès des familles, endocrinologues, obstétriciens, gynécologues, chirurgiens, généticiens, directeurs de centres de dons et de banques de gamètes.

Texte complet : file:///tmp/mozilla_user0/les_acceptologues_renaud_garcia-1.pdf

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Le Planning familial devient « genré » !!! (2023)

extraits : Rappelons que lors de son dernier congrès du 4 au 6 novembre 2022, le mouvement a acté une ligne « intersectionnelle » au détriment d’une orientation universaliste. Rappelons que « intersectionnalité » est un concept récent utilisé dans les études de genre qui souligne la multiplicité des discriminations.

genre, parité, quotas… un anti-féminisme (2021)

extraits : Actuellement on met en avant des mots comme « genre » pour en faire des instruments de combat entre les sexes alors qu’on devrait savoir que notre biologie nous a différencié homme ou femme sans y mettre d’inégalités.

JK Rowling nie l’identité de genre (2021)

extraits : « Je respecte les personnes trans mais ce ne sont pas des femmes ou des hommes parce qu’elles sont et resteront naturellement (génétiquement) un mâle ou une femelle… »

Mon père, transgenre, devenu ma mère (2021)

extraits : Deux manchots (animal que Xavier Gorce utilise pour croquer l’actualité par le dessin) en pleine discussion. Le plus petit des deux demande à l’autre : « Si j’ai été abusée par le beau-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ? » Pour ce texte, Xavier a été censuré par LE MONDE,

Le sexe/genre relève-t-il de la nature ou de la culture ? (2016)

extraits : Le genre est un concept utilisé dans les sciences sociales. Il désigne tout ce qui, dans la construction de l’identité dite sexuelle et dans la formation de la division entre les sexes, relève de mécanismes d’ordre social et culturel. Ainsi les transsexuels peuvent-ils affirmer que leur identité de genre ne correspond pas à leur sexe. La notion de genre permet de montrer que la division des rôles dans la société n’est pas un fait de nature mais de culture.

Le genre et le sexe, des différences aux inégalités (2013)

extraits : Le parti écolo EELV s’intéresse aux choses du sexe, il avait programmé lors de ses journées d’été à Marseille l’atelier « le genre pour les nuls ».nous n’avons pas du tout parlé de sexualité, mais des inégalités des rôles masculins et féminins dans une tradition toujours bien présente, même en France. L’intervenante, Céline Petrovic est la délégué thématique « genre, sexe et société » d’EELV, mais aussi docteure en sciences de l’éducation. Nous avons donc eu un débat très interactif sur la sociologie du genre.

sexe ou genre, l’art de tromper l’entendement humain (2013)

extraits : Il y a des choses que nous comprenons, par exemple le fait que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature ; elles sont historiquement construites et socialement reproduites. Il n’est par exemple nullement génétique d’aimer les voitures ou le maquillage !

Il y a des choses que nous ne comprenons pas, par exemple enseigner au primaire la notion « d’égalité de genre* ». Quelle différence avec l’égalité des sexes ? Autrefois notre langue nommait en grammaire le genre masculin, féminin ou neutre, ou « le mauvais genre » pour les comportements peu recommandables. Pourquoi aller plus loin ?

nature et sexualités : le débat sur le genre humain (2011)

extraits : Il y a les lois de la nature et il y a les lois humaines. Malheureusement les deux ne font pas souvent bon ménage à l’heure actuelle. Prenons la sexualité. Rien de plus simple pour la biologie, un homme, une femme, la reproduction. Mais le nouveau programme scolaire de sciences de la vie et de la Terre (SVT)* fait appel à la sociologie. Applicable à la rentrée de septembre 2011 dans les classes de première des séries L et ES, ce sera « l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée ».

Poulet de synthèse, innovation inutile

Il y a actuellement plus de vertébrés sur terre qu’il n’y en a jamais eu. Simplement ce ne sont pas les mêmes. Il y a 12 000 ans (quand l’humain invente l’agriculture), on comptait environ 5 millions d’individus sur Terre. Si l’on fait la somme de ces humains et de leurs animaux domestiques, cela représentait à peu près 0,1 % de l’ensemble de la biomasse que constituent les 5 000 espèces de mammifères. Aujourd’hui, c’est 90 % ! Les Français ont consommé en moyenne 15 poulets par personne en 2022, soit un peu plus de 28 kilos.

La nature mise sur la diversité, l’humanité sur la technique et l’uniformité. Et faisant cela, il transforme une planète vivante en une planète entièrement artificielle. On en arrive rapidement du poulet aux hormones au poulet reconstruit artificiellement grâce aux hormones !

L’accélération de l’innovation en matière culinaire

Les États-Unis approuvent pour la première fois la commercialisation de viande de poulet cultivée en laboratoire (21 juin 2023)

Les produits des sociétés Upside Foods et Good Meat approuvés par le ministère de l’agriculture d’outre-Atlantique seront rapidement à la carte de certains restaurants. Uma Valeti, PDG et fondateur d’Upside Foods a salué « un pas de géant vers un avenir plus durable »

Michel SOURROUILLE : De la viande de poulet vendue à prix d’or dans une poignée de restaurants, le seul État à l’avoir déjà autorisée est Singapour. Faire aujourd’hui un article du MONDE vantant les commandes de grands restaurants nommément cités est uniquement de la publicité pour un monde sans repères. On est très loin, trop loin de la poule au pot pour chaque foyer et de la sobriété partagée…

« L’essor de la “viande de synthèse” repose sur peu de données scientifiques » (25 février 2023)

Des entreprises investissent sur le marché de ce qu’ils nomment indûment « viande de synthèse », « viande de culture » ou « viande artificielle ». Le principe est de cultiver des cellules musculaires qui se multiplient dans un incubateur. Des hormones et des facteurs de croissance sont également nécessaires. Ils sont, jusqu’à présent et dans le cas de la « viande de culture » commercialisée à Singapour, apportés par du sérum de veau fœtal (qui nécessite d’abattre une vache gestante et son fœtus). Toutefois, ceci étant non éthique et très onéreux, les entreprises affirment avoir mis au point des hormones et des facteurs de croissance de synthèse pour des usages industriels. Pour mémoire, en Europe, la législation interdit l’utilisation de tels produits dans la chaîne de production alimentaire. Les risques pour la santé de l’homme et l’environnement restent encore inconnus. Ces dangers potentiels peuvent être chimiques (antibiotiques, métaux lourds, etc.), physiques (corps étrangers), microbiologiques (bactéries, mycoplasmes, prions), allergènes, ou génétiques (oncogènes). Prôner cette technique comme une solution environnementale performante est une promesse indue en l’absence de démonstration. Une consommation soutenue de « cellules musculaires cultivées » pourrait même avoir sur le long terme un effet de réchauffement équivalent, voire supérieur, à celui engendré par la production de viande bovine.

Les « fausses viandes », des alternatives pas si vertueuses (3 juin 2022)

Les rayons des enseignes de grande distribution se sont étoffés de plusieurs gammes de steaks, saucisses et lardons composés d’ingrédients végétaux qui reproduisent la texture et l’apparence de viande (des simili-viandes, à ne pas confondre avec les galettes « végétariennes » à base de produits peu transformés). Les simili-carnés sont au cœur d’une controverse sur la place qu’ils doivent prendre dans nos assiettes. Sont-ils une solution pour réduire la pression de l’élevage sur la planète ? Ne risquent-ils pas de favoriser une concentration de la filière aux mains de quelques géants agroalimentaires, au détriment de petits producteurs, et de détourner l’attention de l’enjeu d’une alimentation plus saine en poussant à consommer toujours plus de protéines ? Cette « alternative » risque de consolider la domination des systèmes alimentaires par quelques géants, écrivaient les auteurs du rapport intitulé « La politique des protéines », de promouvoir un régime occidental riche en aliments transformés, d’entraîner une perte de revenus pour les paysans des pays du Sud, et de renforcer des chaînes d’approvisionnement industrielles qui nuisent aux populations et à la planète.

Viande de synthèse, alimentation industrielle, pouah ! (26 mars 2019)

Memphis Meats aux Etats-Unis, Mosa Meat aux Pays-Bas ou Aleph Farms en Israël… ces entreprises dépensent aujourd’hui des millions de dollars pour mettre au point la viande de demain sans tuer aucun être vivant. C’est ce qu’on appelle l’« agriculture cellulaire ». Le but : nourrir 9,8 milliards de personnes à l’horizon 2050 et protéger l’environnement. Dans ce monde nouveau, harmonieux, pacifié et joyeux, tel que le décrivent les start-up de la clean meat (viande propre) et les associations prosélytes du véganisme à leur service, les humains seront enfin délivrés de leur propension à dévorer leur « prochain ».

Détruire les biens nuisibles à la planète

Sabotages, viser l’industrie du béton est plus que légitime . Ce n’est pas l’avis de l’État qui est aux ordres du système croissanciste. Le 5 juin 2023, des militants accusés de dégradations dans une cimenterie Lafarge ont été arrêtés par des brigades antiterroristes.

Anselm Jappe : L’État n’a pas de honte : il accuse de terrorisme ceux qui ont protesté contre un industriel qui est en lien avec le terrorisme. Rappelons que Lafarge est actuellement mis en examen pour double complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, après avoir négocié avec Daech un droit de continuer son activité lucrative en Syrie. Pour ce soutien, le groupe a été condamné en octobre 2022 par les États-Unis à 778 millions de dollars d’amende. Cela prouve, si besoin était, que le béton, et de manière plus générale l’extractivisme, évoluent au milieu de milices, d’armées privées et de seigneurs de guerre qui exercent des formes de pouvoir particulièrement brutaux. Le système industriel et productiviste est une forme de violence. Les industriels sont les premiers criminels climatiques. Et c’est là l’ironie de l’affaire : l’État utilise des brigades antiterroristes pour retrouver des individus qui auraient utilisé quelques masses ou pinces coupantes ! Cela s’appelle tirer à l’artillerie lourde sur des moineaux ! On sent une forte nervosité du pouvoir face à la montée en puissance du mouvement écologiste et le développement d’actes de sabotage, que je ne qualifierais pas de violents, mais simplement d’illégaux.

L’attitude des manifestants est en train d’évoluer. La stratégie ancienne du pouvoir qui visait à séparer les militants entre gentils pacifistes et méchants casseurs ne fonctionne plus. Le train du progrès se précipite vers un abîme, et on ne va pas demander à l’État si le règlement autorise les passagers à tirer le frein. Les activistes appellent à désarmer le béton. Ils ont raison. Le béton est une arme de destruction massive. C’est une industrie qui depuis longtemps dévaste le monde avec la construction d’autoroutes, de centrales nucléaires, de barrages, etc. Le béton est le principal responsable de l’artificialisation des sols, à lui seul il représente 8 % des émissions de CO₂ mondiales. Quant au secteur du BTP, c’est 39 % des émissions de CO₂.

Comment lutter contre cette industrie ? En s’opposant de manière pratique à tout genre de nouveaux projets inutiles ou nocifs — que cela soit les autoroutes, les centres commerciaux, les aéroports, les cimenteries ou encore les carrières.

Le point de vue des écologistes radicaux

Contrairement à Theodor Kaczynski qui a tué des personnes pour faire passer son message anti-technologique, la destruction des biens nuisibles à la nature, aux générations futures et à la biodiversité paraissent de plus en plus légitimes. La majorité des citoyens, endormie par le matraquage publicitaires, aliénée par la société du spectacle, choyée par le pouvoir d’achat et les prix bas, n’a aucun intérêt direct de réagir contre le croissancisme. C’est pourquoi une minorité d’activistes est acculée à prendre des moyens de plus en plus « violents » ?

Mais est-ce de la violence que de pratiquer la contre-violence sans atteinte aux personnes ?

Le modèle danois en matière de non-immigration

Démobilité, je crie ton nom. Les migrations de masse sont encore de saison sur une planète close et saturée d’humains. C’est pourquoi le problème de l’immigration n’est qu’une infime fraction de l’impasse dans laquelle nous a mené le mythe de la mobilité comme droit absolu.  En 1968, 2 % seulement de l’humanité franchissait une frontière, 60 millions de personnes. Aujourd’hui 20 %, soit un milliard et demi. Pourtant aux temps d’Adam Smith et Ricardo, au début du XIXe siècle, ce n’était pas les humains qui se déplaçaient d’un pays à l’autre, uniquement les marchandises…

La croissance contemporaine des mobilités nous a été présentée comme l’incarnation de libertés nouvelles, c’est devenue une puissante menace environnementale. L’époque est à la fermeture des frontières, les murs s’érigent un peut partout pour isoler des territoires et des peuples, les restrictions à la mobilité s’imposent mais diffèrent selon les pays.

Immigration : la « voie danoise » : Le Danemark, petit pays nordique de 5,6 millions d’habitants, affiche une des politiques migratoires les plus restrictives d’Europe. Le ministre danois de l’immigration, Kaare Dybvad, un social-démocrate : « Tous les partis de centre droit ou de centre gauche devraient traiter le sujet de l’immigration pour être sûrs qu’on garde le contrôle ». Il a salué en l’Autriche « [son] partenaire le plus ancien dans cette bataille européenne pour changer le système européen d’asile, qui est dysfonctionnel ». Le Danemark est très efficace pour renvoyer les gens dans leur pays d’origine. M. Dybvad a mentionné un taux de « 94 % » de « retours volontaires »… Aucun détenu n’a pour le moment été envoyé au Kosovo, où Copenhague prévoyait de louer 300 places de prison pour des étrangers condamnés. Pour le moment seulement.

Quelques points de vue

– Le Danemark est petit et loin des zones frontières, il ne recevra pas des milliers de clandestins chaque année …

– Combien d’embarcations d’immigrés ont atteint les côtes danoises ?

– Le Danemark est quand même passé de 5 à 20 % d’étrangers en à peine 20 ans, soit 1 million des 5 millions d’habitants…

– Il faut préciser que les Danois aident leur police en dénonçant les illégaux, c’est même un devoir.

– A une époque, la gauche voulait changer le réel. Aujourd’hui, elle se contente de répéter que « l’immigration c’est bien »!

– Recevoir d’importants flux migratoires comme le souhaitent les mecs de LFI, ça produit vraiment des résultats formidables.

– Accepter l’immigration extra européenne est un aveuglement qui pourrait amener la vraie extrême droite au pouvoir

– La LDH a publié un communiqué (13/04/2023) : « Une inquiétante opération militaro-policière est en train de se mettre en place à Mayotte, sous l’impulsion d’un ministre dont la tendance autoritariste et illibérale n’est plus à démontrer. »

– Prenez le RER D, allez à la sortie des écoles du 19ème et 20ème arrondissement de Paris, et on en rediscute.

Mes arrières-petits enfants pourront dire en tremblant :  » mes ancêtres c’étaient des accueillants « .

– Les villes ont été envahies par tous ces immigrés auvergnats ou bretons, ce fut tragique.

– Entre 1960 et 2021, le nombre d’habitants en Danemark est passé de 4,58 millions à 5,86 millions, soit une augmentation de 27,9% en 61 ans.

– La densité est de 137 hab. /km², le taux de fécondité de 1,67 enfants par femme, le taux de chômage est de 6,0%

– Qu’est-ce qui fait que les habitants de certains pays choisissent d’en partir en grand nombre ? La guerre et l’absence d’emploi.

– L’immigration n’est ni bien ni mal, c’est un fait. Qu’on encourage quand ça nous arrange (médecins, informaticiens) ou qu’on décourage quand ça ne va pas.

– Un immigré qui bosse bien vaut mieux à mon avis qu’un glandeur de souche qui bulle aux frais de l’État.

– Avec le réchauffement climatique, les migrations ne feront que s’accélérer si on n’aide pas massivement les pays d’émigration à faire leur transition.

– J’attends avec impatience les lois que prendra le Danemark contre la montée du niveau de la mer, qui le submergera dans moins de trente ans.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

La difficile gestion de l’immigration (avril 2023)

Réguler l’immigration, est-ce du racisme ? (mars 2023)

démographie et migrations environnementales (février 2023)

Démographie et immigration, 2 sujets tabous (janvier 2023)

Migration comme solution au déclin, délirant (2022)

L’arrêt forcé des migrations se mondialise (2021)

Politique écologique et migrations (2020)

Problème, anti-migrants ou anti-immigration ? (2020)

LFI hésite à parler vrai sur la fin des migrations ! (2018)

Immigration, l’écologie politique est-elle humaniste (2018)

La fin des migrations sur une planète close et saturée (2018)

Une nouvelle dimension aux migrations, insupportable (2017)

Que faire pour limiter les flux d’immigration/émigration (2016)

L’immigrationisme pousse à la guerre de tous contre tous (2016)

Liberté…, immigration – la France à l’heure des choix (2016)

Immigration, débat entre malthusiens et écosocialistes (2015)

Immigration : Europe passoire ou Europe forteresse ? (2015)

Le durcissement australien en matière d’immigration (2015)

Les Suisses ont voté halte à « l’immigration de masse » (2014)

En Suisse, le peuple devra trancher sur l’immigration (2014)

Fr. Hollande, l’immigration et la saturation de l’espace (2014)

La fin des migrations, en Europe et ailleurs (2013, Mayotte)

ECOPOP, limiter l’immigration pour protéger la nature (2012)

arrêt des migrations et ressources vitales (2011, Malek Boutih)

l’écologie contre les migrations (2011)

la fin des migrations (2010)

L’immigration fera l’identité nationale (2009)

immigration zéro (2007)

Réduisons la production et la consommation !

Décroissance, sobriété, renoncements, réduction… de plus en plus de personnes prennent publiquement position pour une rupture radicale avec notre société consumériste vouée à l’échec. Ainsi cette tribune :

 Une réduction démocratiquement planifiée et équitable de la production et de la consommation est nécessaire

Alors que les dirigeants politiques se réunissent pour une deuxième conférence au Parlement Européen sur la manière de “dépasser la croissance économique », nous, universitaires et organisations de la société civile soussignés, voyons l’actuelle crise géopolitique comme une opportunité de se désengager d’une compétition socialement et écologiquement néfaste pour la remplacer par une coopération au service du bien-être.

Il n’existe aucune base empirique indiquant qu’il est possible de découpler globalement et suffisamment la croissance économique des pressions environnementales. La poursuite d’une croissance économique sans fin par les pays à revenu élevé est un problème car elle réduit ou annule les résultats des politiques environnementales. Le chaos climatique actuel et l’effritement de la toile de vie dont dépend notre société constituent une menace existentielle pour la paix, la sécurité hydrique et alimentaire, ainsi que la démocratie.

Passer à une économie post-croissance, ce n’est pas seulement survivre, c’est aussi prospérer. Cela appelle une réduction démocratiquement planifiée et équitable de la production et de la consommation, parfois appelée « décroissance », dans les pays qui outrepassent leurs ressources écologiques. C’est le projet de paix mondial de l’Europe pour répondre aux conflits mondiaux induits par sa croissance économique actuelle.

Dans le contexte des pays à revenu élevé, une empreinte réduite ne signifie pas une dégradation des conditions de vie. Les politiques de suffisance axées sur la sobriété, la réduction des ressources et la réduction du temps de travail peuvent augmenter considérablement le bien-être et réduire les pressions environnementales, ouvrant la voie vers une prospérité durable sans croissance.

Afin d’assurer la meilleure qualité de vie avec l’empreinte la plus faible, nous devons complètement changer les objectifs et les règles du jeu économique. Dans une économie post-croissance, l’accent mis actuellement sur la croissance quantitative serait remplacé par l’objectif de prospérer dans une économie régénératrice et distributive, une économie qui offre un bien-être qualitatif en répondant aux besoins de tous dans la limite des ressources d’une planète vivante – telle qu’élaborée dans le cadre de Doughnut Economics.

Les marchés se sont révélés mal équipés pour prendre les décisions les plus cruciales pour notre société. Afin que l’économie soit au service des citoyennes et citoyens, et non l’inverse, il faut leur redonner le contrôle de l’économie. Pour changer les règles du jeu, nous devons apprendre des initiatives déjà existantes. Par exemple, développer dans toute l’Union Européenne le modèle des coopératives à but non lucratif.

À la lumière de ces défis pressants et de ces opportunités stimulantes, nous appelons l’UE, ses institutions et États membres à mettre en œuvre :

  1. Des institutions européennes post-croissance : avec des structures permanentes à la Commission, au Conseil, au Parlement et au sein des États membres pour évaluer les stratégies et les trajectoires post-croissance.
  2. Un Green Deal européen de post-croissance : concevoir un nouveau programme phare articulé autour d’une approche de changement systémique qui aspire à créer un avenir florissant dans les limites planétaires, avec la décroissance comme phase de transition nécessaire vers une destination post-croissance.
  3. Des politiques de post-croissance fondées sur les quatre principes de :
    • Biocapacité : suppression progressive des combustibles fossiles, limitation de l’extraction des matières premières et mesures de protection et de restauration de la nature pour des sols, des forêts et autres écosystèmes marins et terrestres sains et résilients. Par exemple, un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, une loi pour un rapport juste et résilient aux ressources comprenant un objectif contraignant de réduction de l’empreinte matérielle et une restauration réelle de la nature basée sur des zones.
    • Équité : instruments fiscaux pour favoriser une société plus égalitaire en éliminant les extrêmes de revenu et de richesse, ainsi que les super-profits. Par exemple, un ISF climatique, et des revenus minimum et maximum.
    • Bien-être pour tous : accès sécurisé aux infrastructures essentielles via un État-providence amélioré et éco-sensible. Par exemple, l’accès à des services de base universels gratuits (y compris les droits humains à la santé, au transport, aux soins, au logement, à l’éducation, à l’égalité des sexes, à la protection sociale etc.), des garanties d’emploi, le contrôle des prix des biens et services essentiels.
    • Démocratie active : assemblées citoyennes mandatées pour formuler des stratégies de suffisance socialement acceptables et renforcer les politiques basées sur les limites écologiques, l’équité et le bien-être pour tous et un rôle plus important pour les syndicats. Par exemple, forum sur les besoins locaux, conventions sur le climat, budgétisation participative.

Cinq ans se sont écoulés depuis la première conférence « post-croissance ». Au sein de la société civile et du milieu universitaire, les idées critiquant la croissance sont de plus en plus fortes. Les détails de ces idées sont en cours de discussion au Parlement Européen et avec la Commission Européenne en ce moment. Des connaissances scientifiques et des idées politiques sont disponibles pour concrétiser les idées de décroissance et de post-croissance. Les crises auxquelles nous sommes confrontés sont également des opportunités pour créer un nouveau système qui peut assurer le bien-être de toutes et tous tout en permettant une vie démocratique florissante et un mode de vie plus lent mais plus doux.

Retrouver la liste complète des signataires ici.

Source : Un Projet de Décroissance
www.Projet-Decroissance.net

La Décroissance dans les colonnes du MONDE

« La marée qui monte soulève tous les bateaux. » Pendant des décennies, cette phrase de John Fitzgerald Kennedy a exprimé le consensus autour de la croissance économique. C’est ne pas connaître le fonctionnement de notre planète que d’ignorer qu’après la marée haute, il y a la marée basse… c’est ignorer la réalité économique que croit que la croissance peut perdurer alors qu’elle aboutit nécessairement à une récession et parfois même à une dépression ou à une crise profonde comme celle de 1929. Saluons tout article qui parle de la décroissance comme d’une réalité incontournable…

Jean Pisani-Ferry : Concrètement, le PIB ne fournit pas une bonne mesure du bien-être, et on ne peut pas le prendre pour guide dans le pilotage de la transition, puisqu’il ignore la notion même de soutenabilité. C’est dans les années 1970, avec le rapport du Club de Rome (1972), titré « Les limites de la croissance », que le culte du PIB a commencé d’être mis en cause et qu’est apparu le thème de la décroissance. Mais il a fallu attendre la première décennie de ce siècle pour que la critique s’affirme. En 2009 paraissent coup sur coup le livre de Tim Jackson Prospérité sans croissance et le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi sur de nouveaux indicateurs. Mais ces efforts n’ont pas débouché sur un substitut satisfaisant au produit intérieur brut (PIB). Les tableaux de bord fondés sur une multiplicité d’indicateurs ne suscitent guère que l’indifférence. L’indicateur de développement humain (IDH) publié par les Nations unies a l’avantage d’illustrer de manière saisissante que prospérité partagée et croissance ne se confondent pas, mais il n’est pas médiatisé. L’Insee envisage aujourd’hui la publication de comptes nationaux « augmentés », qui comprennent notamment une mesure du PIB ajusté des dommages induits par les émissions de gaz à effet de serre.

Lire Prospérité sans croissance (la transition vers une économie durable) de Tim Jackson (2010)

Le point de vue des écologistes qui savent compter

Lorsque l’économie croît, elle devient plus grande. Et donc, cher économiste, à quel point ce quelque chose pourrait-il être grand à l’avenir ? Cette question n’est pas du tout posée. Il y a certes le flux de biens et de services (le PIB), mais il y a également le flux métabolique des matières et d’énergie qui part de sources environnementales, traverse le sous-système économique de la production et de la consommation et qui revient dans l’environnement sous forme de déchets. Les économistes se sont focalisés sur le ¨PIB, ils ont négligé ce « throughput ». Le sous-système économique a donc acquis une taille réellement grande quand on le réfère à l’écosystème sur lequel il s’appuie.

Il y a fort à parier que certains pays sont désormais entrés dans une ère de croissance non économique qui accumule plus rapidement ses impacts négatifs qu’elle n’accumule de la richesse. C’est la raison pour laquelle on ne peut faire appel à la croissance pour combattre la pauvreté. Bien au contraire, elle rend plus difficile la lutte contre la pauvreté ! Rappelons que le PIB n’est pas une mesure adéquate de la production car il comptabilise en bienfaits tous les maux de la croissance et, bien plus, ignore ce qu’il faut appeler « déséconomies externes » (l’extinction de la biodiversité par exemple) et, encore plus grave, se fout complètement du sort des générations futures.

Tim Jackson en 2009 remet l’économie dans son contexte global : « L’équation de Paul Ehrlich nous dit très simplement que l’impact I des activités humaines est le produit de trois facteurs : la taille de la population P (+ 1,4 % par an depuis 1990) ; son niveau d’abondance A (+ 1,4 %) exprimé sous la forme du revenu par personne, et un facteur technologique T qui mesure l’impact associé à chaque dollar que nous dépensons (baisse moyenne de l’intensité en carbone de 0,7 %). Donc I = 1,3 + 1,4 – 0,7, ce qui implique une augmentation des émissions de carbone de 2 % par an, soit une augmentation depuis 1990 de 40 %. D’ici 2050, il faudrait pourtant que le contenu moyen en carbone de la production économique soit inférieur à 40 g de CO2 par dollar, soit 21 fois moins que la moyenne mondiale actuelle. Pour être franc, il n’existe à ce jour aucun scénario de croissance permanente des revenus qui soit crédible, socialement juste, écologiquement soutenable dans un monde peuplé par neuf milliards d’habitants en 2050.

L’idée de courir toujours plus vite pour échapper aux dommages que nous causons déjà est, en soi, une stratégie qui sent la panique. Il faut noter qu’un tel monde resterait profondément inégalitaire…  N’existe-t-il pas un stade où « assez, c’est assez », un point à partir duquel nous devrions arrêter de produire et de consommer autant ? ».

Bien entendu son message est resté ignoré pendant plus de dix ans, on commence juste à parler un tout petit peu de sobriété !

Quant au rapport Stiglitz sur de nouveaux indicateurs, voici comment il a été mis en chantier en 2008 lors d’une conférence du président Nicolas Sarkozy : « C’est avec la volonté de mettre en œuvre une politique de civilisation que je souhaite engager une réflexion sur les moyens d’échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives. Car, si nous restons prisonniers de la vision restrictive du PNB (Produit national brut), nous ne pouvons pas espérer changer nos comportements et nos façons de penser. Si les critères, les indicateurs de la richesse restent les mêmes, comment allons nous changer notre façon de produire et de réfléchir ? (…) Si nous voulons favoriser un autre type de croissance, il faut changer notre instrument de mesure de la croissance. »

Mais c’était un leurre, jamais Sarkozy n’a montré la moindre contestation de la croissance économique, et ses successeurs au poste suprême, Hollande et Macron, n’ont pas fait mieux et même parfois beaucoup plus mal.

La Décroissance sur notre site biosphere de documentation des écologistes 

2015 Décroissance, vocabulaire pour une nouvelle ère (collectif)

2013 Politiques de la décroissance (pour penser et faire la transition) de Michel Lepesant

2013 Les précurseurs de la décroissance, Epicure, Charles Fourier (nouvelle collection au passager clandestin)

2013 Penser la décroissance (politiques de l’Anthropocène) par collectif

2011 La décroissance heureuse (la qualité de la vie ne dépend pas du PIB) de Maurizio Pallante

2011 Décroissance versus développement durable (ouvrage collectif)

2010 ENTROPIA n° 9, contre pouvoirs et décroissance

2010 L’avenir est notre poubelle (l’alternative de la décroissance) de Jean-Luc Coudray

2010 ENTROPIA n° 8, Territoires de la décroissance

2010 La décroissance (10 questions pour comprendre et en débattre) de Denis Bayon, Fabrice Flipo et François Schneider

2009 La décroissance économique (pour la soutenabilité écologique et l’équité sociale) par collectif

2008 La décroissance, Rejets ou projets ? (croissance et développement durable en questions) de Frédéric Durand

2008 Le choc de la décroissance de Vincent Cheynet

2007 Demain, la décroissance ! (penser l’écologie jusqu’au bout) d’Alain De Benoist

2007 petit traité de la décroissance sereine de Serge Latouche

2006 Le pari de la décroissance de Serge LATOUCHE

2003 objectif décroissance (vers une société harmonieuse) par collectif

2003 carnets de campagne de Clément Wittmann, candidat de la décroissance à la présidentielle 2002

1979 La décroissance (entropie, écologie, économie) de Nicholas GEORGESCU-ROEGEN

Décroissance, sobriété, donc renoncements !

Face à la crise environnementale, deux modèles s’opposent souvent : d’un côté, ceux qui croient que l’innovation va tout résoudre, dans une forme de solutionnisme qui fait abstraction des limites planétaires. Et de l’autre, ceux qui veulent en finir avec les technologies, en oubliant que nous sommes collectivement dépendants d’infrastructures et de chaînes logistiques sans lesquelles on ne peut plus survivre. Alexandre Monnin croit qu’un ligne médiane est possible, on peut toujours rêver !

Alexandre Monnin : « Les notions d’autonomie, de vivant ou de vernaculaire ne sont pas suffisantes pour penser la bascule d’un monde à 8 milliards d’individus. Il faut ajouter l’idée de renoncement n’est plus perçu comme un mot repoussoir. Mais nous manquons d’institutions et de dispositifs pour porter démocratiquement les nécessaires arbitrages. Je plaide pour une ligne de crête le renoncement ne doit pas être imposé à la population, mais démocratique ; il faut l’anticiper pour ne pas décider au pied du mur. Nous héritons de tout un tas d’infrastructures – sols pollués, usines désaffectées, centrales à charbon, déchets nucléaires, etc. – dont on ne peut pas maintenir l’activité mais dont il va falloir s’occuper très longtemps. Ce sont des « communs négatifs ».« 

Le point de vue des écologistes

« Arrière-plan malthusien ou réactionnaire », dixit Alexandre Monnin ! Encore un prof qui n’a pas lu Malthus et qui l’associe facilement aux réactionnaires alors qu’il reconnaît lui-même que nous avons franchi le cap de 8 milliards d’humains, multitude tellement difficile à faire vire que tous les maux annoncés par Malthus dès 1798 sont présents aujourd’hui : guerres, famines et épidémies.

Pour les « communs négatifs »,sans moyen de financer « démocratiquement » leur gestion à long terme, on les laissera en l’état, pollués et irrécupérables. Notre société thermo-industrielle n’est pas qu’une société de consommation, c’est surtout un machin à produire de déchets en tous genres qui seront donnés avec plaisir aux générations futures. Consommer, c’est surtout consumer.

Quant au mot renoncement, on avait déjà trouvé mieux avec « décroissance » et, plus récemment, « sobriété », mots qu’on peut décliner sur leur versant économique et démographique..

NB : Alexandre Monnin enseigne la « redirection écologique » et vient de publier « Politiser le renoncement » (Divergences, 160 pages, 15 euros).

Hugo Clément ne mange pas de lapins

Une recension par citations du livre de Hugo Clément , « Les lapins ne mangent pas de carottes » (Fayard, 2022)

Chaque individu, quelle que soit l’espèce, accorde une importance prioritaire à sa propre survie et à celle de ses congénères. Quand il faut choisir, il est donc normal de faire passer l’intérêt vital d’un homme avant celui d’un autre animal. Pour autant il est vain de hiérarchiser les intelligences en plaçant la nôtre au sommet de la pyramide. Cela se traduit par l’exploitation sans limite, la cruauté infligée à ceux qui ne sont pas humains. C’est une erreur qu’il nous appartient de réparer.

Chaque jour en France, nous abattons trois millions d’animaux destinés à la consommation, 2000 par minutes, et encore ce nombre n’inclut pas les poissons. Même en rendant les normes d’abattage plus strictes et en multipliant les contrôles, tant que nous consommerons autant de viande les animaux ne seront pas traités comme des êtres sensibles, mais comme des objets.

Un végétalien utilise 1300 m² de surface agricole par an pour s’alimenter, quand un Français qui consomme 107 grammes de viande par jour, c’est la moyenne nationale, mobilise 4300 m². Un gros mangeur de viande, 170 grammes par jour, a besoin quant à lui de 6000 m² de surface agricole !

Réapparus en France après avoir été totalement éradiqués, les loups étaient 624 adultes en 2021 selon l’Office français de la biodiversité. L’État autorise l’abattage de 20 % chaque année, soit presque un quart de la population rayées de la carte ! La faune sauvage doit être « régulée » au risque de « proliférer ». On pourrait questionner la notion de « gestion » des écosystèmes prônée par l’espèce humaine, qui détruit environnement comme aucune autre auparavant. Nous surexploitons la nature et nous reprochons ensuite à la faune sauvage de perturber les activités humaines qui empiètent pourtant sur l’habitat des autres espèces.

Les chasseurs abattent environ 430 000 renards chaque année. Or personne en mange de renard. Il est légal de torturer un renard, un blaireau ou un sanglier. Si vous faites cela à un animal domestique ou à un animal tenu en captivité, vous risquez des poursuites judiciaires.

La colonisation humaine de tous les milieux provoque l’effondrement de la biodiversité. Je défends le concept de « libre évolution », permettre à la nature d’exprimer tous ses potentiels, la laisser fonctionner sans qu’on cherche à la gérer ou à obtenir une rentabilité économique. Pour cela il faut préserver certaines zones.

On compte moins de 4000 tigres dans la nature, alors qu’ils sont près de 14 000 en captivité.

Le terme d’animaux dits « nuisibles » peut faire sourire, s’il y a une espèce nuisible sur cette planète, c’est bien la notre. Nous sommes les seuls à détruire l’environnement dont nous dépendons pour survivre, et à provoquer l’extinction des êtres qui partagent notre écosystème. De nombreux groupes criminels lorgnent le moindre espace naturel, les forêts sont détruites, le bois vendu et des cultures installées à la place des arbres.

« Dans un monde entièrement fait pour l’homme, il se pourrait bien qu’il n’y eut pas non plus place pour l’homme » (Romain Gary)

« Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir », disait Albert Einstein.

De nombreux militants qui tentent de protéger l’environnement, les ressources naturelles ou les papillons monarques sont assassinés.

Les humains préfèrent bêtement les méduses

« Peut-être le destin de l’homme est-il d’avoir une vie brève, mais fiévreuse, excitante et extravagante, plutôt qu’une existence longue, végétative et monotone. Dans ce cas, que d’autres espèces dépourvues d’ambition spirituelle – les méduses par exemple – héritent d’une Terre qui baignera longtemps encore dans une plénitude de lumière solaire ! »

(La décroissance (entropie, écologie, économie) Nicholas Georgescu-Roegen, 1979)

L’une des plus grandes préoccupations des scientifiques tient dans le fait que les états de référence (shifting baselines) ont changé pour de nombreux écosystèmes sous-marins. Cela signifie que des personnes visitent actuellement des environnements côtiers dégradés, et les qualifient de « magnifiques », sans se douter de ce qu’ils étaient avant. Voilà pourquoi il est si important de documenter comment les choses sont, et comment elles étaient. L’institut Scripps de conservation des océans et la SurfRider fondation ont organisé une campagne médiatique afin d’attirer l’attention sur le problème de changement des états de référence. Nous devons tous nous poser les questions suivantes : A quoi ressemblaient les océans ? Est-ce que mes préférences alimentaires participent à mettre la santé des océans en danger ? Certains biologistes marins déclarent même qu’avec la disparition des espèces désirables, seules les plus résistantes et les moins désirables vont persister, vraisemblablement les méduses et les bactéries.

shifting baseline, des références changeantes (2012)

« En Namibie, les quelque 10 millions de tonnes de sardines et d’anchois ont été surexploités. Leur population déclinante a laissé la place à 12 millions de tonnes de méduses. Partout les excès de la pêche ont décimé les grands prédateurs de la méduse – requins, thons, tortues luth – alors qu’elle-même dévore d’énormes quantités d’œufs et de larves de poissons. Les méduses sont des carnivores qui ne connaissent pas la satiété. Et les cnidaires (sauf les coraux) résistent à l’acidification des océans .… »

(LE MONDE du 25-26 mai 2014,

Les « attaques » de méduses se multiplient partout dans le monde)

« L’océan est à la fois confronté à une forte pollution, à la surpêche et au changement climatique. Pour illustrer l’effet en chaîne, j’aimerais vous raconter une histoire. En Namibie, il y avait énormément de sardines – des millions de tonnes !- et beaucoup d’anchois. Dans les années 1980, ces espèces ont fait l’objet d’une surexploitation intense et ont été presque décimées. Il s’est alors produit un changement écosystémique : on a observé l’explosion de deux espèces de méduses extrêmement rares auparavant, dont les populations gigantesques pèsent aujourd’hui entre 20 et 40 millions de tonnes. Depuis les sardines ne sont pas revenues. Si vous retirez certaines composantes de l’écosystème, vous obtenez une explosions des populations de méduses. C’est une phénomène que l’on constate en mer Noire, dans la mer de Bohai en Chine, au Japon et dans beaucoup d’autres endroits. On commence aussi à l’observer en Méditerranée. »

(Philippe Cury, dans le livre « Dernières limites »,avril 2023)

Portraits croisés de Décroissants

L’Observatoire de la post-croissance et de la décroissance (OPCD) a lancé sa revue Mondes en décroissance :

https://revues-msh.uca.fr/revue-opcd/

Accessible gratuitement en ligne, voici les contributions (résumées) de trois contributeurs.

Serge Latouche : La décroissance a 20 ans. Le terme a d’abord été utilisé dans le titre d’un livre recueil de textes de Georgescu-Rogen par Jacques Grinevald et Ivo Rens en 1979. Le projet a pris forme en France entre la parution d’un numéro de la revue Silence en février 2002, le colloque de La Ligne d’horizon à l’UNESCO « Défaire le développement refaire le monde » fin février, début mars 2002 et celui de Casseurs de pub à Lyon en septembre sur la décroissance, suivi du lancement du journal éponyme. La pandémie et l’urgence climatique aidant, la décroissance a refait surface ces derniers temps et s’est invitée dans le débat politique français avec Delphine Batho en vue des élections présidentielles de 2022. Le président Macron lui-même déclarait à Marseille le 16 avril 2022 : « Je veux être clair avec vous, je ne crois pas en la décroissance, au contraire il nous faut produire et travailler davantage… Les avions sans émission “zéro carbone”, les trains hydrogène, la voiture électrique produite en France, les éoliennes en mer produites en France, les mini réacteurs [nucléaires] et tant et tant d’autres solutions. »La volte-face opportuniste récente du même Macron avec la farce de la sobriété a au moins le mérite d’avoir fait de la décroissance un objet médiatique incontournable.

Faire le bilan de vingt ans de décroissance, c’est aussi rendre compte du passif. La stratégie de délégitimation de la décroissance la plus efficace consiste sans doute à la taxer d’écologie punitive. Ceux qui par intérêt, comme les négationnistes du climat, ou par opportunisme comme les écologistes médiatiques dénoncent la décroissance comme écologie punitive manifestent en fait leur refus d’assumer le coût symbolique ou réel de la rupture. Les lobbies du productivisme et du consumérisme cherchent à empêcher par tous les moyens l’adoption de toute mesure écologique s’attaquant aux situations dommageables pour l’environnement mais profitables, en multipliant les études orientées, voire en falsifiant carrément les données. Mais alors, il faut admettre qu’il n’y a pas de transition écologique réelle possible et que toute politique environnementale se limite à l’écoblanchiment (greenwashing). C’est une telle stratégie d’instrumentalisation qui a été menée également avec l’économie circulaire, qui est devenue la base du green deal, la doctrine de la Commission européenne. Les dirigeants, tout en multipliant les déclarations pour réduire les émissions de gaz à effet de serre veulent maintenir, voire en accroître encore les causes : tourisme de masse, transports aériens, agriculture productiviste. On ne peut que reprendre la fameuse formule de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».

Le décalage entre l’audace inattendue des propositions faites par les 150 citoyens tirés au sort de la convention citoyenne sur le climat et la frilosité du monde politique interpelle. Avant, la catastrophe possible, c’était une illusion et il convenait de ne rien faire. Maintenant, il n’y aurait plus rien à faire, sinon s’adapter (la résilience) ou attendre un miracle technologique (géo-ingénierie ou trans-humanisme). De l’impossibilité d’une croissance infinie dans un monde fini découlait, pour Nicholas Georgescu-Roegen, la nécessité de faire une bioéconomie, c’est-à-dire de penser l’économie au sein de la biosphère. Le programme a été dévoyé, la situation dans l’ensemble continue de se dégrader à tel point qu’on peut se demander si l’effondrement n’est pas déjà en marche.

Caroline GOLDBLUM : Le combat pour la survie de l’espèce et le combat des femmes pour leur libération, c’est la question démographique. C’est la base même d’une plate-forme écologie-féminisme. La mutation de société que nous propose Françoise d’Eaubonne a une proximité manifeste avec l’idéologie du mouvement actuel de la Décroissance. Depuis 1974, elle est à la tête d’un groupe de femmes organisé autour du Front féministe (devenu en 1978 le mouvement de réflexion « Écologie-féminisme »). Pour lutter contre la surpopulation, conséquence du « lapinisme phallocratique », ce groupe préconise la « grève des ventres » c’est-à-dire la décision par les femmes d’arrêter de procréer pour l’année 1979. Les femmes doivent prendre en main la gestion de la planète en se réappropriant leur fécondité et l’exploitation des sols. Pour cela, les méthodes de contraception doivent être universellement démocratisées et l’avortement libre et gratuit. En France, cette revendication est celle des Mouvements pour la défense de l’avortement et de la contraception (MLAC) qui se sont créés à partir de 1973 dans toutes les grandes villes ouvrant la voie au vote de la loi Veil un an plus tard. C’est aussi en 1974 que la pilule (loi Neuwirth, 1967) peut être remboursée et délivrée aux mineures. La seule solution à l’inflation démographique, c’est la libération totale des femmes, et partout à la fois, et non pas la manipulation anti-nataliste de celles qui appartiennent au camp défavorisé, et y sont défavorisées entre toutes.

« Quand on sait ce que coûte à des ressources déjà si compromises et si abîmées la naissance d’un seul enfant des pays les moins surpeuplés (ceux du bloc capitaliste – privé) par rapport à un enfant de l’autre camp, le sous-développé, et qu’un petit Américain ou Suisse va détruire davantage que dix Boliviens, on mesure avec précision l’urgence d’un contrôle démographique mondial par les femmes de tous les pays : ceux d’économie capitaliste privilégiée et ceux dits si pudiquement « en voie de développement » » (1978).

Vincent Liegey : Dès ses débuts, l’un des piliers majeurs de la décroissance est la démocratie. C’est d’ailleurs toute la distinction qui est faite entre une décroissance choisie, planifiée, démocratiquement décidée et organisée et la récession subie, conséquence d’une société de croissance sans croissance. L’expérience de la convention citoyenne pour le climat, avec le tirage au sort de 150 citoyennes et citoyens a démontré la justesse de cette intuition première.

Le second grand pilier de la décroissance est celui du partage. En effet la croissance a permis de repousser à toujours plus tard la question des inégalités, acceptées du fait de la promesse qu’il y aurait toujours plus de surplus demain. Avec la fin de la croissance, il est crucial de mieux partager.

Il s’agit enfin d’explorer les communs ou comment repenser la propriété. C’est le troisième pilier majeur de la décroissance : comment ré-enchâsser l’économie dans l’écologie, la remettre à sa place.