Combien d’enfants faut-il avoir ?

Membre de l’association « Démographie Responsable » et donc partisan de l’autolimitation de la natalité, on me demande souvent combien j’ai d’enfants… pour essayer de me mettre en difficulté.

Ma réponse est à la fois personnelle et impersonnelle, elle montre la complexité d’une histoire familiale. Pour mon cas personnel, «combien j’ai d’enfants ? »,  tout dépend de la manière de compter ; j’ai en effet un enfant, ou deux ou trois ou bien plus. J’ai une fille biologique, un fils par adoption et deux de plus issus d’un premier mariage avec une femme déjà mère de deux enfants. Ma fille m’a été enlevée par sa mère, le garçon adopté officiellement vit avec moi une relation familiale normale et le garçon qui n’était juridiquement rien pour moi m’a appelé papa pendant dix ans. Les relations affectives dans une famille sont très compliquées. Pourtant je n’ai jamais fait de différence dans ma manière d’élever sous mon toit des enfants quel que soit leur statut « matrimonial ». Une personne ne connaissant pas le contexte pouvait croire que j’étais le « vrai » père, c’est arrivé même pour la femme de ménage qui venait régulièrement dans mon foyer lors de mon premier mariage, avec donc trois enfants. Le lien biologique, c’est du vent, il n’y a pas de lien spécifique prédéterminée avec une personne « de son sang ». Tout dépend de son approche culturelle personnelle, de sa conception de « la vie de famille ».

Un enfant est élevé par tout un village, dit-on en Afrique traditionnelle. C’est une vérité sociologique, un enfant a besoin de recevoir les apports de beaucoup de personnes pour se développer dans toutes ses dimensions. Un enfant a aussi besoin d’intérioriser le fait qu’il peut être bien accueilli par un groupe, famille élargie et cercle de connaissances. Cela met en confiance pour toute la vie. C’est une vérité pédagogique, un parent, père ou mère, n’est pas propriétaire de son enfant sauf à vouloir empêcher son autonomie. Si tous les humains avaient la disposition d’esprit de ne pas ramener l’enfant à son propre « Moi » de parent, l’ouverture d’esprit des enfants en serait augmentée. Dans une société qui n’est pas dysfonctionnelle, l’adulte considère que les enfants quels qu’ils soient sont tous ses enfants quel que soit leur statut par rapport à soi.

En tant que père, grand-père, animateur et enseignant-formateur, j’ai toujours considéré les enfants dont je me suis occupé comme mes propres enfants. En tant que moniteur de colonies de vacances, j’avais une relation avec les jeunes à l’égal d’un père de famille. En tant que professeur de sciences économiques et sociales, j’essayais de former les élèves pour qu’ils soient des enfants conscients de ce monde. Pour les enfants de passage chez moi, j’ai toujours conservé un statut d’éducateur, jouant au badminton avec eux, leur apprenant à jouer aux échecs, les fâchant quand il fallaitSi tous les parents avaient une aptitude à l’empathie envers n’importe quel enfant, la société en deviendrait à la fois bien plus bienveillante et beaucoup plus conviviale.

Pour compléter ma façon de voir les relations d’adulte à enfant, j’ajoute que le sort des générations futures importe aussi, que ce soit les enfants de mes enfants ou tous les autres sur cette planète. Il ne faudrait pas nuire aux enfants à venir par son comportement présent. Comme l’exprimait une formule célèbre qui n’a malheureusement jamais été appliquée, « Le développement durable est le développement qui satisfait les besoins de la génération actuelle sans priver les générations futures de la possibilité de satisfaire leurs propres besoins (rapport Brundtland, 1987) ».

De ce qui précède, on voit bien que le nombre de mes propres enfants n’est qu’une toute petite partie d’un enjeu global. Mais pour répondre plus précisément à la question générique « combien d’enfants faut-il avoir ? », nous devons tous et toutes considérer l’état de la planète, submergée depuis novembre 2022 par 8 milliards d’humains à l’appétit insatiable. Les ressources naturelles sont déjà pillées jusque dans les grandes profondeurs de la Terre, il ne reste donc plus grand-chose pour nos générations futures si ce n’est une planète qui brûle alors que nous regardons ailleurs. Amorcer dans ce contexte une descente démographique est absolument nécessaire. Disons alors, dans une société où on voudrait voir émerger une intelligence collective, on peut se fixer comme idéal à atteindre le plus rapidement possible un maximum d’un seul enfant par femme. Pour les modalités de cette transition démographique, il suffirait de mettre en œuvre dans chaque couple l’objectif statuaire de l’association « Démographie Responsable », l’autolimitation de la natalité.

Mais l’essentiel est de considérer que tous les enfants quels qu’il soient sont aussi nos enfants. C’est pourquoi ne pas avoir d’enfant « à soi », que ce soit par volonté personnelle ou par infertilité subie, n’est pas un problème…

En savoir plus sur la surpopulation

Alerte surpopulation, le combat de Démographie Responsable (2022)

Surpopulation… Mythe ou réalité ? (2023)

Un panorama des pays surpeuplés,

Surpopulation généralisée dans tous les pays

Pour lutter contre la surpopulation,

https://www.demographie-responsable.fr/

7 réflexions sur “Combien d’enfants faut-il avoir ?”

  1. – « j’ai en effet un enfant, ou deux ou trois ou bien plus. »
    C’est drôle, je peux dire exactement la même chose. Tout dépend de la manière de compter, certes. Mais d’abord suis-je réellement le père ? Et combien à l’insu de mon plein gré ?
    En attendant, ce qui compte n’est pas le nombre de poussins dont le coq est le géniteur, mais celui dont la poule est la mère. Les citadins ne le savent peut-être pas, mais quand on sait qu’un coq en pleine forme peut se taper 10 poules, et qu’une poule peut pondre 300 œufs par an, on comprend vite qu’à lui seul notre coq peut faire exploser un poulailler. En plus il a intérêt sinon il finit à la cocotte. Bref, celle-ci en avait déjà deux, et voilà que notre coq a eu besoin d’en rajouter. Et après il nous raconte qu’1 seul ça suffit, que de ne pas en avoir «à soi» n’est pas un problème, et patati et patata. Non trop c’est trop, est-ce que ce vieux coq est sérieux ? 🙂

  2. Tsp suite
    Pour moi, le fait d’avoir un enfant n’était pas une obligation mais si je devais m’occuper d’un enfant autant que l’expérience soit complète et qu’il soit le plus proche de mes gènes. Une façon aussi de mieux savoir ce que je suis et de ce que pourrait être l’enfant. Mon aspect biologiste.
    Mais aussi de créer une famille dans laquelle la communication acquise mais aussi inné existe. Une aventure.
    Je suis aussi professeur et je sais que sur les palmes académiques est inscrit «  tous les enfants de France sont mes enfants » une mission à méditer et que j’ai vécu avec bonheur.

    1. Tsp, «  tous les enfants de France sont mes enfants » n’est pas de l’ordre des Palmes académiques, mais une médaille spécifique à l’éducation nationale à visée nataliste. Au verso de cette médaille, un adulte avec trois enfants.

      1. Biosphère, effectivement c’est la médaille de l’éducation nationale qui mentionne cette maxime  « tous les enfants de France sont mes enfants »
        Je ne vois pas le côté nataliste de cette devise mais la 3 ème et la 4 ème république étaient natalistes. Et Michel Debré de La 5 ème république était aussi nataliste et le reste des politiques le sont aussi sûrement . En tout cas je n’ai pas vu de politique anti nataliste.

    2. Je ne vois pas trop bien ce que les gènes viennent faire là. Que l’enfant soit «à soi» (encore faut-il en être con vaincu) ou pas (adopté, ou reconnu…), je ne vois toujours pas ce que ça pourrait changer. Si ce n’est cette sorte de fierté permettant de dire «il est beau n’est-ce pas ? Normal, c’est moi qui l’a fait !». Comme s’il y avait de quoi être fier de ne pas avoir pu se retenir. Ou encore «c’est le mien»… comme ON dit «MA femme», «MON chien» etc.
      Certes, il m’arrive à moi aussi de parler comme ça. Mais je ne me reconnais aucun droit de propriété sur mes enfants et ma femme. Sur mon chien oui, malgré qu’il n’en fasse qu’à sa tête. C’est plutôt moi qui suis son maimaître. Sa chose quoi 🙂

      1. Blagues à part, un enfant n’est pas que le résultat de ce que sont ses géniteurs. Ni que ce qu’il deviendra, le résultat de l’éducation qu’ils lui auront donné. Bien sûr que ça joue, mais dans quelle proportion ? Quoi qu’il en soit, heureusement qu’on ne peut pas choisir un (son) enfant comme on choisit un chien au chenil, ou une bagnole sur catalogue.
        Ni qu’on ne puisse le façonner à notre guise, beau et bien portant plutôt que moche et chétif, très intelligent plutôt qu’ultra-con etc. etc. Tout ça ce n’est que le hasard qui en décide. Or il n’y a pas de quoi être fier d’avoir gagné le gros lot au Loto.
        Que l’enfant soit «le sien» ou celui du facteur, qu’il soit désiré ou pas, moche ou beau etc. je pense que le plus important c’est l’amour qu’on lui porte. Seulement je pense que l’amour ne se commande pas.

  3. Croire ou laisser croire que tout est égal est une facilité qui induit des mésaventures et des désillusions dans la vie.
    Élever un enfant est une mission complexe qui prend en compte les structures mentales et les intentions du parent .
    L’enfant a aussi sa construction psychologique acquise et le parent doit s’adapter de façon souple à l’évolution de l’enfant. L’origine de l’enfant n’a aucune importance pour cet aspect.
    Par contre, un enfant a des caractéristiques physiques et psychiques innés et des aptitudes intellectuelles qui sont aussi à prendre en compte dans son éducation. Le parent se confronte ainsi à une différence supplémentaire quand ce n’est pas son enfant biologique.
    De plus se pose la question de pourquoi avoir un enfant et un enfant biologique.
    Chacun apporte sa conviction ou pas.

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