Le scénario SSP 1, la décroissance en marche ?

Le mot décroissance, qu’elle soit économique ou démographique, est encore un tabou merdiatique. Pour éviter d’envisager le pire, on a utilisé tous les subterfuges sémantiques possibles, invention du développement durable, remplacé par croissance verte ou aujourd’hui par « pacte vert de relance ». Une autre facette de ce nouvel habillage porte sur la mesure de la croissance par le PIB (produit intérieur brut ». Il s’agit de montrer qu’on va vers le Bonheur National Brut si on y met les formes. Exemple :

Eloi Laurent : Il y a un chemin d’espoir pour l’humanité au milieu du chaos climatique qu’elle a elle-même engendré. C’est le scénario dit « SSP 1 » (Shared Socio-Economic Pathway 1) du GIEC, qui fait du bien-être humain et de la réduction des inégalités sociales les deux piliers du développement en lieu et place de la croissance économique. Ce « récit climatique », finalisé en janvier 2017, implique explicitement d’abandonner la croissance du produit intérieur brut (PIB) comme boussole des politiques publiques, compte tenu de sa corrélation avec les émissions de gaz à effet de serre et la surexploitation des ressources naturelles… L’effort ne peut rationnellement reposer que sur deux technologies existantes, et que nous maîtrisons : la sortie des énergies fossiles et la sortie de la croissance. Ce doit être le cœur des négociations de la COP26 dans quelques semaines à Glasgow : parvenir à s’entendre sur quelques critères simples de répartition juste de ces émissions restantes, que chaque pays décidera ensuite, à partir de critères de justice adoptés dans le cadre national, de répartir entre les différents groupes sociaux, par exemple sur la base du niveau de revenu et de richesse et des modes de vie. »

Il est bon de rêver à l’amour à trois, Économie, Social et Écologie en harmonie, mais les commentateurs sur lemonde.fr nous rappellent aux réalités :

Michel SOURROUILLE : Ne pas confondre SSP 1… et SSP-1 qui est une réplique de poing type Hi-Capa pré-upgradé et vendue avec la mallette. La culasse est en aluminium (CNC). De leur côté les SSP du GIEC définissent cinq types d’évolution des sociétés, entre autres : SSP1 (faible défi d’adaptation, faible défi d’atténuation), décrit un monde marqué par une forte coopération internationale, donnant la priorité au développement durable… Le SSP2 (défi d’adaptation moyen, défi d’atténuation moyen), décrit un monde caractérisé par la poursuite des tendances actuelles… Le SSP3 (défi d’adaptation élevé, défi d’atténuation élevé) dépeint un monde fragmenté affecté par la compétition entre pays, une croissance économique lente, des politiques orientées vers la sécurité et la production industrielle et peu soucieuses de l’environnement… A toi, camarade, de choisir ton SSP !

Fontaine : Qui parle de ce scénario SSP1 ? Le gouvernement est content de lui et de sa non-politique de l’environnement, d’autres événements étouffent le débat qui devrait être central et quotidien, les jeux de la politique et la préparation de l’élection présidentielle ont lancé le bal des prétendants, sans compter la pandémie qui occupe les esprits. Comment faire en sorte que cette thématique soit prioritaire et qu’un débat à long terme soit lancé ? C’est l’enjeu numéro un de notre avenir.

Rabajoi : En termes politiques, c’est promettre « du sang et des larmes « . Qui prendra ce risque?….

Obéron : Celui qui historiquement avait promis « du sang et des larmes » à son peuple lui a sans doute évité pire. Mais il est vrai que l’intelligence collective a pu sensiblement décliner entre-temps..

Billy : Delphine Batho a fait de la décroissance un axe central de son programme. Mais l’objectif est au contraire d’éviter au maximum le sang et les larmes des catastrophes climatiques et écologiques qui vont largement s’intensifier si nous poursuivons l’objectif de croissance. Demander aux aux habitants de Lytton, aux Allemands, aux grecs…

odalavie : Un enfant de 5 ans comprend qu il ne doit pas toucher au feu, ça brûle, un parent ne comprend pas qu’il faut arrêter d’acheter une caisse de 2,5 t avec un moteur de 300 chevaux ou 600 bourriques, ça fout l’avenir de son gosse en sursis ? Alertons les bébés ! Devenons des adultes responsables et bienveillants.

Carlton Gardens : Quand votre avion vous amènera pour les vacances dans une des jolies destinations exotique et en voie de développement, n’oubliez pas de rappeler aux autochtones que pour sauver la planète ils ne doivent pas acheter de voiture individuelle quand ils en auront les moyens,

J.P.M. : On lit régulièrement qu’il faudrait oublier ou faire baisser le PIB, mais ceux qui le disent ou l’écrivent évitent soigneusement d’expliquer ce que devient notre modèle social (qui absorbe la moitié du PIB) dans cette hypothèse. Dans ces conditions on ne voit pas comment un projet politique pourrait émerger sur cette base.
Billy : Moins de PIB, c’est moins de pollution, moins de pesticides, moins de malbouffe, moins d’accidents de voiture, moins de stress et d’addictions, donc moins de maladies cardiovasculaires, moins de cancers, moins de diabète. C’est aussi plus de territoires zéro chômeurs, plus de temps pour faire du sport et cuisiner sainement. In fine c’est donc beaucoup moins de coûts pour l’Etat social, et des citoyens en meilleure santé, et plus épanouis.

J.P.M. @ Billy : Peut-être, mais on pourrait penser aussi que moins de PIB c’est plus de difficultés pour les entreprises, plus de chômeurs, des salaires moins élevés, moins d’aides de l’État, plus de pauvreté, donc moins d’alimentation saine, plus de stress, etc. Bref, le sujet demanderait des études approfondies plutôt que des slogans pour qui veut le porter de manière crédible. Au bout du compte moins de consommation et de PIB, c’est aussi a priori moins de recettes pour l’État, même s’il y a moins d’allocations chômage à verser. Quelles sont alors les missions et prestations que l’État doit réduire ou abandonner ? Je ne crois pas avoir déjà vu de proposition de scénario un peu construite de la part de ceux qui souhaitent cette décroissance.

General Kenobi : Alors là faut vraiment aller loin pour trouver de l’espoir. Ce scenario SSP, c’est a peu prés le mème que le scenario du modele World3 de 1972. Ça implique un changement de vie drastique de tous les pays et de tous les occidentaux dès maintenant, on parle de mener une vie plus simple comme celles de nos grand parents, on parle de décroissance. Bref ce scénario SSP ne fait qu‘évoquer un futur imaginaire. C‘est le scenario « Buisness as usual » qui est en train de se de rouler, avec à la clé un effondrement mondial dans la 2em moitié du sicle et jusqu’au +5 degres de réchauffement.

1 réflexion sur “Le scénario SSP 1, la décroissance en marche ?”

  1. Le Général Kenobi a raison. Eloi Laurent comme les auteurs de ces SSP enfoncent des portes ouvertes, ils disent ce qu’au fond de lui tout le monde sait. Bref ils s’agitent pour rien. Quand le sage montre la lune, les idiots que nous sommes, regardent le doigt. Tellement qu’ils sont aveuglés par la moindre lumière. Nous sommes faits comme des rats.
    En attendant le monde continuera à tourner sur le mode actuel, selon ces deux Commandements :
    1) Business as usual !
    2) The Show must go on !

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