La ville, processus d’artificialisation de la vie
Tandis que 30 % de la population mondiale vivaient dans les zones urbaines en 1950, cette proportion est passé à 47 % en 2000 et devrait atteindre 60 % en 2030 et 70 % en 2050. En France, c’est déjà plus de 82 %. On assiste véritablement à « l’explosion de l’urbain », il s’agit d’un processus généralisé d’artificialisation de la vie. Ce n’est pas durable.
Joëlle Zask, philosophe : Les mégafeux n’ont rien d’un châtiment divin. Ils s’expliquent par divers facteurs, etc. Tous ces facteurs se résument à un seul, la ville. Je la distingue de la cité, dont le mode d’existence est celui du « bien vivre », écrivait Aristote, de l’indépendance politique et économique, de l’inclusion dans un environnement plus vaste, géographique, historique, biologique… La ville a été pensée comme son inverse, ne rien devoir à la Terre. A Los Angeles, on a détourné l’eau, chassé les autochtones, bétonné. Partout, on voudrait nullifier les éléments naturels ; on enterre les cours d’eau, on « conditionne » l’air, on construit sur dalle. L’idéal de la ville, c’est le hors sol, la tour de Babel, cette construction biblique destinée à permettre aux humains de quitter la terre et de transgresser les limites de leur nature. On voudrait même la ville hors du temps, régulée par une intelligence supérieure, celle de l’Expert omniscient, bientôt remplacé par l’intelligence artificielle. Pourtant cette ville ne produit rien de ce qu’elle consomme, colonise les territoires riches en ressources dont elle a besoin, enrôle de gré ou de force les populations nécessaires à son approvisionnement et rejette au loin tous ses déchets. Les villes recouvrent de 1 % à 3 % de la surface de la Terre, mais elles comptent pour 78 % de la consommation énergétique mondiale et produisent de 60 % à 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Finalement, en 2050, elles concentreront 70 % de la population mondiale. Autrement dit, le tournant écologique passera par la ville ou ne sera pas.
Le point de vue des écologistes dés-urbanisés
Bandera : Qu’en sait donc cette philosophe ? C’est un sujet purement scientifique et logistique. Bien loin de la philosophie.
biosphere: A tous ceux qui critiquent la raison pure, on voudrait les voir en débat direct avec Joëlle Zask. Pourtant ils sont nombreux sur lemonde.fr a évoquer le statut de la personne pour ne pas avoir à parler de son discours. Normalement l’espace de commentaires est dévolu à des gens qui se croient intelligents puisqu’ils sont abonnés au MONDE. Bandera et autres sophistes, imaginez ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir.
SuperKurva : Cet individu intervient en dehors de son domaine de compétence. Bref, c’est comme demander l’avis de Didier Raoult au sujet des campagnes de vaccination.
Pm42 : Sur un sujet comme ça, on va trouver une philosophe qui va nous pondre un paquet d’énormités qui ne passeraient pas dans une copie de lycée.
Leo Brulero : Pour Mme Zask, ULTRACRÉPIDARIANISME. Terme désignant le comportement consistant à donner son avis ou à formuler des jugements sur des sujets en dehors de ses compétences ou de son domaine de connaissance.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Une ville naît, croît et meurt comme toutes choses…
extraits : L’histoire nous dit que la ville n’est illusion, la sociologie nous dit que la ville est un concentré d’inégalités, l’écologie nous dit que 5 milliards d’urbains en 2030 c’est carrément impossible. Prenons la première ville, Ourouk, découverte au milieu du XIXe siècle dans le sud de l’Irak. Elle faisait au minimum 250 hectares au IVe millénaire et 590 hectares au début du IIIe millénaire. Il n’y avait rien de comparable à l’époque, nulle part sur la planète. Elle abritait plusieurs dizaines de milliers de personnes. Puis se sont succédé des phases de conflits et Ourouk a été définitivement délaissée par les hommes dans les premiers siècles de notre ère. Ce phénomène de régression porte le nom d’involution. La première ville de l’histoire avait brillé pendant des millénaires, elle est retournée au quasi-néant, lentement recouverte par les sables du désert. Image de la destinée urbaine !…..
Lire, Notre empreinte écologique de Mathis WACKERNAGEL et William REES
La vie dans les grandes villes brise les cycles naturels et nous coupe de notre lien intime avec la nature. Nous vivons dans des cités où nous oublions facilement que la nature travaille en cercles fermés. Nous allons au magasin pour acheter des aliments que nous payons avec de l’argent tiré du guichet automatique d’une banque et, ensuite, nous nous débarrassons des détritus en les déposant dans une ruelle ou en les jetant à l’égout. … Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient… Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la perpétuelle vulnérabilité de l’espèce humaine. Nous sommes bien conscients que les grandes régions urbaines industrielles posent un énorme problème en termes de durabilité, même fondée en partie sur l’autosuffisance régionale accrue.
Notre plus ancien article sur la question urbaine
12.09.2005 Vous êtes des animaux stupides
La surface dévastée par l’ouragan Katrina est de 235 000 km2, soit près de la moitié de la superficie de la France. Colère et désespoir gagnait en particulier les 300 000 habitants de la Nouvelle-Orléans en attente d’évacuation. Rudolph éclate : « On vit comme des animaux, sans électricité, sans eau, sans toilettes, sans douches, sans rien. Il faut que l’on sorte de là, on devient fous et malades. Ma fille et ses deux petites filles vivent comme des clochardes, c’est insupportable ». S’il est vrai que le cataclysme a révélé le niveau élevé des inégalités et la cruauté des rapports sociaux aux USA, en fait l’ouragan n’est qu’un épiphénomène : les humains sont les premiers responsables de la catastrophe. Dès 1722, on commençait l’édification des travaux d’assèchement de ce qui était un marécage propice à la biodiversité. En 1763, La Nouvelle Orléans n’avait encore que 3200 âmes, mais il y eut ensuite l’explosion urbaine qui avait aujourd’hui besoin de six grandes stations de pompage fonctionnant 24 heures sur 24, même par temps sec !
La Biosphère vous rappelle que les humains sont des animaux parmi les autres qui vivent normalement sans électricité, ni eau courante ou douches privées. Tout cela n’est que le privilège de la classe globale actuelle qui utilise sans limites les ressources naturelles au détriment de beaucoup d’humains, des autres animaux et des écosystèmes : les premiers destructeurs des cycles vitaux sont les habitants de villes dont on croit qu’elles peuvent survivre même en dessous du niveau de la mer !
La première fois où on a parlé de désurbanisation sur ce blog
22.09.2009 désurbanisation
Qu’on le veille ou non, il faudra bien un jour sortir du culte de la croissance, toujours plus de pouvoir d’achat, toujours plus de bagnoles, toujours plus d’avions, travailler toujours plus. L’urbanisation croissante est un élément de cette anthropisation forcenée de notre planète qui a accompagné la révolution industrielle dès le XIXe siècle. Mais au lieu d’être progressive, l’explosion urbaine est devenue selon les termes mêmes du Monde (22 septembre 2009) « violente », particulièrement en Afrique : les villes y passeront de 350 millions d’habitants en 2005 à 1,2 milliards en 2050. Ce ne sont que des prévisions statistiques, je prévois au contraire d’ici à 2050 un retour aux campagnes.
Cela ne veut pas dire que j’ai une pensée anti-urbaine, il y a des toutes petites villes fort agréables. Mais quand les habitants des bidonvilles constituent déjà en moyenne 36 % des citadins dans les pays dits « en développement », cela veut dire que ce n’est pas une urbanisation gérable, ce n’est donc pas une évolution durable. Jamais on ne pourra mettre de l’électricité, de l’eau courante et des routes goudronnées partout. Jamais on ne pourra mettre en place des services urbains à la portée de tous. Jamais on ne pourra trouver un emploi à cet afflux de main d’œuvre. Jamais il n’y aura assez de policiers (étymologiquement « créatures de la cité ») pour contrôler une société non policée.
Le discours de vérité n’est pas dans la vérité des prix, il est dans le sens des limites, à commencer par la limitation drastique de l’urbanisation. Cela ne peut se faire que si on s’investit dans l’agriculture durable au lieu d’investir dans les marchés financiers.
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