anthropisation

La ville, processus d’artificialisation de la vie

Tandis que 30 % de la population mondiale vivaient dans les zones urbaines en 1950, cette proportion est passé à 47 % en 2000 et devrait atteindre 60 % en 2030 et 70 % en 2050. En France, c’est déjà plus de 82 %. On assiste véritablement à « l’explosion de l’urbain », il s’agit d’un processus généralisé d’artificialisation de la vie. Ce n’est pas durable.

Joëlle Zask, philosophe : Les mégafeux n’ont rien d’un châtiment divin. Ils s’expliquent par divers facteurs, etc. Tous ces facteurs se résument à un seul, la ville. Je la distingue de la cité, dont le mode d’existence est celui du « bien vivre », écrivait Aristote, de l’indépendance politique et économique, de l’inclusion dans un environnement plus vaste, géographique, historique, biologique… La ville a été pensée comme son inverse, ne rien devoir à la Terre. A Los Angeles, on a détourné l’eau, chassé les autochtones, bétonné. Partout, on voudrait nullifier les éléments naturels ; on enterre les cours d’eau, on « conditionne » l’air, on construit sur dalle. L’idéal de la ville, c’est le hors sol, la tour de Babel, cette construction biblique destinée à permettre aux humains de quitter la terre et de transgresser les limites de leur nature.  On voudrait même la ville hors du temps, régulée par une intelligence supérieure, celle de l’Expert omniscient, bientôt remplacé par l’intelligence artificielle. Pourtant cette ville ne produit rien de ce qu’elle consomme, colonise les territoires riches en ressources dont elle a besoin, enrôle de gré ou de force les populations nécessaires à son approvisionnement et rejette au loin tous ses déchets. Les villes recouvrent de 1 % à 3 % de la surface de la Terre, mais elles comptent pour 78 % de la consommation énergétique mondiale et produisent de 60 % à 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Finalement, en 2050, elles concentreront 70 % de la population mondiale. Autrement dit, le tournant écologique passera par la ville ou ne sera pas.

Le point de vue des écologistes dés-urbanisés

Bandera : Qu’en sait donc cette philosophe ? C’est un sujet purement scientifique et logistique. Bien loin de la philosophie.

biosphere: A tous ceux qui critiquent la raison pure, on voudrait les voir en débat direct avec Joëlle Zask. Pourtant ils sont nombreux sur lemonde.fr a évoquer le statut de la personne pour ne pas avoir à parler de son discours. Normalement l’espace de commentaires est dévolu à des gens qui se croient intelligents puisqu’ils sont abonnés au MONDE. Bandera et autres sophistes, imaginez ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir.

SuperKurva : Cet individu intervient en dehors de son domaine de compétence. Bref, c’est comme demander l’avis de Didier Raoult au sujet des campagnes de vaccination.

Pm42 : Sur un sujet comme ça, on va trouver une philosophe qui va nous pondre un paquet d’énormités qui ne passeraient pas dans une copie de lycée.

Leo Brulero : Pour Mme Zask, ULTRACRÉPIDARIANISME. Terme désignant le comportement consistant à donner son avis ou à formuler des jugements sur des sujets en dehors de ses compétences ou de son domaine de connaissance.

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Une ville naît, croît et meurt comme toutes choses…

extraits : L’histoire nous dit que la ville n’est illusion, la sociologie nous dit que la ville est un concentré d’inégalités, l’écologie nous dit que 5  milliards d’urbains en  2030 c’est carrément impossible. Prenons la première ville, Ourouk, découverte au milieu du XIXe  siècle dans le sud de l’Irak. Elle faisait au minimum 250  hectares au IVe  millénaire et 590  hectares au début du IIIe  millénaire. Il n’y avait rien de comparable à l’époque, nulle part sur la planète. Elle abritait plusieurs dizaines de milliers de personnes. Puis se sont succédé des phases de conflits et Ourouk a été définitivement délaissée par les hommes dans les premiers siècles de notre ère. Ce phénomène de régression porte le nom d’involution. La première ville de l’histoire avait brillé pendant des millénaires, elle est retournée au quasi-néant, lentement recouverte par les sables du désert. Image de la destinée urbaine !…..

Lire, Notre empreinte écologique de Mathis WACKERNAGEL et William REES

La vie dans les grandes villes brise les cycles naturels et nous coupe de notre lien intime avec la nature. Nous vivons dans des cités où nous oublions facilement que la nature travaille en cercles fermés. Nous allons au magasin pour acheter des aliments que nous payons avec de l’argent tiré du guichet automatique d’une banque et, ensuite, nous nous débarrassons des détritus en les déposant dans une ruelle ou en les jetant à l’égout. … Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient… Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la perpétuelle vulnérabilité de l’espèce humaine. Nous sommes bien conscients que les grandes régions urbaines industrielles posent un énorme problème en termes de durabilité, même fondée en partie sur l’autosuffisance régionale accrue.

Notre plus ancien article sur la question urbaine

12.09.2005 Vous êtes des animaux stupides

La surface dévastée par l’ouragan Katrina est de 235 000 km2, soit près de la moitié de la superficie de la France. Colère et désespoir gagnait en particulier les 300 000 habitants de la Nouvelle-Orléans en attente d’évacuation. Rudolph éclate : « On vit comme des animaux, sans électricité, sans eau, sans toilettes, sans douches, sans rien. Il faut que l’on sorte de là, on devient fous et malades. Ma fille et ses deux petites filles vivent comme des clochardes, c’est insupportable ». S’il est vrai que le cataclysme a révélé le niveau élevé des inégalités et la cruauté des rapports sociaux aux USA, en fait l’ouragan n’est qu’un épiphénomène : les humains sont les premiers responsables de la catastrophe. Dès 1722, on commençait l’édification des travaux d’assèchement de ce qui était un marécage propice à la biodiversité. En 1763, La Nouvelle Orléans n’avait encore que 3200 âmes, mais il y eut ensuite l’explosion urbaine qui avait aujourd’hui besoin de six grandes stations de pompage fonctionnant 24 heures sur 24, même par temps sec !

La Biosphère vous rappelle que les humains sont des animaux parmi les autres qui vivent normalement sans électricité, ni eau courante ou douches privées. Tout cela n’est que le privilège de la classe globale actuelle qui utilise sans limites les ressources naturelles au détriment de beaucoup d’humains, des autres animaux et des écosystèmes : les premiers destructeurs des cycles vitaux sont les habitants de villes dont on croit qu’elles peuvent survivre même en dessous du niveau de la mer !

La première fois où on a parlé de désurbanisation sur ce blog

22.09.2009 désurbanisation

Qu’on le veille ou non, il faudra bien un jour sortir du culte de la croissance, toujours plus de pouvoir d’achat, toujours plus de bagnoles, toujours plus d’avions, travailler toujours plus. L’urbanisation croissante est un élément de cette anthropisation forcenée de notre planète qui a accompagné la révolution industrielle dès le XIXe siècle. Mais au lieu d’être progressive, l’explosion urbaine est devenue selon les termes mêmes du Monde (22 septembre 2009) « violente », particulièrement en Afrique : les villes y passeront de 350 millions d’habitants en 2005 à 1,2 milliards en 2050. Ce ne sont que des prévisions statistiques, je prévois au contraire d’ici à 2050 un retour aux campagnes.

Cela ne veut pas dire que j’ai une pensée anti-urbaine, il y a des toutes petites villes fort agréables. Mais quand les habitants des bidonvilles constituent déjà en moyenne 36 % des citadins dans les pays dits « en développement », cela veut dire que ce n’est pas une urbanisation gérable, ce n’est donc pas une évolution durable. Jamais on ne pourra mettre de l’électricité, de l’eau courante et des routes goudronnées partout. Jamais on ne pourra mettre en place des services urbains à la portée de tous. Jamais on ne pourra trouver un emploi à cet afflux de main d’œuvre. Jamais il n’y aura assez de policiers (étymologiquement « créatures de la cité ») pour contrôler une société non policée.

Le discours de vérité n’est pas dans la vérité des prix, il est dans le sens des limites, à commencer par la limitation drastique de l’urbanisation. Cela ne peut se faire que si on s’investit dans l’agriculture durable au lieu d’investir dans les marchés financiers.

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3600 tigres en Inde, 1000 loups en France

A la naissance de l’agriculture, au début de la transition néolithique il y a environ 10 000 ans, la biomasse (c’est à dire le poids total) des humains et de tous leurs animaux domestiques, ne dépassait pas 0,1 % de celle de tous les mammifères. Aujourd’hui, la proportion est de 96 %. Les tigres se retrouvent dans des zoos, les humains dans des bidonvilles.

Carole Dieterich : Les tigres, autrefois répandus dans toute l’Asie, ont été éliminés de plus de 90 % de leur aire de répartition historique. L’Inde en compte aujourd’hui à elle seule quelque 3 600, on estime la population mondiale totale aux alentours de 5 000 individus. Dès le début des années 1970, l’Inde a mis en place le « Tiger Project » (projet tigre), l’un des plus anciens programmes de conservation du félin au monde. Au cours des deux dernières décennies,  les tigres ont occupé de manière continuelle des zones protégées riches en proies et exemptes de toute présence humaine (35 255 km2), mais ils ont également colonisé des habitats connectés proches et partagés par 60 millions de personnes. La cohabitation entre les populations et les tigres a généralement lieu dans des zones prospères, qui peuvent tirer avantage du tourisme lié à la présence d’une grande faune. A l’inverse, les taux de colonisation des tigres sont plus faibles dans les zones où le taux de pauvreté rurale est élevé. Les communautés marginalisées dépendent fortement de l’exploitation des ressources forestières et de la viande de brousse pour leur subsistance.

Le point de vue des écologistes écocentrés

– Dommage que la ligne du MONDE soit très positive lorsqu’il s’agit du retour des grands prédateurs dans d’autres parties du monde mais beaucoup plus nuancée quand il s’agit de défendre nos loups et ours.

– Chaque année, entre 35 et 40 personnes meurent dans des attaques de tigres en Inde. En même temps, il y a 168 500 tués par an sur la route en Inde.

Ce prédateur trône au sommet de la chaîne alimentaire, mais il partage l’espace avec d’autres prédateurs, les humains.

5000 tigres aujourd’hui, plus de 8 milliards d’humains !

5000 tigres au niveau mondial, 308 640 252 vaches abattues par les humains en 2022.

Le tigre est essentiel à la santé des écosystèmes et aux cascades trophiques, pas homo sapiens.

 

Allez, on va bien trouver une bonne raison d’exterminer complètement ce magnifique félin. Il n’est qu’en sursis… malheureusement.

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gardons nos tigres et nos loups, diminuons notre nombre

extraits : Il y a un siècle, la population de tigres en Inde était de 100 000 individus. Ils ne sont plus que 1700 en 2012. Si la population mondiale d’humains suivait la même pente, nous sommes 7 milliards en 2012, nous ne serions plus que 119 millions en 2112. Une vraie bénédiction pour les autres espèces en général et pour les tigres en particulier…

un seul ver de terre vaut autant que le tigre

extraits : WWF (le spécialiste du panda) ou l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) privilégient des espèces emblématiques. On abandonne à leur sort ce qui n’est pas jugé gros et mignon : l’ours polaire attire plus l’attention que le ver de terre. Les grands prédateurs sont à l’image de l’homme, ils focalisent la sensibilité, donc les financements… Or l’équilibre de la biosphère tient non seulement à la richesse en espèces animales d’un bout à l’autre de la chaîne alimentaire, mais aussi au nombre de ver de terre et aux microbes….

Les loups entre la vie et la mort

extraits : Réunis à Strasbourg le 3 décembre 2024, les 50 Etats membres de la convention de Berne ont voté pour un abaissement du niveau de protection des loups. Il va passer d’espèce « strictement protégée » à « protégée », ce qui n’a jusqu’ici jamais été fait pour aucune espèce. Ce déclassement était réclamé par les représentants des éleveurs et des agriculteurs, qui dénoncent une pression trop forte exercée par le prédateur….

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L’irrédentisme de Trump, une connerie de plus

L’irrédentisme est l’opinion politique nationaliste selon laquelle certains territoires devraient être intégrés à un autre État que celui dont ils relèvent pour des raisons historiques, ethniques ou linguistiques. La liste est longue de ces tentatives, par exemple aux XVIIIe et XIXe siècles la revendication par les États-Unis, du rattachement du Canada ; Trump remet au goût du jour l’irrédentisme au risque d’ouvrir la boîte de Pandore.

Stéphane Lauer : En 2019, Donald Trump voulait déjà annexer le Groenland, un espace de 2,1 millions de kilomètres carrés, soit près de quatre fois la France, peuplé de 57 000 habitants. En 2019, il détaillait ainsi son approche sur ce territoire rattaché au Danemark : « Je regarde un coin de rue, je me dis : “Je dois acheter ce magasin pour le bâtiment que je construis.” Ce n’est pas si différent. » Il persévère en 2025 : « Le Groenland est un endroit merveilleux, nous en avons besoin pour la sécurité internationale, je suis sûr que le Danemark va se faire à l’idée. » Il n’a pas exclu de recourir à la force contre son allié. Comme si tout pouvait se marchander : le piétinement des règles internationales, la prédation à l’état pur et l’hubris destructrice. Trump remet en question le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et accélère la catastrophe écologique qui résulterait d’une exploitation des terres arctiques sur l’air de « drill, baby, drill » (« fore, chéri, fore »). Le réchauffement climatique, censé rendre le sous-sol arctique plus accessible, s’accélérerait de plus belle.

« Au XXIe siècle, on ne se comporte pas comme au XIXe siècle en envahissant un autre pays sous un prétexte complètement inventé », avait dit l’ex-secrétaire d’Etat John Kerry, en 2014, lorsque la Russie avait annexé la Crimée. Donald Trump est en train de lui prouver le contraire.

Le point de vue des écologistes légalistes

La Louisiane est un endroit merveilleux, la France en a besoin pour sa sécurité, nous sommes sûr que Trump va se faire à cette idée. Allons-y pour la fin de l’ordre international, le retour des impérialismes et de la colonisation des territoires sous les applaudissements de Trump versus Ukraine, Xi Jinping versus Taïwan et Netanyahu versus Gaza. C’est le retour à la loi du plus fort, avec la puissance industrielle et digitale en plus. Comment considérer l’urgence écologique avec de tels errements de la pensée géo-politique ?

Chacun, Trump le premier, ferait bien de méditer sur ces proverbes inuits : « La vraie sagesse se trouve loin des gens dans la grande solitude » et « Seuls les glaces et le temps sont maîtres. »

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TRUMP croit que le Canada est une de ses colonies

extraits : Nous sommes vraiment entrés dans un monde de fous, sauf que les fous sont élus « démocratiquement » à la tête de puissances dominantes. Poutine a envahi l’Ukraine, Xi Jinping ne rêve que de faire pareil à Taïwan… et maintenant Trump se verrait diriger entre autres le Canada ! On peut dire que l’urgence écologique n’existe plus, sauf pour quelques militants bien isolés…

arrêt des extractions minières partout dans le monde (2012)

extraits : A qui appartiennent les ressources minières du Groenland ? Les immenses ressources de son sous-sol attirent les convoitises ; l’accélération de la fonte de la calotte glaciaire permet d’envisager leur exploitation. Mais ces ressources n’appartiennent ni à l’Europe via le Danemark, ni aux autres Etats limitrophes. Ces ressources n’appartiennent pas non plus aux 57 000 habitants de cette île recouverte d’une couverture de glace atteignant 150 mètres d’épaisseur. Ces ressources n’appartiennent certainement pas aux firmes multinationales comme Exxon Mobil, Cairn Energy ou encore EnCana. Ces ressources n’appartiennent même pas aux générations futures qui n’en feraient pas un usage meilleur qu’aujourd’hui. Il faut lutter contre la logique extractive et sanctuariser les dernières et rares ressources du sous-sol qui nous restent….

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L’urbanisation, une impasse tragique

Tandis que 30 % de la population mondiale vivaient dans les zones urbaines en 1950, cette proportion est passé à 47 % en 2000 et devrait atteindre 60 % en 2030 et 70 % en 2050. On assiste véritablement à « l’explosion de l’urbain », il s’agit d’un processus généralisé d’artificialisation de la vie. Chaque jour qui passe, 110 kilomètres carrés de la Terre se transforment en morceaux de ville. Plus la ville est étalée et complexe, plus son empreinte est écologique importante. Il y a 50 ans, les villes des pays riches n’avaient besoin pour chaque mètre carré que de 25 m² de campagne. Si on fait une projection, en 2050 il faudra 500 m² de sol rural par m² urbanisé. La vie dans les grandes villes brise les cycles naturels et nous coupe de notre lien intime avec la nature. Nous vivons dans des cités où nous oublions facilement que la nature travaille en cercles fermés. Nous allons au magasin pour acheter des aliments que nous payons avec de l’argent tiré du guichet automatique d’une banque et, ensuite, nous nous débarrassons des détritus en les déposant dans une ruelle ou en les jetant à l’égout.

Croire qu’on peut faire aussi bien que la biosphère dans un appartement urbain, c’est du délire… à moins d’être subventionné !

Audrey Garric : « Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz se sont donné pour mission d’imaginer à quoi pourrait ressembler une vie urbaine durable en 2040. Depuis juillet 2024 et jusqu’à fin novembre, ces aventuriers de l’écologie proposent un autre chemin afin de mieux vivre dans les limites planétaires : « On veut créer un nouvel imaginaire désirable, qui ne soit pas un futur high-tech autour du métavers, ni un retour en arrière décroissant. »

Cette expérience dite « Biosphère urbaine » est financée par la mairie de Boulogne-Billancourt, le Centre national d’études spatiales et Arte. Dans leur studio de 26 m2 prêté par la commune, le couple expérimente une vingtaine d’inventions low-tech. Déjections décomposées en compost par des larves de mouches, des pleurotes sous brumisateur dans la douche, des plantes cultivées en bioponie (hors sol), etc. Le duo, qui ne cherche pas l’autarcie, se fournit en épicerie bio, avec des aliments locaux. Côté énergie, l’appartement, qui n’est pas relié à l’électricité, a été équipé de 4 mètres carrés de panneaux solaires. De quoi alimenter la poignée d’appareils électriques : un thermos, un microfrigo, un rétroprojecteur, un ordinateur et les téléphones portables. Leur expérience est-elle applicable au plus grand nombre ? »

Le point de vue des écologistes désubanisants

Le concept d’autonomie de la vie urbaine est un leurre, à plus forte raison l’appartement autosuffisant. Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient… Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la structurelle vulnérabilité des grandes régions urbaines. La solution n’est pas dans les low tech, mais dans la désurbanisation, l’exode des urbains vers la ruralisation. Utopie ? Vers 650 de notre ère, un effondrement vertigineux a frappé l’empire romain. La cité de Rome comptait près de 700 000 habitants lors de sa gloire, il n’y en avait plus que 20 000 au final. Après l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle, nous redeviendrons paysan.

Curieusement, plus il y a d’hommes sur la terre, moins la réflexion semble tenir compte de l’influence exercée par la taille sur les comportements. A partir du XIXe siècle, on a l’impression qu’il n’y eut plus guère que les utopistes pour comprendre qu’une organisation est solidaire d’une échelle. Cette négligence envers le caractère essentiel du nombre est stupéfiante, y compris chez les sociologues, qui auraient pourtant dû s’estimer concernés au premier chef. Dans son ouvrage The Breakdown of Nations, il estime que partout où quelque chose ne va pas, quelque chose est trop gros ou trop grand. Passé un certain seuil, l’outil de serviteur devient despote. Aucune mesure de contrôle, qu’elle soit suggérée par Karl Marx ou Lord Keynes, ne peut apporter une solution à des problèmes qui sont apparus précisément parce qu’un organisme a atteint une taille qui dépasse toute possibilité de contrôle. La population d’une communauté de base n’a guère besoin de dépasser le nombre de 10 000 ou 20 000 habitants

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Une ville naît, croît et meurt comme toutes choses…

extraits : Prenons la première ville, Ourouk, découverte au milieu du XIXe  siècle dans le sud de l’Irak. Elle faisait au minimum 250  hectares au IVe  millénaire et 590  hectares au début du IIIe  millénaire. Il n’y avait rien de comparable à l’époque, nulle part sur la planète. Elle abritait plusieurs dizaines de milliers de personnes. Puis se sont succédé des phases de conflits et Ourouk a été définitivement délaissée par les hommes dans les premiers siècles de notre ère. Ce phénomène de régression porte le nom d’involution. La première ville de l’histoire avait brillé pendant des millénaires, elle est retournée au quasi-néant, lentement recouverte par les sables du désert. Image de la destinée urbaine ! La ville est de toute façon la marque des inégalités sociales. La ville antique était un lieu qui rassemblait une population déjà découpée socialement, avec des élites et la spécialisation du travail (artisans, marchands, administratifs, etc). Des bâtiments de prestige à usage religieux ou institutionnel contribuent à la cohésion identitaire et à l’ordre social. Cette hiérarchie du bâti est aussi une marque distinctive de la ville. Les puissants contrôlent l’approvisionnement alimentaire et les échanges à moyenne ou longue distance….

Mourir de faim à la campagne et dans les grandes villes

Un postulat fréquent parmi ceux qui anticipent l’effondrement est qu’il vaudra mieux être dans les campagnes que dans les villes, ainsi de la « solution survivaliste » clef en main ou des communautés solidaire permacoles. Dans le monde ancien et médiéval, les rares villes atteignant le million d’habitants, comme la Rome impériale ou la Bagdad abbasside dépendaient du drainage des productions agricoles de vastes ères géographiques. En dehors de ces cas exceptionnel, la taille des villes était étroitement limitée : dans l’Europe médiévale seuls Paris et quelques villes italiennes approchaient les 100 000 habitants. Sans pétrole, une ville de plusieurs dizaines de million d’habitant est donc difficile à envisager. Les approvisionnements sont fragiles : lors des famines de 1693, les péniches porteuses de céréales envoyées vers Orléans par la Loire sont ainsi arrêtées de force par les habitants de Blois qui refusent de voir partir ces approvisionnements. Ainsi, on peut supposer en cas d’effondrement une mosaïque de régions juxtaposant des villes qui continuent à centraliser une entité de complexité restreinte, et d’autres où les formes urbaines, incapable de maintenir la complexité nécessaire à leur existence, disparaîtraient. Les premières se maintiendraient en pressurant toujours d’avantage les ressources et les campagnes. Une répression sera d’autant plus violente qu’une population réduite facilite les massacres par soldats et mercenaires en rupture de solde, mieux armées et aguerris que les paysans. Les villes apportent au contraire une relative sécurité du fait de l’organisation de milices défensives urbaines ou de forces armées. En résumé, les villes sont les lieux où ils est le plus facile de conserver ou de reconstituer sécurité, pouvoir et concentration de ressources ; dans le même temps elles sont dangereuses car les phénomènes d’effondrement y sont exacerbés et car leur stabilité dépend d’un pouvoir qui maintienne la sécurité.

Jean Autard, texte de septembre 2017 pour l’institut Momentum

Cultiver la nature en ville ou désurbanisation ?

extraits : Certains essayent désespérément de trouver des solutions agricoles en milieu urbain. Il y a les tentatives de villes en transition (Rob Hopkins), la bonne idée des AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), la vogue des locavores, les incroyables comestibles, etc. Mais les villes étendent leurs tentacules dans toutes les directions et stérilise toujours plus loin les sols. Les bétons et goudrons de la capitale française ne se prêtent pas aux plantations en pleine terre. La solution de long terme se trouve dans la désurbanisation, l’exode urbain qui succédera à l’exode rural. Rappelons-nous. Vers 650 de notre ère, un effondrement vertigineux a frappé l’empire romain. La cité de Rome comptait près de 700 000 habitants, il n’y en avait plus que… 20 000. Après l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle, nous redeviendrons paysan ….

Pic de l’urbanisation, effondrement d’une civilisation (2012)

extraits : Les grandes villes de l’Inde sont une lèpre, l’agglomération d’individus dont la raison d’être est de s’agglomérer par millions, quelles que puissent être les conditions de vie : ordure, désordre, ruines, boue, immondices, urine. La vie quotidienne y paraît être une  répudiation permanente de la notion de relations humaines. Un tiers des 1 210 000 000 d’Indiens habite en ville et le taux de croissance urbaine est de 2,4 %, soit un doublement en trente ans. Cette urbanisation féroce est principalement due à la fécondité, l’exode rural n’en représentant plus qu’un cinquième.Comme il y a le pic pétrolier, le pic de phosphore, le peak fish… il y  aura bientôt le pic de l’urbanisation. Nous reviendrons bientôt au ruralisme militant de Gandhi qui privilégie les campagnes, l’agriculture vivrière et l’artisanat de proximité ….

désurbanisation (2009)

extraits : L’urbanisation croissante est un élément de cette anthropisation forcenée de notre planète qui a accompagné la révolution industrielle dès le XIXe siècle. Mais au lieu d’être progressive, l’explosion urbaine est devenue selon les termes mêmes du Monde (22 septembre) « violente »,quand les habitants des bidonvilles constituent déjà en moyenne 36 % des citadins dans les pays dits « en développement », cela veut dire que ce n’est pas une urbanisation gérable, ce n’est donc pas une évolution durable. Jamais on ne pourra mettre de l’électricité, de l’eau courante et des routes goudronnées partout. Jamais on ne pourra mettre en place des services urbains à la portée de tous. Jamais on ne pourra trouver un emploi à cet afflux de main d’œuvre. Jamais il n’y aura assez de policiers (étymologiquement « créatures de la cité ») pour contrôler une société non policée….

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Les villes soumises aux catastrophes

Les images laissent pantois : le feu qui a frappé Los Angeles depuis le 7 janvier 2025 paraissait inarrêtable. Comment ne pas comprendre que cet événement est désormais appelé à être moins exceptionnel qu’ordinaire ; il témoigne de l’extrême fragilisation de nos habitats humains, qu’on peut observer partout, à l’échelle terrestre. Une expansion urbaine et suburbaine tous azimuts, fondée sur le droit sacré de construire sa maison au mépris de toute précaution, basée sur la primauté absolue des mobilités routières, sur la débauche énergétique, sur la surconsommation des ressources en eau.. . Les catastrophes urbains deviennent monnaie courante.

Michel Lussault, géographe : « La puissance du capitalisme technologique est un théâtre d’ombres devant les effets cumulatifs du changement écologique global. Prenons Los Angeles comme un emblème de la mise en péril de nos capacités d’habiter, qui concerne l’entièreté de la terre. L’urbanisation planétaire ne cesse de bouleverser l’intégralité de l’espace. Elle a fragilisé l’état de la « zone critique », cette fine pellicule entre la basse atmosphère et le sous-sol, où se réalisent les interactions entre l’air, l’eau, le vivant et les sociétés.L’urbanisation et ses besoins sont l’élément moteur du « forçage » des systèmes biophysiques planétaires. Il nous faut inventer une nouvelle urbanité terrestre qui permette d’assurer la soutenabilité de la cohabitation entre humains et non-humains. »

Le point de vue des écologistes désurbanisés

Michel Lussault occulte le fait qu’on ne l’a pas attendu pour édicter des règles d’urbanisme tenant compte des risques environnementaux : incendies de forêt, submersions marines, entreprises dangereuses, etc. Mais quand on s’en exonère comme les bidonvilles détruits par le cyclone à Mayotte ou des favelas submergées par des glissements de terrain au Brésil, il ne faut s’étonner du résultat.

Michel Lussault oublie surtout un paramètre important, le poids démographique de l’humanité. 8,2 milliards de personnes, cela entraîne forcément l’entassement dans des villes. Alors que plus de 55 % des humains vivent déjà en ville, ce taux devrait atteindre 68 % d’ici à 2050. Les villes accueilleront alors 7 milliards d’habitants. C’est invivable et ingérable. La bidonvillisation du monde ne fait que commencer. Pourtant on rêve encore de renouer les liens distendus avec la nature, « ce poumon vert qui dope notre santé ». Et Michel Lussault croit encore à une « nouvelle urbanité terrestre » alors que nous allons vers les 10 milliards de terriens. Sans planning familial, no future.

Le bilan actuel qu’offre à nos yeux notre mode de vie reste encore « globalement favorable ». Le risque d’incendie ou de submersion est un paramètre, un parmi d’autres, des conduites individuelles. Il ne peut dissuader à lui seul d’acheter un SUV et de mettre la clim. Il faudra beaucoup de catastrophes, beaucoup plus fréquentes et qui concerneront directement plus de monde pour espérer un changement. C’est donc le réchauffement climatique qui permettra de combattre le réchauffement climatique. Bien sûr il sera « trop tard » mais ceux qui ont une sensibilité écologique auront le plaisir d’avoir eu raison les premiers.

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La bidonvillisation du monde ne fait que commencer

extraits : Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient… Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la structurelle vulnérabilité des grandes régions urbaines….

Désurbanisation ou ville autarcique ?

extraits : Tandis que 30 % de la population mondiale vivaient dans les zones urbaines en 1950, cette proportion est passé à 47 % en 2000 et devrait atteindre 60 % en 2030 et 70 % en 2050. En France, c’est déjà plus de 82 %. On assiste véritablement à « l’explosion de l’urbain », il s’agit d’un processus généralisé d’artificialisation de la vie. La vie dans les grandes villes brise les cycles naturels et nous coupe de notre lien intime avec la nature.La solution n’est pas dans les low tech, mais dans la désurbanisation, l’exode des urbains vers la ruralisation. Utopie ? Vers 650 de notre ère, un effondrement vertigineux a frappé l’empire romain. La cité de Rome comptait près de 700 000 habitants lors de sa gloire, il n’y en avait plus que 20 000 au final….

 

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Incendie à Los Angeles, juste retour des choses

Les Jeux Olympiques à Los Angeles en 2028 sont bien compromis !!! Chouette !

Aaron Paley : « C’est la fin d’une époque. Nous sommes à un point d’inflexion. Ce qui se passe actuellement ici à Los Angeles, ce n’est pas comme un incendie ordinaire. C’est comme une guerre. Il y a des feux partout, du danger partout, un stress incroyable. Tout le monde se sent menacé. Normalement, une catastrophe naturelle a une durée limitée. Le tremblement de terre dure quelques secondes. Un ouragan passe. Ici, ça fait cinq jours et ça va peut-être continuer… Le changement de climat est partout. Ce qui va arriver au monde entier est visible sur la carte de Los Angeles actuellement. Tellement visible qu’on ne peut plus refuser de le voir. En 1926, les électeurs ont rejeté le métro. Ils ont protesté en disant que l’avenir, c’était la voiture. En 1930, la chambre de commerce a été saisie d’un plan d’urbanisme qui visait à créer des grands espaces verts, des terrains de jeu pour les enfants, on l’appelait le « collier vert ». Il a été ignoré. Les autorités ont préféré construire le plus possible… »

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La bidonvillisation du monde ne fait que commencer

Alors que plus de 55 % des humains vivent en ville, ce taux devrait atteindre 68 % d’ici à 2050. Les villes accueilleront alors 7 milliards d’habitants. Invivable, ingérable. Pourtant on rêve encore de renouer les liens distendus avec la nature, « ce poumon vert qui dope notre santé ».

Florence Rosier : Le lien millénaire que les humains ont tissé avec la nature, de fait, s’est considérablement distendu, quand il ne s’est pas rompu. Des professionnels de santé prescrivent des immersions dans la nature pour améliorer notre bien-être physique et mental. En 2021, un urbaniste néerlandais a proposé la règle des 3-30-300 pour la végétalisation des villes : chaque citadin devrait pouvoir voir au moins trois arbres de son domicile, vivre dans un quartier avec au moins 30 % de surface arborée, et habiter à moins de 300 mètres d’un espace vert. Si chaque ville plantait, dans tous ses quartiers, des espaces verts d’une densité égale à celle de ses quartiers les plus verts, la mortalité serait réduite de 3 % à 7 % . Mais le le verdissement des quartiers se traduit souvent par une gentrification. Les prix des logements augmentent, et les populations défavorisées s’en vont.

Du point de vue de la désurbanisation écologique

Un chercheur digne de ce nom peut-il appeler « Nature » ces espaces verts aseptisés que nous connaissons en ville ? Imaginer que des villes qui enfermeraient 7 milliards d’habitus en leur sein en 2050 est quelque chose d’acceptable, c’est ne pas connaître la bidonvillisation du monde et ses innombrables problèmes. En 2015 déjà, près de la moitié de la croissance urbaine se fait dans les bidonvilles.

Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient… Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la structurelle vulnérabilité des grandes régions urbaines.

Le terme « bidonvillisation » dans LE MONDE

Près de la moitié de la croissance urbaine se fait dans les bidonvilles (LE MONDE du 22 janvier 2015)

extraits : Le Forum économique mondial de Davos, dans son rapport annuel « Global Risks » publié en préambule du sommet qui s’est ouvert jeudi 21 janvier 2015 pour quatre jours. Ce rapport, qui dresse chaque année la liste des risques qui menacent la planète, consacre pour la première fois un chapitre entier à « l’urbanisation rapide et incontrôlée ». Selon l’ONU-Habitat, plus d’un milliard de personnes, soit un tiers de la population urbaine, vit dans des bidonvilles. En Afrique subsaharienne, c’est 62 % des urbains qui habitent dans des quartiers précaires. Ce phénomène de « bidonvillisation » concentre à lui seul plusieurs des risques considérés comme ayant un fort impact pour la planète dans les années à venir : instabilité sociale, épidémies, crise de l’eau, adaptation insuffisante au changement climatique. Les risques de diabète, de maladies respiratoires chroniques, de maladies cardio-vasculaires ou de cancers qu’engendrent la malnutrition, l’inactivité physique, la consommation d’alcool, de tabac, la pollution affectent les grands centres urbains, dans les pays développés comme en développement….

Les excessives vérités de René Dumont (LE MONDE du 20 juin 2021)

extraits : René Dumont est mort le 18 juin 2001à 97 ans. La misère du monde, dont il est un des rares spécialistes à avoir une connaissance de proximité, le rendait prodigieusement hargneux. Quitte à paraître excessif et à passer pour infréquentable, Dumont hurle son diagnostic : famines, croissance démographique insoutenable, inégalités croissantes, « mal-développement », « bidonvillisation », guerres, épuisement des sols et des ressources, dérèglements climatiques, rupture des écosystèmes… A écouter l’agronome, l’Apocalypse chevauche l’horizon. Trop, c’est trop ! Il est effectivement « trop ». Trop écolo pour les socialistes, trop rouge pour les écolos, trop empirique pour les marxistes, trop étatiste pour les libéraux, trop agronome pour les économistes, trop socio-économique pour les agronomes, trop pragmatique pour les scientifiques, trop enflammé pour les universitaires, trop modéré pour les militants, trop exigeant pour les tiers-mondistes, trop anticonformiste pour les pouvoirs….

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Désurbanisation ou ville autarcique ?

extraits : Tandis que 30 % de la population mondiale vivaient dans les zones urbaines en 1950, cette proportion est passé à 47 % en 2000 et devrait atteindre 60 % en 2030 et 70 % en 2050. En France, c’est déjà plus de 82 %. On assiste véritablement à « l’explosion de l’urbain », il s’agit d’un processus généralisé d’artificialisation de la vie. La vie dans les grandes villes brise les cycles naturels et nous coupe de notre lien intime avec la nature.La solution n’est pas dans les low tech, mais dans la désurbanisation, l’exode des urbains vers la ruralisation. Utopie ? Vers 650 de notre ère, un effondrement vertigineux a frappé l’empire romain. La cité de Rome comptait près de 700 000 habitants lors de sa gloire, il n’y en avait plus que 20 000 au final….

Cultiver la nature en ville ou désurbanisation ?

extraits : Certains essayent désespérément de trouver des solutions agricoles en milieu urbain. Il y a les tentatives de villes en transition (Rob Hopkins), la bonne idée des AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), la vogue des locavores, les incroyables comestibles, etc. Mais les villes étendent leurs tentacules dans toutes les directions et stérilise toujours plus loin les sols. Les bétons et goudrons de la capitale française ne se prêtent pas aux plantations en pleine terre. La solution de long terme se trouve dans la désurbanisation, l’exode urbain qui succédera à l’exode rural….

 

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Un peuple autochtone « non contacté », bravo

Hommage aux derniers résidus de terres sauvage pour des humains en phase avec leur milieu.

Anne-Dominique Correa : Ils ont les cheveux mi-longs très noirs, de fines moustaches et des corps musclés dénués de tatouages ou de bijoux. C’est ce que montrent les images inédites d’un groupe de jeunes hommes du peuple Massaco, l’une des vingt-huit communautés indigènes « non contactées », c’est-à-dire sans interaction avec l’extérieur. Sur la terre indigène massaco (421 895 hectares), dans l’Etat du Rondônia, dans le nord-ouest du Brésil, il y aurait entre 200 et 250 personnes. Le Brésil a mis en place en 1987 cette politique de « non-contact » avec les populations autochtones. La stratégie de relations pacifiques avec les peuples isolés s’était soldée par la propagation d’épidémies fatales pour ces derniers. Depuis, le Brésil a opté pour le respect de l’autarcie de ces peuples et a défini 800 « terres indigènes », qui représentent 14 % du territoire du pays, où toute forme d’exploitation économique est interdite.

Le point de vue des écologistes ethnologues

On peut douter qu’il existe encore des peuples qui ne sachent pas du tout que le reste du monde existe. Ce sont certainement des groupes qui ont fait le choix délibéré de ne pas s’ouvrir su l’extérieur. C’est comme pour l’île North Sentinel, les locaux savent que les bateaux à moteur et les avions existent, mais ils n’en veulent pas, c’est un choix conscient.

De tous temps, le premier cadeau qu’Homo Sapiens a apporté aux terres vierges par sa présence de civilisé a été la maladie et la destruction. Entre 80 et 90 % des Indiens d’Amérique ont été décimés. Les grands oiseaux de Nouvelle-Zélande ont totalement disparus, les grands mammifères d’Amérique du Sud ou les chevaux qui y vivaient ont été exterminés par les Clovis. Les Neandertal ou les Denisova ont disparu juste après leurs premiers contacts avec HS, etc, etc…

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Il ne faut pas venir emmerder les autonomistes

extraits : John Chau voulait voir la tribu des Sentinelles, considérée comme la plus isolée de la planète. Ses membres vivent en autarcie depuis soixante mille ans sur l’île de North Sentinel dans l’océan Indien. John a reçu une volée de flèches dès qu’il a posé le pied sur leur île, il en est mort. Il voulait « faire aimer Dieu » et avait débarqué sur l’île avec sa bible. Si les premiers colonisateurs venant d’Europe avaient été abattus dès leur arrivée en Amérique, nous n’aurions pas connu la planète au pillage ni provoqué le réchauffement climatique…

NB: La consanguinité est certes mortifère sur un certain nombre de générations, jusqu’à ce que les caractères létaux aient disparu… par une action continue de sélection des aptes.

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l’année 2025 ne sera pas pire que les précédentes

Une bonne nouvelle, l’année 2025 ne peut pas être pire que les années précédentes. Des endémies multiples (Covid-19, H5N1, etc), des guerres multiples et même mondialisées, des famines multiples et structurelles, des gouvernements tendance dictatoriale et des démocraties en panne même en France, des inondations extrêmes et des sécheresses sans compter les ouragans, des femmes qui sont emmurées dans leur propre maison et des hommes qui servent de chair à canon, une télé de merde et des réseaux sociaux décervelant, des usines qui ferment et d’autres qui maintiennent en esclavage, des économistes politiciens qui psalmodient « croassance croassance » et justifient des inégalités extravagantes, etc., etc.

C’est pourquoi nous vous proposons la recette pour atteindre la bonheur dans ce monde de brut et de brutes.

Beaucoup de choses peuvent apporter une joie intense, un dernier verre, le but marqué par son équipe, la mort de son ex-femme,… liste non limitative. Mais ce qui devrait être source de béatitude, c’est notre contact avec la nature. Communier avec la nature n’est pas une pratique très compliquée. Il suffit de sortir de chez soi, sortir de la ville, sortir de sa bagnole, se retrouver en contact direct avec mère Nature. En immersion, de préférence sans avoir à payer quoi que ce soit. Faut en profiter avant qu’il soit trop tard, de la nature il ne reste plus grand chose.

Cécile Cloutour : « J’ai 9 ans. Le soleil s’est couché, mais nous restons sur la plage. Ma sœur et moi sommes assises face à la mer. A quelques mètres de nous, mon père et trois cousins commencent à chanter, a cappella, les premières phrases du Cantique de Jean Racine, de Gabriel Fauré. Je suis détendue, relâchée, heureuse. Face à nous, au loin, un orage d’été éclate. Les éclairs déchirent et illuminent le ciel sans un bruit. Moi, petite citadine, je n’ai pas l’habitude de contempler un spectacle aussi majestueux. Des années après, en étudiant l’art romantique, j’ai compris que ce moment relevait du sublime. Il y avait une résonance entre la nature et l’harmonie du cantique. Je ne suis pas croyante, mais il y avait une forme de sacré. Tous mes sens étaient alignés pour apprécier cet instant. »

Ted Kaczynski : En vivant au contact de la nature, on découvre que le bonheur ne consiste pas à chercher toujours plus de plaisir. Il réside dans le calme. Une fois que vous avez apprécié le calme suffisamment longtemps, vous développez vraiment un sentiment de rejet à la seule évocation de plaisirs excessifs. Vous pouvez parfois rester assis pendant des heures à ne rien faire, à écouter  les oiseaux,  le vent ou le silence, à observer les ombres qui se déplacent avec la course du soleil. Et vous ne connaissez pas l’ennui. Vous êtes seulement en paix, à admirer la neige d’une blancheur immaculée et les rayons de soleil filtrant au travers des pins. Je laisse entrer en moi le silence et la solitude. La chose la plus pénible de ma vie ? La pire chose que j’ai connue au cours de ma vie dans les bois fut l’envahissement progressif de la nature par la civilisation moderne…

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Notre très inquiétante séparation d’avec la nature

extraits : Que reste-t-il de la vraie nature dans nos villes, nos intérieurs aseptisés, nos supermarchés climatisés, nos jardinets engazonnés, nos autoroutes embouteillés et nos parcs d’attraction ? A la maison, à l’école ou au travail, quand sommes-nous en contact sensoriel avec la texture de la terre, la lumière, les cycles de la terre, les esprits des arbres, la puissance de la vie ? Où et comment apprenons-nous cela ? De par leur formatage intérieur dès la petite enfance, nombre de personnes sont – existentiellement et émotionnellement – trop séparées de la nature pour être véritablement touchés par les maux qui l’affectent. Fruit de la modernité, la culture de la société industrielle est déconnectée de son substrat naturel. Nous savons notre impact écologique négatif, mais nous n’y prêtons guère attention, car la nature ne fait plus vraiment partie de notre être et de notre vie….

Malicorne, la nature menacée

extraits : La nature semble s’être engagée dans une situation qui pourrait bien se retourner contre elle. Elle a mis au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre. Avec le développement de la science et de la technologie, l’homme modifie considérablement la planète qu’il habite. Il aménage la nature et transforme la campagne. A part les paysages arctiques, toutes les régions ont été plus ou moins altérées par sa présence. Rien ne lui résiste. Son influence est singulièrement accélérée par l’apparition de la civilisation occidentale qui n’a plus, comme les cultures traditionnelles, le respect de la nature. Un grand nombre de biotopes et d’espèces vivantes disparaissent. Les forêts se rétrécissent et les sous-bois deviennent des parkings. L’asphalte et le béton sont les manifestations de cette nouvelle et menaçante monotonie. Vue sous l’angle  « l’homme hors de la nature », l’arrivée de l’être humain apparaît ici comme une catastrophe cosmique….

Rejoignez notre Alliance des gardiens de Mère Nature

extraits : Nous, gardiens et enfants de la Terre Mère, peuples indigènes et alliés, nos prophéties, notre sagesse et nos savoirs nous ont permis de constater que la vie sur la Terre Mère est en danger et que l’heure d’une grande transformation est arrivée. Nous appelons l’humanité à prendre des mesures pour protéger le caractère sacré de l’eau, de l’air, de la terre, du feu, du cycle de la vie et de tous les êtres humains, végétaux et animaliers. Il est vital de transformer notre approche de la nature en l’envisageant non comme une propriété, mais un sujet de droit, garante de la vie… Nous devons évoluer vers un paradigme basé sur la pensée et la philosophie indigènes, qui accorde des droits égaux à la Nature et qui honore l’interrelation entre toute forme de vie…..

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Narendra Modi, l’impérialisme éradicateur

Dès fois j’ai envie de pleurer en écrivant un article… surtout quand il s’agit d’éliminer tous les derniers vestiges de notre vie d’avant.

Située à 1 800 kilomètres de la pointe sud de l’Inde, couverte à 95 % de forêts tropicales primaires et de mangroves, peuplée d’espèces endémiques, riche de lagons, récifs coralliens et plages de sable blanc, Grande Nicobar constitue encore une des terres presque vierges en Inde. Elle s’étend sur 910 kilomètres carrés, mais ne compte que 9 000 habitants, dont deux groupes indigènes isolés, les Nicobarese (environ 1 000 membres) et les Shompen (entre 200 et 300), seuls habitants de l’île jusqu’en 1969. Mais l’archipel d’Andaman-et-Nicobar appartient à l’Inde, donc à Narendra Modi !

Sophie Landrin : Le gouvernement du nationaliste Narendra Modi a donné son feu vert, en 2022, à un vaste plan imaginé par le NITI Aayog, son principal cercle de réflexion, pour développer économiquement l’archipel. L’île devrait accueillir, d’ici à 2052, 650 000 habitants. Les promoteurs ne cachent pas leurs buts : positionner l’île en acteur majeur du transbordement de marchandises, créer une zone de libre-échange de « classe mondiale », capable d’offrir une « alternative à Hongkong » et renforcer la présence stratégique de l’Inde dans l’océan Indien. L’impact environnemental va être considérable sur l’île et en mer. Le projet pourrait entraîner le génocide des Shompen. Le ministère de l’environnement, des forêts et du changement climatique a délivré l’autorisation environnementale finale en novembre 2022. L’omniprésent conglomérat de Gautam Adani, le magnat proche de Narendra Modi, figure parmi les entreprises candidates.

En 1956, le gouvernement indien avait délimité la quasi-totalité de l’île (751 kilomètres carrés) en tant que « réserve tribale », la destinant à l’usage exclusif des peuples indigènes Shompen et Nicobarese et interdisant tout empiétement. En 2013 Le petit paradis de Grande Nicobar avait été classé par l’Unesco comme réserve de biosphère et accessible aux étrangers uniquement sur autorisation préalable, a été miraculeusement préservé du tourisme et de la modernité.

Le point de vue des écologistes

La nature est mal faite, elle a sélectionné un prédateur sans pitié qui sait éradiquer tout ce qui existe et se protéger contre presque toute les formes du vivant. Homo, plutôt demens que sapiens, a utilisé des armes de plus en plus sophistiquées pour arriver à ce résultat pitoyable : il se retrouve de plus en plus seul sans forêts primaires ni eau naturellement potable, au milieu de ses surfaces goudronnées et de ses immondices, acculé à retourner ses armes contre ses semblables pour s’accaparer les dernières ressources vitales. Comme l’écrivait Pierre Jouventin, « L’homme, cet animal raté » !

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L’origine des guerres, la spoliation des paysans

extraits : Chez les peuples de chasseurs-cueilleurs, les conflits étaient brefs et peu sanglants ; ils cessaient souvent lorsqu’un homme était tué, voire seulement blessé. Le chef, dans ces sociétés premières, n’est pas celui qui tape ou crie le plus fort, mais celui qui organise le partage. La bifurcation décisive a eu lieu durant le néolithique, marqué par l’apparition de l’agriculture, de la sédentarisation, des villes et des premiers États…..

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L’anthropocentrisme mis en échec en Espagne

L’IPBES, l’équivalent pour le biodiversité du GIEC (cf notre article précédent du 19 décembre) n’envisage pas la méthode juridique la plus efficace pour protéger un pan de la biodiversité, lui donner une personnalité juridique. Ainsi ce qui vient d’arriver en Espagne.

Le tribunal constitutionnel espagnol a confirmé le 20 novembre 2024 la constitutionnalité de la loi accordant une personnalité juridique à la lagune de Mar Menor, dévastée par la pollution. La Mar Menor, située dans la communauté autonome de Murcie, en Espagne, est la plus grande lagune d’eau salée d’Europe. Jadis trésor de biodiversité, elle est désormais étouffée par les dysfonctionnements cumulés du tourisme, de l’agriculture et des industries minières. Nous commençons à reconnaître une valeur intrinsèque à la nature, mais nous aurons encore beaucoup trop détruit avant de devenir raisonnable.

Marie-Angèle Hermitte et l’avocate Marine Yzquierdo : Le Parlement espagnol avait voté le 30 septembre 2022, une loi reconnaissant à Mar Menor une personnalité juridique pour défendre ses droits à exister et à évoluer selon une « loi écologique » qui lui permette de se maintenir face aux pressions anthropiques. La loi prévoit la création d’un « tutorat » composé de trois organes : un comité des représentants (administrations publiques et citoyens des municipalités côtières) ; un comité de suivi assuré par les gardiens de la lagune ayant déjà défendu l’écosystème ; et un comité scientifique. En outre, toute personne physique ou morale pourra intenter une action et parler au nom de la lagune pour défendre ses droits devant un tribunal compétent. Mais, aussitôt votée, la loi fut déférée devant le Tribunal constitutionnel par 52 députés du parti d’extrême droite Vox. Ils soutenaient qu’en accordant la personnalité juridique à une entité naturelle, la loi avait assimilé une lagune à l’être humain, lui conférant une dignité que la Constitution espagnole, d’inspiration anthropocentrique, réserve aux humains. Selon Vox, seul l’être humain pourrait avoir liberté, dignité, conscience et responsabilité. Le Tribunal constitutionnel a intégralement rejeté ce recours. Le jugement affirme que le bien-être des personnes humaines dépend du bien-être des écosystèmes qui « soutiennent la vie ». Il consacre donc une obligation de solidarité intergénérationnelle, qui implique de conserver et d’améliorer l’environnement naturel afin que les générations futures puissent jouir de leurs droits fondamentaux dans des conditions équivalentes à celles que nous connaissons aujourd’hui. Il identifie « deux grandes logiques » : celle issue de la Constitution de l’Equateur, qui attribue des droits à la nature, rejointe par la Bolivie ou la Nouvelle-Zélande, et celle des grandes décisions climatiques. Dans ce contexte, le Tribunal constitutionnel voit dans la loi de la communauté de Murcie le premier acte « euro-méditerranéen » du modèle qui attribue la personnalité juridique à des entités naturelles.

C’est la consécration du passage « du paradigme de protection de l’anthropocentrisme le plus traditionnel à un écocentrisme modéré ». Pour le Tribunal constitutionnel cette personnalité juridique, donnée à la nature renforce la dignité humaine, valeur juridique fondamentale. En effet, une vie digne n’est possible que dans des milieux naturels fonctionnels, l’humanité étant en symbiose avec un environnement qu’elle peut transformer, mais qu’elle ne doit pas détruire si elle veut survivre.

Le point de vue des écologistes

On pourra noter la constance de l’extrême droite à systématiquement soutenir toute activité porteuse de destruction et de mort. Continuons à scier la branche sur laquelle nous sommes assis, la chute sera très lourde. Trop d’humains nuisent à la sainte nature. Notons aussi que l‘Espagne gaspille les ressources hydriques pour une agro-industrie massivement polluante, totalise environ 100 000 ha de cultures sous serre et bétonne la totalité de son littoral. Il n’y a pas que la lagune de Mar Menor à protéger.

Mais l’évolution législative va dans le bon sens, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. On reconnaît une personnalité juridique à certains éléments de la nature. A la fin des années 1970, Arne Naess avait formulé avec George Sessions une offre de « plate-forme de l’écologie profonde » en huit points dont voici les trois premiers que tout Terrien devrait connaître par cœur :

1) le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains.

2) la richesse et la diversité des formes de vie contribuent à l’accomplissement de ces valeurs et sont également des valeurs en elles-mêmes.

3) sauf pour la satisfaction de leurs besoins vitaux, les hommes n’ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité.

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Les droits de la nature, à ne pas oublier

extraits : Des fleuves, des montagnes, des forêts se voient progressivement reconnaître comme des personnes juridiques, quand ce n’est pas la nature dans son ensemble – la Pachamama (la Terre Mère) – qui est promue sujet de droit. Cette mutation se heurte toutefois à de fortes oppositions. Si la confrontation semble à ce point radicale, c’est sans doute qu’au-delà de la querelle juridique, les droits de la nature portent en germe une transformation profonde de la pensée, une révolution copernicienne qui bouscule la vision anthropocentrique du monde et ouvre de nouveaux champs de réflexion sur les mutuelles dépendances entre humains et non-humains. C’est aux Etats-Unis que le juriste Christopher Stone élabore, en 1972, la première théorie juridique des droits de la nature : Les arbres doivent-ils pouvoir plaider ? Les arbres dont il est question sont de vénérables séquoias géants multimillénaires de la Mineral King Valley en Californie….

Débat feutré entre l’anthropocentrisme et le biocentrisme

extraits : La très grande majorité des personnes ont une  conception de la nature anthropocentrée. Un écolo véritable pensent que c’est une mauvaise base de départ. Mais nous n’avons pas à jeter l’invective, il faut seulement privilégier le raisonnement. En effet les écologistes n’ont pas d’adversaire puisque toutes les personnes sont potentiellement des écologistes. Nous n’avons donc que des personnes à convaincre. Bien souvent d’ailleurs la « confrontation » porte simplement sur une différence de définition des concepts. Exemple de débat….

anthropocentrisme, bio- ou écocentrisme, que choisir ?

extraits : Un insecte possède un cerveau, plus petit que celui d’un humain sans doute, mais un cerveau quand même. L’escargot est également doté d’un ganglion cérébral, et d’un cœur avec une seule oreillette et un seul ventricule, mais un cœur tout de même. Le schéma d’organisation du vivant est assez similaire d’un bout à l’autre de la planète, homo sapiens ne constituant pas une exception ! Pourtant certains croient encore à la spécificité humaine, fabulant que l’Homme est à l’image de dieu et la Terre au centre de l’univers. Ils font preuve d’anthropocentrisme, l’homme (anthrôpos) au centre. Contre ce nombrilisme qui oppose l’homme à la nature, une autre éthique est possible, le biocentrisme : on accorde une valeur intrinsèque à chaque être vivant (bio-), qu’il soit d’ailleurs animal ou végétal. Pour une petite minorité de gens éclairés, il faut aller encore plus loin.….

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Big History vers le royaume des Ténèbres ?

Nous devrions abandonner l’histoire particulière des groupes ethniques particuliers au profit de la big history, une vision à large échelle qui démarre au moment du big bang et se déroule jusqu’au monde contemporain. C’est l’histoire globale qui seule devrait importer, l’histoire commune des humains et des non-humains, une histoire universelle qui ne se limite pas à l’histoire de la race humaine et de notre ethnie particulière. Il s’agirait d’appréhender le monde comme un tout, depuis l’origine de l’univers, des galaxies et du système solaire  jusqu’aux sociétés agraires et l’anthropisation de notre monde. Mais il ne faut jamais sous-estimer la bêtise humaine, la fin de l’histoire n’est pas écrite même si la chute de la civilisation thermo-industrielle est inscrite dans son croissancisme éradicateur.

Valentine Faure : Dans les années 1980, le courant de l’histoire globale entendait transcender les cadres historiques nationaux ou régionaux pour mieux penser les dynamiques économiques, technologiques et environnementales du monde actuel.

Dans la lignée, Yuval Noah Harari et ses livres appartiennent à un courant appelé Big History (« grande histoire »), sous la bannière duquel on peut ranger l’Américain Jared Diamond, « Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ». Pour Harari , « si on ne fournit pas aux gens un grand récit du monde, ils auront une autre vue d’ensemble en tête – une mythologie, une histoire religieuse ou des récits nationaux. La seule chose qui puisse remplacer une histoire est une autre histoire. Et si la vôtre est meilleure, les gens l’accepteront. » Que faut-il entendre par « meilleure » ? « D’une part, une histoire plus attachée aux valeurs et aux dernières découvertes de la science ; d’autre part, une histoire répondant au besoin profond des êtres humains de donner un sens à leur vie et au monde. » La Big History s’assigne ainsi un large but : elle promet de combler le vide existentiel laissé par l’érosion en cours des croyances religieuses .

Le point de vue des écologistes historiens

Du long détour par l’histoire vue par Harari, on reste sur notre faim. Par exemple s’il prête à l’Intelligence Artificielle un pouvoir potentiellement apocalyptique, il invite seulement à faire des choix éclairés à partir « d’institutions dotées de puissants mécanismes d’autocorrection ». Lesquels ? C’est qu’il estime que sa mission s’arrête. Aucune vision du futur. Comment penser l’Histoire, quels déterminants la façonnent ? Les religions ont essayé et elles nous ont entraînés dans des guerres de religions. Les Grands conquérants n’ont jamais « réunifié » le monde. Karl Marx y invitait, mais on voit en Ukraine ce que l’URSS est devenue. Les nouveaux réseaux d’information, de l’Antiquité à aujourd’hui, ont privilégié l’ordre plus que la vérité, le pouvoir en place plutôt qu’un gouvernement des sages. Coutumier des sombres prophéties, Harari craint une possible plongée dans un « royaume des ténèbres » où la conscience humaine s’éteindrait.

On peut se rappeler d’un film dans lequel un professeur arrivait à son cours avec un mètre de saucisse, le déroulait, prenait un couteau et à son extrémité coupait quelques infimes millimètres et s’exclamait devant ses élèves : l’histoire de l’humanité a commencé à ce moment- de l’histoire de l’univers. Ça marque les esprits et inscrit l’espèce humaine dans sa temporalité, une chiure de mouche. Le seul espoir qui nous reste, c’est que nous prenions collectivement conscience que nous sommes sur une toute petite planète complètement isolée dans un espace infini. Il n’y a plus de frontières à outrepasser. Nous n’avons alors qu’une solution, gérer les affaires de la planète comme s’il s’agissait de notre propre famille. En clair, devenir tous écologistes…. et démocrates.

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L’histoire humaine, une succession de fantasmes

extraits : Nous n’apprenons rien de notre histoire collective. Pourtant les sociétés avancent, stabilisées par des imaginaires partagés… qui restent des imaginaires ! Donc la question de la fiction à laquelle s’identifier, identité locale, nationale, européenne ou cosmopolite … se pose. Il nous faut bâtir un nouveau récit collectif car une stratégie de changement naît d’un autre imaginaire… à construire. La difficulté actuelle consiste à amener l’idéologie nationaliste, qui bien souvent est née de la guerre et pour la guerre, à transmettre des valeurs de paix et de réconciliation….

Tout est fiction alimentée par l’histoire

extraits : Pour l’humanité, le problème politique majeur n’est pas de savoir comment nourrir des millions de gens, mais plutôt comment faire en sorte de les mettre d’accord. Il nous faudrait un imaginaire partagé. Il n’y a ni ordre naturel fixant le comportement humain, encore moins de révélations d’ordre divin pour régenter nos idées, il n’y a que des fictions qui se font passer pour émanant de la nature ou de la religion. Cet ordre imaginé va se faire passer pour réaliste et incontournable dès qu’il sera partagé par un groupe humain. C’est cette construction mythique qui va assure la cohésion du groupe. Ainsi le code Hammourabi, un texte juridique babylonien daté d’environ 1750 av. J.C., instaure d’une manière qu’on croyait définitive la hiérarchie noble/homme du peuple/esclave….

Le programme idéal d’histoire n’existe pas encore

extraits : Historiquement les profs d’histoire avaient une fonction identitaire, il fallait fabriquer des petits français. L’histoire humaine n’est pas celles des ethnies particulières, même pas celle des hominidés, elle est aussi ce qui récuse toute forme d’ethnocentrisme pour se centrer sur les relations de l’humanité et de la Biosphère. Ce qui importe, ce sont les histoires des déséquilibres que les pratiques agro-industrielles ont entraînés dans le passé comme dans le présent et les perspectives d’avenir souhaitable pour les générations suivantes mais aussi pour les non-humains…..

Écologie : changer d’histoire pour changer l’histoire

extraits : C’est au moyen d’histoires que nous, êtres humains, donnons une forme à nos pensées, nos espoirs et nos craintes. Avant même d’apprendre à lire et à écrire, nous entendons plus de 300 histoires au travers de contes de fée, de fables, de livres d’enfant lus par les parents. Le récit confère à notre vie une dimension de sens qu’ignorent les autres animaux. L’imagination précède l’action et les récits qui en découlent façonnent nos perceptions. Tandis qu’il semblait dans l’ordre des choses à un paysan du XIe siècle que le roi exerce sur lui un pouvoir de droit divin sans jamais lui demander son avis, un agriculteur du XXIe siècle va déverser des tonnes de lisier devant la préfecture s’il considère que le gouvernement ne fait pas ce qu’il devrait faire à son égard…..

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COP16 contre la désertification, le fiasco

Il y a autant de COP que de traités onusiens sur l’environnement. Acronymes de Conference of the Parties, elles en sont les organes de décision. Hasard du calendrier, la COP16 sur la biodiversité, COP29 sur le climat et COP16 de lutte contre la désertification ont eu lieu toutes trois en cette fin d’année 2024. On sépare les problèmes alors que l’efficacité des actions à mettre en place face à ces menaces globales dépend de la prise en compte des interactions. De toute façon, après les échecs sur la biodiversité et sur le climat, la convention des Nations unies réunie à partir du 2 décembre 2024 à Riyad(Arabie saoudite) n’avait aucune chance d’aboutir à quoi que ce soit. On a baissé le rideau avec un jour de retard, le samedi 14 décembre au matin, sans accord contraignant pour lutter contre la sécheresse…

1. Guillaume Delacroix : Les sécheresses menacent l’énergie, l’agriculture, le transport fluvial ou le commerce international, et peuvent « déclencher des effets en cascade, alimentant les inégalités et les conflits, et menaçant la santé publique ».  Aucun pays, quelle que soit sa taille, son PIB ou sa latitude, n’est à l’abri. A l’horizon de 2100, jusqu’à 5 milliards de personnes pourraient vivre dans des zones arides, plus du double par rapport à aujourd’hui. Face à cette « urgence planétaire », le sommet de Riyad est l’occasion pour les Etats de discuter d’une aide financière à apporter pour lutter contre la dégradation des sols : microassurance pour les petits exploitants agricoles, agroforesterie et « régénération », réutilisation des eaux usées, nouvelles technologies.

2. Guillaume Delacroi: L’homme a déjà transformé « plus de 70 % des terres émergées de la planète par rapport à leur état naturel », estime la FAO, avec « de lourdes conséquences sur les systèmes agroalimentaires ». Jusqu’au bout les délégués africains auront bataillé avec les Occidentaux pour obtenir l’adoption d’un protocole international contraignant de résilience à la sécheresse. En vain. Les grands bailleurs de fonds disaient trouver certains pays africains très intéressés par l’argent, mais trop imprécis dans l’expression de leurs besoins réels. En tout, plus de 12 milliards de dollars d’engagements ont été pris à la COP16. Or, en théorie, il faudrait investir « plus de 1 milliard de dollars par jour, entre 2025 et 2030 », pour lutter convenablement contre la désertification et restaurer les terres abîmées, d’après la CNULCD. Cela représente 2 600 milliards de dollars, soit l’équivalent exact des subventions nuisibles à l’environnement accordées chaque année dans le monde. Un texte spécifique a été adopté pour encourager les 196 Etats membres de la CNULCD à « éviter, réduire et inverser la dégradation des terres et des sols agricoles », en mettant en œuvre des solutions « fondées sur la nature ». Si l’objectif de restauration restait hors de portée, 20 % des écosystèmes naturels encore intacts pourraient être convertis en terres agricoles d’ici à 2050, pour répondre à la demande alimentaire croissante.

Le point de vue des écologistes malthusiens

Cette COP16 a échoué sur le financement, comme la COP29 sur le climat. Mais on sait que l’argent ne fera rien contre la désertification si ce n’est entretenir des nouvelles technologies risibles comme ramener à la vie des arbres morts ou utiliser un cocon végétal biodégradable ! Il est aussi étonnant de s’apercevoir que le journaliste Guillaume Delacroix n’aborde pas la question démographique. Or aucun pays, quelle que soit sa taille, son PIB ou sa latitude, n’est à l’abri de la surpopulation. Comme la surpopulation entraîne la désertification, il est absurde de ne considérer que le volet difficultés alimentaires. Il ne faudrait jamais oublier l’analyse de Malthus qui dès 1798 mettait en relation la croissance exubérante de notre population face à une production agricole limitée par la loi des rendements décroissants.

Mais les antimalthusiens diront qu’on va s’adapter, les bédouins vivent bien en plein désert… Certes, mais à la condition qu’ils soient peu nombreux et les oasis fertiles !

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COP climat, biodiversité, désertification !!!

extraits : La COP16 va durer deux semaines et maintenir les projecteurs braqués sur les problèmes étroitement imbriqués les uns aux autres auxquels est confrontée la planète. La désertification concerne tout le monde, car elle englobe l’avancée des déserts, certes, mais aussi la dégradation des sols et leurs pertes de fertilité, posant la question de la ressource en eau et de la sécurité alimentaire. Sur les 197 pays participant à la COP, 169 se sont déclarés affectés à ce jour. Actuellement, environ 2,3 milliards de personnes vivent dans des zones arides, soit 30,9 % de l’humanité….

La COP15 et l’inexorable désertification

extraits : La COP15 contre la désertification s’est achevé le 20 mai 2022 à Abidjan sans résultat probant alors que la moitié de la population mondiale est affectée par le phénomène. Les délégués des 196 États membres de cette convention des Nations unies se sont séparés avec comme seul objectif, se réunir à nouveau l’an prochain. Notez que la Côte d’Ivoire, le pays hôte de la conférence, a perdu en l’espace de soixante ans près de 90 % de son couvert forestier en raison de la culture intensive du cacao, dont elle exporte quasi intégralement les fèves à l’étranger. Déguster sa tablette de chocolat a un prix que le consommateur ne paye pas, la désertification….

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Penser la décroissance en l’an 2025

Voici notre production sur le blog biosphere il y a 20 ans, en 2005, sur le mouvement de la décroissance. Nous sommes bientôt en 2025 et pourtant nous pourrions écrire aujourd’hui les mêmes choses, la perception des limites outrepassées n’a fait aucun progrès dans les mentalités. Ce sera donc la catastrophe qui nous servira de pédagogie, si on peut encore parler pédagogie en temps de crises.

12.03.2005 Le développement durable (en kiosque)

C’est le titre d’un Hors-série (1er trimestre 2005) du mensuel « Alternatives économiques » qui montre que l’homme a modelé la Nature selon ses besoins jusqu’à la limite du désastre. On y voit aussi une photo de Maurice Strong, secrétaire de la première conférence onusienne sur l’environnement à Stockholm (9 juin 1972) arrivant en bonne compagnie à la réunion en vélo. On y aborde le réchauffement climatique, la montagne des déchets, le casse-tête énergétique, la question de l’eau et de la ville, on s’interroge : la seule solution, la dépopulation ? Mais G.Duval pense encore que la décroissance n’est pas un projet économique et politique de nature à répondre à la grave menace écologique qui nous menace. Pourtant il constate qu’il y a peu de réalisations à mettre au compte du développement durable, que chacun cherche à protéger les situations acquises et que la décroissance de la consommation d’énergies fossiles doit être mis en place rapidement. Pourtant il souligne aussi l’effet rebond (quand on accroît l’écoefficience, l’usage se développe et la consommation globale ne diminue pas). Mais pour lui la décroissance relève d’une vison du monde passéiste qui voudrait revenir à l’âge de pierre et aux inégalités entre homme et femmes. Il pense sans le démontrer que le salariat est une forme bien supérieure des rapports sociaux. Pour résumer, « Faudrait-il rétablir le féodalisme pour espérer sauver l’environnement ? ».

La Biosphère trouve profondément déplaisant ce genre de penseur qui, assis dans son fauteuil, minimise la nécessaire critique de la croissance économique en faisant dire aux décroissants des choses qu’ils n’ont jamais dites !

08.06.2005 Marche pour la décroissance

Partis de Lyon le 7 juin pour aller vers le circuit de Magny-cours, les militants de la décroissance veulent lutter contre les grands prix de formule 1, ce loisir anachronique réservé à une vingtaine de gosses de riches alors que le déclin de l’extraction pétrolière commence aujourd’hui et que le climat sera complètement déréglé demain. Plus généralement les décroissants désirent plus de liens et moins de biens car il n’y a pas le choix entre un changement des mentalités pour une adaptation maîtrisée ou une crise brutale et incontrôlable : la pétro-apocalypse.

La Biosphère pense que la décroissance n’est pas l’idéalisation du passé, mais un simple constat de réalité : la croissance dans un monde fini constituait l’impossible rêve de la classe globale, celle qui possède personnellement une automobile.

06.07.2005 Faites l’amour, pas la course

Les marcheurs de la décroissance sont arrivés à un jet de pierre du circuit de formule 1 de Magny-Cours. Ils disent : « Contre un divertissement d’entreprises automobiles qui veulent tourner en rond, contre cette stupidité monstrueuse qui nous assène que nous sommes forcément sur Terre pour l’emporter sur les autres, et avant d’en arriver à la pétro-apocalypse et sa régulation par le chaos, il faut devenir des missionnaires de la décroissance. »

Biosphère aime ce genre de discours…

14.07.2005 La décroissance, le journal de la joie de vivre

Ce bimestriel est aussi le journal de Casseurs de pub, il résume tout ce que la Biosphère voudrait que les humains pensent. Dans son numéro de juin-juillet 2005, le grand titre nous engage à « Vivre après le pétrole », avec dessin de la bagnole transformée en poulailler. Il nous tout ce qu’il faut savoir sur la marche des décroissants pour supprimer le Grand prix de France de F1, il fait une biographie du père de la décroissance, le mahatma Gandhi et indique qu’il faut aussi décroître l’armée. Une page entière sur le pic du pétrole (nous y sommes presque), c’est-à-dire le commencement de la fin, et un encadré sur la saloperie que nous n’achèterons pas, ce mois-ci la tondeuse à gazon. A chaque fois un petit reportage sur les éco-citoyens qui pratiquent la simplicité volontaire : on y voit Elke et Pascal vivre sans voiture et sans télé, ce qui donne le temps de s’occuper d’un jardin, mais qui vivent aussi dans le péché parce qu’ils ont un ordinateur et pratiquent la sexualité libre. Ils pensent que faire l’amour avec sa voisine ou son voisin ou les deux à la fois n’a pas de sens moral (ndlr, sauf si on fait trop d’enfants !), mais que prendre la voiture pour aller au boulot, ça, oui !

Les humains sont fait pour penser et pour vivre ce qu’ils pensent, mais la porte de l’avenir est très étroite quand on touche à la Biosphère, elle se referme aujourd’hui de plus en plus rapidement avec l’expansion de la société thermo-industrielle. Seule la généralisation de la décroissance ouvre à nouveau la porte de l’avenir.

06.08.2005 Décroissance démographique

Si l’Afrique va presque doubler de population entre 2005 et 2050 malgré les ravages du Sida, l’Afrique du sud, très touchée par l’épidémie, risque de voir sa population décroître de 44 à 31 millions de personnes. De son côté la Russie est classée 122e dans le monde pour l’espérance de vie ; il faut dire que l’homme y est adepte du zapoï, technique spécifiquement russe qui consiste, au lieu de boire de façon étalée, à s’assommer violemment jusqu’à en tomber par terre, d’où des maladies cardio-vasculaires fréquentes. La Russie est donc passé de 148 millions d’habitants en 1989 à 143,5 millions aujourd’hui et ce malgré l’afflux d’immigrés venus des autres républiques ex-soviétiques.

La Biosphère pense qu’il vaudrait mieux éviter les abus et réguler la population par la contraception, mais si les humains restent vraiment aussi stupides, il paraît alors acceptable que les drogues et les virus deviennent les facteurs fondamentaux de la décroissance démographique humaine.

16.08.2005 Une seule solution, la décroissance

Les deux principaux pays pollueurs au monde, les Etats-Unis et la Chine, ainsi que l’Australie, l’Inde, le Japon et la Corée du sud ont signé un partenariat sur le développement propre et le climat. L’objectif est de mettre des moyens en commun pour développer des énergies plus propres (gazéification du charbon, géothermie)) et promouvoir le transfert de technologies : nouvelles centrales nucléaires, éoliennes plus performantes. Alors que ces six pays représentent la moitié des émissions mondiales de CO2 , il ne s’agit nullement de réduire les émissions comme le faisait le protocole de Kyoto, mais de promouvoir une croissance économique moins intense en gaz à effet de serre.

Encore une fois, la Biosphère constate que les humains veulent toujours remettre à plus tard la nécessaire décroissance productive en utilisant des alibis dérisoires.

30.08.2005 Qui peut être contre la décroissance ?

Un ouvrage très sérieux « Le développement durable, les termes du débat » (coll. Compact civis), indique dès le début de son premier chapitre ce qui sous-tend l’évolution actuelle des idées :  « Le slogan de la décroissance générale interdirait la réduction de la pauvreté et n’est guère compatible avec nos systèmes démocratiques. Il convient, en revanche, de disjoindre le dynamisme de nos sociétés de la croissance des flux de matières et d’énergie qui l’a toujours sous-tendu. C’est la croissance de ces flux qui met en péril la viabilité pour l’espèce humaine, notamment la biosphère (…) Il convient encore d’ajouter à la nécessaire décroissance des flux de matières et d’énergie et la décroissance, non moins impérative à long terme, des effectifs démographiques planétaires ».

La Biosphère ne peut que se réjouir d’un tel discours de Dominique Bourg, mais cela implique de condamner (à mort, mentale bien entendu) tous les économistes et politiques qui ne jurent que par la croissance !

10.09.2005 Des océans qui se vident

Une étude statistique réalisée par l’Institut de recherche pour le développement montre qu’un quart des pêcheries mondiales a connu un effondrement. Jusqu’à présent l’optimisme régnait car on estimait que lorsque les quantités de poisson capturés restaient stables d’une année sur l’autre, le renouvellement des espèces était conservé. En réalité un effondrement est intervenu ces cinq dernières années chez tous les types de poissons, et davantage encore pour les espèces en eau profonde comme la morue, le haddock et le saumon. En effet les capacités de pêche ont augmenté d’une manière si importante que le rythme des captures a pu rester stable pendant longtemps alors que les océans se vidaient de leurs ressources halieutiques. Ainsi, malgré l’interdiction de la pêche à la morue au Canada depuis 1992, la population ne se renouvelle toujours pas.

Dans la Biosphère sous-marine, des poissons en nombre de plus en plus petit cherchent désespérément à se reproduire, le nombre de célibataires s’accroît, c’est la décroissance démographique marine qui précède celle des humains.

16.09.2005 L’euthanasie en direct

La télé-réalité n’a plus de limites, elle recherche « femme enceinte acceptant d’accoucher en direct », mais elle se refuse encore à présenter la mort en direct, en particulier après un choix d’euthanasie. Pour Hummie Van der Tonnerkreek, le réalisateur de « Big brother », il faut en effet différencier ces deux cas : « Avoir des enfants, c’est une fête ; l’euthanasie, c’est sans doute la dernière chose que vous voudriez partager avec d’autres ». Mais ce prescripteur d’amollissement cérébral ne connaît pas grand chose à la relativité en matière sociologique. La mort pour un catholique profond est le moment d’une véritable espérance en la vie éternelle alors que faire un marmot dans un ménage allemand est souvent considéré comme une véritable calamité.

Claire Quillot expliquait son suicide programmé comme une manière de « ramener une sorte d’optimisme ». Du point de vue de la Biosphère, elle a tout à fait raison : la décroissance humaine consentie est préférable à l’explosion démographique du troisième âge. Vive l’euthanasie en direct, à mort les naissances excédentaires !

02.10.2005 La décroissance (disponible en kiosque) 

Dans ce bimestriel sous-titré « Le journal de la joie de vivre », cette intéressante conclusion sur l’impuissance humaine à contourner l’effet de serre d’origine anthropique : « Une étude publiée dans Nature estime qu’il n’y a aucun bénéfice énergétique à utiliser la biomasse des plantes pour fabriquer du carburant. Selon les chercheurs de l’université de Cornell et de Berkeley, la fabrication du carburant éthanol à parti de maïs nécessite un tiers de plus d’énergie que celle qui sera restituée comme carburant. Utiliser de la biomasse n’est donc pas une stratégie soutenable. Une autre étude parue dans Bioscience montre quant à elle que l’éthanol à usage de biocarburant réduit la biodiversité, augmente l’érosion des sols et consomme de grandes quantités d’eau ».

La Biosphère savait déjà que les humains n’auraient jamais du se déplacer autrement qu’à pied, ils étaient déjà suffisamment doués naturellement pour être des coureurs rapides et endurants ou des marcheurs infatigables …

08.10.2005 La faute au Nord ?

Alors que certains dénoncent le phénomène de surpopulation sans égard au poids écologique respectif des populations du Nord et du Sud, pour les écologistes le problème global de l’environnement s’articule autour du gaspillage des ressources et des inégalités Nord-Sud. Si l’épuisement des ressources est attribuée aux pays surpeuplés du Sud, il n’est fait souvent aucune référence aux taux de consommation per capita ni aux transferts de denrées et de matières premières vers le Nord. Pour les écologistes, le gaspillage des ressources, la pollution et la production de déchets sont directement liés au phénomène de la surconsommation de la classe globale, celle qui possède personnellement un véhicule. La situation est aggravée par la diffusion de ce modèle de production et de consommation lié au déplacements individuel dans les pays émergents.

Pour la Biosphère, les habitants des pays riches qu’ils soient patrons ou ouvriers sont tous responsables. La seule orientation possible pour les peuples du Nord, c’est la simplicité volontaire en général, la décroissance de la consommation d’automobiles individuelles en particulier. Pour les peuples du Sud, c’est de continuer à pratiquer la simplicité involontaire et de refuser de tomber dans le piège de la société de consommation. Au Nord comme au sud, il faut dorénavant privilégier la vie conviviale, la relation contre la frénésie matérialiste.

15.10.2005 un Parti pour la décroissance ?

Suite aux Etats-généraux de la décroissance équitable qui se sont déroulés le 15 octobre 2005 à Lyon en rassemblant plus de 300 personnes, le « Parti pour la décroissance » annonce sa naissance. Le mouvement pour la décroissance prend de l’ampleur dans la société et il se concentre maintenant sur son indispensable articulation politique. Au moment où nous atteignons le pic d’extraction du pétrole, le choix ne se pose pas entre croissance et décroissance mais entre récession ou décroissance, c’est-à-dire entre le chaos ou une décroissance soutenable et équitable préservant et renforçant la démocratie et l’humanisme. Le Parti pour la décroissance s’attelle aujourd’hui à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions françaises en 2007 pour présenter la décroissance à l’ensemble de nos concitoyens.

Le Parti pour la décroissance  appelle toutes celles et tous ceux qui souhaitent que la décroissance soit portée dans le champ politique à le rejoindre, la Biosphère incite tous les décroissants à investir aussi tous les partis politiques quels qu’ils soient pour porter leur message : il n’y a plus de droite ou de gauche ni même d’extrêmes quand la sauvegarde de la planète est en jeu.

18.10.2005 Utopie, ce qui a existé autrefois

Imaginons une France où il n’y aurait plus que 200 000 chômeurs, où la criminalité serait réduite des quatre cinquièmes, les hospitalisations pour troubles psychiatriques des deux tiers, les suicides de jeunes divisés par deux et où il y aurait une absence quasi totale de cannabis, de cocaïne et d’héroïne : ce serait un merveilleux progrès s’il ne s’était déjà accompli dans le passé. Les chiffres ci-dessus sont en effet propres à la France des années 1960. Aujourd’hui tous les indices convergent pour montrer que, plus les français courent après la croissance économique, plus le bien-être de la population diminue ! Il y a un os quelques part… On croirait que les humains se sont réunis en société non pour assurer leur bonheur, mais pour produire à meilleur marché des voitures de métal, des tissus artificiels et du chômage.

Vous multipliez votre nombre et votre emprise sur les écosystèmes en déstabilisant l’équilibre social et naturel, il n’y a donc qu’une issue : la décroissance humaine.

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obsolescence du PIB (Produit Intérieur Brut)

A l’époque de la conception du PIB, en 1934, la finitude des ressources naturelles n’était pas encore perceptible. La croissance économique mesurée par le PIB allait de soi. Aujourd’hui les limites de la croissance devraient être mesurées. Rappelons que le PIB (produit intérieur brut) n’est pas une mesure adéquate de la croissance réelle car il comptabilise en bienfaits tous les maux de la croissance et ignore ce qu’il faut appeler les « déséconomies externes » (l’extinction de la biodiversité par exemple). Encore plus grave, cet indicateur se fout complètement du sort des générations futures. Le PIB actuel ne prend pas en compte le fait que les activités économiques courantes affectent, via les émissions de gaz à effet de serre qui les accompagnent, la qualité du patrimoine transmis aux générations futures .

Mais le mal est fait. La croissance du PIB reste l’objectif premier des décideurs, elle doit se poursuivre coûte que coûte pour subvenir non seulement aux besoins sociaux individuels et collectifs mais aussi résoudre les problèmes écologiques. Même s’il est amélioré ou « augmenté », le PIB reste le reflet des mirages d’aujourd’hui qui croient encore à la croissance infinie dans un monde fini.

Béatrice Madelin: Pour la première fois, en se basant sur les conclusions de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi de 2009, l’Insee a publié, le 5 novembre 2024, des indicateurs « augmentés » par des données climatiques. Deux phénomènes sont ainsi mesurés par ces nouveaux indicateurs.

Le premier est la création de valeur minorée de l’impact des émissions, devenue le produit intérieur net ajusté (Pina). Verdict : en 2023, le Pina était inférieur de 4,3 % au PIB classique, ce qui signifie que le dérèglement climatique et la décarbonation ont « coûté » près de 100 milliards d’euros à l’économie française.

Le second est le coût à venir de la décarbonation et celui des dommages déjà constitués sur le patrimoine, mesuré par un indicateur baptisé « épargne nette ajustée ». Cet indicateur correspond à la valeur qui reste disponible dans l’économie pour les générations futures ; elle est négative depuis plusieurs années. Autrement dit, l’économie dans sa forme actuelle n’est pas soutenable à long terme.

Le point de vue des écologistes économètres

En 2008 et 2009, Nicolas Sarkozy avait chargé une commission, dite « Stiglitz-Sen », de redéfinir des indicateurs de progrès « au-delà du PIB ». Voici comment il a été mis en chantier lors d’une conférence du président à l’époque, Nicolas Sarkozy :

« C’est avec la volonté de mettre en œuvre une politique de civilisation que je souhaite engager une réflexion sur les moyens d’échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives. Car, si nous restons prisonniers de la vision restrictive du PNB (Produit national brut), nous ne pouvons pas espérer changer nos comportements et nos façons de penser. Si les critères, les indicateurs de la richesse restent les mêmes, comment allons nous changer notre façon de produire et de réfléchir ? (…) Si nous voulons favoriser un autre type de croissance, il faut changer notre instrument de mesure de la croissance. »

Mais c’était un leurre, jamais Sarkozy n’a montré la moindre contestation de la croissance économique, et ses successeurs au poste suprême, Hollande et Macron, n’ont pas fait mieux et même parfois beaucoup plus mal. Notons qu’une loi, votée à l’unanimité en 2015, « visant à la prise en compte des nouveaux indicateurs de richesse dans la définition des politiques publiques » n’a pas été appliquée ! En 2024, on en vient à un PIB augmenté : tout le monde s’en fout, on croit qu’on va « s’adapter » au réchauffement climatique…

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24 mai 2020, Post-covid, remplaçons le PIB par le BNB (Bonheur National But)

extraits : on sait depuis la fin des années 1960 que le « gâteau du PIB à partager » devient, en grossissant, de plus en plus toxique pour la vie, le climat, la biodiversité, la qualité de l’air, de l’eau, des mers et des sols. Qu’il ne contribue plus au bien-être à partir d’un niveau de richesse économique par habitant supérieur à celui qui était le nôtre il y a un demi- siècle. Qu’il s’est accompagné de l’explosion des inégalités mondiales. Qu’il met le travail sous pression en lui faisant perdre son sens et en provoquant des maladies professionnelles physiques et psychiques….

9 août 2017, Le PIB s’accroît car l’eau et l’air sont des biens rares !

extraits : Bientôt le PNB va s’accroître parce que l’eau et l’air seront des biens rares et donc monétarisés. Déjà dans les années 1970 le PNB commence (pour moi) à signifier Pollution nationale brute. Je questionne les emballages plastiques qu’on retrouve partout, l’évacuation des produits dangereux dans la nature, les nappes de mazout, les containers éclatés contenant des déchets radioactifs, la diffusion du DDT… Je questionne l’atomisation de l’habitat où la vie n’est saisie que dans sa matérialité, l’embouteillage qu’on subit patiemment seul à son volant… Il faudrait intégrer les déséconomies externes dans le tableau de Leontief….

14 août 2014, Une bonne nouvelle, la croissance du PIB est en panne

extraits : En 2014, la croissance du PIB devrait être de l’ordre de 0,5 %. Rappelons que le Produit Intérieur Brut n’est pas un indicateur de bien-être, mais le symptôme du gaspillage sans avenir des ressources naturelles. Comme cette croissance s’est faite à crédit depuis les années 1970, niant le premier choc pétrolier de 1973 par des déficits publics, le résultat actuel est que, sans croissance, l’Etat ne peut plus assumer ses obligations : le déficit des administrations publiques (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) sera donc supérieur à 4 % du PIB en 2014. Rappelons qu’un pays riche comme la France devrait avoir les moyens de prêter et non l’obligation d’emprunter.

23 avril 2014, Le PIB va s’effondrer avec le prochain choc pétrolier

extraits : Est-ce la consommation d’énergie qui cause la croissance du PIB ou bien l’inverse ? Mes travaux penchent clairement en faveur d’une relation causale univoque de la consommation d’énergie primaire vers le PIB, et non l’inverse. La crise des subprimes de 2008 est en quelque sorte les conséquences d’un choc pétrolier. En 1999, le baril est à 9 dollars et en 2007, il tourne autour de 60 dollars (avant de s’envoler à 140 $ du fait de la tempête financière). Nos économies ont donc connu un troisième choc pétrolier au cours des premières années 2000, de même amplitude que ceux des années 1970….

13 août 2013, Journaliste = poser des limites à la croissance du PIB

extraits : La croissance est partout, surtout en Chine. Les journalistes du MONDE sont dithyrambiques : « Ce pays pourrait bénéficier d’une croissance du PIB de 7,5 % en 2013… Il a profité d’un regain de la demande extérieure et d’un rebond de la demande intérieure… Bons résultats des ventes au détail et des ventes de véhicules individuels… Bonne nouvelle, la production industrielle progresse de 9,7 %… » Si l’article se termine sur le mode dubitatif sur le rythme futur de cette croissance, il ne remet nullement en question l’idée même de croissance. Or nous savons que le Produit intérieur brut n’a rien à voir avec le Bonheur national brut….

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COP climat, biodiversité, désertification !!!

Il y a autant de COP que de traités onusiens sur l’environnement. Acronymes de Conference of the Parties, elles en sont les organes de décision. Hasard du calendrier, la COP16 sur la biodiversité, COP29 sur le climat et COP16 de lutte contre la désertification ont eu lieu toutes trois en cette fin d’année 2024. On sépare les problèmes alors que l’efficacité des actions à mettre en place face à ces menaces globales dépend de la prise en compte des interactions. De toute façon, après les échecs sur la biodiversité et sur le climat, la convention des Nations unies réunie à partir du 2 décembre 2024 à Riyad(Arabie saoudite) n’a aucune chance d’aboutir à quoi que ce soit.

Guillaume Delacroix (1er décembre ) : La COP16 va durer deux semaines et maintenir les projecteurs braqués sur les problèmes étroitement imbriqués les uns aux autres auxquels est confrontée la planète. La désertification concerne tout le monde, car elle englobe l’avancée des déserts, certes, mais aussi la dégradation des sols et leurs pertes de fertilité, posant la question de la ressource en eau et de la sécurité alimentaire. Sur les 197 pays participant à la COP, 169 se sont déclarés affectés à ce jour. Actuellement, environ 2,3 milliards de personnes vivent dans des zones arides, soit 30,9 % de l’humanité. L’objectif affiché de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) suppose de restaurer 1,5 milliard d’hectares dans les six ans qui viennent, alors que plus de 100 millions d’hectares de terres saines et productives sont dégradés par l’homme chaque année, à travers la déforestation et les pratiques agricoles inadaptées. L’agriculture est responsable de 23 % des émissions de gaz à effet de serre, de 80 % de la déforestation et de 70 % de l’utilisation de l’eau douce. La France de Macron préfère « un cadre souple » plutôt qu’un nouveau texte risquant de « disperser » les efforts et les financements déjà fléchés vers la lutte contre le changement climatique….

Guillaume Delacroix (3 décembre) : Dans l’enceinte de la COP16 consacrée à la désertification, la France a créé la surprise en annonçant rejoindre la liste des pays déclarés affectés par la sécheresse et la dégradation des sols, sur laquelle figurent déjà 169 autres Etats, sur les 197 parties à la Convention des Nations unies sur la désertification.

Jean-Luc Chotte, président du Comité scientifique français sur la désertification : « Pendant longtemps, l’Europe ne s’est pas sentie concernée par la désertification, mais les choses bougent. Les Européens prennent conscience que ce qu’ils consomment chaque jour a des incidences sur les terres agricoles et le climat, à des milliers de kilomètres. Et ils sont en train de découvrir que les sols se dégradent aussi chez eux. L’aridité progresse à cause du changement climatique. La dégradation des sols est également due à l’agriculture intensive, qui appauvrit la biologie et la chimie des terres, et finit par les éroder. Le principal facteur indirect de la dégradation des sols est la consommation, qui porte de plus en plus sur des produits agricoles intensifs non durables, fabriqués loin de ceux qui les consomment. »

Nos articles synthétiques sur les trois COP

La COP15 et l’inexorable désertification

extraits : La COP15 contre la désertification s’est achevé le 20 mai 2022 à Abidjan sans résultat probant alors que la moitié de la population mondiale est affectée par le phénomène. Les délégués des 196 États membres de cette convention des Nations unies se sont séparés avec comme seul objectif, se réunir à nouveau l’an prochain. Notez que la Côte d’Ivoire, le pays hôte de la conférence, a perdu en l’espace de soixante ans près de 90 % de son couvert forestier en raison de la culture intensive du cacao, dont elle exporte quasi intégralement les fèves à l’étranger. Déguster sa tablette de chocolat a un prix que le consommateur ne paye pas la désertification….

COP16 sur la biodiversité, l’impuissance

extraits : Le nouvel « indice planète vivante », publié par le Fonds mondial pour la nature (WWF), reflète le déclin continu de la biodiversité à quelques jours de l’ouverture de la COP16 (16e conférence mondiale pour la biodiversité), en Colombie. Et en novembre nous aurons la COP29 sur le climat … cela nous fait une belle jambe !Dans nos sociétés où partout suintent le racisme et la xénophobie, demander la considération pour un pachyderme ou un insecte est mission désespérée. Comment convaincre les hommes que le salut est aussi dans le respect sans faille de la biodiversité, que l’unicité de la nature ne vaut que par la pluralité de ce qui la compose ?….

COP29, les actes sont contraires aux objectifs

extraits : La prochaine conférence mondiale sur le climat, la COP29, se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024, 29 années sans rien faire de sérieux.  Or le climat ne répond pas aux discours, mais aux actions. Fin octobre 2023, les températures moyennes de l’année en cours étaient déjà supérieures de plus de 1,34 °C à la moyenne des températures du XXe siècle, et de 1,54 °C par rapport au XIXe siècle. L’année 2024 est en passe de se classer comme la plus chaude jamais enregistrée, canicules et inondations meurtrières se multiplient… Tant que les intérêts humains à court terme passeront avant le nécessaire équilibre à long terme de la planète, nous jouerons au jeu quelques gagnants dans l’immédiat, tout le monde perdant en fin de partie….

Nos articles les plus anciens sur la désertification

27.10.2005 Substitution ou coopération ?

Une grande partie du développement de la société industrielle a été basée sur la technique de substitution entre facteurs de production (travail, capital technique et ressources naturelles) et la plupart des économistes extrapolent cette expérience passée pour prédire l’avenir : l’agriculteur fera des cultures hydroponiques après la désertification, le forestier cultivera des graminées à la place des forêts disparues, on changera de profession ou on émigrera au Nord. L’autre conception recherche la coopération avec la Nature et non la substitution anthropocentrée. Ainsi la nouvelle norme FSC (Forest Stewardship Council) pour une certification d’opérations forestières dans la forêt boréale exige non seulement le respect des conditions de travail mais aussi celui de la pérennité de la ressources, le maintien des écosystèmes et la sauvegarde des communautés locales. Il est clair que la Biosphère ne pourra longtemps garder son intégrité si c’est la première tendance qui continue à faire la loi !

4.12.2005 Tous malthusiens !

On se rend compte aujourd’hui qu’on peut de moins en moins agir sur la production alimentaire : les terres cultivables le sont maintenant dans leur presque totalité et les modes de production deviennent même dangereux : il y a une désertification des sols, l’eau commence à manquer pour l’irrigation, les pesticides s’accumulent dans la chaîne alimentaire, les ressources halieutiques voient leurs stocks diminuer… Il faudrait donc comme le voulait Malthus agir sur la fécondité humaine : la contraception pour tous et un seul enfant par couple, la Biosphère vous remercie.

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Bertrand Russell, raison et déraisons

Rien, en somme, n’est plus haut que la raison humaine. Et rien n’est plus lugubre que l’usage que nous en faisons. Ce blog ne recule jamais face aux assauts de la bêtise, et argumente, argumente encore, démontant sans relâche les sophismes des superstitieux, des idéologues, de tous ceux qui placent leur classe, leur nation, leur race, leur genre au centre du monde et ne veulent rien connaître de sa réalité incertaine, où il n’y a ni centre ni place prévue pour nous. Nous répétons et répétons : « Ce n’est que grâce à un renouveau de l’incertitude libérale et de la tolérance que notre monde pourra survivre. » Il ne faut jamais désespérer des individus, sinon du genre humain, nous croyons fermement qu’un raisonnement honnête et juste pourrait un jour convaincre jusqu’aux plus fanatiques.

Nous aurions aimé écrire ces phrases, mais ce ne sont que morceaux choisis d’une recension trouvée sur LE MONDE concernant Bertrand Russell :

Florent Georgescu : Bertrand Arthur William Russell, 3e comte Russell, né le 18 mai 1872,s’était amusé à écrire une nécrologie sur lui-même en 1937. Il s’imaginait mourir à 90 ans – il en aura en réalité 97 à sa disparition, en 1970. Depuis la fin du XIXe siècle, il participe aux débats de son temps et a fait preuve d’une lucidité sans faille et constante. Il paraît plus fier de sa contribution sur l’injustice, l’oppression, le vertige totalitaire…. que de son génie théorique. Il est donc réjouissant de retrouver cette veine grâce à la traduction de ses Essais impopulaires (Unpopular Essays), un important recueil de textes politiques ou personnels resté inaccessibles au public francophone depuis sa parution en 1950.

C’est un prodige d’intelligence, d’humour, de courage intellectuel, d’opiniâtreté à défendre une société ouverte – « libérale », au sens politique –, fondée sur le doute et l’examen rationnel, face à la « poussée du dogmatisme de droite comme de gauche ». Que Russell examine les relations de la philosophie et de la politique, le rôle des professeurs, les « idées qui ont aidé l’humanité » et celles « qui ont nui à l’humanité », ou, tout bonnement, l’« avenir » de cette dernière, il revient toujours au même constat : les progrès de la science depuis le début de l’âge moderne, extraordinaire conquête de la raison par elle-même, n’ont pas empêché l’humanité de s’enfoncer dans des croyances absurdes et une « haine systématique », dont le XXe siècle a donné les exemples les plus barbares.

Russell croyait qu’un raisonnement honnête et juste pouvait convaincre jusqu’aux plus fanatiques. Ce ne sera pas le cas, bien sûr, ce n’est jamais le cas, mais qu’importe ? Penser avec exactitude dans un monde de mensonge ­revient à porter témoignage, pour qu’au moins un recours existe quelque part. C’est la tâche que s’était donnée Bertrand Russell.

extrait : « L’homme est un animal rationnel, c’est du moins ce qu’on m’a dit. Tout au long d’une longue vie, j’ai cherché assidûment une preuve qui corrobore cette affirmation, mais au contraire, j’ai vu en permanence le monde sombrer continuellement dans la folie. J’ai vu de grandes nations, autrefois championnes de la civilisation, égarées par des prédicateurs d’inepties ampoulées. J’ai vu la cruauté, la persécution et la superstition progresser à pas de géant jusqu’à ce qu’elles ­atteignent presque le stade où l’on estime que l’éloge de la rationalité caractérise un homme en tant que vieux schnock, survivant, hélas ! d’une époque surannée. Tout cela est déprimant, mais la morosité est une émotion inutile. »

« Un aperçu des fadaises intellectuelles », Essais impopulaires, page 85

textes antérieurs sur notre blog biosphere

Bertrand Russell en 1944 dans « The Impact of Science on Society » : « Je ne prétends pas que le contrôle des naissances soit le seul moyen d’empêcher la population d’augmenter. Il y en a d’autres… Si une peste noire pouvait se répandre dans le monde une fois par génération, les survivants pourraient procréer librement sans que le monde soit trop plein… La situation pourrait être quelque peu désagréable, mais qu’en est-il ? Les personnes qui ont un esprit vraiment élevé sont indifférentes à la souffrance, en particulier à celle des autres. »

Yves Cochet : « J’espère de tout mon cœur me tromper, mais mon scénario d’effondrement est le plus rationnel et le plus probable qui soit. Il ne  faut pas raisonner par induction : ça n’est jamais arrivé, donc ça n’arrivera jamais. Les raisonnements par induction ne valent rien en histoire. Vous connaissez la dinde de Russel  ? Bertrand Russell, grand philosophe, grand logicien, raconte qu’un 1er janvier naît une dinde. Elle batifole dans les champs, elle mange des graines. Même chose le 2 janvier, et le 3, et au mois de février, et au mois de mars. La dinde trouve cela formidable, évidemment : elle pense que demain sera toujours comme aujourd’hui (c’est l’induction). Et, le 24 décembre, elle meurt, assassinée. Elle n’avait pas prévu le coup. Voilà, nous sommes tous des dindons parce que nous ne pouvons ni ne voulons imaginer notre propre fin. »

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Dette écologique, bientôt non remboursable

Une dette monétaire n’est qu’un bout de papier sur lequel il est écrit qu’il faudrait (peut-être) rembourser une personne ou une institution un jour ou l’autre. La dette écologique n’est pas un concept monnayable, elle correspond à des ressources matérielles fournies par la nature, y compris le maintien de la biodiversité. Et cette dette devient de moins en moins remboursable puisqu’on a déjà dilapidé une partie du capital biophysique de la Terre. Nous avons besoin de 1,7 planètes pour maintenir notre niveau de vie actuel, ce qui est impossible dans la durée puisque nous n’avons qu’une seule planète.

Par contre d’autres donnent à cette notion de « dette écologique » des définitions plus ou moins fantaisistes

Julien Vincent : Dans sa déclaration de politique générale, le 1er octobre 2024, le premier ministre, Michel Barnier, a évoqué une « double exigence, celle de diminuer la dette financière et la dette écologique ». Le terme « dette écologique » est né dans une brochure éditée par le parti Vert allemand lors de la troisième conférence des Nations unies sur les femmes organisée à Nairobi en 1985. Il s’agirait d’une « dette écologique » des pays occidentaux pour ceux qui dénoncent un échange écologiquement inégal entre le Nord et le Sud. Elle devient ainsi un slogan de la diplomatie des pays émergents qui demandent l’annulation de leur dette extérieure. La dette écologique est ensuite réinterprétée en fonction d’un objectif de « développement durable » pour essayer de réconcilier croissance économique et protection de l’environnement. Lors de la conférence mondiale des peuples contre le changement climatique, organisée en 2010 à Cochabamba (Bolivie), la notion de dette écologique est associée au projet d’une reconnaissance de la « Terre-Mère » comme un sujet ayant lui-même des droits, y compris celui de se régénérer.

Le point de vue des écologistes pragmatiques

Nous avons une autre approche de la dette écologique. Chaque année, la New Economics Foundation calcule la date à laquelle la consommation de ressources par l’humanité dépasse la capacité de renouvellement de la planète. Au-delà de cette date, on est en situation d’épuisement des réserves. Cette date anniversaire a été baptisée « Jour de la dette écologique » ou Jour du dépassement (« Overshoot day« ). Cette date intervient chaque année de plus en plus tôt, ce qui signifie que les ressources disponibles pour une année sont consommées de plus en plus vite.

Nous vivons dorénavant écologiquement « à découvert ». En 1987, l’humanité était passée dans le rouge le 19 décembre. En 1995, cette date était intervenue le 21 novembre. En 2023 le 1er août. En vivant au-delà de nos moyens environnementaux, la classe globale qui roule en voiture prive des millions de personnes dans le monde de la possibilité de satisfaire durablement leurs besoins. Quant aux générations futures, elles vivront des miettes…

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Définitions de la dette écologique (2012)

On peut toujours refuser de rendre l’argent à l’oligarchie financière qui vit « au détriment des peuples ». Il n’en est pas de même avec la dette écologique : les richesses non renouvelables prêtées par la biosphère ont été définitivement dilapidées par les peuples qui vivent à l’occidentale. En effet l’humanité ne peut rendre les barils de pétrole, les tonnes de charbon ou les possibilités de recyclage naturel du CO2. C’est pourquoi la cure d’austérité que va traverser l’espèce humaine sera bien plus terrible que lors d’un tsunami financier où on peut refinancer l’économie en faisant tourner la planche à billet (nouveaux crédits).

La dette écologique, ce n’est pas des bouts de papier qu’on pourrait rembourser avec d’autres bouts de papier. La dette écologique est différente d’une dette financière, c’est concret, c’est l’affaiblissement de notre capital naturel. Cette perte est irrémédiable quand il s’agit de ressources non renouvelables comme le pétrole, le gaz, ou l’uranium. Elle sera très douloureuse à rembourser quand le système climatique sera déréglé. Il n’y a là rien de réjouissant, mais tant que les dirigeants feront croire aux peuples que « demain ça ira mieux », avec un peu plus de croissance économique, la situation ne pourra qu’empirer. S’il n’y a pas décroissance voulue et partagée, il y aura dépression économique subie par les exclus.

Notre article le plus ancien sur la dette écologique

20 mai 2007: Un avenir sans futur

En 2005, le rapport « Planète vivante 2004 » du World Wildlife Fund veut réduire la dette écologique, c’est-à-dire le retour à la vie sur la base d’une seule planète, et esquisse quatre scénarios pour 2050 :

– Augmenter la biocapacité grâce à un réseau de zones protégées incluant tous les écosystèmes (terrestres d’eau douce, marins), restaurer les écosystèmes dégradés, protéger le sol contre l’érosion et la dégradation (notamment les terres arables contre l’urbanisation), protéger les bassins de rivière et les zones humides et cesser l’utilisation de produits chimiques toxiques ;

– Réduire la population mondiale, en offrant aux femmes une meilleure éducation, des opportunités d’emploi et des soins de santé ; en accompagnant les foyers qui choisissent d’avoir moins d’enfants ;

– Réduire la consommation par personne ; ceci ne peut être attendu des populations en survie ; par contre les habitants de pays ou de villes riches peuvent bien souvent réduire leur empreinte écologique sans compromettre leur qualité de vie ;

– Améliorer l’efficience des systèmes de production qui transforment l’énergie et les matières premières en biens de consommation.

Nous sommes en 2007 et les humains n’ont pratiquement rien fait…

Nos articles sur le jour du dépassement

2 août 2023, le jour du dépassement

« Jour du dépassement » ce 28 juillet 2022

29 juillet 2021, « le jour du dépassement »

22 août 2020, Jour du dépassement

29 juillet 2019, jour du dépassement

Le Jour du dépassement, aujourd’hui 1er août 2018

13 août 2015, le jour du dépassement des limites

Le jour du dépassement, 19 août 2014 : tous aux abris !

Aujourd’hui 22 août 2012, le jour du dépassement

le jour du dépassement, 27 septembre 2011

le jour du dépassement, 21 août 2010

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Bertrand Méheust et la saturation du monde

En résumé, sa pensée : Chaque société tend à persévérer dans son être, et la nôtre plus que toutes celles qui l’ont précédé ; en effet, comme elle dispose de ressources humaines et matérielles sans précédents, elle ne manquera pas de les mettre en œuvre pour aller  jusqu’au bout de son projet en digérant toutes les oppositions. Une réalité en déploiement va toujours jusqu’au bout d’elle-même, jusqu’à un point de saturation. Quand elle atteint ce seuil critique, où les processus habituels ne peuvent plus fonctionner, elle fait un bond par dessus elle-même ;  quant à  la prolifération des oxymores, elle a pour fonction cachée de masquer le caractère insensé de cette course à l’abîme.

Que la grande aventure cosmique de la vie se termine en queue de poisson dans une sorte de suicide consumériste qui fait penser au destin des insectes attirés par une lampe, cela a quelque d’absurde et de grotesque, cela donne même la nausée. Si la vie humaine échappe à la catastrophe qui se prépare, elle sera tellement amoindrie et modifiée qu’elle devra pour se redéployer repartir sur des bases totalement nouvelles.

https://lapenseeecologique.com/bertrand-meheust-une-pensee-precoce-de-leffondrement/

La Pensée Ecologique : Au début de 2009, vous avez inauguré un nouveau chantier en publiant aux Empêcheurs de penser en rond La politique de l’oxymore. C’était, me semble-t-il la première affirmation développée en langue française de la théorie de l’effondrement, fondée non sur un état des lieux documenté scientifiquement de la planète, mais sur la philosophie de Simondon et son approche des systèmes techniques.

Bertrand Méheust : Je ne savais  pas, à vrai dire, que j’étais le premier, ou l’ un des premiers, à soutenir cette thèse, et pour être franc, j’en doute même, pour les raisons que je vais vous expliquer. En effet l’intuition qui me portait était plus nourrie par la SF que par la lecture des écrits écologiques de l’époque, dont j’avais vers  2007, je dois l’avouer, une connaissance assez sommaire. Un lecteur de SF pense naturellement dans les cadres cosmiques, et le thème de l’effondrement, fondé ou non, lui est familier.

LPE : Vous avez dans l’Oxymore donné une grande place à la pensée de Gilbert Simondon. Pourquoi ?

BM : La pensée de ce philosophe visait à fournir une axiomatique  pour penser  les processus des mondes physique, biologique, psychique et culturel. Son axiome de base est qu’une réalité en déploiement va toujours jusqu’au bout d’elle-même, jusqu’à un point de saturation. Quand elle atteint ce seuil critique, où les processus habituels ne peuvent plus fonctionner, elle fait un bond par dessus elle-même. De nouvelles structures jaillissent alors, qui lui permettent de se renouveler.  Simondon a appliqué cette axiomatique à des réalités aussi différentes que la révolution française ou le développement des lignées techniques .Le paradigme est la saturation de l’Ancien régime en 1789, et ce qui s’en est suivi. Mais il n’envisageait pas  encore  la situation de la planète dans le cadre du monde fini. J’ai donc examiné le concept de développement durable, avec lequel on pensait encore à l’époque, et ses nouvelles moutures, comme l’économie circulaire, j’ai regardé le problème sous tous les angles, et je suis arrivé à la conclusion que cela  ne pouvait fonctionner que sur le papier.  Tout dépend de ce qu’on qualifie de « durable ». Dans la réalité, l’économie ne peut être parfaitement circulaire, les circuits comporteront toujours des pertes,  des « fuites ». Cela pouvait déjà être soutenu a priori, avant tout examen chiffré. L’économie la plus proche de la circularité consommera toujours plus de ressources que la planète, dans la longue durée, et même dans la durée moyenne, ne pourra en fournir. Et nous continuerons d’accumuler dans l’environnement et dans les organismes vivants des substances toxiques comme le plastique, le pesticides, les métaux rares, les éléments radioactifs, etc. On pourra ainsi prolonger la société de consommation d’un demi siècle (je donne ce chiffre à la louche, ce qui compte c’est l’ordre de grandeur). Mais on ne pourra pas lui demander d’affronter la durée cosmique, cela ne tient pas la route. Et donc, compte tenu des ressources limitées de la planète, des échelles cosmiques de temps et de distance, de la surpopulation, de la compétition croissante entre les nations, de la troisième guerre mondiale qui menace (et que l’on nous vend déjà comme inéluctable) ; compte-tenu encore du caractère dévorant du capitalisme et de l’irrépressible idéologie du « progrès » qui nous emporte,  rien ne pourra empêcher la saturation d’aller  jusqu’à son terme. C’est la reprise, avec de nouveaux concepts, de l’objection classique : une croissance infinie est impossible dans un monde fini. Nous sommes piégés sur notre petite planète bleue. C’est une situation tragique que, mus par un processus autodestructeur, nous ne savons pas contrôler.

À partir  de l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy,  j’ai été frappé par  la prolifération soudaine, dans la chronique quotidienne des médias, comme dans la propagande commerciale et politique, de  ces figures de rhétorique que l’on appelle les oxymores, dont la fonction est de tenir ensemble dans l’imaginaire deux affirmations incompatibles. Leur pouvoir évocateur  est commenté et célébré depuis longtemps chez les poètes. Mais le nouvel usage qui en était fait s’apparentait plutôt à une sorcellerie évocatoire visant à fasciner et à contrôler les esprits. Certains, comme la « croissance négative » de Christine Lagarde, ou la « consommation participative », étaient franchement comiques, mais d’autres,  comme le « développement durable », présenté vers 2007 comme l’idéal régulateur de notre société, avaient clairement à mes yeux pour fonction de masquer une impasse et une impossibilité principielle. J’ai commencé à les collectionner et à  me documenter sur l’usage que l’on avait pu en faire dans le passé. En me replongeant dans l’histoire du Troisième Reich, je me suis souvenu que la propagande nazie avait recouru de manière systématique à ces fleurs vénéneuses de la rhétorique, et que le national-socialisme était l’oxymore-mère des années trente. Il devenait pour moi de plus en plus évident que ce nouvel usage des oxymores révélait quelque chose de fondamental de notre société. Je sentais bien que cette prolifération des oxymores avait affaire avec les autres thèmes qui me préoccupaient, la saturation du monde, la surenchère du néocapitalisme financier et la crise écologique, mais je n’arrivais pas encore à percevoir clairement la nature de ce lien.

Là-dessus, les hasards de l’existence m’ont expédié à Mayotte, où j’ai terminé ma carrière d’enseignant. Pour comprendre vraiment ce qu’est la saturation, ce qu’elle implique pour la vie humaine, il a fallu que je me retrouve sur cette île d’une beauté à couper le souffle, mais déjà rongée par une croissance désordonnée. La menace a cessé pour moi d’être une abstraction pour devenir une réalité tangible. Tout y était : les dégâts déjà évidents de l’urbanisation désordonnée sur le fragile biotope du lagon, une bourgeoisie arrogante, parasitaire et esclavagiste, un afflux  toujours croissant de réfugiés misérables venus des Comores. Cette situation particulière m’est apparue comme une métaphore de l’humanité contemporaine, et notre petite planète bleue  comme un îlot menacé, perdu dans  un océan sans rivages,  dont toute évasion est impossible dans des délais utiles.

Après quelques mois  de bain mahorais, mes intuitions se  sont ordonnées en un grand récit au fond très simple : chaque société tend à persévérer dans son être, et la nôtre plus que toutes celles qui l’ont précédé ; en effet, comme elle dispose de ressources humaines et matérielles sans précédents, elle ne manquera pas de les mettre en œuvre pour aller  jusqu’au bout de son projet en digérant toutes les oppositions ;  quant à  la prolifération des oxymores, elle  contribue à cette digestion, elle a pour fonction cachée de masquer le caractère insensé de cette course à l’abîme.

Je dois préciser que dans  mon récit  le rôle des oxymores est secondaire, il n’occupe en fait qu’un petit chapitre. Le concept central est la saturation. Je voulais d’ailleurs appeler le livre La saturation du monde. Mais Philippe Pignarre, mon éditeur, a senti avec un instinct  très sûr qu’il fallait mettre l’accent sur le rôle des oxymores pour rendre plus évidente la dimension politique du livre.

LPE : Quelle est votre appréciation de la situation aujourd’hui, plus de 10 ans plus tard ?

BM : Quinze ans en fait, car j’ai écrit l’Oxymore en 2007- 2008. La situation, on peut la résumer en trois mots : c’est toujours pire. Toujours pire que ce que l’on avait prévu, et que ce que j’avais moi même anticipé. Je ne vais pas allonger la litanie des catastrophes annoncées, et je me contenterai d’évoquer les chiffres de la température. Si l’on en croit  ce que nous disent les climatologues relayés par les médias, chaque année est désormais plus chaude que la précédente. Or, pour que l’on puisse détecter des différences d’année en année, alors que l’ordre de grandeur des processus climatiques est l’échelle du temps long, ne faut-il pas que l’on soit entré déjà dans la phase de l’emballement ? Des chiffres aussi précis sur une échelle aussi courte sont-ils fiables ?

Dans l’Oxymore, j’ai avancé à demi-masqué, en qualifiant  mon pessimisme de « méthodique », pour faire entendre qu’il ne s’agissait pas d’une projection psychologique personnelle. Cela pouvait se justifier à l’époque car il s’agissait alors de prolonger en les amplifiant par la pensée des tendances inquiétantes, à des fins exploratoires. Mais, quinze ans après, il n’est plus même nécessaire de prendre ces précautions de méthode, je suis pessimiste tout court. Les choses sont allées très vite, trop vite. Je suis tellement pessimiste que par moments l’affaire me semble pliée. On a trop de raisons de penser que la descente aux enfers est amorcée, et que si la vie humaine échappe à la catastrophe qui se prépare, elle sera tellement amoindrie et modifiée qu’elle devra pour se redéployer repartir sur des bases totalement nouvelles. Nous sommes à court terme devant le possible échec de l’aventure humaine telle qu’elle s’est déployée depuis des dizaines de millénaires, Homo consumériste n’est absolument pas prêt à affronter ce défi, c’est même le type d’être humain le moins prêt à le faire, façonné par la pression de confort.

Que la grande aventure cosmique de la vie se termine en queue de poisson dans une sorte de suicide consumériste qui fait penser au destin des insectes attirés par une lampe, cela a quelque d’absurde et de grotesque, cela donne même la nausée. La nouveauté radicale, c’est la diffusion accélérée des connaissances concernant notre situation cosmique ; il suffit de cliquer sur un smartphone. Mais il leur suffira  de cliquer autrement pour plonger dans le Métavers simulé  où ils pourront fuir et oublier leur condition. Les moyens qui permettent d’établir la vérité du monde et de notre condition humaine sont aussi ceux, toujours plus puissants, qui permettront de la fuir et de l’oublier.

LPE :  Mais quand même, quelles mesures pouvons-nous encore tenter ?

BM : Malgré mon pessimisme, je n’arrête pas d’y réfléchir. Sur le fond, je pense que l’autolimitation prônée par Castoriadis est la seule voie possible. Mais cette voie heurte frontalement l’illimitation de l’idéologie dominante, et le choc de ces deux courants produit un gigantesque remous. Nous n’entendons plus sur les ondes que des « belles personnes » proclamant leur vaste conscience écologique et leur immense amour du vivant. C’est très bien, mais qu’en est-il en fait ? Je constate que l’on va nous contraindre à la 5G sans nous avoir consultés. Que les vieux portables qui fonctionnent encore à la 2G, à la 3G seront prochainement hors service. Que le trafic des camions continue de monter. Que le trafic aérien arrêté grâce au Covid a repris de plus belle. Que la consommation de plastique continue inexorablement d’augmenter. Que Lula s’avoue incapable de défendre la forêt amazonienne, etc. Cet amer constat me conduit à penser que le slogan « sauvons la planète », pour la majorité des gens, signifie d’abord « sauvons notre mode de vie ». On essaie encore de croire que les deux devises sont conciliables, mais c’est une illusion.

Je pense que nous devons commencer à nous auto-limiter, pas dans 20 ans mais tout de suite, par des référendums d’autolimitation. La limitation drastique des voyages aériens, l’interdiction des piscines, etc.  Si la pression de confort reste la plus forte, il faudra passer par la voie autoritaire, et cela ne pourra se faire que lorsqu’il sera trop tard, car la voie autoritaire ne sera possible que lorsque nous aurons le couteau sur la gorge.

Nous devons nous déclarer, nous penser et nous disposer en état de guerre. L’état de guerre, celui par exemple que les Anglais se sont imposés en 1940 pour affronter  Hitler, suppose naturellement pour les démocraties une restriction de libertés et de consommation acceptée par tous en raison d’un péril et d’un enjeu jugé supérieur et imminent. Il permettra d’imposer immédiatement des solutions qui sont impossibles en temps normal. A partir de mai 1942  la vitesse des automobiles, sur tout le territoire américain, a été limitée  entre 35 et 45  MPH selon les zones, et elle l’est restée jusqu’à la fin du conflit. Il n’y a eu ni conflit, ni discussion sur ce point, car l’état de guerre était évident. Mais nous sommes gouvernés par des élites qui n’ont pas l’équipement mental pour faire face à la situation. Le mouvement des Soulèvements de la Terre pourrait prendre le maquis, le temps de la dynamite sera venu, et on verra passer à l’action des « Brigades vertes ».

Notre responsabilité est abyssale. Nous sommes ou une des merveilles du cosmos. Nous devrions prendre soin de cette vie dont un dessin (ou un hasard) incompréhensible nous a gratifiés.

Bertrand Méheust et la saturation du monde Lire la suite »

Ville durable, un oxymore de plus

Le propre de l’oxymore est de rapprocher deux réalités contradictoires. Développement durable, agriculture raisonnée, marché civilisationnel, financiarisation durable, flexisécurité, moralisation du capitalisme, etc. La montée des oxymores constitue un des faits révélateurs de la société contemporaine.

Plus l’on produira des oxymores, plus les gens seront soumis à une sorte de double bind permanent. Ils seront désorientés et rendus inaptes à penser et à accepter les mesures radicales qui s’imposeraient dans l’ère de l’après-pétrole. C’est le moment de rappeler l’étymologie grecque d’oxymore, qui signifie « folie aiguë ». La ville n’échappe pas à cette épidémie d’oxymores.

Albert Levy : Valence coche toutes les cases de la ville durable : politique de tourisme durable, actions pour la neutralité carbone (centrale solaire socialisée, éclairage public intelligent, mobilité douce, espaces verts, agriculture urbaine… mais la catastrophe climatique pose la question de la durabilité des villes face au nouveau régime climatique. Les inondations catastrophiques de Valence ont offert un paysage urbain apocalyptique. On a invoqué à juste titre les choix urbanistiques d’extension de Valence, la bétonisation tous azimuts, l’artificialisation excessive des sols. Les choix économico-politiques ont transformé Valence en métropole de près de deux millions d’habitants.

Dans un monde qui s’urbanise à grande vitesse (60 % de la planète aujourd’hui), les villes, par leur fonctionnement et leur croissance, produisent 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, principale cause du réchauffement climatique. Elles sont devenues d’énormes agrégats urbains, aires métropolitaines étalées totalement dépendantes des énergies fossiles. Politique de transition et politique de métropolisation sont incompatibles, la métropole durable reste un oxymore. En Espagne comme ailleurs,l es villes doivent s’adapter à la hausse inéluctable du réchauffement. Elles doivent se protéger de ses impacts dévastateurs en repensant l’urbanisme.

Le point de vue des écologistes ruraux

Albert Levy est un rigolo, « les villes doivent s’adapter… les villes doivent se protéger… » Comment ? Il n’en sait rien. Nous avons la réponse, tout est question de taille. Une ville de 2 millions d’habitants comme Valence ne sera jamais durable. Les difficultés de tous ordres ne seront pas seulement inondations ou sécheresse, mais aussi blocage énergétique, raréfaction des emplois, crises socio-politiques… car comme l’indique l’article en passant trop rapidement, les villes qui n’ont pas taille humaine sont aujourd’hui « totalement dépendantes des énergies fossiles ». Le mot d’ordre devrait devenir « désurbanisation », retour des urbains à la terre, l’inverse de l’exode rural auquel la « révolution agro-industrielle » nous a obligé.

Valence, fondée en 138 av. J.-C. par un consul romain, avait moins de 10 000 habitant à l’origine et c’était déjà trop. En 75 av. J.-C. la ville est détruite, entre 260-270 la ville est détruite, en 625 la ville est pratiquement abandonnée, en 2024 la ville commence à être détruite… cette fois par la nature.

le débat sur lemonde.fr

Michel SOURROUILLE : L’homme est-il responsable de ses malheurs ? Une controverse célèbre entre Voltaire et Rousseau eut lieu lors d’un raz-de-marée qui ravagea Lisbonne le 1° novembre 1755. On compta plus de 50 000 victimes. Voltaire se désole de la fatalité et de la cruauté du sort dans un poème sur le désastre de Lisbonne. 

J.J.Rousseau fit à Voltaire cette réponse : « Vous auriez voulu, et qui ne l’eut pas voulu !  que le tremblement se fût fait au fond d’un désert. Mais que signifierait un pareil privilège ? […] Serait-ce à dire que la nature doit être soumise à nos lois ? La plupart de nos maux physiques sont encore notre ouvrage. Sans quitter votre sujet de Lisbonne, convenez, par exemple, que la nature n’avait point rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages, et que si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également, et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre, et peut-être nul. (Lettre sur la providence)

pm22 : On devrait construire les villes à la campagne : on n’aurait pas ces soucis. Et puis, l’air y est plus sain…

InG : Alphonse Allais avait raison sauf sur un point, la dépendance à la voiture du campagnard mais ça, il ne pouvait pas le savoir.

pm22 @InG : Ma grand-mère allait en charrette à âne vendre ses volailles sur le marché de la petite ville, ma mère, jeune fille, l’accompagnait.. Plus de 10km dont la moitié en chemin non goudronné. En plein hiver, quand il pleuvait trop et que le chemin était détrempé, il fallait le char à bœuf. La voiture a du bon. Ok, ok, c’était le bon temps : le temps des sabots.

LIRE, La politique de l’oxymore de Bertrand Méheust (2009)

En savoir plus sur les oxymores grâce à notre blog biosphere

Transition énergétique, un oxymore de plus

extraits : La « transition » énergétique  n’a pas eu lieu, elle n’aura jamais lieu, la croissance record des renouvelables ne fait rien à l’affaire. Du point de vue des écologistes, il faut parler de « rupture » d’’avec la société thermo-industrielle, pas de molle transformation progressive. Le nucléaire n’a pas remplacé le gaz qui n’a pas remplacé le pétrole qui n’a ps remplacé le charbon qui n’a pas remplacé le bois. Nous vivons sur une hypothèse (la substitution) qui n’a pas raison d’être si nous ne devenons pas plus frugaux. Rien de nouveau sous le soleil, hélas….

Nucléaire vert, énergie durable, oxymores

extraits : Le nucléaire classé énergie « verte » et le gaz « énergie de transition », la taxonomie européenne ou classement des activités économiques en fonction de leurs émissions de CO2 se révèle pour ce qu’elle est, un exercice purement politicien. Le propre de l’oxymore est de rapprocher deux réalités contradictoires. Nucléaire vert, moteur propre, développement durable, agriculture raisonnée, financiarisation durable, vidéoprotection, etc. La montée des oxymores constitue un des faits révélateurs de la société contemporaine. Ces zombies nous suggèrent perfidement la possibilité de concilier l’inconciliable, c’est du pur greenwashing (écoblanchiment)….

Croissance durable, un oxymore obtient le prix Nobel !

extraits : Un bon économiste est d’abord un bon écologiste. Mais la Banque de Suède, qui a attribué le « prix Nobel » d’économie aux Américains William Nordhaus et Paul Romer, ne le sait pas encore. Les colauréats ont paraît-il « mis au point des méthodes qui répondent à des défis parmi les plus fondamentaux et pressants de notre temps : conjuguer croissance durable à long terme de l’économie mondiale et bien-être de la planète ». Comme chacun devrait savoir, une personne qui croit encore qu’une croissance à long terme est possible dans un système planétaire clos (dont on a déjà transgressé toutes les limites) est soit un fou, soit un économiste….

Croissance verte, l’oxymore de la Banque mondiale

extraits : Jusqu’à présent on disait « la croissance d’abord l’environnement plus tard », maintenant il y a la croissance verte des riches et la croissance verte des pauvres. Comme le dit un document du 10 mai 2012 de la Banque mondiale, il faut « la croissance verte pour tous » (Inclusive Green Growth : The Pathway to Sustainable Development). Mais les coûts de la dégradation de l’environnement sont estimés à près de 10 % du PIB en Chine, ce qui veut dire qu’une croissance économique de 10 %, score chinois, ne fait pas avancer la richesse réelle du pays….

Soumission/ volontaire, comment sortir de cet oxymore ?

extraits : Nous aimerions une société idéale où l’individu ne serait conforme aux autres que si chacun répondait par son comportement aux exigences de l’éthique et de la solidarité. Mais éthique et solidarité sont souvent contradictoires. Il y a trop souvent EUX et NOUS, particulièrement dans une situation de pénuries. On accepte de partager les difficultés dans son groupe, on rejette d’autant plus violemment les autres. La montée de l’extrême droite dans le monde est le signe inquiétant de cette dérive. Pourtant sortir de la soumission volontaire à son groupe d’appartenance peut s’apprendre….

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