écologie de guerre, guerre à l’écologie

La guerre, une imbécillité inutile que pratiquent sans discontinuité les homo sapiens depuis sans doute l’origine de l’espèce. S’il n’y avait que des morts parmi cette lignée humaine, ce serait un moindre mal, mais les bandes armées sont également dévastatrices pour la nature et l’environnement. Les »polémo-paysages », paysages dévastés par la guerre, accompagnent les morts, les blessés et les destructions de tous ordres. La revue Green (Géopolitique, Environnement, Energie, Réseaux, Nature) veut penser la guerre et l’écologie sous tous ses aspects, notamment la notion d’« écologie de guerre ». Cette revue se veut à la fois optimiste et désabusée!

extraits : Dans le contexte d’une agression militaire conduite par un État pétrolier (la Russie) contre l’un de ses voisins (l’Ukraine) à des fins de consolidation impériale, l’écologie de guerre consiste peut-être à envisager le tournant vers la sobriété énergétique comme une arme pacifique de résilience et d’autonomie… Un tel contexte de guerre peut être l’occasion de transformer, planifier et réguler l’économie. Les gouvernements recourent ainsi de plus en plus aux forces armées pour faire face aux catastrophes naturelles liées à la crise climatique… Sans se faire trop d’illusions. On se doit d’être sceptique sur l’idée que la crise énergétique actuelle puisse se transformer en prise de conscience salutaire et en changement de modèle à long terme… L’écologie de guerre reste fondamentalement une guerre à l’écologie. Les Français sont appelés à être écologiquement vertueux pendant que M.Poutine fait sauter des gazoducs.

Lire, La nature est un champ de bataille de Razmig Keucheyan

Le point de vue des écologistes

 Doit-on se battre pour trouver la paix ? Ne devient-on pas brutal par faiblesse ? La réponse devrait être partagée par tous si tu veux la paix, prépare la paix. Devenez objecteur de conscience, opposé en toutes circonstances à l’usage collectif des armes, anti-armée, anti-guerre. On ne peut qu’être en accord avec la philosophie d’Albert Einstein :

« La pire des institutions grégaires se nomme l’armée. Je la hais. Si un homme peut éprouver quelques plaisir à défiler en rang au son d’une musique, je méprise cet homme… Il ne mérite pas un cerveau humain puisqu’une moelle épinière le satisfait. Je hais violemment l’héroïsme sur ordre, la violence gratuite et le nationalisme débile. La guerre est la chose la plus méprisable. Je préférerais me laisse assassiner que de participer à cette ignominie. Je soutiens que le moyen violent du refus du service militaire reste le meilleur moyen. Il est préconisé par des organisations qui, dans divers pays, aident moralement et matériellement les courageux objecteurs de conscience… Dans tous les pays du monde, des groupes industriels puissants fabriquent des armes ; et dans tous les pays du monde, ils s’opposent au règlement pacifique du moindre litige international.  »*

L’usage des armes ne doit pas être institutionnalisée dans une armée de métier. Elle doit rester le choix de chacun quand il y a légitime défense et non un jouet aux mains de Poutine et de tous les va-t-guerre qui l’ont précédé. La violence de groupe devient par son amplitude trop aveugle et empêche l’individu de conserver son libre arbitre. Nous n’avons pas à suivre les moutons conduits à l’abattoir, nous ne devons pas devenir des morts pour rien comme l’ont été toutes les victimes des guerres.

Le principe suivi par le gouvernement français actuel , si tu veux la paix prépare la guerre, est à l’inverse de l’objection de conscience, « Depuis 2017, la nouvelle trajectoire budgétaire a permis de faire passer les crédits des armées de 32,3 milliards d’euros à 43,9 milliards d’euros, soit le poste le plus important après celui de l’enseignement scolaire », s’est félicité le ministre des Armées Sébastien Lecornu dans le document présentant le budget de son ministère fin septembre 2022. Un non-sens historique, on ne bâtit pas une société conviviale sur un champ de runes ! Le mouvement écologiste est explicitement partisan d’une non-violence efficiente. Ainsi dans la Charte des Verts mondiaux (Canberra, 2001) : « Nous déclarons notre engagement en faveur la non-violence et nous nous efforçons de créer une culture de paix et de coopération entre les États, au sein des sociétés et entre les individus pour en faire le fondement de la sécurité mondiale ».

Lors de son enterrement le 19  juin 2001, la dernière volonté de René Dumont, présidentiable écolo en 1974, consista à faire entendre Boris Vian chantant «Le Déserteur ».

Le pacifisme constituait son seul dogmatisme. Pendant ses 18 mois de service national, il se bat comme un fou contre l’institution militaire. Quand, lors du premier exercice, le lieutenant lui demande ce qu’il ferait s’il y avait une mitrailleuse ennemie sur la colline en face, Dumont n’hésite pas : « Je mets les chevaux à l’abri. » Après son retour d’Indochine en 1932, Dumont milite avec les Combattants de la paix pour un « pacifisme intégral et résolument non aligné ». Le fond de doctrine est résumé par deux citations : « Aucun des maux que l’on veut éviter par la guerre n’est un mal plus grand que la guerre elle-même (Bertrand Russel) » et « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels (Anatole France, 1922). » Il affichera souvent par la suite un badge à la poitrine : « La seule victoire, c’est la paix. »

En septembre 1939, il signera avec Jean Giono et Louis Lecoin un tract qui appelle à « la paix immédiate ». Nazisme ou pas, la guerre lui apparaît comme l’ennemie numéro un. Il s’abstiendra complètement pendant la Deuxième Guerre mondiale. Lui, le militant antifasciste, se retire dès qu’il faut prendre une arme, même pour son camp. Même « populaires », les guerres lui font peur parce qu’il sait que ceux qui vont mourir un fusil à la main sont ceux qui ne pourront plus manier la faux ou pousser la charrue. Il signe à tour de bras les manifestes pacifistes et anticolonialistes, comme celui des 121 contre la guerre d’Algérie en 1960. Faire la moindre concession à la guerre revient pour lui à encourager son développement.  « La guerre est un crime organisé, les militaires en sont les ordonnateurs et les bras. » 

Ses diatribes – « les militaires sont la plus grande source de gaspillage, ils gaspillent du travail, de l’espace, de l’énergie, des minéraux rares, ils polluent les airs et les eaux » – montrent la force de ses convictions. « Il en coûterait cinq fois moins pour protéger la planète que pour continuer à préparer sa destruction… Réduction des dépenses d’armement jusqu’à leur intégralité. » Le 17 janvier 1991, la guerre du Golfe est déclarée. Pour Dumont, cette guerre donne le départ au grand affrontement Nord-Sud: « Bush ne fait pas la guerre à Saddam Hussein, il fait la guerre pour le pétrole, le pétrole à bas prix qui garantit à l’Occident la continuation de sa domination et de ses gaspillages. »

Pour conclure, cet extrait de l’Almanach Vermot de 1901 : « Les grandes révolutions naissent des rêves et des visions d’un berger des collines pour qui la terre n’est pas un champ d’exploitation mais une mère vivante. » Superbe !

Lire aussi : Le coût écologique exorbitant des guerres

et, Pauvreté, guerre et surpopulation sont liées

* Einstein, Comment je vois le monde, Flammarion – 2009

14 réflexions sur “écologie de guerre, guerre à l’écologie”

  1. « Les Français sont appelés à être écologiquement vertueux pendant que M.Poutine fait sauter des gazoducs. »

    Poutine ? La bonne blague ! Surtout quand on sait que la destruction des gazoducs profite surtout aux USA, USA qui se sont vanter qu’ils mettraient fin un jour à Nordstream 1 et 2 ! Les français ne sont pas dupes, ils savent à qui profite le crime !

    1. La bonne blague !

      T’as raison, faut arrêter de taper sur Poutine. Parce que les vilains ce sont les Ricains, c’est bien connu. Et que Vladimir est un type bien sous toutes les coutures.

      1. Ce n’est pas parce que Poutine est ce qu’il est, qu’il faut devenir naïf au point de l’accuser même des choses qu’il n’a pas commis ! Tu pars bien vite en besogne avec ton raccourci Poutine est méchant donc c’est lui le coupable… Ce n’est pas parce qu’un criminel est coupable d’un crime qu’il est coupable de tous les crimes sur Terre, il y a d’autres criminels qui agissent et c’est le cas pour les gazoducs, d’autant que la Russie n’avait strictement aucun intérêt à les détruire ! Après apporte moi les preuves que ce soit Poutine et explique nous l’intérêt qu’il aurait de faire ça ?

  2. Citation un peu longue, mais très belle

    – « J’ai réfléchi à ce que tu m’avais dit l’autre jour, à propos de ma peinture ; j’ai passé la moitié de la nuit à y réfléchir. Et puis j’ai eu un flash. Après je me suis paisiblement endormi, et depuis je n’ai pas pensé à toi. Tu sais ce que j’ai compris ? Tu n’es qu’un gosse. Tu parles sans avoir la moindre idée de ce dont tu parles. Tu n’es jamais sorti de Boston.

    Si je te dis de me parler d’art, tu vas me balancer un condensé de tous les livres sur le sujet. Michel-Ange, tu sais plein de trucs sur lui. Sur son oeuvre, sur ses choix politiques, sur lui et sur le pape, ses tendances sexuelles, tout le bazar quoi. Mais je parie que ce qu’on respire dans la Chapelle Sixtine, son odeur, tu connais pas. Tu ne peux pas savoir ce que c’est que de lever les yeux sur le magnifique plafond. Tu sais pas. ( à suivre )

    1. Si je te dis de me parler des femmes, tu vas m’offrir un topo sur les femmes que tu as le plus aimées, il t’ait peut-être même arrivé de baiser quelques fois, mais tu ne sauras pas me décrire ce que c’est que de se réveiller près d’une femme et de se sentir vraiment heureux.

      Tu es un coriace ; si je te faisais parler de la guerre c’est probablement tout Shakespeare que tu me citerais « Une fois de plus sur la brèche, mes amis ! ». Mais tu n’as pas vécu la guerre. Tu n’as jamais tenu contre toi ton meilleur ami. Tu ne l’as pas vu haleter jusqu’au dernier souffle avec un regard qui implore. ( à suivre )

    2. Si je te fais parler d’amour, tu vas probablement me dire un sonnet. Mais tu n’as pas connu de femme devant qui tu t’es senti vulnérable. Une femme qui t’aie étalé d’un simple regard. Comme si Dieu avait envoyé un ange sur Terre pour toi. Pour t’arracher aux profondeurs de l’enfer. Et tu ne sais pas ce que c’est d’être son ange à elle. Et de savoir que l’amour que tu as pour elle est éternel. Et survivra à tout. Même au cancer. Et aux nuits passées assis dans une chambre d’hôpital pendant des mois en lui tenant la main, parce que les médecins ont lu dans tes yeux que tu n’avais pas l’intention de te plier aux heures de visite. Tu ignores ce que c’est que de perdre quelqu’un. Parce qu’on ne connaît ça que quand on sait aimer plus qu’on ne s’aime soi-même. Je doute que tu aies déjà osé aimer à ce point. ( à suivre)

    3. Quand je te regarde, ce n’est pas un homme intelligent et solide que je vois. Ce que je vois c’est un gosse, culotté, qui meurt de trouille.
      Mais tu es un génie Will, ça, personne ne le nie. Personne ne pourrait comprendre ce qui est au fond de toi. Mais toi tu présumes que tu sais tout de moi parce que tu as vu une toile que j’ai peinte et ça, ça te permet de disséquer ma vie. Tu es orphelin n’est-ce pas ? Tu crois que je sais quelque chose des difficultés que tu as rencontrées dans la vie, de ce que tu ressens, de ce que tu es, sous prétexte que j’ai lu Oliver Twist ? Est-ce que ça suffit à te résumer ? ( à suivre )

    4. Personnellement, j’en ai vraiment rien à foutre de tout ça, parce que je vais te dire, je n’ai rien à apprendre de toi que je n’apprendrai pas dans n’importe quel bouquin. À moins que tu veuilles me parler de toi. De qui tu es. Là ça m’intéresse. Là je suis à toi.
      Mais c’est pas ce que tu veux faire, hein vieux ? Tu as trop peur de ce que tu pourrais dire. La balle est dans ton camp. »
      ( Sean à Will . Personnages de fiction du film Will Hunting )

      Ps : Toute ressemblance avec des personnages existants ne saurait être que pure et fortuite coïncidence.

  3. Esprit critique

    La guerre, je vois ce que c’est. Nous en avons connu de toutes sortes, des grandes, des petites, des saintes, des justes, des propres, une froide, dernièrement une contre un virus, et j’en passe. L’écologie c’est pareil, elle se conjugue désormais à toutes les sauces.
    Par contre l’écologie de guerre… ??? L’économie de guerre à la rigueur, mais l’écologie de guerre alors là ! J’ai beau me creuser les méninges, je ne vois pas comment ce nouveau concept (paradigme) pourrait nous aider à gagner la guerre contre la Grande Confusion.

    1. écologie de guerre ???

      – « Il y a une mobilisation de l’écologie au motif d’une action guerrière, ou de sécurité, ou de géostratégie. (…) La question de la sobriété, je ne l’entends pas beaucoup. C’est quelque chose de culturel, de politique, de profond. (…) Je sens plutôt un parfum de rationnement, je ne suis pas certain de voir des réactions politiques qui vont dans le sens d’une sobriété, dans le sens d’une transition, d’une substitution d’hydrocarbures « sales » russes vers des hydrocarbures sales venant d’ailleurs, ou d’une transition vers des énergies supposément vertes. (…) Je suis pessimiste concernant les capacités des politiciens à sortir de l’opportunisme. »
      ( Philippe Vion-Dury , rédacteur en chef de la revue Socialter – Extrait du débat sur France Culture le jeudi 14 avril 2022 : Une « écologie de guerre » peut-elle exister ? )

    2. – « Le 14 juin dernier le président de la République souhaitait que la France se projette dans une «économie de guerre», ce qui se traduira par une hausse des moyens donnés aux armées. Le secteur de l’armement capitalise sur ce conflit pour développer et vendre de nouveaux équipements. On ne tire guère les leçons du passé… [etc.] »
      ( Tony Fortin, membre de l’Observatoire des armements – La Décroissance de ce mois-ci page 12 )

      Confusion entre sécurité et défense (vidéo-surveillance et vidéo-protection), porosité entre civil et militaire dans les domaines industriels, rien que ça participe déjà à entretenir la Grande Confusion dans l’Opinion. Il ne manque plus qu’on nous «démontre» que la guerre c’est la paix et le tour est joué. Confusion, peur, résignation, collaboration, complicité, obéissance… voilà donc ce qui assure l’Ordre Etabli.
      Et comme toujours le Business (as usual) en toile de fond.

  4. Le discours de Houari Boumedienne à l’ONU en 1974, il y a 43 ans est devenue réalité dans la France et même dans l’Europe aujourd’hui.

    « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire.

  5. François Mitterrand «La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort.»

  6. « Je crois que vous êtes en train de commettre une autre erreur, car vous pensez que c’est vous qui désignez votre ennemi, comme tous les pacifistes. Du moment que nous ne voulons pas d’ennemi, nous n’en n’aurons pas, raisonnez vous. Or c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez faire les plus belles protestations d’amitiés. Du moment qu’il veut que vous soyez son ennemi, vous l’êtes ! Et il vous empêchera de cultiver votre jardin. » de Julien Freund lors de sa soutenance de thèse en 1965.

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