Hadrien Goux travaille chez Bloom, bravo
L’attitude à l’égard de Claire Nouvian, fondatrice de l’association Bloom (créée le 28 février 2005) est variée.
Il y a ceux qui la détestent : « Je suis hyperclivante. Les pêcheurs néerlandais m’appellent Hitler… »
Il y a ceux qui la comprennent. « C’est une adversaire respectable, concède le président de la commission pêche au Parlement européen. Elle est attachante même si elle est parfois chiante. »
Voici le témoignage d’un des salariés de son association qui agit contre la destruction de l’océan, du climat et des pêcheurs artisans
Hadrien Goux : Je gagne 2 100 euros net par mois et cela me suffit amplement pour vivre. étudiant à l’Ecole des mines de Paris, on nous met en tête qu’on obtiendra des salaires mirobolants en sortie d’études. Aujourd’hui, deux ans après avoir obtenu mon diplôme, je suis salarié de l’organisation non gouvernementale française Bloom, qui se consacre à la sauvegarde des océans. Quand on m’interroge sur ma rémunération qui reste modérée, je réponds souvent : « A quoi ça sert de gagner 50K [50 000 euros] si c’est pour contribuer à un système qui s’autodétruit et fera perdre sa valeur à l’argent ? »
Évidemment, ça génère des discussions avec certains de mes camarades ingénieurs qui ne sont pas aussi conscients des crises en cours et à venir. Je ne crois pas au fait de changer les choses de l’intérieur comme nombre de mes camarades, je vois par contre très bien comment c’est le système qui les change.
Je n’ai pas toujours été aussi déterminé. Quand j’étais en prépa au lycée Hoche à Versailles, en 2019, je regardais un peu de loin les marches pour le climat. J’étais impliqué mais mon écologie n’était pas très politique, je voulais sauver les ours polaires. Puis je suis arrivée à l’Ecole des mines, et comme tous les étudiants fraîchement sortis de prépa, j’ai suivi le cours de Jean-Marc Jancovici sur l’énergie et le climat. Une claque. En tant qu’ingénieur on comprend bien la problématique scientifique, mais on nous laisse avec cette question : pourquoi est-ce qu’on est aussi apathiques ? Je suis passé de la perception d’une crise lointaine avec des ours polaires en danger à : ce sont des humains, – nous, en fait – qui vont subir les canicules, la montée des eaux, les sécheresses comme on le voit déjà bien en France, et pire ailleurs.J’ai fait un premier stage dans le nucléaire chez Orano. Je suis arrivé en pensant contribuer à la décarbonation de la production d’énergie et j’en suis ressorti avec le sentiment que je n’y ferai pas bouger les lignes.
Agir est le meilleur remède à l’anxiété, sûrement pas un gros salaire, plutôt même le contraire ! Je n’ai pas ce rêve d’acheter une maison, de faire des voyages ou de fonder une famille, parce qu’au vu de la trajectoire actuelle du dérèglement climatique, mon temps est bien mieux utilisé à limiter la catastrophe que de faire des plans sur la comète qui nous arrive droit dessus ! J’essaie pour l’instant de changer le monde à mon échelle.
Le point de vue des écologistes contesté par des aveugles
On ne comprend pas pourquoi des commentateurs abonnés au MONDE se permettent de critiquer Hadrien…. à moins qu’ils ne soient payés par une officine de l’appareil thermo-industriel pour nous empêcher d’agir en faveur de nos générations futures.
lecteur assidu : Un gros salaire permet une solidarité sociale active tandis que le petit non-croissant, confit dans son individualisme, ne voit que le doigt de son confort égotique.
Ln49 : Si ça vous rassure… Cette personne paie des impôts et reste au dessus du niveau médian. Quant à l’individualisme, il s’est engagé dans un combat collectif puisque politique.
jea.vie : Le Monde a le chic pour dénicher dans une promotion de l’Ecole des Mines le seul ingénieur qui est raccord avec sa propre idéologie, ce qui lui permet d’en rajouter une couche. Ce jeune homme est un marginal dans la population à laquelle il appartient !
Olivier L. : Les commentaires négatifs montrent à quel point certaines personnes sont conditionnées par le « système » (libéralisme, efficacité économique, concurrence, performance, rentabilité, etc.) et, aussi, inconscients des problèmes environnementaux. Ce jeune homme est un modèle, ses parents peuvent être fiers de lui, la société lui est reconnaissante.
J. Dupont : C’est tellement plus facile de prôner la décroissance et s’afficher « anti-système » que de chercher des solutions. Tout cela c’est un concentré de paresse, de veulerie et de bêtise. Et encore plus consternant pour quelqu’un qui a eu la chance d’être diplômé d’une des plus prestigieuse école d’ingénieurs. Depuis que l’Homme existe il se bat contre la nature pour subsister. En étant imaginatif, en s’organisant, en cherchant à surmonter les difficultés. Mais il avait faim, il avait froid, il était en danger… et pas dans le confort douillet d’une « ecoanxiété » puérile .
yeux ouverts : « Paresse, veulerie, bêtise » : puis quoi encore ? Vous croyez qu’associatif rime avec inaction ? Qu’on ne peut pas faire preuve d’imagination et mettre ses talents au service d’une grande cause ? Au contraire il y a des tas de choses à penser et construire en sortant du système qui alimente la destruction de la planète. Il faut juste reconnaître le courage : de renoncer à un salaire confortable et d’accepter de se retrouver marginalisé par le regard des autres.
Jean-Charles D.. : Merci aux contribuables d’avoir financé les études d’Hadrien, et qui n’aura aucun retour sur investissement…
TTC : Bien au contraire, voilà de l’argent bien placé par le contribuable : quelqu’un qui cherche à ce que nous ayons un futur. N’est-ce pas ce que tout le monde devrait souhaiter ?
Jx : Oui alors c’est surtout les contribuables qui lui ont permis de ne pas faire de prêt étudiant en rendant les études quasi gratuites. Franchement ça saoule de payer des études d’ingénieurs pour des types qui vont glander dans des associations ou qui partent à l’étranger. Il faut changer le système et les forcer à rembourser.
Dark Knight : Ben oui vous avez raison, on devrait obliger chaque citoyen à être rentable et faire un bilan comptable individuel chaque année. Gare à ceux qui ne rempliraient par leurs objectifs, ils seraient virés de la citoyenneté française, ces flemmards. On pourrait créer une entreprise pour gérer ça, et l’ouvrir à l’actionnariat, qui permettrait un enrichissement sans fin et qui ferait à coup sûr ruisseler son indescriptible richesse vers les plus nécessiteux (s’ils font des efforts en contrepartie). Je propose même de nommer immédiatement B. Arnault président, l’homme de la situation! Bizarre qu’on y ait pas pensé plus tôt.
Bandera : Si les hurluberlus comme lui ne font pas d’enfants, c’est parfait. Dans une génération nous seront débarrassés des écolos.
On va tous crever du chgt climatique : Oui, Bandera, et on profitera pleinement du bonheur de vivre sur une planète saccagée par les industriels…
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Claire Nouvian, militantisme et désespoir
extraits : Claire Nouvian aujourd’hui (en 2020) : « J’ai toujours été un prophète de malheur : celle qui annonce la catastrophe afin que l’on puisse réagir et l’éviter. Mais aujourd’hui je regarde les faits, le dérèglement du climat, la disparition des espèces, le recul de la démocratie, la concentration inouïe des richesses dans les mains de quelques-uns, l’état de surveillance numérique, le divertissement qui a gagné contre la culture de la connaissance. Garder espoir relèverait de la profession de foi. Je ne suis pas croyante. Moi qui, plus jeune, pensais que les militants de Greenpeace étaient des extrémistes, j’ai compris que les vrais extrémistes étaient les capitalistes qui détruisaient la planète….
Bloom et Nicolas Hulot, même combat en mer
extraits : Claire Nouvian, fondatrice de l’association Bloom vient de recevoir le prix Goldman, considéré comme la plus haute distinction internationale dans le domaine de l’environnement.* Bloom est une petite association de 8 salariés entièrement vouée « aux océans et à ceux qui en vivent », avec pour ambition d’établir « un pacte durable entre l’homme et la mer ». Si la madone des poissons se fait autant remarquer, c’est surtout parce qu’elle remporte les campagnes qu’elle mène. L’interdiction de la pêche profonde en dessous de 800 mètres décrétée par l’Union européenne en 2016 est très largement à mettre à son crédit….
Pêche, de l’artisanat au massacre de masse
extraits : Aujourd’hui les sondeurs, sonars et autres radars traquent les poissons, le recours aux avions pour détecter les bancs de thon et au satellite pour explorer les couches d’eau sont des éléments d’une spirale néfaste dans laquelle les pêcheurs comme les décideurs politiques ont enfermé les ressources halieutiques. Va-t-on aux champignons avec une pelleteuse ? Non, mais ce n’est pas le cas pour la pêche…..
La pêche industrielle dans l’impasse
extraits : Le retour à la pêche artisanale est une nécessité. Sinon on trouvera un jour cette brève journalistique : « Nous apprenons que nous avons enfin pu reconstituer un spécimen d’une espèce de poisson jadis appelée sardine. Nos prévisions de repeuplement permettent d’anticiper la pêche des sardines dans environ 350 années… » Nous pensons qu’il faut dorénavant être l’ami des poissons avant d’être l’ami des pêcheurs. Depuis 2020, une trentaine de scientifiques de renom, membres d’universités et de centres de recherches de douze pays, se sont réunis lors de plusieurs ateliers à l’initiative de l’association Bloom, afin de fournir une nouvelle définition d’une réelle durabilité des pêches…
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