lettre ouverte à Edgar Morin

Edgar, tu nous invites à résister, d’accord, mais à qui, à quoi ? Tu vaudrais décoloniser l’imaginaire, parfait, mais lequel ? Tu nous invites seulement à « épouser les combats de notre temps » (LeMonde du 11 juin 2010). Un peu court, pour un grand intellectuel hors norme. De ton temps, puisque tu es né en 1921, il était assez facile de savoir à quoi résister, le nazisme, la guerre coloniale en Algérie, le communisme stalinien. Mais aujourd’hui, alors que les générations présentes sont menacées d’une amnésie généralisée,  ton interview ne nous aide pas beaucoup à savoir à quoi résister ! Dans notre société dont tu soulignes la complexité, la publicité habille en blanc même les idées les plus révolutionnaires, les entreprises habillent en vert l’environnement et la nature, les politiques retournent leur veste ! Alors, que faire ? « Fonder une éthique qui articule la poétique au prosaïque » ? Des mots, juste des mots ! Quand, comme tu nous le conseilles, nous avons pu percevoir les deux aspects contradictoires d’un même combat, en fait nous n’avons pas progressé !

Nous pensons sur ce blog que c’est la démarche de Xavier Renou qui est la meilleure, intégrative et efficace. Avec d’autres, il a créé en novembre 2006 le collectif « les désobéissants », un réseau informel de militants de l’action directe. Parce qu’ils voulaient se battre pour la défense de la vie et de la justice sociale, il ont décidé de s’organiser en un groupe de volontaires et d’activistes prêts à agir de manière directe et non violente aussi souvent que nécessaire/possible. Ils constataient le cloisonnement et la concurrence entre les activistes militants. Mais, que nous soyons altermondialistes ou anti-mondialisation libérale, protecteurs du requin ou amoureux de la biosphère, anticapitalistes ou antiproductiviste, antinucléaires ou casseur de pub, écoguerriers ou faucheur d’OGM, malthusiens ou néo-luddite, objecteurs de conscience ou objecteur de croissance, nous agissons tous dans la même direction, avec un objectif commun, réaliser une société plus juste et plus durable.

La convergence des militants est difficile, chacun a ses mots d’ordre et sa propre organisation. En respectant l’autonomie de chacun, les désobéissants se contentent de proposer des occasions de rencontres au cours de stages. On peut alors s’entraîner ensemble aux méthodes et techniques de l’action directe non-violente, on échange des idées. Il était nécessaire de donner aux activistes ces opportunités de formation. Edgar, pour résister et combattre, tu devrais nous parler des désobéissants, de leurs stages et de leur site http://www.desobeir.net/. Merci Edgar.

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