Artificialisation des sols, à combattre

Personne ne s’interroge sur le bien-fondé d’une infrastructure dédiée largement aux déplacements individualisés sur quatre roues. En France, on compte au moins 12 400 kilomètres d’autoroutes , 17 500 km de routes nationales, 433 000 km de départementales. Par contre les chemins ruraux, qui occupaient environ 600 000 km en 2004 ,ont diminué de 200 000 km, place à la circulation à grande vitesse ! L’importance démesurée des réseaux de voirie entraîne une dégradation effroyable des écosystèmes par l’artificialisation des territoires et leur fragmentation. Pour l’équilibre de la Biosphère, jamais une société respectueuse de l’environnement n’aurait du dépasser le niveau des chemins vicinaux qui ne font qu’entretenir les rapports de voisinage et les circuits courts.

Lire, Des routes, encore des routes, beaucoup trop de routes

Carla Pont : Chaque année en France, 20 000 à 30 000 hectares de terres sont artificialisés. Cette artificialisation augmente presque 4 fois plus vite que la population. C’est pourquoi nous militons pour un changement de paradigme : passer du sol foncier aux « sols vivants », avec des droits et des devoirs qui consacrent leur statut de bien commun. Mais les modèles d’aménagement considèrent le sol uniquement comme une rente foncière : les terres vierges sont extrêmement rémunératrices pour leur propriétaire lorsqu’il est possible de construire dessus. Le foncier est également une source de revenus importante pour les collectivités. S’ajoutent à cela des injonctions pour les élus, pris dans un imaginaire du territoire attractif, qui doit attirer par la construction de logements et de zones d’activités économiques. En planifiant la répartition des activités sur les territoires en fonction de la qualité des sols, et en intégrant dans les bilans économiques des projets les coûts de leur altération, nous sortirions des logiques de rente foncière pour remettre la nature au centre.

Nicolas Hulot : Une triple rupture doit s’accomplir, avec la course aux infrastructures de toutes sortes, avec la tendance à un étalement urbain continu, avec une agriculture de plus en plus industrialisée. Il faut décréter un moratoire sur les projets d’infrastructures et d’équipements, y compris dans les DOM-TOM. Convenir par exemple que la desserte autoroutière et routière est désormais suffisante en France, la France qui détient déjà l’un des réseaux parmi les plus denses du monde… Les élus doivent comprendre que leur rôle n’est plus de lancer des projets de « développement » à base d’équipements lourds, mais de mettre en place une gestion du territoire compatible avec la nécessaire sobriété énergétique et la conservation des services rendus par les écosystèmes. Un inventaire du patrimoine naturel doit être fait pour servir de référence incontestée lors des plans locaux d’urbanisme (PLU) et des schémas de cohérence territoriale (SCOT). Il faut aussi rompre avec la logique de périurbanisation. Combien pèsent les enjeux écologiques face aux projets d’intérêt général (PIG), qui répondent aux demandes de rocades, de voies ferrées à grande vitesse, de surfaces dédiées au commerce… La limitation drastique de l’expansion périphérique des villes devrait, désormais, figurer comme la priorité des priorités. »1

Le point de vue des écologistes

Plus le niveau d’interdépendance des infrastructures est élevé, plus de petites perturbations peuvent avoir des conséquences importantes sur l’ensemble d’un pays. Dans notre société, très peu de gens savent aujourd’hui survivre sans routes, sans supermarché, sans carte de crédit et sans station-service. Lorsqu’une société devient hors-sol, c’est-à-dire lorsqu’une majorité de ses habitants n’a plus de contact direct avec le système-Terre, la population devient entièrement dépendante de la structure artificielle qui la maintient dans cet état. Si cette structure s’écroule, c’est la survie de la population qui pourrait ne plus être assurée.

Lire, 2027, un ministre de la Relocalisation

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3 réflexions sur “Artificialisation des sols, à combattre”

  1. – « Chaque année en France, 20 000 à 30 000 hectares de terres sont artificialisés. Cette artificialisation augmente presque 4 fois plus vite que la population. » (Carla Pont)
    – « En France, entre 20 000 et 30 000 hectares sont artificialisés chaque année. Cette artificialisation augmente presque 4 fois plus vite que la population » (ecologie.gouv.fr)

    D’autres sources avancent le chiffre de 60.000 ha/an.
    – « Un problème de définition… […] … et un problème de mesure.
    Les sources statistiques proposent des définitions différentes qui conduisent à des résultats qui, au plan national, vont de 16000 à 60000 hectares de terres artificialisées chaque année. La mesure est aussi difficile que le décompte des chômeurs (au sens de Pôle emploi, du Bureau international du travail, de l’Insee, etc.) »
    ( Artificialisation des sols : de quoi parle-t-on ? – cairn.info )

    Espérons qu’on sache mieux mesurer la population. 🙂

    1. – « L’artificialisation des sols progresse en France régulièrement au rythme moyen de 60 000 ha par an, soit de 9 mètres carrés par an et par habitant et de 20 m2 par seconde » (planetoscope.com)

      Selon les diverses sources, le Français moyen a donc, besoin… de 4 à 9 m2 artificialisés supplémentaires chaque année. 40 à 90 m2 de plus en 10 ans. Toujours plus.
      Ces besoins (avec ou sans «») ce sont notamment des routes, des parkings, pour la sacro-sainte Bagnole bien évidemment. En 10 ans le parc automobile en circulation en France est passé de 38 à 41 millions. Là aussi, on peut donc dire que cette artificialisation augmente beaucoup plus vite que le nombre de bagnoles.

      1. Les surfaces artificialisées ce n’est pas que les routes et les parkings, c’est aussi les surfaces commerciales, qui progressent à un rythme de 3 à 4% par an. Bien plus vite, là encore, que la consommation des ménages. Allez donc comprendre …
        Mais finalement, est-ce réellement le Français moyen (gilet jaune, rouge ou vert peu importe) qui a besoin et qui demande ces 4 ou 9 m2 artificialisés de plus chaque année ? Ne serait-ce pas plutôt le Système qui les lui «offre»… alors qu’il n’en a nullement besoin, et qu’il n’a rien demandé ?

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