L’habituel déni du mot « décroissance »

Les militants de la décroissance subissent un ostracisme généralisé de la part des politiques et des médias. C’est un fait. Il y a pourtant une réalité biophysique : il est absolument impossible de continuer à croître dans un monde fini. Le cerveau de beaucoup d’humains est socialement programmé pour ne se rendre compte qu’on va dans le mur qu’après qu’on ait heurté le mur ! Le mensuel La Décroissance (novembre 2023) a listé les idioties dites par des gens qui se croient intelligents. Mais quand des politiques et des médias disent du mal du mot « décroissance », ils font déjà de la publicité pour ce concept, ce qui est déjà le tout début d’une prise de conscience future.

Les regards vers le passé

Christine Lavarde : L’écologie, ce n’est pas la décroissance, c’est une autre croissance.

Arnaud Montebourg : La décroissance est un projet absurde et dangereux pour la société et la démocratie, au contraire certains secteurs qui œuvrent pour la transition doivent croître très vite, quand ceux qui sont issus de l’industrie fossile vont peser de moins en moins dans la croissance. La moyenne des deux devra être toujours positive.

Erwan Le Noan : Il y a aujourd’hui une minorité militante qui tente de convaincre l’ensemble de la population qu’il serait sain de décroître. Or la décroissance serait un suicide économique et moral.

Samuel Fitoussi : Augmentez autant que vous voudrez les prélèvements obligatoires dans un pays pauvre, vous n’aurez ni de bons hôpitaux, ni des allocations-chômage ou des pensions de retraite décentes. Cela ne semble pas préoccuper les apôtres de la décroissance qui refusent que les générations futures jouissent de la qualité de vie dont ils ont bénéficié.

Bruno Le Maire : Nous faisons le choix de la prospérité par l’investissement contre toute politique de décroissance. La décroissance, c’est la décadence.

Eric Ciotti : A la décroissance, la droite préfère « l’adaptation » au changement climatique : mise sur le richesse et l’innovation, elle-même source de croissance.

Louis Gallois : Créer des richesses durables, fabriquer les outils de la décarbonation, saisir les opportunités ouvertes dans le recyclage, les plastiques biodégradables, les systèmes énergétiques décarbonés ; inventer la croissance verte plutôt que d’aller vers une décroissance mortifère.

Quelques pas vers l’avenir

Christophe Sempels : Les études scientifiques sont claires : elles ont largement démontré l’impossibilité de la croissance verte. Mais le terme de décroissance bloque. Il est associé à l’anti-progrès, à la perte. Nous, nous prônons la post-croissance.

Caroline Renoux : Lorsque l’impératif de croissance économique entre en conflit avec l’impératif de décroissance des émissions de gaz à effet de serre, de l’impact carbone ou de l’utilisation de l’eau, les conflits de valeurs et la dissonance cognitive peuvent être au rendez-vous.

Bibliographie de la Décroissance sur notre site biosphere

2015 Décroissance, vocabulaire pour une nouvelle ère (collectif)

2013 Politiques de la décroissance (pour penser et faire la transition) de Michel Lepesant

2013 Les précurseurs de la décroissance, Epicure, Charles Fourier (nouvelle collection au passager clandestin)

2013 Penser la décroissance (politiques de l’Anthropocène) par collectif

2011 La décroissance heureuse (la qualité de la vie ne dépend pas du PIB) de Maurizio Pallante

2011 Décroissance versus développement durable (ouvrage collectif)

2010 ENTROPIA n° 9, contre pouvoirs et décroissance

2010 L’avenir est notre poubelle (l’alternative de la décroissance) de Jean-Luc Coudray

2010 ENTROPIA n° 8, Territoires de la décroissance

2010 La décroissance (10 questions pour comprendre et en débattre)

de Denis Bayon, Fabrice Flipo et François Schneider

2009 La décroissance économique (pour la soutenabilité écologique et l’équité sociale) par collectif

2008 La décroissance, Rejets ou projets ? (croissance et développement durable en questions) de Frédéric Durand

2008 Le choc de la décroissance de Vincent Cheynet

2007 Demain, la décroissance ! (penser l’écologie jusqu’au bout) d’Alain De Benoist

2007 petit traité de la décroissance sereine de Serge Latouche

2006 Le pari de la décroissance de Serge LATOUCHE

2003 objectif décroissance (vers une société harmonieuse) par collectif

2003 carnets de campagne de Clément Wittmann,

candidat de la décroissance à la présidentielle 2002

1979 La décroissance (entropie, écologie, économie)

de Nicholas GEORGESCU-ROEGEN

13 réflexions sur “L’habituel déni du mot « décroissance »”

  1. Je lis que tout les intervenants sont convaincus par la nécessité de la décroissance économique et démographique.
    Je le suis aussi pour la démographie.
    Cependant, la décroissance économique me paraît suspecte car elle cache beaucoup de conséquences que je n’ai pas répertorié mais parmi elles la décroissance de la connaissance et de l’ambition intellectuelle humaine me paraît faire parti du cortège de la décroissance. La décroissance des moyens financiers passe forcément par une décroissance du temps disponible pour réfléchir et faire évoluer les sociétés dans le bon sens. Donc l’obscurantisme et l’aliénation au travail ne seraient-elles pas la conséquence de la décroissance ?
    J’imagine que certains ont pensé à cette interrogation.

    1. « décroissance des moyens financiers passe forcément par une décroissance du temps dispo »: Dans votre raisonnement, décroissance économique voudrait dire décroissance des moyens des revenus modestes qui seraient amenés à travailler en entreprise plus longtemps pour compenser. Au contraire, je vois la décroissance comme la réduction des dépenses superflues (sobriété) couplée à une redistribution plus équitable, donc le besoin de moins bosser en entreprise et donc plus de temps pour penser et travailler pour soi-même (DIY), ce qui limite les services monétarisés. Le problème, et c’est pourquoi les gouvernements n’en veulent pas, c’est qu’une récession économique engendre l’effondrement du système économique puisque la création de monnaie se fait sur le crédit. Donc le préalable à la décroissance économique est de repenser le système des banques centrales, c’est là que c’est trop compliqué techniquement et/ou politiquement pour nos dirigeants…

  2. Contrairement au BGA, qui voit là un non-sens (À 09:02), je pense moi aussi que tous ces imbéciles qui disent du mal du mot «décroissance» (et du journal La Décroissance) lui font au contraire de la pub. S’ils voulaient mettre à mal ce concept (idée), le mieux qu’ils auraient à faire serait de ne pas en parler du tout. Seulement ils ne peuvent pas. Ben oui. Alors tout ce qu’ils peuvent faire, c’est agiter des épouvantails, nous dire que la décroissance ce serait affreux, terrible et blablabla. Et plus ils le font… plus ils se ridiculisent.
    Le choix du mot «décroissance» a été le fruit de longs débats, certains lui préférant «post-croissance», d’autres «a-croissance» (a = préfixe privatif). Le mot «décroissance» est un mot-obus. Un mot qui percute, comme un obus, ou un marteau… dans le but de détruire certaines idées reçues, et provoquer ainsi un déclic, dans les imaginaires (décolonisation des imaginaires).
    ( à suivre )

    1. Force est de constater aujourd’hui que le mot «décroissance» est celui qui marche le mieux. Même au sein de cette famille d’écolos qui a compris depuis longtemps l’absurdité et l’impasse de cette fameuse Croissante Verte associée à ce fumeux Développement Durable.
      Certains (décroissants), comme Christophe Sempels, restent bloqués sur le mot qui bloque…
      Et prônent donc la post-croissance. Pour moi c’est comme si ON chipotait pour dire si c’est un chat ou un matou. Pour moi c’est comme bon vous chante. Du moment qu’un chat reste un chat ! Seulement attention à ce que ces conneries ne participent pas à en rajouter à la Confusion. L’écologie, la vraie bien sûr, ne peut-être que décroissante ! Refuser de le dire clairement, ne pas prendre le temps de l’expliquer… pour ne pas épouvanter sa clientèle (élections-pièges à cons obligent)… c’est jouer le jeu des imbéciles du début. À l’insu ou pas de son plein gré c’est pareil.

    2. – « Certains disent que la décroissance fait peur. Mais faut-il avoir plus peur de la décroissance ou de projets politiques qui y seront confrontés sans y être préparés ? »
      (Des écologistes embarrassés par la décroissance – alternatives-economiques 18/09/2021)

      – « Le mot n’apparaît nulle part dans le « projet 2022 », document de quatre-vingts pages esquissant le programme d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) pour la prochaine élection présidentielle. » (La décroissance : d’où vient ce concept politique qui fait débat à la primaire écologiste ? Le Monde 03 septembre 2021)

      – « C’est un mot qui fait peur et qui n’est pas forcément bien compris. » (La décroissance, une politique qui divise les écologistes – Le Monde 07 octobre 2022)

      Raison de plus pour bien l’expliquer, et la faire désirer.
      Comment ça c’est pas possible !!??

    3. En France les populations qui gagnent entre 500 à 2500 euros ne peuvent rien faire, car ils ne détiennent pas les moyens de production ni même les moyens de distribution de marchandises ! Et là on parle de 90 % des français ! Alors ne pouvant obtenir leurs marchandises autrement, ces personnes continuent d’aller aux supermarchés car il n’existe aucune autre alternative qui leurs soit accessible ! Puisque mettre en œuvre ses propres moyens de production écolo est trop coûteux par rapport ce que peuvent offrir les supermarchés et les industries ! D’où l’inertie ! Le petit commerce local s’est fait ratiboisé ! Hormis les restaurants et encore ce sont devenus des chaînes de restaurants… Même les magasins bio sont en chute, des magasins ferment (comme Bio c’est bon à Amiens, et quelques autres) On est prisonnier d’un système confortable qui fait que personne n’en sort finalement…

      1. Comment ça 90% des Français ne PEUVENT rien faire ? C’est bizarre, t’es le premier à dire qu’ils ne VEULENT rien foutre, qu’ils ne pensent qu’à croquer toujours plus de pommes, à se baffrer de saloperies et de débilités etc. Là encore il y a là un truc qui cloche dans ta façon de penser. Ne serait-ce que pour manger, qu’est-ce qui empêche bon nombre de ces Français de FAIRE, justement, leurs courses au marché ? Ou d’acheter dans une Amap. Ou mieux, de remplacer la piscine du jardin par un carré de potager. Ou ne serait-ce, tout simplement, que de faire la cuisine, des conserves etc.
        Dis-nous, c’est quoi qui les empêche hein ? Et STP laisse tomber tes histoires de gènes et blablabla ! Maintenant si tu nous parles du Système, qui nous rend de plus en plus fainéants et de plus en plus cons, OK. Raison de plus pour arrêter de croire et de dire qu’ON ne peut rien faire. Parce que ça c’est servir le Système.

        1. C’est pour ça que je dis prisonnier d’un système confortable ! Non seulement ils ne peuvent plus faire grand chose, mais le peu qu’ils peuvent faire ils ne veulent pas ! Combien même ils auraient la possibilité d’agir avec de grandes marges de manœuvre, ils ne voudraient pas, car notre prison est une prison dorée ! C’est beaucoup plus facile d’acheter ses légumes et sa viande au supermarché, que de les faire pousser et d’élever et tuer des animaux soit même pour manger de la viande ! En plus de ça, le gouvernement donne des aides avec du pognon pour que les gens achètent de la nourriture au supermarché, alors pourquoi veux tu qu’au nom de l’écologie, ils se rendent à la cambrousse pour vivre à la campagnarde du 18 ème siècle ? Donc oui le système exploite les plaisirs et la paresse des gens !

  3.  » Mais quand des politiques et des médias disent du mal du mot « décroissance », ils font déjà de la publicité pour ce concept, ce qui est déjà le tout début d’une prise de conscience future »
    Quelle publicité ? Cette affirmation ci-dessus est un non-sens ! En effet, l’objectif d’une publicité est de rendre un produit ou un concept attractif ! Et en quoi la décroissance serait attractive ? En quoi se serrer toujours plus la ceinture serait attractif ? Il n’y a aucun déni à la décroissance tout le monde sait qu’elle reste au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès ! Non pas dé-ni, mais les gens dé-testent la décroissance ! Prise de conscience future, dites vous ? C’est bien là le problème avec le futur c’est toujours pour demain, alors la prise de conscience sera toujours pour demain, car cette prise de conscience n’est pas au temps présent, les gens la refoulent !

    1. Tant qu’ils pourront profiter de la croissance, ils le feront sans retenue ! (ni modération) Le plaisir est toujours vainqueur ! Si ça ne serait pas le cas, l’adultère n’existerait pas ! Les gens sont prêts à prendre tous les risques possibles pour en obtenir d’avantage ! Même le Vatican en faisant peur à des millions de gens d’aller en enfer s’ils venaient à goûter aux 7 pêchés capitaux, ne sont pas parvenus à dissuader les populations à accroître toujours plus leurs accès aux plaisirs ! Le plaisir a même gagné contre Dieu et toutes les religions des Livres ! Les gens adorent croquer toutes les pommes du pommier, et de faire pousser encore plus de pommiers pour croquer encore plus de pommes ! Ils veulent croissance de pommes et de plaisirs ! Alors la décroissance on la vivra quand il n’y aura plus assez de ressources disponibles, pas avant !

      1. Tout ce je peux te dire, te redire, c’est de lire La Décroissance (Le journal de la joie de vivre). J’ai toujours dit que ce journal devrait être remboursé par la Sécu.
        Te redire de Décoloniser ton pauvre imaginaire, qui en a bien besoin. De te Défaire d’un bon nombre d’idées reçues, fausses de surcroît. Notamment sur tout ce qui est en rapport avec cette fumeuse «nature humaine»… le plaisir, le striatum, les gènes et patati et patata.

        1. @ MichelC
          « Te redire de Décoloniser ton pauvre imaginaire, qui en a bien besoin. De te Défaire d’un bon nombre d’idées reçues, fausses de surcroît »

          C’est plutôt toi qui rêve trop pour imaginer le monde tel que tu voudrais qu’il soit, au point d’en oublier de comment est le monde vraiment et de la manière qu’il fonctionne !

          En tout cas ce sont les preuves qui me donnent raison ! On peut regarder tous les chiffres d’extraction de matières premières, métaux et énergies fossiles, eaux, bois, etc ! Tous les chiffres de productions de biens et services… Tout continu comme avant, si ce n’est voir et constater tous les phénomènes augmenter ! Ainsi que le commerce international !

          Reviens à la réalité et où les yeux, on en est arrivé au point où les millionnaires/milliardaires achètent des îles pour eux seuls ! A présent les îles se vendent comme des pains au chocolat dans une boulangerie !

        2. Mais ça aussi je te l’ai déjà dit, mon pauvre BGA, mais qu’est-ce que t’attends ?
          Pour t’en acheter une… pour te Dénicher une petite île bien sympa… ou un petit coin de paradis perdu au fin fond de la Creuse ou de la Lozère. Et puis vas-y, pour y élever des salades et faire pousser des chèvres. Et dis-toi qu’avec un peu de chance, et en t’appliquant beaucoup, tu pourrais même t’en trouver une bien gentille, bien patiente, qui te donnera beaucoup beaucoup de plaisir et de joie de vivre. Je parle bien sûr des bergères, ou des vahinés, crois-moi il y en a des très jolies. En tous cas ça nous ferait des vacances. 🙂

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