Surtourisme : 1,3 milliard de déplacements inutiles

Notre société va s’effondrer sous son propre poids. On parle trop des migrants en Méditerranée alors que c’est un problème secondaire pour l’Europe, bordée de mers et de pays tampons. Par contre trop peu de monde s’interrogent sur le flux de migrants venant en Europe (ou dans d’autres pays), une vraie plaie. Un éditorial du MONDE* le constate : « 90 millions de visites en France, 1,3 milliard de touristes sur cette petite planète dont la moitié à destination de l’Europe… Comme la plupart des destinations les plus courues, la France est désormais confrontée à un phénomène que les professionnels désignent sous le néologisme de « surtourisme »… Des foules de voyageurs se concentrent sur un nombre limité de destinations, au point de saturer les infrastructures de transport et d’accueil et de créer d’importants déséquilibres au niveau local… Un peu partout, les autochtones expriment leur ras-le-bol face à cette invasion incontrôlée… »

Sur ce blog biosphere, cela fait longtemps que nous critiquons le tourisme, une vraie imbécillité écologique, un tourisme qui tue le tourisme, la nécessité de se déplacer moins vite, moins loin, moins souvent, etc. Nous sommes satisfaits de lire que de plus en plus de personnes sur lemonde.fr partagent notre point de vue d’écologiste :

andy : Le tourisme intérieur a saccagé notre pays. Où j’habite, c’était dans les années 50 et auparavant une communauté rurale vivante durant les quatre saisons. Depuis 1960 c’est devenu une station de villégiature envahie de touristes l’été, et morte l’hiver. Le pays ne travaille moins de six mois par an.. Et les locaux détestent ces envahisseurs qui cependant les font vivre. C’est le tourisme façon Exposition coloniale.

Greenpower : Il n’y a pas que Paris et Saint Tropez. Il y a beaucoup de monde partout en France. Cet été à Gerardmer dans les Vosges, embouteillages en centre ville, sites naturels saturés, lacs bondés, sentiers de randonnée congestionnés. Les poubelles débordaient de partout. Quelle est la place du Grand Tétras, du lynx ou du faucon pèlerin dans tout cas ? Les animaux n’ont plus d’espace vital. Entre le canyoning, le delta plane, les raquettes ou le quad, les activités humaines sont partout.

MAX VELLUT : Cet éditorial est frustrant, car il s’en tient au constat que le tourisme est un bien mais aussi un mal, source de revenus et source de pollutions de toutes sortes, mais il se garde bien de s’aventurer plus loin. Poser des questions sociologiques comme : le tourisme est il une activité humaine incontournable ? qu’elle est sa finalité ? comment s’en débarrasser s’il ne sert à rien ? pourquoi pas un tourisme virtuel ? comment sanctionner la capacité à voyager intelligemment ? etc

Gédé : Toujours plus, toujours plus nombreux pour faire rentrer toujours plus de sous dans les caisses… et la planète ?

Pierre Wolf : Comment cet édito peut-il omettre la question climatique (avion, GES)? Quelle planète habite son auteur ?

SARAH PY : Le touriste, que c’est triste, déambulant, de plus en plus souvent vieux et gros, cachant mal son ennui d’être là, à admirer tout et n’importe quoi et l’envie que l’on pressent de retrouver enfin son chez lui. Son chez lui et sa mélancolie, le touriste est la caricature de ce temps, manipulé à imaginer que peut exister un ailleurs dans le bruit et la foule, à ne faire que passer et photographier. Le tourisme, c’est la soumission à ce temps de pacotille.

Oim : Tourisme organisé… La masse ne veut pas découvrir le monde mais plutôt pouvoir dire « j’y suis allé » (pardon: « j’ai fait tel pays/ville ») parce que c’est socialement valorisant. Le touriste ne veut pas vivre comme les autochtones, mais veut consommer, consommer, et consommer (et poster sur instagram, surtout).

Marius : La planète ressemble de plus en plus au champ de betterave décrit par Levi-Strauss, les lieux se ressemblant tous sous l ‘effet des coups de boutoirs des grandes enseignes qui imposent partout les mêmes décors et les mêmes produits mondialisés. Idem de la culture. Par défaut de dépaysement, voyager perdra son sens.

masse critique : Le tourisme de masse est le droit donné à tous d’accéder à un bien qui n’existe plus !

* LE MONDE du 5 octobre 2018, La France championne du monde du tourisme, au bord de l’overdose

3 réflexions sur “Surtourisme : 1,3 milliard de déplacements inutiles”

  1. Je suis parfaitement d’accord avec Michel C : l’homme est programmé pour bouger, inventer, fabriquer, se déplacer, se reproduire, en résumé, occuper l’espace.

    Cette définition, c’est celle d’une espèce colonisatrice. La façon la plus efficace d’accomplir se programme, c’est de brûler tout ce qu’il trouve pour mettre en branle les machines qui font de lui un homme augmenté et ainsi de croître pour occuper tous les écosystèmes. Oh bien sûr, chacun de nous n’en a pas conscience, on trouve toujours des raisons cartésiennes pour faire ceci ou cela, mais au fond, nous n’avons collectivement pas encore eu le temps de suffisamment évoluer et nous comportons de la même façon depuis des dizaines de milliers d’années.
    Si l’homme était suffisamment sage…

  2. Le tourisme c’est aussi le bougisme. Tout le monde connait cette expression : « Tu bouges cet été ? »
    Et l’autre, tout fier de répondre : « Oui, je pars 15 jours pour faire la Grèce. »

    Si par FAIRE notre pèlerin entend visiter, découvrir, approfondir, parcourir en long en large et en travers ce pays, toutes ses îles, et tous ces grecs, et ceci en seulement 15 jours, ou ça pour pouvoir claironner « Cette année j’ai fait la Grèce, l’an prochain je fais la Chine »… eh ben si c’est ça le tourisme, alors je préfère encore rester chez moi à faire de la graisse.
    Seulement ne rien faire ça ne sert à rien, ça n’avance en rien, c’est ennuyeux et en plus ça ne rapporte rien. Ne rien faire c’est l’horreur ! C’est pour ça qu’il faut absolument bouger et faire quelque chose, même pomper comme le faisaient ces misérables Shadoks. Faire la Grèce, faire l’âne, peu importe, il faut pomper ! Quand on bouge c’est qu’on est toujours vivant. « Je pompe donc je suis ! »

  3. L’obscénité de ce phénomène se manifeste par les ‘croisières’ sur ces méga bateaux transporteurs d’un fret humain qui retrouve ‘à bord’ tous les ingrédients de consommation inutile.

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